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LA FRANCE
PROTESTANTE
PAR
MM. EUGENE ET EMILE HAAG
DEUXIEME EDITION
PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE LA SOCIÉTÉ DE l/HISTOIRE
DU PROTESTA NT I S M ■ FRANÇAIS
ET SOUS LA DIRECTION DE M. HENRI BORDIER
TOME V H E M I E H
PARIS
LIBRAIRIE SANDOZ ET FISCHBAOHEB
H LE DE SEINE, 33
1877
•■-•■
774953
AVERTISSEMENT
Les auteurs de la France protestante, les frères Haag, en écrivant la biogra-
phie des protestants français, se proposaient de montrer quels hommes pro-
duisent les sentiments de foi et d'indépendance puisés dans l'Evangile ; mais
ils n'ont eu le temps de composer qu'un premier tableau dans lequel ils du-
rent se borner aux grands traits. Leur ouvrage porte en sous-titre : ou Vie des
Protestants français qui se sont fait un nom daiis l'histoire. Ils se sont donc
bornés à un choix des vies qui leur ont paru les plus marquantes. Ce n'est
pas leur moindre mérite d'avoir su se circonscrire et laisser leur œuvre
inachevée dans le détail, afin d'avoir le temps d'en tracer en entier le contour.
Cet ouvrage, célèbre déjà du vivant de ses auteurs, complètement épuisé
maintenant depuis plusieurs années, réclame non-seulement une impression
nouvelle, mais de nombreuses retouches. Un supplément ne suffit plus
aujourd'hui, et sur l'instance même des libraires, quelques membres de la
Société de l'Histoire du Protestantisme français osent offrir aujourd'hui au
public une : Deuxième édition de la France protestante.
Les coreligionnaires et autres amis de MM. Haag qui tentent cette entre-
prise sont amenés par la force des choses à lui donner plus d'étendue. Quels
que puissent être leurs malheurs, ceux qui laissent un nom dans l'histoire
sont encore les favoris du monde; mais s'il est une victime inconnue dont
on ne sait rien sauf qu'elle donna volontairement sa vie plutôt que de
désobéir à sa conscience, n'est-ce pas un devoir sacré d'inscrire son nom sur
une table d'honneur? Et ceux qui sans avoir souffert la mort ont souffert la
prison, l'exil ou d'autres maux, n'ont-ils pas droit aussi à un respectueux
souvenir? Et où trouverait-on dans la France entière, non-seulement lors
des grands massacres du XVIe siècle et des grands sévices du XVIIe, mais
jusqu'aux temps efféminés de la Régence et de Louis XV, un seul protestant
qui n'ait eu quelque chose à souffrir de cette longue persécution dont le
clergé catholique a toujours attisé le feu jusqu'au moment de la Révolution
française! Ceux-là même qui ont fait abjuration, soit entraînés par des appâts
corrupteurs, soit contraints par les violences, ont eux aussi savouré leur
part d'amertume. Ce sont donc toutes les familles protestantes françaises
antérieures à 1789 que nous devrions embrasser dans nos recherches.
Mais un répertoire biographique aussi absolument complet ne serait proba-
blement pas exécutable comme opération de librairie, et il faudrait, comme
opération littéraire, l'ajourner à un avenir bien éloigné , puisqu'il supposerait
le dépouillement achevé de tous les documents qui subsi:>tent sur l'état civil
des protestants, non-seulement en France, mais en Suisse, en Hollande, en
Allemagne, en Angleterre et jusqu'en Amérique. On a cru cependant pouvoir
répondre dans une certaine mesure aux vœux plus impatients et bien sou-
vent exprimés dans nos Eglises pour la publication immédiate d'une France
vi AVERTISSEMENT.
protestante aussi complète qu'il soitf en ce moment possible, en refondant,
en améliorant et en élargissant l'œuvre de MM. Haag.
Voici le plan auquel on s'est arrêté : 1° Reproduction, avec révision
attentive, de tous les articles de MM. Haag; 2° Dépouillement complet, et
insertion à leur place alphabétique, de tous les noms protestants cités par
eux et disséminés dans le cours de leur livre ; 3° Rédaction des biographies
qui rentrent dans leur cadre et qu'ils eussent écrites si les documents ou
le temps ne leur eussent manqué; 4° Mention de tous les protestants français
connus de nous comme ayant souffert pour la foi protestante, depuis le
commencement du XVIe siècle, ou comme ayant marqué dans le dévelop-
pement du protestantisme.
Précisons les détails qui se rapportent à chacun de ces points.
I. Tous les articles admis par MM. Haag dans leur édition ont droit de cité
dans la nôtre; mais il n'en est presque aucun qui ne puisse être amélioré,
par cette seule raison que trente années nous séparent du temps où ils ont
été écrits. Nous nous sommes donc efforcés, reproduisant ce travail, de l'a-
méliorer en le condensant, en réduisant les développements sans supprimer
de faits ni de noms, et en visant surtout à y faire entrer les nouveaux détails
que l'étude a révélés.
II. On a souvent signalé et regretté l'absence, dans l'ouvrage de MM. Haag,
d'une table alphabétique de tous les noms protestants dont leurs pages sont
remplies. Chacun de nos volumes sera terminé par une table abondante.
III. MM. Haag ont laissé quelques articles rédigés après l'impression de
leur ouvrage et plus souvent des notes pour servir à la rédaction. Nous nous
en sommes emparés et nous avons inséré ces articles à leur rang, en terminant
chacun d'eux par le nom Haag mis entre parenthèses.
Nous avons fait connaître, par le même procédé sommaire, les noms de
nos collaborateurs, quoiqu'il ne soit presque pas possible d'introduire des
communications de provenances diverses dans un texte unique sans leur faire
subir quelques modifications. Nous donnerons à la fin de chaque volume
une liste détaillée des. personnes qui auront contribué à sa rédaction.
IV. Les articles déjà traités par MM. Haag se reconnaîtront à ce signe qu'à
la tête de l'article nous plaçons le nom Haag entre crochets suivi de l'indi-
cation du tome et de la page où l'article se trouve. Quand leur nom n'y est
pas, mais seulement des chiffres, c'est qu'au lieu d'un article, MM. Haag n'ont
donné qu'une simple mention du nom dont il s'agit ou d'un fait quelconque.
Ainsi pour ce qui concerne les quatre premiers noms ouvrant notre liste,
Abadier et Abard, n'étant accompagnés d'aucun renvoi entre crochets,
montrent par là qu'ils sont des noms nouveaux; Abaret, qui se termine
par le sigle : [II, 415 b], annonce que ce personnage figure d'une manière
fugitive au deuxième volume de MM. Haag, à la page 415, seconde colonne;
tandis que : [Haag, I, 3], placé au commencement de l'article Abauzit, appelle
l'attention sur un véritable article consacré par les premiers auteurs à ce
philosophe. Et lorsqu'on trouve, comme ci-après, col. 10, à l'article Abbabie
AVERTISSEMENT. vu
(Jacques), l'indication multiple : [Haag, I, 7 a; — 85 a, i39 a; II. 169; VU,
425; IX, 232]; c'est que ce nom a été l'objet, dans le livre de MM. Haag, et
d'un article spécial et de plusieurs mentions éparses.
Ce procédé, nous l'avouons, prête à la critique. On peut nous objecter, et
on l'a déjà fait, que recommençant le travail de MM. Haag, nous devons le
contenir, le rendre inutile, par conséquent ne pas le citer, ou bien, si nous
le citons encore, c'est donc que nous ne le remplaçons point. On peut ajouter
que la première édition étant épuisée, ces citations sont un appât décevant
pour les lecteurs invités à prendre plus ample informé dans un livre que
peu d'entre eux pourront avoir : on dit entin que tel est l'usage et que pour
le Dictionnaire historique de Moréri, par exemple, ou la Biographie Universelle
des frères Michaud, chaque -édition nouvelle absorbe et annule les éditions
précédentes. — Tout en tenant compte de l'observation et en restreignant
ces sortes de citations au strict nécessaire, nous ne les supprimons pas et
voici pourquoi. L'ouvrage de MM. Haag n'est pas seulement, comme les
deux grandes biographies qui viennent d'être désignées, un ensemble de
matériaux historiques et littéraires que l'on peut successivement modifier,
accroître et améliorer, c'est un « Livre de sources; » c'est un recueil plein
de recherches faites sur les documents originaux et souvent sur des docu-
ments qui n'existent plus, comme il est si déplorablement arrivé pour les
actes de l'état civil de Paris brûlés en 1871; en sorte qu'il est souvent
impossible de ne pas renvoyer à MM. Haag, seuls témoins subsistants. Dès
lors il nous a paru qu'on devait aussi donner ce renseignement utile consistant
à faire distinguer, autant que cela sera possible, ce qui se trouvait déjà dans
nos honorés prédécesseurs de ce que nous y ajoutons. Personne ne pensera
qu'une information de plus offerte au lecteur, quand même il ne pourrait
pas toujours la vérifier et la mettre à profit, doive nuire ou déplaire.
V. Les articles qui ne sont suivis d'aucun nom d'auteur, ni accompagnés
d'aucun renvoi entre crochets, restent entièrement sous la responsabilité
du comité de rédaction.
VI. Dès qu'on était obligé de relever et de placer à leur rang les noms que
MM. Haag ont cités en passant, il fallait absolument y joindre les informations
complémentaires qu'on possédait sur les mêmes noms, et aussi toutes les
informations analogues glanées de toutes parts, souvent confuses, toujours
incomplètes, mais pouvant servir de jalons pour l'avenir et guider le lecteur
dans des recherches plus approfondies. C'est une véritable joie qu'on éprouve,
et que nous avons souvent ressentie, de voir un simple nom qui sem-
blait insignifiant d'abord, se réchauffer tout d'un coup, et prendre vie au
contact d'homonymes fournis par un document de la date la plus éloignée
ou du pays le plus lointain. C'est une récompense d'assister ainsi à des
résurrections inattendues, et de restituer, avec des bribes en apparence in-
différentes, des groupes de famille pleins d'intérêt. On a été ainsi conduit
par la force des choses, dans la présente édition, à donner presque tout ce
que l'on savait sur des noms protestants français quelconques.
vin AVERTISSEMENT.
VIL Ce que l'on sait, toutefois, est peu de chose encore, et la multitude
sera grande des noms dignes d'être recueillis qui nous échapperont; mais un
moyen facile s'offre de subvenir, pour l'avenir du moins, à cette imperfection
nécessaire. Ce moyen est d'ouvrir à la fin de chaque volume un chapitre
complémentaire, où seront toujours admises jusqu'à ce que l'ouvrage entier
soit terminé, toutes les Corrections et Additions qui pourront survenir.
Les sources où nous avons puisé nos renseignements spéciaux sont d'abord,
les registres de l'état civil de Paris et de Charenton, qui n'existent plus
aujourd'hui, mais dont MM. Haag nous ont conservé des extraits; à ces
notes s'ajoutent celles de M. Ath. Coquerel fils, sur l'Eglise de Paris, et une
table alphabétique des papiers du séquestre mis sur les biens des religion-
naires à la révocation de l'édit de Nantes {Archives gén., série Tt), table ré-
digée jadis par Tourlet, employé aux Archives. Des extraits de l'état civil et
d'autres documents nous ont été communiqués par divers de nos correspondants
à Lezay, à Puylaurens, Lyon, Nîmes, Montauban, Saintes, Pons, La Rochelle,
Pau, Marmande, Rouen; mais cette énumération même, par son caractère in-
complet, démontre la pauvreté de nos ressources, si on la compare à ce que
nous eussions dû recevoir de toutes les contrées de la France. C'est à Genève,
comme il est naturel, et comme le veut la nécessité historique, que se trouvent
les plus abondantes informations sur les réfugiés français protestants de toutes
les époques. Par ses registres officiels d'admission à la simple habitation et
à la bourgeoisie, par ses actes de l'état civil soigneusement préservés, par
sa volumineuse collection de minutes des notaires, par les comptes de la
Bourse françoise, œuvre charitable fondée au XVIe siècle, enfin par les tra-
vaux de plusieurs savants généalogistes, les deux Galiffe et Louis Sordet, la
république de Genève, aussi éclairée que bienfaisante, nous offre les archives
les plus exactes et les plus riches que l'on ait, sur l'émigration des religion-
naires chassés de France. Pour l'émigration en Allemagne, nous avons eu,
avec l'ouvrage d'Erman et Reclam, les travaux de Dieterici, conservés en
manuscrit à la Bibliothèque de la Société d'histoire du protestantisme; enfin,
pour l'Angleterre, outre les ouvrages récents de M. Smiles et du Rév. Agnew,
nous avons mis à profit les listes imprimées des innombrables assistés auxquels
on distribua, pendant les dernières années du XVIIe siècle et un long espace
du XVIIIe, les « royales bontés, » c'est-à-dire les sommes considérables votées
pour cet objet par le Parlement anglais. Tels sont, en dehors des sources
historiques générales, les principaux matériaux que nous avons utilisés.
Ils sont encore très-incomplets, et nous n'en avons probablement pas tiré
parti sans les défigurer bien des fois par des omissions ou des erreurs; nous
restons cependant fermes dans cette assurance, qu'une simple liste imparfaite
de personnes et de familles qui ont souffert pour le pur amour du bien et du
vrai, est le plus intéressant et le plus dramatique de tous les tableaux.
Henri Bordier.
LA FRANCE
PROTESTANTE
ABADIER, famille réfugiée au Cap
de Bonne -Espérance {Bull. XV. 160).
ABARD René, de Paris, réfugié à
Genève et assisté dans cette dernière
ville par l'institution charitable appelée
la Bourse Françoise, en 1682.
ABARET Ji\N , médecin à Saintes,
condamné en 1569 par un arrêt du par-
lement de Bordeaux II, 415 b].
ABAUZIT (Firmin), né à Uzès en
Languedoc, le 11 novembre 1679, mort
à Genève, le -20 mars 17GT I
À 1 âge de deux ans. il perdit son père,
JeanAbauzit, et lorsque arrivèrent l'é-
dit du 12 juillet 1685, qui enlevait les
enfants aux mères protestantes après
la mort de leur père pour les faire
élever dans la religion catholique, puis
ledit de révocation , encore plus rigou-
reux, Firmin et son jeune frère Bona-
venture. furent mis de force au collège
d'Uzèa pour y être catéchisés. Leur
mère, Anne Deville1, sans s'émouvoir
des punitions qui la menaçaient, par-
vint à tromper la vigilance des persécu-
teurs ; elle retira ses deux enfants d'en-
tre les mains qui les retenaient et les
envoya secrètement (en 1689)à Genève.
où le grand-père paternel de ces enfants
avait été déjà chercher un refuge *.
La mère fut, pour ce fait, emprisonnée
au château de Sommières, sur une lettre
de cachet délivrée à la demande de l'é-
vêque d'Uzès; mais le gouverneur du
château, voyant péricliter la santé de
• On de fille, mais non Anne Darlie que Micliaud
et MM. Haag donnent par suite d une mamaise lecture.
* On trouve chez les notaires de Genève un Firmin
et un Bonavcnture Abauzit, dTzès, marchands, té-
moins le premier en «689, l'autre en 1699.
cette pauvre femme, obtint de l'évêque la
permission de la remettre en liberté, et,
malgré les édits qui défendaient aux
protestants, sous peine de mort, la sor-
tie du royaume. Anne Deville fut bientôt
à Genève aussi. Elle y mourut en 1727.
Doué des plus heureuses dispositions,
Firmin Abauzit fit des progrès rapides.
Les belles-lettres, l'histoire, la géogra-
phie, les antiquités, les sciences natu-
relles, l'astronomie, les mathématiques,
la théologie même, furent successive-
ment l'objet de ses études. Sa mémoire
était surprenante, et ce qui ne se re-
marque jamais que dans un esprit supé-
rieur, l'étendue de ses connaissances ne
nuisait pas à leur solidité.
Après avoir terminé ses études uni-
versitaires, il fit, en 1698, un voyage en
Hollande et en Angleterre. 11 s'y lia
d'amitié avec plusieurs savants et entre
autres avec Bat/le et Newton, qui entre-
tinrent depuis avec lui un commerce de
lettres. Newton appréciait tellement le
mérite de son jeune ami. qu'il lui écri-
vait en lui envoyant son Commercium
epislolicinn : « Vous êtes bien digne de
juger entre Leibnitz et moi. » De son
côté, Abauzit lui donna la preuve que
son estime n'était pas mal placée en pre-
nant sa défense contre le P. Castel, et
en lui découvrant même , dans son livre
des Principes, une erreur que l'illustre
mathématicien corrigea dans la 2e édit.
de son ouvrage. Il paraîtrait aussi, d'a-
près une lettre de notre savant, qu'il lui
fit changer d'opinion sur l'éclipsé ob-
servée par Thaïes, 585 ans avant 1ère
chrétienne. La réputation d' Abauzit par-
vint jusqu'aux oreilles du roi Guillaume.
I. i
ABAUZIT
qui lui fit faire des offres pour le retenir
en Angleterre, mais une lettre de sa
mère qui pressait son retour lui fournit
un prétexte pour refuser. Jaloux à l'excès
de son indépendance, il ne voulut jamais
aucune place, pas même celle de pro-
fesseur de philosophie à l'académie de
Genève, qui lui fut offerte en 1723. Il
accepta seulement un honneur que lui fit
le conseil d'Etat de la République, dans
les registres duquel on lit à la date du
6 août 1727 : « Pour marquer au sieur
F. A. la reconnaissance qu'on a de toutes
les peines qu'il s'est données jusqu'ici
pour la Bibliothèque publique, » décidé
« de lui faire présent de la bourgeoisie
en lui donnant le titre de troisième bi-
bliothécaire, prenant rang après les
membres de la vénér. Compagnie, pour
y vaquer autant que sa santé le lui per-
mettra. »
Nous avons dit que la mémoire d'A-
bauzit étonnait. On en rapporte quel-
ques traits remarquables. Le professeur
Lullin, de Genève, l'entretenait un jour
d'un fait particulier de l'histoire ecclé-
siastique, dont il s'occupait pour en faire
le sujet d'une de ses leçons. Il s'agissait
de Virgile, évêque de Saltzbourg au
VIIIe siècle, que l'on prétend avoir été
excommunié par le pape Zacharie, pour
avoir avancé qu'il y a des antipodes.
Quel ne fut pas son étonnement, lors-
qu'il entendit Abauzit disputer ce sujet à
fond comme s'il venait de l'étudier? et
depuis plus de 30 ans, comme notre sa-
vant lui en fit l'aveu, il n'avait rien lu
sur cette matière. La même chose ar-
riva à J.-J. Rousseau, qui le consultait
sur la musique des anciens. Abauzit lui
exposa avec méthode et clarté tout ce
que lui, Rousseau, n'avait appris que par
un travail long et opiniâtre, en lui dé-
couvrant même beaucoup de choses qu'il
ignorait, et cependant il ne s'en était pas
occupé depuis les études de sa jeunesse.
Le célèbre voyageur Pococke n'éprouva
pas un moindre étonnement lorsqu'il
l'entendit décrire avec la plus grande
exactitude des pays qu'il venait lui, de
parcourir et d'étudier. 11 ne put jamais
se persuader qu'Abauzit n'avait visité
l'Orient que du fond de son cabinet.
11 n'est pour ainsi dire pas de science
qû Abauzit n'ait embrassée. Et cepen-
dant il a très-peu écrit. Il aimait l'étude
pour l'étude et jamais le désir de la gloire
ne vint troubler sa vie. C'est là surtout
ce qui a inspiré à J.-J. Rousseau le ma-
gnifique éloge qu'il en fait. Nous le rap-
porterons en entier. Milord Edouard,
dans la Nouvelle Héloïse, écrivait à Saint-
Preux : «Voulez-vous donc n'être tou-
jours qu'un discoureur comme les au-
tres, et vous borner à faire de bons livres
au lieu de bonnes actions? — « Non,
ajoute Rousseau dans une note sur ce
passage, non, ce siècle de la philosophie
ne passera point sans avoir produit un
vrai philosophe. J'en connais un, un seul
j'en conviens ; mais c'est beaucoup en-
core, et pour comble de bonheur, c'est
dans mon pays qu'il existe. L'oserai-je
nommer ici, lui dont la véritable gloire
est d'avoir su rester peu connu? Savant
et modeste Abauzit, que votre sublime
simplicité pardonne à mon cœur un zèle
qui n'a point votre nom pour objet. Non,
ce n'est pas vous que je veux faire con-
naître à ce siècle indigne de vous ad-
mirer; c'est Genève que je veux illustrer
de votre séjour, ce sont mes concitoyens
que je veux honorer de l'honneur qu'ils
vous rendent. Heureux le pays où le mé-
rite qui se cache est d'autant plus estimé !
Heureux le peuple où la jeunesse altière
vient abaisser son ton dogmatique et
rougir de son vain savoir devant la docte
ignorance du sage ! Vénérable et ver-
tueux vieillard ! vous n'aurez point été
prôné par les beaux esprits, leurs
bruyantes académies n'auront point re-
tenti de vos éloges; au lieu de déposer
comme eux votre sagesse dans des livres,
vous l'avez mise dans votre vie pour
l'exemple de la patrie que vous avez
daigné vous choisir, que vous aimez et
qui vous respecte. Vous avez vécu
comme Socrate ; mais il mourut par la
main de ses concitoyens, et vous êtes
chéri des vôtres. » On a remarqué que
cet éloge, si mérité, était le seul que
Jean -Jacques eût adressé dans ses
écrits à une personne vivante, Voltaire
qui, selon un des biographes d' Abauzit,
lui doit beaucoup pour ses ouvrages his-
toriques, paraît avoir professé envers lui
une égale admiration. Un jour, raconte
A. de Servan, qu'un de ces milliers d'a-
dulateurs qui accouraient journellement
ABAUZIT
8
à Ferney pour l'encenser, se présentait
à lui avec cette phrase banale, qu'il était
venu à Genève pour voir un grand
homme : Avez-vous vu Abauzit? inter-
rompit Voltaire. Sa simplicité égalait sa
modestie, elle perçait dans toutes ses ha-
bitudes ; économe de son temps, il était
prodigue de ses travaux pour ses amis,
et l'on retrouve dan? leurs ouvrages bien
des pages qui lui appartiennent. Aussi
aurait-on tort de vouloir apprécier Abau-
zit seulement par les écrits qu'on a pu-
bliés de lui dans ses Œuvres posthumes ;
« Il ne voulait pas, dit Senebier, qu'ils
vissent le jour ; il en faisait même si peu
de cas, qu'il ne les redemandait jamais
quand il les avait prêtés. » C'est ainsi
que plusieurs de ses savantes disserta-
tions furent imprimées à son insu, et
eurent un grand succès.
C'est au milieu de ses paisibles tra-
vaux, dans une petite maison près de
Genève, où il s'était retiré depuis quel-
que temps, qu' Abauzit termina, à l'âge
T ans. sa laborieuse et honorable
carrière. — Ses publications sont peu
nombreuses. En 1715, il avait consenti
à coopérer à la traduction française du
Nouveau Testament, qui parut en 1726.
En 1 730, il fit insérer dans une nouvelle
édition de l'Histoire de Spon (2 vol.
in-4°J une dissertation latine sous ce
titre : Geneva Sextanorum colonia ; et il
y joignit plusieurs inscriptions nouvelles
avec les explications. Un autre travail
du même genre sur un bouclier votif
trouvé dans l'Ane, près de Genève, en
1721 . a été reproduit dans le Supplément
de l'Antiquité expliquée de Montfaucon.
Dans le Journal italique, t. III. on trouve
des observations dWbauzit tendant à
prouver que les Chaldéens connaissaient
la sphéricité de la terre, et qu'ils avaient
déjà terminé la mesure d'un degré du
méridien. Comme mathématicien, notre
savant fit voir les erreurs où était tombé
le chevalier Renau dans sa théorie de la
manœuvre des vaisseaux ; comme géo-
graphe, il avait non-seulement corrigé
toutes les cartes de son atlas, mais il en
avait dressé plusieurs, une entre autres
pour montrer quelle devait être, d'a-
près la Genèse, la position du paradis
terrestre; une autre de l'ancienne Ara-
bie ; et une enfin du passage de Jules
César dans la Grande-Bretagne. Savant
théologien, il composa plusieurs disser-
tations sur des points de théologie con-
troversés. Son Discours historique sur
l'Apocalypse, qu'il fit lui-même paraître
■ mais les meilleurs bibliographes n'in-
diquent pas l'année de la première pu-
blication , lui attira plusieurs critiques
et donna même lieu à des doutes sur
l'orthodoxie de sa foi. Il y cherche à
prouver que l'autorité canonique du livre
de saint Jean est douteuse, et que les
prédictions qui y sont contenues s'appli-
quent à la destruction de Jérusalem. Cet
ouvrage fut traduit en anglais par le
Dr Tweells, qui y ajouta une réfutation;
et ses raisons, dit le bibliographe an-
glais, satisfirent tellement Abauzit, qu'il
fit arrêter l'impression d'une nouvelle
édition de son livre en Hollande. Vincent
Tassin. en 1778, et Bergier, en 1780,
s'attachèrent également à le réfuter.
Outre son essai sur l'Apocalypse, dont
la substance se retrouve dans son ar-
ticle sur ce sujet, imprimé dans l'ency-
clopédie de Diderot, trois autres mor-
ceaux de sa composition ont vu le jour
de son vivant, mais hum sa participa-
tion. Ce sont : le Résultat de quelques
conférences sur la théologie et la révéla-
tionjudaïque : en Hollande, 1732; une
Paraphrase de l'Epitre de S. Paul aux
Galales ; Leyde, 1748; et une Lettre a
une dame sur la controverse, que Len-
fant fit imprimer à la suite de son ou-
vrage, intitulé : « Préservatif contre le
papisme. ■ en disant que s'il l'avait
connu plus tôt, il n'aurait pas composé
son livre. Cette Lettre à une dame a été
réimprimée (par les soins de Ph. Bas-
< .enève, Cherbuliez. 1838, 30 p. in-8°.
Après la mort d' Abauzit, on publia
deux différentes éditions de ses Œuvres.
I. Œuvres de feu M. Abauzit; Ge-
nève, C. Philibert et B. Chirol, 1770,
2 vol. in-8°. = Le premier volume traite
de matières théologiques ; le deuxième
renferme des dissertations d'histoire et
d'archéologie. L'éditeur, de Vègobre, y
a joint, dans son Avertissement, une
notice sur Abauzit.
II. Œuvres diverses de 31. Abauzit.
contenant ses écrits d'histoire, de cri-
tique et de théologie; 1. 1, Londres, 1773,
in-8°; t. II, contenant ses écrits d'anti-
ABAUZIT — ABBADIE
<S
quité , de critique et de géographie.
Amsterdam, E. van Harrevelt, 1773,
in-8°. = Cette édition, qui a été dirigée
par le pasteur Moultou, est précédée de
l'Eloge d' Abauzit par Bérenger. Le 1er vo-
lume est consacré à 22 dissertations de
théologie, dont 17 ne se trouvent pas
dans le tome Ier de l'édit. de Genève ; en
revanche, il ne contient pas trois mé-
moires qui sont dans cette dernière. Au
contraire , le 2e volume, consacré à dif-
férents morceaux de critique littéraire,
à des observations sur des sujets de phy-
sique, d'astronomie, et surtout d'anti-
quités romaines, est identique dans les
deux éditions.
III. On conserve à la Bibliothèque
publique de Genève une liasse de feuillets
épars écrits de la main d' Abauzit et con-
tenant une quantité de notes relatives
soit à l'histoire de Genève, soit à des
questions d'archéologie, de physique et
d'astronomie. On y trouve mêlées quel-
ques lettres à M . des Vignoles, à l'astro-
nome J.-J. de Mairan, à Bourguet, pro-
fesseur à Lausanne, etc. D'après Vincens
S.-Laurent(iïïo<7. Michaud, art. Bauyn)
on rapporte que la plus grande partie des
manuscrits du savant genevois furent
brûlés à Uzès par le zèle pieux de ses
héritiers.
Son frère cadet, Bonaventure Abauzit,
s'était voué au commerce et passa de
Genève en Angleterre, où il mourut
en 1717.
La famille Abauzit existe encore à
Uzès, et le Livre du. Recteur de l'Acad.
de Genève indique un Alphonse Abauzit,
d'Uzès, comme étudiant, à la date
de 1821.
Ce nom, à Genève, disparut avec ce-
lui qui l'avait illustré et qui mourut sans
avoir été marié. Cependant, de 1815
à 1833, parurent plusieurs opuscules
ihéologiques d'un pasteur genevois qui
signait M arc -Théophile Abauzit, et qui,
après avoir été chapelain de l'hospice
des réfugiés français à Londres , de
1803 à 1820 (Agnew 1, 81), fut, de
1820 à 1828, pasteur de Chancy, et mou-
rut à Genève, janv. 1834. Le véritable
nom de cet ecclésiastique était Coutau ;
il avait pris, à Londres, celui de sa
mère, Marie-C lie (Clio ? <'t dans l'acte de
décès Elise), fille de Pierre Abauzit,
changement que ratifia le conseil d'Etat
de Genève (oct. 1819). Il laissa deux fils,
dont l'un est M.Théodore Abauzit, au-
jourd'hui pasteur de Calvisson (Gard).
Bérenger et Végobre, préfaces de leurs édit. d' Abauzit.
— Senebier. — Michaud. — bidot. — Sordet.
1. ABBADIE ou Abadie, d'Abbadie,
Dabbadie (voy. D), Labadie, Labbahe,
(voy. L), Davadie, etc., formes diver-
ses d'un même nom (De abbatia) très-
répandu dans le S.-O. de la France.
« En Béarn, Bigorre et pays Basque, on
« peut compter par centaines les fa-
« milles appelées ainsi. » ( Lettre de
M. Bavmond, archiv. des B. -Pyrénées).
2. ABADIE (David d'). Le Registre
des réfugiés, la plupart Français, reçus à
Genève en qualité d'habitants pendant
les persécutions en France, constate, à
la date du 6 juin 1559, la réception de
David Davadie « de Grenade, en Gas-
coigne. »
3. ABBADIE (Saubat d'), jurât de
Bellocq (Basses-Pyrénées), rançonné en
1569 [à mille francs) par les catholiques
sous les ordres de Jean d'Armendarits,
lequel fit en même temps « massacrer
deux autres hommes qui n'avoient moyen
de lui donner argent. » — « Un bon
homme vieux de la réformée fut [aussi]
soudain assommé à l'entrée de sa mai-
son. » Bellocq « doncques fut tout à plat
pillé par les Basques, et outre cela plu-
sieurs qui estoientesgarez parmi les bois
furent massacrez et maints autres ran-
çonnez. Toutesfois Dieu fortifia telle-
ment ces povres gens qu'il n'y eut pé-
ril, danger, perte ne cruauté qui les fit
abandonner la fidélité de leur Princesse
[Jeanne d'Albret] ny leur religion et ne
se trouva en tout Bellocq que deux hom-
mes et trois femmes qui retournassent
à la messe. » (Bordenave, p. 215.)
4. ABBADIE. u Le 28 juillet 1003, les
jurats de Nay (Basses-Pyrénées) deman-
dent au synode de leur envoyer pour
ministre Abbadie , alors ministre à
Serres-Castet, en remplacement de Ni-
colas de Bordenave, mort depuis plus
de deux ans. » (Bordenave, préf., p. iv).
Un Jean d'Abbadie était en effet pasteur
de Nay en 1612(Aymon 1, 395).
ASBADtH lils. ministre à Moncaup
(Béarn), 1020 [X, 326].
5. ABBADIE (Jean d'), ministre
ABBADIE
10
d'Osse en Béarn, 163*2. — (JeancT), mi-
nistre de La Bastide-Villefranche (Béarn)
en 1658, 1660 {Bull. XV. 584 -
femme était Jeanne, fille de Jacques de
Magendie . ministre. Elle était veuve au
mois de mai 1679 (Archiv. des B.-Pvr.
E 1954, 1-208. 1210).
6. ABBADIE 'Marguerite d'), mariée
(v. 1650) à Jean du Lion, sieur de Besle,
et Bomaine d'Abbadie. mariée en
à Mathieu du Lion [IV, 394 h]. Les
Du Lion sont des gentilshommes de la
Guvenne.
f. ABBADIE ;Pierre), ministre de l'E-
glise de Pau vers le milieu du XVIIe siè-
cle, nous est connu seulement par quel-
ques sermons et par une dispute qu'il
soutint en 1635 et plusieurs années après
contre un jésuite nommé Audebert, au
sujet dune dame de Pardies, femme d'un
conseiller à la cour de Béarn. qui avait
abandonné la foi réformée pour suivre
celle de son mari. A cette occasion le
P. jésuite avait publié : Le triomphe de
la vérité ou aveu du sr Abbadie. ministre
de Pau. sur la transsubstantiation et sur
le purgatoire; Orthez, 1638. in-8°. Abba-
die répondit par : La victoire de la vérité
opposée au triomphe sans- victoire chanté
par un vaincu, ou Réponse au livre du
sr Audebert. jésuite, intitulé: Iy triom-
phe de la vérité...; Orthez, Jacq. Bouyer,
in-8°. L'ouvrage est revêtu de
l'approbation des pasteurs Capdrville.
de Sauveterre: La Fite. de Pau, et 17-
dal. de Lescar, commis par le synode
provincial des Eglises réf. du Béarn à
l'examen des livres de religion, liais
le P. Audebert ne se lassa point, et l'on
eut encore de lui : La logique du g» Ah-
badie : Orthez, 1638, in-8°. — Théodore t
en son jour : Lascar, 1639. — Lettre
du p. Audebert au synode de MM. Isa
ministres de Béarn sur les passages de
Théodoret; Lascar, 1639. — Lettre du
p. Audebert à MM. du consistoire de Pau
sur la croyance du s" Abbadie, leur mi-
nistre; Lascar, 1639. — Lettre du p. Au-
debert à MM. les ministres de Béarn
sur les faussetés et impostures du sr Ab-
badie leur collègue; Bordeaux. 1639.
in-8°; plus divers autres écrits analogues
où Abbadie n'est pas directement pris à
partie.
On a aussi de P. Abbadie des sermons ;
en voici les titre> : La vierge Marie au-
près de la croix, ou sermonpour la Sainte
Cène de Pasques. prononcé à Charenton
le 1er mai 1639: Charenton, Melch. Mon-
dière. 1641, in-U2 de 81 pas. — Deux
sermons sur la gloire du chrestien vic-
torieux au ciel et sur la frayeur des
méchants au jour du jugement ; Cha-
renton, Mondière, 16H W9 p.i. — Les
richesses iniques, ou sermon contre l'a-
varice, prononcé à Charenton le 4 oc-
tobre 1643: Charenton. 1663. in-1'2 de
83 pag. — Jésus-Christ dans le Jour-
dain, ou sermon sur le baptême de
Jésus-Christ, prononcé à Charenton le
15 novembre 1643 par Pierre Abbadie,
ministre du St. Evanu . et se vendent
à Charenton par Jacques Auvra... Pet.
in-1-2 de 7i pag. Bourchemn. — Soulice.)
Via. encore VI. a -
8. Un ministre nomm. Piem
Abbadie et contemporain de celui de Pau.
mais probablement autre, étant ]
gèrement à Genève en 1661, écrivit sur
les persécutions que subissaient alors les
protestants dans le i une
lettie intéressante publié»1 dans le Bull,
de ihist. du Prnt. ' I. M8 .— Un autre,
ministre à Carlin (Béarn . 1660 Bull.
W. 580).
9. ABBADIE (Jacques , docteur en
théologie, né a Xay. petite ville du Béarn,
en 1654, et mort le '25 septembre 17-27.
:y-le-Bone. petite paroisse alors
située à un mille de Londres et aujour-
d'hui dans la ville [ IL ■ : —
85 S, 13'.» a: 11. 69 a, 138 b. 161 a: Vil.
. a).
Après avuir reçu sa première instruc-
tion du célèbre moraliste Jean de La
Placette. alors ministre à Xay. Abbadie
alla compléter ses études a Puylaurens.
à Saumur et à Sedan. C'est à lacadémie
de Sedan qu'il prit le srade de docteur
en théologie. Un de s<>s biographes nous
apprend que l'indigence de ses parents
ne leur ayant pas permis de faire les
frais de son éducation, c'étaient les
se de sa province qui s'en étaient
chargées. L'édit de Nantes n'était pas
encore révoqué ; mais le gouvernement
préludait à ce coup d'Etat par des per-
sécutions partielles qui déterminaient
chaque jour de nouvelles émigrations.
Frédéric-Guillaume, le grand électeur,
11
ABBADIE
12
accordait aux réfugiés français une géné-
reuse hospitalité dans ses Etats de Bran-
debourg, et il avait chargé le comte
d'Espence en ambassade à Paris, de lui
envoyer un ministre pour lui confier la
direction spirituelle de la colonie nais-
sante. Le choix tomba sur Abbadie( 1680).
L'Eglise française de Berlin ne comptait
encore que peu de membres, et le ser-
vice religieux se faisait dans la maison
de ce seigneur. Mais l'électeur donna
l'ordre de réparer la chapelle de son pa-
lais pour l'usage de cette assemblée, et,
jusqu'à sa mort, les réfugiés jouirent
de cette faveur. En possession de toute
la confiance de ce prince, qu'il avait su
gagner par son noble caractère autant
que par ses rares talents, Abbadie se
servit toujours de son crédit dans l'in-
térêt de ses malheureux compatriotes
qui n'arrivaient le plus souvent au lieu
du refuge que dans le plus profond dé-
nùment. Pendant les années 1684, 86
et 88, il fit plusieurs voyages en Hol-
lande, dans le but surtout de donner ses
soins à diverses publications, et, entre
autres, à son célèbre traité de La Vérité
de la religion chrétienne, le plus estimé
de ses ouvrages. Frédéric-Guillaume
étant mort en 1688, Abbadie céda aux
instances du maréchal de Schomberg
également réfugié en Prusse , qui le
pressait, au nom de son amitié, de l'ac-
compagner en Angleterre, à la suite du
prince d'Orange, depuis Guillaume III,
On sait que le maréchal périt à la ba-
taille de la Boyne, en 1690. Ce fut dans
ce temps, et au milieu du bruit des
armes, qu'Abbadie composa son traité
sur les Sources de la morale ou l'Art
de se connaître soi-même. La mort de
son protecteur l'ayant engagé à repasser
en Angleterre, il fut nommé pasteur de
l'Eglise française, dite de la Savoie, à
Londres. H en remplit les devoirs avec
son zèle accoutumé, jusqu'à ce que, sa
santé s' accommodant mal du climat de
Londres, il obtint, sur la recommanda-
tion du roi Guillaume, les fonctions de
doyen de S. -Patrick, de Dublin, mais
sans pouvoir les remplir, à cause de son
ignorance il'' l'anglais. 11 accepta en
échange, en 1699, un autre doyenné,
celui de Killaloe, en Irlande, dont il
jouit jusqu'à sa mort. Là il passa la
seconde partie de sa vie dans la retraite
et le travail, sauf qu'il aimait à s'échap-
per pour aller à Portarlington se mêler
à une société distinguée de ses compa-
triotes qui y formaient une colonie et
sauf aussi les voyages qu'il faisait en
Angleterre ou en Hollande pour l'im-
pression de ses ouvrages. 11 était depuis
peu de retour d'Amsterdam, et il s'oc-
cupait d'une nouvelle édition de ses
Œuvres, dont l'annonce avait déjà paru,
promettant 4 vol. in-4°, lorsqu'il s'étei-
gnit dans sa 73e année. Voici la liste de
ses œuvres.
I. Sermons sur divers textes de l'Ecri-
ture ; Leydp, 1680, in-8°. = Ces ser-
mons, au nombre de quatre, ont été
réimprimés plusieurs fois. Quelques au-
tres prononcés dans des occasions solen-
nelles, et parmi lesquels il y en a qui
étaient déjà arrivés, en 1727, à leur
14e édition, ont paru séparément à des
époques plus ou moins éloignées. Ils ont
été tous réunis avec les Panégyriques de
notre auteur, à Amst. 1760, en 3 vol.
in-8°, et sont précédés d'un Essai hist.
sur sa vie et ses ouvrages.
IL Panégyrique de Mgr l'électeur de
Brandebourg ;Berl., et Bott. 1684, in-4°
et in-8°. = Cet éloge a été traduit en ita-
lien par Gregorio Leti, qui l'a inséré
dans son Histoire du Brandebourg. Bayle
en avait dit tant de bien dans ses Nou-
velles de la Bépublique des lettres,
qu'Abbadie lui écrivit, en le remerciant,
qu'il avait fait le panégyrique do son
Panégyrique.
111. Traité de la Vérité de la reli-
gion chrétienne, où l'on établit la reli-
gion chrétienne par ses propres carac-
tères ; Bott. 1684, 2 vol. in-4° et in-8°;
6e édit., 1711, 3 vol. in-12; le 3e vol. se
compose du traité de la Divinité de notre
Seigneur J.-C, qui ne parut qu'en 1689.
= Cet excellent ouvrage a eu de nom-
breuses éditions ; celle de 1688 renferme
des additions considérables. 11 a été tra-
duit en plusieurs langues : en anglais,
par H. Lussan ; Londres, lOO'i. "2 vol.
in-8°, et plusieurs fois depuis; en alle-
mand, par G.-L. Billerbêck, qui y a
ajouté des notes et des prolégomènes,
Francf. 1713, et par Ilahn, qui l'a éga-
lement annoté, Garlsruhe, 177(1, in-S°.
« Depuis longtemps, dit un critique, il
13
ABBADIE
\A
n'avait point paru de livre où il y eût
plus de force et plus d'esprit, plus de
raisonnement et plus d'éloquence. »
Cet éloge n'a rien d'exagéré. Bayle dans
ses Nouv. delà Rép. des Lettres (oct. et
nov. 1684), les Acta Eruditorum (mars
1685), le Journal des Savans avril 1722),
rendent à Abbadie le même témoignage.
Des catholiques même ardents, et per-
sonne ne s'étonnera de nous voir citer
dans le nombre la célèbre Mme de Sévi-
gné, poussaient jusqu'à l'enthousiasme
leur admiration. « C'est le plus divin de
tous les livres. » écrivait-elle à Bussy-
Rabutin, et celui-ci lui répondait sur le
même ton : « Il n'y a que ce livre-là à
lire au monde. » Quelques jours après,
il reprenait la plume, tant son cœur dé-
bordait : « C'est un livre divin, lui écri-
vait-il de nouveau, je ne dis pas seule-
ment pour la matière, mais encore pour
la forme. Je ne veux lire que ce livre-là
pour ce qui regarde mon salut. » (Le
comte de Bussy était alors âgé d'environ
70 ans.) « Jusques ici, continue-t-il. je
n'ai point été touché de tous les au-
tres livres qui parlent de Dieu, et j'en
vois bien aujourd'hui la raison ; c'est que
la source m'en paraissait douteuse: mais
la voyant claire et nette dans le Livre
d' Abbadie, il me fait valoir tout ce que
je n'estimais pas. Encore une fois, c'est
un livre admirable, il me peint tout ce
qu'il me dit, et en un mot, il force ma
raison à ne pas douter de ce qui lui pa-
raissait incroyable. » Le duc de Mon-
tausier, s'entretenant un jour de l'ou-
vrage d' Abbadie avec l'ambassadeur de
l'électeur de Brandebourg, Spanheim,
« la seule chose qui me chagrine, lui dit-
il, c'est que l'auteur de ce livre soit à
Berlin. » Et en effet, c'était là une ré-
flexion pénible que devait naturellement
faire tout esprit juste.
IV. Réflexions sur la présence réelle
du corps de J.-Ch. dans l'Eucharistie
comprises en diverses lettres: La Hâve.
1685, in- 12; Rot t. 1713, in- 12. m
lettres sont au nombre de quatre. Dans
la lre, l'auteur traite de la manducation
du corps de .1 .-Ch., et examine le 6e cha-
pitre de saint Jean ; dans la 2e, il expose la
doctrine de la présence réelle et répond
à quelques difficultés d'Arnaud; dans
la 3e, il attaque l'adoration de l'Eucha-
ristie; dans la 4e enfin, il rapporte un
certain nombre de pensées que les apô-
tres ont pu avoir, plus raisonnables et
plus naturelles que celles de la trans-
substantiation, lorsque J.-Ch. institua
ce sacrement. Cet ouvrage était le der-
nier coup porté dans une polémique qui
durait depuis vingt ans et qui avait été
suscitée entre le ministre Claude et les
jansénistes par la conversion de Tu-
renne; il a été traduit (The chemical
change in the Eucharist), par J.-W.
Hamersley et réimprimé en 1835, à
Toulouse, sous ce titre : Quatre Lettres
sur la transsubstantiation.
V. Les caractères du Chrestien et du
Christianisme, marqués dans trois ser-
mons surdivers textes de l'Evangile, avec
des réflexions sur les afflictions de l'E-
glise; La Haye, 1686, 1687 et 1695, in-12.
Y 1 . Sermon prononcé à l 'occasion du
couronnement de l'électeur de Brande-
bourg , le 13 de juin 1688; Berl. 1688.
in- 12.
VII. Traité de la divinité de Notre
Seigneur J.-Ch ; Rott. 1689, in- 12:
Ie éd. Amst. 1729: trad. en anglais par
M.Booth, Londr. 1777, in- 12. = L'au-
teur revient dans cet ouvra tre sur les
principes qu'il avait déjà exposés dans
son traité sur la Vérité de la religion
chrétienne.
VIII. L'Art de se connaître soi-
même, ou Recherche sur los sources de
la morale. Rott. 1692, in-8°; Lyon. 1693.
1701, in-12: réimprimé souvent dans le
cours du XVIIIe s. en France et en
Hollande: nouv. édit., avec des notes
explicatives ou critiques par M. L...
(Lacoste), théologal et vicaire gén. du
diocèse de Dijon; Dijon, 1826. in-12. Cet
ouvia. tndoit en anglais par le
ter. T. Woodcock (Oxford, 1695, in-12:
id. 1698\ et en allemand. = Il est di-
visé en deux parties. La lre traite de la
nature de l'homme, de ses perfections,
de ses devoirs, de sa lin ; dans la 2e l'au-
teur recherche l'origine de la corruption
humaine.
IX. Défense de la nation Britannique ,
où les Droits de Dieu, de la nature et de
la société sont clairement établis au sujet
de la révolution d'Angleterre contre l'au-
teur de l'Avis important aux Réfugiés
.'Bayle), Londr. 1693, in-12.
15
ABBADIE
16
X. Panégyrique de Marie, reine d'An-
gleterre, d'Ecosse, de France et d'Ir-
lande, de glorieuse mémoire, décédée à
Kensington le 18 décembre 1694; La
Haye, 1695, in-12; trad. en angl., Lon-
dres 1695, in-4°.
XL Histoire de la dernière conspira-
tion d'Angleterre avec le détail des di-
verses entreprises contre le roi et la na-
tion qui ont précédé ce dernier attentat;
Londr. 1696, in-8°; réimprimé en Hol-
lande et trad. en anglais. = Cet ouvrage
fut écrit par Abbadie à la demande du
roi Guillaume et sur les mémoires qui lui
furent fournis par lord Portland etsir Wil-
liam Trumball, alors secrétaires d'Etat.
Dans l'intervalle de cette publication
et de la suivante, Abbadie donna ses
soins à une révision de la trad. en fran-
çais de la Liturgie de l Eglise anglicane,
en tête de laquelle il mit une Epître dé-
dicatoire au roi George Ier, Londr. 1719,
in-8°.
XII. La Vérité de la religion chré-
tienne réformée; Rott., 1718, 2v. in-8°.
= Cet ouvrage est divisé en 4 parties.
Dans la lre, l'auteur réfute la doctrine
de la transsubstantiation ; dans la 2e, il
combat l'autorité du Pape ; dans la 3e, il
examine la doctrine du purgatoire, et
dans la 4e, il traite du culte des saints,
de l'adoration des images , des reli-
ques, etc., cherchant à prouver que les
doctrines romaines sont clairement pré-
dites dans l'Apocalypse. Ce traité fut
traduit en anglais par le Dr Henry
Lambert, évêque de Dromore, pour l'in-
struction des catholiques romains de
son diocèse.
XIII. Le Triomphe de la Providence
et de la Religion, ou l'ouverture des sept
sceaux par le fils de Dieu, avec une nou-
velle et très-sensible démonstration de
la vérité de la religion chrétienne; Amsf.
1 721 . en 2 vol. selon les uns, ou en 3 se-
lon d'autres; 1723, 4 vol. in-12. — Cet
ouvrage fait suite au précédent.
On attribue encore à Abbadie trois pu-
blications dont aucun biographe ne fait
mention : Commentaires sur les Révéla-
tions (sans date, ni lieu d'impression) ;
Accomplissement des prophéties dans
la personne de J.-Ch., trad. en angl.,
Londr. 1810, in-12; Antidote souverain
contre le poison de lArianisme, trad. en
angl. (sans date, ni lieu d'impression).
Il est à supposer que ces ouvrages ne
sont que des traductions de parties dé-
tachées du livre de notre auteur sur le
Triomphe de la Providence.
Dans l'édition complète de ses œuvres,
annoncées en 1727, en 4 vol. in -4°, mais
restée à l'état de projet, devaient en ou-
tre être comprises plusieurs publications
tout à fait inédites, entre autres une Nou-
velle manière de prouver l'immortalité
de l'âme, et des Notes sur le commen-
taire philosophique (de Bayle) ; mais à
sa mort il ne s'est rien trouvé dans ses
papiers. « Cela, dit Chauffepié, ne sur-
prendra point ceux qui savent que ce
savant méditait avec tant de force qu'il
avait quelquefois ses ouvrages tout com-
posés en tête et ne les écrivait qu'à me-
sure qu'il les faisait imprimer. »
En 1762, un mathématicien français,
Alexandre Savérien, ingénieur de la ma-
rine, fit paraître le premier volume d'une
série (8 vol. in-12) de Vies des philoso-
phes modernes, et ce premier volume,
consacré aux métaphysiciens, contenait
les vies d'Erasme, Hobbes, Nicole, Locke,
Spinosa, Malebranche, Bayle, Abbadie,
Clarke et Collins. La biographie d'Ab-
badie qu'y donnait Savérien se termine
par ces mots : « Cet illustre métaphysi-
cien possédoit parfaitement les langues
savantes et les auteurs classiques. 11
étoit versé dans l'histoire tant ecclésias-
tique que profane. Il avoit surtout une
grande pénétration d'esprit, beaucoup
d'élévation dans le génie et une mâle
éloquence. » 11 fut, dit un critique an-
glais (Dr Kippis), un des hommes les
plus éloquents du temps où il a vécu.
Bayle. — Niceron.— Michaud.— Didot. — Siniles, 496.
— Agnew il. 90-102. — Jacq. Abbadie considéré comme
moraliste; étude sur son Art de se connaître ; thèse
par P.-F. Marquié ; Montauban, <855.
10. ABBADIE (d'), à la fois homme de
guerre et théologien. 11 guerroyait avec
l'épée aussi bien qu'avec la plume, dans
les premières années du XVIIl» siècle,
pour la foi protestante.
On a de lui : Réponse du sieur d' Ab-
badie, capitaine au régiment de Lin-
deboom, à diverses lettres du père de
Souastre, jésuite à L'Isle en Flandre,
touchant le culte des saints et l'auto-
rité de l'Eglise romaine. Se pend à
L'Isle chez Berteu.r. lecteur dr l'Eglise
M
ABBADIE — ABELIX
18
françoise. (Sans date.) 80 pag. in-12.
Ce petit volume se lie à une publica-
tion précédente où le même auteur avait
fait imprimer sa correspondance avec le
père Souastre, au grand chagrin de ce-
lui-ci. Le 25 ou 26 juillet 1710, le bruit
se répandit que d'Abbadie avait été tué
le 24 devant Béthune, et dès le 27 le père
Souastre publiait une lettre à « M. Des-
queux, pasteur de St. Etienne, » par la-
quelle il s'adjugeait à lui-même la victoire
dans la controverse qu'il avait soutenue
contre le capitaine huguenot. Il y annon-
çait en outre une édition plus exacte et
complète de toutes ses lettres. Malheureu-
sement pour le révérend père, d'Abbadie
n'était pas mort. Il avait en effet reçu le
24 juillet au siège de Béthune une grande
blessure à la tète; on l'avait laissé pour
mort sur le terrain, et dépouillé comme
tel ; il perdit un œil et resta défiguré ;
mais il ne perdit rien de son ardeur pour
la discussion, et le 22 février 1711. étant
à La Haye (c'est la date que porte la lettre
servant de préface), il décocha cette Ré-
ponse à son antagoniste, dans laquelle il
commence par lui montrer que son édi-
tion « plus exacte et plus complète » con-
tient deux lettres que le jésuite ne lui
avait jamais envoyées. (S. Chappuis.)
11. ABBADIE, marchand à Najî
ses filles mises par lettres de cachet aux
Ursulines de Pau, 1702. — Autre, apo-
thicaire à Orthez ; le duc de Gramont
demande au roi un ordre pour lui reti-
rer sa fille âgée de 4 ans, 1706. — In-
formation contre la dame Abbadie, âgée
de 82 ans, qui après s'être confessée
dans une maladie grave refusait de com-
munier, 1704 Arch. gén. Tt .
12. ABBADIE {Jean-Jacques d'i, na-
turalisé sujet anglais, 1698. — Daniel
d' , cornette de cavalerie au régiment de
Galway et réfugié à Portarlington en Ir-
lande, 1710-23 (Agnew 1, 54, 102).
13. ABBADIE (Salomon), réfugié et
assisté à Londres, 1721.
ABBELIXE (Claude), femme de
Pierre de Brueys [111, 40 b].
ABEILLE (Jacques), notaire au Luc.
en Provence, « percé par le corps d'un
baston ferré, tout vif, et ainsi porté par
la ville, puis bruslé, » 1562. [X, 470.] —
(Marie, fille de feu Gaspard), de Vendres,
dioe. d'Uzès, réfugiée à Genève. 1691.
— Jean (fils de Pierre), « de Lussans en
Languedoc, manufacturier en laine, » id.
1715, reçu habitant en 1723.
1. ABEL (Anne), femme de Hugues
Matthieu [VII, 328 a].
2. ABEL, de Yitry-le-François, ouvrier
en soie, réfugié à Clèves, 1698. —
(Etienne), réfugié à Londres, v. 1730
[IV, 5ia\
3. ABÉL ! Marc-Antoine), galérien,
1701 Bull. XVIII.
4. ABEL (Balthazar d*), sieur de
Chevalet [VII, 170 a].
ABEL1 i Honoré), « de S. Martin de
Castilhonen Provence, pris et arquebuzé
au lieu de Castelet par le curé et prestre
du lieu, puis pendirent son corps à un
arbre, » 1562 [X, 470 . — Abely . capi-
taine ' huguenot en 1 59 1 [II, 377 a.
1. ABELIX (EsTiENNEi, « d'Alex en
Languedoc, » reçu habitant de Genève
le 28 août 1587. — Abelain (Jean), na-
turalisé anglais, 1696 (Agnew I. 521 .
\ HELIX (Jean-Philippe), maître
en philosophie, né à Strasbourg dans la
seconde moitié du XVIe siècle, et mort
avant l'an 1646 |Haac I, 11 .
Cet écrivain, plus connu sous le pseu-
donyme de Jean-Louis Gottfried. Gotto-
fridus ou Gotefridus mis sur la plupart
de ses publications, jouissait de son
temps, comme chroniqueur, d'une cer-
taine réputation. Il parait avoir vécu à
Francfort. Sa vie se passa tout entière
dans les études du cabinet. Ses nom-
breux ouvrages sont écrits en latin ou
en allemand et principalement consacrés
à l'histoire de son temps et à la géogra-
phie. 11 commença en 1619 par un texte
écrit pour accompagner les belles plan-
ches grevées par J.-Th. de Bry pour les
Métamorphoses d'Ovide. 11 publia en-
suite, en 1625, une traduction latine du
Voyage de Samuel Braun au Congo: en
nie « Description de tous les em-
pires » et une Histoire de l'Inde Orien-
tale; en 1631 une Histoire des antipodes
ou des Indes Occidentales . en 1632 une
Description du royaume de Suède ; en
1633 des « Chroniques historiques ou
Description des principaux événements
depuis la création du monde jusqu'à l'an
1 Par ce titre de capitaine, nous désignerons les hu-
guenot* que nous trouvons nommés dans l'histoire
comme ayant exercé un commandement quelconque
19
ABELIN
ABRAHAM
20
1619 (2 vol.in-fol. avec 484 grav.); enfin
il n'eut le temps de rédiger que le pre-
mier volume du grand ouvrage en 21 vol.
in-fol. publié à Francfort-s.-M. de 1635
à 1728 par le soin des Mérian et intitulé :
Theatrum Europxum ou Description dé-
taillée de tous les événements remarqua-
bles tels qu'ils se sont passés dans le
monde mais principalement en Europe
et dans l'Allemagne, tant dans les af-
faires religieuses que profanes, depuis
l'anïbïl jusqu'à l'an 1629 exclusivement.
Quelques écrivains reconnaissentaussi
Abelin sous le pseudonyme de Jean-Phi-
lippe Abel et lui attribuent une trad. alle-
mande d'une comédie de Daniel Cramer
sur l'enlèvement des jeunes princes
saxons, Albert et Ernest : Plagium, co-
mœdia de Alberto et Ernesto surreptis,
sous le titre : Kauffungs-Plagium,Fra,ncï.
1627, in-8°.
ABÈRE (d'), gentilhomme béarnais,
v. 1700 [H, 501 b].
i. ABERLIN (Augustin, fils d'An-
toine), marchand de Nîmes, réfugié à Ge-
nève, 1696. — (Marie, femme de Daniel),
et son fils Nicolas, réfugiés et assistés à
Londres, 1702. — (Aug.), d'Orange, id.
1703. — (Jean), de Gervières en Dau-
phiné, id. 1708.
2. ABERLIN (....), prisonnière, 1743,
à la tour de Constance en la ville d'Ai-
gues-Mortes [X, 442].
1. ABERT (Jehan, fils de Simon),
« pelletier, du pays de Gastinoys, » reçu
bourgeois de Genève. 9 fév. 1571.
2. ABERT (Marc, fils de feu Paul), de
Serres en Dauphiné, 1681. — (Olympe),
de Grenoble, 1690. — (Marie), du Dau-
phiné, ebargée de famille, 1693. —
(Laurent), sa femme et deux enfants, du
Val de Queiras, 1697. — (La veuve), de
Serres, 1699. — (Paul), et son fils, de
Die, 1701. Tous réfugiés à Genève (les
deux derniers en chemin pour l'Allema-
gne et le Brandebourg) et assistés parla
Bourse Françoise.
Ablancourt (d'), voy. Fremont et
Perrot.
ABLAING (Jean Daniel d'), baron de
Giesenburg, né en 1703 à Utrecht, de
parents français et mort en 1775 gou-
verneur des Etats d' Utrecht. C'était un
homme d'Etat et en même temps un
profond érudit. (Rahlenbeck.)
Ablèges (de Maupeou, sieur d'), voy.
Maupeou.
ABLENAY (le seigneur d'), gentil-
homme de la maison de Bomainville et
de Gaillard en Brie, mentionné dans
les Mémoires de Claude Haton comme
guerroyant de 1577 à 1581 à la suite du
capitaine Besancourt. Voyez ce nom.
Abra, voy. Raconis.
1. ABRAHAM (le capitaine), en 1544
[VI, 21 a]. — (Jean), consul à Nîmes,
1574 [I, 14 b; III, 106 a].
2. ABRAHAM , secrétaire du prince
àeCondé [HaagI, 14], ne nous est connu
que par ce que nous en apprend L'Es-
toile dans son Journal de Henri III. « Le
samedy 13 d'aoust (1575), y lit-on, fut
pendu, puis mis en quartiers en la place
de Grève, Abraham secrétaire du prince
de Condé, qui avoit été pris voulant pas-
ser en Angleterre, chargé de pacquets et
mémoires. » Hub. Languet cite aussi le
fait, en disant qu'il avait bien connu ce
personnage (Lettre du 21 sept. 1575).
C'était l'époque de la cinquième guerre
de religion, entreprise par les protes-
tants et les politiques réunis, et qui ne
fut terminée qu'en 1576 par la paix de
Monsieur. = Ne serait-ce pas le même
personnage mentionné en ces termes, à
la date du 13 octobre 1573, dans le re-
gistre des réceptions d'habitants à Ge-
nève : «Jean Abraam, de Dijon, secré-
taire de feu M. l'Admirai.» Nous tenons
de M. Jos. Garnier, archiviste du dép. de
la Côte-d'Or, que cette famille et même
ce nom sont ignorés à Dijon aujour-
d'hui.
3. ABRAHAM (le capitaine) en 1609.
Dans une lettre écrite de La Rochelle à
Henri IV sous la date du 31 juillet 1609,
il est parlé d'un certain habitant âgé de
plus de soixante et dix ans, flamand de
nation, et retiré à La Rochelle depuis
plus de trente ans, «qui a fait, y est-il
dit, de bons services en plusieurs occur-
rences, et a vécu sans appréhension, ap-
pelé vulgairement le capitaine Abra-
ham. » [Haag I, 14.]
4. ABRAHAM (le père) ou Abraham
de Saint-Loup. Religieux carme et doc-
teur en théologie qui presque aussitôt
après l'édit de Nantes se convertit à la
Béforme on publiant un écrit intitulé :
Déclaration chrestienne du père Abra-
21
ABRAHAM
ABRENETHEE
22
ham, naguières prieur des Carmes en la
ville <Y Arles; publiquement faicte en
l'église reformée d'Uzez ; La Rochelle;
Haultin, 1600; 8 p. in-8°.
C'était certainement le sentiment d'un
grand devoir accompli qui faisait dire à
l'auteur de cette déclaration : « Si Platon
remercioit Dieu d'être né au temps de
Socrate, nous devons louanger le nom
du Seigneur de nous avoir fait naître en
ce siècle resplendissant de la clarté de
l'Evangile. » Il remercie Dieu de l'avoir
éclairé et adopté pour son enfant. Il se
félicite d'être maintenant dans la maison
du Seigneur et dans la liberté de sa con-
science. «S'il plaist à Dieu, dit-il, de
sanctifier mon souhait et bénir mon la-
beur, commej'ai servi de canal aux men-
songes etfallaces de Satan, je servirai de
trompette pour publier la vérité de l'Evan-
gile... Que Dieu me fortifie et achève son
œuvre en moi. — A quoi tout le peuple
répondit « haut et clair » : Amen. » Le
9 de janvier 1600.
Une telle Déclaration devait exciter
contre son auteur de violentes récrimi-
nations de ses anciens coreligionnaires.
P. V. de Gayet publia pour le réfuter :
Les Hélas du P Abraham de S. L&up
(Paris, Fr. Jacquin, 1 601 . in-8°, 30 j
daté de S.-Martin-des-Champs à Paris,
le -2 avril 1601), opuscule où l'auteur
commence par s'élever contre «ce misé-
rable siècle auquel chacun abuse de la
licence effrénée de sa propre cupidité. »
Un cordelier de Bordeaux, le frère Ni-
colas Auhespin, lit imprimer la même
année un pamphlet intitulé : Le Fouet
des Apostats (Paris. 1601 ; 210 p. in-1'2
dans lequel il accable Abraham de son
ironie : « Suit un certain p. Abraham,
apostat d'Arles, lequel faict l'estonné et
dolent comme s'il estoit. au milieu de la
mer. Je rois bipn, dit-il, qu'il me fau-
dra marcher sur des espines. Pauvret qui
as le cuir si délicat que feras-tu passant à
travers ces épines? Geste haire, ces fouets,
ces jeusnes, la dure paillasse et les au-
tres mortifications de ta religion te rui-
neront ! »
L'ancien prieur des Carmes fut pasteur
de Sumène, 1600-25 : puis de Colosnac
etdeS.-Marcel, 16:6-37 [VII, 533; VIII.
'i0l aj. 11 était de Langres.
&. ABRAHAM Bernard), d'Aimar-
gues, 165? ; étudiant à Saumur ; ministre
d' Aiguës-Mortes, 1658 [VI. 311 b; VIII,
367 a], de Poussan 1658-60.
6. ABRAHAM (le capitaine), chef ca-
misard. Vov. Mazel (Abraham).
ABRENETHÉE Adam d' , savant
écossais Abernethy de son vrai nom ,
que MM. Haag ont mentionné [III.
434 b], comme s'étant exilé lui-même
de sa première patrie, avec plusieurs au-
tres puritains (Thomas Dempster , Jacq.
Combarius et Hugues Piantré), lesquels
refusaient de se soumettre aux cérémo-
nies du culte anglican introduites par
le roi Jacques leT. Cette pléiade d'Ecos-
sais, à son arrivée en France, trouva
place à l'école de théologie ou collège de
Nîmes. Le principal du collège, Pierre
Cheiron. les appela et donna une forte
impulsion aux études dans cet établisse-
ment par l'adjonction de ces austères et
savants étrangers. Abrenethée était doc-
teur en médecine de la faculté de Mont-
pellier et commença, dès le mois de
novembre 1600. par faire une classe au
collège de Castres. En même temps il
était précepteur du fils de Pierre d'Au-
gier, baron de Sabran, irouverneur de la
province. De Castres où il ne resta que
six mois, il passa au collège île Nimes.
où admis à la chaire de philosophie en
1601, à la suite d'un brillant concours,
il professa jusqu'en 1607. Puis il entra
au collège de Montpellier, où il ensei-
gnait lorsqu'il eut un procès avec un
étudiant, son compatriote, qui avait fal-
sifié le chiffre d'une obligation souscrite
par le professeur, et il obtint du juge-
mage de Montpellier la permission de
faire imprimer un récit de l'affaire, bro-
chure de 8 pages in-8°, d'où sont tirés
ces détails et qui porte pour titre : Ve-
rifatis (estimonium mendacio et calum-
nia- oppositum, in gratiam V. Cl. Ad.
Abrenethei. inclyta' l'niversit. medieea*
Monspeliensium doctoris et lycan regii
apud eosdem moderatoris in eoque phi-
losophie professons primario. Monspelii
ex typ. Ant. Candidi, 1611.
En 1616, l'évèque de Montpelllier
ayant repris possession du collège de
cette ville, Abrenethée, en sa qualité de
calviniste, dut se retirer; mais ce ne fut
pas sans résistance. Le gouverneur de
la ville se vit obligé de lancer contre lui
23
ABRENETHÉE — ABRIA
24
un décret de prise de corps ; Abrene-
thée en appela au parlement de Tou-
louse, et ce fut sans doute afin de se créer
une nouvelle situation qu'il concourut
en 1617 pour la chaire de chirurgie et
pharmacie, créée par Henri IV en 1598,
à la faculté de médecine de Montpellier,
et que la mort du professeur Dortoman
venait de laisser vacante. On a la thèse
qu'il fit imprimer en cette circonstance
(Quscstiones medicse cathedralitiœ XII,
etc.). H ne fut point nommé, mais il
avait neuf concurrents, et le concours
fut des plus sérieux. C'était un esprit
aussi varié que solide. On conserve aussi
de lui (à la bibliothèque de Montpellier)
un petit volume de poésies latines1, dans
lequel il traite de sujets religieux, ou
d'histoire naturelle, ou seulement litté-
raires, et décerne à sa patrie d'adoption,
Montpellier, les plus poétiques éloges 2.
A la mort de Cheiron, arrivée en 1619,
Adam d'Abrenethée lui succéda comme
principal du collège de Nimes. Mais son
administration fut malheureuse. Il n'eut
pas, dit-on, la main assez ferme pour
maintenir les règlements et le duc de
Rohan lui retira même ses fonctions,
au mois d'octobre 1627, comme suspect
d'intelligence avec la cour de Louis XIII,
le remplaçant par Samuel Petit.
Abrenethée était né à Edimbourg, où
il avait été reçu maître es arts le 7 août
1594; il avait obtenu des lettres de na-
turalité française en oct. 1624. 11 épousa
Jeanne Plantavif de La Pause et mou-
rut avant 1653.
On lit dans les « Jugements de la no-
blesse, » que d' Aubaïs et Ménard ont
insérés parmi les Pièces fugitives , que de
ce mariage naquit : « Daniel d'Abrene-
« thèe , ministre demeurant au Gaila,
« dioc. de Nîmes, à qui le chancelier
« d'Angleterre étant à Montpellier donna
« un certificat le 24 oct. 1668, portant
« témoignage de l'ancienneté de la fa-
1 Intitulé : Musa campestris, castitateui styli poeti-
cœ juventuti proponcns, duobus libris. Accessit et Gal-
liœ Parnussus Monspcliensis, colonia Musai uni, etc.
Monspelii, typ. J. Gilleti, I609,in-I2; deux parties de
7« pag. chacune.
■ Après avoir parcouru la France et même mis le
pied en «civique, en Suisse, en Espagne et en Italie, il
n'a trouvé la vraie poésie qu'à Montpellier. «< llic l'ar-
nassus litteraris incœ peregrinationis. Jam meautbore
desinat dtel florentisaima ha;o ventre etvttaa Nonapea-
miIus ci exindè nommai i inceptet Monsparnassulus *
« mille des Abrenethées, dont le chef,
« qualifié lord Salton, est un des lords
« d'Ecosse. Le comte de Sidney étant à
« Montpellier lui en donna un autre, le
« 6 du même mois, qui prouvait la même
« chose et que lord Salton avait servi en
« France. Il épousa le 12 oct. 1653
« Françoise Lautier et fut maintenu
« dans sa noblesse le 12 déc. 1668. »
On a conservé, de Daniel Abrenethée
[V, 43 b], un sermon intitulé : La voix
tonnante de l'Evangile qui exhorte à se
convertir sans delay. Sermon sur les
versets 7-11 du chap. III de S. Paul
aux Hébr.; prononcé à Charenton, le di-
manche ^juillet 1663, par D. Abrene-
thée, ministre du S. E. au Cailar, près
de Nîmes; Charenton, 1663, in-8° de
79 pages, plus 7 feuillets pour le titre et
la dédicace à MM. de l'église de Beziers.
L'orateur, admis au saint ministère
en 1651 , avait desservi l'Eglise de
Béziers avant celle du Caviar et dans ce
sermon prononcé à Charenton, il dit à
ses auditeurs, en parlant d'un de ses
parents qui nous reste inconnu : « Je
veux avoir toute ma vie du respect pour
la mémoire de celuy de mes oncles que
l'on vous a veu tant chérir et tant hono-
rer tandis qu'il fut votre pasteur, et de
qui même vous avez tant regreté la chute
depuis le triste et malheureux jour qu'il
cessa de l'être... Souvenez-vous com-
ment cette divine Providence a voulu
que ce fatal jour où elle fit éclater la
voix publique de sa désertion, le quel fut
le dimanche qu'on appelle des Rameaux,
ait esté 40 ans après le mesme ou elle
vous a fait entendre ce premier essai de
ma vocation... dans la mesme chaire
qu'il avait désertée. » En 1684 [III,
32 a], le pasteur du Caviar était encore
ou celui-ci ou un autre Abrenethée, et
il y en avait un au refuge en 1698.
Les d'Abrenethée portaient pour ar-
moiries : d'azur, au lion d'argent armé
et lampassé de gueules, écartelé d'or:
au chet'émanché d'argent.
l'r. Michel, les Ecossais eu France et les Français en
Ecosse ; Londres, •! vol. in-8. I8IU.
ABREVEUX (Claude), blessé à
Vassy [Vil, 504 a].
ABRIA (Didier), curé de S. -Gor-
gon, à Metz, fut un dos premiers adhé-
rents à la Uéformaliim dans cette ville.
25
ABRIA — ABRIC
26
Il y faisait partie en 1524 et 1525 du pe-
tit groupe des amis intimes de Pierre
Toussain et de Guillaume Farel; mais
on apprend par plusieurs lettres de
Toussain à Farel (1525 et 1526, voyez
Corresp. des Réf. par Herminjard ) ,
qu'emprisonné neuf ou dix jours à Metz,
puis en fuite à Paris, le prudent curé se
tira tout doucement d'opinions et d'ami-
tiés trop périlleuses.
1. ABRI (Antoine d*}, duVigan, lieu-
tenant au service d'Allemagne, né en
1669, m. en 1 734 à Berlin (Erman IX. 1).
•2. ABRI ou ABRY (Guillaume), pas-
teur de Champdeniers. réfugié en 1572 à
La Rochelle [11, 193 b. note], et de nou-
veau pasteur à Champdeniers en 1590
(Bull. IV. 322), puisa Melle. 1593.àChe-
vreuxjusqu'en 1596 et à Lusignan, 1597.
— (Claude), natif de Yezeliz en Lorraine,
reçu habitant à Genève, 1er septembre
15*51 [II. 193].
1. ÀBRIG ou ABRILH (Guigon).« tué
en sa maison, à Antibe, puis traîné et
jette aux chiens, » 1562 [X. 469]. —
(Guillaume). « Guelhermus Abricus (et
non Aboicus; Nemausensis, » étudiant
à l'Académie de Genève, en 1563.
2. ABRIC. C'est ainsi que se nommait
le héros camisard dont MM. Haag ont
raconté l'histoire à la page 109 de leur
tomeV, et Fidel qu'ils ont cru un nom de
famille, n'était que son nom de baptême.
Fidel Abric, de Mandagout, près Le
Yigan, était un Camisard de la troupe de
Castanet. Quelques jeunes filles de
Ganges. raconte La Baume, chantant un
jour des psaumes, un cordeher, qui vint
à passer, leur imposa durement silence,
et sur leur observation que « chanter les
louanges de Dieu n'était pas un crime »,
il courut les dénoncer comme hérétiques
relapses au magistrat qui s'empressa de
dresser procès-verbal. Mais la difficulté
était de faire parvenir l'acte d'accusation
à Basville, les Camisards infestant tous
les chemins. Animé par le ressentiment
ou un zèle aveugle, le cordelier s'offrit,
et un de ses confrères consentit à l'ac-
compagner. « Ils louèrent d'un nouveau
converti, dit La Baume, deux chevaux de
louage et se mirent en chemin (25 sept.
1704 : mais le nommé Fidel, étant averti
de leur départ, les attendit auprès du
logis du Bosc, paroisse de Notre-Dame-
de-Londres, avec sept ou huit Cami-
sards ; il les arrêta avec un capucin qui
tenoit le même chemin ; il les conduisit
tous trois dans le fond d'un bois, tout
près de cette hôtellerie, et dit aux corde-
liers de se préparer à la mort et de se
confesser l'un l'autre, puisqu'ils croyoient
la confession bonne. » L'historien ajoute
que « ces bons pères se mirent à ge-
noux et implorèrent la miséricorde de
Dieu, tandis que Fidel demandoità haute
voix à ce même -Dieu d'agréer le sacri-
fice qu'il alloit faire de ces deux idolâ-
tres. » Les deux cordeliers furent fusillés
sans pitié: mais le capucin, qui n'était
pour rien dans la dénonciation, fut ren-
voyé avec les chevaux ; seulement Fidel
lui enjoignit de dire au gardien des cor-
deliers que s'il continuait à inquiéter les
protestants sur des affaires aussi inno-
centes que celle de louer Dieu, il Tirait
poignarder dans son couvent. N'y a-t-il
pas quelque chose de grand dans ces
sauvages représailles? Etait-ce la soif du
sang qui poussait les Camisards au
meurtre, comme on les en a accusés?
N'était-ce pas plutôt l'espoir d'obtenir
de la terreur ce que leur refusait l'équité,
et souvent le désir de sauver quelqu'un
de leurs coreligionnaires, comme dans
ce cas, où il s'agissait pour ces malheu-
reuses jeunes filles du plus terrible châ-
timent'/
Quelques semaines après, le 20 oct.,
Fidel ht sa soumission et se retira à Ge-
nève; mais il rentra en France avec Elie
Marion, au mois de fév. 1705. Surpris à
Sumène, il aima mieux, à l'exemple de
Bourgade, dit La Veille, de S.-André-
de-Valborgne , et du terrible Porte-
Effroi, se faire tuer en combattant, que
de se laisser prendre et de périr sur la
roue. Basville ne put exercer sa ven-
geance que sur son cadavre qui fut brûlé
à Sumène. le 1 1 mai. La femme de Ma-
zot, qui l'avait reçu chez elle, fut pendue
et sa maison m
3. ABRIC. de Mandagout. empri-
sonné en 1759 [X. 4411. Cette famille
est encore représentée de nos jours par
M. Léon Abric. ancien pasteur de Man-
dagout, et M. C. Abric, pasteur de Lo-
grian. On a. de Mme Abric -Encontre :
Les Femmes de la Réfoi-mation, trad.
de l'anglais; Paris, 1865-69, 3 vol. in-18.
27
ABRIG — AGCAURAT
28
ABRIS, gentilhomme du G-evaudan,
1575 [III, 212 b].
ABZAG (Gaston d'), de Campagnac,
1551, et sa famille [111, 178 a. Voy. en-
core : III, 354 a; V, 74 b, 307 a, 438 a,
515 b; VI, 163 a, 244 a ; VIII, 294 b].
= Armes : D'argent à la bande d'azur
chargée d'un besant d'or.
ABZAG D'URTUBIE. Pierre d'Ur-
tubie, troisième fils de Jean d'Absate-
d'Urtubie, d'une famille du Guipuscoa,
s'établit en France et s'attacha au service
de Jeanne d'Albret et de son fils, en qua-
lité de capitaine de ses gendarmes. 11 se
fixa en Picardie où il épousa Antoinette
de Bénard. Leur fils Antoine, lieutenant
au gouvernement de La Gapelle et de
Goucy, épousa en 1566 Louise de Rives,
dont il eut 1° Abdias, tué à la bataille
d' Auneau ; 2° Jonathan, estropié à cette
bataille, tous deux morts sans postérité;
3° Daniel, qui suit ; 4° Jacqueline. Da-
niel s'éleva au grade de maréchal de
camp. Il avait épousé Charlotte de
Moussy, dont il eut Josias et Charlotte,
femme d'Albert de Vateville, capitaine
d'une compagnie suisse.
Josias s'éleva aussi au grade de maître
de camp. Il épousa Marie Gillon, dont
il eut Bernard, capitaine en 1677 au ré-
giment du Piémont, et qui servait encore
en 1695 (Haag).
François d'Absatte, vicomte d'Urtubie
[II, 168].
En 1702, Henri d'Abzact, Jeanne
d'Abzact-La-Forêt, 56 ans, et Catherine
d'Abzact, sa nièce, sont portés sur l'état
des réfugiés assistés à Londres. Les deux
dames le sont encore en 1705.
AGARIE (François), d'Orléans, 1568
[VI, 531 b. Voy/vil, 290 a; VIII,
314 a]. Voy. aussi Du Bourdet.
1. AGCAURAT (Pierre), d'Uzès en
Languedoc, apothicaire, reçu «habitant»
de Genève en 1555 et bourgeois en 1559,
avec ses fils Daniel et David; il entra
dans le CG (grand Conseil de la ville) en
1573 et mourut en 1586. (Sordet.)
2. AGCAURAT (Paul), pasteur de
Privas qui fut l'objet, en 1664, avec tout
son troupeau, d'une persécution cruelle
[I, 14; VI, 408 a; X, 314, 333, 346].
Inscrit (Paulus Accauratus Privasiensis)
comme étudiant de l'acad. de Genève,
en 1611, Accaurat, appelé par d'autres
à Coras, remplit les fonctions du saint
ministère à Vais, à Aubenas (1620,
1626) et à Privas sa ville natale (1637).
Il fut député par sa province au synode
national de Castres, avec Daniel Arca-
jon, notaire du roi et ancien de l'Eglise
d'Aubenas, et plus tard à celui de Cha-
renton. 11 était encore pasteur de Pri-
vas en 1664. Son zèle que n'affaiblissait
en rien son grand âge, — il comptait
alors quatre-vingts ans,— lui avait fourni
les moyens de reconstituer l'Eglise déso-
lée de cette ville, lorsque le clergé ca-
tholique l'anéantit de nouveau. Une
clause de la déclaration de 1629 défen-
dait aux protestants de s'établir à Privas ;
mais depuis cette époque on y avait dé-
rogé de tant de manières qu'on pouvait
la regarder comme révoquée de fait. Ce
fut cependant sur cette clause que se
fonda le clergé romain pour réduire à la
mendicité , d'un seul coup, deux cents
familles protestantes. Un arrêt du 22 fév.
1664, rendu à sa sollicitation, ordonna
l'exécution rigoureuse de la déclaration de
1629, dôfendità toute personneprofessant
la religion réformée de demeurer à Privas
sous peine de mille livres d'amende, en-
joignit à tous ceux qui y étaient établis
d'en sortir, ne permettant d'y habiter
qu'aux catholiques, aux nouveaux con-
vertis et à ceux qui se convertiraient.
Les réformés s'adressèrent au roi pour
implorer sa justice; mais le prince de
Conti, gouverneur de la province, n'at-
tendit pas l'effet de ce recours. Les pro-
testants furent chassés de leurs .maisons,
leurs biens pillés et livrés en proie aux
catholiques. Pour se soustraire à ces
violences, il leur était offert un seul
moyen, c'était d'abjurer ; mais fort peu
en profitèrent et. au bout de six mois, le
clergé romain pouvait à peine se vanter
d'une vingtaine de conversions. Il s'en
prit au ministre de son peu de succès.
Chassé de Privas, Accaurat s'était retiré
avec Daniel du Solier, Pierre Chame-
ran, Jacques Buraud, André Misonier,
Isaac du Métier, Jacques et René Pages,
Jean Chevalier, René et Pierre Ber-
nard, Pierre Vidal. David Bonnet, An-
toine Géniaux, Pierre Sibleyras, no-
taire, et quelques autres membres du
consistoire, au village de Tournon, où il
remplissait en plein air les fonctions de
29
ACCAURAT
ACHARD
30
son ministère. On lui en fit un crime, et
Ip 29 juillet, le conseil privé rendit un
arrêt qui ajournait ce vieillard à compa-
raître dans deux mois, en lui défendant
de prêcher ou d'administrer les sacre-
ments. C'est par de tels actes que le
gouvernement préludait à la révocation
définitive de l'édit de Nantes.
On trouve un Paul Accauraf. min. du
Pradell669 (reg. XVII de Nimes , d'An-
nonay, 1670, 1672 [V, 519 a: VI, 33' b].
ACONRAT ou Ancorat. Ces deux
noms, que la consonnance rapproche
d' Accauraf. sont donnés par Crespin
(673 b)àun malheureux religionnaire dont
il dit qu'en 156*2 le gouverneur du pays
de Foix, nommé Pailles {lisez Pailhès)
« ayant fait venir un juge de ses terres
qu'il créa prevost, et se desbordant du
tout, de dix prisonniers qu'il avoit pour
lors, il en fit mourir deux d'une cruelle
sorte, leur faisant couper bras et jambes
et finalement la teste. L'un d'iceulx estoit
nommé Ancorat (dans la table Acon-
rat l), qui avait esté capitaine de ceux
de la ville (de Foix], homme paisible et
irrépréhensible en sa vie. L'autre estoit
un gentilhomme dit à'Amboys. » —
Vov. Amboix de Larbont.
1. ACÉRÉ DES NOYERS (L
1683 [V, 270 a. Voy. VIII, 529 a: IX.
313 a, 423 a]. Aux renseignements qui
précèdent, MM. Haag ont ajouté depuis,
d'après les registres de Charenton :
2. ACÉRÉ (Marc-Antoine), banquier,
conseiller secrétaire du roi, qui épousa
Anne de Burges dont il eut : 1° Anne,
née le 30 avril 1628; 2° Catherine, née
le iernovembre 1630; 3° Paul, né le 10 dé-
cembre 1631, sieur des Forges, marié en
1671 à Emilie de Rogemont dont il eut :
Paul. 1673; Emilie, 1674: Anne, 1676;
Elisabeth, 1680; Jacob, 1681 ; 4° Jacob,
né le 30 janvier 1633; 5° Alexandre,
bapt. le 12 août 1635; 6° Louis, bapt. le
5 novembre 1636 : 7° Samuel, bapt. le
7 avril 1638; 8° Dorothée, bapt. le 24 juin
1640 ; 9° Isabelle, bapt. le 22 juillet 1643:
10° Pierre, bapt. le 10 juin 1646; 11° Pré-
gent.néen 1649,m.en 1652; l2°Jacob,né
le 5 septembre 1651, sieurde Marmande.
3. ACÉRÉ (Marguerite , de Lyon. ré-
fugiée vers 1693 à Zurich (Mss. de Berne ;
1 Uaag le rite [III. 92 b) sous le nom J Acontat.
hist. Helv. VII, 9). — (Samuel), sieur de
La Colombière, réfugié à Lausanne, 1689
[VUI, 163 a] et Bull. Xlll. 152.
1. ACHARD (Jehan), de Crest-Ar-
nauld en Dauphiné, reçu habitant de Ge-
nève. 8 mai 1559. — (Ciprian) « natif du
Pague (Le Pègue, Drôme), près Vaude-
reas eu Provence, » id. 10 juillet.
2. ACHARD (P.), condamné, 1569, à
Bordeaux | II, 416 a!. — (Jacques, fils
de feu Guigue), reçu habitant de Genève
v. 1609. — (Antoine), galérien, 1686 [X,
408]. — (Matthieu", emprisonné, 1701
[X. 443]. — (Marguerite), fille de feu Jac-
ques, de Die, réfugiée à Genève, 1689.
— (Lucrèce), de Die, id., 1696. — (Paul),
galérien, 1745 [X, 404, 426j. Celui-ci, né
àChâtillon en Dauphiné, en 1710, et cor-
donnier de son état, fut l'un des deux
(voy. Riaille) derniers protestants ayant
vécu comme tels aux galères; il fut
libéré au commencement du règne de
Louis XVI en 1775 (Bull. I, 180, 321).
3. ACHARD (Antoine), pasteur à
Berlin, 1696-1772 Haag I, 15. — IV.
117 b . — (Fr.-Charles) de l'Acad. des
sciences de Berlin, 1754-1821 [L, 15].
— Autre Achard de Berlin, 1728 [V,
141 b]; — de Genève, 1789 [IX, 417 aj.
Cette famille vint, de Die, se réfugier
à Genève. Jean-François, fils de feu
Timothée, fut reçu habitant de Genève,
le 30 janvier 1697, et Abraham, son pa-
rent, fut admis à la bourgeoisie, avec ses
deux fils, le 17 juillet 1699. Antoine, l'un
d'eux, qui s'établit à Berlin et y acquit
la plus honorable notoriété, était né à
Genève en 1696 et y avait fait ses études.
Consacré au saint ministère en 1722,
puis appelé à Berlin pour y remplacer le
pasteur David Ancillon, il devint pasteur
de l'Eglise du Werder1 conseiller du con-
sistoire supérieur de l'Eglise en 1738, con-
seiller privé du directoire français en 1740,
membre de l'Académie royale des scien-
ces en 1744, enfin inspecteur du collège
français et directeur de l'hospice appelé
Maison française. Non moins distingué
par son éloquence que par son savoir et
son érudition, il a laissé un grand nom-
bre de Sermons, dont les plus remarqua
blés ont été traduits en allemand et pu-
1 La colonie française réfugiée à Berlin r était ré-
partie sur cinq paroisses : le Werder, I riedricbsstadt,
borotlieenstadt, kœnigstadt et Cologne.
31
AGHARD — ADAM
32
bliés à Berlin, 1774, en 2 vol. in-8°. Les
Mémoires de l'Académie de Berlin con-
tiennent de lui divers traités philoso-
phiques et entre autres le plan d'une
nouvelle métaphysique, inséré dans le vo-
lume de 1747.
Antoine eut un fils, Frédéric-Charles
Achard, encore plus distingué que son
père dans la carrière des sciences. C'é-
tait un très-habile chimiste, qui naquit à
Berlin le 28 avril 1754, et mourut en Si-
lésie le 22 avril 1821, laissant un grand
nombre d'ouvrages estimés. — D'autres
membres de la même famille servirent
en Prusse dans la carrière militaire; no-
tamment, au XVIIIe siècle, un major du
régiment de Gzekuli {Erman IX, 1) ; un
autre, propriétaire de la terre de Mond-
schùtz, était colonel et mourut en 1775.
4. Guillaume Achard, adjoint « en
survivance » à son oncle, comme pas-
teur de l'Eglise du Werder, en 1744.
5. On conserve aussi dans les registres
de la colonie française de Berlin la men-
tion de plusieurs manufacturiers ou arti-
sans du nom d' Achard , réfugiés en
Prusse, dans les premières années du
XVIIIe siècle. Ils étaient d'Orange. Ni
les uns ni les autres n'ont plus aujour-
d'hui aucun descendant à Berlin. Mais
la branche de Genève existe encore.
6. AGHARD, pasteur de Poyols, 1659;
etprobabl.d'Aoste, 1664(BuW. XV, 578).
7. ACHARD (Claude), emprisonné et
poursuivi, avec J. Jean, J. Barnier et
E. Arnaud, pour avoir chanté des psau-
mes en français, narguant ainsi l'évèque
de Gap ; 1741 (Arch. gén. Tt).
8. ACHARD (Victor d'), sieur de
Sainte-Colombe en Dauphiné, reçu habi-
tant de Genève, 26 septembre 1572. =
Armes : De gueules à trois heaumes
d'argent, grillés et embellis d'or.
9. ACHARD (d'), du Vivarais, 1621
[V. 140 a].
AGHATIUS (Israël), réformateur al-
sacien, pasteur de Wissembourg en 1560
[Haag I, 15. — III, 69]. Il contribua
beaucoup, par son zèle et son activité,
à répandre dans cette ville les principes
de la Réforme. On lui doit une traduc-
tion allemande de l'ouvrage de Bucer,
De regno Christi (Strasb. 1563, in-4°),
et quelques autres ouvrages.
1. ACHÉ, capitaine, 1628 [VI, 258 b].
2. AGHÉ (Etienne), laboureur, 1681,
et ancien à Mauzac {Bull. IV, 436). —
(Guill.), de Mauzac, condamné à l'a-
mende (en 1729), comme ayant manqué
d'envoyer son fils à l'école catholique
(Ibid. XIII, 162).
ACHELL1ER ( Jehan ) , « natifz de
Cosne-sur-Loyre, » reçu habitant de Ge-
nève, 24 juin 1550.
ACHER, libraires de Dieppe, 1653,
1686 [V, 78 a; VI, 8 b]. — (Anne), de
Montauban , réfugiée à Genève, 1 690 , avec
son mari Moïse Murait, du même lieu.
ACHETÉ (Suzanne d'), du château
d'Exonbillat, proche de La Gaune, dio-
cèse deCastres, âgée de 35 ans, faite pri-
sonnière en septembre 1702; détenue à
Carcassonne (Liste des protestants qui
souffrent, 1711).
Acier (d'), voy. Crussol.
ACIGNÉ (François d'), sieur de Mon-
tejan, capitaine, tué à Jarnac, 1569 [I,
269 a; II, 460 b; III, 416'; VII, 459 a.
— Sa famille : V, 325 b, 345 b, 346 a].
« Dans le courant de décemb. 1562, cinq
cents cavaliers, parmi lesquels beaucoup
de gens de condition arrivèrent à Guers
[près Guérande] appartenant à MTd'Aci-
gné [François] qui étoit de la prétendue
réformée; ils y tinrent une espèce de sy-
node dans lequel on lut des lettres du
prince de Condé. »
ACOU (le seigneur d'), en Brie, près
Provins, lequel était en même temps
seigneur en partie d'Everly. fut un des
premiers gentilshommes de ce pays
qui profitèrent de l'édit de tolérance
(1560), pour se déclarer ouvertement
protestants. Il prit les armes en 1562, à
l'appel du prince de Condé; mais le
curé provinois, Claude Ha ton, auquel
nous devons ces renseignements (Mèm.
p. 28 et 269), n'en dit pas davantage.
ACQUART. « Bartholomaeus Acquart
de Lille, » étudiant à Genève, 1564.
ACQUET (Pierre de Montmorency,
baron d'), v. 1650 [VI, 513 a ; VII, 493 a].
1. ADAM ou maître Adam, pseudo-
nyme que prenait Antoine Saunier, le
compagnon de Farel. Voy.Herminjard,
n° 518 de la Corresp. des Réformateurs,
t. III, p. 319.
2. ADAM (Martin), tué, 1562, à Troyes
[VIII, 366 b; IX, 292 a].
3. ADAM (Jean), et un autre Adam,
33
ADAM — ADDÉE
u
martyrisés, 1 57 -2, à M eaux [VII, 160 a, b].
4. ADAM (Jean, fils de Jean), de
Metz en Lorraine, reçu habitant de Ge-
nève, 24 mai 1585 (Cf. Crespin, 164 c). —
(Pierre), conseiller du roi à Loudun, 1598
[VII, 183 b]. — (Michel), « françois du
pavs Chartrain , » étudiant à Genève, 1 608.
— (Marie), de Metz. v. 1658 VII, 410a].
5. ADAM DE PUYRAVAULT (Su-
san-ne), 1650 [V, 343 a].
6. ADAM (Josué), sieur de Louères
(ou des Loires), 1686 [IX, 504 a], frère
de Hercule Adam, sieur de Saint-Denys
Xox.Lièwe, Protest, du Poitou, lll. 12).
7. ADAM Jean), ministre, naturalisé
anglais, 3 juill. 17U1 (Agnew . — Marie),
de Mer. près Blois. veuve âgée de 50 ans,
et sa fille, assistées à Londres. 1702.
8. ADAM (Louis-Alexandre), fils de
Nicolas, habile graveur parisien, reçu
habitant de Genève le 13 août 1708 ; père
de Henri- Albert, peintre en émail, em-
ployé dans une fabrique impériale de
porcelaines en Russie, et retourné à Pa-
ris où il est mort.
9. ADAM (Daniel d'), de Villeneuve-
le-Rov, reçu habitant de Genève, 1 1 mai
1573.'
ADDE, capitaine béarnais, 1573 [I,
134 b, 135 b].
ADDÉE, seigneurs du Petit-Val et
de Grand-Champ. — (Charlotte), fille de
Nicolas Addée, sieur des Novers, vers
1654 [VU, 68 b].
La France •protestante a mentionné
les Addée à bien des reprises. Ses au-
teurs avaient préparé sur cette famille
l'article spécial que voici :
Emmanuel Addée, sieur du Petit-Val,
conseiller secrétaire du roi et mort en
octobre 1627, eut de Marie Berger, fille
du conseiller Pierre Berger, laquelle
mourut âgée de 70 ans et l'ut enterrée à
Charenton, le 30 août 1648 :
1° Louis, sieur de Grand-Champ, bap-
tisé en 1613, marié en juin 1647 avec
Anne Bothereau . puis en 1669 avec
Jeanne Clément, veuve de François
Brisson, laquelle vivait encore en 1684.
Du premier lit naquirent Louis, le 15 mai
1648, mort en 1654; Anne [440 a],bap-
le 2 mai 1649, mariée en 1679 à
Isaac de Monceau de La Melonnière,
lieuten. -colonel au régim. d'Anjou ;
Théodora, baptisée le 25 août 1650;
Samuel-Maximilien. baptisé le 13 dé-
cembre 1657 ; Marie, baptisée le 23 no-
vembre ,1659, inhumée le 12 septembre
1679; Susanne, baptisée le 3 juillet 1660.
laquelle sortit de France à la Révoca-
tion et mourut en Ansleterre en 1688
[V, 351 a].
2° Samuel, né le 8 septembre 1613;
3° Marie, baptisée le 4 août 1619, femme
en 1634 de Philippe Le Sueur, sieur de
Petiville [TU, 46 b] ; 4" Elisabeth, née
le 30 juin 1612; 5° Nicolas, né le 8 fé-
vrier 1616 ; il fit ses études à Saumur où
il soutint une thèse de Deo uno et trino
[VI. 311 a] et futpasteur de Chatelleraut
en 1660-63; 6° Charles; 7° Hilaire,
écuyer, sieur du Mesnil et de Buy,
reçu conseiller au parlement de Metz le
24 oct. 1633; il quitta ses fonctions vers
1641 et vivait encore en 1655 [V, 117a;
Bull. III, 567]. Il épousa en 1640 Mar-
guerite, fille de Charles Le Goulon, sei-
gneur de Harancourt, etc.
On trouve encore :
Marie, fille d' Addée, secrétaire du roi
et de Marie Fourcoal, baptisée le 8 dé-
cembre 1638; parrain, Addée, conseiller
au parlement de Metz. — Pierre Addée,
notaire et secrétaire du roi et des finan-
ces, parrain en 1630 et 1636. — Louis
, sieur du Petit-Val, parrain en
1677. — Isaac Addée (Isaacus Addœus
ilu Petitual parisinus), inscrit comme
étudiant à Genève, le 6 mai 1
Ajoutons l'historiette suivante rappor-
tée par Tallemant des Réaux :
« Un huguenot, frère de Mme de Cham-
pré, qu'on appeloit d'Espesses du nom
d'une ferme (leur nom étoit Henry1), se
mit dans la teste une dévotion assez ex-
traordinaire. Il se couchoit à dix heures
sur son lit, tout habillé; à onze, il prioit
une heure, reposoit ensuite et prioit et
dormoitjusques à trois heures dumatin.
Ce qu'il y avoit de meilleur, c'est qu'il
donnoit beaucoup aux pauvres. A la
campagne, une fois, il fut obligé de cou-
cher avec un capitaine huguenot, nommé
Petitval, qui n'estoit pas tout à fait si
dévot que luy; avant de se coucher,
« Catherine Henry, fille de François Henry, sieur de
Gerniou ou Jarniost (Lyonnais), conseiller an parlement
de Paris, et de (Marie de Gabian. mariée i° a Xicolas
t'errier, d'abord ministre, puis lieutenant d'artillerie;
2° à Ch. Mtsnanleau de Champré, conseiller au parle-
ment.
i. 2
35
ADDEE — ADERT
36
d'Espesses luy dit : « Ne voulez-vous pas
« que nous fassions la prière?» — « Ouy. »
— Il se mit à la faire, mais d'une lon-
gueur estrange. Le lendemain, l'autre
dit : « C'est à moi à la faire. » — Et il
se mit à dire Notre Père et rien davan-
tage. « Vous mocquez-vous? » dit d'Es-
pesses. — « Ma foy, respondit l'autre, il
me semble que nous priasmes bien hier
Dieu pour deux fois. »
Enfin, il ne nous est pas permis de
négliger une boutade qui se lit dans la
correspondance de Guy Patin, et qu'on
trouvera tout empreinte de la verve
sarcas tique particulière à cet écrivain :
« Le père des Forcoal étoit un misé-
rable Sevenol (lisez Cévenol) et hugue-
not, qui vint à Paris chercher condition
et faire fortune s'il pouvoit; il futlaquay
chez un secrétaire du roy nommé Mons.
Addèe; de laquay il devint commis chez
ce même maître, qui étoit pareillement
huguenot, et enfin cet homme qui n'étoit
rien ; Nuper in hanc urbem pedibus qui
venerat albis, devint gros partisan, et
se fourra dans beaucoup d'affaires, aux
Aides, aux Gabelles et ailleurs, où il vou-
loit gagner ; depuis il changea de reli-
gion pour devenir secrétaire du Conseil,
et devint encore plus grand partisan;
puis il maria sa fille unique qui étoit
fort belle, à Mons. Addèe, fils de son
ancien maître, qui est borgne et hugue-
not, mais elle est catholique; il avoit
plusieurs fils... Enfin le père Forcoal est
mort endebté de 5 ou 6 millions, avec
trois cent procès de ceux à qui il doit. »
(Guy Patin; Lettre 132.)
Un Frédéric Addèe, de Metz, gentil-
homme, âgé de 42 ans, venu à Londres,
avec sa femme et une fille âgée de 10 ans,
y avait reçu 22 liv. st. de secours en
1721 et était passé en Irlande.
Biogr. du Parlem. de Metz, par Em. Michel; Metz,
in-8°, 1853.
ADELINE (Suzanne et Jacqueline),
l'une âgée de 52 ans, l'autre infirme, ré-
fugiées et assistées à Londres, 1702. —
(Marie), id. 1721. — Famille huguenote
de Caen au XVIe siècle (Bull. XI, 6).
ADENANT, surveillant de l'église
du Vigan, 1501 (Bull. XVII, 482).
ADERT, anciennement ADER. Du
temps de Henri IV vivaitàGimon,hourg
situé à quelques lieues de la ville d' Auch,
sur la route de Toulouse, un médecin
nommé Guillaume Ader, quis'estacquis
quelque gloire et dans l'art de guérir et
dans celui de faire les vers. On a de
lui deux petits poèmes en patois gascon:
Lou Catounet gascoun, daté de Gimont
le 1er octobre 1007, et Lou gentilhoume
gascoun (1610) dont Henri IV est le
héros. Le Catounet, c'est-à-dire le petit
Caton, est un recueil de cent quatrains,
demi-moral et demi-plaisant, dédié au
baron de Fontrailles que le poète gas-
con aborde en lui disant combien il est
naturel que son livret « s'empare de
« bous, Mousseigne, qu'ets en touts çau-
« ses lou Catoun de la bragarde noublesse
« de Gascouigne en atge, en sagesse,
« bertut et aunou ; » il est terminé par un
sonnet en français adressé par Fauteur
« Aux galants hommes et poètes gimon-
tois, » et commence par trois petites
pièces de vers latins, dédiées Sapientise
Aderianse ou G. Aderio multiplicis liie-
raturœ viro et mediciwe exercitatissimo.
La renommée dont il jouissait à Gimont
ne l'empêcha pas de quitter le pays pour
aller s'établir à Toulouse où il poursui-
vit d'une manière brillante sa fortune
médicale, et publia en 1621 et 1628 deux
traités in-4° sur les matières de sa pro-
fession. Le second de ces traités est
relatif à la peste, et le premier (intitulé :
Guillelmi Ader enarrationes de segrotis
et morbis in Fvangelio ; opus in mira-
culorum Christi domini amplitudinem
ecclesise elimaturn) est un exposé de
cette thèse, que l'œuvre de Jésus est
d'autant plus admirable que tous les
malades qu'il a guéris étaient affligés de
maladies que la médecine regarde comme
incurables. Il est juste d'ajouter qu'on
l'accusait (Voy. Vigneul-Marville, 111,
184) d'avoir fait imprimer ce livre préci-
sément parce qu'il était soupçonné d'a-
voir soutenu la thèse contraire et d'avoir
un peu risqué le bûcher comme héréti-
que. Aucun de ses ouvrages, poétique
ou autre, n'annonce ni un partisan ni un
ennemi de l'hérésie; il n'y t'ait aucune
allusion; aussi ne le revendiquons-nous
point pour la France protestante, mais
nous n'avons pas cru pouvoir le passer
sous silence parce qu'il se rattachait
vraisemblablement à une famille Ader
qui était d'Àuch et huguenote. On lit,
37
ADERT — ADHEMAR
38
en effet, dans l'un des registres du con-
sistoire de Nimes : « Du 29e novembre
1645, M. Chauve étant modérateur -.Jean
Ader jeune homme de la ville d'Ans en
Gaseongne cest presanté en Companye
et faicc sa confession de foy en la religion
refformée. » Le même jeune homme se
mariait un an après, 13 novembre 1646,
avec Marie Fesquette, de Lunel, et il
était inscrit au registre, par le ministre
Darnieu. sous les noms de « Jean Arder.
sarger. » Mais arriva l'époque doulou-
reuse de la Révocation et, le 20 juin 1689,
le lils de Jean Ader, nommé Jean
comme lui, âgé alors de 27 ans, épouse,
à l'église catholique de S. -Castor et se-
lon le rituel romain, Marguerite Du-
masse, âgée de 26 ans, native et habi-
tante de Nimes. Le 7 mai 17-20 se marie
à son tour :« Jean Adert, ouvrier en lias,
fils de Jean Adert, cadissier *, et de Mar-
guerite Dumasse; » il épouse lsabeau
Roussel et c'est encore le curé catho-
lique par lequel l'union est bénie. Mais
c'était de la part de cette famille une
pure obéissance aux terribles injonctions
de la loi; elle était restée protestante de
cœur, car « Pierre Adert, compagnon
lileurdesoie, natif et habitant de Nimes,
lils de Jean Adert et Izabéau Roi:
tit bénir son mariage au désert, le 27 oc-
tobre 1753, parle pasteur Paul Rabaut.
8a femme était Jeanne Fesquet, de
Nîmes, dont il eutdeuxtils. L'un épousa,
le 21 novembre 17.86, Anne Gautier, et
leur descendance directe existe encore
aujourd'hui, dans le sein du protestan-
tisme, à Nimes. L'autre épousa Jeanne
Jourdan et mourut en 1834, laissant
quatre enfants dont le troisième se ma-
ria le iy avril 1816, à Bergerac, avec
Mlle Jeanne-Renée Gounoulhiou , de
Bordeaux, et alla s'établir à Genève.
(Dardier.)
ADILLE (Jehan), natif du village
d'Attigny en Champagne, reçu habitant
de Genève, "24 mai 1557.
ADHÉMAR ou AZEMAR. nom des
plus illustres dans l' histoire du Dau-
phiné, de la Provence et du Languedoc.
* Suivant une inflexion particulière au pro-
vençal, qui adoucit toujours en z le d
1 Sarger on serçiier était celui qui fabriquait la
serge-, le cadissier était le faiseur de cadis, sorte par-
ticulière de serge fine.
latin , on le prononçait soit Adé soit
Azè, ce qui amenait à l'écrire indifférem-
ment, même dans le-; actes publics, des
deux manières diverses. Un nombre
infini de personnages du moyen âge ont
porté ce nom sonore et patriotique, en
sorte que les généalogistes ont eu beau
jeu à faire figurer en tète de leurs écrits
quelque peu complaisants un Adhémar,
parent de Charlemagne, conquérant de
Gènes et de la Corse, plusieurs Adhé-
mars comtes d'Orance. vicomtes de Mar-
seille, fondateurs de la ville de Montéli-
mar (Montelium Adhemari) et d'autres
illustrateurs du nom, sans oublier le
fameux évèque Adhémar de Monteil,
l'un des prédicateurs de la première
croisade qui, en l'an 1098. au siège d'An-
tioche, sut faire accroire qu'il avait trouvé.
-.■ment dans un moment où les sol-
dais chrétiens commençaient à perdre
courage, la lance avec laquelle avait été
percé le flanc de Jésus. Cependant La
Chenaye des Bois ou autres compilateurs
du Die t. de la Noblesse (1770, in-4° tout
en donnant très-faussement à croire que
ces personnages des temps héroïques
étaient les ancêtres des modernes comtes
d' Adhémar du sud-est de la France, n'o-
sent commencer qu'en 1171 la généalo-
gie de cette dernière maison, qui pour
ne pas remonter à Charlemagne n'en est
pas moins une très-belle et noble lignée.
Elle joue un grand rôle, du XIIIe au
\\ Ie siècle, dans la personne des Adhé-
mar de Monteil, de Lombers. de Gri-
iman et di- plusieurs autres branches
moins importantes. Elle se continua en
liirne directe jusque vers le milieu du
XVI* Biède, puis parles Grianan jus-
qu'au XVI11' : puis, par un seigneur de
ilane qui avait épousé la dernière
des Grignan,, jusqu'au nôtre. Il existe
encore aujourd'hui des descendants de
la brancfa aihers qui sont les
comtes d' Adhémar de Panât et d' Adhé-
mar de Granssae.
Une famille noble ^ui portait plus par-
ticulièrement le nom d'Azémar, établie
en Languedoc, à S. -Maurice de Case-
vieille près Yézenobre. réclama en 1784
et obtint officiellement en 1817 son droit
de reprendre comme lui appartenant le
nom d' Adhémar, e est-à-dire de se dé-
clarer descendante de l'illustre maison
39
ADHÉMAR
40
féodale qui vient d'être rappelée. Ses pré-
entions, repoussées d'abord par les deux
autres branches, furent peu après (sui-
vant acte notarié en date du 25 fév. 1819)
reconnues de bonne foi, par l'une des
parties adverses, comme pleinement jus-
tifiées par Les titres que produisait le de-
mandeur, Pierre M elchior d'Azémar, vi-
comte d'Héran.
C'est par ce dernier rameau seulement
qu'il nous est permis d'inscrire dans la
France protestante le nom célèbre qui
figure en tête de cet article et qui, en
tous cas, apportera son contingent à nos
colonnes par la plus haute des noblesses,
celle du caractère.
Le Bulletin de la Société de l'Hist. du
Protest. (Xll, 156) a cité des registres
de l'état civil de ce petit bourg de la
généralité de Montpellier, appelé S.-
Maurice, près Vézenobre. On y trouve
noble Guérin d'Azémar et damoiselle
Françoise Dode, sa femme, inscrits par
le curé comme ayant été forcés d'abjurer
en 1685. On y trouve aussi le baptême
de deux fils de noble Claude d'Azémar
en 1751, et en 1788 le décès de dame
Charlotte de Montolieu, épouse de Pierre-
Melchior d'Azémar. MM. Haag ont cité
de leur côté [Vil, 439 b; VIII, 369 b]
Madelaine d'Azémar, femme, vers 1650,
de Charles Bourdin l, sieur de Pierre-
blanche, forcée d'abjurer, avec son mari,
à la Révocation. Les d'Azémar ou Aze-
mar sont très-nombreux dans la géné-
ralité de Montpellier, mais Claude d'Azé-
mar qui vivait au milieu du XVIIIe siècle
jouissait d'une estime particulière, et
passait, quoiqu'il eût peu de bien, pour
le gentilhomme le plus considérable du
pays. Il était resté protestant de cœur,
malgré les abjurations dont on vient de
voir une trace dans les registres et dont
il avait dû subir sa part. Les mêmes re-
gistres portent comme baptisés seule-
ment en 1751 deux de ses fils nés en
1746 et 1748. Ce baptême catholique et
forcé fut pour la famille un grave et dou-
loureux événement. Depuis la mort de
Louis XIV la réaction croissante contre
les doctrines absolues « du grand règne »
semblait devoir profiter aux réformés,
mais le clergé catholique ne se lassait
» Us citent aussi Jean d'Azémar de liège major au
régiment de Yareunes, v. noo | Vlll, 373 bj.
pas de faire bonne garde et de s'opposer
à ce que la tolérance, dont l'administra-
tion civile ne pouvait pas toujours se
défendre, prît pied en France. Claude
d'Azémar, veuf depuis peu, vivait pai-
siblement dans son château à S. -Mau-
rice avec un père et une mère octogé-
naires et quatre jeunes enfants, lorsqu'au
milieu d'une nuit d'août 1751 un huissier
suivi de trente soldats vint l'arrêter et
le conduire aux prisons d'Uzès. Son dé-
lit était d'avoir suivant les suggestions
de sa digne épouse défunte (Madelaine
de Bousquet) fait baptiser ses deux fils
au désert. Prisonnier, il se hâta de faire
rebaptiser les enfants par le curé de S.-
Maurice, il s'excusa humblement auprès
de l'intendant de la province, il fit inter-
céder ses amis pour lui ; tout ce qu'il
put obtenir fut de n'être condamné qu'à
1,000 liv. d'amende et aux frais (150 liv.).
« Le rang qu'il tient dans le pays, ob-
jecta l'intendant, le rend plus coupable
qu'aucun autre d'avoir contrevenu aux
ordres du roi au lieu de donner l'exemple
de l'obéissance, et je ne vois pas d'ail-
leurs que la punition qu'il subit ait fait
beaucoup d'impression sur les autres re-
ligionnaires de votre paroisse (la lettre
est adressée au prieur de S.-Maurice,
24 septembre 1751) , puisque la plus
grande partie s'obstinent encore à ne
vouloir point envoyer leurs enfants à
l'église. » Se voyant condamné à payer
et toujours en prison, Claude d'Azémar
essaya de faire modérer la somme \
mais il n'y réussit pas davantage. En-
core fut-il heureux de trouver à emprun-
ter l'argent nécessaire et il sortit de
prison le 3 décembre, après avoir payé
les 1,150 liv. et en écrivant à l'intendant
qu'il avait cru qu'un honnête homme,
bon citoyen, très-zélé et très-fidèle sujet
n'avait rien à craindre, « mais que puis-
qu'il était autrement, il allait s'ensevelir
dans sa chaumière en continuant d'in-
voquer ardemment le grand Scrutateur
des cœurs, afin qu'il touche en faveur des
infortunés protestants celui de notre
1 « Monseigneur, permette/, qu'un pauvre gentil-
homme ave l'honneur d'implorer votre puissante pro-
tection. Ma famille est une des plus anciennes de la
province, et, malheureusement pour sa fortune, pro-
testante de pore en lits, sans racaM variation, M '1'"
l'a tenue daus la misère et r obscurité... » prisons
d'Uzès, 8 octobre.) — Cette correspondance est tout au
long dans le Bulletin, X, M.
A\
ADHÉMAR
i2
auguste monarque et vous inspire, mon-
seigneur, le charitable sentiment de me
faire restituer une somme dont le paye-
ment va me ruiner entièrement. » L'in-
tendant Guignard, c'est-à-dire Jean-Em-
manuel de Guignard, vicomte de Saint-
Priest etc., trouva fort mauvaise la fin
de cette lettre et il répondit : « Si vous
étiez aussi zélé sujet de S. M. que vous
voulez le persuader, vous auriez un
moyen bien simple de le prouver en
obligeant ceux qui ont imité votre dé-
sobéissance à se soumettre, au lieu de
vous expliquer à l'égard des mesures
qu'on prend pour les ramener à leur de-
voir sur le ton fanatique avec lequel vous
annoncez vos sentiments (14 décembre).»
— Mais il n'eut pas le dernier mot, car
M. d'Azémar, en lui accusant réception
de sa lettre, « avec le ressentiment con-
venable aux reproches et instructions
qu'elle contenoit. •» ajouta : « La rigueur
de MM. les curés a mis les gens au dé-
sespoir ; surtout voyant qu'on rebaptisoit
leurs enfants traitant de bâtards ceux nés
d'un mariage fait au Désert, en supposant
malicieusement les ministres assez igno-
rants pour ne pas sçavoir ondoyer selon
l'institution. Tout cela a si fort aliéné
les esprits qu'il n'est pas possible de les
ramener, préférant, disent-ils, de souffrir
patiemment toutes les peines qu'il plaira
■ S. |f. de leur infliger plutôt que de
satisfaire les désirs violents de MM. les
curés. Voilà, Mgr, ce que j'ai cru devoir
vous informer. Il ne me reste qu'à vous
assurer que si porter l'amour du prince
et de la patrie au point de préférer le
triste état de protestant en Fran>
j'avais l'alternative, à celui de feld-maré-
chal dans le pays étranger constitue le
fanatisme, j'en suis atteint au suprême
degré. J'ai l'honneur, etc. » (Ijanv. 17ôî).
Divers membres de la famille d'Azémar
avaient cependant pris du service à i'é-
tranger, mais celui qui avait écrit les
nobles paroles que nous avons -
resta fidèlement dans son pays, en sorte
que ses descendants sont aujourd'hui
plus que jamais de sincères protestants
et, comme disait l'intendant, au premier
rang dans leur pays.
Un volume imprimé en 1SGI et com-
posé presque entièrement d'analyses
d'actes authentiques aujourd'hui consar~
vées dans la branche protestante de la
maison d'Adhémar ' nous permet de re-
prendre et de compléter la généalogie de
cette branche en mettant aux places qui
leur appartiennent ceux de ses membres
que nous avons cités.
En 1536, deux gentilshommes ver-
riers, Etienne et Pierre Audemards. du
lieu de S.-Martin-d'Euzet, reconnurent
tenirde l'église cathédrale d'Uzès. moyen-
nant 15 s. t. de cens, leur mas de Colom-
biers et ses dépendances. C'est Thibaud.
l'aîné des enfants de Pierre, de qui est
émané le premier acte à nous connu
où apparaisse nettement dans la famille
la qualité de réformés. Il s'agit du tes-
tament passé à Uzès, le 31 mars 1612,
par noble Thibaud d'Azémard, déclarant
dans cet acte de dernière volonté qu'il
veut être inhumé « à la manière de
ceux de la religion réformée, dont il
fait profession. » La même clause se
trouve dans le testament de son fils,
noble Jacques Azémard. du lieu de S.-
Maurice de Casevielhes. passé dans sa
maison du dit lieu de S. -Maurice, le
14 déc. 16Î1. Le fils de Jacques, noble
Guérin d'Azémar, dont nous avons parlé
ci-dessus, épousa en secondes noces * le
27 avril 1680, demoiselle Françoise
Dode, fille de feu Jacques Dode. doc-
teur es -droits, seigneur de S. - Cristol
d'Oleyrargues , et les époux promirent
par ce contrat de faire solenniser leur
mariage en la forme de la religion réfor-
mée dont ils faisaient profession. On a
vu que l'abjuration forcée des époux, à
la révocation de l'édit de Nantes, suivit
cet acte de bien près. Cependant l'aîné
des enfants de ce second lit, Melchior
d'Azémar. avait eu le temps d'être in-
scrit (Ï0 juin 1681) sur le registre des
baptêmes du consistoire de Lussan. Mel-
chior épousa, le 14 juill. 1707, Margue-
rite fille de Pierre de Pellegrin, sieur de
La Taillade, et il en eut deux fils : Claude
d'Azémard né le 12 juin 1708 qui eut en
17M, avec l'intendant de la province.
les démêlés que nous avons racontés,
et Jaeques-Guérin d'Azémard ou d' Adhé-
' Vol . in-i° intitulé Cenèalogie de la maison d'Adhé-
mar Casecieille ; Montpellier, Gras impr., »35 pages.
» M avait été marié une première fois, le 2 nov. 1658,
-mérite de Kamon, dont il avait eu Clande, ré-
sidant en la verrerie de la Calmette, Jean sieur de Co-
lonilurr. el ïr->
43
ADHÉMAR — ADMYRAULD
u
mar, né au mois d'octobre 1709. Ce der-
nier passa en Prusse et devint grand-
maître de la maison de la margrave de
Bareith, sœur du roi Frédéric II (Voy.
Œuvres de Voltaire, éd. de Kehl, t. XV,
p. 232, et LXX, p. 218). Claude avait
épousé, le 9 juill. 1733, demoiselle Mag-
delaine de Bousquet, dont il eut entre
autres enfants, Pierre-Melchior, l'aîné;
né en 1740 , et Louis-Guérin , né le
3 janvier 1746. Capitaine au régiment de
l'île Bourbon à l'âge de 26 ans (1772)
Louis-Guérin d'Azémar se délassait du
service militaire par la culture des let-
tres *, et de 1775 à 1787 servit d'une
manière très-active aux colonies, parti-
culièrement aux Indes où il l'ut nommé
commandant du fort d'Ostembourg ; il
mourut à l'Ile-de-France en 1826. Son
frère aîné, Pierre-Melchior, resté dans
sa province, et lieutenant au régiment de
Flandres, épousa le 27 déc. 1762, Char-
lotte, fille de Jacq.-Phil. de Montolieu,
vicomte d'Héran, et devint, à l'époque
impériale sous-préfet d'Uzès, puis en
1808 préfet du Var et baron de l'em-
pire. 11 mourut dans son château de Teil-
lan, commune d'Aimargues (Gard), le
2 septemb. 1821, et son administration
avait laissé dans le Var de si bons sou-
venirs qu'en 1844 le conseil municipal
de Draguignan fit construire une fon-
taine publique ornée du buste de l'an-
cien préfet 2. — Jacq. -Philippe, fils du
précédent, servit dans la marine de-
puis 1780 jusqu'à 1789, époque de son
mariage avec Rose de Boisson, fille de
Jean-Louis de Boisson, seigneur de
Bagard, et mourut le 17 nov. 1793 à la
suite d'un coup de feu qu'il reçut à l'ar-
mée des Pyrénées orientales où il com-
mandait une compagnie de cavalerie
volontaire de citoyens du Gard. — Louis-
Pierre-Alexis d'Azémar, son fils, né
le 21 juin 1790, prit l'épée en 1807,
comme sous-lieutenant d'infanterie à
l'armée d'Espagne, et se retira du service
en 1 828, avec le grade de capitaine d'état-
major, après onze compagnes et sept.
blessures. La devise héraldique jointe aux
1 On a lie lui des «'OOlédiea : lM Deux Miliciens \\';i-
ii s, 17721, le* Souliers mordoNt (l'iiris, 177(11, el divers
(.oi'iiic-.. épures i't cliaiisiwi.s.
I \<>v. mu' notice il Mm siiict (Ihiin VJ/isl. du Iaiuij'ic-
do\ | par don Vaisaète, Mit. du Mage (tsiii), i. x, p. Ml;
armes de la branche de Casevieille porte
les mots : « Plus d'honneur que d'hon-
neurs, » et il est véritable que les pro-
testants rigides ont toujours eu la moin-
dre part dans les faveurs du pouvoir *,
moins peut-être par le fait d'un pouvoir
catholique comme est celui qui presque
toujours a gouverné la France, que par
suite de l'esprit d'indépendance qui est
le fond même de l'éducation protestante.
Cependant c'est sous le régime de la
Restauration qu'apparaît dans les actes
des différentes branches de la maison
d'Azémar-Casevieille, le titre de comte
joint à leur nom. Les débats judiciaires
soulevés par eux, comme nous l'avons
dit, dès 1784 et repris en 1817, pour
revendiquer l'identité d'origine de leur
maison avec celles des anciens comtes
d'Adhémar de Monteil, n'eurent leur
entière solution que par un jugement
du tribunal d'Alais, en date du 26 mai
184 1 , ordonnant que « le nom d'Adhémar
« sera substitué à celui d'Azémar dans
« toutes les actes publics et privés rela-
« tifs à Louis-Pierre-Alexis, à ses au-
« teurs , frères et enfants. » Le comte
L. -P. -Alexis avait épousé en 1817,
MUe Honorine Martin de Choisy, fille
d'un conseiller à la cour royale de JSimes.
De ce mariage sont nés quatre enfants,
entre lesquels l'héritier du nom est le
comte Roger d'Adhémar, né en 1821 et
marié en 1846 à MIle Denise de Chapel.
= Armes : Mi-parti de France ancien et
de Toulouse, c'est-à-dire d'azur semé de
fleurs de lis d'or et de gueules à la croix
d'or, avec un écusson, d'or à trois bandes
d'azur, sur le tout.
ADMYRAULD, Admirault etc. Dès
le commencement du XVIIe siècle, une
famille de ce nom existait à La Rochelle.
Un Michel Admyrauld était marié à
Françoise Charrier, dont il eut deux fils :
Toussaint et Jacques; et à la même
époque Denis Admyrauld était marié à
Jeanne Baudouyn, d'une grande famille
écbevlnaie rocheloise, qui lui donna en
1602 un fils nommé Jean.
1 i.a Généalogie que boiib avons citée en slgnaMot la
nomination «in capitaine Louis-Pierre-Aleiis, le ti no-
vembre )827, comme chevalier du î/mtc militaire,
ajoute : « un sait que cette décoration lut tondes pour
récompenser le» wrvicei des officiers protestants, aui-
■ini'is le «prmeut de catholicité fermait l'entrée de
l'ordre Je Saini-L >uis. »
45
ADMYRAULT — AGARD
46
Mathurin Admirault. avocat à Sau-
mur, épousa à La Rochelle, le 1er juillet
1641, Marthe de Lunneau ou Lonneau.
La famille Admyrault, actuellement
existante dans la même ville, et protes-
tante, se rattache probablement aux pré-
cédentes, mais on n'en est pas sûr. Son
premier auteur certain est Gabriel Ad-
myrault. négociant à La Rochelle en
1735, marié à Marie-Jacquette Charles,
et dont le fils, Pierre-Gabriel, mourut
en 1782 après avoir été syndic, puis di-
recteur de la chambre de commerce. Ce
dernier laissa entre autres fils : ["Julien-
Louis, qui fut membre du corps législa-
tif, puis député, de 1814 à 1820, m. en
1835 ; et Gabriel-Julien, député de 1831
à 1837. = Armes: D'argent au quinte-
feuille de gueules feuille de sinople et
au chef de gueules. (Richemond.
Adrets (le baron des), voyez Beau-
mont.
ADRIEN (Pierre), d'Avignon, mi-
nistre à Chabeuil en Dauphiné, reçu ha-
bitant de Genève, 6 octobre ! "
ADOLPHE Françoise), jeune fille de
ans, dont l'abjuration est insolite
dans le recr. de l'église cathol. de Blain
Loire-Inf.) au 25 nov. 1695, avec celle
de son oncle Pierre Lamothe; voy. ce
nom.
AFFAGAR M \del.\ine ), dame de
Juisné, puis dame de Lanfernat, vers
1555-1575 VI 471 b].
AFFAITADY (Lâche;, épouse de
Georges de Montmorenev de Bours,
v. 1590 [VII. 493 a .
AFFANEUR, secrétaire du duc de
Rohan, figurant à l'assemblée dé Pons,
en Saintonge, v. IÔÎ0.— Daniel), sieur
de Conteneuil abjure en l685fIV, "27 a .
itte famille était florissante à Pons
au milieu du XVIIe siècle. Les registres
de l'état civil ' nous montrent en 1657
et années suivantes Judith Affaneur.
femme de Michel Aymier. notaire, Anne.
femme de Daniel Vaurigaud: Elisabeth,
femme de Paul de Baudroux, « instruc-
teur de la jeunesse à Pons ; » Gabriel
Affaneur, sieur de La Siray, etc. — Ar-
mé» : D'azur à une fasce d'or.
1 Conservés au greffe de Saintes, et dont nous devons
la connaissance à un travail de M. le comte J. df Cuk-
vus rvlatif à l'état civil protestant de Saintes, ton»,
Cozes et autre? lieux de la Saintonge.
AFFET1XEAU (Jean), Orléans, 1568
VI, 531 b].
AFFIXHER ou AFFIGXER, député
aux synodes de 1614 et de 1617 [II,
253 a, note: Vil, 64 a, note".
AFF1S Isabelle d'), Toulouse, 1559
[111, 106 aj.
AFFOLARE Estienne;, orfèvre, natif
de Lyon, reçu habitant de Genève, 27déc.
— On trouve le même nom écrit :
Affouard. Affaire, Afouer et Afoyr.
AFFRE Etienne .ancien de Poussan,
156-2 Buii.iii, <m .
AFFRES (Jehan, fils de Bernard;,
« costurier. de Dunes, près de Gyen li-
sez Agen) au pays de Gascoigne, » reçu
habitant de Genève, 23 septembre 1550.
— Bernard), natif de Dunes en Age-
noys, et de même couturier, est admis
à son tour le 4 septembre 1551.
AGAR Jean), Chilleurs (Loiret), 1619
rvn, 445*}.
AGARD. Le nom provençal, Agar.
Agard ou d'Agard (quelquefois Dagar
et Dagard , appartenait à plusieurs fa-
milles probablement différentes, mais
dont la démarcation nous échappe; et
dans la même famille on signait tantôt
d'une façon, tantôt de l'autre.
1. En 1563, Pierre A gard, de Tourette-
-\ ence, faisait ses études à l'acadé-
mie de Genève [Livre du Recteur), et le
même, devenu « ministre de Faience en
Provence, ■ se retrouve à Genève le
28 octobre 1572, fuyant la Saint-Barthé-
lémy, et se faisant recevoir habitant de
la à-publique. C'est encore le même
Pierre Agard qui, le 8 févr. 1573, mi-
nistre alors en Savoie, à Filly, puis en
lire, et plus tard en Dauphiné,
épousait Jeannette Cresp, d'une famille
genevoise originaire de Grasse en Pro-
vence. 11 mourut le 3U août 1604, étant
ministre à Romans et Chateaudouble en
Dauphiné. Il avait eu de sa femme, à
Genève, de 1573 à 1583, quatre filles et
un fils, David, qui était étudiant à lac.
de Genève en 1598, ministre en 1607 *
1 David Agard fut reçu au saint ministère en 160*,
pasteur à Chateaudouble (604-1608 iprété pour trois
rwtOB 1606, a Romans 1609-1610. à Beaure-
paire et Rovbon 16H-I6I5. à Valence et Soyon Vivarais)
«615-1&». Pendant qu'il était à Crest, les catholiques
l'emprisonnèrent. Le svnode de Saint-Marcellin, 1606,
prit sa défense et le rei «nunanda au célèbre Charnier
qui allait en cour et obtint sa délivrance. (Antaa.
Al
AGARD
et pasteur de Sovon dans le Vivarais en
1620etl626[V, 140 a; VI, 408a; X, 332].
2. Le Livre du Recteur signale encore
comme étudiants à Genève : en 1626 Paul
d'Agar, de Gavaillon, religieux de l'ordre
de Saint-Dominique converti au protes-
tantisme ; et en 1717 Jacques d'Agar, de
Londres.
L'ancien dominicain, Paul Agar ou de
Agard, converti en 1626, fils de feu nob.
Laurent d'Agar et de Marguerite de
Paule, après avoir fait à Genève ses
études de théologie, y avait épousé, le
22 oct. 1626, Gabrielle, fille de feu Abr.
Cartier, régent au collège. Il eut d'elle
un fils Alméric- Jacques qui fut baptisé
à Paris, à la chapelle de Hollande,
23 juin 1631 ; le parrain fut Jacques
Sarrasin, médecin, et la marraine Ca-
therine de La Suse, veuve du marquis de
La Moussaye.
Paul d'Agar épousa en secondes noces
à Gharenton, au mois de mars 1632,
Jeanne, fille de Toussaint Le Pelletier
(ou Pelletier) et d'Elisabeth Lefort,
dont il eut onze enfants. Il fit baptiser à
la chapelle de Hollande le 28 janv. 1635
Jacquette et le 10 janv. 1639 Isaac
d'Agar; à Gharenton Jean le 5 décemb.
1632, un autre Jean, né le 6 nov. 1633,
Jean-Paul le 3 fév. 1636, Abraliam le
15 novemb. 1637, Charlotte le 25 mars
1640, Jacob le 9 mars 1642, Jacques le
28 juin 1643, Théodore le 15 juill. 1646
(parrain Théodore Naudin, docteur en
médecine), Marie le 13 mars 1650.
3. Théodore d'Agar épousa le 25 sep-
temb. 1675 Marie Baudier, catholique,
dont il eut Marie-Madelaine baptisée à
Charenton le 1er oct. de la même année et
Théodore né le 25 avril 1677. Son frère
Abraham épousa Geneviève Galet dont
il eut Anne baptisée le 22 juin 1673 et
Abraham baptisé le 26 juin 1676 (Reg.
de Charenton).
4. D'après Pithon-Gurt, « l'aîné des
quatre fils de Paul d'Agar et de Jeanne
Le Pelletier » (nous venons d'en nom-
mer huit) fut ingénieur militaire au
service de l'Angleterre et capitaine
d'une compagnie des gardes du roi
Charles IL Le cadet fut lieutenant
il.i n s la compagnie de son frère et
mourut sans alliance. Le quatrième
fut exempt deB gardes <Ui corps du roi
Guillaume et mourut brigadier, sans
enfant. Quant au troisième, nommé
Jacques, il resta quelques années en
France après la retraite de ses frères
et s'éleva au grade de colonel. Il finit
cependant par passer en Angleterre. Le
roi Charles II lui donna une place de
gentilhomme servant et l'employa dans
des négociations auprès du roi de Dane-
mark, à qui Agar s'attacha lorsque Char-
les II eut cessé de vivre. S. M. danoise,
Christian V, le nomma son ministre
auprès des électeurs de Saxe et de Bran-
debourg. Il avait épousé en Angleterre
Marie Hamilton dont il eut Charles,
marié à Londres avec Constance Caron,
fille d'un vice-roi des Indes occidentales,
et Joseph-Gabriel, qui fut élevé page de
Frédérc-Guillaume, roi de Prusse, ser-
vit en Hongrie, puis passa au service
du Danemark comme capitaine dans les
gardes de la marine et finit par abju-
rer le protestantisme. Jacques Agar, le
père de ces deux derniers, devenu veuf,
se remaria, en Danemark, avec Made-
leine Le Jeune, dame de La Borne-
blanche en Normandie; elle donna à
son deuxième mari trois enfants : Jean ,
officier au service de Suède en 1709;
Susanne, femme de Formont, capitaine
des gardes de Frédéric IV, roi de Da
nemark, et Marie, morte fille. Il mou-
rut lui-même le 16 octobre 1715. Tels
sont les renseignements de Pithon-Curt,
Nous devons cependant ajouter que le
mariage de « Jacob d'Agar avec Made-
leine Le Jeune, veuve de Jean Berthe-
lin de Rouen, » eut lieu, non en Dane-
mark, mais à Charenton, en avril 1675.
C'est aussi à Charenton que fut baptisée»
leur fille Suzanne, le 24 février 1677.
Nous croyons d'ailleurs que Pithon-
Curt a commis une confusion, et qu'il
s'agit ici non pas du colonel Jacques
d'Agar (baptisé le 28 juin 1643), mais de
son frère le peintre Jacob (baptisé le
9 mars 1642) que notre généalogiste n'a
pas connu et qui fut également obligé
de se réfugier en Danemark*
5. D' Agard (Jacob), né à Paris en 1642,
cultiva la peinture et se livra d'abord à
la peinture d'histoire, qu'il délaissa en-
suite pour l'art du portraitiste où il de-
vint d'une habileté remarquable. Le
3 août HiTTi il fui élu membre de l'aca
49
AGARD — AGIER
50
demie royale de peinture sur la présen-
tation qu'il avait faite de deux portraits
d'hommes (MM. Girardon et Anguier).
Il ne lui fut pas longtemps permis de se
parer de son titre, car le 31 janvier 1682
son nom fut rayé de la liste des acadé-
miciens, en vertu des ordres du roi, par
la seule raison qu'il était protestant. On
était bien près alors de la révocation de
l'édit de Nantes. Soit qu'il ait ou non
attendu jusque-là, il était quelques an-
nées après peintre de la cour du roi de
Danemark , Christian V, et , après la
mort de Christian, peintre de son suc-
cesseur, Friederick IV. Au commence-
ment du XVIIIe siècle, il obtint du roi
de Danemark la permission de visiter
l'Angleterre et il fit à Londres, au temps
de la reine Anne (1702 et années sui-
vantes), les portraits d'un grand nombre
de seigneurs et de personnages anglais.
De retour à Copenhague, il y mourut
(1716 . Son portrait, peint par lui-même
en 1693, est conservé à la galerie de
Florence [VII, 36 a ; IX, 40 b, 358 b.]
En premières noces, Jacob d'Agar
avait épousé Marie, fille du peintre Jean-
Michel Picart. Elle était catholique et
lui donna au moins trois enfants :
1° Jeanne-Michelle, baptisée catholique
à L'église de S. -Barthélémy, le 30 mars
. inhumée le 29 août 1670 : 2« Char-
les, baptisé ibid. le 15 février 1669;
3° Jean-Michel, enterré au cimetière pro-
testant de Charenton (des Saints-1'
selon le Dictionnaire de M. JalJ, le 26 no-
vembre 1671 1672, d'après M. Jal;.
C'est au premier de ces enfants que se
rapporte l'inscription suivante relevée
sur le registre des baptêmes de l'église
S.-Barthélemy de Paris : « Jeanne-Mi-
« chelle Dagar, née à... le..., tille de
« f. [sieur?] Jacob Dagar. écuyer. de la
« R. P. R., et de Marie Picard de la re-
<> ligion C. A. et R., tous deux ayant
« leur habitation chez M. Jean-Michel
■ Picard pareillement de la R. C. A.
« et R. et ancien marguillier de la pa-
« roisse , a été baptisée le vendredi
« 30 mars 1668. Son parrain J.-M. Pi-
" card susnommé et sa marraine ont pro-
« mis devant Dieu d'élever leur filleule
« dans la créance et religion C. A. et R >•
H. Un HVwyd'^arfutnaturalisé sujet
anglais lf 9 sept 1698 [Agnew 1,54).=
Armes de la fam. d'Agar, de Cavaillon :
De gueules à la molette d'éperon d'argent
au chef cousu, d'azur, chargé d'une croix
tréflée ou fleuronnée d'or (Pithon Curt).
AGASSAC (Jehan de , « mercier, na-
tif de Rabastenx , » reçu habitant de
Genève, 1er nov. 1557.
AGASSE, anciennement Agace, fa-
mille parisienne. Etienne Agasse, orfè-
vre de Paris, fut reçu, 14 mars 1682,
habitant de Genève où il épousa. 1689,
Anne Plantamour. Un autre Etienne
Amasse, fils de feu Etienne, revint
d' Ecosse, où il était né, se faire aussi re-
cevoir habitant de Genève, le 2 déc. 1740,
bourgeois en 1742, avec ses fils Philippe
et Daniel, dont le premier eut de Ca-
therine Audeoud, sa femme, Jacques-
Laurent Agasse, né le 27 mars 1767,
célèbre peintre d'animaux. — Zacharie,
Abdias, Jacob et DanieL-J ^racefurent tous
quatre directeurs de l'hospice des réfu-
giés français à Londres, de 1759 à
nigaud, Mém. de la Soc. d Hist. de Genève. VI, 59. -
Sordet. - tgnew 1
À.G-AS8EAU (J.), condamné à Bor-
deaux, 1569 [II, 416 a].
AGASSY ou ;>asteur de Dé-
salignés en 1660 Bull. XV, [
Au U"LT(d' , Bretagne, 1563 (VIII.
•2( il a].
AtlÉ ou Agey, famille (4 personnes)
-.-Hippolyte en Languedoc, réfugiée
à Ma^b'liuurg. 1698.
A.GEZ la baronne d'), convertie v.
1660 à Bordeaux (Bull. VIII. -264).
AGEXOX (Jeanne), femme de Jean
du Bouchet; Poitou [IV, 332 a].
AGEROX (plus anciennement Agi-
ron . famdle dauphinoise, 1680 [V, 17 b].
— Abraham, fils de feu Charles), de
Roybon en Dauphiné. reçu bourgeois de
Genève avec son fils Gabriel, 5 nov. 1666.
— (Pierre), de Romans, reçu habitant
de Genève, 1689. — (Elisabeth, fille de
feu François) et veuve de Pierre Ageron
de S.-Antoine en Dauphiné, réfugiée à
Genève où elle testa en 1697. — Jean
Ageron naturalisé anglais, 3juillet 1701.
AGERRE Jeanne], femme d'André,
sieur de LaCondamine, 1714 [VI, ! -
AGIER (Jaques, fils de feu Louis), de
Ximes, marchand drapier, reçu habi-
tant de Genève le 28 janvier 1701 et
bourgeois le 4 février 1702, diacre de la
51
AGIER — AGUITTON
52
Bourse française en 1726. Un de ses
descendants, Pierre, fut capitaine de la
garnison de Genève en 1789. Une autre,
Mlle Agier-Prevost, a écrit un roman,
Elèonore de Cressy, publié après sa mort
(1823, Genève et Paris, 2 vol. in- 12) avec
une notice préliminaire sur la vie de
l'auteur. — Antoine Agier, ou Atgier ou
Atger, ditLa Valette, chef camisard ré-
fogié à Genève en 1705 [VIII, 251, 252,
353]. « Soupçonné d'être en correspon-
dance avec les Camisards et de fomenter
les rébellions des Cévennes, » il fut pour
ce fait emprisonné en nov. 1709, par ordre
du Conseil et sur la demande de M. de
Lozilière, neveu et remplaçant du résident
de France. Il ne fut libéré que le 2 juil-
let 1713, la paix étant faite, sur les in-
stances de M. Stanyan, envoyé d'An-
gleterre en Suisse. M. de Lozilière
n'avait cessé de « payer la pension » du
prisonnier. (Dufour.)
AGINCOURT (Paul d') et sa femme,
réfugiés et assistés à Londres, 1702.
AGIRAUD (Jehan), « du lieu de Ma-
dich, pays d'Auvergne, » reçu habitant
de Genève, 1er mai 1559.
AGNAN(d'), pasteur à Bourges, 1562
[VII, 472J.
AGNEAUX (Jacques de Sainte-Ma-
rïb, sieur d'), 1563 [IX, 109]; voy.
Sainte-Marie. — (Jean d'), sieur de De-
sertines, 1786 [VII, 310 b]. — M»« d'Ai-
gneaux, enfermée au couvent à Gaen,
Bull. Vil, 421. — On a imprimé à Lon-
dres, 1723, in-12 : Le devoir de la con-
version; ou sermon sur ces paroles
d'Ezéchiel, ch. XXX11I : « Détournez-
vous, détournez-vous de vostre méchant
train, etc. «prononcé le 11 d'octobre 1723
dans l'Eglise Franc, de la Patente en
Soho, par J. d'Agneaux, ministre.
AGNEL, plus anciennement Agniel
de Riez (Carolus Agnelus Regensis , \iro-
viitcialis) , étudiant à Genève, 1645.
Admis au saint ministère par le colloque
deGexen 1647, il fut depuis lors jusqu'en
1659 pasteur de Sacconnex, Pregny,
Meyrin et Vernier; puis pasteur à Me-
rindol (1660). Plus tard il se lit recevoir
habitant de Genève et y mourut en
1687. Sa descendance s'y est éteinte à
la lin du XVI 11' siècle. — (Daniel , de
liiez, réfugié à Genève eu 165%;
CUparMe. Ksi. réf. do paya deCex.
AGOS (d'), nom douteux d'un député
à un colloque, 1613 [VII, 149 b].
AGOULT (Maison d'), en Provence,
voy. Bonneval [II, 396 a), Montauban
[VII, 454] et Montmaur [VII, 491 b].Voy.
aussi : [I, 242 ; II, 456 a ; 111, 103 ; V, 254
b; Vil, 129a; IX, 473b].
AGOUST, Saintongeois [V,127b].—
C'est probablement au même nom qu'il
faut rapporter l'inscription suivante sur le
Livre du Recteur : Isaacus Ajoustus Bra-
geracensisPetragorius, 1625. — Dans les
actes français de Genève : Aiouste %.
AGRENET (Hélène d'), 73 ans, as-
sistée à Londres, 1702.
AGRETY, capitaine, 1572, Haut-Lan-
guedoc [VIII, 341 b].
AGRIS (François d'), époux d'une La
Rochefoucauld vers 1640 [VI, 357 al.
AGUERRE (d), capitaine, 1576'ril,
466 a]. Voy. Daguerre.
AGUESSEAU (Marguerite d'), da-
moiselle, veuve de feu Arnauld Moyne,
avocat au siège présidial de Saintes;
1574 (Reg. de Saintes).
AGUET (Bartelemy), de Rion en
Provence , chapelier, reçu habitant à
Genève, 24 nov. 1572.
AGUILLON (Isnard), âgé de 80 ans
et aveugle, pris et jeté du pont de Siste-
ron en bas, 1562 [X, 471]. — (Louise),
réfugiée à Genève avec son mari Jacques
Crouzet, de Montpellier, en 1700.
AGUILLONNEÏ (André d'), ancien
de Nîmes 1583 [X, 184]. — (Jacques),
consul, 1607 [VII, 461 b]. —Voyez en-
core : [1, 247; V, 462 b, 465 a].
AGUIRRE (Chrétienne d'), comtesse
de Sault. On lit dans les mémoires de
Sully que cette dame favorisa en Pro-
vence le parti de Henri IV, y aida à
l'expulsion des ducs de Savoye et d'Es-
pernon, enfin qu'elle travailla pour em-
pêcher la conversion de Sully. (Haag.)
AGUITTON ou AGU1TTE (Jacques.
Peyron et Mathieu), de Lourmarin ,
massacrés, 1562 [X, 470]. Peut-être est-ce
à la même famille qu'il faut placer Guil-
laume, fils de feu Guillaume Aguiton,
de lourmarin, négociant, reçu habitant
de Genève, l(.) avril 1740, bourgeois en
1744, et dont la descendance existe en-
• ce sont diverses formes A'Jugvftv* qni cet devenu,
dans le calendrier, atmtt.aoUt, ci tond aujourd'hui, par
une lâche prononciation, ù s'affaisser en Ont.
53
AGUITTOX — AIGUEFOXDE
M
core. Une autre famille genevoise de ce
nom, également réfugiée, s'est ancien-
nement appelée Guiton. Voir ce nom.
AGULHAC .'Charles d", vers 1630
I. 223 a].
AGULHOX :*>')., Nîmes, 1612 [V,
95b]. — (Marguerite d';, 1639 [III» 89 b].
AGULHOX (Amans), ■ de Saïgas en
Recoules, diocèze de Mendes », galérien
sur la galère VEmeraude , condamné
pour assemblée pieuse à Dunquere en
Liste des prof, qui s. . — Voy. 'X,
i 1 7" . — (Claude), galérien, 1705 [X, 424].
AGUY80N 'Estiesne et Giraud),
frères, de Rossiilion, dioc. d'Apt, reçus
habitants de Genève, 17 août 1556.
AGLZE, ancien à Montdardier, 1681
IX, 5 a].
AIBOUD Jkan . de Bourg en Bresse,
reçu habitant de Genève. 23 août 1574.
1. AID1E ou AYDLE (Geoffroi. , jei-
^nei/rdeGiiTiMÈREs, capitaine huguenot
qui, au rapport de Castelnau, fut tué à la
bataille de Jarnac, en 1569. Si ce fait n'est
pas controuvé, c'est sans doute son fils,
Antoine d'Aidie qui, en 1570, comman-
dait un corps de troupes sous les ordres
de Coligny, lors de l'expédition de l'ami-
ral dans îe Midi, après la malheureuse
bataille de Moncontour. D'Aubigné le
distingue par l'épithète d'Huguenot d'un
autre Guitinières qui servait à la même
époque dans l'armée rovale [HaagI,
15 b. —II, 460b].
2. L'ancienne maison d'Aidie, en Pé-
ri gord, s'était divisée eu plusieurs bran-
ches; celle du Béarn en était la souche.
Geoffroi, troisième fils d'Odet d'Aidie,
dit le Jeune, vicomte de Riberac, et
d'Anne de Pons, est celui de ses mem-
bres qui fonda la branche de Guitinières.
6. AID1E F. ii' , condamné, 1509, à
Bordeaux [II, 415 a].
AIGALIER, ministre ;'ugié
à Genève, sollicite afin que sa femme
longtemps détenue en France et refusant
d'abjurer lui scit rendue, avec ses en-
fants qu'elle ne veut pas quitter:
Archiv. tfért. Tt).
AniALLiERs le baron d . Voy» Rossel.
AIGXA. pasteur à Gien, 1559 (Bull.
VIII
A1GXAX (Jacques . condamné à être
pendu, Paris. 1562 IX. 310 b.] - Ma-
rie;, 1627 Vin, 188 .
AIGXE VILLE Hélène et Anse d'),
dames deBoubers, vers 1650 [II, 41
AIGXIER J.), précipité du haut de
sa maison à Hières en Provence, puis
pendu par un pied aux murailles de la
ville. 1562 [X 471 J.
AIGXOX (D), pasteur de Chaumont
en Bassisnv, v. 1560-1567 (Bull. VIII,
73: IX, 297).
AIGOIX, ou Aigouin, quelquefois Ai-
guoin, ou Daigoin, consul de Sumène.
Languedoc. Itj27 [I, 277 a: VIII. 491 tt}.
— (Pierre . des Cévennes, étudiant à Sa u-
mur-.. V, 513 b: VI, 311 I
(François , pasteur de Roquedur, 1660
(Bull. XV. 58(i . — L'iuis '. ministre de
Sumène, 1664-1684 [1U. 32 b : VII. 1 V* 7 a :
VIII. 302 b ; IX, 5 a\ - Pierre, (fils de
Jean , de Sumèrie, apothicaire, réfugié
au Brandebourg, puis à Genève , 1699.
— (Marie), déportée en 1687 [X, 432].
— Voy. Aiguyon.
AIGREFE l IL Guill. de Rozel, sieur
ttté en 1622 IX, 66 b].
A1GREFOIX i**), capitaine, 1567
[VIL 359 a].
1. AIGREMOXT, conseiller au par-
lera, de Pan>. 1562 IV. 210 b].
2. AIGREMO.NT : : Hochesiore, ba-
rons d' [IV, 131 a: VIII. 459 b.
Rochemore. — Autre baron d'\ 1678,
condamné 1691 ML 196 h: X. 402].
A1GREYILLÈ (Guill. d'), pasteur de
Ribaute,
A1GUBBONNE Jehan d), marchand
à Lyon, reçu habitant de Genève, 8 sep-
temb. 151
1. A ICI EFOXDE (famille EsrÉR an-
dieu, sieurs n' .XVIIIe siècle [Haair, IV.
J • Vi,56b; IX. 498 a].
Voy. aussi Esi>érandiel\ — « Les barons
d'Aiguefonde se sont toujours l'ait re-
marquer parmi les plus intelligen
plus généreux soutiens du protestan-
tisme ; ils ont payé de leurs personnes
dans les synodes, dans les députations.
sur les champs de bataille. Celui qui
vivait au temps de Voltaire s'employa
activement en faveur du malheureux
Sirve/t qui du reste était feudiste sur
ses propres terres. La race est mainte-
tenant éteinte : le dernier des barons
d 'Aitiuefonde qui a clos la série de ces
nobles défenseurs du libre Evangile et
de la libre foi, vient de mourir, muni des
55
AIGUEFONDE
AIGUISIER
56
sacrements de l'Eglise ; il s'était fait ca-
tholique à l'époque de son mariage. »
(G. Rabaud, Hist. du protest, dans l'Al-
bigeois, 1873, p. 489.)
2. AIGUEFONDE (B. de Madaillan,
sieur d'), 1688 [VII, 162 b].
AIGUESVIVES (Arnaud de Bernon
ou Vernon, sieur d'), v. 1580 [VI, 435 a].
AIGUILLON (Antoine), Camisard.
Voy. Ayguillon.
AIGUISIER ou Eguisier (Philippe),
natif de Marseille, était fils de noble Ni-
colas Aiguisier, avocat au parlement
[IX, 351 b]. Entré dans les ordres sa-
crés et devenu docteur en théologie, il
exerça la prêtrise jusqu'au moment où
chargé, comme missionnaire à La Salle,
d'accompagner Fr. Teissier, martyr des
assemblées du désert *, il éprouva lui-
même clans sa conscience le besoin
de rompre avec l'Eglise persécutrice.
Après de douloureux combats inté-
rieurs, il parvint à sortir du royaume
et à se retirer à Berne, où il put en-
fin rendre témoignage à la vérité. Par
suite de cette abjuration, dénué de toute
ressource, il se rendit à Lausanne, où
les pasteurs français l'accueillirent et
s'intéressèrent à lui. Admis à l'essai à
Vevey, au mois d'avril 1689, sur leur
recommandation, comme régent de la
première classe et principal du collège,
il fut nommé d'une manière définitive,
le 16 mai suivant, à cet emploi qu'oc-
cupait avant lui un autre réfugié fran-
çais nommé Lantelme. Au mois de juin
la Bourse française de Lausanne lui fit
don d'un habit, sans doute afin qu'il pût
se présenter d'une façon convenable
dans l'exercice de ses nouvelles fonc-
tions. Malgré la modicité du revenu que
pouvait lui procurer son travail, Aigui-
sier, souffrant de son isolement, songea
à se donner une compagne. Il épousa à
Vevey, le 17 novembre 1690, une de ses
compatriotes, réfugiée comme lui, Ju-
dith, fille de feu Pierre Favier, mar-
chand, de Montélimar en Dauphiné. Il
remplit ses fonctions avec approbation
jusqu'à la fin de sa vie. On trouve dans
les registres du conseil de Vevey plu-
sieurs preuves de l'intérêt que le zélé
pédagogue portait au collège et au dévo-
iler.
il h Écrit la relation de •■•'( 1 1> etécnlton. Voj Teis-
loppement de ses écoliers. En nov. 1692,
il fit représenter par eux, comme exer-
cice de déclamation, une pièce ayant
pour sujet Yhistoire de Joseph. On sait
combien l'usage des représentations théâ-
trales était répandu au XVIe et au XVIIe
siècle dans les institutions scolaires. A
Lausanne, les étudiants avaient souvent
donné, sur la place publique, le specta-
cle de drames allégoriques ou sacrés,
tels que Yhistoire de Suzanne, jouée
successivement en grec, en latin, en
français et même en allemand en l'hon-
neur de Monsieur le baillif, ou le Sacri-
fice d'Abraham en vers français, com-
posé exprès pour eux par l'illustre
Théodore de Bèze. Les régents de Ve-
vey tenaient à honneur de ne pas trop
rester en arrière de ce qui se faisait sous
l'inspiration des professeurs de Lau-
sanne, et ainsi se conservait cette tra-
dition se rattachant aux anciens mys-
tères du moyen âge. En 1694, Aiguisier
tenta une entreprise qui pourra paraître
d'une bien grande témérité. La pièce
qu'il se proposa de donner au public de
Vevey n'était rien moins que la tragédie
(YEsther que jouaient à Saint-Cyr, cinq
ans auparavant, sous la direction de
Mme de Maintenon, les demoiselles de la
maison royale. L'ambition littéraire du
principal avait été non-seulement de faire
représenter par ses élèves l'œuvre du
grand poète, mais de la compléter par
deux actes nouveaux qui offraient l'a-
vantage de permettre la suppression du
prologue à la louange de Louis XIV,
mais aussi le danger de mettre la versi-
fication d' Aiguisier à côté des vers de
Racine. La représentation n'eut pas lieu
parce que le baillif de Vevey étant ab-
sent il fallut la différer jusqu'à son re-
tour et que la mort surprit l'auteur avant
que ce retour n'eût lieu. Mais elle avait
été imprimée dès l'année précédente
sous ce titre :
Addition à la tragédie d'Est lier, con-
tenant deux actes dont le premier re-
présente la réjection de Vasthi et le
deuxième le couronnement d'Esther. Par
le prosélyte de la Providence, principal
et premier régent du collège de Vevey.
A Genève, chez Vincent Miege, 1693,
pet. 8°, 32pag. Dédié a très noble, magn.
et non. seigT M. Jean Louis Steigef, ba-
57
AIGU1SIER — AILLY
58
ron de Mons, baillif de Vevey. capitaine
de Ghillon.
C'est au mois de novenib. 1694, qu'Ai-
guisier mourut, sans enfants. Il laissa
un honorable souvenir dans la ville qui
l'avait adopté. Ces paroles que le mar-
tyr Teissierlui avait adressées : «Vous
mourrez dans notre religion, » étaient
demeurées comme un trait acéré dans
son âme et Dieu daigna les y bénir
comme des paroles prophétiques.
Jules Chavanues, Bull. X, 396, et les Réfugiés franc,
dans le pays de Faud |I874|, in-12, p. 267.
AIGU YON ou Aigoy.n (Pierre}, pasteur
de Valfrancesque, 1568-1608 [X, 271).
A1LLAUD (Jean), de Nîmes, étudiant
à Genève, 1598. — (Madelaine), réfugiée
et assistée à Londres, 1721. — P. -A.,
Jérémie et Rose), à Montauban. con-
damnés, 1736 [X. 404],
AILLEBOUST (b , avocat au par-
lem. de Paris, 1600 [V, 283 b; voy. V,
539 a]. — Ailliloust (Marie d'), femme de
Jean de Bédé, avocat au parlem. de Pa-
ris, morte en lb4l> Bull. Xll, 283).
A1LLET (Toussaint), tailleur de
limes, « natif de Colans, près Noyan-
le-Roy, en Normandie, » reçu habitant
de Genève, 4 mai 1556.
AILL1È1ŒS Lb \ a>skur, sieurs d),
v. 160U[YI1, 55 b].
AILLY, Ally ou Arly ^maison d).
Cette maison tirait son nom de la terre
d'Ailly-Iiaut-Clocher, en Picardie. Ro-
bert d' Ailly, qui vivait vers l'an 1090, en
est la tige. C'était une des plus grandes
familles de la province. En 134*2, elle
acquit, par suite du mariage de Ro-
bert 111 avec Marguerite de Péquigny.
la seigneurie de Péquigny et le vidamé
d'Amiens, qui. en 1620, passèrent dans
la maison d'Albert-de-Chaulnes, par le
mariage de Charlotte-Eugénie, héritière
de la branche ainée de la maison d' Ailly.
Le Laboureur, dans ses Additions aux
Mémoires de Gastelnau, regarde l'al-
liance de la maison d' Ailly avec celle
d'Esternay , « comme la cause fatale
qui engagea au party de la religion pré-
tendue, dont ce seigneur d'Esternay
[Jean Raguier] estoit l'un des princi-
paux chels, non seulement la maison de
Bélhune [qui lui était également alliée],
mais encore celle d' Ailly de Piquigny. »
Deux des membres de la famille
d'Ailly se sont distingués comme capi-
taines dans l'armée des huguenots ; c'est
Louis d'Ailly « l'un des plus grands sei-
gneurs de la Picardie, dit Castelnau,
qui s'attacha d'inclination au prince de
Condé, gouverneur de la province. » et
Charles d'Ailly, seigneur de Péqui-
gny, tous deux fils d'Antoine d'Ailly et
de Marguerite de Melun. Louis d'Ailly
avait hérité du vidamé d'Amiens, à la
mort de son frère aîné. François, décédé
en 1561, à Londres, où il s'était retiré
pour cause de religion ; dans la Coutume
du pays, rédigée en 1567, son nom est
mis en tète de la noblesse, immédiate-
ment après ceux des princes. 11 fut tué
à la bataille de S. -Denis, en 1567, et
ne laissa aucun enfant de sa femme Ca-
therine de Laval. Son frère, qui combat-
tait avec lui au centre sous les ordres du
prince de Condé, périt dans la même
journée ; et, au rapport de Davila et de
Thou, un de ses tils y mourut avec lui,
mais La Morlière, dans sa généalogie de
la famille, ne fait pas mention de ce fait.
Ancien siouverneur de Moncalvo dans
le Montferrat, Charles d'Ailly était che-
valier de l'ordre du roi et capitaine de
cinquante hommes d'armes. Sa femme,
Françoise de Warty, dame d'honneur
de la reine mère Catherine de Médicis,
lui avait donné plusieurs enfants. L'aîné,
Philibert-Emmanuel . qui avait hérité de
-rneurie de Péquigny et du vidamé
d'Amiens, retourna à la foi catholique,
on ne dit pas à quelle époque; ce qui est
plus certain, c'est qu'il servait dans les
armées de Henri IV contre la Ligue, et
qu'en 15'J5, il contribua beaucoup à
la reprise de la ville de Ham sur Im Be-i
pagnuls. Sa sieur Marguerite épousa,
en 1581, François deCoiigny, seigneur
de Châtillon. quatrième fils de l'amiral.
L'histoire a eon>ervé de cette dame un
trait de bravoure qui eut honoré une
Spartiate. En l'absence de son mari, en
1590, le capitaine Salard, gouverneur de
Montargis pour la Ligue, avait surpris
Châtillon ; déjà ses troupes pénétraient
dans la basse-cour du château, lorsque
Marguerite, se mettant à la tète de ses
domestiques et de quelques soldats, les
attaque, les repousse et fait même leur
capitaine prisonnier. Il ne parait pas que
les autres branches de la famille d'Ailly
59
AILLY — AIREBAUDOUZE
60
aient embrassé la Réforme. Cependant,
Henri de Massue, marquis de Ruvigny,
qui se réfugia avec son fils, le comte de
Galloway , en Angleterre, était allié par
les femmes à la branche des d'Ailly de
La Mairie.
Il n'est personne à qui le nom de
d'Ailly ne rappelle un des plus tou-
chants épisodes de la Henriade (ch.
VIII), celui des deux guerriers, le père
et le fils, que leur armure empêche de
se reconnaître jusqu'au coup fatal. Ce
combat du vieux d'Ailly contre son fils
est une pure fiction du poète.
[Haag 1, 15. — II, 104, 456 h, 457 a; 111,
251 b, 409 a; VII, 322 a; VIII, 365 b.]
— Françoise d'), dame de Houtkerque
[IX, 452 a]. = Armes : De gueules au
chef échiqueté d'argent et d'azur de trois
traits (Palliot).
AIMAR (Pierre Rotolp. sieur d').
Castres, v. 1666 [IX, 9 b]. Voyez Rotolp.
AIMÉ, maître d'école, fouetté publi-
quement à Troyes, 1562 [IX, 292 a].
AIMER1G (Pierre), consul de Nîmes,
1596 [V, 192 a. — Voy. VI, 175 b]. —
(Etienne), Nîmes [111, 424 a].
AIMER Y (Simon), marchand à Calais,
mort relaps. Procès contre son cadavre;
1689 (Arch. gén. Tt).
A1NAUD (Jean), de Barcelonette ,
reçu habitant de Genève, 7 sept. 1572.
AINEAU ou EsNEAu[Haag I, 16],
conseiller au présidial de Saintes. Nous
rapporteron s sous ce nom un fait que nous
choisissons entre un grand nombre de
faits semblables, et qui prouve que sous
le gouvernement de Louis XIV, avant
même la révocation de l'édit de Nantes,
les protestants étaient en dehors du droit
commun. Une des filles du conseiller
Aineau était recherchée en mariage par
un catholique. Opposition du père à cette
union. Le jeune homme décide son
amante à fuir le toit paternel ; elle se ré-
fugie dans un couvent où elle abjure.
Peu de temps après, le mariage est cé-
lébré. Un procès pour cause de rapt est
intenté au séducteur. Ce procès n'avait
pas encore été jugé, lorsque Aineau
mourut. Par son testament il laissa à son
tils la plus grande partie de ce qu'il pos-
sédait. Mais la nouvelle convertie atta-
qua le testament devant, la chambre de
l'édit de Paris, soutenant qu'elle n'avait
été déshéritée qu'en haine de son chan-
gement de religion. La partie adverse
objectait que la cause de la disposition
testamentaire dont elle se plaignait, était
le mariage contracté par elle contre la
volonté de son père. Or, une ordonnance
autorisait les pères à déshériter leurs en-
fants qui se mariaient sans leur consen-
tement, même dans le cas où ils auraient
atteint leur majorité. L'avocat général
le reconnut; il ne nia même pas qu'il y
avait présomption de rapt, de séduction
et d'enlèvement; mais cet enlèvement
était, selon lui, une charité, et ce rapt
n'en était plus un à ses yeux, dès lors
que l'évèque de Saintes, «personne pru-
dente et bien sensée, >> y avait consenti.
Le testament fut donc cassé. Nous nous
abstiendrons de toute réflexion.
AIOUD (Estiknne), « sergier d'auprès
d'Orléans, » reçu habitant de Genève,
26 juin 1554.
AIRE (Jean n'), tué, 4562, à Abbe-
ville [IX, 78 b]. — (Siméon d'), du lieu
de Belbezet, dioc. d'Usez, âgé de 25 ans,
prisonnier depuis 1703, à Perpignan
(Liste des pr. 1711).
A1RAULT (Christofles), marchand
à Paris, ajourné comme huguenot, en
1535 (Bull. XI, 254).
AIREBAUDOUZE (Maison d'), ba-
rons d'Anduze [Haag 1, 17]. — Pierre
d'Airebaudouze [I, 19, 26; VI, 262 a;
VII, 454 b; IX, 136 b]. — Claude Guv
[I, 19; III, 109]. — Guy [I, 17-19; II,
331; III, 182]. —Jean Guy [I, 19; III,
106!. — Bernardine [V, 79 aj. — Ma-
delaine [VI, 280 a; VII, 129 a]. —
François |VI, 280 a; VIII, 103 bj. —
Isaboau [VIII, 162 a]. — Marie [VIII,
460 a]. — Jean [IX, 135 a et h]. —
Elie [IX, 135 b]. — Claude [X, 343J.
— Voy. encore : [IV, 129a]. = Armes :
De gueules au château d'or sommé de
trois pièces d'or. — A Genève : d'azur à
une gerbe de blé d'or (qui sont les armes
de la famille Guy).
Cette noble maison languedocienne
acquit, le 7 juill. 1539, de l'évèque du
Puy la moitié de la terre et seigneurie
d'Anduze et, le 30 juin 1547, du mar-
quis de Canillac l'autre moitié.
Au commencement du XVIe siècle
elle se composait de deux frères, nom-
més Jean et Nicolas. Le dernier mourut
61
AIREBAUDOUZK
82
en 1554 laissant tous ses biens k Jean
Guy. conseiller au présidial de Nîmes, à
la condition de prendre les nom et ar-
mes d'Airebaudouze. Dès lors la famille
se divise en deux branches, celle d'Uzès
et celle de Nimes. qui professèrent tou-
tes deux, pendant un temps, la religion
protestante.
i. Branche d'Uzès. Plusieurs de ses
membres ont laissé un nom dans l'his-
toire. Guy d'Airebaudouze, seigneur
d 'Anduze, président de la chambre des
comptes de Montpellier, fut condamné à
mort, comme contumace, par arrêt du
parlement de Toulouse, rendu au mois
de mars 1569, contre les religionnaires
de Montpellier qui avaient pris part à
la destruction du fort S. -Pierre. Ce fort
était l'ancien monastère de B. -Ger-
main, « construit à Montpellier, en 1304,
par le pape Urbain V en forme de for-
se. » Le vicomte de Joyeuse, lieu-
tenant général du roi en Languedoc, et
résidant au fort S. -Pierre, l'avait aban-
donné en 1507 pendant la nuit, inquiet
des dispositions hostiles de la ville. Aus-
sitôt les habitants, que vint aider (le
7 octobre) le seigneur d'Acier (nommé
aussi Baudiné ou baron de Crussol I
avec une troupe d'ingénieurs et de i.vn-
tilshommes, tirent le siège de la forte-
resse qui capitula le 17 novembre. Le
peuple la démolit de fond en comble. On
peut lire les détails de cet exploit dans
les Mémoires de Jean Philippi qui nous
ont été conservés par le marquis d'An-
bais (Pièces fugitives pour servir à l'his-
toire de France *).
Avec le président Guy d'Airebaudouze
étaient enveloppés dans la condamna-
tion, que le parlement de Toulouse pro-
nonça deux années après : Jean Pibel.
seigneur des Carescauses, maître des
comptes , Michel de Saint-Ravi, Anto-
nin deTremolet, seigneur de Montpezat;
Fulcrand de Vignolesel Jean de Passet,
conseillers au présidial : La Roche, vi-
guier d'Uzès : Jacques de Crussol, sei-
gneur d'Acier, et son secrétaire Jean
A/nalri, dit Sanglar ; François Maurin.
dit Eustache, capitaine; La Valette, iils
du seigneur de Montpezat ; Louis Bucelli.
seigneur de La Mausson ; le seigneur de
1 Vot. aussi dom Yaissète, Hist. du Languedoc, V,
281.
Saint-Martin de Cornon-Terrail. Jean
La Place. Claude Formi. Michel Magny
et Antoine Pelissier , ministres, et plu-
sieurs autres habitants de Montpellier.
En 1 574, le président d'Anduze fit en-
core partie, avec Clausonne de Nimes,
Montvaillant des Cévennes, Saint-Flo-
rent d'Uzès, tous zélés relicionnaires,
d'un conseil mi-parti composé de vingt-
quatre membres que Damville, alors al-
lié aux protestants, avait établi auprès
de sa personne. En 1575 il remplit en-
core les fonctions de 1er consul de Nimes.
Les renseignements que les généalo-
gistes nous fournissentsur les seigneurs
d'Anduze sont trop incomplets et trop
peu précis pour nous autoriser à décider
si celui dont nous venons de nous occu-
per est le même que le baron d' Anduze
qui Ut partie du conseil de dix membres
adjoint à Crussol par l'assemblée de
Nimes lorsque les protestants le recon-
nurent pour chef en 1562. et s'il ne dif-
fère pas de Guv d'Airebaudouze, baron
d'Anduze, qui fut conseiller de la cham-
bre de l'éditde lTsle-en-Jourdain. trans-
férée en 1 res par Henri I V.
Tout ce que les Jugements de la Xo-
blesse nous apprennent c'est que Jean-
Guy d'Airebaudouze vivait encore en
1608, date d»4 sou testament. 11 avait
épousé en 1556, Jeanne Damian qui le
rendit père de Jean Guy d'Airebaudouze,
sieur de Clairan. Ce dernier, dont nous
voyons le nom figurer dans les actes de
sablée politique de Lunel, en 1613
An h. gin. Tr. 232), à coté de ceux
d'Elie d'Airebaudouze, sieur de La Bla-
quière, de Pierre d'Airebaudouz< . >i.-ur
de La Bastide, et de Jean d'Airebau-
douze. sieur de Massane (trois membres
de la mémo famille dont les Jugements
de Noblesse ne parlent pas) eut de Ma-
rie de Gérard, sa femme. Claude Guy
d Airebaudouze, seigneur de Clairan,
ancien de l'Eglise de Monoblet l dé-
puté au synode national de Cbarenton,
«jn 1631. par la province des Cévennes.
Claude Guy d Airebaudouze testa en
1653. De son union avec Claudine Cal-
vière, contractée en 1613, naquirent :
1° Jean, sieur de Clairan etde Massane,
• Et non 1 église de Canoblet que MM. Haag avaient
mis d'abord. - Corrigez aussi, dans le même article,
p. «86, Claudt Fermi. U faut : Claude Formi.
63
AIREBAUDOUZE
64
capitaine d'infanterie en 1655, marié en
\%b,a,vecGabrielleBarnier; — 2° Louis,
sieur de Saturargues, capitaine d'infan-
terie en 1652, major de Bourbourg en
1657, puis de Bergue en 1668, et colonel
d'un régiment allemand; — 3° François,
sieur de La Salette, qui suivit comme ses
frères la carrière des armes et qui était
sergent de bataille en 1656.
II. Branche de Nîmes. Le frère de
Nicolas d'Airebaudouze, Jean, sieur du
Gest, coseigneur d' Anduze etde Glairan,
était trésorier du roi à Nîmes et testa en
1533 (Jug.de la noblesse). Il laissa quatre
tilles: Jeanne, Catherine, Bernardine, Isa-
beau et trois fils : 1° François, baron d' An-
duze, pourvu en 1 555 de la charge de pré-
sident en la cour des aides de Montpellier,
qui testa en 1594 et eut, de son mariage
avec Catherine du Mois, trois fils nom-
més Etienne, François et Roullin. Ce
dernier, baron d' Anduze et président en
la cour des aides de Montpellier par
provision du 8 nov. 1607, avait épousé
en 1585 Perrette de Gevaudan, dont il
eut François Folquier, baron de Car-
non, chevalier de l'ordre de S. -Michel
en 1627, créé marquis en 1645. Tout
nous porte à croire qu'il avait déjà ab-
juré à cette époque; ce qui est certain,
c'est que les deux fils qu'il eut de son
union avec Françoise de Grégoire de
Gardies professèrent la religion catho-
lique. Nous en avons la preuve dans une
pièce (Arch. gén. M, 670) où nous lisons
que l'aîné avait épousé Madeleine Fau-
con, veuve de Henri de.Combis, sieur de
Soustelle, et qu'il en avait une fille qui,
de son consentement, était élevée par sa
mère dans la religion protestante, lors-
qu'elle lui fut enlevée, en 1676, pour
être enfermée aux Ursulines de Nîmes.
— 2°Guillaume, reçu habitant de Genève
le 27 avril 1556, et bourgeois le 5 juin
suivant; nous donnons plus loin sa des-
cendance. — 3° Pierre, sieur du Cest,
réfugié à Genève comme son frère.
Ce dernier d'Airebaudouze, Pierre,
exerçait le saint ministère [I, 19 aj. Il
avait été archidiacre de Nîmes; mais
ayant embrassé la religion réformée, il
s'était retiré à Genève où il avait été
reçu habitant en janvier 1553 et bour-
geois le 9 mai 1555. La même année,
1555, il avait succédé à des Galars comme
pasteur de l'église de Jussy (terre de
Genève); puis il avait été nommé en
1560 pasteur à Genève même. Dans l'in-
tervalle de ces deux ministères, la Vén.
Compagnie des pasteurs l'envoya aux
églises de Lyon et du Languedoc qui le
demandaient; en 1561 on l'accorda de
nouveau à Lyon pour quelque temps.
Il y présida le synode des églises du
Dauphiné, Lyonnais et Bourgogne (Ar-
naud, Docum. protest, inédits). Plus
tard, 1562, il fut envoyé à Montpel-
lier. En 1564 il desservait l'église de
Nîmes. On le trouve au nombre des
quatre pasteurs condamnés à mort par
contumace , en 1569 , au sujet des
massacres de Nîmes (voir Albenas).
Comme il ne figure plus, à dater de 1570,
parmi les ministres attachés à cette
église, on peut supposer qu'il mourut
vers ce temps. Sa femme, Françoise de
Montault, qu'il avait épousée le 15 janv.
1553, lui donna deux enfants qui furent
reçus bourg, avec leur père en 1555.
Guillaume, sieur du Cest, venu à Ge-
nève le 27 avr. 1566, entra la même an-
née dans le conseil des Deux-Cents, et
mourut selon Galifl'e en 1571. On a son
testament daté du 7 juill. 1565 (J. Ra-
gueau, not.). Il avait épousé, en 1556,
Madelaine de Burine et en avait eu trois
fils et une fille: 1° Pierre, sieur du Gest,
docteur en droit (Yoy. ci-après); —
2° Jean; 3° Jeanne; 4° Jacques, du CC.
en 1614, mort en 1623, à qui sa femme
Marie Saladin ne donna que des filles.
C'est vraisemblablement du ministre
d'Airebaudouze que le jésuite Colonia
parle, dans son Histoire littéraire de Lyon ,
en racontant comment les Lyonnais dé-
voués aux doctrines de la Réforme devin-
rent les maîtres dans leur ville en 1561 :
« Le comte de Sault [gouverneur] ne
fut pas plus tôt en place, dit-il, que les Pro-
testants exécutèrent, par voye de l'ait,
ce que leurs vives sollicitations et leurs
menaces mêmes n'avoient pu obtenir
jusqu'alors. Après s'être assemblez quel-
que temps en divers lieux, ils s'établirent
plus solidement dans la grande hôtelle-
rie de Saint-Martin... Ils y élevèrent une
forme de temple environné de galeries
et d'amphithéâtres, qui pouvoient aisé-
ment contenir trois mille personnes, et
qu'ils nommèrent le temple Martin. On
65
AIREBAUDOLZE
66
commença d'y chanter, plus haut que
jamais, les Pseaumes de Marot et de
Bèze: on y fit la Cène: on y déclama
impitoyablement contre le Pape . les
Evèques et les gens d'église... » Mais
de leur côté, les catholiques n'étaient pas
en reste de déclamations. Le P. Jean
Ropitel, entre autres, surnommé le fléau
des Hérétiques . « sans se soucier fort
de ménager en chaire ses expressions,
à l'exemple de plusieurs autres prédica-
teurs, y invectivoit tous les jours contre
la nouvelle secte avec toute l'éloquence
et la force que Dieu lui avoit donnée. » —
« Le parti grossissant visiblement cha-
que jour, à la faveur de la tolérance et
de l'impunité, il fallut chercher un lieu
plus vaste que le temple Martin. La
maison qu'ils achetèrent à cet effet étoit
située au coin de la place des Cordeliers
et de la Grenète, la plus large de nos
ruf;s... où l'on pouvoit aisément mettre
deux où trois mille hommes en bataille.
La cour de cette maison, qui est
vaste, et qu'on eut soin d'ombrager de
tentes, servit à faire les prèch
l'intérieur de la maison servit de maga-
zin, d'arsenal et de logement pour les
ministres que Calvin envoya lui-même
«le Genève. Le plus éloquent ou le plus
emporté de tous ces ministres étoit un
apostat nommé d'Anduze... Les ma-
gistrats alarmés, joints au clergé lyon-
nais, pressèrent la Cour d'y pourvoir au
plutôt, mais le gouverneur [que le Père
Colonia signale tacitement comme un
fauteur de l'hérésie], se content^ d'écrire
à Paris qu'ayant intimé aux nouveaux
Réformez les ordres reçus, ils avoient
répondu tout d'une voix qu'ils vouloient
demeurer tres-humbles sujets et obéis-
sons, mettant leur vie et leurs biens pour
Votre Majesté : jnais quant à leur âme.
l'avoient dédiée à Dieu. >• Cette lettre du
comte de Sault est du 19 octobre 1561.
La cour répondit en envoyant l'un après
l'autre deux délégués, le comte de Crus-
sol, puis le comte de Mau giron: mais
dans la nuit du 30 avril au 1er mai 1562,
les protestants s'assemblèrent et s'em-
parèrent de l'autorité presque sans résis-
tance. Ils la gardèrent pendant l'espace
d'environ treize mois ; ce ne fut qu'après
la publication de la paix du 12 mars 1563,
dans le courant de juin, que le maréchal
de Vieilleville y rétablit la messe : mais
en laissant trois temples à ceux de la
Religion. (Haag.)
Le jurisconsulte * Pierre d' Airebau-
douzp du Cest ( 1057-1627^ a eu la sin-
gulière destinée d'être cité très-fréquem-
ment sous un nom supposé et oublié
sous son nom véritable. Il naquit à
Genève en 1557, un an après l'admis-
sion de son père, Guillaume d'Airebau-
douze, à la bourgeoisie de cette ville.
Nous sommes dépourvus de renseigne-
ments sur son enfance et sa jeunesse.
Nous ignorons en particulier si c'est à
Gfnèvp ou ailleurs qu'il fut reçu docteur
en droit. Haubold affirme qu'il fut élève
dp Dent/s Godefroy et de Pacius ; il n'y
a pas lieu de révoquer en doute cette
assertion d'un auteur infiniment scrupu-
leux et presque toujours bien informé,
bien que le nom d'Airebaudouze ne se
trouve pas dans le catalogue des étu-
diants de l'académie de Genève, connu
sous le nom de Livre du recteur.
Il entra dans la vie publique en 1590
comme membre du conseil des CC. de
Genève. Dès lors il remplit diverses
fonctions, et fut mêlé soit comme ma-
gistrat, soit comme avocat à la plupart
des événements importants de cette épo-
que critique où l'existence même de la
petite république calviniste était à cha-
que instant mise en jeu. En 1598 il est
nommé à l'emploi entièrement judiciaire
d'auditeur. En octobre 1603 il figure
comme avocat d'office, désigné par le
conseil, de Philibert Blondel, syndic de
la garde, suspect et peut-être coupable
de haute trahison, en tout cas au moins
coupable de grave négligence, et qu'au-
cun avocat ne voulait assiter. Dans les
procès subséquents du même inculpé,
Airebaudouze était du côté de ses ac-
cusateurs-, on le voit en effet, en 1605.
prêter son appui à Ami Incombe, qui
s'était porté partie criminelle. La même
année il fut nommé procureur géné-al.
11 occupait ce poste éminent durant le
dernier procès de Blondel. qui aboutit
au supplice de l'infortuné syndic. Enfin,
en 1610, il devint membre du petit con-
seil ou conseil d'Etat, autorité suprême
qui cumulait la haute juridiction avec
1 Voy. sur ce personnage la Revue de Législation.
Paris, Thorin, 1870, p. 56-73.
67
AIREBAUDOUZE
(58
tous les autres pouvoirs. 11 en fit partie
jusqu'à sa mort, en 1627. Comme légiste
savant., il y tient une place à peu près in-
termédiaire entre le c'lèbre Jacques
Lect, qui mourut, très-âgé, en 1612, et
le non moins célèbre Jacques Godefroy,
qui devint conseiller en 1629.
Cette honorable carrière, ainsi que
plusieurs autres faits, attestent la haute
estime dont jouissait d'Airebaudouze
dans sa patrie. Des liens d'affection et
d'intérêt l'unissaient encore à la patrie
de ses pères. Il fut député, muni de
blancs seings, au synode des églises du
Languedoc. Divers actes le montrent en
relation d'affaires et d'amitié avec le
midi de la France. On le voit en parti-
culier prêtant à plusieurs reprises de
l'argent ou servant de caution à des éco-
liers en théologie de Nîmes, d'Alais,
d'Anduze.
Il avait épousé, en 1613, Judith Gal-
line, dont il n'eut point d'enfants. Avec
lui s'éteignit dans les mâles la branche
de la famille d'Airebaudouze, bourgeoise
de Genève. Jacques, son frère puîné, ne
laissa de sa femme que des filles dont
l'une, femme de l'auditeur Daniel De la
Rive, est appelée dame du Cest après
la mort de son oncle le jurisconsulte.
Pierre d'Airebaudouze, qui ne signait
le plus souvent en français que du Cest
ou Du Cest et en latin Petrus ab Area
Baudoza Cestius , est l'auteur de plu-
sieurs publications , rares aujourd'hui,
dont le mérite a été contesté par les uns,
exalté par d'autres. Nous les citons par
ordre chronologique :
I. Poesis Latinx Thésaurus. Decem
libris comprehensus, quibus omnia cum
ad Theoriam, tum ad Praxim hujus
artis pertinentia continentur, ut fusius
epistola ad Lectorem docetur. Opéra et
industria Pétri Baudoziani Cestii I.C. G.
cum rerum et verborum indice. [Ge-
neVœ.J Apud Eustathium oignon, 1586,
in-12:8 f. prél., 418 f. et 12 f. d'index.
L'ouvrage est dédié à Frédéric, comte
palatin du Rhin, duc de Bavière.
II. Poëticxelocutionisformulx, Lyon,
in- 12.
Nous n'avons pu nous procurer cet
ouvrage, qui peut-être n'est qu'une réédi-
tion du premier, sous un titre différent.
Morhof le cite en ces termes : « Quasdam
« metaphorarum poëticarum. sed paucas,
« collegit Petrus ab Area Baudoza in
« suis poëticae elocutionis formulis , quiB
« editie sunt Lugd., 1590, in-12, et ante
« illud iempus sub nomine Fundani [ï) »
— Polyhistor I, m, 10, 5.
III. Orbis terrarum synoptica epitome
una cum geographia poetica... ex recep-
tioruni cum veterum tum neotericorum
geographorum et historicorum scriptis,
concinnata. Excudebat Jac.Stoer, 1589,
in-8°, 8 et 184 pag. suivies de la Geo-
graphia poetica de Lambertus Danœus
[IV, 196a, XXIV]. L'ouvrage commence
par une épitre dédicatoire à Jean et à
Nicolas Pithou frères, datée : Ex museeo
nostro, idibus augusti 1588.
IV. Une édition annotée des Instituies
de Justin ien; Lyon, 1591 et Genève, 1614,
in-24. chez J. Stoer. Plus : les Titres De
Ori'/ine Juris. De Verborum significa-
iione, De Regulis Juris, au Digeste; les
Titres De Regulis Juris aux Décré taies
et au Sexte ; la Loi des Douze Tables.—
Epître dédicatoire à «Jean Guy d'Aire-
baudouze de Clairan, conseiller au pré-
sidial de Nîmes (1591).
V. Un Corpus juris civilis, avec la
glose, Genève (et Lyon?), 1593, 1600,
1614, en 4 vol. in-4°. Cette édition a été
fort louée pour son élégance, la commo-
dité de son emploi, et même pour sa va-
leur critique. Mais depuis Hugo, qui l'a
jugée sévèrement, il est reçu qu'on n'en
parle plus qu'avec dédain. Pourtant
Haubold qualifiait Du Cest inter juris
j ustinianei editores memorabilis. Span-
genberg avoue que son édition est de
toutes les éditions glosées, sinon la plus
correcte, du moins la plus commode. Il
est clair que l'immense succès des édi-
tions de Denys Godefroy a dû l'écraser;
d'ailleurs la glose avait fait son temps.
VI. Pierre du Cest a réédité les vieux
et excellents Commentard in Institu-
tiones de Jean Eaber. Lyon 1593 (Ge-
nève 1643), in-i.
On a encore de lui des préfaces, dédi-
caces et éloges en vers, dans les ou-
vrages d'autres jurisconsultes; c'était
le goût de l'époque.
Comme, selon le goût de l'époque
aussi, il latinisait son nom, il a Uni par
n'être plus connu dans le monde Lettré
que comme Petrus ah Area Baudoza
09
AIREBACDOUZE
A LARD
TU
Cesivus, et de ce nom multiple l'on n'a
souvent conservé que le mot du milieu,
qu'un ingénieux érudit a retraduit par
Baudoche. croyant «ans doute faire mer-
veille. C'est sous ce déguisement, com-
pliqué encore de maintes variantes, qu'il
faut le chercher dans les auteurs du siè-
cle dernier et de celui-ci. Ainsi M. Esch-
bach l'appelle Baudoche surnommé Cës-
lius. et M. Spangenberg. pour expliquer
ce surnom, le fait naître à Cette, dans
l'Hérault. D'autres ont cru qu'il était de
Mt>tz. où a longtemps brillé une famille
Baudoche. Tous, sauf Haubold. le disent
français : du reste aucun ne sait rien de
sa vie : ils ignorent même l'époque exacte
où il a vécu. Senebier, l'auteur de YHist.
lift de Genève, n'a pas soupçonné son
existence. 'A. Rivier.)
AIRVAI'LT F. de La Rochefol-
i.ault. baron d'), v. 1620 [VI, 357 b].
A1SSAN, capitaine languedocien . v.
1560 [II. 198a: IV, 132 h].
AITZ Elisabeth d), dame de Mizeré,
veuve d'Antoine Gillier, et sa fille Eli-
sabeth , forcées d'abjurer lors de la Ré-
vocation, et désespérées à la suite, jus-
qu'à ce qu'elles aient pu fuir à l'é-
tranger, abandonnant partie de leurs
biens Lièvre. Protrst. du Poitou. III.
112 -
A1X (Charles . d'Orléans. 1568 VI.
531 b .
Aix (baron d'), vov. La Tour du
Km.
Aix d'). ministre, voy. Beauvalet.
A1ZOT. surveillant de l'éslise de Nî-
mes. 1561 Bull. XVI 1. ',86).
A.IAC (de Leris et de PeKSOttl, sieurs
i mille languedocienne VII. 66 a;
VIJI. 2a.el b. Voy. Vil. Cl a].
AJON le baron d'). Provence, 1611
VII. 531 b|; — voyez V. 255 a et Glan-
dèves.
Ajoult, vov. des Bans.
ALABAT.'aBovr
ALAICE ou ALA1SSE (la femme
enceinte d' Antoine), tuée à La Motte
il' Aiguë en Provence. 1562 X. 41
ALAIN, ministre, 1582 [II, 168 a|.—
à S. -Lu. v. 1620 II, 512 b: VI,
203 b], — (René), ministre à Bellesme.
1626, 1660 [X, 318, 346], Bull. VI.
517. — (Pierre , minist. à Sauve. 1608-
ALA1XE Marie , confesseuse 1 , as-
sistée à Londres. ! "t
ALA1S ;ie baron d'), 1562 [III. 102 b:
V. 441 b: IX. 4561. — Vby. Cambis.
ALAMERTIXE ou Alamartine
(Pierre). deCluny -. marchand, reçu habi-
tant de Genève. ISdéci, '
ALAMONT .Ievn. fils de Jean d' et
de Marie de Pavant. « seigneur de Ma-
landry en Lorraine, natif de Sathenay
au duché de Bar. diocèse de Trêves. »
reçu habitant de Genève, 11 sept. 1559:
bourgeois, 30 janv. 1561 : diacre de la
Bourse françoise en 1563 et en 1564.
11 se maria trois fois à Genève : 1° Le
23 octobre 1559; avec Catherine, fille de
feu Jean des Murais, seigneur de l'Es-
chelle en Brie, et d'Etiennette de Vil-
lers. native du dit lieu de l'Eschelle.
morte le 24 avril 1560. à 28 ans: 2° le
0 septembre 1560. avec Françoise, fille
de Jean de Saint-Simon, seigneur de
Sandrecourt et de Louise de Mont-
morency; 3° par contrat du 0 décem-
bre 1571 [Anas tarse, not.', avec Antoi-
nette Bouchade. veuve de Guillaume de
Saint-Ravy, bourgeois de Genève.
Il eut du second lit : 1° Marie, née
15i.|. femme, le 15 décembre 1577. de
J.-B. Rotan. pasteur et professeur en
théologie; 2° Anne, née 1503. mariée le
•■tenibre ! rneille de Pel-
lissari : 3°. Jean, né en 15ti7.
On a son testament, daté d'août
Arch. de Genève. (Tu. DrFi.ri:.
A LA M Y, à Orange VI. lo3 a).
ALANÇON \ i de Montelli-
mard en Dauphiné. «étudiant à Genève,
5 mars 1 "
Al. \\i( '\ Le si sor Isàac d"), de
Metz . marchand et manufacturier de
bas, la demoiselle sa femme, quatre en-
fants, quatre neveux, un garçon de bou-
tique, un aprentif et une servante, » ré-
- au Werder; à Berlin. 1698.
ALARI) Garrii.i. . : • >.-Jean-Bon-
nefonds en Forez, reçu habitant de Ge-
1 Nous conservons a\, . respect coite qualification de
Conft sueur et Confesseuse qui se trouve sur les Iimcs
de la charité anglaise, à la suite «lu nom des personnes
qui avaient non-seulement sonfTert en France de la
persécution générale, nia;s avaient résisté pour leur
foi a i < ticuliers et souvent corporels.
'■ De r.lnny. La famille de Lamartine le crand poète
était de Saint-Point, a tu kiloni. de distance. Les d.u\
noms venaient probablement d'une source commun» .
lidée de fabrique iM'i-linia ' — MartinHus, la forgel.
71
ALARD — ALBA
72
nève, 0 déc. 1585. — (Jean;, de Mirepoix,
étudiant à Genève, 1591. — (Antoine),
fermier à Senas en Provence, massacré
1562 [X, 470]. — (Madelaine), femme
d'Adrien Charnier, v. 1650 [III, 323 b].
— (Jacob), de Vendôme, id. 1623. — Un
grand nombre de familles dauphinoises
et provençales de ce nom passent à
Genève de 1691 à 1717, la plupart pour
se réfugier en Allemagne. Aussi Pierre
Alart, de Sedan, réfugié à Berlin, 1698.
— Matelin Alart, naturalisé anglais, 21
mars 1682. — Elisabeth Alard, assistée
a Londres, 1721.
ALARD1, pasteur à Jesne(ouGesne?),
vers 1567 {Bull. IX, 295).
ALARD1N (Élie), à Montignac [II,
185 b, note].
ALARDY (Jehan), de Mirepoix, reçu
habitant de Genève, 14 juin 1557.
ALARET (Jacques), de Milhau, étu-
diant à Genève. 1677. — (Pierre, fils de
Pierre), « de Milhau en Rouergue, »
reçu bourgeois de Genève le 29 juin 1711.
,1. ALARI ou ALARY(q.q.f. ALL),
(François), consul de Castres, 1585
[V, 191 b; VU, 92 a]. — avocat, 1596
[III, 218]. - Anne[I, 200]. — Olympe,
[II, 259]. — Voy. encore [VII, 292 b,
375 b]. — Philippe d'Alary, seig. de
Tanus, fds d'Olympe de Raba s te ri s- Pau-
lin (veuve de George d'Alary -Tanus),
épousa, 18 fév. 1613, Marguerite d Hé-
brail, fille de Marguerite de Blanque-
fort ( veuve de Jacq. Hébrail , seigr de
Royre ). — Pierre Alary , seigr de
Blanc, dioc. de Lavaur, fils de Jean-
Jacques , sieur de Tanus et Blanc, et de
Françoise du Base des Isles-Maison,
épousa, 30 août 1680, Lucr esse de Comte
fille de maître Jean Comte, receveur au
grenier à sel de Sommières. (Pradel.)
2. ALARY (Jean), d'Issoire en Auver-
gne, orfèvre, reçu habitant de Genève
vers 1625. — (Paul), de S.-Affrique,
maître forgeron, réf. à Genève, 1693. —
(Jacques), avec sa femme et un enfant,
1708. — (J.-B.), de Moustié en Provence,
1709, réfugiés et assistés à Genève. —
— Jean Allary et sa femme, assistés à
Londres, 1721.
3. ALARY (Jean), docteur et référen-
daire à la chambre de l'édit de Languedoc,
puis juge d'appeaux de Castres en 1623,
exerçait encore cette charge en 1650.
Nous ne saurions dire quels rapports
de parenté existaient entre notre Jean
d'Alary et l'avocat du même nom qui
dédia à la reine Marguerite le premier
Recueil de ses Récréations poétiques...
Paris , 1605. Ce dernier, auteur de
plusieurs autres ouvrages, était aussi
originaire de l'Albigeois. Au reste, la
famille Alary était très-nombreuse à
Castres, comme le témoignent les regis-
tres de l'état civil des protestants du
XVIIe siècle, conservés au greffe du
tribunal de cette ville.
La femme de Jean d'Alary, Margue-
rite de L'Espinasse, ne lui donna que
des filles. (Pradel.)
Alaudanus. Voy. L'Alouette.
ALAUMONT (Daniel d), sieur de
Bantheville, v. 1640 [II, 137 b]; —
(Françoise d'), sa fille [Ibid. et III,
434 aj.
AL A URINE (Isaac), au village d' An-
nov (Picardie), 1700 [IV, 299 a].
ALAUZI (Louis), galérien, 1687 [X,
410J.
ALAVOINE (Isaac), Saint-Quentin,
1679 [IV, 356b]. — (P.- Abraham), exilé,
1741 [IX, 91 a]. — (Pierre), directeur de
l'hospice des réfugiés fr. à Londres, 1761.
1. ALBA (Martial), étudiant, natif de
Montauban, martyr à Lyon, le 16 mai
1553, avec quatre de ses condisciples :
Pierre Ecrivain, de Boulogne en Gasco-
gne; Bernard Seguin, de la Réole en
Bazadois ; Charles Favre , de Blanzac
dans l' Angoumois, et Pierre Navihères,
de Limoges [Haag I, 22].
Ils nous ont laissé la relation de leur
arrestation et de leur jugement : « Après
avoir demeuré, écrivent-ils, plus ou
moins de temps à Lausanne, et nous
être adonnés à l'étude des lettres tant
divines qu'humaines, avant la fête de
Pâques nous arrêtâmes entre nous de
nous en aller, Dieu aidant, tous ensem-
ble vers nos pays, selon les lieux d'où
chacun de nous est natif, et ce pour
servir à l'honneur et à la gloire de Dieu,
et communiquer le petit talent que Dieu
a donné à chacun de nous en particulier
à ses parents, pour tâcher de les ame-
ner à la même connaissance que nous
avons reçue de son fils J.-Ch., et aussi
à tous ceux que notre bon Dieu eùl
voulu appeler à soi et à la connaissance
73
ALBA
74
de sa vérité par notre moyen. » Leur
résolution ayant été approuvée par l'é-
glise de Lausanne, ils se mirent en
route, en passant par Genève : mais dès
le lendemain de leur arrivée à Lyon, ils
furent, tous cinq, arrêtés par les soins
du prévôt de cette ville. « Et sans que
nous eussions aucunement dogmatisé,
continuent-ils, ni fait aucune chose con-
tre les ordonnances du roi [Henri II,
sans nous faire connaître notre partie
adverse, et sans nous montrer aucunes
informations, nous fûmes, contre tout
droit de justice, menés aux prisons de
M. l'official (1er mai 1552). » Interr
le jour même, sur les divers points de
controverse entre les deux Eglises ri-
vales, ils maintinrent avec chaleur, et
sans jamais varier dans leurs réponses,
les doctrines orthodoxes de l'Eglise ré-
formée. Crespin nous a conservé dans
son Martyrologe leurs confessions de
foi, que le juge leur avait permis de
mettre par écrit. Enfin après plusieurs
interrogatoires, comme ils persistaient
dans leurs croyances, ils furent condam-
nés par arrêt de l'official à être livrés
comme hérétiques au hras séculier :
arrêt dont ils interjetèrent appel comme
d'abus. « Après la sentence de notre
dit appel, écrit l'un d'eux, ils pensèrent
enrager de grande colère. » Le juge
Melier se plaignit vivement de ce qu'on
ne faisait pas prompte justice de ces
hérétiques ; mais l'official Buatier le
rassura en lui disant : « Ils seront aussi
bons d'ici un mois que maintenant. »
Ce ne devait être en effet qu'un sursis ;
mais l'arrêt de la cour du parlement de
Paris ne fut pas rendu avant le mois de
février de l'année suivante. Durant ce
temps, les cinq détenus jouirent au moins
de la liberté précieuse de pouvoir con-
verser ensemble, le Ions du jour, et
même de correspondre avec leurs pa-
rents et leurs amis, au nombre desquels
ils s'estimaient heureux de compter Vi-
ret et Calvin. Leurs lettres, qui se sont
conservées, sont pleines de ferveur et
de pieuse résignation. « Notre bon Dieu
ne nous laisse point, disait Pierre Ecri-
vain à un de ses amis , il nous con-
sole et nous fortifie plus que jamais,
tellement que ni menaces, ni tourments,
ni mort ignominieuse ou cruelle qu'on
nous présente , ne nous peuvent faire
perdre courage ni quitter la place à no-
tre ennemi... Et considérant la cause
que nous maintenons et à qui nous
avons affaire, nous avons attendu notre
délivrance plutôt par la mort que par
la vie... •>
Vers le mois de février 1553, on les
transféra à la prison de Roanne, où ils
apprirent que leur mort était arrêtée.
Mais par suite de l'intercession des Sei-
gneurs de Berne, ou pour tout autre
motif qu'on ignore, leur exécution n'eut
pas lieu avant le 16 mai. Ce jour-là, vers
les deux heures de l'après-midi, on les
tira de leur cachot « revêtus de leurs
robes grises et liés de cordes. » Nous
empruntons à Crespin le récit de leur
supplice, en rajeunissant un peu son
style. « Ayant été mis sur une charrette,
dit-il, ils commencèrent à chanter le
psaume XIe : De tout mon cœur t'exal-
terai, etc. Et quoiqu'on ne leur donnât
pas le loisir de l'achever, ils ne cessèrent
pas d'invoquer Dieu... Aux sergents et
satellites qui souvent les troublaient, les
menaçant s'ils ne se taisaient, ils répon-
dirent par deux fois : « Nous empêche-
rez-vous, pour si peu que nous avons à
vivre , de louer et d'invoquer notre
Dieu? y> Etant arrivés au lieu du sup-
plice, ils montèrent d'un cœur allègre sur
le monceau de bois qui était autour du
poteau. Les deux plus jeunes d'entre
eux montèrent les premiers l'un après
l'autre, et après avoir dépouillé leurs ro-
bes, le bourreau les attacha au poteau.
Le dernier qui monta fut Martial Alba,
le plus âgé des cinq, lequel avait été
longtemps à deux genoux sur le bois,
priant b1 Beigneor. Le bourreau ayant
attaché les autres, vint le prendre étant
encore à deux genoux, et l'ayant soulevé
par les aisselles, il voulait le descendre
avec les autres ; mais il demanda ins-
tamment au lieutenant Tignac de lui ac-
corder une grâce. Le lieutenant lui dit :
«Que veux-tu? » Il lui répondit: «Que je
puisse baiser mes frères avant que de
mourir. « Le lieutenant le lui accorda,
et alors ledit Martial étant encore au-
dessus du bois, en se baissant, baisa les
quatre qui étaient déjà liés et attachés,
leur disant à chacun : « Adieu, adieu,
mon frère! » Alors les quatre autres,
75
ALBA
76
retournant leur cou, s'entre - baisèrent
aussi, en se disant l'un à l'autre les mê-
mes paroles : « Adieu, mon frère! » Gela
fait, après que Martial eut recommandé
ses frères à Dieu, et avant que de des-
cendre et être attaché, il baisa aussi le
bourreau en lui disant ces paroles : « Mon
ami, n'oublie pas ce que je t'ai dit. «En-
suite il fut lié et attaché au même po-
teau, et alors ils furent tous entourés
d'une chaîne autour dudit poteau. Or le
bourreau ayant eu charge des juges de
hâter la mort de ces cinq étudiants, leur
mit à chacun une corde au cou, et toutes
les cinq se rendaient à une grosse corde
qui était sur un engin mù par des pou-
lies, afin de les étrangler plus tôt. C'est
pourquoi le bourreau, après avoir graissé
leur chair nue et jeté dessus du soufre
pulvérisé, et après avoir fait tous les
apprêts, comme il pensait hâter l'exécu-
tion au moyen dudit engin, le cordage,
fut incontinent consumé par le feu, tel-
lement que ces cinq martyrs furent en-
tendus quelque temps prononcer et
réitérer à haute voix ces paroles d'exhor-
tation : « Courage ! mes frères , cou-
rage! » Ce furent les dernières paroles
entendues du milieu du feu, qui bientôt
consuma les corps desdits cinq vaillants
champions et vrais martyrs du Seigneur. »
Dans une lettre adressée à ces mar-
tyrs, Calvin écrivait : « Puisqu'il plait à
Dieu de vous employer jusqu'à la mort
pour maintenir sa cause, il vous tiendra
la main forte pour combattre constam-
ment, et ne souffrira pas qu'une seule
goutte de votre sang demeure inutile. Et
bien que le fruit ne s'en aperçoive pas
sitôt, toutefois il en sortira avec le temps
plus abondant que nous ne saurions
dire. » En effet , leur exécution n'avait
pas encore eu lieu, que déjà un malfai-
teur nommé Jean Chambon, détenu avec
eux, s'était converti. Un sixième étu-
diant, nommé Louis Corbeil, arrêté
avant eux, fut associé à leur captivité,
mais ne fut pas supplicié parée qu'il fut
prouvé qu'il était né sujet de Berne.
Dans le courant de la même année,
Pierre Bergier, pâtissier de Bar-sur-
Seine, établi à Genève, Matthieu Dy-
monet, de Lyon, Louis- de Marsacet son
cousin, gentilshommes du Bourbonnais,
>/)p Grarot, de( lie n-sur-Loire, mon-
tèrent sur le bûcher, et bientôt après la
place des Terreaux fut, encore témoin du
supplice de Richard Le/èvre, de Rouen,
orfèvre, et de Claude de La Canesière,
de Paris, « excellent joueur d'instru-
ments de musique, » qui fut arrêté à
Lyon, au mois de mai I T> 3 f i , comme il se
rendait avec sa famille à Genève pour y
professer librement sa religion. Tous
montrèrent en mourant le même cou-
rage, la même constance ; tous aussi
nous ont laissé des professions de foi
ou des lettres écrites pendant leur cap-
tivité, dans lesquelles respire un saint
enthousiasme.
Le Martyrologe de Crespin a fourni
tous les renseignements qui précèdent;
ils ne sont pas les seuls qui existent sur
le martyre des cinq étudiants. On con-
serve à la bibliothèque de la ville de
S.-Gall un dossier provenant de mar-
chands saint-gallois nommés Jean Lyner
et les frères Zollikoffer, qui se trou-
vant à Lyon pour leurs affaires au mo-
ment'où s'instruisait le procès d'Alha
et de ses compagnons, s'unirent aux ef-
forts qui furent vainement faits pour les
sauver. Ce dossier précieux1 contient:
1° une lettre de Jean Lyner à la sei-
gneurie de Berne, avec la réponse de
Berne en date du 10 juin 1&52, pour le
remercier de son intervention et le prier
d'avoir soin au nom de la seigneurie que
les prisonniers « ne souffrent ni de faim
ni de soif; » 2° les comptes du geôlier
de Lyon qui avoue sans peine que « ce
voyant sire .Jehan Lynard qu'ils estoient
mal traitez, » il accorda avec le dit geô-
lier « de leur bailler une chambre pua*
les mettre ensemble tant les susnom-
mez que M. Loys Corbeil, pour chacun
des quels auroit promis payer un sou
par jour, tant pour la dite chambre que
pour les autres services qui leur se-
roient faicts; » 3° cinq ou six lettres des
étudiants à Jean Lyner principale-
ment pour le remercier; trois de Louis
Corbeil ; une de Calvm à MM . Zollikoffer.
enlin une lettre; de Jean Alba, frère de
Martial, qui était alors écolier -
' 11 a été anal;. m? et en partie publié dans un petii
écrit intitulé : CorreipOlia'ante inédite des èhiq étu-
diants iKiutijVi I) ni lés e) l-'jtiii en I5S3 retrouvée dans
tabiUtioth. de Fadiaa a .>.-(. ail. lictieu-, licruud, t!W,
m 12. Sa pages.
: L'académie de Genève dalo du nioii lie M
77
ALBA
78
nève et qui écrit pour se faire renvoyer
les papiers et les vêtements de son frère
en « merciant cent mille foys » Jean Ly-
ner dont il se déclare « l'humble servi-
teur, frère et amy à jamais (31 juill.
1553). •> Ce Jean Alba fut reçu habitant
de Genève le 7 octob. 1555.
■2. ALBA (Jean), né à Montauban le
1 1 sept. 1596 [Haas I, 21 a ; — X. 323.
347:. probablement de la même famille
que le martyr, pasteur à Tonnpins 1618-
1623, à Agen 1623-1645. à Sainte-Foy
1645-1650 et peut-être plus tard. Il fut
choisi, en 1623, pour représenter la
Basse -Guyenne au synode de Cha-
renton , à qui les églises de Bordeaux
et d'Agen le demandèrent à la fois pour
ministre. Il fut accordé à celle d'Agen
et député une seconde fois par sa pro-
vince au synode national d'Alençon,
tenu en 1637. Quelques années après, le
maréchal de Turenne l'appela auprès de
sa personne en qualité d'aumônier.
L'église d'Agen ne se sépara pas sans
peine d'un pasteur qu'elle vénérait; ce-
pendant elle avait consenti à te céder au
grand capitaine, lorsque celle de Sainte-
Foy vint tout à coup s'opposer à son dé-
part en le demandant pour pasteur au
synode de Charenton, qui le lui ac-
corda du consentement de Mademoiselle
de Bouillon, agissant au nom de son
frère.
Jean Alba est auteur de quelques
ouvrages de polémique, savoir : I. Apo-
logie pour les sacrements- dr l'Eglise
chrestienne contre les additions, retran-
chemens et altérations du sieur Harau-
courf jésuiste et de ses maître»; Sedan,
1634; 2" partie, Sainte-Foy, 1635, m-8°;
il y dévoile les altérations introduites par
l'Eglise romaine dans la doctrine et les
rites du baptême et de l'eucharistie.
II. Apologie pour le sacrifice de la croix
(Sainte-Foy, U>36.in-8°. : il y fait ressortir
les différences notables qui existent entre
le sacrifice eucharistique de l'ancienne
Eglise et le sacrifice de la messe. III. La
recheute du cèdre ou brie/ et clair indice
de cent /autes notables au traitté publié
par Cxsar Haraucourt jésuite lorrain;
Montauban, P. Goderc, 1635; in-8° m
et 12 p.)
Avant celte époque, la République n'avait que son
collège de Rive.
3. ALBA (Eue), représenta en 16141a
ville de Bergerac dont il était maire, dans
les démêlés qu'eurent ses administrés
avec les synodes de S.-Maixent et de Pri-
vas. Les protestants de Bergerac avaient
fondé dans leur ville un collège qui, de-
venu florissant leur inspira l'ambition de
le transformer en académie. Mais les
synodes jugeant suffisant le nombre des
écoles supérieures qu'on posséda
opposèrent énergiquement et Bergerac
dut renoncer à ses prétentions [Haag
4. ALBA 'Marc-David . pasteurdu dé-
sert, né à Angles en Languedoc.
TIaag 1.21 b\ On sait que, pour échap-
per aux persécutions, ces pasteurs se ca-
chaient sous des noms supposés. Le nom
de guerre d' Alba était La Source ; c'est
sous ce nom seulement qu'il est connu
comme membre de la Convention. Alba
avait étudié à Lausanne: le certificat de
sa consécration est du 18 juin 17^4. Le
synode provincial du Haut -Languedoc ,
le 5 mai 1785, lui assigna l'église de La
Caune dans laquelle il avait avant sa
consécration exercé le saint min.
- accès. Le même synode lui accorda,
3 mai 1787, de permuter avec Lanthois.
pasteur de Roquecourbe etRéalmont. Il
i comme secrétaire au synode pro-
vincial du Haut-Languedoc, tenu le
1" mai 1788.
Alba était pasteur à Angles, lorsque,
en 1791, le département du Tarn le choi-
sit pour son représentant à l'Assemblée
législative. Nous nous contenterons de
rapporter les faits, en nous abstenant de
toute réflexion; mais, pour apprécier
ave impartialité la conduite d'Alba dans
nos assemblées politiques, nous pensons
qu'on ne doit pas le séparer de son
. Il avait servi dans cette noble
milice du désert dévouée par le pouvoir
à tous les supplices, et la violence ap-
pelle la violence. Doué d'une mâle élo-
quence et d'une grande facilité d'impro-
visation, La Source entraîna plus d'une
fois les votes de l'assemblée. Réélu par
son département à la Convention na-
tionale, en 1792, il vota la mort du roi:
mais, lorsque les appelants au peuple
furent en butte aux dénonciations, il eut
le courage de prendre leur défense. Ln
instant, en avril 1793, il fut président de
79
ALBA — ALBENAS
80
la Convention. Une motion pour l'arres-
tation du duc d'Orléans, et une attaque
violente qu'il dirigea contre Robespierre,
au sujet de la pétition des sections de
Paris qui demandaient l'expulsion de la
Convention de vingt-deux députés, au
nombre desquels son nom se trouvait,
achevèrent de le perdre. Compris dans
la proscription du 2 juin 1793, plus
connue sous le nom du 31 mai, il fut
condamné par le tribunal révolution-
naire, le 30 octobre, avec les chefs de la
Gironde. Lorsqu'il entendit son arrêt de
mort, il prononça ces paroles prophéti-
ques d'un ancien : « Je meurs le jour où le
peuple a perdu la raison ; vous mourrez
le jour où il l'aura retrouvée. » Il fut
exécuté le lendemain avec ses collègues.
Il avait environ trente et un ans.
5. ALBA (Abel) et deux enfants, as-
sistés à Londres, 1702.
6. ALBA (Daniel d'), Dauphiné,1619
|II, 507]. — (Jeanne d'), ibid. — (Judith
d'), 1674 [VIII, 146 b].
7. ALBA (Josué d'), seig1- de Peyre-
cave, d'Anzens etc , marié avec Anne
de Madaillan dontil eut une fille, 8 mars
l'iîl (Reg. bapt. de Castres).
ALBALETRIER (Alexandre), du
Dauphiné, manufacturier en laine, réfu-
gié à Magdebourg, 1700. — Voy. Arba...
ALBANEL (Jean), ministre à Blois,
1612, 1620 [VI, 104 b, note ; X, 318].—
(Paul, fils de feu Paul) de Combovin en
Dauphiné, tondeur de draps, recule 23
janvier 1723 habitant de Genève où il
était réfugié depuis 39 ans, c'est-à-dire
depuis 1684.
ALBEAU (Lancelot d'), martyr, na-
tif de l'Anjou, pasteur à Tours en 1558
et à Valence en 1560. C'était un gentil-
homme d'ancienne race. Calvin l'avait
envoyé à cette dernière église pour aider
le pasteur Gilles de Saulas, excédé de
fatigue par suite de l'extension considé-
rable que la Réforme avait prise à Va-
lence et dans les environs. Arrêté par
Maugiron, que le duc de Guise, gouver-
neur du Dauphiné, avait envoyé à Va-
lence pour faire main basse sur les sa-
cramentaires, il fut condamné à mort
par une commission du parlement de
Grenoble, et décapité. Le conseiller
L'Aubepin obtint qu'd serait bâillonné,
de peur qu'il no haranguât le peuple.
« Ayant fidèlement presché l'Evangile,
dit une pièce du temps {Bull. VIII, 73),
il a scellé la doctrine de vérité par son
sang et par sa mort. » (Arnaud.)
ALBENAS, famille noble, originaire
de Nîmes, en possession de la seigneu-
rie de Gajan, au diocèse d'Uzès. depuis
1524. Elle s'est divisée en plusieurs
- branches. — [Haag I, 24-28 ; — (Jean
Poldo)I, 25 b; VIII, 161 b; - Margue-
rite) II, 403; III, 39; - (Louise IX,
147 a; — (Françoise) VI11, 279 b; —
Vov. encore : Ilî, 469 a; IV, 259 a: V,
88 a et 245 b; VIII, 214 b et 391 b.j =
Armes : De gueules à un demi-vol d'ar-
gent posé en bande, accompagné de trois
étoiles d'or, 2 et 1.
Jean Ier d'Albenas, seigneur de Ga-
jan, fils aîné de Louis d'Albenas, doc-
teur ès-lois, et de Marguerite de Bordes,
premier consul de Nîmes en 1516, et
lieutenant du sénéchal de cette ville en
1522, partagea ses biens entre ses deux
fils : l'aîné, Jacques Ier, eut sa terre de
Gajan, et le cadet, Jean II, hérita de sa
charge et de ses propriétés situées à
Nîmes. La branche aînée s'est perpétuée
jusqu'à nos jours, tandis que la branche
cadette s'est éteinte a.\ecLouise d'Albe-
nas, mariée à Henri de Porcelet, mar-
quis d'Ubaye, en 1640.
Nous ignorons à quelle époque cette
famille embrassa la Réforme. Un Jean
(fils de Jean) d'Albenas « de la cité de Nis-
mes » était réfugié à Genève avant 1557,
car il fut reçu habitant de cette ville le
18 janvier de cette année et bourgeois
le 25 juin. La première mention qui soit
faite de la famille dans l'histoire de Nî-
mes , comme protestante, concerne Jean
Poldo d'Albenas, qui contribua beau-
coup à l'introduction de la Réforme dans
cette ville, où il était né vers 151-2. Son
surnom de Poldo lui vint vraisemblable-
ment de son arrière-grand-père Poldo ou
Paul d'Albenas, docteur ès-lois, lieute-
nant du sénéchal en 1462, et servait à le
distinguer d'un autre Jean d'Albenas. sei-
gneur de Colias, lieutenant-clerc en I 55 1 .
puis, en 1566, lieutenant-général en la sé-
néchaussée de Beaucairc. Son père Jac-
ques, est sans doute le môme qui fonda
la branche collatérale dont les descen-
dants se réfugièrent en Suisse dans le
siècle dernier. Après avoir fait ses étu-
81
ALBEXA>
82
des en droit à la célèbre université de
Toulouse. Jean Poldo exerça les fonc-
tions d'avocat auprès du parlement de
cette ville. En 1551, il était un des douze
conseillers du roi au siège présidial de
Nîmes et Beaucaire , et il remplit cette
charge avec distinction jusqu'à sa mort,
arrivée vers l'an 1563. La noblesse de la
sénéchaussée de Beaucaire le députa, en
1560, aux Etats-Généraux du royaume
qui se tinrent à Orléans.
On doit à Jean Poldo d'Albenas une
traduction française des Pronostics de
Julien de Tolède ; une autre de l'Histoire
des Taborites d'.Eneas Sylvius, et fina-
lement un ouvrage d'antiquités très-re-
marquable, intitulé : Discours historial
de l'antique et illustre cité de Nismes,
en la Gaule Narbonoise . avec les por-
traitz des plus antiques et insignes bas-
iiments du dit lieu; Lvon , 1560, in-
fol.
Jacques d'Albenas, frère cadet de
Jean Ier, et premier consul de Nîmes
en 1524, avait épousé Jeanne Girard, et
fut père de Vital d'Albenas. dit Poldo
(probablement le même que Vidal d'Albe-
nas, premier consul de Nimes en 1562 ,
capitaine huguenot qui figure dans nus
malheureuses guerres civiles comme un
des lieutenants de l' intrépide baron
d'Acier. L'entreprise tentée par Coudé
pour s'emparer de la personne de Char-
les IX, venait d'échouer; il ne restait
plus aux protestants qu'à recourir au
sort des armes. La ville de Nimes, où
ils étaient en grand nombre, fut une des
premières qui répondit à l'appel du
prince. Dès les premiers jours d'octobre
N -tradamus, dans son His-
toire et Chronique de Provence, « on vid
fondre ces te grande tempeste sur M %•
mes. où furent cruellement passés par
les tils des épées, et inhumainement es-
gorgez un grand nombre de Catholiques
par ceux de ceste religion si sanglante
et dirlbrmée, les quels de rage forcenée
jettèrent un religieux Observantin de-
dans un horrible puits avec quelques
autres lions prestres, parce seulement
qu'il preschoit une plus saine, ancienne
et toute autre doctrine que la leur. »
Dom Vaissète complète ce récit, dans
son Histoire du Languedoc en disant :
«L'action barbare et odieuse des Pro-
testants de Xismes coûta la vie à beau-
coup de leurs coreligionnaires que les
Catholiques égorgèrentpar représailles. »
Mais ce ne fut pas tout : Le parlement
de Toulouse, ayant fait informer sur ce
massacre, rendit, le ^8 mars 1569, une
sentence par laquelle il condamna à mort
par contumace 10 i personnes de la ville
de Xismes. On distingue parmi les plus
notables : Guillaume Calvière, premier
président au présidial en 1557 : Denis
Briïeys, sieur de S. Chapte, lieutenant
criminel ; Robert Le Blanc, juge ordi-
naire, ancien syndic de la province :
plusieurs conseillers; Pierre Valette.
procureur du roi au sénéchal : Pierre
Robert, lieutenant du viguier: pra»ieurs
capitaines, dont Vital d'Albenas, auquel
nous rapportons cet épisode ; François
de Parée, sieur de Servas : René de Sa-
voye, sieur de Cipières ; Antoine Briieys,
sieur de Sauvignargues ; Honorât de
Montcalm, sieur de Saint-Véran : quatre
ministres entre lesquels Pierre d'Aire-
baudouze ; Nicolas Calvière. >ieur de
Saint-Cosme, docteur ès-lois, consul en
1559, et plus tard élu trois fois gouver-
neur de la ville; les deux fils du prési-
dent (Calvière; le sieur de Mandagout,
dit Galareues. et Thomas de Rochemore,
baron d'Aigremont. (Haag.)
I." capitaine Vidal d'Albenas , dit
Poldo . eut pour femme Jeannette Fa-
vier, et fut père de Céphas d'Albenas.
qui épousa Suzanne de Pavée, et fut ca-
pitaine et viguier de Nimes. Claude, fils
de Céphas, également capitaine et vi-
guier, prit pour femme Marguerite Ri-
card, dont il eut Claude qui suit.
Claude d'Albenas, conseiller du roi,
capitaine et viguier de Nimes. né en 1629
et mort le 6 oct. 1705, est ce d'Albenas
qui. en 170i. présida une députation des
nouveaux convertis de la ville de Nimes
au maréchal de Villars [I, 26]. Selon
toute apparence, c'est lui aussi qui ,
après avoir été destitué comme huguenot
en 1682 (Arch. Tr 322), avait apposé sa
signature en tète de l'acte d'abjuration
que souscrivirent, le 20 novembre
une foule de malheureux Nimois. Mais
la démarche faite en 1704, par les nou-
veaux convertis de Nimes mérite d'être
racontée dans tous ses détails. Elle té-
moigne, il faut l'avouer, du peu de sym-
83
ALBENAS
pathie que les Camisards rencontraient
parmi leurs coreligionnaires dans les
villes, soit à cause des actes terribles de
vengeance qu'on leur imputait, soit plu-
tôt parce que le gouvernement en pre-
nait occasion de peser davantage sur
les habitants paisibles. Lorsque le ma-
réchal de Villars vint remplacer, en 1 704 ,
le maréchal de Montrevel dans le com-
mandement de la province du Lan-
guedoc, les protestants de Nîmes, par
le conseil du baron à'Aigaillers, dres-
sèrent une requête pour lui demander
à marcher sous ses ordres contre les
rebelles, espérant les ramener par leur
exemple, ou résolus de les combattre
afin de témoigner de leur fidélité au gou-
vernement. Cette supplique, signée par
plusieurs gentilshommes et par presque
tous les avocats et marchands de la ville
de Nîmes, lut présentée, le 22 avril, par
d'Albenas à la tête de 7 à 800 personnes
de la religion. Mais les offres des nou-
veaux convertis ne lurent point agréées ;
le maréchal leur répondit qu'il espérait
ramener les rebelles par la seule dou-
ceur. Etcependant Briieys nous apprend,
dans son Histoire du Fanatisme, que le
jour même, « par le conseil de M. de
Basville, il fit l'aire des enlèvements de
plusieurs personnes suspectes , qui fu-
rent envoyées aux Isles de Sainte-Mar-
guerite. » A quelques jours de là seule-
ment, les principaux d'entre les réfor-
més de Nîmes se rendirent de nouveau
en corps auprès de Villars pour lui re-
nouveler l'offre de leurs services. Cette-
fois encore ce fut d'Albenas qui porta la
parole : « Les nouveaux convertis de la
ville deNismes, lui dit-il, viennent vous
réitérer les assurances de leur plus invio-
lable fidélité pour le service du Roi... Ils
vous ont supplié et vous supplient en-
core, Monseigneur, de vouloir vous ser-
vir de leurs personnes et de leurs biens
pour exterminer ces malheureux fanati-
ques qui ont eu la témérité de s'élever
contre l'autorité de Sa Majesté. Il fau-
drait avoir perdu tout sentiment de reli-
gion et d'humanité pour seconder une
troupe de scélérats qui joignent à leur
révolte L'impiété, les sacrilèges, les meur-
tres, les incendies et mille autres cruau-
tés dont les démons seuls peuvent être
capables.... Nous les avons en horreur;
et notre indignation est d'autant plus
grande, qu'ils rendent odieux le nom de
nouveau converti, et avec la haine pu-
blique attirent sur nous des maux qui
ne devraient tomber que sur eux et sur
leurs complices.... Nos biens, nos vies
nous sont moins chers que notre fidélité;
la croire suspecte est le plus grand de
tous nos malheurs. » En lisant une pa-
reille pièce , on oublie que les protes-
tants gémissaient sous la législation la
plus atroce, que les massacres et les
supplices se succédaient sans interrup-
tion dans les provinces du Midi ; ou plu-
tôt on se demande si ce n'est pas là le
cri de malheureux au désespoir qui s'at-
tachent à leur bourreau pour éviter le
coup mortel. « Sur l'invitation d'Aigail-
lers, dit M. Peyrat dans son Histoire des
Pasteurs du désert, toutes les villes
adressèrent au maréchal des harangues
à la d'Albenas. »
Claude d'Albenas avait épousé, le 30
octobre 1655, Jeanne de Guiraud, qui
montra une tout autre fermeté que lui.
Vers 1686, elle émigra du royaume, ac-
compagnée de sa fille Jeanne, alors âgée
de 21 ans, de Mme de Guiraud, sa mère,
et d'autres dames de sa famille, et réus-
sit à atteindre Genève ; deux de ses fils
parvinrent également à quitter la France.
De son mariage avec Claude d'Albenas
étaient issus sept enfants : 1° Céphas,
né le 22 déc. 1662, étudiant à Genève,
1682, et marié le 15 janv. 1705 à Cathe-
rine Bourelly de Roque -Servières. —
2° Jeanne, née en 1664. Elle mourutàGe-
nève le 31 janv. 1730, léguant à sa sœur,
mariée à Nîmes, une somme de trois mille
livres, à condition que celle-ci « sortit de
France et se retirât dans un autre pays.
pour suivre la sainte religion réformée. »
— 3° Henri, qui continua la descendance.
— 4° Antoine, né le 8 octobre 1672, ma-
rié à Jeanne de Langlade-Clarensac.
Selon l'Armoriai du Languedoc de la
Roque, cette dernière se nommait Ga-
hricl/e, et son mariage eut lieu le (.l mai
1700. — 5° Charles, né le 19 avril lliTi.
Emigré après la Révocation, il entra au
service d'Angleterre, où il parvint au
grade de lieutenant-colonel, et mourut
à Genève le 29 août 1 73 i 11 avait épouse
dans celle ville, le 2î juillet 1742, J«MWte-
Elisabeth de Ki(anl, de Montpellier,
85
ALBEXAS
ALBERT
86
dont il n'eut pas d'enfants; un pre-
mier mariage l'avait rendu père d'une
fille. Ci.ermonde, née à Genève en mars
L704L — 6° Anne-Jeanne, femme de
M. Vory, avocat du roi au présidial de
Nimes,mortele23 avril 1767. — 7° Fran-
çois , capitaine , mort en Irlande en
1609.
Né le "> mai 1668, Henri d'Albenas
quitta la France après la Révocation. de
même que son frère Charles, et entra
comme lui au service d'Angleterre. Après
après avoir été dans ce pays capitaine
de cavalerie, il vint terminer ses jours à
Genève, où il mourut le 28 janvier 1 7:ï<».
Sa femme, Suzanne Negret, qu'il avait
épousée dans cette ville le 15 décembre
1701, lui donna, outre deux enfants
morts jeunes, trois (ils et deux filles,
tous nés à Cenève : 1° Jeanne, née le
7 octobre 170i. mariée en premières no-
ces à Ferdinand-Henri-Darid de Saus-
sure, et en secondes à Jean-Louis de
('rniisaz, juge à Lausanne. — v)0 Char-
les, qui suit. — o" Jean-Antoine, né le
3 mai 1711, capitaine en Piémont, puis
établi dans le, paya île Vaud. Marié à
une demoiselle Plantain, il eut d'elle un
fils, Chaules-Antoine, né à Lausanne en
17i7.— 1° Henri, né le ? juin 17131
lieutenant en Piémont dans le régiment
de Portes. — 5° Slsa.nne, née le 22 août
1710 et morte en 17'.»1, femme de Ro-
dolphe de Crousaz , seigneur de M>-
zery.
Charles d'Albenas, né le 10 février
1709; embrassa comme ses frères la car-
rière des armes et servit eu Piémont, où
il devint lieutenant-colonel. Fixé dans
le pays de Yaud, il y épousa, en 17ir>,
Louise-Marie-Claudine Mauor, dame
de Sullens, dont il eut un lils, Cephas-
Luakles-Lolis-IIenri. Ce dernier, hé-
ritier par sa mère, de la seigneurie de
Sullens, naquit le 16 novembre 1747 ; il
fut capitaine au service de France et
mourut à Paris le 28 juin 1805, laissant
un fils, Jean-Baptiste- Aiiraham-Louis.
de son mariage avec Anne-Sophie île
Briasac, qu'il avait épousée en 1708.
Jean-Bapliste-Abrabam-Louis s'unit en
premières noces à une demoiselle Nor-
dinij, et efl secondes a une demoiselle
Rosset. et eut de cette dernière Au-
c,i>te -Lon.— Samuel, qui est mort à Lau-
sanne en mars 1870, laissant un fils et
une fille L
La branche aînée de la famille, bien
que restée en France, demeura, dit-on.
fidèle au protestantisme. Elle s'était éta-
blie à Sommières (Gard) en 1608. Jean-
Josepii d'Albenas, né le 10 mars 1701 à
Sommières, de François- Alexandrin
d'ALisENAS, seigneur de Cajan, et de
Charlotte-Philiberte de Montlaur, prit
part à la guerre de l'indépendance de
l'Amérique sous le général Lafayette. A
son retour en France, il remplit diver-
ses fonctions publiques. On lui doit
quelques écrits de peu d'importance; «or
les Maisons de jeu, 1814; sur Ylndern-
nifé. t s L s , et un Essai histnr. et poéti-
que de la gloire et des travaux de Xa-
poléon Ier, depuis le 18 brumaire an vin
jusqu'à la paix de Tilsitt; Paris.
ih-8*. Il mourut à Paris le 82 sept. 18?4.
Ses deux lils. Loris-Ei/in-.NE, né à Som-
mières en 1 7 s 7 , et Prosper, ont suivi
avec honneur la carrière des armes. Mis
à la retraite après le licenciement de
l'armée de la Loire, l'aîné consa< >
loisirs à la culture des lettres. On cite
avec éloge ses Ephi-mèrides militaires ou
Anniversaires de la valeur franraist -de-
puis [l'.)i jusqu'en HHS; Paris. 'lMS-2<).
12 vol. in-8°. Quoique cette publication
ait parti comme étant l'œuvre d'une so-
ciété de gens de lettres et de militaires,
le bibliographe Quérard prétend que le
lieutenant-colonel d'Albenas eu a été le
seul rédacteur.
ALBKRGK- Marie , v. 1 7011 [Y. "il fui].
— kaaaè) de Bé/.iers. marchand chape-
lier, réfugié a Genève, \< enne)
de Bé/.iers, id., 1890.
ALBERIC (J. . -alenen, 1305 [X,
my
ALBERON, v. lf.sr, [IV, 181 a].
ALBKRT le capitaine . i:,r,-> Vlll,
407 a]. — (David), ancien de Brutnçon,
député au synode de Charenton, 1044
'X. 30"2 . — Albert, ancien à S. -Félix,
1070 LYII. 293a]. — Plusieurs Albert du
Yal-de-Queyras et de Pont-en-Royans.
réfugiés a Genève; de lO'.iô à 1712. —
Pierre), galérien, en 1686 [II.
X, 408]. — (Louis), de Bretagne, id., en
1 Ces renseiguduentt mit la branche de Claude uvl-
beoas passée eu Suisse nous sont donné» par M. Th.
OUflHitt.
87
ALBERT — ALBIAG
88
1687 [X, 410]. — (Jacob), id., en 1689
[X, 412]. — (Mathieu), dit Peruset, 1686,
jeté à la voirie [X, 433].
ALBERT (Marguerite d'), dame de
Saint- André, 1588 fi, 192 a].
ALBERTAS (Aimare d'), baronne de
Sénas, 1573 [V, 255 a].
ALBERTI (La femme du « Rentier » ),
massacrée à Aix, avec son mari, 1562
[X, 469, 471];iCrespin, 678 c. — Au-
bertin Alberti « de Lospel au comté de
Nice, » réfugié à Genève et reçu habi-
tant vers 1602.
ALBERTON (Pierre, fils de Jean),
« de Valence en Dauphiné, faiseur de
boistes et estuis de monstres, reçu habi-
tant de Genève, 4 sept. 1697. » — Ja-
ques, fils de feu Pierre), né à Lyon,
h monteur de boetes,» id., 8 août 1764.
ALBI ou Alby (Anne-Dorothée d').
1665 [IV, 377 a].— (Jeanne), [VI, 243 b].
1. ALBIAG (Accasse d'), ou Dalbiac,
dit du Plessis, poète français du XVIe
siècle, né à Paris [Haag I, 28].
On ne sait presque rien de sa vie.
Dans un libelle catholique (Passèrent
parisien [par Antoine Gathalan], Lyon,
1556, in -12, on lui impute d'avoir
été moine à l'abbaye de S.-Denis. Ge
qu'on connaît le mieux en ce qui le con-
cerne, ce sont ses livres, dont la date
géographique annonce qu'il s'était réfu-
gié en Suisse :
I. Le Livre de Job traduit en poésie
françoise selon la vérité hébraïque, par
A. Du Plessis, parisien. Au roy d'An-
gleterre Eduard, sixième de ce nom.
1552, in-8° (de l'imp. de Jean Gérard, à
Genève). — Réimpr., 1553, pet. in-8°de
157 et 2 p.
II. Les Proverbes de Salomon, en-
semble l'Ecclesiaste, mis en cantiques
et rime Françoise, selon la vérité hébraï-
que, par A. D. du Plessis. Mis en mu-
sique par F. Gindron. Lausanne, Jean
Rivcry, 1556, pet. in-8° de 96 ft*. en tout,
avec deux dédicaces aux seigneurs de
Berne, l'une en prose, de F. Gindron,
l'autre en vers, de d'Albiac.
III. Divers cantiques esleus et extraits
entre les plus notables du vieil et nou-
veau Testament. Partie traduits selon
l'IIebrieu, et réduits quasi mot à mot :
partie réduits en métaphrases, pour es-
clarcir aucunnes phrases Hébraïques peu
convenables ou mal entendibles en
nostre langue vulgaire, sans toutesfois
esloigner le sens, comme verra le lec-
teur de bon jugement. Par Accasse Dal-
biac, dit du Plessis. (Genève) Jean
Grespin, 1558, in-8° de 110 et 2 p.
Avec une dédicace à Antoine de Bour-
bon, roi de Navarre, et une préface en
vers «à tous chrestiens. » — Ges canti-
ques sont au nombre de 34, dont deux
seulement tirés du Nouveau Testament,
les autres de l'Ancien. — Réimpr.
Lyon, Jean Cariot, 1560 (Divers canti-
ques extraits du vieil et nouveau testa-
ment et mis en rime françoise, par etc.
Ensemble les Cantiques de Mat. Gordier
et autres autheurs nommez en leur lieu),
pet. in- 12 de 188 et 3 p.
Il paraît que, peu de temps après cette
dernière publication, d'Albiac rentra en
France. Le célèbre édit de janvier 1563
venait d'être rendu, et un grand nombre
de réfugiés avaient été leurrés par l'es-
poir de retrouver dans leur patrie liberté
et protection. Notre poète se rendait à
Angers auprès de son frère, le ministre
Du Plessis, lorsqu'il fut surpris à Tours
par une échauffourée. La première
guerre de religion venait de commencer.
Les religionnaires de Tours d'abord
maîtres de la ville n'ayant aucun espoir
de secours, résolurent (juillet 1562), de
se jeter dans Poitiers. « Les uns se ren-
dirent et posèrent les armes; les autres
rompus et deffaicts se sauvèrent comme
ils peurent, et se retirèrent à Poitiers te-
nue par ceux de la Religion; quelques
autres furent entièrement desvalisez et
menez par troupes à Chastelleraut,
comme povres brebis à la boucherie.»
Au nombre de ces derniers était Jean de
Tournay , vieillard plus que septuagé-
naire, ancien moine augustin, et un des
douze ministres députés à la conférence
de Poissy. qui fut noyé de sang-froid.
Quant à ceux qui s'étaient rendus sur la
promesse d'avoir la vie sauve, le mar-
quis de Villars leur donna une escorte
de quelques chevaux avec un sauf-con-
duit pour les reconduire à Tours; mais
la plupart furent égorgés en chemin.
Deux à trois cents seulement parvinrent
jusqu'aux faubourgs delà ville. Aussitôt
on sonna le tocsin et les massacres
commencèrent. On traîna à la rivière
89
ALBIAC
90
jusqu'aux enfants, dit Crespin. «de
sorte qu'en moins de cinq ou six jours
les bords de la rivière baissant à An-
gers estoyent couverts de corps dont
les bestes mesmes s'espouvantoyent. »
Le ministre Michel Herbaut. ancien
prieur des Augustins, ayant été arrêté
près de Tours, fut amené devant Chavi-
cny qui lui commanda de se tenir prêt
à prêcher pour le lendemain. Herbaut
obéit; mais son sermon n'ayant pas été
goûté par les assistants, il fut jeté en
prison et deux jours après condamné à
être brûlé vif. Il est vrai de dire que
cette sentence fut adoucie ; on accorda
au malheureux ministre d'être pendu.
Le lendemain de son entrée dans la ville
le duc de Montpensier avait fait publier
à son de trompe : Que chacun après
tre confessé eût à faire ses Pâques et à
se trouver le lendemain à la procession
générale du S. -Sacrement, sous peine de
la vie. Beaucoup de religionnaires inti-
midés se mêlèrent à la procession ; mais
leur soumission, loin de leur l'aire trou-
ver grâce, ne servit qu'à les désigner
plus sûrement au fanatisme sanguinaire
de la populace. Un certain nombre d'en-
tre eux furent noyés, les autres jetés en
prison. Quant aux maisons de «eux qui
étaient absents ou qui avaient été mas-
sacrés, comme elles n'avaient point été
« tapissées » conformément à l'ordon-
nance du gouvernement, pour faire hon-
neur à la procession, les gens de la
justice leur tirent le procès et les con-
damnèrent à être saccagées, puis ven-
dues au plus oirrant, ce qui fut exécuté.
Quelques jours après, des moines dres-
sèrent une confession de foi, et il fut
également crié par la ville : Que quicon-
que refuserait de la signer ou approuver
par-devant bon témoin serait mis à
mort. Quelques femmes, entre autres,
demeurèrent constantes en leur foi. De
ce nombre fut la femme du poète qui fait
le sujet de cette notice. Il est probable
que lui-même avait péri, car il n'en est
plus fait mention dans l'histoire depuis
cette époque. « Une honnorable damoi-
selle, raconte Crespin, de la maison Du
TU en Flandres, femme d'un honnorable
personnage nommé Acace d'Albiac de
Paris, frère de Du Plessis, ministre
d'Angers, estant partie de Lausanne en
Suisse avec son mari, et surprise par les
troubles à Tours, après avoir constam-
ment refusé de soussigner cette confes-
sion, fut traînée avec infinis outrages
jusqu'à la rivière, ayant receu en che-
min un grand coup d'espée sur le vi-
sage, et finalement avec son hostesse,
femme d'un nommé Du Mortier, et une
honorable vefve nommée La Chapesière,
jettée en l'eau si basse que n'y pouvant
estre noyée avecques ses compagnes,
elles y furent assommées à urands
coups d'avirons jusques à leur faire sor-
tir la cervelle à la veuè d'un chacun. »
La ville de Tours ne fut pas le seul
théâtre de ces scènes d'horreur, toute
la province fut couverte de meurtres.
C'est alors que périrent le ministre
de S.-Christophe nommé Longer il le,
homme intègre et fort âgé; le ministre
de Ligueil, Provençal de nation, «plein
de grande pitié et de fort paisible es-
prit, " auquel on creva les yeux et qu'on
jeta encore vivant sur un tas de bois où
il fut brûlé; le nommé Ferrand, autre-
ment dit le seigneur Dusson, qui de re-
tour de Lausanne depuis quelques an-
nées, avait été envoyé a l'Isle-Bouchard
pour y répandre les doctrines de la Ré-
forme. Il avait été appréhendé avec le
seigneur des Perrouses ; et ils étaient
conduits tous deux par-devant le gou-
verneur de la province, qui faisait sa ré-
sidence ordinaire à Champigny, lorsque
le tocsin du château appelant les tueurs
au dehors, ils furent massacrés par la
commune et jetés dans une mape.
2. L'Anjou ne fut pas moins éprouvé
que laTouraine. Le frère de notre poète,
Charles i/Albuc, sieur Du Plessis, pas-
teur à Angers, fut une des premières
victimes. [Haag l, 30 a; — II, 419 a];
Bull. II,
Charles d'Albiac parait avoir joui
d'une grande réputation d'éloquence.
« L'Eglise de Blois, dit Béze, en ayant
entendu parler comme ayant le langage
plus friant que d'autres, le demanda à
celle de Tours [au service de laquelle il
était d'abord attaché a\ecJacq. Rouille.
juill. 1558], qui consentit à le lui prêter
pour trois mois. » A l'époque de l'as-
semblée des états provinciaux de l'An-
jou pour l'élection des députés aux Etats
Généraux (15ÔU), Du Plessis. de retour
91
ALBIAC
92
à Angers, et un avocat du roi, nommé
François Grimaudet, déployèrent tant
d'activité et de zèle que les religionnai-
res l'emportèrent, en faisant élire les
sieurs de La Barbée et de Vallier-Bre-
say. Mais ces élections lurent cassées
par le duc de Montpensier.
A Angers, les choses se passèrent à
peu près comme à Tours. Les protes-
tants s'y maintinrent les maîtres jus-
qu'au 5 mai (1562). Mais à cette époque,
Puygaillard, avec l'assistance des habi-
tants catholiques, s'en empara « en
moins de rien. » Le duc de Montpensier
et Ghavigny l'y suivirent. Pressé par le
danger, le ministre Du Plessis voulut
fuir par-dessus les murailles de la ville :
mais il fut reconnu et égorgé. Les juges
sommés d'expédier en toute diligence
le procès des malheureux protestants
dont on avait comblé les prisons, se mi-
rent aussitôt à l'œuvre.
On nous a conservé les noms de quel-
ques-unes des victimes de ces assassi-
nats juridiques. Mathurin Bouju, rece-
veur des tailles, avait été incarcéré un
des premiers. Il va sans dire qu'avant
toute autre formalité, son domicile avait
été saccagé , et sa caisse déclarée de
bonne prise par le gouverneur. Le sieur
de Beauregard, diacre de l'Eglise, avait
même été tué dans sa maison en résis-
tant aux assaillants. Son procès donc
étant commencé, et Bouju ayant récusé
le président, Ghavigny, lieutenant du
duc de Montpensier, le somma de con-
venir d'un autre juge, d'autant, ajouta-
t— il, qu'il avait beau choisir, qu'il n'en
mourrait pas moins. Bouju désigna le
conseiller François de Pincé, sieur de
La Boue, « qui lui avoit esté de tout
temps ami famillier ; » mais comme Pincé
déclinait ce dangereux devoir, Ghavigny
le menaça, s'il ne s'exécutait au plus
vite, de le faire pendre lui-même aux
créneaux de sa maison. Pincé eut alors
la faiblesse de condamner son ami, qui
fut mis à mort avec un de ses fidèles
serviteurs, nommé Robert Crozille.
Jean de Nodreux, sieur du Gormier, eut
la tête tranchée ; outre le crime d'héré-
sie dont il était coupable, il y avait pour
sa condamnation un motif plus puissant
encore : sa fortune était très-considéra-
ble, et elle échut au moine Birhelieu.
Pierre Gohin, sieur de Malabry, garde
de la Monnoye, et un des anciens de
l'église, eut le même sort; ce notable
commerçant était en telle estime dans
le pays, que le grand doyen de Saint-
Maurice lui avait donné refuge dans sa
maison contre les poursuites de ses as-
sassins ; c'est chez ce vénérable ecclé-
siastique qu'il fut trouvé et arrêté. Fran-
çois Melct, sieur de Pincé, et Jacques
Eveillart, sieur de La Ganerie, tous
deux avocats, furent également exécu-
tés; seulement ce dernier, en sa qualité
d'ancien et de surveillant de l'église, re-
çut de plus la question extraordinaire.
Quant à leur confrère, Guillaume Per-
raui , il ne racheta sa vie qu'en accor-
dant à un valet la main de sa fille uni-
que. Les mêmes meurtres se renouvelè-
rent dans toute la province : à Gran. où
le baron du lieu, le sire de La ïrémoille,
permit à Puygaillard de transporter le
théâtre de ses cruautés; à Baugé, où
l'un des ministres, Jean Le Bailli, fut
tué; en un mot, tout le pays fut inondé
de sang, et les exécutions y continuè-
rent, même après la publication de la
paix d'Amboise, en 1569.
B; ALBIAC(d'). Ministre dans leViva-
rais, 1620 [VI, 408 a]; — (Simon,, min.
à Sr-Vincent de Vivarais, 1671. à Vallon,
1669, 1671, à Marcols etc. 1669-73 [VI.
33 6, 34 a; VIII, 306 6; IX, 376 a]. Un
Simon d'Albiac était pasteur à Aarden-
bourg en Hollande, 1693-1703. — Pierre
Albiac fut admis au saint ministère en
1681 et donné pour pasteur à Montclus.
4. Albiac (Paul), de Revel, abjure. 1 685
[IX. 341 a].
5. ALBIAC ou Dalbiac (Charles, fils de
Henri d'), de Nîmes. « fabricant dé bas
de soie, » reçu habitant de Genève le
16 mars 1722.
Les Dalbiac ou d'Albiac de Nîmes ont
prospéré en Angleterre. On lit dans
Agnew (II, 304.) : « Cette famille fut
presque exterminée à l'époque de la Ré-
vocation. Le père, la mère, quatre Bis et
trois filles périrent; un cinquième liis
abjura et garda le patrimoine : un sixième
put envoyer ses deux fils en Angleterre
en les cachant dans des paniers. Ces
deu\ enfants furent les auteurs des deux
branches anglaises de la famille : l'une
à laquelle appartiennent deux Simon
93
ALBIAC
ALBRET
94
Dalbiac qui furent directeurs de l'hos-
pice des Français réfugiés l"un en 1755
l'autre en 1758; l'autre branche eut pour
chef Jacques Dalbiac, marié en 1720 à
M"e Delaporte et mort en 1 749. Charles.
second lils de Jacques ,1721)- 1808), épousa
1° une D"e DrvLsme; 2° Dlle Le Bas : de
ce dernier mariage il eut une fille. Hen-
riette, qui devint lady Piteairn, et deux
iils, dont le second. Georges Dalbiac. fut
père du lieut.-général sir James Charles
Dalbiac mort en 1.817. La fille unique
de ce dernier, Stephana, a épousé en
1836 le sixième lord duc de Roxburghe. »
ALB1É(Jean h'}. 1057 (et J. -Jacques .
1685 VI. 136 b].
ALBIGES (Madeleine), 1668 \ .
232 1.].
AEHIGÈS J.). de Réalmont. salé-
rien, 1754, libéré en 1702 [\l. 548 b;
X. 405. L28],
Ai.niGNAC, vov. Bedos.
ALBIGNY (n . 1577 [III. 432 a].
ALBIN DE VALZERGUES (Anne,
lille de Louis d'), 1597 [V11I, 284 a].
ALBON (Charles-René d'), de Mon-
tauban en Dauphiné. réfugié en Prusse
en 1080 (Erman IX. 3. — Un autre
d'Albon. réfugié en Angleterre à la Ré-
vocation, y fut lieutenant-colonel du ré"
giment de Sibourg et signa en cette qua-
lité la capitulation d'Alicante en 1708
Agnew, Protest. Exiles .
1. ALBOUY ou Alblys François, fils
de Pierre), « paulmier, » reçu habitant
de Genève le 24 août 1551 etboui^
le 2 mai 1555. Sa descendance y a sub-
sisté jusqu'au XVIIe siècle.
2. ALBOUY le capitaine Constant
dit,, 1022 [IV, 20 a. désigné par erreur
à cet endroit comme père du suivant].
3. ALBOl'Y (IsaacJ, ou Alboy [IV,
356 a; VII. 399 aj comme on écrivait à
Montauban, était né dans cette ville, le
1er mai 1022, de <■<■ feu Me Isaac Alboy
advocat et de dlle Anne de Lalause. ma-
riez. » Il était étudiant en théologie à
l'académie de Montauban en 1044, et pas-
teur à Claye en 1049. à M eaux en 1055 et
à Guisne en 1001. (Mich. Nicolas.)
A Guisne, Isaac Albouy fut empri-
sonné à la citadelle pour ses prédications
dénoncées comme séditieuses parle curé
du lieu. On l'accusait d'avoir invité les
tidèles de son église à prier pour les
Hollandais opprimés et pour leurs frères
de Fiance dont on démolissait les égli-
ses, afin que Dieu touchât le cœur du
roi, leur promettant que s'ils se repen-
taient de leurs péchés , Dieu leur susci-
terait des libérateurs, des Jéroboams,
des Jephtés. des Mardochées. des K--
thers, pour externtinpr et détruire ceux
qui leur voulaient du mal. Albouy fut
mis en état d'arrestation. Pour se justi-
fier il adressa au roi une supplique avec
la copie de ses discours, démontrant ainsi
qu'ils n'avaient rien de répréhensible.On
a conservé ces diverses pièces et voici
textuellement ce qu'on lit dans le ser-
mon : « 11 touchera le cœur de ce grand
et auguste monarque soubz qui nous
vivons, comme il fit celuy de Cyrus,
d'Artaxerxes et de Darius: il nous susci-
tera auprès luy quelque Néhémie, quel-
que Mardochée ou quelque Esther pour
travailler au rétablissement de l'église. »
Il y a loin de là à des menaces de destruc-
tion et de révolte. Mais le curé pensait
sans doute que la fin justifie les moyens.
Nous ne connaissons pas d'ailleurs le
résultat du procès Arch. yen. Tt).
I . ALBRET (maison d'). Elle tirait son
origine d'Amanieu. sire d'Albret, mort
en 1060, et s'éteignit, dans la ligne mas-
culine, en la personne du marquis d'Al-
bret, mort en 1078. Le vicomte d'Albret.
anciennement Lebret (Leporetanus pa-
ville principale Xérac, érigé en du-
ché par le roi Henri 11 (29 avril 1550),
fut réuni à la couronne de France au
mois de juillet 1607. — En 1484, la mai-
son d'Albret acquit le royaume de Na-
varre par le mariage de Jean d'Albret
avec Catherine de Foix, héritière de cette
couronne ; mariage qui fut célébré en
1491. La Navarre française ou Basse-
Navarre avait 8 lieues de long sur 5 de
large, avec Saint- Jean-Pied-de-Port pour
capitale ; la partie espagnole du royaume
ou Haute-Navarre, située sur l'autre ver-
sant des Pyrénées, avait 30 lieues de long
sur 24 de large, capitale Pampelune. En
1512. Jean d'Albret fut dépouillé, comme
allié de Louis XII et excommunié par le
pape, de toute la partie espagnole de ses
Etats que Ferdinand le Catholique, roi
d'Aragon, envahit, et jamais la maison
d'Albret, ni par les négociations, ni par
la ruse , ni par la force , ne put en re-
95
ALBRET
96
prendre possession. — La principauté de
Béarn, qui relevait en partie de la Na-
varre, en partie de la France (26 lieues
de long, 22 de large; capit. Pau), fut
réunie à la couronne de France avec la
Basse-Navarre en 1620.
2. ALBRET (Jeanne d'), et sa maison
[Haag I, 31-59. — I, 144, 253, 260; II,
131, 165, 168, 429, 435, 437, 454,463, 474,
515 ; 111, 2, etc. etc. — (Jean et Honorée
d'), III, 47; — (Isabelle d') 1, 229; —
(Louis d) III, 374 a; — (Hercule d')
V, 279 b).
Armes : Albret primitif, de gueules
pur et sans pièce. Au XVIe siècle, écar-
telé de France et de gueules ; puis coupé
de 8 pièces, 4 en chef et 4 en pointe. Au
1 du chef de Navarre, au 2 de Bourbon,
au 3 écartelé de France et d' Albret, au
4 d'Aragon; au 5 ou 1 de la pointe écar-
telé (au 1 et 4 de Foix, au 2 et 3 de
Béarn), au 6 écartelé d'Armagnac et de
Rhodez, au 7 d'Evreux, au 8 écartelé de
Castille et de Léon ; brochant sur le tout,
de Bigorre (Le P. Anselme). — Ce bla-
son est un peu différent sur la monnaie
de Jeanne d' Albret, mais non moins
compliqué.
3. Jeanne d' Albret naquit le 7 janvier
1528 de Henri II, duc d' Albret, roi de
Navarre, prince de Béarn, et de Mar-
guerite d'Orléans-Angoulême, sœur du
roi François Ier. Elle était l'aînée de
quatre enfants, dont deux filles mortes
en naissant et un fils, Jean, qui ne vé-
cut que deux mois. Une si grande héritière
unique ne pouvait être élevée loin des
yeux du roi de France : avant l'âge de
trois ans, elle fut amenée au Plessis-lez-
Tours, où elle passa son enfance, confiée
à des femmes d'une vertu éprouvée et à
un sage gouverneur, Nicolas Bourbon.
Ces soins ne furent pas perdus : dès l'âge
le plus tendre, Jeanne fit paraître une
âme élevée, une raison forte, une sensi-
bilité profonde. Favoriséepar d'heureuses
dispositions et par une excellente mé-
moire, elle répondit à l'attente des maî-
tres habiles que sa mère lui avait don-
nés; elle savait le français, le béarnais,
l'espagnol ; elle apprit le latin et le grec ;
sa plume annonce un esprit exercé ; elle
se plaisait aussi, imitant sa vertueuse et
savante mère, à « composer en rime fran-
çoise. » On a d'elle quatre sonnets inter-
calés dans un petit poème de Joachim du
Bellay, intitulé : « Sonnets à la Royne
de Navarre aux quels cette Royne fait
elle mesme response. » Prosper Mar-
chand rapporte aussi, à la suite de son
Dictionnaire, des vers de cette princesse,
et il s'en trouve quelques-uns dans les
manuscrits de laBiblioth. nationale (Bé-
thune 8527, 8703).
A peine Jeanne d' Albret fut- elle âgée
de douze ans que sa personne commença
d'entrer dans les combinaisons politi-
ques et d'y compter à son insu. Fran-
çois Ier, malgré elle et malgré ses pa-
rents, la maria le 15 juillet 1540 avec
Guillaume, duc de Clèves, dont il s'as-
surait ainsi l'alliance contre l'empereur
Charles-Quint. Mais, aussitôt après les
noces, pompeusement célébrées à Châ-
tellerault, l'épousée, vu sa grande jeu-
nesse, fut emmenée par ses parents en
Béarn pendant que le mari retournait
dans son duché. Pourtant, au bout de trois
ans, il fallut exécuter les engagements
solennellement pris, et Jeanne reçut
l'ordre de partir pour aller joindre son
époux. Elle dut se soumettre, malgré sa
répugnance, lorsqu'au moment d'attein-
dre le terme de son voyage, elle apprit,
comblée de joie, que son mariage était
rompu. La politique venait de défaire ce
que la politique seule avait fait. Guil-
laume de Clèves, battu par Charles-
Quint, avait abandonné François Ier, et
le mariage n'ayant pas été consommé,
ce ne fut qu'une affaire de chancellerie
papale de le faire déclarer nul. Antoine
de Bourbon, duc de Vendôme, né en
1518, qui dans l'esprit de François Ier
avait déjà balancé la préférence donnée
au duc de Clèves, l'emporta cette fois
sur d'autres compétiteurs, sur le prince
de Joinville, que poussait la maison de
Lorraine, et sur Philippe d'Espagne, fils
de Charles-Quint, vers lequel les inté-
rêts de la couronne de Navarre faisaient
incliner ses parents. L'autorité du roi
(c'était alors Henri II) décida dans l'in-
térêt de la France, et le mariage, où
cette fois la politique et les cœurs étaient
d'accord, fut célébré à Moulins le 20 oct.
1548. Jeanne perdit sa mère l'année sui-
vante. Elle donna le jour (21 sept. 153 1 .
à un fils, le duc de Beaumont, qui mou-
rut dans sa deuxième année, puis à un
97
ALBRET
98
autre fils qui ne vécut pas non plus, en-
fin (le 13 décembre 1553 à celui qui de-
vait être Henri IV. Le 25 mai 1555,
elle entra, par la mort de son père, en
possession de tous ses Etats et do-
maines.
Dès le règne de Marguerite, mère de
Jeanne, la Réforme s'était introduite peu
à peu dans ce petit pays. C'est sous les
auspices de cette princesse que la Bible
avait été traduite par Lefêvre d'Etaples,
et les psaumes de David mis en vers par
Clément Marot ,« ces deux livres étaient
devenus comme des livres de famille. »
Indépendamment de tout motif politique,
l'éducation libérale que Jeanne avait re-
çue, et l'exemple de sa mère devaient la
rendre très-favorable aux idées nouvelles.
Elle eut. aussi bien que son mari, dit Olha-
garay (Hist. des comtes de Foix, etc.),
beaucoup d'indulgence pour la religion
réformée ; et il y a beaucoup d'apparence
qu'ils n'eussent guère tardé à la profes-
ser publiquement, si les menaces du roi
de France, et celles que le cardinal d'Ar-
magnac leur faisoit de l'indignation du
pape, ne les eussent tenus en bride. »
Mais, dès l'année 1555, « la prédication
fut ottroiée, au rapport de Bèze, en la
grande sale du chasteau [de Nérac] par
le roy et la reyne de Navarre, commen-
. ans à gouster aucunement la vérité, qui
print dès lors telle racine en toute ceste
contrée-là combien qu'il ne fust encores
mention d'aucun ministre ordinaire) que
jamais depuis elle n'en a peu estre arra-
chée. »
Chaque jour, Jeanne donnaitdans l'ad-
ministration de son royaume des preuves
de sagesse et d'habileté, qui contrastaient
avec l'incapacité notoire de son mari. C'est
ainsi qu'elle sut détourner des Etats de
sa domination le fléau de l'Inquisition,
à l'époque où tout le reste de la France
était couvert de bûchers. A la suite de
ledit de Blois. appelé la loi des suspects,
le cardinal Georges d'Armagnac avait
reçu la mission de purger les provinces
du Midi du poison de l'hérésie. Or, le
Béarn et la Basse-Xavarre lui offraient
un trop beau champ à remuer pour qu'il
négligeât d'y appliquer le remède souve-
rain dont use en pareil cas un grand in-
quisiteur. Il y vint donc; mais, au lieu
d une faible femme que la menace sub-
jugue, il trouva une reine jalouse de ses
droits et capable de les faire respecter. Le
ministre Boisnormand , autrement dit Le
Guay ou La Pierre, Normand d'origine,
et La Gaucherie, précepteur du jeune
prince de Navarre, ayant été excommu-
niés, eux etleurs adhérents, par le prélat,
la reine n'en tint aucun compte ; le mi-
nistre Henri Barran ayant été arrêté et
jeté en prison par ordre du cardinal, la
reine le fit remettre en liberté. Elle ré-
sista de même aux exigences du gouver-
nement français qui lui avait demandé
l'extradition des ministres Pierre David,
Arnaud-Guillaume Barbaste. François
Boisnormand, Théodore de Bèze, et plu-
sieurs autres retirés dans ses domaines,
pour les livrer à ses tribunaux et les
faire condamner comme hérétiques. Elle
se contenta de les éloigner de sa cour de
Nérac.
Survint la conjuration d'Amboise et
son déplorable résultat. Malgré les pres-
santes sollicitations de Jeanne, le prince
de Condé, retiré dans la Navarre, s'était
rendu aux ordres qui le rappelaient à la
cour ; Antoine avait accompagné son
frère. Après leur départ de Nérac, la
reine de Navarre se retira dans le Béarn.
Elle ne tarda pas à y apprendre l'arres-
tation du prince et les périls que courait
son mari. L'ordre même avait été donné
d'envahir ses propres Etats et de l'arrê-
ter avec ses enfants. Une armée espa-
gnole était déjà en marche. Pressée par
le danger, la reine se multiplie; elle-
même voit tout, pourvoit à tout; elle
garnit ses frontières de ses meilleures
troupes, approvisionne ses places, et,
après avoir pris toutes ses dispositions
pour conjurer une agression armée, elle
se renferme avec ses enfants dans la
place de Navarreins.
La mort de François II (5 déc. 1560)
changea subitement la face des choses.
Antoine de Bourbon, nommé lieutenant
général du royaume, appela Jeanne au-
près de lui avec ses enfants. L'habile
reine mère joignit ses instances aux
siennes ; elle lui écrivit qu'elle désirait
ardemment de la voir à la cour, elle et
ses enfants qu'elle appelait siens, et que,
pour resserrer de plus en plus l'amitié
qui l'unissait à elle, elle lui proposait, de
concert avec Antoine, de marier son se-
99
ALBRET
100
cond fils, le duc d'Anjou, avec sa tille
Catherine d'Albret.
La reine Jeanne partit donc avec ses
enfants. Parmi les personnes de sa suite
était le ministre Jean de La Tour, qui
avait été désigné pour prendre part au
fameux colloque de Poissy. Mais le ciel
ne tarda pas à s'assombrir. Les habiles
menées de l'ambassadeur d'Espagne et
du légat, secondées par les Guises et la
reine mère, avaient réussi à détacher
Antoine du parti de la Réforme, et à l'é-
loigner de la reine, sa femme, qu'on lui
persuada même de répudier.
Jeanne, le cœur brisé, quitta la cour
vers la mi-juillet ; elle dut se séparer de
son fils, qu'elle laissa à Paris avec le
précepteur.LaGawc/iene.Une suite nom-
breuse de gentilshommes protestants et
catholiques s'étaientjoints spontanément
à elle. Montluc, qui commandait dans
les environs deNérac, avait reçu, ditron,
l'ordre de l'arrêter au passage. Instruite
à temps de cette perfidie de son mari,
Jeanne en donna avis à ses sujets du
Béarn, « qui soubs la conduite du sieur
d'Audaux, l' allèrent accueillir au rivage
de la rivière de Garonne. » Montluc,
dont les forces étaient trop inférieures,
n'osa rien entreprendre.
L'arrivée de la reine servit beaucoup
ceux de la religion qui, poursuivis par
toute la France, se retiraient en Béarn
comme en un asile. Les menaces de
Montluc la forçaient bien de leur faire
commandement de vider le pays, mais
secrètement elle leur faisait dire le con-
traire. Le roi, son mari, en ayant été
averti, dépêcha JeanLescripvain, son se-
crétaire, avec mission de faire chasser
tous ces étrangers par le parlement de
Béarn et d'interdire tout exercice de la
religion réformée dans le pays, et il avait
ordre de ne rien communiquer de sa
charge à la reine. Mais Jeanne sut tout,
et le secrétaire n'eut pas plutôt mis le
pied en Béarn qu'elle le ht constituer
prisonnier avec ses lettres, instructions
et commissions. Elle fit enfin un éclat
public. « L'an 1501, à la cène de Noël,
elle abjura à Pau la religion romaine et
rei 'fust la réformée, et après avoir fait
confession de sa foy, communiqua au
sacrement de la sainte cène suivant la
forme de ladite religion. » (Bordenave.)
La sourde lutte entre le mari et la femme
cessa l'année suivante par la mort d'An-
toine, frappé d'un coup de feu au siège de
Rouen (19 nov. 1562). Dès lors, Jeanne
donna libre cours à ses desseins. « Elle
deffendit absolument partout, dit Olha-
garay, l'exercice de la religion romaine,
fit abbattre les images et les autels, et
envoya à Genève pour avoir le sieur du
Merlin [Raymond Merlin]; et peu de
temps après à grands frais, elle rappela
une vingtaine de ministres béarnois pour
prescher en la langue du pays, et quel-
ques basques pour instruire sa Basse-Na-
varre, et surtout deffendit toutes proces-
sions publiques. » Un synode s'assembla
à Pau (sept. 1563) et dressa un corps de
discipline ecclésiastique (que l'on a en-
core, aux Archives des Basses -Pyré-
nées). Les monastères, pour la plupart
abandonnés, furent transformés en éco-
les ; les églises en temples protestants ou
consacrées aux deux cultes ; les biens ec-
clésiastiques réunis aux domaines de la
couronne. Jeanne appliqua une partie de
ces revenus au soulagement des pauvres,
à l'entretien des ministres et à la prospé-
rité de son collège d'Orthez. Cet établis-
sement de haute instruction avait d'abord
été fondé à Lescar; Jeanne le transféra
àOrthez, et y appela des professeurs dis-
tingués. Après sa mort, Henri de Na-
varre ne fit sans doute qu'observer ce
qu'elle avait institué elle-même, en en-
tretenant constamment dans cette « uni-
versité bien pourveuë de gens doctes, »
dit Du Plessis-Mornay, « cinquante esco-
liers en théologie, chascun l'espace de dix
ans, pour servir au ministère de l'Evan-
gile. »
La reine créa aussi un conseil ecclé-
siastique pour administrer les biens pro-
venant de la dépouille des églises. Ce
conseil ne pouvait rien décider que par
l'ordre immédiat de la cour souveraine
et de la reine. Tout était si bien prévu,
les pouvoirs si bien distribués, que les
pauvres, les écoles, les hôpitaux, les mi-
nistres, l'entretien du culte, furent abon-
damment pourvus, et que la mendicité
même, cette plaie sociale, n'exista plus
dans le royaume de Navarre. Gest alors
que Jeanne conçut le projet de faire tra-
duire en langue basque le Nouveau Tes-
tament, ainsi que le catéchisme et la li-
lui
ÂLBRET
IU2
turgie de Genève. Cette traduction, due
à Jean de Liçarrague. parut à La Ro-
chelle, en 1571. Vers la même époque,
elle publia son Code de procédure, sous
le titre de Stil de la reine Jehanne. Elle
avait mis six ans à le perfectionner. On
le cite comme un chef-d'œuvre de sa-
gesse et de raison, et un des plus beaux
monuments de sa gloire. Les Etats du
Béarn et ceux de la Navarre l'accueilli-
rent avec reconnaissance.
Cependant le saint-siége avait résolu
de frapper un grand coup. Le pape Pie I V ,
à la sollicitation du roi d'Espagne, donna
l'ordre à ses inquisiteurs, par une bulle
du 7 avril 1563, d'excommunier tous les
hérétiques ou suspects d'hérésie, sans
considération de rang ou de titres. Jeanne
était trop coupable aux yeux du souve-
rain pontife pour que sa couronne fût
respectée. Mais, avant d'en venir aux ex-
trémités, Pie IV voulut au moins donner
à ses actes une apparence de modération.
11 chargea le cardinal Georges d'Arma-
gnac, archevêque et léuat d'Avignon, de
tenter un dernier effort pour ramener la
brebis égarée dans le giron de 1 Eglise.
Le cardinal lui adressa donc une longue
lettre: mais tout ce qu'il put obtenir, ce
fut un refus énergique.
La bulle de Rome ne se fit pas atten-
dre. Le -28 septembre 1963, Pie IV cita
la reine à comparaître devant le tribunal
de l'Inquisition dans le délai de six mois,
« déclarant que si elle ne comparoissoit,
ses terres et seigneuries seroient pros-
crites et que sa personne auroit encouru
toutes les peines portées contre les hé-
rétiques. » Cette démonstration allait trop
loin et dépassait le but. En visant la vas-
sale du roi de France elle atteignait le roi
•lui-même. Charles IX ne cacha pas qu'il
ressentait vivement l'offense, et le saint-
siége dut révoquer sa bulle.
Cependant la faveur ouverte que Jeanne
donnait à la réforme religieuse dans ses
Etats y causait des soulèvements qui
prenaient de jour en jour un caractère
plus alarmant. Pamiers avait été le théâ-
tre de scènes sanglantes. La fermenta-
tion des esprits était extrême. Le comté
de Foix, le Béarn, la Basse-Navarre,
furent successivement troublés. Si, d'un
côté, les catholiques étaient incessam-
ment travaillés par des agents de sédi-
tion : de l'autre, les protestants étaient
peu portés à la tolérance; à leurs yeux,
la liberté des cultes que Jeanne, dans sa
saaesse, s'efforçait de fonder, était un
outrage à la Divinité, ou tout au moins
une utopie. La reine seule devançait son
siècle. Elle courut alors de grands dan-
gers. Un complot, dans lequel étaient
entrés les chapitres de Lescar et d'Olé-
ron, avait été tramé pour l'enlever avec
ses enfants, s'emparer des principales
places du Béarn, et tomber sur les pro-
testants au moment où ils célébreraient
la Cène. Heureusement qu'un des chefs
des conjurés, le baron de Moneins, le
trahit à la veille de l'exécution. La fer-
meté de Jeanne, sa prudence et sa mo-
dération finirent par rétablir le calme
dans son royaume.
En France, la guerre civile inaugurée
en 1562 (1er mars) par le massacre de
Vussy, ne s'apaisait que par intervalles.
Charles IX, désirant sans doute enlever
au parti des réformés l'appui de la reine
de Navarre, la pressait vivement de se
rendre à la cour de France, ou d'y en-
voyer au moins son fils ; c'était, selon lui,
le seul moyen de fonder solidement la
paix et de prévenir une guerre qui pou-
vait entraîner la ruine de la France.
!a reine, qu'un motif généreux eût
pu déterminer, était trop clairvoyante
pour ne pas démêler les véritables in-
tentions du monarque: elle résista donc
à toutes ses instances. Cependant, pour
répondre à la confiance qu'il paraissait
lui témoigner, elle dressa les principales
bases d'un traité de paix, qu'elle chargea
de La Vaupillière, un de ses premiers
gentilshommes, de lui porter (7 juillet
1568). Charles IX répondit à chacun des
articles, louant la sagesse qui les avait
dictés, et protesta de son ardent désir
que fédit de paix fût pleinement exé-
cuté, sans acception de personnes. On
doit croire que les intentions du jeune
monarque étaient loyales et sincères;
mais après la disgrâce du chancelier de
L'Hospital, qui suivit de près, les choses
changèrent subitement d'aspect. La
guerre fut déclarée. « Médicis et le duc
d "Anjou, aussi bien que la maison de
Lorraine, dit Le Laboureur, rendirent la
cause des protestants juste, en mettant
la reine de Navarre, Condé et tout le
103
ALBRET
4 (M
parti dans la pressante nécessité de dé-
fendre leur vie : la paix indignement
violée, légitima la défense. »
Le maréchal de Montluc, qui parta-
geait avec Burie le gouvernement de la
Guyenne, avait reçu l'ordre de surveiller
les démarches de la reine de Navarre. 11
lui écrivit même qu'au premier mouve-
ment qu'elle tenterait, il pénétrerait dans
ses Etats. Jeanne, dans sa réponse, dis-
simula son indignation ; et, pour mieux
lui donner le change sur ses intentions,
elle invita la maréchale et ses enfants à
une fête de famille. Montluc tomba dans
le piège; tandis qu'il envoie sa femme à
Nérac, la reine part de cette ville avec
son fils et sa fille, accompagnée seule-
ment de cinquante gentilshommes ; c'é-
tait le 6 septembre 1568. Le 16 elle
adressa, de Bergerac, au roi et à la
reine, mère, deux lettres d'explications,
pleines de patriotisme et de dignité (rap-
portées par Bordenave, p. 157).
En route, elle fut rejointe par les capi-
taines Piles, Saint-Maigrin et Monta-
mar, à la tête d'environ 4,000 hommes,
avec 4 compagnies de cavalerie, assez
mal équipées, sous les ordres de Fonte-
naille, La Mothe-Pujaut, Sainte-Terre
et Brignac. De Bergerac où elle arriva
heureusement, mais poursuivie de près
par Montluc, Jeanne se dirigea sur Mu-
cidan. Elle y trouva Briquemaut qui
l'attendait avec un corps de troupes, et
qui l'escorta jusqu'à Archiac, où eut lieu
son entrevue avec le prince de Gondé.
Elle lui présenta son fils « qu'elle voua,
tout jeune qu'il estoit (Henri n'avait
pas 15 ans), a la deffence de la cause. »
Le 29 septembre, vingt-trois jours après
son départ de Nérac, Jeanne fit son
entrée à La Rochelle, le rendez-vous
général de tous les chefs des confédérés,
et aussitôt, après son arrivée, publia un
manifeste pour justifier sa conduite.
Dans les idées du temps, le comman-
dement de l'armée appartenait de droit
au jeune Henri de Navarre, premier
prince du sang ; Gondé voulut donc s'en
démettre en sa faveur. Mais Jeanne in-
sista pour qu'il le retînt, au nom du
salut commun, « étant elle et les siens
prêts à lui obéir en tout et partout. »
Elle-même consentit, sur ses instances,
à accepter le gouvernement civil de
l'armée, en même temps qu'il exercerait
le commandement militaire. A quelques
jours de là, elle se rendit à Tonnay-
Gharente, où elle revêtit elle-même son
fils de ses armes : « Le contentement
de soutenir une si belle cause, dit-elle,
surmontoit en moi le sexe, en lui l'âge. »
La vengeance ne se fit pas attendre.
Le parlement de Toulouse reçut l'ordre
de saisir les domaines de la reine de
Navarre, et sous couleur que cette prin-
cesse était prisonnière avec son fils dans
le camp ennemi, et que, pendant sa cap-
tivité, le roi, en bon parent, devait
veiller à la conservation de ses Etats,
on commanda au baron de Lusse de
s'emparer du Béarn. L'état de la Na-
varre devenait de plus en plus inquiétant,
et cependant les revers éprouvés par les
armes des protestants ne permettaient
pas d'y faire passer de secours. La mal-
heureuse bataille de Jarnac, suivie de
l'assassinat du prince de Condé (13 mars
1569), vint jeter la consternation dans
les rangs huguenots. A la nouvelle de
cette défaite, Jeanne ne se laissa point
abattre. Elle quitte aussitôt La Ro-
chelle, et à travers tous les périls, elle
arrive à Tonnay-Gharente, où les dé-
bris de l'armée s'étaient ralliés. Elle
était accompagnée du jeune prince de
Navarre, « qu'elle présenta, dit d'Aubi-
gné, au gros de la cavalerie à part, et
puis à celui de l'infanterie; et là après
avoir preste un serment notable sur son
ame, honneur et vie, de n'abandonner
jamais la cause, en receut un réciproque,
et quant-et-quant fut proclamé chef avec
cris et exaltations; les cœurs estans
merveilleusement esmeus par une ha-
rangue de la Roine , qui mesla d'une
belle grâce les pleurs et les souspirs avec
les résolutions; cette princesse ayant
par les tressauts de courage effacé les
termes des regrets, l'armée après un
grand salve se sépara. » L'enthousiasme
était à son comble ; mais il s'agissait de
trouver des ressources en argent. Le
sacrifice que fit Jeanne de ses riches
pierreries ne pouvait fournir qu'un se-
cours momentané. Elle proposa donc la
vente des biens ecclésiastiques situés
dans les provinces conquises, avec ga-
ranties aux acquéreurs sur ses propres
domaines et sur ceux de ses enfants.
iOo
ALBRET
106
Son avis fut aussitôt partagé, et les
principaux chefs des confédérés imitè-
rent son généreux exemple. Ayant ainsi
relevé la confiance de l'armée, Jeanne
retourna à La Rochelle, où elle fut ac-
cueillie avec les plus vifs transports de
joie.
Cependant le Béarn était à peu près
perdu. Pau venait de capituler. D'Arros
etMontamar que la reine avait nommés
pour commander en son nom s'étaient
jetés dans Navarreins avec le peu de
Béarnais restés fidèles. Ils s'y maintin-
rent avec une bravoure incomparable.
Toutes les tentatives faites pour s'em-
parer de cette place tournèrent à la
confusion des assiégeants. L'heureuse
jonction des reitres, commandés par le
duc de Deux-Ponts, avec l'armée de
Coligny, permit à Jeanne de consacrer à
la défense de ses propres Etats les se-
cours en munitions et en argent que lui
fit passer la reine Elisabeth. Les vi-
comtes Gourdon, Paulin, Bourniquel et
Monclar avaient reçu l'ordre de lover
des troupes dans le Quercy. l'Albigeois
et le Lauraguais. Leur armée était oc-
cupée à tenir en échec Damvilleet Mont-
luc, en attendant une nouvelle destina-
tion. Le fidèle Henri d'Albret-Min-
s'était joint à eux. Mais des rivalités
étant à craindre dans l'armée des Vi-
comtes, et par suite le manque d'unité
dans les opérations. Jeanne songea à
lui donner un commandant en chef
dont le mérite fût tellement supérieur,
qu'il fit taire toutes les jalousies. S. m
choix s'arrêta sur Montgommery. Ce
brave capitaine prit congé de la reine en
lui jurant ■ de périr ou de recouvrer ses
Etats. » Le succès passa son espérance;
il marcha de victoire en victoire. En
moins de deux mois, le pays de Foix.
le Bigorre, le Béarn furent replacés
sous la domination de la reine de Na-
varre, qui recouvra ainsi, dit Montluc.
« ce que plus tard la force, ni les traités,
ni les prières n'eussent jamais pu arra-
cher à Charles IX. » Le -23 août, Pau, le
dernier boulevard de la révolte, ouvrit
ses portes au vainqueur. Le célèbre mi-
nistre Viret, que les rebelles avaient
épargné au milieu de toutes les exécu-
tions dont ils avaient ensanglanté la
ville , rendit publiquement grâces à
Dieu d'une délivrance aussi inespérée.
Dès que Jeanne eut connaissance de
l'heureuse issue de la guerre, elle com-
manda à Montgommery7 de remettre
toutes choses en leur ancien état. A cet
effet, un synode fut convoqué; le con-
seil souverain rétabli, et tous les officiers
civils réintégrés dans leurs charges. La
liberté des cultes fut maintenue dans la
Basse-Navarre. D'Arros et Montamar
furent continués dans leurs fonctions
de lieutenants généraux. Montgommery,
ne jugeant plus sa présence nécessaire
en Béarn, songea alors à se frayer un
passade à travers les rangs des catho-
liques pour se réunir à l'armée des con-
fédérés.
Mais le calme n'était qu'apparent. Le
pays des Basques, le Bigorre, la vallée
d'Aspe reprirent les armes. Le duc d'An-
jou leur annonçait l'envoi de puissants
secours. Le danger devenait pressant.
D'Arros et Montamar marchèrent con-
tre les révoltés et les taillèrent en pièces.
« La reine de Navarre, dit son histo-
rien, voyant que ni la tolérance, ni l'ou-
bli même du passé n'avaient pu toucher
les rebelles, envoya de La Rochelle une
nouvelle ordonnance qui obligeait tous
les ecclésiastiques, prêtres, moines et
reliaieux qu'elle appelait tes ennemis de
l'Etat et les siens, de sortir du Béarn;
elle en excepta seulement ceux qui
voudraient s'engager par serment à se
soumettre aux lois nouvelles; elle ga-
rantit aux ecclésiastiques la tranquille
jouissance de leurs revenus ou béné-
fices, en offre même à ceux qui n'en ont
point, mais sous l'expresse condition
que les uns et les autres abandonneront
la religion romaine pour suivre la reli-
gion réformée. Par la même ordonnance,
elle enjoint à tous les habitants d'..
ter aux prêches, et elle interdit en Béarn
tout exercice de la liturgie romaine; elle
la tolère en Navarre, ou plutôt elle l'y
laisse telle qu'elle a toujours été, abso-
lue, dominante. Puis elle ordonne à
tous ses sujets de vivre en paix, et leur
défend, sous peine de la vie, de rappeler
le passé. »
La défaite de Moncontour(3 oct. I
fournit une fois de plus à la reine de
Navarre l'occasion de montrer son grand
caractère. Aussitôt que la nouvelle lui
107
ALBRET
408
en fut parvenue, elle partit de La Ro-
chelle, bravant tous les dangers « pour
tendre la main aux affligés et aux af-
faires, » et arriva à Parthenay au milieu
des débris de l'armée de Coligny. Sa
présence ramena la confiance. Elle ha-
rangua le soldat, présida aux délibéra-
tions des chefs, commandant l'admira-
tion de tous par la grandeur de ses
résolutions, la sagesse de ses conseils.
Elle exigea qu'à l'avenir les deux princes,
ses fils (elle donnait aussi ce nom au fils de
Condé), prissent une part active aux opé-
rations de l'armée, qu'ils s'associassent
aux dangers des chefs. Le plan de cam-
pagne étant adopté, la reine retourna à
La Rochelle, dont la défense lui fut
spécialement confiée; La Rochefoucault
et La Noue lui furent donnés pour la
seconder.
Jeanne ne resta pas inactive. Par ses
soins, une nouvelle armée se recruta
dans les provinces de l'ouest ; elle en
nomma chef son cousin René de Rohan.
Un brillant fait d'armes de La Noue
dans le Poitou et la reprise de plusieurs
villes sur les catholiques relevèrent les
courages abattus. La reine s'appliqua en
même temps à créer des ressources au
moyen de bâtiments armés en course.
La ville de La Rochelle, dit La Noue,
« équippa et arma quantité de vaisseaux
qui firent plusieurs riches prises, dont il
revint de grands deniers à la cause gé-
nérale ; car, encore qu'on ne prist alors
que le dixiesme pour le droit d'admi-
rauté, on ne laissa d'en tirer proiit plus
de trois cens mille livres. >> Jean Sore
commandait cette flottille.
Cependant les affaires de la guerre
n'absorbaient pas tellement l'activité de
la reine de Navarre, qu'elle ne trouvât
encore le temps de composer ou de ré-
pandre une foule d'écrits dans l'intérêt
de son parti. En outre, elle visitait cha-
que jour les hôpitaux, soignant souvent
elle-même les blessés; c'est sur ses
instantes prières que le brave et vertueux
La Noue consentit à se laisser amputer
un bras où, à la suite d'une blessure
reçue au siège deFontenay, la gangrène
s'était mise ; elle eut même la force de
l'assister durant l'opération. Sa cour, au
rapport de l'oratorien Arcère (Hist. de
La Rochelle, etc.), était brillante et
nombreuse : on y voyait Françoise d'Or-
léans, veuve de Lavis de Bourbon, prince
de Condé; Françoise de Rohan, dame
de Nemours; Anne de Salm, veuve de
d'Jndelot ; Béraude de Ferrières, épouse
de Jean de Lafin-de-Salins, seigneur de
Beauvoir; François, comte de La Roche-
foucault, prince de Marcillac, et Char-
lotte de Roye, son épouse ; François de
Béthune, baron de Rosny ; Philippe
Douarti, gentilhomme ordinaire de la
chambre du roi ; François Du Fou, sei-
gneur du Vigean ; Charles Poussard de
Fors et Marguerite de Bazoche, son
épouse.
Cependant, « il sembloit, écrit La
Noue, que le bonheur voulust relever
ceux qui avoient esté atterrés ; car l'ar-
mée des princes avoit fait une brave teste
à celle du roy à René-le-Duc [Arnay-le-
Duc]. La Gascogne, le Languedoc et le
Dauphiné menoient la guerre plus forte
qu'auparavant. Le pays de Béarn avoit
esté reconquis ; et en Poictou et Sain-
tonge ceux de la Religion eurent de
très-bonnes aventures , en ce que les
deux vieux régiments furent défaits et
plusieurs villes prises. Tout cela, ra-
massé avec d'autres occasions secret tes
et particulières, disposa le roy et la royne
à condescendre à la paix, laquelle fut pu-
bliée au mois d'aoust (1570). » Cette pu-
blication fut faite à La Rochelle le 26,
raconte L'Estoile, « devant le logis où
étoit la reine de Navarre aux fenêtres,
étant avec elle madame la princesse sa
fille, et leurs demoiselles, et aussi y étoit
M. de La Rochefoucault, M. Des Ro-
ches, premier écuyer du roi, et plusieurs
autres grands seigneurs et gentilshom-
mes; les deux trompettes du roi sonnè-
rent par trois fois, puis le roi d'armes de
Dauphiné, accompagné des rois d'armes
d'Anjou et Bourgogne, lut et publia l'é-
dit de pacification; ce fait, la reine de
Navarre lit faire la prière par Du Nort,
ministre de l'Eglise de La Rochelle, et à
la lin des prières, toutes les artilleries
de La Rochelle tirèrent. »
La reine Jeanne ne partagea cepen-
dant pas l'allégresse générale. Sans
doute l'édit de paix accordait aux reli-
gionnaires des avantages inespérés ; mais
il eût fallu n'avoir retiré aucun fruit des
leçons du |iassé, pour croire à la sijiré-
109
ALBRET
110
rite de la cour de Médicis. Tant que les
Guises continueraient à siéger dans les
conseils de la couronne, tant que Ca-
therine gouvernerait l'esprit de son fils,
il n'y avait pas de paix sérieuse à atten-
dre: tout traité dans un but de pacifica-
tion ne pouvait être considéré que comme
une trêve. Jeanne, avec son jugement
sur et sa raison calme, le sentait trop
vivement pour s'abandonner à des illu-
sions. Selon elle, une mort honnête, mors
honnesta (comme portait 1" exergue des
médailles qu'elle avait fait frapper pour
les distribuer aux chefs des confédérés)
eût été préférable à une sécurité trom-
peuse. Elle savait par expérience com-
bien était vrai ce qu'avance Pasquier
o qu'on avoit plus ôté aux Huguenots
par des édits pendant la paix que par la
force pendant la guerre. » Ses défiances
étaient donc bien légitimes. Aussi per-
sista-t-elle à rester à La Rochelle avec
les principaux chefs du parti. Toutes les
instances de la reine mère pour l'attirer
à la cour furent vaines. Cest alors que
Charles IX résolut de tenter un dernier
effort. Il lui députa Gonnor, maréchal de
Cossé, l'ami particulier de l'amiral, qui
passait même pour être huguenot au fond
du cœur. Le mariage du prince de Na-
varre avec la sœur du roi, Marguerite,
et une déclaration de euerre à l'Espa-
gne au sujet de la Flandre, furent les
amorces que le maréchal dut mettre en
avant pour vaincre la résistance de la
reine et de Coligny.
Cependant les méfiances de Jeanne
semblaient croitre en raison des avances
qui lui étaient faites; plus l'offre pou-
vait lui paraître séduisante, plus elle en
suspectait la sincérité et se tenait sur
ses gardes. Elle commença donc par
faire ses conditions, en évitant toutefois
de se prononcer sur le mariage proposé,
avant d'avoir consulté son fils. Ce prince
était alors dans leBéarn. Trois commis-
saires, Tèligny, Briquemaut et Cava-
gnes, furent chargés de suivre les négo-
ciations à Paris. Charles IX accorda à
peu près toutes les demandes de la reine,
à l'exception seulement du rappel de
L'Hospital et l'éloignement des Guises.
Mais il colora son refus de prétextes si
spécieux, que les députés s'y laissèrent
tromper.
Les négociations se poursuivirent. A
l'exception de Rosny. le père du grand
Sully, les partisans les plus dévoués de
Jeanne, Francour, La Noue, Coligny.
avaient été gagnés; ils voyaient dans
cette union le gage certain d'une paix
solide et durable. « L'excès des caresses
qu'on leur faisoit, dit Mézeray. estoit si
grand et si visible, que si Dieu ne les
eust aveualez. ils eussent facilement
aperceu les couteaux qu'on aiguisoit pour
les esnoraer. » On commençait déjà à
murmurer, dans le parti même de la
reine, de ce qu'on appelait son obstina-
tion. Sur ces entrefaites, arrive une nou-
velle ambassade. Bironest chargé d'ap-
prendre à Jeanne que la volonté du roi
est qu'on lui rende tous ses droits sur
la principauté du Béarn. les comtés de
Foix, deComminges, d'Armagnac et de
Bigorre: que ses places et châteaux, en-
core détenus au mépris de l'édit, soient
remis en son pouvoir; et que, pour ce
qui concerne le mariage, elle soit tout à
fait libre de le faire célébrer selon les ri-
tes de l'Eglise réformée. En même
temps, et comme pour lui arraeh
dernières armes, Biron lui annonce que
les Guises sont dîsg iroles
de l'ambassadeur sont confirmées par le
baron de Beauvoir , qui ajouta en son
propre nom et selon les instructions se-
crètes de l'amiral, queCharles IX. éclairé
sur les véritables intérêts de sa couronne,
n'attend qu'une occasion pour s'affran-
chir entièrement du joug de sa mère, et
éloigner son frère le duc d'Anjou. La dé-
fiance n'était plus possible. Jeanne,
vaincue par tant d'artifices plutôt que
persuadée, assembla son conseil et lui
soumit la question de mariage. Le chan-
celier Francour fit prévaloir un. avis fa-
vorable. Il ne restait donc plus à la reine
qu'à suivre sa malheureuse destinée.
Mais en se soumettant, elle sut encore
résistera l'aveuglement fatal de ses plus
dévoués serviteurs. « Vous savez si c'est
pour moi que je crains, » leur disait-elle.
Elle voulait bien se sacrifier, mais en-
traîner son fils dans sa perte, cette pen-
sée révoltait tous ses sentiments de
mère. Elle décida donc, contre l'avis de
l'amiral et de tout son conseil , que le
jeune prince resterait dans le Béarn jus-
qu'à ce qu'elle l'appelât auprès d'elle.
ni
ALBRET
112
Ensuite, elle écrivit de sa main à tous
ceux du parti dont elle avait éprouvé la
fidélité, Lavardin, les Sêgur, Piles, La
Noue, Rohan, Francour, Bètut, Rosny,
Beauvoir, La Rochefoucault, Caumont
de La Force, Henri d'Albret-Miossens,
François de Navailles, enfin, à plus de
cinq cents gentilshommes, auxquels elle
donna rendez-vous à Nérac et à Ven-
dôme.
La reine partit de Pau le 26 novem-
bre (1571), après avoir nommé son fils
lieutenant général du royaume, en lui
adjoignant le fidèle d'Arros. Elle était
accompagnée de ses deux enfants, Henri
et Catherine. Au moment de franchir la
frontière du Béarn, ses larmes coulèrent
en abondance. A Nérac, elle trouva tous
ses amis et partisans réunis. Elle y passa
un mois, uniquement occupée du soin
de gagner à son fils les cœurs de tous
les braves gentilshommes dont elle ve-
nait de l'entourer et de lui former une
garde. Vers la fin de janvier, elle pour-
suivit sa route avec sa fille, et se rendit
à Blois, où se tenait la cour. « Le jour
[en mars] que la reyne de Navarre arriva
à Blois, lit-on dans le journal de L'Es-
toile, le roy et la reyne-mère luy
firent tant de caresses, principalement
le roy, qui l'appeloit sa grande tante,
son tout, sa mieux aimée, qu'il ne bou-
gea jamais d'auprès d'elle à l'entretenir
avec tant d'honneur et de révérence que
chacun en étoit étonné. Le soir, en se
retirant, il dit à la reyne sa mère, en
riant : Et puis, madame, que vous en
semblé? joué-je pas bien mon rollet?
Ouy, lui répondit-elle, fort bien ; mais
ce n'est rien qui ne continue. Laissez-
moy faire seulement, dit le roy, et vous
verrez que je les mettray'au filet. » Ce-
pendant Jeanne n'était point dupe de
ces perfides démonstrations. C'est ce
que prouve une lettre qu'elle adressa de
Blois au prince son fils, à la date du
8 mars et dont le texte se conserve à
la Bibliothèque nat. (mss St-Germain
Harlay, vol. 255 ' ; pub. par Haag I, 54).
1 Cette pièce n'est qu'une copie. On a conservé quel-
ques lettres originales de la reine Jeanne; voy. collect.
Du Puy, vol. 211 et 253. Voy. aussi Bull. V, 147; XI, 271.
— Il existe (Bibl. nat., ms. fr. 8746) un précieux recueil
de lettres non de Jeanne d'Albret, maisà elle adressées.
Ce sont i2 lettres de son mari écrites lorsqu'elle n'était
encore qui! princesse de Navarfte; jo lorsqu'elle était
devenue reins ttt wtl M portent sur Padrene que cet
Peu à peu les difficultés s'aplanirent.
Catherine de Médicis accorda que le ma-
riage ne fût pas célébré selon les rites de
l'Eglise romaine; et de son côté, lareine
Jeanne finit par consentir à ce que la
cérémonie se fit à Paris. Le contrat de
mariage fut signé le 11 avril. Mais il s'é-
leva tout à coup un nouvel obstacle.
Pie V refusait la dispense nécessaire au
mariage : « il eut plutôt consenti qu'on
lui tranchât la tète. » Irrité de ce refus
qui menaçait de renverser ses projets,
Charles IX dit un jour à la reine de Na-
varre qui lui en témoignait son déplaisir :
« Ma tante, je vous honore plus que. le
pape, et aime plus ma sœur que je ne
le crains; je ne suis pas huguenot, mais
je ne suis pas sot aussi ; si monsieur le
pape fait trop la beste, je prendray moy-
même Margot par la main, et la mene-
ray épouser en plein prêche. » Mais la
reine mère trouva à la difficulté un re-
mède plus simple, selon elle, et encore
plus expéditif : elle fit fabriquer une
fausse dispense, bien certaine, disait-
elle, qu'après l'événement le pape lui en
saurait très-bon gré.
Jeanne partit de Blois, le 8 mai (le 15,
selon de Thou). Elle descendit, à Paris,
rue de Grenelle-Saint-Honoré, à l'hôtel
de l'ancien évêque de Chartres, Guillart,
qui avait embrassé le protestantisme.
Les préparatifs du mariage occupèrent
dès lors tous ses moments : elle tenait à
ce qu'il se fit « le plus soudain que l'on
pourroit. » Mais le 4 juin, un mercredi
soir, elle fut saisie tout d'un coup d'une
mots:« A nia femme.» Suivent 12 lettres ou billets d'une
dame qui parlait à Jeanne avec l'affection d'une mère,
une du roi Henry d'Albret, sou père, enfin une ronde
béarnaise en 24 couplets commençant par :
Très hilhas l'aute matii,
Soletamen,
Anan prene hens un bosq
Esbatemen...
ronde que la reine aimait certainement, pour l'avoir
jointe à ce paquet et qui peut-être était celle môme
qu'elle chantait en mettant au monde Henri IV. Toutes
ces lettres, dont aucune n'est datée, respirent la plus
vive tendresse, surtout celles du mari. Voici quel-
ques lignes de celle du père : « Ma fille, je ne vous
diray l'aysc que ce m'a esté d'avoir entendu la conti-
nuation de vos beaus niaus ... Bien vous prie que \ous
giiardés et que n'ayés point de peur de perdre vostre
place pour les darnies (les derniers venus|, maias
j'aynieray bien le petit lenfant. Je vous a> bien voulu
escrire reste letre de ma main pour le playsir que j'ay
veu que avez pris de ce que j'ay eseripl ; et --y ne lenet
qu'a cela quo vous n'ussiés tout <e que désires. vous
l'aiu irs liientost, quar je vous désire aussi cureuse que
peut désirer son enfant un bon pèi
H3
ALBRET — ALBRET-MIOSSENS
114
fièvre ardente. Son état empira promp-
tement; dès le lendemain, elle sentit
qu'elle était atteinte mortellement. «Quoi-
que cette vie, disait-elle, m'est à bon
droit fort ennuyeuse pour les misères
que j'y ai senties dès ma jeunesse, si ne
laissé-je pas de la quitter avec grand re-
gret quand je regarde à la jeunesse des
enfants que Dieu m'a donnés, pour les
voir privés de ma présence en ce bas
... Toutefois, je m'assure que Dieu
leur sera pour père et protecteur, comme
il m'a été en mes plus grandes afflic-
tions; je les remets du tout à sa Provi-
dence, afin qu'il y pourvoie. » Sa ferme
confiance en Dieu ne l'abandonna pas
un moment. « Encore que les douleurs
dont il m'afflige soient violentes, répé-
tait-elle, je sais qu'il ne fait rien qui ne
soit bon et droit. »> Elle expira le lundi
matin 9 juin 157-2, dans la 44e année de
son âge.
Le bruit se répandit aussitôt que la
reine de Navarre avait été empoisonnée.
Les accusations prirent même une telle
consistance, que le roi se crut forcé
d'ordonner l'ouverture du corps. 8
médecins ne trouvèrent, dit-on, aucune
trace d'empoisonnement ; mais c'est une
question restée indéi
Cette mort était la perte la plus sensi-
ble que pût faire le protestantisme en
France. La douleur fut générale, et même
dans le camp ennemi, il y eut des lar-
mes sincères de répandues. Les vertus
privées et publiques de Jeanne forçaient
l'admiration de tous les partis. Au juge-
ment de l'Italien Davila, « c'étoit une
princesse d'un courage héroïque, d'un
esprit très-élevé et d'un mérite bien au-
dessus de son sexe; avec ces grandes
qualités , quoique dépouillée de son
royaume, elle soutint toujours avec ma-
jesté le nom de reine. Sa fermeté n'é-
clata pas moins dans la guerre, malsré
le nombre et la puissance de ses enne-
mis. Dans les plus grands dangers et
dans les dernières extrémités où son
parti se trouvoit réduit, elle jetta les
fondemens de cette grandeur, où son fils
s'est élevé depuis... Les grands talens
de cette princesse, soutenus par sa vertu
et sa libéralité, mériteroient d'éternels
éloges, si elle n'eût embrassé opiniâtre-
ment la doctrine de Calvin, en voulant.
sans les lumières acquises par l'étude,
pénétrer et même expliquer les plus pro-
fonds mystères de la théologie. » La
plupart des écrivains catholiques sont
forcés de lui rendre la même justice. Et
en effet, qu'on la considère comme mère,
comme épouse ou comme reine, il n'y a
pas une tache dans sa vie.
On a beaucoup de portraits de la reine
Jeanne. Le plus sûr, non le plus flat-
teur, se trouve sur ses monnaies. On l'a
aussi en une bonne peinture de la biblio-
thèque de Genève, provenant de l'acqué-
reur du château du Crest , qu'habitait
d'Aubitrné. Elle a été habilement gravée
en 1822, à Genève, pour la Soc. des
arts, par Schenker. Mais la plus remar-
quable gravure représentant Jeanne d'Al-
bret est de Marc Duval, datée de 1570.
avec cette suscription : Jana Elebreta
Navarrorum regina, Henrici Borbonii
eorumdem nunc régis mater.
Bayle.-Micbaud.- Hi.lot. — Mit deJ.à~.4lbret, par
Mlle Vauvilliers; Pans, 1818, 3 vol. in-8». — Hist. *-
Bèam et Navarre, par Me. de Bordenave, pub. par
P. Raymond; 1873. in-S--. — Voir Bull. XIV, 125 et 17>i-
termediaire, 1874, col. 175.
i. ALBRET-MIOSSENSou Mio--
Haas I, 59j. Cette famille descendait
cl Etienne, bâtard d'Albret et de Fran-
çoise de Béarn, baronne de Miossens,
mariés en 1510. Leur fils. Jean, baron
de Miossens et de Coarase, favorisa de
tout son pouvoir l'introduction de la Ré-
forme dans les Etats de la reine de Na-
varre, dont il embrassa constamment les
intérêts. Il avait épousé Suzanne de
Bourbon-Busset qui fut choisie pour
gouvernante du jeune prince de Béarn,
depuis Henri IV. Il en eut plusieurs
enfants. L'ainé, Henri, qui avait accom-
pagné le roi de Navarre à la cour de
France pour assister aux cérémonies de
son mariaee a\e<- Marguerite de France,
faillit être au nombre des victimes de la
Saint-Barthélémy. Marguerite dans ses
Mémoires raconte que M. de Miossens,
premier gentilhomme du roi son mari, et
Armagnac, son premier valet de cham-
bre, la vinrent trouver pour la prier de
leur sauver la vie. « Je m'allay jeter à
genoux, continue-t-elle, devant le roy et
la reyne ma mère pour les leur deman-
der : ce qu'entin ils m'accordèrent, » —
à la condition sans doute qu'ils chan-
- 'ru de religion. L'année suivante.
115
ALBRET-MIOSSENS
ALDEBERT
116
ce fut sinon lui , du moins un gentil-
homme de son nom qui, au rapport de
Marguerite de Valois, éventa le projet
d'évasion du duc d'Alençon et du roi de
Navarre. « M. deMiossans, gentilhomme
catholique, dit-elle, ayant ad vis de cette
entreprise... m'en advertit pour empes-
cher le mauvais effet qui eust apporté
tant de maux à eux et à cet estât. »
L'affaire, ajoute-t-elle, fut conduite avec
tant de prudence, « que, sans qu'ils pus-
sent sçavoir d'où leur venoit cet empes-
chement, ils n'eurent jamais moyen
d'eschapper. » Le 4 juin 1574, Henri de
Navarre chargea le baron de Miossens
d'aller complimenter le roi de Pologne,
Henri III, sur son avènement à la cou-
ronne de France. Au mois de janvier
1576, peu de jours avant de mettre à
exécution son projet d'évasion, Henri de
Navarre lui écrivait une lettre, dont la
suscription porte : « A mon cousin, M. de
Miossens, premier gentilhomme de ma
chambre, gouverneur et mon lieutenant
général en mes pays de Béarn et Basse-
Navarre. » Henri, dans cette lettre, parle
d'un frère du baron de Miossens, sur le-
quel on n'a aucun renseignement. « La-
vardin, vostre frère, et Saincte Colombe,
écrit-il, sont les chefz de mon conseil. »
Le P. Anselme indique aussi un frère
de M. de Miossens, mais sans avoir pu
recueillir aucune autre notion que celle
de son existence. On peut donc douter
si ce n'est pas à ce frère du baron Henri
de Miossens que doivent se rapporter
une partie des détails qui précèdent. Quoi
qu'il en soit, c'est sans doute de lui que
parle Sully, dans ses OEconomies roya-
les, lorsqu'il nous apprend qu'il y avait
deux partis à la cour du roi de Navarre ;
« l'un de catholiques, composé de MM. de
Laverdin, Miossens, Grand-Mont, Du-
ras , Roquelaure , Saincte - Goulombe .
Begoles, Podins et autres [la plupart
d'entre eux avaient abjuré]; l'autre de
huguenots, composé de MM. de Thu-
renne, Mont-Gommery , Guitry, Lesi-
gnan, Favas, Pardaillan, et autres, les-
quels par plusieurs fois faillirent d'en
venir aux mains... »
Armes : Ecartelé au 1 de France et
d'Albret, au 2 de sable à 2 lions léo-
pardés d'or armés et lampassés de
gueules qui est Aiguillon, au 3 de Bour-
bon, au 4 ecartelé de Foix et de Béarn.
ALBUS, nom porté par divers per-
sonnages français du XVIe siècle dont le
nom véritable était probablement Blanc
ou Le Blanc. Le religieux jacobin Albus,
à Castres, prêcha la Réforme dans cette
ville en 1549. 11 avait exposé ses idées
dans une série de sermons sur Job ;
aussi ne tarda-t-il pas à être obligé de
s'enfuir pour échapper à l'Inquisition
qui n'avait pas quitté le Languedoc de-
puis la guerre des Albigeois. — On
trouve inscrits comme étudiants à Ge-
nève, au XVIe siècle : Joseph Albus,
de Briançon, 1563; Jean, de Provins,
1564 ; Léonard, du Limousin, 1564 ; reçu
habitant de Genève, 24 fév. 1573 ; Nico-
las, 1568. — Albus, pasteur à Castres
en 1549 (Bull. XXII, 50). — Pierre
Albus, « admis en 1675 et donné à M. de
Vignolles. »
ALBUSE (Alizette), d'auprès Uzès,
réfugiée à Genève, avec son mari Jac-
ques Brez, imprimeur, 1564.
ALBY (d') ou Dolby, lieutenant au
service britannique, 1689 (Agnew II,
182).
ALBY (Alexandre) , « d' Aix en Pro-
vence, gantier, réfugié à Berlin avec sa
femme, trois enfants et un apprentif, »
1698.
ALCAIS, 1628 [I, 249 a; VIII, 491a].
ALGAYE (Jean), à Florac, pendu en
effigie, 1659 [IX, 193 a].
ALGOINE (Philippe), chirurgien, de
Montagnac, reçu habitant de Lausanne
avec sa femme, Isaac, Marie et Fran-
çoise, ses enfants, 25 janv. 1702.
Alcuin, pseudonyme et anagramme
de Calvin [III, 110 a], voyez Calvin.
ALDEBERT (Pierre), à S.-Eutrope,
1578 (Reg. de Saintes).
ALDEBERT (Claudine), à Nîmes,
1650 [V, 355 a]. — (Pierre et Etienne),
Milhau, 1686 [VI, 57 b]. — (François et
Jean), 1713 [X, 403].
ALDEBERT, lieutenant d'infanterie
au service britannique (Agnew II, 10 .
ALDEBERT (Jacou), 1699; — (Gas-
pard), 1700; — (Jeanne), 1701 ; tous
trois de Sauve, assistés à Genève en
passant par cette ville pour gagner un
refuge à Schwabach ou autres lieux
d'Allemagne. — Aldebert, de Sauve,
1672 |Vlil, 302/bJ.
117
ALDEBERTE — ALEAUME
118
ALDEBERTE (Madelaine), condam-
née à l'amende pour s'être mariée par
le ministère d'un pasteur protestant, et
son mariage annulé; à Cette, 1750 Bull.
XIV, 348).
ALDIX Jacques), de la petite ville
des Vans, pour s'être marié par le mi-
nistère d'un pasteur, fut emprisonné
dans la citadelle du S.-Espnt le 4 déc.
1740, et condamné 5 avril 1741, solidai-
rement avec sa femme, Louise Domerc,
à mille liv. d'amende, plus une aumône
et les frais qui s'élevaient à "200 liv. Les
deux époux restèrent captifs jusqu'à
l'entier payement du tout, et il leur fut
défendu de vivre ensemble tant que leur
union ne serait pas réhabilitée par un
prêtre catholique, qu'il leur fut enjoint
de demander immédiatement, sous peine
de 3,000 liv. d'amende et punition cor-
porelle. Pradel.)
ALDRAX ou Hardran (Esther), v.
11.00 |VII, -263 a].
1. ALEAUME, Allealme, Alliaume;
Adelhelmus.
Jean Alleaume, nommé en 1557 bailli
de Provins. MM. Haaa ont compté ce
bailli comme huguenot [VIII, 334 a], et
il le fut en eftet, au fond du cœur, mais
sans jamais oser le déclarer. Les princi-
paux traits de sa vie ont été dessinés, et
de bonne main, dans différents pa>~
des Mémoires du prètreprovinois Claude
Haton. Xous n'aurons que la peine de
les grouper pour montrer quelle triste
histoire était celle d'un « huguenot se-
cret. »
En 1557, Jean Alleaume, âgé de
'25 ans, était « un grand jeune fils, licen-
cié ès-lois, fort bel homme et de belle
apparence. » La justice était rendue na-
guèreà Provins par un lieutenant du bail-
liage de Meaux qui avait été remplacé plus
récemment par un bailli de Provins. Le
bailli était Philippe Durand et le lieute-
nant qu'il avait supplanté était un
Aleaume sieur de Chenoise, pèredeJean
Aleaume. « Car ces deux maison-
Durans et des Alleaumes avoient de
longtemps esté contraires lune à l'autre
et avoient eu de grands procès par en-
vye qu'ils se portoient à qui d'eulx >e-
roit le plus grand et hault eslevé en es-
tatz de judicatureau dit Provins. » Une
alliance imprévue et dont ■ le peuple
s'émerveilla » fit la paix. Le jeune licen-
cié obtint à la fois du bailfi Durand la
cession de sa charge et la main de sa
fille. Mais il y avait un obstacle : les fu-
turs étaient cousins au 3e degré. 11 fallut
demander une dispense à Rome, laquelle
présentée par messire Pierre Cobus,
doyen de la chrétienté de Provins, n'en
fut pas moins refusée par le saint-siége
qui exhorta paternellement les deux fa-
milles à se séparer. Xi pères ni enfants
ne voulurent obéir, « et par le conseil du
dit Cobus , ils passèrent oultre au dit
mariage. Et après le dit mariage benist
puis consommé, renvoyèrent au pape de
Rome pour demander qu'il pleust à B B
d'approuver le dit mariase : ce qu'il feit
malgré luy, à certaines charges. >» Mal-
heureusement au bout de sept mois la
jeune femme expira en donnant le jour
à un enfant qui mourut avec sa mère.
La dispense n'était pas encore arrivée et
à la faveur de cette circonstance, Phi-
lippe Durand affirmant la nullité du ma-
riage déclara qu'il fallait lui rendre le
bailliage et la dot. Mais presque aussitôt
la dispense arrive et l'on y voit que tout
en approuvant le mariage, la bulle pa-
pale excommunie les mariés, leurs pa-
rents, le doyen Cobus et le curé qui
avait célébré la cérémonie nuptiale. Cha-
cun jugea prudent de ne pas produire
une pareille pièce et les parties s'arran-
gèrent. Jean Alleaume conserva le bail-
liage, paya une somme d'argent à son
beau-père et rendit les effets de sa
femme.
Alleaume était donc parfaitement ca-
tholique en 1557. En 1560 les huguenots
de Provins, grâce à l'édit de tolérance
accorùé cette année, commencèrent à
lever la tète et à se déclarer. Xon point
toutefois le bailli, « huauenot secret et
« non déclaré, qui n'osa par sa signa-
« ture tel se déclarer de peur de perdre
« son état, mais au demeurant avoit tel
« jugement et sentimentqueles nouveaux
a frères de la ditte religion prétendue. »
Cette même année, 1560. un de> curés
de Provins, celui deTéslise Ste-Croix, fit
venir un prédicateur en renom pour prê-
cher le carême dans son église. C'était
un jacobin d'Auxerre « grand extermi-
nateur de toute faulse doctrine et crand
adversaire de l'hérésie, » qui ne manqua
119
ALEAUME
120
pas de parler avec une extrême violence
et de montrer « comment les huguenots
par leur orgueil prendroient les armes au
poing pour exterminer le Roy et son es-
tât, ensemble tout le peuple catholique, »
en sorte que les religionnaires de Pro-
vins rédigèrent, par la main du bailli
Alleaume, une plainte qu'ils résolurent
d'envoyer au roi, à Fontainebleau. Ce
fut le bailli lui-même qui la porta ; mais
pendant qu'il s'acheminait, un secrétaire
du duc de Guise qui passait par Provins
se rendant aussi à la cour, apprit toute
l'affaire et se hâta pour devancer Al-
leaume. Il réussit. « ... Au lendemain
le dit sieur de Guise estant avec le roy
apperceut le bailli de Provins qui atten-
doit sa response, auquel s'adressa le dit
sieur de Guise, après avoir parlé au roi
en la présence du roy de Navarre et du
connestable et luy dist telz motz : « Bailly
de Provins, ou sont les informations
que tu as faictes contre vostre pres-
cheur? N'as tu affaire icy que cela?
Baille les moi et t'en retourne quand tu
vouldras. Le roy et la court cognoissent
mieulx le dit prescheur que toy ; on verra
tout a loisir que c'est. Tu es donc de ceux
qui veulent troubler le roy et le royaume?
Tu es donc huguenot! Ya-t-en quand tu
voudras ; je te marque. » Et dist le roy
a M. de Guise et a son secrétaire :
« Faictes response au prescheur de Pro-
vins qu'il fasse son debvoir de prescher
et que s'il a bien dict il dise mieux et
qu'il prie pour moy et pour le royaume. »
Et a telles responses se retira ledit bailly
avec sa courte honte et estant de retour
à Provins, dist aux frères huguenots que
leur prescheur avoit ung diable famillier
ou ung ange du Ciel qui luy reveloit
toutes leurs entreprises. »
Au journal de l'année 1562, Claude
Haton met à la charge de Jean Al-
leaume , la conduite d'une entreprise
qui devait livrer Provins pendant la
nuit aux troupes du prince de Condé,
mais qui manqua et en 1563, au con-
traire, il conte un incident tout à l'avan-
tage du bailli. L'on faisait parcourir la
France au jeune Charles IX et la cour
s'était arrêtée à Troyes. On manda aux
représentants de la noblesse et aux bail-
lis, par toute la province de Champagne,
d'y venir recevoir les ordres du roi. « A
ceste assemblée royalle harangua et
pourta la parolle pour la justice du bail-
liage de Provins devant S. M. et son
conseil , revestu de sa longue robbe,
Me Jehan Alleaume, qui fut bien escouté
en ce qu'il dist. Lequel ayant dict se re-
tira de l'assemblée pour changer d'habit,
et ayant mis bas la longue robbe et le
bonnet carré, prit la cappeàl'espagnolle
sur ses espaules et l'espée à la ceinture,
avec le bonnet de velours sur la teste,
et en tel habit se représenta devant l'as-
semblée pour porter la parole et haran-
guer pour les nobles de son bailliage. Il
fut aussi bien ouy que devant et eut la
grâce de si bien dire qu'il contenta le
roy, les princes et toute l'assemblée ; et
fut fort remarqué du roy et tenu pour
homme pertinent et de bon esprit. »
Quel usage fait Alleaume de ce glo-
rieux succès? Avant de quitter Troyes,
il demande au roi pour les huguenots de
Provins et du bailliage « l'establissement
d'ung presche pour faire l'exercice pu-
blic de leur prétendue religion dans la
ville de Provins, suyvant l'accord de la
paix d'Orléans. » La demande fut ad-
mise ; mais grâce à la résistance de Phi-
lippe Durand qui avait acheté la charge
de président au présidial de Provins, et
qui opposa tous les déclinatoires possi-
bles à la publication du mandement
royal, on ajourna l'exécution jusqu'au
mois d'août 1564.
La prise d'armes qui amena le combat
de S.-Denys (10 nov. 1567) causa de
nouvelles craintes à Provins, comme ail-
leurs. Le sieur de Lours, capitaine de la
ville, en réunit les habitants pour aviser
à sa garde. « En ceste assemblée (pres-
que entièrement catholique) fut proposé
comment l'on se devoit comporter en-
vers aucuns citoyens que l'on savoit
estre huguenotz secretz et qui estoient
lors en la ditte ville. Tels estoient, mes-
sire Jehan Alleaume, bailli, messire
Jehan de Ville, procureur du roy, les
deux principaux pilliers de la ville et en-
cores quelques autres qui calloientla voile
en attendant l'yssuede ceste guerre... »
Le capitaine fit prier le bailli de venir à
l'assemblée pour avoir son avis et là
« fortdextrementluiiit entendre le soup-
çon etla mauvaise opinion quele vulgaire
commun:; de Provins avoit, de luy; » à
421
ALEAUME
122
quoi la réponse bien humble d'AUeaume
fut qu'il avait à la vérité favorisé les
huguenots dans l'exercice de sa charge
et installé les prédicants tant à Provins
qu'à Sézanne, mais « qu'il n'estoitaultre
que catholique et n'avoit esté et que
pour la deflénse de sa ville contre l'en-
nemy huguenot vouloit s'exposer corps,
vie et bien. »
Depuis ce temps le capitaine et le
bailli vécurent en si bonne harmonie,
que le bon curéHaton laisse percer quel-
ques doutes sur la fidélité du sieur de
Lours ; il ne se tient pas de joie lors-
qu'il voit ce dernier et sa compagnie de
50 hommes d'armes relevés par 7 ou
8 compagnies nouvelles qui arrivent les
4 et 5 décembre (1567) sous le comman-
dement du sieur de La Rivière de Puy-
taillé; On va voir combien il avait rai-
son.» Les maisons et biens des huguenotz
de Provins, dit-il, furent par le dit de
La Rivière habandonnez aux soldatz au
pillage. Lesquelles malgré le bailly du
dit Provins furent environnées et sacca-
gées par les ditz soldatz qui firent leur
proufùt de ce qu'ilz trouvèrent en icel-
i.es maisons qui estoient en propre
héritage aux ditz huguenotz furent quasi
toutes mises par terre et le bois bruslé a
faire la garde de nuict; celles qu'ilz te-
noient à louage furent saulvées par les
propriétaires a qui elles appartenoient,
non du tout sans dommage. Les gens
de la compaignie de Foissy qui estoit
entrée quelque six jours avant la venue
du sieur de La Rivière, s'estoient mis en
devoir de piller et ruyner les dittes mai-
sons, et s'estoient adressez à celle de
Léon Godart, procureur au bailliage, le-
quel estoit au camp rebelle et huguenot;
mais injurieusement en furent empes-
chez par le bailly, assisté du lieutenant
du seigneur de Lours et de quelques
soldatz de sa compaignie où il pensa ad-
venir sédition. Les soldatz du dit Foissy
se mutinèrent contre le dit bailly qui,
l'espée au poing, en ayant empangné
ung par le collet de manière a luy faire
trembler le menton fut aussitôt enfoncé
d'un coup d'estoc par ung aultre soldat,
etn'eust esté le corcelet qui estoit sur
son dos, couvert de ses habitz, n'eust
jamais faict trembler soldat... Lequel
bailly fut fort desprisé d'avoir faict cet
acte et luy fust reproché par le dict de
La Rivière qui après l'avoir tansé luy
dict que s'il appercevoit tant feust peu
de faulseté en luy contre le service du
roy et de la ville, sans doubler il le fe-
roit pendre et estrangler, affin qu'il se
donnast bien garde de malverser s'il
vouloit, quelque bailly qu'il feust et hu-
guenot quant et quant. Le dit bailly en
s'excusant dist qu'il n'estoit huguenot et
qu'il vouloit vivre et mourir pour le ser-
vice du roy et de la ville. » — Remer-
cions le prêtre fanatique de nous avoir,
sans se douter que c'était à son propre
détriment, conservé cette belle page de
la vie de Jean Alleaume.
Au mois de mars 1568 un seigneur
des environs de Provins, nommé M. de
Patras sieur de Gymbroys, voulant user
de l'édit du roi qui accordait grâce et
oubli aux protestants qui mettraient bas
les armes et rentreraient chez eux, s'in-
troduisit dans Provins un jour où le duc
d'Anjou y passait, en se mettant parmi
la suite du prince et ayant bien soin de
se cacher le visage dans son manteau.
« Il passa inaperçu devant les gardes
de la porte qui sans difficulté l'eussent
massacré s'ils l'eussent vu, » mais ayant
eu l'imprudence de se laisser reconnaître
un peu plus loin, aussitôt plus de cent
personnes s'amassèrent pour crier haro
sur lui et il n'eut que le temps de se ré-
fugier dans la maison du sieur de Lours
(jui n'était pas encore parti. Le bailli
s'empressa de s'y rendre. Bientôt le
« peuple provinois entra en telle colère, »
que Lours et Alleaume envoyèrent dire
au dauphin, lequel était à table et dî-
nait à l'auberge de l'Ecu de France, pour
le prier de se transporter en leur logis
afin de leur sauver la vie. « Ce que bien
voulut faire ce bon jeune prince. » Mais
non sans peine; il n'y parvint qu'en
traitant rudement Patras et en le sai-
sissant au bras pour le conduire immé-
diatement au roi qui devait le faire,
disait-il, exécuter sur l'heure. A une
demi-lieue loin de la ville le duc mit
Patras en liberté et Haton rejette au
bailli sa bile non satisfaite : « Cette
emeutte ne se passa sans dire injure au
bailly et l'appeller huguenot, qui pour se
saulver d'estre saccagé fila doux et
monstra signe de ne tirer à soy le dire
423
ALEAUME
124
populaire et de ne se courroucer de ce
que la turbe mutinée disoit contre luy. »
Après le « massacre bartholomien »
par lequel le roi avait entendu « repur-
ger son royaume d'une « faulse couvée
de vipères , » pour nous servir des
expressions de notre écrivain, Jean
Alleaume dut en sa qualité de bailli
faire occuper les manoirs des seigneurs
protestants situés dans sa juridiction ;
toutefois il ne se prêta à ces exigences
de sa charge qu'avec une répugnance
qui devait lui coûter cher, et il eut ce-
pendant ce bonheur que la Saint-Bar-
thélémy n'avait point fait couler le sang
à Provins parce qu'il ne s'y trouvait
presque plus un seul huguenot \, Il n'a-
vait pas encore atteint à la lie de son
calice d'amertume, mais elle lui vint
pleinement avec les derniers jours de
cette funèbre année 1572.
Il mourut à la lin de décembre, « âgé
de 40 ans pour le plus, laissant sa femme
et six ou sept petits enfants au monde.
Il ne fut pas beaucoup plaint ni regretté
du peuple, de la commune et des ecclé-
siastiques de Provins pour l'oppinion
maulvaise qu'on avoit eu de luy touchant
la religion catholicque, de laquelle il
s'estoit aultreffois desvoyé pour com-
plaire au feu prince de Gondé et aux
gentilshommes huguenotz ; et faut croire
que si ce n'eust esté la crainte qu'il por-
toit à son père, qui l'empescha à son
povoir de suyvre la ditte prétendue reli-
gion, il se feust déclaré huguenot. Il
commença à s'en retirer depuis la mort
du prince de Gondé peu à peu et de
bien en mieulx fréquenta l'église catho-
licque, combien toutes fois qu'il suppor-
toit encore les huguenotz. Qui fut la
cause qu'il demeura en la haine du roy,
des princes catholicques et du commun
peuple de Provins. Et a-on cru que
cette malveillance du roy et des princes
luy accéléra sa mort, pour le deuil qu'il
prit en soy d'un soufflet que luy donna
Mr d' Aumalle en la présence du roy, en
le déchassant de devant S. M. par le
commandement d'icelle, avec menaces de
le faire pendre pour n'avoir obéy et en-
tendu la volonté du roy aux édictz que
S. M. avoit faict contre la liberté desditz
* Dès 1568, Haton n'y comptait plus que 2S a 40 per-
sonnes de la religion.
huguenotz. 11, bailly, lier et orgueilleux,
porta ce soufflet fort impaciemment ,
estans toutes fois plus marry de l'avoir
receu en la présence de plusieurs habi-
tans de Provins qu'il n'estoit du mal
qu'il en avoit eu. Du depuis n'osa hardi-
ment se trouver en la présence du roy
et des princes et du regret qu'il en eut
tomba en une mélancolie qui lui causa
la maladie qui le mena à la mort... Les
gens de justice et aultres gens de bon
esprit furent marris de sa mort et le
regrettèrent pour la dextérité et intelli-
gence qui estoient en luy, tant en son
estât de judicature que aultrement. Il
estoit homme de bonne et belle re-
présentation, d'une parolle grave, espo-
ventable quand il vouloit aux plus hardis,
et consolative aux plus timides quand il
estoit assis en son siège de justice. Il
aymoit la vertu, il hayssoit ce qu'il ju-
geoit estre vice; il estimoit fort les gens
d'esprit et qui sçavoient quelque science,
fust en lettres divines, humaines ou
artz libéraux et mécaniques. Il avoit
bon sentiment de toutes choses, excepté
le temps qu'il adhéra à la prétendue re-
ligion ou il s'oblia pour quelques an-
nées... La ville de Provins a porté dom-
mage en sa mort car elle est demeurée
orpheline d'homme d'éloquence, de re-
présentation et de travail pour le prouf-
fit public. » — Le corps de Jean Al-
leaume fut inhumé dans son église de
Ghenoise et son cœur à Ste-Croix de
Provins. Mais quel homme était ce
bailli champenois, cet obscur imitateur
du chancelier de l'Hospital, le plus grand
des huguenots secrets, pour avoir arra-
ché un tel portrait à la plume d'un en-
nemi furibond?
2. ALEAUME (Thomas et Claude), de
S. -Florent, près Ste-Menehou, charpen-
tiers, reçus habitants à Genève, 12 fé-
vrier 1573.
3. ALEAUME (Jacques), natif d'Or-
léans, ingénieur ordinaire du roi, mort
en 1627 à Paris où il était logé aux ga-
leries du Louvre, enterré le 3 octobre
dans le cimetière de Gharenton [VII,
302 a]. Il nous est connu par Jm per-
spective spéculative et pratique de l'in-
vention du feu sieur Aleaume, mise au
jour par Estienne Migon. Paris, Melch.
Tavernier. 1643, in-4° avec fig. Il était
125
ALKAUME
ALEGRE
126
problablement fils de Pierre Aleaume
d'Orléans qui fut le dépositaire des mss
de Viete et qui avait aidé ce grand
mathématicien dans l'exécution de ses
travaux [IX, 491 a\
De Thou, chap. (29. - Didot.
4. ALLE AU ME | Louis \ seigneur du
Tilloy. voy. 1000 III. '200 a . — (Cathe-
rine), à Fontenav en Vendée, 1651
VII, 302 a]. — (Jean), de Dieppe, fu-
gitif en 1695 (Archiv.gén.Tr).— (Pierre),
de Châteauneuf en Orléanais, cabaretier,
réfugié à Halle avec sa femme et quatre
enfants, 1698. — (Jacques), sa femme
et deux entants, réfugiés et assi-
Londres, 1 702. — 'Jacques), d'Autun.
48 ans, et Françoise sa femme, 38 ans,
id., 1705. — (Pierre), sa femme et deux
enfants, id., 1721. — (Judith}, id., idj>
1. ALÉGRE ou Allègre1 (Pierre),
massacré à Aix, 1562 [X, 469]. — (An-
toine d), de Millaud. 1563 II. 453 ; III,
382 a; V, 135b]. - (Thomas, fils de Ber-
trand), de Marseille, reçu bourgeois de
Genève avec son fils, Girard. 1559.
2. ALEGRE 'Jacques), ministre à
S. Martin de Boubeaux. 1623: a S.-Jean
du Gard. 162 i : à Gombas, 1626 : à Nages,
1637-47; à Bernis. 10i7-48; àBoissières,
1650-55 [X, 331, 34!
3. ALEGRE ; Nîmes, 1654 [Y, 43 b] ;
Clarensac, 1663 [V, 51 b|. — (Pierre),
du Vivarais, réfugié à Genève, 1680. —
(Pierre), de Mâcon, id.. 1688.— (Jean),
de Montpellier, réfugié à Masjdehourg,
v. 1686 ^1X. -16S bj. —(Jacques), d
mes, assisté à Genève. 1703.
4. ALLÈGRE ou Alègre, roué à Nî-
mes, 1704 II, 314 b, 315 a]. — (Etienne),
galérien, mort 1698 [X, 420].
5. ALEGRE (Jean), avocat à Castres,
« homme très-versé en diverses belles
« connaissances et surtout en géogra-
« phie et histoire, » dit Borel, mais dont
la vie est très-peu connue. Nuus sa-
vons seulement que son père s'appelait
Jean, comme lui, et sa mère Margue-
rite Lautier. Il avait épousé Jeanne
d'Olier, dont il eut plusieurs enfants, et
mourut le 18 mai 1680. Borel assure
qu'il fit imprimer diverses Chroniques
et pièces de géographie curieuses. Ces
ouvrages ne sont pas parvenus jusqu'à
1 Voy. aussi MUaigre.
nous. Plusieurs de ses poésies demeu-
rées inédites reçurent les éloges de ses
contemporains. (Pradel).
Trésor des Antiquités Gauloises et Franeoises, de
Pierre Borel. — Les Antiquitez de Castres, du même.
— Etat civil des protest, au trib. de Castres.
6. ALEGRE (Pierre), pasteur du dé-
sert, naquit à Beauvoisin (Gard), le
15 sept. 1725. d'une famille de proprié-
taires cultivateurs aisés, dont le chef,
après avoir été ruiné par les mesures
rigoureuses prises contre les protestants,
s'était relevé par un mariage aussi avan-
tageux qu'honorable. Plus d'une fois le
jeune Alègre se vit poursuivi par les trou-
pes du roi, plus d'une fois il entendit les
coups de fusil dirigés contre lui. 11 fit ses
études sous le pasteur Pradel. et plus
tard sous la direction de Paul Rabaut.
de Gibert et de Saussine, et eut pour
compagnons d'études les Puget . les
Guizot. les Gachon, etc. Il fut con-
sacré au désert par Paul Rabaut le
26 fév. 1756, et son nom figure déjà
dans un acte du 26 avril 1757, rédigé
aux environs de Vallon (Ardèche), et
en 1759 dans un autre acte rédigé à La-
gorce [Voy. aussi X. 152. 458], Pen-
dant son séjour dans le Vivarais, il fit
la connaissance d'une jeune fille de
la famille Guez de Barjac (famille qui
existe encore) et l'épousa le 10 mai 1761.
H reçut en 1760 une vocation de la part
de l'église de Calvisson. Ses serinons,
dit son fils, qui nous a transmis le sou-
venir de l'influence bénie exercée par
son ministère, étaient défectueux au
point de vue de la forme; mais on y voit
de la méthode, de lonction, un sage es-
prit et une connaissance remarquable de
l'Ecriture sainte. Il était de petite taille,
brun et maigre, avec l'attitude grave
commune aux pasteurs de ce temps. Nous
voyons en 1769 les membres du consis-
toire de Calvisson, désignés seulement
par leurs initiales à cause des périls du
temps, adresser au synode une demande
pour le prier de continuer à l'église de
Calvisson le ministère de M. Âlègre,
qui s'est toujours conduit en vrai mi-
nistre de J.-C. Il mourut le 16 nov.
1776. Sa digne épouse lui survécut jus-
qu'en 1796.
Son second fils. Henri, né le 20 juin
1766 à Calvisson, est mort en 1828, pré-
127
ALÈGRE — ALLÈGRE
428
sident du consistoire de Bolbec, et a
laissé un fils, Pierre-Timothèe, né en
1798 et mort pasteur de Rouen en 1868.
Avec lui s'est éteint dans cette branche
le nom d'Alègre, allié aux Guez, aux
A'Aygalliers et aux Encontre. Sa fille
aînée, Jknny, née à Calvisson en 1796,
épousa L.-D. Paumier, né à Autretot
(Seine-lnfér.) en 1789, mort président
du consistoire de Rouen en 1865. (Pau-
mier.)
Philippe Alègre fils cadet de Pierre
fut reçu proposant en 1790 et pasteur de
S.-Ambroix en 1791. Il avait déjà en
1786 et 87 desservi l'église de Blausac
(syn. du B.-Langued., 1780-91).
7. ALLÈGRE (le sergent d'), San-
cerre, 1573 [VI. 73 aj.
8. ALLÈGRE (Anne d'), fille aînée de
Christophe d'Allègre, seigneur de Saint-
Just et d'Aisery, avait épousé en 1583
[III, 418 b] Guy-Paul deChâtillon, comte
de Laval, fils aîné de d'Andelot et de
Claude de Rieux, qui mourut en avril
1586 des suites del'affaire de Saintes. Elle
resta donc veuve fort jeune. Elle avait
eu ses biens confisqués pour la religion
sous Henri III. Ils lui furent il est vrai
rendus, 18 déc. 1589, mais comme ils
avaient été dévolus à la feue reine mère
Catherine de Médicis, elle dut faire
renouveler les lettres de restitution
en 1590, 1591, 1596, et n'en obtint
l'enregistrement que le 15 décembre
1597 (Chamb. des comptes de Nantes,
vol. XIV, f° 171). Pendant les troubles
de la Ligue la jeune et riche veuve reçut
et encouragea les hommages du ma-
réchal d'Aumont et ceux de Saint-Luc.
La condescendance qu'eurent pour elle
les chefs militaires du parti du roi en
Bretagne, détermina bien des mesu-
res qui furent quelquefois heureuses
[VII, 459 a], mais que ne justifièrent pas
toujours la prudence, ni l'intérêt du parti.
Ce désir de plaire à la comtesse de La-
val fut cause en particulier de la mort
du maréchal d'Aumont, qui entreprit le
siège de Comper dans les conditions les
plus défavorables, et parce qu'elle dési-
rait rentrer en possession de ce château.
Il y reçut une blessure, dont il mourut
peu après. Anne d'Allègre avait eu de
son premier mariage un fils, Guy de
Coligny, qui mourut en 1605 le 30 dé-
cembre, ayant abjuré l'année précédente.
Elle épousa en secondes noces Guil-
laume de Hautemer, comte de Grancey,
baron deMauny, seigneur de Fervacques,
maréchal de France, lequel mourut en
1613. Peu de temps après il était fort
question d'un nouveau mariage. On s'en
amusait publiquement, car dans un li-
belle de l'époque intitulé « L'inventaire
des livres de maître Guillaume, » on
trouve : « Les Quinze joy es de mariage,
reveues et corrigées par la maréchale de
Fervaques. » On parlait pour elle, en effet,
du prince Maurice de Nassau (juillet);
mais le mois d'août suivant il était ques-
tion du prince de Joinville, Claude de
Lorraine quatrième fils de Henri duc de
Guise, qui fut connu plus tard sous le
nom de duc de Chevreuse (Lettres de
Cath. de Parthenay, publ. par H. Im-
bert). Ce dernier projet semble avoir été
plus sérieux. On en parla plus de deux
ans. Elle consulta même à ce sujet Du
Plessis-Mornay (18 fév. 1616) car le
prince de Joinville était catholique. Mor-
nay lui répondit : « Pour la grandeur,
Madame, je suis encore de ces bonnes
gens du temps passé qui la font con-
sister en la vraye vertu. Un tabouret ne
peut pas beaucoup adjouster à vostre
stature. A bouche je vous en dirois da-
vantage, car si le respect dû à vostre
qualité me retenait d'une part, le fidèle
service que j'ay de longtemps voué à
vostre personne m'enhardirait de l'au-
tre. » — Madame de Fervacques, soit
qu'elle fut touchée de cet avis, ou que sa
conscience l'ait empêchée d'aller plus
avant dans cette voie, ne donna point
suite à ce projet de mariage. « C'estoit
une honneste femme, » dit Tallemant
des Réaux. Néanmoins elle ne rompit
pas avec le prince de Joinville, et en
mourant elle le fit son héritier. Elle
tomba malade en 1619. « A cette heure
(9 fév. 1619), écrivait Anne de Rohan,
M. le prince de Joinville ne bouge de
l'hôtel de Madame la maréchale de Fer-
vacques qui est toujours fort mal. On l'a
voulu fort prêcher, mais elle a protesté
qu'elle voulait mourir en la religion et se
fait recommander au prêche. On croit
qu'elle ne passera pas le mois de mars.
Sa maladie est étrange. » (34e lettre.)
Dumoulin , dans son autobiographie ,
129
ALÈGRE — ALEMAXD
130
confirme ces détails. Ayant été averti in-
directement par la sœur même de la ma-
réchale qu'il ferait bien de la visiter, il
s'y rendit sur-le-champ : « Je montay.
dit-il, à la chambre de la malade; et
comme je commençais à parler à elle,
voici entrer l'évesque de Genève, envoyé
par la princesse de Piémont sœur du
roy, pour exorter la malade à mourir en
la religion catholique romaine. Là il y
eut quelque contestation entre l'évesque
et moy. Sur cela M. de Roissy parla à
la malade disant : Madame, il n'est plus
temps de dissimuler; dittes franche-
ment, voulés-vous que ce soit M. l'éves-
que qui vous console et prie Dieu près
de vous, ou bien que ce soit M. Dumou-
lin ? Elle répondit : J'en prie M. Du-
moulin. Sur cela plusieurs catholiques-
romains se retirèrent, quelques-uns de-
meurèrent, qui pendant que je faisais la
prière, taisaient des grimaces pour se
mocquer. Je parlay à la malade et la
consolay le mieux que je pus. Lors trois
seigneurs de qualité entre lesquels estoit
If. Dandelot, rentrèrent en la chambre
de la malade et me dirent : M. Dumou-
lin, il y a là-bas des princesses et dames
qui désirent vous voir conférer avec
monsieur l'évesque. Je leur dis : Mes-
sieurs, vous faites cela exprès pour me
tirer d'auprès de la malade, et m'empes-
cher de rentrer. Là-dessus ils me tirent
de grands serments et promesses qu'a-
près la conférence, ils me laisseraient
rentrer pour rendre à la malade les de-
voirs commencés (La conférence eut
lieu . Je remontay vers la malade, la-
quelle peu après rendit l'esprit. » (Bull.
VII, 167.) « Madame la maréchale de
Fervacques a été bienheureuse d'avoir
pu être admonestée par M. Dumoulin.
Je me doutais bien, Madame, que vous
steriez à sa dernière fin, » écrivait
le 8 juin de cette année Anne de Rohan
à Madame de La Trémoille. ( Vaurigaud.)
ALEIX ou Allein (d), capitaine.
[V. 157 b;YI,388a;Vn,30b].— G. de
Ravnaud, sieur d"), vers 1550 [V, 353 b;
VU. 318 b; VIII, 394 a]. Vov. Ravnaud.
— D'Alen, 1600 [IV, 497 a . — ÙAlens
ou Dalens, Foix, 1598 XU, 63 b].
ALEIZETTE (Pierre d'), consul de
Ghabotte, signalé en 1737 comme obstiné
huguenot [Bull. V. 316;.
1. ALEMAX (Charles), natif de Gi-
mont en Gascogne, reçu habitant de Ge-
nève, 27 nov. 1559. — Cf. Ail...
î. AL KM AND, « Johannes Aleman-
dus Marosiensis (Marousse, Charente?)
Occitanus, » étudiant à Genève, 1592.
3. ALEMAXD (Louis-Augustin), né
à Grenoble en 1653 [Haag I, 60]. Après
avoir terminé ses études à Valence et y
avoir pris le grade de docteur es arts,
Alemand se fit recevoir avocat au parle-
ment de Grenoble. Les persécutions
contre les protestants augmentaient
chaque jour de rigueur; toutes les car-
rières leur étaient successivement fer-
mées. Alemand n'eut pas la force d'af-
fronter les périls de la fuite et de s'ex-
poser aux misères de l'exil ; il abjura
en 1676, et prit alors le parti de se
rendre à Paris, où il se fit homme de
lettres. Il publia en 1688, in-P
.\ouvelles observations ou Guerre civile
des Français sur leur langue, essai d'un
dictionnaire historique et critique de tous
les mots, de toutes les locutions, de
toutes les règles contestés. L'Académie
française, qui se disposait à faire parai-
'ii Dictionnaire, en arrêta l'impres-
sion pour proliter des observations d'A-
lemand. Ce fut Alemand qui publia deux
ans plus tard les Nouvelles remarques
' . de Vaugelas sur la langue fran-
çaise : Paris. 1690, in-P2. Cette publica-
tion fut suivie de ï Histoire monastique
d'Irlande ; Paris, 1690, in-L2; trad. en
angl.: Lond. 1782, in-M°. Ces nouveaux
ouvrages lui ayant procuré plus de dé-
sagrément que de profit, notre auteur
se mit à étudier la médecine dans l'es-
poir d'obtenir un brevet de chirurgien
de marine qu'on lui avait promis. Il
reçut dans ce but en 1693 le grade de
docteur à la faculté d'Aix ; mais le brevet
promis ne lui ayant pas été accordé,
il reprit la plume l'année suivante et
donna le premier volume d'un Journal
historique de l'Europe pour l'année 1 695 ;
Strasb. (Paris . It.'.ii, in-1'2, quinefut pas
continué, les rédacteurs de la Gazette de
France, du Journal des Savants et du
Mercure s'étant opposés à ce qu'on expé-
diât un privilège pourcetouvrage. On doit
aussi à Alemand une traduction de la
Médecine statique de Sanctorius, qu'il
intitula : Science de la transpiration ou
ï. 5
131
ALEMAND — ALENONCOURT
132
médecine statique... c'est-à-dire ma-
nière ingénieuse de se peser pour con-
server et rétablir la santé par la con-
noissance exacte de l'insensible transpi-
ration; Lyon, 1694, in-12. S'il faut en
croire Carrère, Alemand publia aussi le
Secret de la médecine des Chinois, Greno-
ble, 1671, in-12. Il se proposait de publier
un traité sur l'ancienneté des médecins
méthodiques, lorsqu'il mourut à Greno-
ble en 1728. — Son frère, avocat 'au
parlement de Grenoble, abjura comme
lui ; il se serait fait connaître (suivant
la fin de l'article de MM. Haag) par un
livre dédié au Père La Chaise, et conçu
dans l'intention de défendre les protes-
tants. D'après une note postérieure de
MM. Haag, Jacques-Thomas Alemand,
frère de Louis- Augustin , ne serait pas
l'auteur d'un livre écrit en faveur de ses
coreligionnaires ; l'honneur en appar-
tiendrait à Louis - Augustin , mais ce
livre n'a pas été publié. Son auteur lui
avait donné le titre suivant : Traité pour
prouver que les protestants ne sont pas
inutiles à la religion. Peut-être regret-
tait-il alors son apostasie. Quant à Jac-
ques-Thomas, c'est un tout autre ou-
vrage qu'il aurait dédié au Père La
Chaise, car à en juger par le titre il se-
rait intitulé : Préservatif contre toutes
sortes de nouveautés et hérésies ; Gre-
noble, 1688, in-12.
Uochas, Biogr. du Davphiné.
1. ALENÇON ou Dalençon (Guil-
laume d'), né à Montauban, martyr à
Montpellier en 1554 [VU, 497 a].— La
fin héroïque de ce chrétien n'a été men-
tionnée qu'en passant par MM. Haag;
nous pouvons en donner aujourd'hui un
récit émané d'un témoin oculaire * :
« Le 16 d'octobre 1553, Guillaume d'A-
lençon, de Montauban, fut dégradé. C'é-
toit un prêtre converti qui avoit apporté
de Genève des livres et séjournoit depuis
longtemps en prison. Revêtu de son cos-
tume ecclésiastique, il monta sur une es-
trade où l'évêque était assis. Après mille
cérémonies et la lecture de nombreux
passages en latin, ses ornements sacer-
dotaux lui furent enlevés et remplacés
par des habits séculiers ; on lui rasa la
tonsure, on lui coupa deux doigts, puis
• Mémoires de Félix Pluttcr de Basic, trad. et publ.
par le l)r Ed. Fick, imp. à Oenove, 480C, 111-S".
il fut livré à la justice séculière. qui l'ap-
préhenda sur-le-champ et le ramena dans
son cachot. Le 16 de janvier 1554, il fut
condamné à mort, et l'après-midi même
il fut supplicié. Un homme le porta
sur ses épaules [les jambes liées sans
doute] hors de la ville, à la place où
étoit dressé un monceau- de bois. A la
suite marchoient deux prisonniers : un
tondeur de drap, en chemise, avec une
botte de paille liée derrière le dos, et un
homme de condition, fort bien accoutré.
Dans leur égarement, tous deux reniaient
la vraie foi. Pour d'Alençon, il ne cessoit
de chanter des psaumes. Arrivé devant
le bûcher, il se déshabilla lui-même jus-
qu'à la chemise, rangea ses vêtements
dans un coin avec autant d'ordre que
s'il eût dû les remettre et, se tournant
vers les deux hommes qui voulaient ab-
jurer, il leur adressa des paroles si sé-
rieuses que sur le visage du tondeur de
drap la sueur coulait en gouttes de la
grosseur d'un pois. Ce que voyant, les
chanoines qui faisoient cercle, montés
sur des chevaux ou des mules, lui com-
mandèrent de finir. Alors il s'élança d'un
air allègre sur le bûcher et s'assit au mi-
lieu. Par un trou pratiqué dans l'esca-
beau passoit une corde ; le bourreau la
lui mit au cou, lui lia les bras au corps
et alluma le bûcher après avoir jette des-
sus les livres apportés de Genève. Le
martyr restoit paisible, les yeux tournés
au ciel. Au moment où le feu atteignit
les livres, le bourreau tira la corde et
serra le cou du patient ; la tête s'inclina
sur la poitrine ; dès lors d'Alençon ne fit
plus un seul mouvement et son corps fut
réduit en cendres. »
2. ALENÇON (Moïse), de Montéli-
mart, assisté à Genève en se réfugiant en
Suisseavecsa femme et ses enfants, 1684.
3. ALENÇON (MadameD1), Metz, 1589
[IV, 364 aj. -(... d'), réfugié, 1688 [VI,
260 b; VII, 425 a]. — Voy. Alançon.
4. ALENÇON de "Milleville, v. 1680
[VI, 363 b]. Voy. encore : [III, 84 b ;
VI, 59 a].
ALENCOURT (... d'), condamné à
mort, 1562 [III, 382 b, note].
ALENONCOURT (M»« d'), réfugiée
en Prusse et pensionnée par l'électeur
comme personne de condition (Erman,
IX, 4).
433
ALES
ALEYRAC
434
i. ALÈS ou Allais, pasteur à Marigné.
1572, à Gémozac, 1576. à S.-Savinien,
1590-1600 [Haag II. 1931 ; Bull. IV. 322 :
VII. 518: Aym. I. 189.'— Voy. Allais.
2. ALÈS ou Alliez (René d'), Tou-
raine, vers 1620 [V, 435 b].
ALESTI (Pierre), avocat à Nîmes,
1554 [IV, 222 a].
1. ALEXANDRE (Paons), d'Arles,
pasteur v. 1560 [III, 120: IV. 244 b\ —
(Marc), de Chaumont en Bassigny, reçu
habitant de Genève, 28 septembre 1573.
— le capitaine), de Florac, tué en 1628
[VIII, 490 b|. — (Charles), de Mets,
v. 1640-1707 [VI. 445 a]. — (Paul), de
Montpellier, assisté en passant à Genève
pour se réfusier en Allemagne, 1708.
2. ALEXANDRE André et Salomon),
naturalisés anglais, 11 mars 1700.
ALEXIS (Gervais), entretenu à l'aca-
démie de Die par le colloque de Diois en
1611 et reçu au saint ministère en 1612,
exerça le pastorat à Briancon de 1612 à
1618 [X, 329, 331J, à Rosans de 1618 à
1622. à Livron de 1629 à 1641. L'évêque
de Valence se fondant sur la déclaration
royale du 14 avril 1627, qui défendait
aux ministres étrangers de remplir leurs
fonctions en France, enjoignit en 1630
à Alexis de quitter son diocèse. Ce der-
nier s'y refusa et aurait été arrêté par
l'évêque s'il n'eut pris la fuite.
Il parait du reste qu'Alexis n'était pas
étranger, car le roi à qui son affaire fut
renvoyée, ne ratifia pas la sentence épis-
copale. Il avait résumé en 1641 Lafoy
fondée sur les Saintes Ecritures, de
Daillé. Gaspard Fallot, curé de Livron,
y opposa sa ■ Réponse au livre de la foy
fondée de Daillé, ministre de Charenton,
transcrit et abrégé dans la lettre d'A-
lexis, ministre de Livron, contenant la
défense de M. Véron : Lyon, 1641,
in-8°. » La « Lettre » d'Alexis n'a pas
été retrouvée. (Arnaud.)
Au mois de mai 1655. Jean Alexis,
avocat au pari, de Paris, fils de Gervais
Alexis, ministre à Vinsobres, et de Ma-
delaine Samuel, épousa Aimée de Bot tin,
dame de Vilaines, veuve de Jean de Go-
des, sieur de Ruet, capitaine exempt des
gardes du corps (Reg. de Charenton .
1. ALEYRAC. Le château d'Aleyrac
{de Alariaco , commune de S. -Vincent
de Barrez (arr. de Privas, canton de Ro-
.1 .5
chemore). a donné son nom à une an-
cienne famille qui parait être une bran-
che cadette des anciens barons d'Aigre-
mont au diocèse de Nîmes, du nom de
d'Aleyrac. Le dernier de cette illustre
race (on a une donation en date du
1er mars 1244, où il est question d'un
Pons d'Aleyrac mourut en 1549. ne
laissant de son union avec Marguerite
de Cambis, qu'une tille nommée Mar-
guerite comme sa mère. Cette héritière
épousa, le 15 août 1561 [VIII. 459 b],
Thomas de Rochemore et porta tous les
biens de sa maison, avec le château de
Calviac (Gard), qui depuis a passé à la
famille des Hours, dans la famille de
Rochemore.
Au milieu du XVIe siècle, le même
fief se retrouve dans une autre famille
d'Aleyrac (ou Daleyrac) du Colombier
(Haag IV, 365) ou plutôt de Colombiers.
2. Claude Daleyrac, frère cadet de
Pons, sr de Colombiers et bailli du Vi va-
rais, épousa Jeanne de Mercoyrol, dont
il eut trois fils, notamment Guillaume,
chef de la branche de Chambeson et
Guinot chef de la branche de Fougères.
3. Guillaume d'Aleyrac de Colombiers,
seigneur de Chambeson, se distingua à
Moncontour à la tète de cinquante hom-
mes d armes; puis, comme capitaine
d'une compagnie d'infanterie, il mérita
en 1598 les éloges de Henri IV pour sa
conduite contre les ligueurs. 11 avait été
député à l'assemblée de Milhau, en 1573.
et mourut en 1606 ou 1607.
D'Anne de Sybleyras, fille d'un bailli
de Privas et dTsabeau de Chàteauneuf,
il eut : David Daleyrac, sr de Chambe-
son, homme d'armes de la compagnie de
Vendôme en 1609, capitaine d'une com-
pagnie qui guerroya dans la Savoye en
1616; mort en 1649.11 laissa de son ma-
riage avec Suzanne, fille de Jean de Jul-
lien, sr du Fraisse. et dilsabeau de
Chambaud, six enfants dont quatre
filles, Paule, Anne, Geneviève et Judith
d'Aleyrac. Son second fils Jean mourut
en Italie à 19 ans, capitaine d'infanterie,
1640. L'aîné. Etienne d'Aleyrac, plus
connu sous les noms de Colombiers ou
de Chambeson, servit d'abord au siège
de Perpignan, 1641 : il fit ensuite les
campagnes d'Italie comme capitaine.
A la Révocation il n'hésita pas, malgré
135
ALEYRAC — ALIBERT
136
son âge avancé, à sortir du royaume.
L'électeur de Brandebourg l'accueillit
avec distinction et le nomma lieutenant-
colonel; mais la nostalgie ou toute autre
cause que nous ignorons le ramena dans
sa patrie où il mourut en 1686. Il avait
épousé en 1634, Catherine fille de Noé
de Chambaud, seigneur de Saint-Léger
et de Simonne de La Tour. Cette dame
ne fut pas plutôt veuve qu'elle passa de
nouveau dans les pays étrangers ; ce-
pendant lorsqu'elle sentit approcher sa
fin, elle revint aussi mourir en France,
1689. De son mariage était nés huit en-
fants : trois filles, Jeanne, Catherine, Su-
zanne et cinq fils. L'aîné, Louis, né en
1636, capitaine au régiment du Limou-
sin, mourut à Chomerac, 1666. Le se-
cond, Jacques, né en 1648, page du
prince d'Orange, capitaine de la milice
du Vivarais en 1674, fit la campagne de
Catalogne au retour de laquelle il mou-
rut, 1674. Le troisième, Noé, sr de La
Condamine, né en 1649, entra comme
cadet dans les gardes, 1671. Peu de
temps après il abjura et son père irrité
lui refusa toute assistance jusqu'à ce
qu'un arrêt du conseil du 14 août 1671,
l'eut condamné à lui payer une pension
de 300 1. Ce fils mourut aux Invalides
en 1718, sans postérité. Le quatrième
nommé aussi Noé, sr de Colombiers, né
en 1650, fut envoyé pour étudier à Ge-
nève, mais n'en suivit pas moins l'exem-
ple de son frère, en 16Ï3, et se distingua
par la fureur avec laquelle il combattit
ses anciens coreligionnaires. Le cin-
quième, Etienne, sr de Pramoulenc, né
en 1655, sous-lieutenant au régiment du
Piémont, mourut à Pignerol en 1(373.
(Haag.)
Le second Noé laissa des fils, sei-
gneurs de La Ghaize, de Colombiers, de
i^a Condamine, de Saint- Vincent de
Barrez et de Saint-Pierre de Barry,
dont la descendance existe de nos jours
dans l'Ardèche, et s'allièrent aux mai-
sons de Geis de Pampelonne, de Pau-
théac de Grandval, de Barruel, qui ne
ressortent point de notre sujet. La ba-
ronnie d' Aleyrac a passé par ies d' Assas
et les Latour du Pin à la famille de Sal-
vaire, dontlechef est aujourd'hui le baron
Raymond de Salvaire d' Aleyrac, catho-
lique, habitant le château de Cabrières,
près Saint-Jean du Gard. (Cazenove.)
4. Guinot d' Aleyrac, frère cadet de
Guillaume, épousa en 1598 Madelaine
du Chailard, dame de Fougères (par. de
St-Vincent de Barrez) dont il eut, entre
autres enfants, Daniel, sr de Fougères,
docteur en droit, député à diverses as-
semblées des églises réformées en 1611
IVI, 409 b; Vil, 531 b] et 1621 [V, 140
a]. De son mariage avec Louise d'Au-
demar naquirent : 1° François-Louis,
sr de Fougères, capitaine d'infanterie, à
qui sa femme, Judith de Serres, ne
donna que des filles : Susanne, Clau-
dine-Gabrielle et Susanne ; 2° N. d' A-
leyrac, capitaine au régiment de Qui-
noy, tué à la tête de sa compagnie ; —
3° N. d' Aleyrac, cornette dans le même
régiment, mort en 1676.
ALEZIEU (N.), ministre de Garlin
(Basses-Pyr.), pendu à Pau « sans nulle
forme de procès,» par Henri de Na-
vailles, seigneur de Peyre, gouverneur
de la ville ; août 1569 (Bordenave, 263).
— (Moïse), de Montpellier, étudiant à
Genève, 1680.
ALGEVIN (Jean), du Grand-Gallar-
gues, \lb1{Bull. III, 482).
ALGLANE (Jacq.), mis au Fort-1'Evè-
que, 1685.
ALGON (Jehan), de Die en Dauphiné,
reçu habitant de Genève, 13 mai 1555.
ALGUE (Jaques), de S.-Hippolytede
Roqueforcade en Languedoc, reçu habi-
tant de Genève, 26 juin 1559. — Antoine
d'), sieur de Grive, 1613 [IX, 135 b].—
(Paul d') ou plutôt Dalgue, dit Lassagne,
pasteur des Cévennes, 1745 [IL, 494 a].
ALHAUD (Antoine) et Marie Alhaude,
massacrés en Provence, 1562 [X, 469 et
474].
ALHÉNAS (... d'), officier réfugié en
Prusse, 1686 (Erman, IX, 3). Alhoue,
voy. Aloue.
ALIBERT (ou Allibert), réfugié, de
Grenoble, 1688 [VU, 424 b]. — (Pierre),
marchand à Grenoble, réfugié avec sa
femme et sa fille à Berlin, 1698. —
(Jeanne), Alais 1754 [IX, 351 a]. — Jac-
ques), de S.-Hippolyte, assisté à Genève
pour gagner Berlin, 1698. — (André), de
Ganges, id., 1699. — ^Guillaume) et sa
femme, réfugiés à Genève, 1707. — (Ma-
riej, assistée à Londres, 1721. — (Jean),
des Cévennes, reçu habitant de Cenève,
137
ALIBERT
ALIES
138
1731. — (Pierre), de S.-Hippolyte, id.,
1731. — (Charles), de Paris, id..
ALICAX (la veuve du sieur d'), réfu-
giée au Werder (Berlin), 1700.
ALICHOXS (Catherine d'), v. 1590
[II, 400 h |.
ALICOT (Pierre), de Montpellier,
« maître en fait d'armes, » réfugié à Ge-
nève ver? 1709.
ALIDOR , prénom d'un capitaine ca-
misard [II , 315 a].
ALIEB [Nicolas), ministre à La Rou-
vière, 1569-70, et à Brignon, 1571-72
(Bull. XXI, 133).
ALIES , Alliés ou d'Aliès , et non
Daliès ', famille distinguée de Montau-
ban, occupant les charges de finance et
celles de la magistrature, et ayant ac-
quis, vers le milieu du XVIIe siècle, la
baronnie de Caussade [Haag IV, l'.H a\
=: Armes : écartelé, aux l et 4 de gueules
au lévrier d'argent, aux 2 et 3 d'argent à
3 fasces d'azur, à la bande de gueules
chargée de 3 étoiles d'or, brochant sur
le tout.
Les Aliès avaient embrassé les doc-
trines de la Réforme dès 15G1. Lorsque
l'édit de pacification fut publié à Mon-
tauban en 1503, Bernard d'Alii.s. avocat
du roi au siège du sénéchal de Montau-
ban [III, 104 a], futappelé, en sa qualité,
à constater l'état du Moustier que la garni-
son catholique venait d'évacuer, et i
formellement cette garnison de l'avoir
détruit. En 1569. il présida à la vente
des biens du clergé en vertu d'une com-
mission de la reine de Navarre. Il mou-
rut le 16 août 157 | (Reg. dos sep. de M.
1565-80. p. 24). — Un antre d'Aliès fut
élu consul de Montauban en 1598, avec
Lauzat. Tenant, Vacher. Faget et Vi-
rac. — Un autre encore, probablement
petit-fils de Bernard, servait, en 1622,
sous les ordres de Saint-André-Mont-
brun IV, 166 a].— Marie d'Alip.s. mariée
le 10 mars 1612 à Jean de Caumant.
sr de Montbeton [IIL. 270 a]. — A la
même famille appartenait Antoine d'A-
liès, trésorier général de la maison de
Navarre, dont le fils. Jean, receveur .les
tailles du Quercy. épousa Marie Pain/
dans le temple de Charenton en 1629.
1 te cette union naquirent, le 13 oct. 1630,
■ Ce qui résulte de l'examen des resistres de 1 Y't.it
civil de Montauban. (■kkkNkoi
Antoine, et le 17 mars 1633, Jean, sieur
de Martel, qui eut pour marraine Marie
d'Aliès, dame de Montbeton, et qui ab-
jura le 9 nov. 1661. On a le contrat de
mariage de l'ainé de ces deux frères,
« Antoine d'Aliès, seigneur et baron de
Caussade, conseiller du roy en son con-
seil d'Estat, fils de messire Jean d'Aliès,
aussi conseiller du roy en son conseil
d'Estat et finances, avec dllc Marthe de
Garrisson, fille de messire Jonathan de
Garrisson. seigneur de Lustrac, et feue
dlle Anne de Coulom, » ledit mariage
célébré au château de Montbeton, avant
le prêche, par le ministre Thom. Satur.
le 29 avril 1669, on présence de David
de Caumnnf, baron de Montbeton. An-
toine d'Aliès soutint énergiquement les
vieux principes de sa famille lorsque
arriva l'heure de l'épreuve III, 8
VII, 424 b]. En 1685. il obtint la per-
mission de rester à Paris, dont 1
jour avait été interdit aux protestants,
sous prétexte de suivre un procès devant
le Parlement Suppl. fr. 791 n° l, nunc
- i intention était de fuir, et il
sit non-seulement à gagner la Suisse
en 1686, mais il fut même assez heureux
pour faire venir successivement auprès
de lui six de ses enfants. Le u'ouverne-
ment se saisit dn septième, nommé Jean,
en 1691. et te plaça an collège Louis-le-
Grand. Sa femme, qui n'avait pas encore
pu le rejoindre, fut privée de la tutelle de
son (ils et de l'administration des biens
de son mari (Suppl . fr. dont
le gouvernement chargea Samuel d'A-
ieur de La Tour, qui avait abjuré
( A rchir. ';■ I . Le bar on d e Cau s-
sade obtint gratuitement, le 26 mar>
les droits de bourgeoisie à Genève, avec
ses deux tils. Jonathan et David; il fut
élu membre du CC en 1714 et mourut en
nov. 1721. L'ainé alla, s'établir à Lau-
sanne, qu'il habitait en 1 7 10, et le second,
David, après avoir fait des études de théo-
logie en Angleterre et en Hollande, fut
consacré ministre à Amsterdam, le 1 7 mai
1704. Il desservit l'église de Delft jus-
qu'en I7i)9, puis il futappelé à Copen-
hague comme successeur de Théodore
ls Blanc ; il y mourut de la peste en
1711, et ue parait pas avoir laissé d'en-
fant de sa femme, Suzanne Marti e. ré-
fugiée de Bergei ie, qu'il avait épo
139
AL1ÈS — ALLAIRE
440
à Oldenbourg, et qui survécut jusqu'au
28 mars 1767.
Anne d'Aliès, fille du baron Antoine
de Gaussade, épousa en 1704 Georges
Polier [VIII, 282 a] ; sa sœur, Marthe-
Marie, devint en 1717 la femme de Jean-
Robert Tronchin [IX,. 423 a]. —Nous
connaissons encore une Marthe Dalliès,
femme de B.-J. Courault, sieur du Por-
tail, lieuten. gén. en Prusse [III, 316 a].
AL1ÈS ou Aliet. Zacharie Alies ou
Daliès, (fils de Raimond, marchand à
S. -Antonin de Rouergue), avocat au
parlement de Paris, marié en sept. 1678
avec Marie Bizot (Reg. de Char.) et en
mars 1680 avec Fr.-Mad. Martin [VI,
538 b, note; VII, 296 a]. — Jacques
Aliet, de S. -Antonin, assisté en passant
à Genève, 1698. — Isaac Alier, fils de
Guillaume, marchand à S. -Antonin,
épouse, oct. {&QS, Anne Rousseau, veuve
de Jean du Ry, architecte. — « Zacha-
rias Alies a S. Antonino apud Ru-
thenos, » étudiant à Genève, 1705.
AL1GRET (d'), Paris, 1562 [IV, 21 lai] ;
— (Paul d'), 1685 [VI, 346 b].
ALINGE (Esther d'), femme de Jehan
deBudé, synd. de Genève, 1602 [III, 76 a].
ALION (Gédéon), de Metz, docteur en
médecine, réfugié à Halle, 1700.
ALISEÏ, « ministre à S.-Lagier, » reçu
habitant de Genève, 23 sept. 1572.
ALISON ou Alizon (Honoré), massa-
cré à Valensolle en Provence, 1562 [X,
469]. — Alison, de Nîmes , 1687 [V,
405 a] ; — (Henri), roué à Nîmes en
1705 [II, 314, 315].— Autre, pendu
à Nîmes, 1705; ibid. Voy. Bull. II,
464. — Alison, du Vivarais, 1601 [X,
265]; —1672 [VI, 34]; —(Jean), de
Gluiras en Vivarais, chirurgien, assisté
à Genève en 1697; réfugié à Friede-
richstadt, 1700; — (Madelaine), de
Gluiras, assistée à Genève, 1701. —
(M"e), emprisonnée, 1720 [X, 404]. —
(Jean), de Nîmes, faiseur de bas, reçu
habitant de Genève, 27 oct. 1738. —
Jacques Aleson, de Lyon, assisté à Ge-
nève, se réfugiant en Allemagne, 1700.
ALISON (d') ou Alison, 1611, 1616
[VII, 533 b,534 b].
ALISOT ou Alizot (Armand), de Nî-
mes, 1561 [VII, 337 a, note]. — (Jehan),
«natif deNismes, » reçu habitant do
Genève, 23 oct. 1559.
1. ALIX (Simon), « natif de S.-Sauveur-
Lendelin, dioc. de Goutances, » reçu na-
bi tantde Genève, 5 août 1585. — (Etienne),
d'Orléans, étudiant à Genève, 1588.
2. ALIX (Susanne), 72 ans, et sa fille,
assistées à Londres, 1702. — Cf. Allix.
ALIZIER de Langlade , professeur
d'hébreu à Nîmes, 1602 {Bull. III, 46).
ALL AIGRE (la dame d'), 1593 [III,
199 b]. — Cf. Allègre n° 8, col. 127.
ALLAIN (Jean), ou Allaire, ancien
de La Roche - Bernard , 1561 [VII,
138 b].
1. ALLAIRE (Denys), capitaine bor-
delais, condamné 1569 [II, 415 b]. — Su-
zanne, fille de Louis Allayre QldUAnne
Goy, 1571 {Reg. de Saintes).
2. ALLAIRE (quelquefois écrit Al-
lain), famille rochelloise, 1621 [III, 265 a ;
V, 87 b] ; — 1681 [VII, 417 b, 2« note, 2°] ;
— 1685 [VI, 59 a]. — Voy. Alexandre
Allaire, naturalisé anglais 11 mars 1700
(Agnewl, 55); réfugié, 1706, en Améri-
que [VIII, 12 b].
3. En 1708, un Alexandre Allaire figure
parmi les juges consuls de La Rochelle.
Il était frère à' Antoine, marchand comme
lui, marié en 1679 h Jeanne Pages, et qui
quitta la France, avec un brevet du roi,
à la révocation de l'édit de Nantes. Ce-
pendant, on trouve encore les nom et
prénom : Antoine Allaire, et le même
titre de juge consulaire, en 1686, avec
cette annotation : « nouveau converti. »
— Cette famille avait été l'une des pre-
mières de La Rochelle à embrasser le
parti de la Réforme. François Allaire
est inscrit comme tel sur les registres
de l'état civil dès 1566. Antoine, proba-
blement son fils, entra au corps de ville
en 1617. Le petit-fils de celui-ci, nommé
Louis, seigneur du Bugnon, ancien et
diacre, eut de sa femme, Jeanne Super-
ville, onze enfants, parmi lesquels : An-
toine, sieur du Bugnon , né au mois de
nov. 1627; Jean, sieur du Bugnon, se-
crétaire du roi; Henri, né en 1642, con-
seiller puis lieutenant général en l'ami-
rauté ; Esther, mariée au pasteur Louis
de La Forest; Suzanne, mariée en 1670
à Jean Frcylwff 'et en secondes noces à
Jean Barbot, sieur de Romagni, con-
seiller au présidial. L'aîné do ces onze
ont'auts, Antoine, avait épousé, en 1651,
inné Thcroudr, dont il avait ou A/r.can-
141
ALLA IRE — ALLEMAGNE
142
dre et Antoine, les deux frères mention-
nés ci-dessus, plus Philippe, qui dispa-
rait aussi de La Rochelle vers 1680,
c'est-à-dire qui probablement s'enfuit
pour conserver sa foi. — La famille Al-
l.ure est encore représentée aujourd'hui
à La Rochelle par des descendants de
ce nom, fidèles au protestantisme. (Jour-
dan.)
ALLAIS (Isaac), de Gaen, étudiant
à Genève, 1677. — (Marguerite), femme
de G. Dupuis d'Ermenouvii Je IV.
— Abraham Allais, de Dieppe, 53 ans.
réfugié et assisté à Londres, 1705 ; il
avait été naturalisé anglais, 3 juill. 1701,
avec Catherine sa femme et trois enfants.
ALLAMAND (Claude), galérien, 1690
[X. M5]. —pasteur, 1745 [H, 334).
1. ALLARD (Cf. Alard). — (Jehan),
natif de Cusset près Moulins en Bour-
bonnais, reçu habitant de Genèv
avril 1559. — (Jean), de Mirepoix, étu-
diantàGenève, 1560.—- Hubert), orfèvre,
de Reims, hab. à Genève, 8 mai. — (Ro-
bert), deS.-Victor en Caux, id.. 1er janv.
1660. — (Raimond), massacré en Pro-
vence, 1562 [X, 160]. — (Jean), Or-
léans, 1568 [VI, 531 b]. — (Péron-
nelle), Genève, v. 1570 [VII. 300 b]. —
(Anne), Orléanais, v. 1630 [VI, 536 a].
— (Jean), Poitou, persécuté, 1681 [VII,
417 a]. — (Jacques), Paris, 1685 [II,
210]. — (jG il. 77]. — (Ursinet
François), naturalisés anglais, I6É
1701."
2. ALLARD (Samuel), d'Exoudun. tils
de Pierre Allard et de Marie Robin.
étudiant à Genève en 1671. Pasteur à
Sauvage près La Charité-s. -Loire, en
1680 [VII, lit» a], il épousa cette même
année Marie Gosse lin.
3. ALLARD, famille rochelloise
59 a, 281 a]. — (Paul), de La Rochelle,
pasteur à Sancerre. 161941 IV. -193 a;
V. 213 b; VI. -27 b. 28a, 281 a: VII.
145b; X. 318. 343].
4. ALLARD (P.), galérien, L705 [X,
420]. — (Matthieu', prédicant du Dau-
phiné, galérien, 1735 [X, 125],
5. ALLARD Marte), de Sedan, ré-
fugiée à Kœnigsberg, 1700. — (Jean),
de Loudun, capitaine dans Vannée prus-
sienne mort en 1707 V, 120 b].
6. ALLARD (Jeanne i>' , 1562 [IV,
51'2 a]. — (Le sieur d), Vivarais, 1587
[V. 120 b]. — (Jehan d'), consul de Mont-
pellier, 1621 [id.]. — D' Allard, ministre
dans le Bas-Languedoc en 161 s.
ALLARDOX (Claire), de Dijon, ré-
fugiée à Genève où elle épo
Abel Rivery, imprimeur.
ALLAUD. avocat à Paris, condamné
à être pendu. 1562 IX, 310 b].
ALLAURE âomax), paveur, natif
d'Orléans, reçu habitant de Génère,
17 avril 1559.
1. ALLEMAGNE, tué à La Rochelle
en 151 : b].
2. ALLEMAGNE (Jacques d') , mi-
nistre de Meaux, puis de Sézanne, vers
1659-1674 [Haair I. 60; — II. 57; VI,
422 b; VII, 49 b, 402 b ; IX, 6 b].
La famille de ce minis tre 11 trure da
Tes de Charenton. Sun père Isaac
d'Allemagne, 'mort à Paris en 1675;. tils
d'Isaac, barbier-chirurgien, et barbier-
chirurgien lui-même, avait épou-
I^ouise Regnard. fille de Gabriel
Regnard , apothicaire de Sézanne , et
de Jeanne Moreau. De ce mariage
naquirent : 1° Jacques dont il va être
parlé, présenté au baptême le 22 mars
1636 par Jacques Sarrasin , docteur
en médecine, et Françoise Le Maçon ;
>.ac, baptisé le 3(J novembre 1642 ;
3° Abraham, baptisé le 1<S juillet lbi7,
mort en 1648; 4Û Louise, née le 2 nov.
:\\W)i>. né le .s juillet 1650;
6° Louise, baptisée le 25 janv. 1652;
;.ÉNE, baptisée le 1 • > mars lt',5.i;
iuel, bapt. 2 août 1654 : 9" Marin.
Le premier seul est connu. (II
Jacques d'Allemagne , ministre de
Sézanne. l'est acquis une fâcheuse célé-
brité par la part trop active qu'il consen-
tit a prendre dans l'exécution du fameux
projet de réunion de l'Eglise protestante
avec l'Eglise catholique. Parent par al-
liance d'un des ministres de l'Etat, il se
crut appelé à jouer un rôle, et sa vanité
l'aveuglant, il ambitionna d'abord une
place de pasteur dans l'église de Paris.
N espérant pas toutefois arriver au but
de ses désirs par le choix libre du consis-
toire, il eut recours au crédit de la fa-
mille de sa femme et se fit nommer com-
missaire du roi auprès du synode de l'Ile-
de-France. La cour, qui se berçait alors
du fol espoir que la décision de quelques
ministres corrompus par ses faveurs et
143
ALLEMAGNE
ALLEMAN
144
ses promesses suffirait pour faire ren-
trer les huguenots dans le sein de l'E-
glise romaine, accepta la coopération
d'un homme qu'on lui dépeignait comme
propre à faciliter la réunion désirée.
D'Allemagne fut donc nommé commis-
saire royal auprès du synode qui s'as-
sembla à Charenton en 1671. Jamais on
n'avait vu avant cette époque un minis-
tre revêtu de ces fonctions ; aussi cette
nouveauté excita-t-elle de légitimes soup-
çons ; mais la prudence exigeait qu'on
ne les fit pas trop paraître. Le ministre
de Sézanne assista sans opposition au
synode; seulement, quand il voulut opi-
ner en sa qualité de pasteur, le synode
le força à se renfermer dans sa charge
de commissaire, en lui déclarant que si,
comme représentant du roi, il n'était pas
soumis à sa juridiction, il l'était comme
ministre, et que, comme tel, sa conduite
allait être examinée sévèrement. D'Al-
lemagne ne crut pas prudent de s'expo-
ser aux censures de l'assemblée ; il alla
même plus loin, et se sépara de son
église, soit qu'il espérât se pousser plus
facilement à la cour, soit qu'il voulût
prévenir de nouvelles contestations dans
le cas où il serait continué dans ses fonc-
tions de commissaire royal. A ce dernier
égard, son attente fut trompée; car lors-
que deux ans plus tard, un nouveau sy-
node fut tenu à Charenton, la cabale des
accommodeurs travailla vainement à le
maintenir dans sa charge; le député gé-
néral, Ruvigny, para le coup et obtint
que la commission serait donnée à un
autre. Cet autre, il est vrai, fut La
Brosse de l'Hôpital, beau-frère de d'Al-
lemagne.
L'église de Sézanne cependant, n'ayant
pu obtenir du synode le pasteur qu'elle
souhaitait, le supplia de lui rendre son
ancien ministre pour lequel elle avait
conservé une vive affection, et la cour
donna ordre au lieutenant général de
Sézanne de maintenir d'Allemagne dans
sa place (Archiv. gén. E, 3359). Mais
celui-ci, qui ne se souciait nullement
d'y retourner, obtintune lettre de cachet
portant que, vu ses bons services, S. M.
lui ordonnait de quitter l'église de Sé-
zanne et de suivre la cour. Le synode
ne pouvait aller à rencontre d'un pareil
ordre, lors même qu'il en aurait eu l'in-
tention; cependant il ne voulut pas lais-
ser impunie une semblable révolte con-
tre la discipline, et il cita d'Allemagne à
comparaître devant le prochain synode
pour répondre à diverses accusations
portées contre lui, tout en le déclarant
incapable de remplir les fonctions pas-
torales dans aucune église, jusqu'à ce
qu'il se lût justifié. D'Allemagne eut de
nouveau recours à ses protecteurs. La
délibération du synode de Charenton fut
annulée par un arrêt du conseil qui le
rétablit dans son église de Sézanne, que,
deux mois auparavant, un autre arrêt lui
avait ordonné de quitter. Il y retourna;
mais il avait perdu toute considération.
Pour échapper aux mortifications dont
on l'abreuvait, il prit un parti désespéré :
il se fit catholique et obtint du clergé
une pension de 600 livres. Sa conversion
acheva de le perdre à la cour même ; on
l'abandonna dès qu'on cessa de pouvoir
se servir de lui. Il vit alors dans quel
abîme l'avait entraîné sa vanité. Plein
de remords, il passa en Angleterre, où
il répara sa faute d'une manière tou-
chante et donna des preuves de patience
et d'humilité dans l'obscure condition
où il vécut jusqu'à sa mort. Il fut natu-
ralisé anglais le 15 avril 1687 (Agnew II,
236). Sa femme était Elisabeth de Beau-
vau. Elle lui avait donné : Anne-Elisa-
beth, baptisée le 2 oct. 1660, morte en
1662; Charles, mort à trois ans, en 1667;
Isabelle, morte enfant en 1672.
On trouve dans le t. XI de la collec-
tion Conrart (Paris, Bibl. de l'Arsenal)
un sermon de Jacq. d'Allemagne sur
Marc, XII, 41-44, prononcé à Sézanne,
le 16 févr. 1650.
3. ALLEMAGNE (Nicolas du Mas de
Castellane, baron d'), vers 1570-1590,
beau-frère de Liste, qui signa les lettres
adressées au parlement de Grenoble par
les principaux capitaines protestants du
Dauphiné dans le but de sauver le brave
Montbrun, dont le roi Henri III voulait la
tête [IL 374a, 182 b, 500 a; IV. 531 b;
V,93 b ; 1\, 142 h; X.225].— (Anne d\
Paris, 1670 [VIII, 25 h]. — ^Louise .1' .
1627 [IX,358 a|. — vHlisabeth d'), 1631
[IX, 411 a].— (Sara du Mas d') [ 1 . 275 b .
ALLKMAN Sobannb), 1737 [Vil.
93 b]. — (Philippa), réfugiée et assistée
à Genève, 1681
lio
ALLEMAND — ALLIX
146
ALLEMAND de Champs (Justine;,
1550-1588, la femme dévouée du brave
Montbrun [IV, 464 a]. — (Blanche ,
v. 1600 (m, 218 b).
ALLEMAND ou Alleman, seianeurs
d'ÀJUières, XVI* siècle [II, 181, 371,
373: IV, 457 1): VII, 445 b]. —(Jacques
d'), sieur de Mirabel, 1611 [VIII, 460 a].
— Voy. Falentin.
ALLEN (Marthe), réfugiée de Breta-
gne à Londres, 53 ans, et assistée. 1702 :
encore à Londres et assistée en 1721. —
(Catherine, v. 1750 [VIII, 275 b]. —
(Elisabeth), naturalisée anglaise. 1696. —
). épouse de l'historien Sismondi,
1819 [IX, 284 b].
ALLENEÏ (J*àH),de Saintonge, 1563,
condamné à mort [VIII, 507 b].
ALLEXETTE. de Saintonge, réfugié
en Irlande v. 1700 IV. 224 a].
ALLÉON ou Aléon (Marie . femme
de René Thellusson, à Genève, v. 1600
[IX. 363 b . — Jean), tanneur à Anno-
nay ; information contre lui pour propos
injurieux au roi, annonçant son dessein
de sortir du royaume, 1685 (Arch. gén.
Tt . — Louis), d'Annonay et sa femme,
chaussetiers, réfugiés à Génère, 1699-
1709. — (Théodore) et sa femme, passant
à Genève pour se réfugier en Allema-
gne, 1701. — (Louis), commerçant à An-
nonay, obtient du roi de France et du
conseil de Genève la permission de ve-
nir se marier à Cologny près Genève avec
Louise, tille de Joseph-René Lombard
de La Tune et de Maudeleine Alléon,
ALLENS (... d), capitaine, 1587 [III.
456 b].
ALLEOUD (Louis d'), du Dauphiné,
16-2-2 [III. 218 b].
AL LU >l.'D Pierre, Antoine et Fran-
çois), tous trois de Poyols en Dauphiné,
reçus habitants de Genève en 1739, 17 il
et*1747.
ALLEROX (Ambré), d'Orléans, réfu-
gié à Genève et reçu habitant v. !
ALLEU Anse), Poitou, v. 1560 [MIL
401 a]. — [Jean), de Languedoc, ébéniste;
— (Jacques), de Montpellier, serrurier,
réfugié à Halle, 1700.
ALLEE R d'), réfugié français tué à
la bataille de Kollin en Bohème. 18 juin
1757 Erman I\
ALLE YG RE (Berthou.emv, filzdp feu
Jacques , orfèvre, natifz de Tholoze,
reçu habitant à Genève, 9 sept. 1550.
ALLEYNE Rebecca),1751 [IV. -235b].
ALLIAN Nicolas, fils de feu Guil-
laume et de Clauda deChapays), deCrest-
des-Arnauds en Dauphiné, réfugié à Ge-
nève où il testa âgé de 18 ans en
Sa sœur Jeanne était veuve de Jean Au-
bret. — (Pierre), du Dauphiné, réfugié à
Magdebourg, 1700.
ALLIAUD Jaoc. b Vallées, ré-
fugié et assisté à Genève, 1685. — (Cathe-
rine), d'Orange, uL, 1703.— Madelaine).
assistée à Londres. 1721.
ALLIÉ (Louis), de Cal visson. charpen-
tier, réfugié à D^rotheestadt avec sa
femme et son beau-frère. 1698.
1 . ALLIER (Lotis), de Nimes, réfugié
à Genève, Il ^.— Jean), de Tresclou,
galérien. 17i5 [X, 405, 426].
-2. ALLIER Zacharie), de Toulouse,
docteur en droit, réfugié à Genève et as-
sisté dans cette ville de 4 écus d'abord,
puis de 8 écus pour se rendre en Alle-
magne: 1705.
ALLIER (Lubind), avocat v. 1560
[VII, 371 a]. — (Marthe d"), v. 1750 [IV.
40 a].
ALLIE RI-> bmocsOT d). « Innocen-
tius Allerianus Delphinas Gratianopoli-
tanus, » étudiant à Genève, 1601.
ALLIES (Gédéon , fermier, âgé de
80 ans. et Susannesa femme, réfu_
Londres, ! *
ALLEN", galènes, 1708 (Bull. XVIII,
377 .
ALLIoN Gédéon), pharmacien, réfu-
gié en Allemagne, v. 16.% [III, 216 a].—
(Anne), vivant" vers 1630 [IV, 82 b]. —
(Elisabeth), v. 1650 Vi
ALLIOT(Jean , du Dauphiné, chirur-
gien, Magdelaine, sa femme et deux en-
fants, réfugiés et asi Londres,
1702-1705. — (Françoise, veuve de Char-
les . d'Autun au Perche. 61 ans. i<l.
1. ALLIX Jkab . pasteur à Dan geau,
4610, 1638, puis à Marehenoir [I, 61 b,
note: IV, 420 a : VI. 104 b; VIII. 42 b;
IX. 195a; X. 318,343). Il était néà Sully-
sur-Loire et avait fait ses études aux frais
de l'église d'Orléans (Voy. Lettre de
Maillard à Du Plessis-Morna
-2. ALLIX Pierre , pasteur d'Alen-
çon.vers 1635 11.516 : IV, 278 b. Il avait
fait sps étudps à Sedan où il soutint trois
147
ALLIX
148
thèses qui sont publiées dans les Thèses
Sedanenses. L'une, en 1634, De monar-
chia totius ecclesise militantis quas a
Petro jingitur in successores transmisse
sous la présidence de Rambour ; l'autre
De cultu creaturarum en 1635, et la troi-
sième De reliquiis sanctorum et eorum
cultu, sous la présidence de Du Moulin,
en 1636. Il avait épousé Madelaine Alis-
sot.
On a de lui un : Catéchisme auquel les
fondements de la religion et de nos prin-
cipales controverses sont établis et dé-
fendus contre les impies et les adver-
saires; Paris, 1658, in-8°.
3. ALLIX (Pierre^ savant controver-
siste, fils du précédent, naquit à Alen-
çon en 1641 et mourut à Londres le
3 mars 1717 [Haag I, 61. — IV, 11 b ;
VI, 151b].
Son père, qui exerçait le saint minis-
tère avec honneur, le dirigea lui-même
dans ses études, qu'il lui fit compléter
aux universités protestantes de Saumur
et de Sedan. Le jeune étudiant passa sa
thèse (ayant pour sujet De ultime judi-
cio) à Saumur, sous la présidence d'Amy-
raut, puis fut nommé pasteur à S.-Ago-
bille en Champagne par le synode pro-
vincial qui se tint à Vitry le 16 mai 1655
(Arch. gén. Tt, 288). En 1671 il fut ap-
pelé à desservir l'église de Charenton.
C'était un éloquent prédicateur (voy.
Chauffepié), un homme de grande mé-
moire et d'érudition profonde, qui pos-
sédait très-bien l'hébreu, le syriaque et
le chaldéen. Il publia un grand nombre
d'ouvrages de controverse et travailla
aussi, avec le ministre Claude, à une
nouvelle traduction française de la
Bible.
A la révocation de l'édit de Nantes,
le 22 octobre 1685, tous les ministres de
Charenton ayant reçu l'ordre de quitter
Paris dans les 24 heures et le royaume
dans 15 jours, Allix se retira d'abord à
S. -Denis, et après avoir obtenu avec
beaucoup de peine un passe-port pour
sortir de France, il passa en Angleterre
et y fut naturalisé avec sa femme et trois
lils qu'il avait alors : Jean, Pierre et
Jacques, le 5 janvier 1688. Jacques II
lui accorda une patente pour fonder à
Londres une Eglise française du rite an-
glican. Trois ans après son arrivée dans
le pays, il s'en était rendu la langue
assez familière pour écrire un livre en
anglais : Defence of the Christian Reli-
gion, qu'il dédia au roi comme un témoi-
gnage de reconnaissance pour l'hospi-
talité accordée aux réfugiés de France.
Après la révolution, en 1690, il fut
nommé, à la recommandation de l' évo-
que Burnet, chanoine et trésorier de la
cathédrale de Salisbury; de plus, les
universités d'Oxford et de Cambridge
lui donnèrent un témoignage public de
leur estime en lui conférant le grade de
docteur honoraire en théologie ; mais le
clergé d'Angleterre lui-même l'honora
au point de le charger d'écrire une his-
toire des Conciles. Cette histoire devait
former 7 vol. in-fol., mais le projet ne
recutpointd'exécution.Cesavanthomme,
dans la seconde partie de sa carrière,
s'exalta dans le sentiment religieux avec
une telle intensité que sa raison en fut lé-
gèrement altérée. L'abbé de Longue-
rue avec lequel il avait eu beaucoup de
relations et qui le regardait comme le
plus éminent des ministres de Charen-
ton de son temps, dit crûment (voyez
Longueruana) qu' « il devint fou quand
il fut en Angleterre, mais fou à faire
des prophéties. » — Les nos XXI et XXII
ci-après de ses œuvres attestent en effet
cette déviation d'une belle mais trop
candide intelligence.
Allix termina sa studieuse carrière à
l'âge de 76 ans, laissant trois fils et deux
filles de sa femme, Marguerite Roger,
fille de Jean Roger, marchand à Paris,
et de Rachel Croyè. Il l'avait épousée à
Charenton en 1678 (Reg. de Charenton).
Ses fils furent Pierre, Jacques, né le
23févr. 1682, et Thomas, présenté au bapt.
lel2oct. 1684, parThomas Allix capitaine
aurég.deLanguedoc. Pierre Allixmarcha
sur les traces de son père. Après avoir
pris le grade de docteur en théologie
à Cambridge, il remplit les fonctions
de chapelain ordinaire du roi et pasteur à
Castlecamp, Cambridgeshire. En 17-29,
il devint doyen de Glocester et l'an-
née suivante, d'Ely. Il mourut en L758
et c'est de lui que descendent deux no-
tables familles anglaises actuellement,
existantes : les Allix de Willoughby-
Hall et les Allix de SwafJ'ham Aunevv,
Prétest, exiles front France .
449
ALLIX
150
Voici les ouvrages du pasteur de S.-
Agobille et de Charenton :
I. Ratramne ou Bertram, prêtre ; Du
corps et du sang du Seigneur, Lat. et
franc.; Rouen, 167*2, in-12.
Ratramne ou Rertram était moine de
l'abbaye de Corbie et vivait vers le mi-
lieu du IXe siècle. C'est à la demande
de Charles le Chauve qu'il composa son
livre De corpore et sanguine Domini.où
il se prononce contre la présence sub-
stantielle ou réelle du Christ dans l'eu-
charistie. On comprend combien cet
écrit était favorable aux doctrines pro-
testantes. MM. Haag, après avoir mis
cette traduction en toute assurance, à la
tête des ouvrages de M. Allix. sont re-
venus sur cette opinion [VI, 151 b] par
la raison que Rarbier dans son Diction-
naire des Anonymes l'attribue au pas-
teur M. A. de La Bastide. La question
reste indécise.
H. Dissertatio de Trisagii origine,
auctore P. A. V. D. M. (Petro Allixio,
VerbiDiviniministro); Rothomairi. 1674,
et in-4°.
UI. Dissertationes très: 1° De San-
guine I). X. J. Ch. ad epistolam 1 M S.
AuLrustini, qua num adhuc existât, in-
quiritur: 2° De Tertulliani vita et scrip-
' De Conciliorum quorum vis deti-
nitionibus ad examen revocandis, Paris,
1680, in-S. — Ces dissertations parurent
séparément. Rarbier dans son Dict. des
Anonymes assigne à ''die sur Tertul-
lien la date de 1678; une trad. fran
parut dans l'Apologétique de Tertul-
lien. trad. par l'abbé Girv ; Amst.. 17<U,
in- 12.
IV. Anastasii Si/iait* anagogieariim
contemplationum in hexahemeron libri
XII. gntc. et lat., ex versione et cum
notis Andréa- Dacerii; cui premissa est
Expostulatio de S. Joannis Chrysostomi
epistola ad Cesarium monachum adver-
sus Apollinarii hseresin, à parisiensibus
aliquot theologis non ita pridem sup-
pressa; Lond. 1682, in-4°. — Ce qui in-
spira à Allix lidée de son ouvrage, que
quelques-uns ont attribué à tort à Jus-
tel, ce fut la suppression qui fut ordon-
née de la lettre au moine Césaire dans
l'édition que le savant Emeric Digot
publia, en L680, de la Vie de S. Chry-
sostome par Pallade, en grec et en la-
tin. Plusieurs passages de cette lettre
sont, en effet, contraires à la doctrine
de la transsubstantiation.
V. Douze sermons de P '. A. sur divers
textes. -2e édition. Rotterdam, Reinier
Leers, 1685. in-12, 522 pages. — La pre-
mière édition était sans doute une im-
pression non autorisée des six premiers
discours dont il est fait mention dans un
avis de l'imprimeur au lecteur placé en
tète de cette seconde édition. MM. Haag
disent que deux autres sermons de P.
Allix avaient déjà paru en 1676. à Cha-
renton. Ce sont peut-être les deux que
voici et qui ne sont point deux autres
car ils figurent dans le recueil des Douze
imprimés à Rotterdam en 1» B
VI. Les malheurs de Vimpènitence ou
Sermon sur ces paroles du liv. des Pro-
verbes au ch. I, v. 2 1-28, prononcé à Cha-
renton le 28 déc. 1675, jour de jeûne.
Charenton, Oliv. de Varennes,
;i p.
VII. Les devoirs du saint Ministère ou
Sermon sur les paroles de S. Paul à Tite,
au chap. II. v. 7 et 8. Prononcé à Yitry-
le-François le 12 mai 167"). en présence
du synode et pour l'imposition des mains
du sieur Droûet. ministre à Epense. Cha-
renton, O. de Varennes . 1676, in-8°,
54 pages y compris l'acte de l'imposition
des mains.
VIII. Rêjlexions critiques et théologi-
ques sur la controverse de l'Egl*
Xous trouvons l'indication de cet ouvrage
d' Allix dans le Dictionnaire de Chautfe-
pié. Ce savant critique en cite une édi-
tion de 1686, mais il ne pense pas que
ce soit la première.
IX. Déterminât in F. Joannis Pari-
v Prxdicatoris , de modo existendi
corpus Christi in Sacramento Altaris ,
alio quam sit ille quem tenet Ecclesia.
nunc primum édita ex MS. cod. S. Vict.
Paris. ; cui pnefixa est Pnefatio histo-
rica de dogmate transsubstantiationis;
Lond. 1686. in-8°. — Dans sa préface
historique. Allix cherche àprouver qu'a-
vant le concile de Trente. l'Eglise ro-
maine ne tenait pas la transsubstantia-
tion pour un article de foi.
X. Les maximes du vrai Chrétien.
à la suite du livre intitulé : Bonnes et
Saintes pensées pour tous les jours du
mois. Amst. 1687, in-2-i. — Les Maxi-
151
ALLIX
152
mes avaient paru seules en 1678, à Cha-
renton (100 p. in-12), avec une approba-
tion signée Daillé et Mesnard, datée
aussi de 1678.
XI. Réflexions sur les cinq livres de
Moyse, pour établir la vérité de la reli-
gion chrétienne, tom. I. ; Lond. 1687,
in-8°; Amst. mêmeann., in-12. — Deux
ans après, Allix fit paraître la suite de
cet ouvrage sous le titre : Réflexions sur
les livres de l'Ecriture Sainte, pour éta-
blir la vérité de la religion chrétienne,
tom. II; Amst. 1689, in-8°; ce second
volume fut d'abord publié en anglais
avec la trad. du premier par l'auteur lui-
même , Lond. 1688, 2 vol. in-8u. Plu-
sieurs éditions. Une trad. allem. de cet
ouvrage a été donnée par Eschenbach,
Nuremb. 1702, in-8°; avec annotations
par Mùtzel; Schwabach, 1770-74, 4 part.
in-8°.
XII. L'adieu de S. Paul aux Ephé-
siens; Amst. 1688, in-12. — Sermon
qu' Allix devait prononcer à Gharenton le
jour même où le temple fut fermé. Ce
fut le pasteur Ménard qui fit le dernier
sermon prêché dans ce temple.
XIII. A discourse concerning penance ;
showing how the doctrine of it in the
Ghurch of Rome makes void true repen-
tance; Lond. 1688, in-4°. — Il ne pa-
raît que ce Discours sur la pénitence ait
été trad. en français, non plus que les
traités suivants.
XIV. An historical discourse, concer-
ning the necessity of the minister's in-
tention in administering the sacrament,
1688, in-8». *
XV. A discourse concerning the me-
ritofGood Works /Lond. 1688, in-4°.
XVI. Préparations ofthe Lord' s Sup-
per, with maxims of true Christianity
from the french of Paul Lorrain; Lond.
1688, in-8».
XVII. An examinationof the scruples
of those who refuse to take the oaths ;
Lond. 1689, in-4°.
XVIII. The judgment of the ancien t
Jewish Church against the Unitarians,
respecting the Trinity and divinity of
Christ; Lond. 1689, in-8°; trad. en allem.
par C. M. Seidelius. avec une préface
de Godfried Arnold, Berlin, 1707, in-'t".
— Allix entreprend de faire voir que
l'ancienne Kglise judaïque a eu sur la
Trinité et sur la divinité du Messie les
mêmes idées que l'Eglise chrétienne,
quoique moins claires et moins précises.
Cet ouvrage a été vivement attaqué par
Etienne Nye, recteur d'Hormead, dans
sa doctrine de la sainte Trinité et de la
divinité de J.-Ch., telle qu'elle est en-
seignée dans l'Eglise catholique, et dans
l'Eglise anglicane , en IV lettres , Lond.
1701, in-8°.
XIX. Sorne Remarks upon the eccle-
sislical history of the ancient churches
of Piedmond; Lond. 1690, in-8°.
XX. Remarks upon the ecclesias-
tical history of the ancient churches of
the Albigenses; Lond. 1690 et 1692,
in-4° ; écrit d'abord en français, selon
Ghauffepié, et trad. ensuite en anglais.
Réédité à Oxford en 1821.
Dans ces deux derniers ouvrages ,
Allix cherche à prouver contre Bossuet,
que les anciennes Eglises des Vaudois et
des Albigeois n'étaient pas entachées de
manichéisme ; que depuis le temps des
apôtres jusqu'au XIIIe siècle , elles se
sont maintenues dans l'indépendance de
l'Eglise de Rome, en conservant dans
sa pureté la doctrine de l'Evangile, et
finalement qu'elles ont eu une succes-
sion non interrompue de pasteurs régu-
lièrement ordonnés.
XXI. Animadversions on Mr. Hill's
Vindication of the primitive Fathers
against the Right Révérend Gilbert,
bishop of Sarum, 1695,in-4°. — Serait-ce
le même ouvrage que Ghauffepié indique
sous ce titre : Défense des Pères, etc.,
pour servir de réponse à un livre inti-
tulé : Jugem. des Pères sur la doctrine
de la Trinité, opposé à la Défense de la
foi de Nicée du Dr. George Bull?
XXII. Dissertatio in Talianum, 1700,
in-8°. — Cette dissertation, imprimée à
la fin des œuvres de Tatien à Oxford,
est attribuée à l'abbé de Longuerue
dans le catalogue des ouvrages de ce
savant écrivain, mis en tète, du Longue-
ruana.
XXIII. DeMessùe duplici advêntu dis-
sertationesduse adversue Judseos; Lond.
1701, in-12; trad. en allem. par Eschen-
bach, avec les Réflexions sur les livres
de l'Ecriture Sainte; Nuremb. 1702,
lH-8°. — C'est dans ce livre qu'Allix eut.
la malheureuse idée de vouloir détermi-
153
ALLIX
ALLUT
154
ner le temps de la seconde venue du
Christ sur la terre, qu'il annonce pour
l'an 1720 ou au plus tard 1736.11 ne vé-
cut pas assez pour se convaincre de la
vanité de ses prophéties.
XXIV. The Book ofpsalms, with an
Ahridgement of each psalm, and Rules
for the interprétation of the sacred Book ;
Lond. 1701, in-8°. — Cet ouvrage est
écrit dans le même esprit que le précé-
dent. Au jugement de Bayle, « Allix
donne à la plupart des psaumes un sens
hien différent de celui qu'on leur a attri-
bué jusqu'à présent ; il trouve des pro-
phéties partout, et se récrie contre ceux
qui leur donnent un double sens. r>
XXV. Nectar ii patriarche Hiero-
solymiiani Confutatio imperii Papie in
Ecclesiam; Lond. 1702, in -8°. — Tra-
duction en latin de l'original grec.
XXVI. Aug. Hermanni Franche Ma-
nuductio ad lectionem Script. Sacra?,
édita studio P. A.; Lond. 1706, in-8°. —
Francke est le célèbre fondateur de la
maison des Orphelins de Halle.
XXVII. Dissertatio de J. Ch. anno
et mense natali; Lond. 1707, in-8°.
XXVHL The prophéties which Mr.
Whiston applies to the times immedia-
tely following the appearance of the
Messiah, considered and examined;
Lond. 1707, in-8°.
XXIX. ./ ('onjutation of the hopes
ofthe Jews ; Lond. 1707, in-8°.
XXX. Préparations à la Cène /Niort,
1682, in-12, et Lond. 1G88, selon Ade-
lung : souv. réimpr. à Genève.
XXXI. Remarks on some places of
Mr. Whiston's Books, either printed or
in manuscript; Lond. I711,in-8°.
Quelques écrivains ont, en outre, attri-
bué à notre auteur : l'Ouverture de l'E-
pitre de saint Paul aux Romains, etc.,
du ministre Jurieu: le traité De l'état de
l'homme après le péché et de sa prédes-
tination au salut, etc., de Ch. Le Cène.
4. ALLIX. ancien à Gion. 1612, 1626
[VI. 27 b: IX. 494 b],
5. ALLIX Mllej. 1686 [X, 438]; on
l'enferma au Pont-de-1" Arche. Elle était
fille de Philippe Allix . marchand à
Rouen, et A" Anne du Vidal, fille de Jac-
ques du Vidal , contrôleur général des
gabelles . qui s'étaient mariés au temple
de Gharenton en 1635.
6. ALLIX (Phil.), galérien, 1686 \
408]. — (P.), salérien, 1687 [X, 410].
7: ALLIX DE LA RAIRIE (Susanne
« femme du confesseur), lequel est aux
galères depuis 18 ans »; elle, âgée de
74 ans, avec sa fille; réfugiées et assis-
tées à Londres, 1705. Peut-être son mari
était-il un des deux précédents.
8. ALLIX (la veuve de Jean), 73 ans,
assistée à Londres, 1702. — (Paul), avec
sa femme et cinq enfants, id.. 1721.
9. ALLIX (d), 1680 [IX, 6 b].
ALLOGER (Jacques) et sa femme,
de Ximes, déportés. 1687 X. 431. 432].
ALLOING (François), Mâcon. 1562
;IV. 179 a].
ALLOARD ou Allouard (Barthé-
lémy), du Petit Oriol en Trièves (Dau-
phiné), réfugié à Genève, 1606. — (Moïse.
fils d'Alexandre), de Mens en Dauphiné,
id.. 1691. — François, fils de Laurent),
de Clelles en Trièves. id. . 1721. —
(Alexandre . de Mens. id.. 1766.
ALLOXXKAl Pierre), seigneur de
S.-Pardoux près Parthenay, v. 1600.
ALLONS P. m Riqueston d'). 1544
[V, 353 b]. — Le capitaine Alons. 1621
B3]. — Dallons ou d' Allons, capitaine
au service britannique, 1689 (Agnew). —
D' Allons, major au service de Prusse
en 1729 (Ernum IX, 4).
ALLOXVILLE (Louise d'), v. 1580
[VI. 15 b].
1. ALLUD Isaac). pasteur dans les
Cévennes, 1745 [II, 494 a].
VLIJT pxu . de Montpellier, étu-
diant à Genève, 17
3. ALLUT ;Jean), camisard VI !
b] qui, vers les années 1 70 4 à 1714. se fit
remarquer comme soldat, comme pro-
phète et comme bizarre écrivain. Après
avoir pris une part des plus actives aux
troubles des Cévennes. il fit sa soumis-
sion au maréchal de Villars en 170* et
se retira à Genève, mais pour reprendre
presque aussitôt les armes et les dépo-
ser de nouveau quand il eut perdu tout
espoir en 1706. Il s'exila avec quelques
compagnons d'infortune : Elie Marron,
Nicolas Fatio, Jean Daudè, Charles
Pourtalès, Isaac Avy, Daniel LeTellier,
Elisabeth et Henriette Charras, sans
que l'exaltation nerveuse où les avait
jetés la lutte prodigieuse qu'ils venaient
de soutenir pût s'apaiser en même temps.
155
ALLUT
ALMERAS
156
L'agitation prophétique les suivit en An-
gleterre et en Allemagne où ils cher-
chèrent à recruter des adeptes soit en
provoquant des assemblées, soit en pu-
bliant des lettres et des discours. Le
consistoire de l'Eglise française de Lon-
dres s'éleva contre eux, les fit condam-
ner comme faux prophètes et impies, et
ils tombèrent bientôt dans un si profond
oubli qu'on ignore absolument quel fut
ensuite leur sort.
Les auteurs du Dictionn. des Anony-
mes, puis de la Biographie Michaud et
ceux qui les ont reproduits , inclinent à
croire que Jean Allut est un pseudo-
nyme sous lequel se cachèrent Èlie Ma-
rion et ses trois amis, ou du moins Elie
Marion principalement. C'est une pure
conjecture qu'on n'aurait probablement
pas hasardée si ceux qui l'ont faite eus-
sent su que le nom d' Allut est assez ré-
pandu dans le midi de la {France pour
que beaucoup de gens fussent mis en
danger par des publications imprimées
sous un tel pseudonyme ; d'ailleurs, la
conjecture tombe devant cette considé-
ration que plusieurs ouvrages portent
réunis le nom d' Allut et les autres (Voy.
l'art. Marion [VII, 251]. Des trois écrits
suivants les deux premiers portent le
nom de Jean Allut seul : — I. Discer-
nement des ténèbres d'avec la lumière
afin d'inciter les hommes à chercher la
lumière, 1710, in-8° (Londres?). C'est
probablement une édition différente que
d'autres (Barbier. Dictionn., 1872) inti-
tulent : Discernement des ténèbres par
invitation aux créatures de Dieu d'en-
trer dans l'arche de grâce qui se bâtit
aujourd'hui (par Jean Allut, Elisabeth
Charras et Henriette Allut) ; Rotterdam,
Furly, 1710, in-8°. — II. Eclaire de lu-
mière descendant des deux, etc., 1711,
in-8°. — Ce sont des raretés bibliogra-
phiques. — III. Cri d'alarme, ou aver-
tissement aux nations, qu'ils sortent de
Babylon, des ténèbres, pour entrer dans
le repos du Christ; 1712. Précédé d'un
Avertissement de l'esprit du Seigneur,
prononcé de la bouche de Jean Allut, à
Leipsic [Bull. XIII, 358).
ALMARIC (Jean), martyr en 1558
[IV, 510 a]. — (Guillaume), sieur de La
Loubière, 1613 [IX, 135 bj. Voy. Ran-
chin.
1 . ALMERAS (Claude), coutelier, na-
tif de Rosans au dioc. de Gap, reçu habi-
tant de Genève, 7 juin 1557. — (Jacques),
de Serres en Dauphiné, étudiant à Ge-
nève, 1597.
2. ALMERAS (Théophile), d'Anduze,
auteur d'une thèse à Montauban, 1657
[VII, 196 b. 294 b; vov. encore VIII,
302 b, 464 a; IX, 5 b]. En 1658 il fut
reçu au saint ministère par le synode
provincial d'Alais et fut nommé pasteur
à Ardaliès, qu'il desservit jusqu'en 1660;
de là il passa successivement à Colo-
gnac, 1660-1665, à S.-Roman de Tousque,
1665-1670, à S.-Julien d'Arpaon, 1670-
1673, enfin à Générargues et à S. -Sé-
bastien, 1673-1685. Réfugié en Suisse
après la révocation de l'édit de Nantes,
nous le retrouvons à Lausanne en 1690
[IV, 212 b]. Il avait épousé Gervaise de
Fabre dont.il eut Théophile baptisé le
29 déc. 1673 et Elisabeth le 21 novem-
bre 1676. La commune de Générargues
possède les registres très-complets des
baptêmes et mariages faits par lui dans
ses diverses églises, registres fort bien
tenus, tous écrits de sa main, et d'une
belle écriture, auxquels se trouve jointe
une sorte d'autobiographie très-intéres-
sante. (Auzière.)
3. ALMERAS (Pierre), de Tribaux en
Dauphiné, chapelier, réfugié avec sa
femme et deux enfants, à Berlin, 1698.
— (Charles), de Bédarieux, manufactu-
rier de bas, réfugié avec sa femme et
quatre enfants, à Halle, en 1698; avec
quatre personnes de plus en 1700. — Ju-
dith), de Gap, réf. à Berlin, 1700.
4. ALMERAS, viguier de Nîmes, qua-
lifié de faux converti, ayant sa femme et
ses trois enfants passés à l'étranger, sol-
licite un passe-port pour aller à Orange ;
refusé; 1 700 (Arch. gén. Tt). — (Louis),
d'Aubenas, assisté à Genève, 1707. —
(Pierre), des environs d'Alais, assisté à
Genève pour gagner l'Allemagne., 1707.
— (Joseph), de Gap, prosélyte depuis
cinq ans, assisté à Genève pour se ren-
dre à Berne, 170(J. — (Pierre), assisté à
Londres, 1721. — (Elisabeth), à Serres,
etMadelaine, à Royans, signalées comme
huguenotes obstinées, 1737 (Bull. Y,
317).
5. Alméras trahit le martyr Fulcran
Rei, 1086 [VIII, 404 a].
157
A LM EUTES — ALPEE
138
Almeutès, pseudonyme d" Antoine Sau-
nier Bull. X. -213).
ALMOUST (Jehan d), « tailleur de
abillemens.natifz de Bloys, » reçu habi-
tant de Genève, 19 juin 1550.
ALOUE (d') ou d'Alhoce , sieurs de
La Thibaudière, 1573-1615 [YIH, 5i b].
— (François), sieur des Ageaux ou des
Agéols, capitaine, 1587 [III, 179 b]. —
(Pierre), sieur de ChàteaUrouet, 1595
[VIII. 51 b]. — Sa fille Elisabeth,
fem. de Pierre d'Orfeuille [V. -264 a,
359 b; YIH, 51 b]. — ,'Esttier-Marie),
v. 1050 [III. 179 b]. — Daloue (Fr.),
condamné à Bordeaux, 1569 [II, 415 a].
ALOUVEAU (Catherine d), v. 16-20
[VII, 338 b].
1. ALPÉE DE S. - MAURICE.
MM. Haag ont cité incidemment deux
pasteurs de ce nom, seigneurs de S.-Mau-
rice l'un et l'autre : Sigisbert Alpée, vers
1610-1637 [HI, 199b; lY.4'.i5b; X.350],
et Jacques Alpée, son fils [III. 199 b;
IV. -278 a, 356 a; VI, 310 a; VII. 399 a
et b; VIII. 372 b]. — Anne, fille de Si-
gisbert [III, 199 b].
-igisbert Alpée était pasteur de B.-
Mars en Champagne l. Il avait épousé,
en 1010, Marie Cappel. C'était un ecclé-
siastique instruit qui aimait les lettres et
la polémique. On en a conservé un té-
moignage dans une lettre qu'il adressa
le 1 1 sept. 1618 au pasteur Paul Ferry
de Metz s. pour le féliciter de son ou-
vrage intitulé le Dernier désespoir, que
Ferry venait de publier coutre le jésuite
Véron [Y, 104 b].
Il eut plus tard lui-même une grave
polémique à soutenir. Un seigneur pro-
testant du pays qu'il habitait, nommé
M. de La Haye, demeurant à Courge-
nay près Sens, après avoir repoussé l'in-
vitation du roi lui-même qui désirait sa
conversion, ne put se refuser à entendre
un docteur de Sorbonne que le roi dé-
signa pour l'instruire et lui démontrer
l'erreur de ses opinions hérétiques. C'était
1 II signait : Sigibertus .ilpcrus, Eccletiœ reformata
in oppido Summartiano ou bien in oppido S. Medardi
pastor.
1 Cette lettre commence ainsi : « Sa-pios jam ad te.
Tir ornatissime et eruditissime, scripturio; sed pudor
hactenus prsceps meum hoc desidenum taiiquain suf-
flaminequodam cohibuit; teineritatis enini et audaciae
tituluui apud te me incursurum vereor, si tibi ignotus,
magis meis Helicone tuoillatis tela a sincerioribus et
sanctioribus studiis distrabo... »
dans les premiers jours de l'année 1631,
et le prêtre désigné était Charles-Fran-
çois d'Abra de Raconis. un des prédica-
teurs ordinaires de S. M., membre d'une
famille qui, au XVIe siècle, avait em-
brassé les doctrines de la Réformation
voy. Raconis) et maître d'escrime dès
longtemps éprouvé (voy. Bull. IV. 01)
en polémique religieuse. Forcé d'obéir
au roi, le gentilhomme eut naturellement
recours à l'appui de son pasteur ; mais il
ne le trouva pas aussi empressé qu'il
l'eût voulu. L'intérêt personnel qu'il avait
à ce combat théologique l'empêchait
d'acquiescer aux bonnes raisons que les
pasteurs avaient depuis longtemps pour
ne plus se prêtera ces tournois peu che-
valeresques où jamais ils n'avaient ren-
contré la discussion loyale, mais où le
docteur de l'Eglise romaine , parlant
dans une assemblée organisée et prési-
dée par des autorités qui lui étaient en-
tièrement favorables, mettait sa tactique
à discuter de toute chose excepté des
points en discussion, jusqu'à ce que le
ministre fatigué et indigné se refusât à
le suivre dans ses excursions; alors il
s'écriait que celui-ci désertait la lutte et
il chantait victoire. Sigisbert Alpée, par-
faitement instruit de la difficulté, mais
ne pouvant priver de son assistance
M. de La Haye, voulut se couvrir du
moins de l'assentiment du consistoire de
Paris, qui refusanettement, par la main
de son président Jean Mestrezat, d'en-
voyer personne à cette conférence tout
en lui permettant d'en soutenir le far-
deau lui-même s'il le jugeait convena-
ble, mais à la condition qu'il fixerait à
l'avance les points sur lesquels devrait
porter le débat et que sousaucun prétexte
il ne s'en laisserait divertir. « Le com-
mandement que faict S. M. à M. de La
Haye, écrivait Mestrezat à son collègue,
n'engageoit point un pasteur à une con-
férence si de vous mesme vous ne vous
y fussiez obligé. Un homme a qui le Roy
a faict tel commandement peut porter
des oreilles et, au bout des discours du
docteur, respondre selon la sincérité de
sa conscience qu'il ne se sent point es-
branlé a changer pour les discours qu'il
a ouys et n'est pas obligé à réfuter le
docteur : car il suffit a un fidelle d'estre
persuadé en sa conscience par une lu-
159
ALPÉE
160
mière proportionnée à sa portée, sans
pouvoir réfuter les subtilitez des doc-
teurs contraires. »
La dispute eut donc lieu, malgré le con-
sistoire de Paris, et le lecteur va juger
combien le consistoire avait raison. Elle
se tin t à Beaulieu, dans la maison du sieur
de La Verrière, gouverneur de Sens, le
16 février 1631, et fut close le lendemain.
Raconis était assisté des abbés de S.-De-
nys et de S. -Thierry. Voici de quelle
manière commence le procès-verbal ré-
digé d'un commun accord :
« Le sieur de La Haye a proposé qu'il
a receu l'homme de S. M. et depuis a
esté prié de plusieurs de ses amis de
quitter sa religion et se faire instruire
en la croyance de l'Eglise romaine. Le
dit sieur de La Haye a respondu que
Dieu mercy il est chrestien et qu'il ne
pouvoit se ranger à l'Egl. rom. a cause
des additions qu'elle faict en sa religion
aux choses contenues es Ecritures des-
quelles il adore la plénitude. Toutefois
que si on luy peut monstrer aux dites
Escritures :
« L'adoration et vénération des ima-
ges;
« L'invocation des saincts décédez ;
« La transubstantiation;
« La manducation du corps de Jésus-
Christ par la bouche du corps ;
« Un autre sacrifice propitiatoire que
celui de Jésus en la croix ;
« Un autre purgatoire des péchez que
le sang de Jésus-Christ;
« Comme on peut retrancher au peu-
ple la couppe de l'Eucharistie,
« Et cela luy estant monstre par les
sainctes Escritures, il est prest de chan-
ger sa religion et d'embrasser celle de
l'Eglise romaine.
« Le dit sieur de Raconis a dit qu'il
justifiera que le dit sieur de La Haye de-
meurant en la religion qu'il professe
n'est point chrestien ; et cela faict, qu'il
justifiera que c'est un- faux principe qu'on
ne puisse rien croire qui ne se trouve en
l'Escriture. Pour le reste des autres
poincts il s'oblige de les prouver par des
voyes que l'on ne sçauroit reprocher.
« — Ledit sieur Alpée a respondu qu'il
est icy pour monstrer que les obstacles
que M. de La Haye trouve pour entrer
en l'Eglise romaine sont bien fonde/.
suivant son principe et partant prieM.de
Raconis de commencer par la preuve du
premier article pour ne point perdre
temps puisque le dict sieur de La Haye
s'oblige de croire les dicts poincts, si on
les lui montre.
« — Le sieur de Raconis a dict que le
premier poinct estant que demeurant le
sieur de La Haye dans sa religion il ne
peut estre chrestien, il le commence en
cette sorte : — « Si sa religion ne peut
« estre appelée chrestienne et divine,
« demeurant en sa religion il ne peut
« estre chrestien ; or est-il que sa reli-
« gion ne peut estre appelée chrestienne
« et divine, donc demeurant dans sa re-
« ligion il ne peut estre appelle chres-
« tien. »
« — Le sr Alpée respond que le sr de La
Haye n'a mis aucunement le dict article
pour doute, mais que la première de ses
doutes est celle de la vénération des Ima-
ges dont il désire ouïr la preuve sans
incidenter, n'estant icy que pour mons-
trer que les doutes dudit sieur de La
Haye sont bien fondées.
« — Le sieur de Raconis demande res-
ponse à son argument ou adveu de ne
le pouvoir faire et après promet de pas-
ser au reste.
« — Le sieur ministre dict qu'il se tient
attaché au subject pour le q. il a esté
envoyé et au cas que le d. sr de Raco-
nis ne satisface aus dites doutes proteste
que le dit sieur de La Haye ne peut estre
satisfait.
« — Le sieur de Raconis après que le
sieur ministre a esté solennellement
sommé de respondre à son argument
ou advoûer son impuissance n'ayant faict
le premier, monstre qu'il acquiesce au
second et ainsi qu'il ne peut maintenir
sa religion estre divine et chrestienne.
« — Le sieur ministre a dict qu'il ne
peut respondre au dict argument comme
estant hors de la controverse et ne tou-
chant point les doutes du dict sieur de
La Haye. «
Le ministre se maintenait donc sur le
vrai terrain; mais son gentilhomme n'a-
vait pas la même fermeté et déclara que
puisque l'argument avait été proposé, il
trouvait raisonnable qu'il y fût répondu.
Dès lors Raconis eut toute liberté d'en-
traîner son adversaire de syllogisme en
161
ALPÉE
ALTEYRAC
162
syllogisme le plus loin qu'il put des ques-
tions proposées et d'user ainsi le temps
de la première séance. Le lendemain,
même jeu; sauf que les adversaires ne
voulurent plus s'y prêter et se tinrent plus
fermement au sage conseil de Mestrezat.
« Le sieur de Raconis s' estant obligé
à la lin de la séance précédente de prou-
ver que l'Escriture ne peut estre règle
de toute vérité et juge souverain des con-
troverses, entre en sa preuve par cet ar-
gument : « Si l'escripture saincte est rè-
« gle de toute vérité et juge souverain
« des controverses, ou c'a esté pour tous
a les temps que l'Eglise a deu durer et
« pour toutes les controverses qui pou-
« voient naistre en matière de foy, ou
« seulement pour quelque temps ou pour
« quelque controverse. Or le sieur mi-
« nistre ne peut dire ny l'un ny l'autre
« sans évidente absurdité : donc l'Escrip-
« ture n'est point règle de toute vérité
« ny juge souverain des controverses. ■
Cette fois, Alpée de S. -Maurice re-
fusa positivement de répondre. Son ad-
versaire se lit donner acte de ce qu'il
appelle : « lascbe et honteuse fuitte du
« ministre », et « pleine victoire, de la
« vérité puisque l'erreur n'ose passedef-
« fendre » ; puis il rédigea un rapport
triomphant qu'il lit imprimer sous ce
titre : Nue et véritable relation faicte
au Roy de la conférence tenue par son
commandement... Paris, chez Toussaint
dellray, 103-2; 4 et 62 pag. in-8°. I
avec ce rapport même que nous avons
reproduit toute la scène et mis à jour
quelques-unes des fadaises de L'argu-
mentation catholique.
3. Jacques Alpée, fils de Sigisbert, fut
de 1649 à 1655 pasteur à Av, Chaltray
et S. -Mars [III, 199 b; IV, 356 ft; VII,
399], puis pasteur et professeur en 1660
à Sedan [VIII, 37*2 h]. Il a laissé des
ouvrages et des Sermons dont les sui-
vants sont les seuls que nous ayons
retrouvés :
Deuxième sermon prononcé à Sedan
le jour du jeusne qui s'y est célébré le
jeudy 25 mars 1660, par Jacq. Alpée de
S. Maurice, ministre de la parole de
Dieu et professeur de théologie audit
lieu (sur l'ép. IGor. XI, 31); Sedan, 1660,
40 pag. in -8°. (Le premier sermon avait
été prononcé par le professeur Le Blanc
de Beaulieu, et un troisième par Josué
Le Vasseur.)
Disputât io theologica de missx sacri-
Jicin. Voy. le Thésaurus disputationum
thentogicarum sedanensium : Gênera,
1661, 2 vol. in-4». t II. p. 1073-93.)
On a encore de Jacques Alpée :
Examen d'un livre du P. Adam inti-
tulé : Projet présenté à MM. de la
R. P. R. de la ville de Sedan ; Gharen-
ton, 1663, in-4°. Il avait fait ses études
à Saumur et y avait soutenu sous la pré-
sidence de La Place une thèse De statu
hominis lapsi ante gratiam (Biblioth. de
S. Chappuis à Lausanne).
Jacques Alpée, lors de la révocation
de l'édit de Nantes, s'étant retiré en
Hollande, fut replacé en sa double
qualité de pasteur et de professeur à
Maescricht. Il y demeura depuis 1686
jusqu'à sa mort arrivée en 1700.
ALPERON ou Alpron (Jacques), juif
converti au protestantisme. Il ensei-
gnait la langue hébraïque à Loudun,
lorsque le bruit des succès qu'il obtenait
dans son enseignement, souleva les
bigots contre lui, et le 17 janvier 1665,
une lettre de cachet ferma son école
[Hâag I, 66]. Il la transporta à Sau-
mur où il était en 1678, car le 12 janv.
de cette année, Philippe Mesnard sieur
d'Aire, écrivait à Bayle qu'il était logé à
Saumur « chez M. Alpron, juif converti,
« habillissime dans toutes les langues
« orientales et fort profond dans la doc-
« trine duTalmud, savant au reste italicè
« et kupamd, qui a l'art de tien montrer
« ce qu'il sait, enfin qui a de l'esprit et
« du brillant. » En 1685 il obtint de pas-
ser quelques jours à Paris [LU, 83 b],
sans doute avant de quitter le royaume.
ALPHAN (Anthoyne), natif de Seyne
en Provence, reeu habitant de Genève,
13 juin 1558.
ALRAN (Jeanne \ emprisonnée en
175-2 [X, 405].
ALTAINVILLE, officier du duc de
La Force, emprisonné en 1698 (Bull. III,
166).
ALTEMPS(Jehan d'), pasteur à Mont-
pesat, v. 1567 (Bull. IX, 297).
ALTERIOUD (Jeanne), emprisonnée
à la tour de Gonstance, 1739 [X, 442 .
ALTEYRAC (famille d'), 1674-1687
[VI, 56 b; IX, 343 b].
l.
6
163
AJLTH1ESSER — AMALRI
164
ALTHIESSER (Symphorien) et non
Altbiesser [Haag I, 67 ; — II, 5 16] , plus
connu sous le nom. latin de Pollio.
C'était un théologien strasbourgeois né
dans la seconde moitié du XVe siècle,
et qui, remplissant une cure dans la
ville, fut chargé, par le chapitre, en con-
sidération de son éloquence, de soutenir
la polémique contre les réformateurs au
nom du clergé catholique (1552). Jamais
attente ne fut plus cruellement trompée.
Althiesser rivalisa dans la prédication
de l'Evangile avec celui qu'il était chargé
de combattre. Il fut destitué et devint
pasteur aux environs de la ville.
ALUIE (d'), pasteur de Chàtelleraut
réfugié, 1572, à La Rochelle [II, 193 b].
Aluinbusc (J. d'), voyez Houdetot.
ALUSSON, « mercier de S.-Lambert
du Lattay en Anjou, » reçu habitant de
Genève, 20 sept. 1572.
ALYE (Jacques), massacré en Pro-
vence, 1562 [X, 470].
ALZARD, du Dauphiné, 1683 [III,
28 a].
AMADINE (Anne d), de Bellocq, pri-
sonnière au château de Pau, 1688.
AMAIL (Jacques) et Marie sa femme,
naturalisés anglais, 21 mars 1688.
AMALBERT (Dominique), de Vinti-
mille, étudiante Genève, 1599.
AMALRI (Jean), dit Sanglar ou Sen-
glar, de Montpellier, un des plus braves
chefs protestants du Languedoc [Haag
I 67 b ; — 18 b ; VI, 444 b] . Il s'était déjà
acquis une certaine réputation, lorsque
Baudiné l'envoya, en 1562, commander
Agde , alors' menacée par Joyeuse, en
place du capitaine Condormiac qui venait
de mourir. Ce fut le 30 oct. que les ca-
tholiques parurent sous les murs de cette
ville, et ils la serrèrent de si près qu'il
fut impossible à Calv-et , enseigne de
Sanglar, et à Antoine Dupleix dit Gre-
mian, d'y jeter le renfort qu'ils ame-
naient. La ville manquait de munitions ;
la garnison était extrêmement faible ,
et pour comble de malheur, la mort
du capitaine de Lom, autrement dit Pa-
reloups, et l'absence de son lieutenant
Perrean laissaient le gouverneur sans
officier capable de le seconder. Mais le
courage de Sanglar, soutenu par la ré-
solution des habitants, suflit à tout.
Les assiégeants ouvrirent le feu le
1er novembre. Une batterie de six pièces
de canon battit en brèche les faibles
murailles de la ville, et l'assaut fut pré-
paré. Les habitants, encouragés par
leur ministre, nommé Tori*eau, « homme
plein de zèle et de courage, » dit Bèze,
se disposèrent de leur côté à recevoir
bravement les assaillants. L'assaut dura
quatre heures avec un acharnement
inouï. L'ennemi, repoussé sur tous les
points, battit en retraite, laissant un
grand nombre de morts sur la place. La
nuit entière fut consacrée par les assié-
gés à réparer la brèche; hommes, fem-
mes, enfants, tous s'y employèrent. Le
lendemain se passa en escarmouches
dans l'une desquelles le ministre Tor-
reau reçut une blessure dont il mourut
quelques jours après.
Dès le commencement du siège, un
soldat, nommé Trencaire, s'était chargé
d'aller chercher du secours à Béziers.
L'entreprise était périlleuse : il fallait
traverser le camp ennemi, passer l'Hé-
rault à la nage et franchir plusieurs
lieues d'un pays sillonné en tous sens
par l'ennemi. L'intrépide Trencaire sur-
monta tous les obstacles : il obtint des
protestants de Béziers qu'ils enverraient
au secours d'Agde cent vingt arquebu-
siers commandés par le capitaine An-
gles et portant chacun, outre son four-
niment, une livre de poudre. Cette petite
troupe, guidée par lui, entra dans la
ville à la faveur de la nuit, le 3 novem-
bre. Le même jour, le canon de Joyeuse
ouvrit une nouvelle brèche; mais les
assiégés reçurent avec tant de vigueur
ceux qui se présentèrent à l'assaut, que
la retraite fut bientôt sonnée. La nuit
suivante, Joyeuse, averti de l'approche
de Baudiné, leva son camp en toute
hâte et se replia sur Pézenas avec son
artillerie et les débris de son armée.
Cette belle défense valut à Sanglar le
titre de gouverneur d'Agde que lui con-
féra quelques jours après le comte de
Crussol, frère aîné de Baudiné, qui venait
d'être élu « par les Estats des villes et
diocèses protestants tenus à A' ismes. chef
du pays, conducteur, protecteur et con-
servateur jusquesàla majorité du roy. »
Dans la seconde guerre civile, en 1 567,
nous retrouvons le capitaine Amalri à
Montpellier, où il contribua, sous les
165
AMALHI — A MAT
166
ordres de Baudiné. à la prise du fort
S. -Pierre Voir Airebaudouze) : aussi
fut-il compris dans l'arrêt rendu à ce su-
jet par le parlement de Toulouse et con-
damné à mort par contumace. En 1573,
il prit une part active à la belle défense
de Sommières contre Damville. Deux
ans plus tard, il servait sous les- ordres
de ce maréchal, alors l'allié des protes-
tants, qui lui confia le gouvernement de
Sommières. lorsqu'il s'en fut emparé
malgré les efforts du duc d'Uzès. Dam-
ville. infidèle à ses engagements, s'étant
rapproché de la cour. Sanglar. à la tète
des religionnaires de Béziers. vola au
secours de Montpellier, qui était menacé
par les catholiques; mais, fait prison-
nier dans une reconnaissance, il fut
pendu par ordre du maréchal. Sa tête
placée au bout d'une pique fut prome-
ner en triomphe par tout le camp.
1 . AMALRIC (Isabeau). dame de Bar-
jac: v. 1580 I. 247 b}. Voy. Durfort. —
(Pierre), réfusié à Genève. 1685.
2. AMALRIC (Guillaume d'). consul
de Sommières. 1611 [VII, 533 b], sieurde
illargues, 1613 IX. 136 a]. — Mar-
guerite (d';. 1600 [IX, 136 b]. - (An-
toine). d'Alais. ayant refusé les sacre-
ments dans la maladie dont il est conva-
lescent est condamné comme relaps aux
galères perpétuelles . quoique les méde-
cins le déclarent trop faible; il abjure
dans sa prison. 1699 (Arch. gèn. Tt).
AMALYY Paul), seigneur de Fari-
nières. docteur en droit, premier consul
de Puylaurens en 16-23. étaitfilsde Jean,
qui lui-même, avait occupé dignement
cette charge pendant les guerres de re-
ligion. Il était marié avec Catherine de
Roux et eut plusieurs enfants dont trois
connus : Jean, seigneur de Farinières;
David, dont nous allons parler, et Paul,
collecteur des deniers royaux.
David d'Amalvy lit ses études à l'aca-
! demie de sa ville natale sous la direc-
tion du pasteur Bonnafoits. bien connu
alors par son savoir et sa piété. En 1676,
il était ministre de Réalville, en rési-
dence à Négrepelisse d'où sa femme,
Marthe Monteil, était originaire. Leurs
enfants furent : Isaac. Jeanne et Mar-
the. (Testament de Bonnafous et autres
documents particuliers. Pradel.)
AMAX ou Amand (Paul), de Sedan.
marchand manufacturier de l>as. sa
femme, trois enfants à lui. et trois au-
tres enfants de ses beaux-frères de Metz,
son frère, sa sœur, son père, sa mère,
une servante et deux apprentifs. réfugiés
à Berlin. 1698. — (Jaques), de Sedan,
secouru à Genève (1699). pour retourner
en Allemagne.
Papiers Dietcrici, et de la Bourse françoise.
AMAXDY Laurent . rubantier. du
Luc en Provence, reçu habitant A-
nève. juill. 1558. — (Charles), du dioc.de
Fréjus. ïd.. 8 mai 1559.
AMAXJOU de la Zardoxmère. tué
à La Rochelle, 1573 [IV. 395 a].
AMAXZÉ ou Amanzav. capitaine.
isiné 1568 [II. 360 a, note]. — Isa-
belle d), 1584 [Aid.].
AMARD(Je\n . -.-Bonnet en Dau-
phiné. avec sa femme et trois enfan t -
sistés à Genève pour aller à Berlin. 1700.
1. AMARYk Leonardus^THar/w-snor-
manus. » étudiant à Genève. 1563.
•2. AMARY.past.de Bressuire. réfugié
en i:>7-2 à la Rochelle [H, 193 b. note].
1. AMAT, « Johannes Amaius Mon-
tispesulanidioces., j>étud. à Genève. 1 563.
%. AMAT de la Rose, médecin, mem-
bre du consistoire de la Roche-Bernard
en 1563. Voir Crevain, p. 139.
3. AMAT (Pierre', ancien de Yille-
veyrac (Hérault), chargé en vertu d'un
contrat à lui passé par les autres an-
ciens, ses collègues. 4 sept. 1678. de la
levée des cotisations pour l'entretien de
M. X ester Brun, ministre de l'église de
S.-Pargoire, où ceux de Villeveyrac. pri-
ves «le leur temple, vont entendre la pré-
dication.
Minutes de J. Nicolas, notaire de Viaeveyrac.
i. AMAT. de Chamberigaud, chantre
et lecteur dans le camp des Camisards,
17i»', Bull. XVI. n
5. AMAT (Isabeau , chargée de son
vieux père, assistée à Genève. 1692. — (Jo-
seph), d'Orange, id., 1698. — (lsaac\d'0-
range, assisté ta Genève pour chercher un
refuge en Suisse. 7 se; 1. 1 703. — (Sa veuve)
et un enfant, id., le même jour. — (Jean),
de Maringue en Auvergne, laisse à Ge-
nève sa femme et son fils, qui enseigne
les langues, et reçoit un secours pour al-
ler en Allemagne. 17U4. — (Jean), sa
femme et ses enfants, assistés à Lon-
dres. 1721 : mort le "25 déc. 17-21.
167
AMAT
AMBOIX
168
6. AMAT del Rang (Gillette d'), dame
de Lautrec [VI, 435 b].
AMATZ (Jean), maire de Villeneufve
en Languedoc, 1562 {Bull. III, 228).
1. AMAURY (Daniel), de Picardie,
maître chirurgien, réfugié à Francfort-
s.-Oder, 1698.
2. AMAURY (Guillaume), d'Orange,
assisté à Genève, 7 sept. 1703. — (Margue-
rite), assistée àLondres, 1702. — (Claude),
de Guise, 48 ans, Sara sa femme et trois
enfants, assistés à Londres, 1702-1705.
— Daniel Amory, naturalisé anglais,
1682. Plusieurs autres, assistés à Lon-
dres jusqu'en 1723, écrivant aussi leur
nom Amory.
AMBARBE (P.), à Gampagnac. 1672
[IV, 394 b].
AMBESAIGUES (Honorât d'), ancien
de Pézenas, 1562 (Bull. III, 228). — (la
demoiselle d'), vers 1590, à Béziers [X,
225].
AMBESIEUX de Galignon (D'),poëte,
né en 1729 [III, 104 a).
AMBLARD, capitaine, 1577 [II, 181].
— (Jean), pastear de S.-Glaud en Sain-
tonge [VII, 375 a1]. — (P.), des Gé-
vennes, déporté, 1687 [X, 432]. —
(Pierre), de Paris, reçu habitant de Ge-
nève, 10 avril 1702.
Le pasteur de S.-Claud, après avoir vu
sa paroisse supprimée, s'était retiré, en
1685, chez le seigneur de Suaux, dont
l'habitation n'était qu'à une demi-lieue
de distance, mais en Poitou. M. de Gour-
gues, intendant de Limoges, serviteur
brûlant de zèle, supportait aigrement ce
voisinage, lorsqu'il reçut une lettre si-
gnée du roi en date du 29 juin 1685, où
l'on signalait l'abus grave consistant en
ce que, dans les lieux où l'exercice était
interdit, les huguenots ne faisaient plus
baptiser leurs enfants. Plutôt que d'être
donnés au curé, beaucoup d'enfants mou-
raient sans baptême. Or, cet homme im-
pitoyable aux souffrances des vivants,
Louis XIV, troublé par la pensée des
morts et des damnés , écrivit à l'inten-
dant, qui, du reste, l'en avait sollicité,
de désigner des ministres pour remé-
dier à l'abus. « Mon intention, disait-il,
est que vous observiez, dans l'establisse-
» Ou 33S bis. Dans l'impression du t. VII de llaag on
s'est trompé en paginant la feuille 24 ; au lieu de la
paginer 369 à 384 on a mis une seconde fois 829444.
ment que vous ferez des ministres pour
baptiser les enfants nouveaux-nez, de ne
pas choisir pour cela les plus habilles,
mais bien les moins accréditez parmi
ceux de la dite Religion, afin que l'on
prenne moins de confiance en eux et
qu'ils ne soyent considérez que pour ad-
ministrer les baptêmes. » Amblard fut
nommé pour Angoulême, et Roch, pas-
teur de Jarnac, pour Ruffec. Aussitôt ce
dernier s'enfuit à Genève. L'intendant
mit en son lieu et place le pasteur Ville-
mandi. Villemandi, s'esquivant à Sau-
mur, sut gagner l'Angleterre. Il ne resta
plus d'autre ressource au zèle de M. de
Gourgues que de nommer le pasteur de
Jarnac, Lechantre. Ce n'était pas que
ces ministres fussent « les moins habiles
et les moins accrédités, » suivant cette
fausse conception du roi qu'il existerait
dans le corps pastoral, comme dans l'E-
glise romaine , une sorte de bas clergé ;
mais M. de Gourgues écrivait lui-même
qu'il avait bien été forcé de prendre ces
deux- là, car il ne restait pas un seul au-
tre ministre non décrété (non interdit)
dans le Limousin. « Ils prennent plaisir
à s'absenter pour ne pas exécuter l'ar-
rêt, » ajoutait-il avec amertume. Mal-
heureusement, ni Amblard, qu'il mena-
çait de l'amende et de la prison, ni
Lechantre n'étaient de sa province, et il
fallait que son abus de pouvoir fût criant,
car on lui écrivit des bureaux du gou-
vernement, à la date du 2 sept. 1685 :
« Quant aux ministres de Jarnac et de
Seaux qui refusent d'obéir à vos ordres
pour les baptêmes, M. de Ruvigny a dit
à Mgr de Croissy qu'ils n'estoient point
de vostre département et qu'il y en avoit
deux autres dans la province deLimo^v>
que vous pouviez, Monsieur, employer
au lieu de ces deux-là. »
AMBLELLES (de Villeneuve d'), fa-
mille cévenole [IU, 163 b ; VI, 28 a ; VII,
60 a; IX, 507 b]. Voy. Villeneuve.
AMBOISE (Antoinette d'), mère d'An-
toine de la Rochefoucaud, capitaine hu-
guenot v. 1568 [VI, 357 b]. - (Margue-
rite d'), 1634 [III, 246 b].
AMBOIX DE LARBONT (d'). On
dit cette maison d'origine catalane et
l'une des familles cathares ' dont les des-
» Les cathares, c'est-à-dire tes purs, était le nom que
se donnaient les prêtres et les Mêles de l'hérésie alhi-
169
AMBOIX
170
cendants subsistent encore. Toujours est-
elle pyrénéenne, ainsi que le prouvent et
la forme de son nom . qu'on prononce dans
le pays Amboux de Larboust*. et son fief
situé dans la montagne de Sérou et le
rameau de buis, arbuste indigène, son
emblème héraldique (Nap. Peyrat. Les
bords de l'Arise. un vol . in- 1 2] . = A rmes :
D'or à un brin ou branche de buis, de
sinople.
L'un des membres de cette famille
avait été rompu vif et décapité pour la
religion, en 150-2, à Pamiers voy. III. 92 ).
et ci-dessus, col. -29). Un autre Amboix
de Larbont. se distingua comme com-
mandant du Mas-d'Azil. en lf.?:.. lorsque
cette place soutint victorieusement un
siège contre l'armée royale, commandée
par le maréchal de Thémines. Dans ce
siège mémorable, où les femmes combat-
tirent comme des hommes, douze mille
soldats catholiques furent d'abord arrê-
tés un jour et une nuit à la ferme de
Chambonet par un laboureur. Jean du
Tehl. avec six de ses neveux et cousins
bien armés et surtout bien résolus : ils
furent arrêtés encore aux approches du
Mas-d'Azil. au village des Bordes, par
cinquante jeunes gens dirigés par le ca-
pitaine Pierre Peyrat et dont cinq seule-
ment échappèrent à la mort. Enfin, au
Mas même, qui comptait sept cents dé-
fenseurs mâles, auxquels le duc de Ro-
han fit parvenir un secours de cinq
cents hommes commandés par l'amiral
de S.-Blancart et le capitaine François
tDusson, les soldats de Thémines furent
Obligés de' se retirer (1"2 oct. 1625] après
six semaines de siège et plusieurs as-
sauts meurtriers. Larbont prit du service
plus tard dan> les armées de Louis XIII
et fut blessé en Espagne au siése de Leu-
cate 1637). Il mourut en paix, au Mas-
d'Azil. De sa femme, tille de Tristan
Dusson, sœur de François, il eut un fils,
plus connu sous le nom de M. de Pra-
dals, qui fut l'ami de Bayle. Vie de
Bayle par Desmaizeaux.)
En 1090, François il' Amboix, chef de
la branche ainée de la famille, se réfugia
geoise si odieusement étouffée dans le sang aux XII' et
Xlll» sM
! MM. Haag Pont orthographiée ainsi, l'avant citée
nne fois |l\, va a]. Dans les Mem. de Ro/um, on rap-
pelle Caiboutt, par une faut.- typegrapfcMfv.
en Irlande avec sa femme, Catherine de
Barricave, suivi des frères et sœurs de
cette dernière -.Guillaume, Rose. Jeanne,
Madelaine, Marguerite et Anne de Bar-
ricave. Une sœur unique de François,
nommée Marie d' Amboix, fut élevée
dans la religion catholique, et. aux ter-
mes de ledit de déc. 1689, elle fut mise
en possession de tous les biens de ses
parents fugitifs pour la religion. Elle prit
le voile au couvent de Fabas. en
et ne se constituant qu'une dot de
2,540 liv. , elle fit donation du reste de
la fortune à son oncle Paul d'Amboix.
chef de la branche cadette et souche des
d'Amboix d'aujourd'hui.
Deux branches nouvelles se formè-
rent alors de cette dernière. L'ainée eut
pour chef Jean-Paul d'Amboix. capitaine
au régiment du Roi. né en 1 730. mort en
1820, lequel eut de sa femme. Jeanne-
Marie de Bonvilar. cinq fils et une fille
morte jeune. Deux de ses fils émigrèrent
et moururent à Quiberon. Des trois au-
tres : Jean-Jacques-Charles dit : MT de
Larbont. né en 1761. mort en 1836, Ed-
mond. 1781-4856, Vic-roR. 1779-1859. ce
dernier seul se maria. Il fut maire du
: Azil et membre du conseil gébé-
ral de l'Ariéire. de 1816 :tua-
tion dans laquelle il rendit de nombreux
services aux églises réformées de son
département. Il eut d'Amélie de May-
sonnade de Larlenque deux (ils : I Al-
bert, né en 18T2, marié en 1H38 à Marie-
Thérèse-Inès de Chapel-Cardet, dont il a
eu une fille et un fils. Alfred, capitaine
d'état- major: '2e Léopold. né en 1813,
maire du Mas-d'Azil en 1851, mort céli-
bataire en 1860. et deux filles. Mme de
Falguerolles et Mmede Briançon. M. Al-
fred d'Amboix a épousé récemment
MMe Cécile, fille du comte Robert de
Pour talés.
La branche cadette eut pour chef Jean-
Pierre, frère unique de Jean-Paul. Xéen
1739, il eut de Suzanne Pons deux fils et
trois filles. Les deux fils. Henri, né en
177"!. et Philippe, né en 1777. mort au
Mas en 187-2. partirent en 179*2 avec
leur père, comme volontaires, pour l'ar-
mée des Pyrénées-Orientales. Le père,
devenu chef de bataillon, fut tué au com-
bat de Peyres-Tortes en 179:,. Henri,
maire dn Mas-d'Azil pendant les (lent
171
AMBOIX — AMIEL
172
jours et de 1830 à 1839, année de sa
mort, se maria en 1808 avec M"e José-
phine Boubila, dont il eut : Adrien, en
1809; Aurélie, en 1810 (morte en 1855);
Lucie, en 1818; Mathilde, en 1811, ma-
riée en 1839 au pasteur Lacroix, de Sa-
verdun. (Goudère, past. du Mas-d'Azil.
— Cazenove.)
AMBRES (J.-J. de Voisins, baron d') ;
voyez Voisins et [IX, 532 b. — Voy. en-
core : III, 392 a; IV, 134 a; V, 396 a;
VI. 360 b].
AMBRIOL (peut-être Aubriotf), an-
cien de Mas-Saintes-Puelles, 1614 [VII,
64 a, note].
AMBROIS (Lucrèce d'),1558 [111,47].
Ambrois, à Bourges, 1572, apostat [IV,
300 a].
AMBRUN, ministre. Le catalogue im-
primé de la bibliothèque de La Rochelle
mentionne, sous ce nom d'auteur, un ou-
vrage intitulé : Réponse à l'histoire cri-
tique dit Vieux Testament; Rotterdam,
Leers; 1685, in-4°. (Bourchenin.)
AMELIN (Philibert), natif de Tours,
martyr; voy. Hamelin.
AMELIN (Marguerite d'), 1588 [II,
122 a].
AMELLE (Catherine), d'Antibes; dé-
terrée après sa mortetdonnée aux chiens,
1562.
AMELLY, à Valence, 1562 [El, 106 a].
AMELY (Olivier), pendu en effigie à
Montauban, 1560 [III, 104 b].
1. AMELOT (,L), massacré en Pro-
vence, 1562 [X, 469].
2. AMELOT ou HAMELOT (Ozias).
Le premier connu de cette famille fut
nommé pair de la commune de La Ro-
chelle en 1601. Son fils, qui portait le
même prénom, entra au corps de ville en
1617. Il avait épousé, en 1576, Catherine
de La Haize, sœur du fameux avocat cal-
viniste Jean de La Haize, dont Arcère a
tracé la biographie. Il mourut à la fin du
siège de 1627-28. De son mariage était
né, au mois de nov. 1593, Pierre Hamelot
(signature), médecin de mérite, qui s'unit
en 1628 avec Françoise, lille du ministre
Hiérosme Colomiez, dont une seconde
fille, nommée Sara, épousa le frère de
Pierre, c'est-à-dire*/e/icm Hamelot, mar-
chand.
Pierre eut deux fila : 1" Pierre, né le
24 novembre 1633, après avoir étudié la
théologie, embrassa la carrière du bar-
reau et quitta la France à la Révocation.
C'est lui sans doute qui figure sous le
simple nom d'Amelot, sur la liste don-
née par Benoît des protestants persécu-
tés par l'intendant Demuin [VII, 417 b,
note 1] ; 2° Ozias ou Josias, né en 1635,
et marié en 1656 à Suzanne Chalou, aban-
donna peut-être aussi le royaume, car,
après son mariage, on ne trouve plus
son nom. (E. Jourdan.)
3. AMELOT (Jean), potier d'étain de
Chatelleraut, réfugié à Dorotheestadt avec
sa femme et un enfant, 1698.
AMÉRIC (d), famille de Montpellier,
dont un membre était premier consul de
la ville lors du siège qu'elle soutint con-
tre Louis XIII en 1622. Voyez d'Estienne
et le Bull., XII, 202.
AMET, chef camisard [III, 291 b; VI.
326 a].
AMI, couturier à Lyon, massacré en
1572 [VI, 263 b].
AMIC (Jacq.), galérien, 1745 [X, 426].
AM1DAY (Jeanne), fille de feu Pierre,
de Besançon, réfug. à Genève v. 1578.
AMIDON (Mme), emprisonnée à la ci-
tadelle de Montpellier, 1720 [X, 404].
1. AMIEL, greffier à Montauban,
pendu 'en effigie, 1561 [II, 365 b]. -
Amiel de Grâce ; Antibes, 1562 [X, 47 1 ] .
2. AMIEL (Pierre), licencié en dro '*,
cité dans un acte du 30 nov. 1561, comn e
député par la ville de Limoux au sym i
tenu à cette époque dans celle de C 5-
tres {Bull. X, 348). — Autre Amiel .
gociant à Montpellier et mêlé aux alla 1res
des religionnaires en 1746 {Bull. IX,*
236 et Ch. Coquerel, Histoire des Eglises
du Désert I, 369).
3 . AMIEL ; famille protestante de Cas-
tres, qui était nombreuse au XVIIe siè-
cle, et exclusivement livrée au commerce.
Daniel Amiel, maure couturier. 1620-
1680. Pierre A miel, cardeur, v. 1625*,
Michel Amiel-Montsarrat, né en 16711 à
Vilgourdon près Castres. Jean, fils de
ce dernier, né à Castres en 1706, trans-
porta, loin de la persécution, la branche
qu'il représentait et qu'il alla établir d'a-
bord dans le pays de Vaud, puis à Ge-
nève. L'un de ses représentants actuels
est un des littérateurs distingués de la
Suisse romande, M. Henri- Frédéric
Amiel , professeur, d'abord de littérature
173
A MIEL
AMOURETTE
174.
française, puis de philosophie, à l'aca-
démie de Genève depuis l'année 1849-
M. Amiel est l'auteur de trois volumes
de poésies : Grains de mil, 1854; — II
Penseroso, 1858; — La Part du Rêve,
1803. et de plusieurs cantates.
AMIENS Marie d'), dame de Hou-
val, v. 1000 VI, 425 a].
AM1ETTE, capitaine, condamné à
Bordeaux, 1569 [II. 415 b].
AMILHAT (Germain), emprisonné à
la Bastille. 1705 |X, 436].
AMIOT (Simon, fils de feu Jacques),
« de l'evesché de Lan en Lannoys, »
reçu bourgeois de Genève, 4 déc. 1562.
Voy. Amyot.
AMXAXE Jeanne . « femme an-
cienne, tuée hors la ville d'Aix se vou-
lant sauver. »» 1562 jX, 471].
AMOX. capit. béarnais, 1569|I, 133a].
AMOXD d), capit., 1621 [Y. 140 b].
1. AMOXET (Samuel;, u natif de Lo-
dun », bourg, de Genève le 17 janv. 1638,
« gratuitement en considération de la re-
commandation d'iceluy faicte par M. le
duc deRohan, duquel il est chirurgien. »
2. AMOX X ET. Aimonnet, rarement
IIamunnet (Jacob, Pierre et Mathieu),
cbefs de famille à Loudun, 1634 Tt.
— François, fils de Mathieu et de
Marthe du Moustier, né en 1587, épouse
le 8 nov. 1671 Jeanne bile & Adrien
Crommelin, marchand à S.-Quentin;
témoin Mathieu frère de François. — Le
mari de Jeanne Crommelin fut natura-
lisa' anglais en 1682 (Agnew, : c'est donc
à Mathieu Haag V, 424J que se rap-
porte la note suivante adressée par le
lieutenant de pohce de La Reynie à
M. de Seignelay le 8 nov. 1685 :
« Amonnet, marchand de points et
de dentelles à Paris, est natif de Lou-
dun. Il n'a aucuns immeubles qui parais-
sent. Il est en réputation d'un homme
très-riche, et on prétend que ses effets
excèdent deux cents mille écus. Son
frère, qui estoit aussi marchand à Paris
et dans le même commerce, fut s'esta-
blir à Londres, d y a trois ou quatre
ans. 11 y est décédé. On prétend qu'il
emporta avec lui et sa femme en Angle-
terre pour 400 mille livres d'effets qui y
sont demeurés après sa mort. La femme
d Amonnet, ci-devant à Autun, a esté
arrestée ces jours passés à Valenciennes,
.i .6
avec deux de ses enfants. U y une in-
formation faite contre elle, à la requeste
de M. le procureur du Roy. et dans la-
quelle le mari se trouvera assez impli-
qué pour décréter contre lui. et on pré-
tend avoir la preuve de ce qu'il a retiré
ses effets de la main de ses débiteurs,
qu'il les a mis sous des noms empruntés
et qu'il a pris des mesures pour sor-
tir du royaume dans le temps que sa
femme s'est retirée. On est dans le
mesme cas à l'esgard de plusieurs autres
qui se sont absentés de Paris et qui ont
esté aussi arrestés, à l'esgard des quels
et de leurs familles on pourroit faire
quelque chose pour les attirer, s'il plai-
soit au Roy qu'on se servit de ces con-
jonctures pour les disposer par les pro-
cédures et par la crainte de la peine de
la loy ou par l'espérance de la grâce
de S. M. On a parlé plusieurs fois au
S1" Amonnet sans avoir fait beaucoup
de progrès auprès de luy. C'est un bon-
homme qui a peu de lumières hors de
son commerce, entesté de sa religion et
qu'il sera difficile d'amener, à moins que
l'embarras où il s'est mis lui-mesme en
contrevenant aux deffenses ne serve à le
réduire, et encore réduit sera-t-il néces-
saire de prendre des précautions avec
luy, et comme il est tombé dans une vé-
ritable faute peut-être qu'en décrétant
contre luy, s'il y a lieu de le faire, chan-
gera-t-il de disposition. »
Mme Hamonnet, Rachel Houssaye,
arrêté» à Valenciennes, avec Rachel et
Marthe ses deux filles, fut enfermée à
la Bastille, où son mari fut aussi trans-
féré; puis on l'envoya en 1687 à la cita-
delle d'Amiens et comme sa constance
ne se démentait pas, on finit par l'expul-
ser de France ainsi que son mari,
en 1688 (Arch. E 3374). Leur fortune fut
dévolue à leurs enfants; mais leur fils
François et leur filles Rachel, Marthe,
Marguerite, étant emprisonnés en divers
lieux et signalés comme fugitifs (E 3405),
il en résulte que la plus jeune sœur, Ma-
rie, après s'être montrée « très-dérai-
sonnahle, » finit par se convertir, 1688.
AMOUR ;JEAN),galér., 1705 X, 420].
AMOURETTE (Jean), écrit aussi
Amorette, d'Issoudun, avocat, 1611 II,
299; VII, 531 b; IX, 494 ^. — (Sa-
muel, 1617 [IV, 493 a].
175
AMOUREUX — AMOURS
176
AMOUREUX (Amaury), sieur des
Aulnais ; Normandie, 1561 [VI, 473 b].
AMOURS (Gabriel d') ou Damours
[Haag I, 68. — II, 473 a; III, 296 a;
V, 460 b; VI, 415 b; X, 270], seigneur
de Malbert ou Malebert (Bull. XII,
490), était né à Paris et avait été étu-
dier la théologie à Genève, de 1559 à
1562. Il est qualifié par d'Aubigné de
« ministre et gentilhomme » et il appar-
tenait en effet à une famille parisienne
originaire du Perche, qui était parve-
nue aux charges de conseiller dans les
parlements de Rouen et de Paris. =
Armes .-d'argent à un porc-épic de sable
passant, accompagné en pointe de trois
clous de même rangés en pal.
Gabriel d'Amours, élu pasteur de l'é-
glise de Paris après son retour de Ge-
nève, exerçait le saint ministère au mo-
men t de la S.-Bar thélemy et fut « préservé
miraculeusement » du massacre. 11 put
s'échapper et gagner le comté de Neu-
châtel, en Suisse, où il trouva son frère,
François, seigneur de La Galaisière,
qui remplissait depuis plusieurs années
dans ce pays, avec le titre d'ambassa-
deur, une charge de confiance du souve-
rain, Léonor d'Orléans, dans laquelle il
fut maintenu par la veuve de ce prince.
L'influence de son frère fit élire Gabriel
d'Amours , le 20 avril 1573, pasteur à
Boudry, petite ville voisine de Neuchà-
tel. Dès le mois de mai 1575, il était le
doyen, c'est-à-dire le président des pas-
teurs du comté, et figurait à ce titre dans
les affaires publiques de quelque impor-
tance. Ainsi en 1576 et 15.77, il faisait
partie de la commission chargée de dé-
battre avec la seigneurie de Neuchâtel
les moyens d'abolir la célébration de la
fête de Noël « qui donnait lieu à des ac-
tes superstitieux et parfois à des scènes
scandaleuses '. » L'église de Paris, dès
qu'elle fut un peu remise des horreurs
de la S. -Barthélémy, redemanda son
pasteur ; mais les Neuchàtelois qui l'a-
vaient déjà refusé à Théod. de Bèze, en
1579, pour l'église de La Rochelle, dési-
raient le garder, et ce ne fut qu'après
de longues négociations que d'Amours,
octobre 1584 , reprit le chemin de
Paris.
* G. d'Amours d'après des docum. inédits, par H. le
professeur Gagnebin. Bull. XII, 1863).
Rendu à sa ville natale et à ses fonc-
tions, il était naturellement un person-
nage dans le parti, et le roi de Navarre
l'attacha à sa maison. Ce fut lui qui, à
la bataille de Coutras (20 oct. 1587), fut
chargé avec son collègue Chandieu, de
prononcer la prière, selon la coutume
des huguenots, avant que les troupes
marchassent au combat. « Là-dessus,
raconte d'Aubigné, le roi de Navarre
ayant fait faire la prière partout, quel-
ques-uns firent chanter le psaume 118 :
La voici l'heureuse journée. Plusieurs
catholiques de la cornette blanche criè-
rent assez haut pour se faire entendre :
Par la mort! ils tremblent les poltrons,
ils se confessent. » Mais ceux qui con-
naissaient mieux les huguenots ne s'y
laissèrent pas tromper. Après avoir béni
les troupes, d'Amours leur donna l'exem-
ple en se jetant des premiers dans la mê-
lée, sans autre arme que son épée. Par
bonheur, il ne reçut aucune blessure.
La victoire gagnée, il rendit grâces à
Dieu sur le champ de bataille au nom de
toute l'armée.
Il continua son belliqueux ministère
à la» suite du roi de Navarre jusqu'à la
prise de Chartres (avril 1591), remplis-
sant notamment aux batailles d'Arqués
(sept. 1589) et d'Ivry (août 1590), le
même rôle qu'à Coutras; et sa charge de
prédicateur n'y était point légère, si l'on
en juge par une lettre du roi, qui écri-
vait à son fidèle ami Du Plessis-Mornay
(du camp d'Etampes, 7 nov. 1589) : «Vous
savez les exploits qui se sont passés; je
n'en dirai rien davantage, si non que j'y
ai grandement éprouvé la faveur et as-
sistance de Dieu; et n'ai point intermis
l'exercice de la religion partout où j'ai
esté, tellement que telle septmaine sept
presches se sont faits à Dieppe par le
sieur d'Amours. Est-ce là donner argu-
ment ou indice de changement? »
D'Amours rentra dans Paris en 1591
au milieu des fureurs de la Ligue, afin
probablement, de recruter pour le parti
du roi de Navarre. Du moins, y attira-
t-il son propre frère, conseiller au Par-
lement, qui par faiblesse plus que par
conviction, s'était jeté dans la Ligue.
Ce frère dont nous avons déjà parlé,
était le sieur de La Galaiztère\ll\, 457
b], maître d'hôtel du due d'Aleneon, et
177
AMOURS
178
gentilhomme ordinaire de la maison de
Mme de Lonsueville. qui avait vécu à Xeu-
chàtel, en Suisse. Il avait épousé dans le
temple de Loudun. en 1581, Marthe
Martin, fille de Jean Martin, conseiller
du roi et de Françoise Ferron (Arch.
Tt. 232 : il avait donc certainement pro-
fessé la religion réformée, et y serait re-
venu après avoir quitté la Ligue. Mais
Gabriel fut découvert et enfermé à la
Bastille. « Malgré sa profession, lit-on
dans l'Estoile. il y fut mieux traité par
Bussy-te-Clerc [qui en était gouverneur]
que pas un autre des prisonniers, disant
ledit Bussy. en jurant Dieu comme un
zélé catholique, que d'Amours, tout hu-
guenot qu'il était, valoit mieux que tous
ces politiques de présidents et de con-
seillers qui n'étoient que des hypocrites,
et lit si bien que le ministre sortit. »
Il se retira en Saintonse. C'est de
S. -Jean d'Angely qu'il écrivit à Henri IV,
le 2o juin 1593, cette belle et précieuse
lettre *, dans laquelle il rappelle libre-
ment au roi toutes les prédictions heu-
reuses qu'il lui a faites, « tout ce que
Dieu par moy vous a dict, » écrit-il,
et le menace «au nom du mesmeDieu. »
s'il quitte sa religion, lorsqu'il sait qu'elle
est la vraie, aussi bien qu'homme de son
royaume. Il ajoute avec autant de grâce
que d'énergie : « Si vous escoutiés Ga-
briel Damours, vostre ministre, comme
vous escoutés Gabrielle, vostre amou-
reuse, je vous verrois toujours ro
néreux et triomphant de vos ennemis.
Vous ay-je point dict à S. Denys. en
ung presche. ce que Dalila lit à Sam-
son, qui le rendit misérable et eontemp-
tible aux Philistins?... Quand Dieu a
faict tant de merveilles pour vous, vous
ne viviés pas ainsi. On dit que vous avés
promis d'aller à la messe, ce que je ne
croy nullement et en combatrois tous-
jours en ung duel pour maintenir le
contraire. Quoi! Le plus grand capitaine
du monde seroit-il bien devenu si couard
que daller à la messe pour la crainte des
hommes?... Vous voulés estre instruict
par les evesques de l'Eglise romaine, ce
dict-on? O que vous n'estes pas le roy
qu'il faille instruire : vous estes plus
• Publiée par M. Ch. Uoad ,Hnll. I. 2fco .1 après l'ori-
ginal lmK.dc la Kbttot nationale , Collect. du Vuu,
vol. 323,
grand théologien que moy qui suis vostre
ministre: vous n'avez faulte de science,
mais vous avez ung peu faulte de con-
science. Priez Dieu, nous prierons inces-
samment pour vous. » — Moins de cinq
semaines après, le '25 juillet, Henri IV
abjurait cependant. Mais la grandeur
de ses vues politiques autorise à croire
fermement que s'il fit taire sa conscience
c'est qu'il avait le pressentiment qu'en
établissant les deux cultes sur le pied
d'une mutuelle tolérance, il ruinerait et
déracinerait doucement le catholicisme.
Malheureusement pour la France, l'œil
inquiet du clergé de Rome ne s'y laissa
pas tromper un instant, et l'on peut
pardonner à notre glorieux Henri une
mauvaise action où il se leurrait d'un
bienfait immense et qu'il a payée de sa
vie.
Rendu au calme pastoral. Gabriel
d'Amours se retrouva en Saintonge
dans la même instabilité où il avait été
chez les Xeurhàtelois. et il semble que
ce fut une honorable conséquence de
l'amour ou du moins de l'estime qui en
tout lieu, s'attachait à sa personne. Le
synode de la province voulut le donner
pour pasteur à l'édise de Barbezieux;
mais Catherine de Bourbon, sœur de
Henri IV. 1 ayant demandé pour elle-
même, le synode national de Saumur
consentit à cette requête, malgré l'opposi-
tion du député de l'église de Lyon, Louis
Turqitef, qui prétendait que cette église
avait des droits sur lui. Nous ignorons
pourquoi d'Amours ne resta pas au ser-
vice de la princesse Catherine; peut-être
nelui avait-il étéaccordéque pour quelque
temps, comme c'était l'usage: quoi qu'il
en soit, le synode national de Montpel-
lier, en 1598, chargea le pasteur de Pa-
ris. François de Lauberan de Montigny,
de le prier de retourner dans sa province.
D'Amours obéit. En 1 Gui, le synode na-
tional de Jargeau le donna pour pasteur
à l'église de Chdtellerault qui le deman-
dait avec instance, malgré la résistance
des tidèles de S.-Jean-d'Angely. qui dé-
siraient le conserver, et malgré l'oppo-
sition des églises de Lyon et de Paris ,
qui soutenaient leurs droits. Cette déci-
sion excita le mécontentement des pro-
férants de S.-Jean-d'Angely. Il fallut
que le synode leur députât Jean Gardesi,
179
AMOURS
AMPROUX
480
ministre de Villemur, Jérémie Bançons,
pasteur de Tonneins, et Christophe For-
ton, ancien de l'église de Bordeaux,
pour exposer au gouverneur, au maire
et au consistoire de cette ville, les mo-
tifs qui avaient déterminé sa conduite et
pour les engager à accueillir convena-
blement le pasteur de La Vennerie,
donné pour successeur à d'Amours.
Mais l'église de S.-Jean-d'Angely ne
voulut rien entendre. En 1603, elle s'a-
dressa de nouveau au synode national
de Gap pour redemander son ministre,
qui, soumis aux ordres du synode, rem-
plissait alors ses fonctions à Châtelle-
rault. Le synode se borna à confirmer
le jugement de Jargeau, et d'Amours
fut laissé à Châtellerault, où il termina
sa carrière avant l'année 1609.
La famille d'Amours ne persévéra
pas dans le protestantisme, car elle con-
serva ses charges. Après Nicolas d'A-
mours, conseiller au pari, de Rouen, en
1564 et 1566, président en 1574, on
trouve (Cab. des titres) : Gabriel, conseil-
ler au grand conseil ; — Pierre, sieur
de Sarain, conseiller du roy en ses con-
seils d'Etat et privé, fils de Gabriel; —
Gabriel et Louis, fils de Pierre, conseil-
lers au parlement et chastelet de Paris,
en 1611 ; — Gabriel, conseiller au pari,
de Paris, en 1644; — Pierre, greffier au
siège de l'élection d'Alençon, en 1705,
etc. C'est certainement à cette famille
qu'appartenait le ministre, et il avait
des enfants, car il dit à la fin de sa let-
tre au roi, qu'il lui mènera son fils. On
n'a aucune trace de ce fils à moins" que ce
soit le capitaine huguenot à" Amours , qui
prit part à la défense de Jargeau, en
1621 [II, 409 b]. Voy. encore [IV, 495 b].
— Susanne d'Amours du Homet, de Nor-
mandie, 63 ans, et Anne, sa sœur, réfu-
giées et assistées à Londres, 1705.
AMPHOSSI, massacré au Luc en Pro-
vence, 1562 [X, 470].
AMPROUX. Nom d'une famille de
robe, originaire de Bretagne.
Daniel Amphoux, sieur de Champal-
lard, époux de Catherine Guihard, avo-
cat au parlement de Rennes, tenait de
sa femme, héritière de Catherine Clouet,
sa tante, la moitié des rentes dues à la
seigneurie de Gavre et vendit cette moi-
tié à Henri de Rohan le 22 août 1607.
Il était « alloué » de la cour et juridiction
de Blain où il demeurait, en sa maison
du Coing. Il résigna sa charge en 1616.
De son mariage étaient issus : Jean qui
suit; Anne, dlle de Champlouet, morte
en 1653; Fbançoise, femme de René
Loyseau, sieur de Meurier [VIII, 231 bj,
morte à 82 ans le 31 mai 1682; Marie,
femme de René du Bois-Guiheneuc ;
et Renée, qui épousa, en 1663, Paul Pi-
neau de La Throsnière [V, 58 b], et ab-
jura à Blain. 25 décembre 1685.
Jean Amproux, sieur de La Massaye,
fils de Daniel, épousa l°en 1630, Jeanne
Boulleau, fille de feu Abraham Boul-
leau, conseiller-secrétaire du roi, et de
Jeanne Coignard; 2° en 1642, Elisabeth
de Massanes.
Il eut du premier lit : 1° Jean, marié
en 1663 avec Anne, fille de Samuel
Gaudon, sieur de La Rallière, conseiller-
secrétaire du roi, et d'Anne Menjot;
2° Marie, née le 25 juin 1632, et qui eut
pour parrain Jacques Amproux, sieur
de Lormes, procureur général des eaux
et forêts en Bretagne1; 3° Elisabeth, née
le 8 oct. 1633 ; 4° Jean, baptisé le 29 juin
1635; 5° Françoise, baptisée le 11 août
1636, femme, 1658, de Armand de Saint-
Martin [IX, 91 b]; 6° Abraham, mort
en naissant, 1637. — Du second lit :
Auguste, baptisé le 6 avril 1643; Char-
lotte, morte à 2 ans en 1648; Philippe-
Timothée, mars 1652-mai 1659; Elisa-
beth, 1653-54 ; Paul-Henry, né le 1 0 avril
1655 (parrain Pineau de La Throsnière,
marraine Diane de l'Estoc de La Haye ;
Angélique, 6 mars 1657- 19 juin 1711. Il
mourut lui-même à La Massay s le 1 0 mars
1659 et sa femme peu après lui, la même
année [VII, 307 b].
Benjamin, frère de Jean, sieur de La
Massaye, lieutenant civil et criminel à
Vitré, épousa en 1651, Andrée Vezinier,
veuve d'Abel du Maistre, résident du
prince de Birkenfeld [Cf. V, 347 a].
Jacques, qui avait été parrain de Ma-
rie, en 1632, était un troisième frère de
Jean. Il devint plus tard intendant des
1 Ce titre est peut-être un vague équivalent de celui
que portait Saunai .Imjtrini.r, sieur de l.a lla»e, qu'on
trouve qualité de : « Maître et grand u'iiour des bois
et forêts de Rohan au comté Nantais ». h était le mari
de Diane de l'Estoc, Bile de noble nomme Daniel de
l'EstOC sieur .le l.a \aeln>nnei le qu'il avait épousée le
isjanv. 1654, deux ans après avoir perdu Marguerite
Kousset sa première femme.
181
AMPROUX — AMYAND
182
finances, puis conseiller du roi et des
finances. Il mourut le 29 août 1679. et
fut conduit à sa dernière demeure par
son frère Benjamin et par son neveu
Armand de S. -Martin. Il avait épousé
Ma rie de Beringhen et était âgé a sa mort
de 71 ans.
Il est très-probable que c'est au frère
aine. Jean, qui d'avocat au parlement
de Bretagne était passé conseiller à Pa-
ris, que s'applique ce passage des Notes
secrètes sur le personnel des parlements
vers Pitju :
« Emproux . conseiller au parlement
« de Paris, a de l'esprit et de la capa-
« cité. M picque de chaleur pour ses
« amis, est seur. et brouillé avec l'In-
« tendant son frère quoyqu'il en puisse
érer beaucoup de bien. Est de la
« religion. Est capable de grandes ou-
« vertures et les pousse avec vigueur. »
Le prénom Jean était patronymique
dans la famille des Amproux de La
on La Massais), ce qui rend
difticile la distinction à faire des mem-
bres qui le portaient. Après les deux
magistrats qui se marièrent, le père,
en 11130 et le lils en 1663, se place un
troisième Jean Amproux de La Mas-
saye qui, en 1684, était commissaire
royal en Bretagne pour l'exécution des
édits et qui portait en outre le* titres de
a chevalier. c\ devant premier gentil-
homme de la chambre du Roy de Suède
et colonel de cavalerie •■ \
C'est de lui vraisemblement que les
convertisseurs, deux ans après, avaient
amèrement à se plaindre. L'un d'eux
écrivait (B janv. 1696) à un confr
« You> ne sauriez croire le mal que fait
ledit de La Massaye. Il s'érige en pas-
teur et va incognito exhorter tous ceux
qu'il sait qui sont prêts de changer, pour
les détourner. Il se tient couvert et ca-
ché, n'allant le plus souvent que les
soirs et changeant presque tous les jours
de demeure. Il serait nécessaire de met-
tre cet homme en sûreté. » Trente ans
après, en 171"». un « sieur de la Mas-
sais tils ». bis du colonel peut-être l.
donnait encore des inquiétudes parce
1 Dans VEtat de distribution telle ea Angleterre pour
l'an itoô ligure MHM ayant r.çu un secours de
33 1. st. Jacques Amproux de ta Massaye, de Blain en
Bretagne, âgé de 38 ans, réfute à tarse] Vltt sa femme
que de Jersey où il vivait après avoir
épousé la fille d'un gentilhomme du
pays, on craignait qu'il ne vint secrète-
ment à Xantes. recueillir et emporter
les valeurs mobilières (iO à 50.000 fr.),
dépendant de la succession de sa mère
qui venait de mourir. On prit alors des
mesures rigoureuses pour empêcher ce
mauvais exemple d'un fils huguenot
héritant de sa mère et il parait qu'en
effet le bien de Mme de la Massaye passa
à un collatéral catholique, le comte de
Clermont L
Nous devons citer encore MM. Am-
proux de Lorme, qui contribua en 1639
à la construction du temple de Bottier
en Blain : Amproux de La Haye, qui
lit de même et qui ayant acheté en 1643
un office de judicature à Vitré, en fut
dépossédé comme huguenot ; Amproux
seigneur du Ponfpiétin , condamné à
l'amende en fév. l*„sr> parce que le fils
d'un catholique avait assisté au prêche
à Pontpiétin ; Henri Amproux de Lorme
de La Mai _-. de Monchamps,
m. en 1709 apri - - acquis un triste
renom comme convertisseur ; M"e de
La Massais qui enfermée en 1687 dans
le couvent des Nouvelles-Catholiques à
Paris [VU, 139 b_. demandait à être en-
en Poitou auprès de ses frères de-
venus catholiques, et une dame Elisa-
beth Amproux réfugiée et assistée à
Londres en 1721. avec ses deux tilles. =
i : De sinople à 3 larmes d'argent
"2 et 1, suivant un arrêt du 17 nov.
(Haag. — Yairiuaud.)
LiéYre, Protest, du Poitou, 111,7. - \aurigaud. £s-
sui sur r histoire des Eglises réformées de Bretagne de
1535 à 1808. Paris. CTiiéiUm. iSTo, I vtL in-8», III,
13»; — Meut, de Poucault, pabl. par Baudry, ■ _
AMY (Anthoine), ■< de Barjol en Pro-
vence », reçu habitant de Cenève, 16 oc-
tobre 1572.
AMYAND Daniel ou Amiand. quel-
quefois Amian [Haag, 1,68. — VI, 215 b].
et quatre enfants. Us sont inscrits déjà dans l'état de
1 on ne sait pas non plus à qnel membre de cette fa-
mille doit être rapporté ce trait de l'Hist. de ledit de
Nantes par Elie Benmt (V, 889) : « lu fermier de La
Massaye, gentilhomme connu >ur 1< s limites dn Poitou
et de Bretagne, ayant les pieds et le> mains grillés et
| i il ue pouvait plus le> étendre,
lui pr.x'iné a I intendant par son maître. L'intcnd.<nt
eut horreur 4e ee ;-peclacle et en temoigna de l'indi-
gnation. Mai» toute la justice qu'il en fit fut qu'il en-
voya dés le lendemain une grosse garnison chez ee
gentilhomme. >
183
AMYAND — AMYOT
184
— Marie Amiand (?) ou Armand, v. 1600
[V, 327 a].
Daniel Amyand, de Mornac, Sain-
tonge, étudiait la théologie à Genève en
1672; de retour dans sa province il fut
nommé pasteur de Marans (Aunis). En
1684, une poursuite judiciaire fut dirigée
contre lui, pour avoir fait des prières pu-
bliques contre le roi et outragé le saint-
père du nom d'antechrist. En réalité, son
crime était d'avoir lu, le dimanche, après
le sermon, comme cela se pratiquait dans
toutes les églises , cet article de la litur-
gie : « Nous te recommandons nos frères
qui sont dispersés sous la tyrannie de
l'antechrist, étant destitués de la pâture
de vie, et privés de la liberté de pouvoir
invoquer publiquement ton saint nom,
même qui sont détenus prisonniers ou
persécutés par les ennemis de ton Evan-
gile. » Amyand se constitua prisonnier à
La Rochelle, où son procès fut instruit.
Il fut condamné à l'interdiction, à l'a-
mende et au bannissement de la pro-
vince. A la Révocation, s' étant réfugié
en Angleterre, il y fut naturalisé avec
sa femme et leurs sept enfants, le 10 oct.
1688. Deux ans après, on l'investit du
rectorat de Hollenb'y et, en 1718, on lui
donna un canonicat dans la cathédrale
de Peterborough. Il mourut en 1730. Son
troisième fils, Claude Amyand, devint
chirurgien ordinaire du roi George II et
mourut en 1740, laissant pour fils, à son
tour, des hommes distingués : 1° Claude,
sous-secrétaire d'Etat; ^George Amyand,
baronet, membre du Parlement; 3° Chris-
tophe, commerçant. De sir George sont
issus deux fils et deux filles, les comtesses
de Minto et de Malmesbury (Agnew,
Protest. Exiles).
Il est difficile de ne pas admettre de
parenté entre la famille qui précède et
Daniel Amien, inscrit le 10 mai 1677 à
la faculté de théologie de Genève comme
natif de Vinsobre (Drôme), et qui, n'é-
tant encore qu'étudiant, fut parrain de
Daniel Amian, fils iVIsaac, chirurgien
du roi, et d'Anne Hotot(Reg. de Cha-
renton). Cet Amian, étudiant en 1677,
était pasteur de La Ferté-Vidame en
1679 [IV, 356 b]. Le chirurgien Isaac
Amyan, outre son fils Daniel, eut en-
core : Isaac, né le 29 nov. 1677, .Iran-
Paul, né le -22 nov. 1682, et plusieurs
filles. — Un Isaac Amiand, avec Anne
sa femme, six fils et une fille, fut natu-
ralisé à Londres le 9 sept. 1698.
1. AMYOT (Jacques), savant hellé-
niste et l'un des maîtres de la langue fran-
çaise [Haag 1, 70], né à Melun en 153$, W
et mort à Auxerre en 1593, eut dans sa
jeunesse quelque penchant pour les
doctrines de la Réforme, puisqu'il fut
obligé de fuir Paris, en 1534, afin d'é-
chapper aux poursuites, qui sévirent en
cette année, contre les hérétiques. Il
n'est donc pas impossible de le nommer
dans une Riographie protestante. Mais
choisi par le roi Henri II pour précep-
teur des enfants de France, puis abbé
de Rellozane (Normandie) en 1546, grand
aumônier en 1560, commandant de l'or-
dre du S. -Esprit, enfin ayant vécu les
vingt-trois dernières années de sa vie
et étant mort évèque d' Auxerre, Amyot
n'a droit ici qu'à une simple mention.
2. AMYOT (Nicolas), à Angers, 1563
[IV, 500 a]. — (Pierre), sieur des Mon-
ceaux, Gien, 1627, 1632 [VI, 28, a] —
(Catherine), 1649 [VII, 394 b].
3. AMYOT, docteur en médecine et
médecin ordinaire des eaux de Rourbon-
les-Bains, remplit à plusieurs reprises
les fonctions de commissaire du roi au-
près des synodes de l'Orléanais. Zélé
protestant, il refusa de se convertir lors
de la révocation de l'édit de Nantes. Il
finit pourtant par céder, et obtint la
permission de retourner à Bourbon
(Arch. gén. E, 3371), d'où il alla bientôt
après s'établir à Rlois. En 1687, il fut
dénoncé comme mauvais catholique
(Arch. ibid.); mais cette dénonciation
ne paraît pas lui avoir attiré de persé-
cutions. Il n'en fut pas de même en
1699 [X, 436], où soupçonné d'avoir fa-
vorisé l'évasion de sa fille qui était passée
en Angleterre, il fut arrêté et jeté à la
Pastille (Arch. M, 678). L'année sui-
vante, sa femme mourut, et comme elle
avait refusé de recevoir les sacrements
de l'Eglise romaine, ordre fut donné
(Arch. E, 3386) de faire le procès à son
époux.
4. AMYOT(Jkan-Haptisti.;), d'Orléans,
étudiant à Genève, 1672. — (Anne),
femme de Moïse, horloger à Orléans.
avec quatre enfants; assistes à Londres.
1705. — (Pierre), naturalisé anglais.
IXo
AMYOT — AMYRAUT
isr.
8 mai 1697. — (Pierre), de Tours, ouvrier
en soye, 56 ans. et sa femme. 5i ans.
confesseuse; assistas à Londres. 1705.
— Etienne Amiot, directeur de l'hospice
des réfugiés franc, à Londres, i TOT». —
Voy. Amiot.
f. AMYRAULT Abel), seigneur de
Beausoudun [I, 79 b; X, 318, 346] ou
Yausoudan, fut pasteur de S.-Agnant
dans le Maine, au moins depuis 1623
jusqu'en 1663. On a lieu de croire qu'il
était le père du célèbre théologien Moïse
Amyraut qui suit. (Voy. C. Port, Dic-
tionnaire hist.de Maine-et-Loire, I, 18.)
•2. AMYRAUT Moïse). un des théolo-
giens les plus distingués et les plus in-
fluents du XYIP siècle [Haas I. 72. —
I, 80 a, 233 h; II, 53 a, 310, 319, 3-2-2.
495; IU, 96, 438, 176, -226 ; IV, 180 a,
182 a, 423 b; Y. 103 a. 272 b, 301 b,
418 a, 437 a. 514 h; Yi. 10 a, 208 b,
209 a, 310 a; VIII. 437 b; IX, 58 b,
176 a, 348 a: X. 319. 346].
Il naquit à Bourgueil, en Touraine.au
mois de septembre 1596, d'une famille
honorable qui prétendait descendre des
L'Amyraultd'Orléans.i Yo\ . sur ce point
Chauffepié.) Son père, désirant qu'il suc-
cédât à un de ses oncles dans la charge
de sénéchal de Bourgueil, l'envoya à
Poitiers suivre l'école de droit. Le jeune
Amyraut s'appliqua avec tant d'ardeur
à l'étude de la jurisprudence, qu'au bout
d'un an, il fut en état de prendre ses li-
cences ; mais il n'alla pas plus loin dans
une carrière qui semblait s'ouvrir à lui
sous les plus heureux auspices. Les
conseils de Bouchereau, ministre de
Sancerre. fortifiés par l'impression pro-
fonde que lui laissa la lecture de l'Insti-
tution chrétienne de Calvin . le décidè-
rent à étudier la théologie, et dès qu'il
eut obtenu le consentement de son père,
qui ne renonça pas toutefois sans peine
à des arrangements de famille, il se
rendit à Saumur où il fit son cours d'é-
tudes sous Cameron.
Lorsque Daillê fut appelé à Charen-
ton. en 1626. l'église de Saumur choisit
Amyraut pour le remplacer, en même
temps que celles de Rouen et de Tours
le demandaient pour pasteur. Saumur
l'emporta et le chargea en même temps
de remplir provisoirement à l'académie,
de concert avec Gappel qu'elle lui adjoi-
gnit, la chaire de théologie. En 1631,
Amyraut fut député par la province
d'Anjou au synode national de Charen-
ton qui le chargea avec François de
Mitntauhan de Rambault. seigneur dp
Yillars et ancien de l'église de Gap. de
porter en cour les remerciments des
églises pour la permission qu'elles
avaient obtenue de s'assembler, et aussi
leurs très-humbles représentations.
Des difficultés s'élevèrent tout d'abord
sur la manière dont cette requête serait
présentée. Richelieu voulait que. confor-
mément à un cérémonial reçu, les dé-
putés du synode parlassent au roi à ge-
noux ; mais après de longues négocia-
tions, la fermeté d' Amyraut obtint la sup-
pression en fait de cet usage humiliant;
moyennant sans doute la concession
qu'il fit de dire en commençant son dis-
cours : « Sire, les députés recognois-
« sans la liberté de laquelle ils jouissent
« par la grâce de Y. M., viennent ployer
« les genoux devant elle pour luy en
« faire l'hommage en révérence avec
« tous les ressentiments de gratitude
a dont l'esprit humain peut estre ca pâ-
te ble. >• Sa harangue plut fort au cardi-
nal de Richelieu qui conçut pour lui
beaucoup d'estime et qui lui fit l'hon-
neur de le consulter sur son fameux
projet de réunion des deux Eglises.
En 1632, Amyraut assista au synode
provincial de Baugé (18 juin. L'année
suivante (juin 1633 il subit avec Louis
Cappel et Josué de La Place, devant le
synode tenu à Saumur, les épreuves ré-
glementaires. Il y satisfit et soutint sa
thèse {De Sacerdotio Christi) à l'applau-
dis>ement général. Il entra ainsi en
exercice en même temps que deux collè-
gues, avec lesquels il se ha d'une étroite
amitié que n'altéra jamais la différence
de leurs opinions sur certains points de
la dogmatique. Leur affection dut lui
être d'autant plus précieuse qu'il ne
tarda pas à se trouver engagé dans une
ardente polémique et exposé aux plus
vives attaques. Disciple aimé de Came-
ron. il avait adopté le système de conci-
liation entre l'arminianisme et le goma-
risme imaginé par son maître, et ses
relations intimes avec Paul Testard,
pasteur de Blois, l'avaient encore af-
fermi dans ses convictions. La querelle
187
AMYRAUT
188
n'était point assoupie entre les deux
partis qui avaient divisé le synode de
Dordrecht ; peut-être Amyraut espéra-
t-il y mettre un terme en se portant
comme médiateur. Ce fut en 1634 qu'il
publia son traité De la Prédestination
où il développa ses opinions avec une
sagacité et une érudition remarquables.
Selon lui, Dieu désire le bonheur de
tous les hommes et personne n'est exclu
par un décret divin des bienfaits que
procure la mort de Jésus-Christ; cepen-
dant nul non plus ne peut y participer
ni par conséquent être sauvé, à moins
de croire en Jésus-Christ. Dieu, dans sa
bonté immense et universelle, ne refuse
à personne, il est vrai, le pouvoir de
croire ; mais il n'accorde pas à tous
l'assistance nécessaire pour qu'ils fas-
sent usage de ce pouvoir, en sorte que
plusieurs périssent par leur faute, sans
qu'on puisse accuser la bonté de Dieu.
Cette théorie, que l'on désigne sous le
nom d'universalisme hypothétique, fut
vigoureusement attaquée par André Ri-
vet, Frédéric Spanheim, J.-H. Heideg-
ger, Du Moulin, Jurieu, qui la traitèrent
de pélagianisme déguisé et accusèrent
l'auteur de contrevenir aux décisions du
synode de Dordrecht pour favoriser
l'arminianisme. En vain Amyraut vou-
lut-il couvrir sa doctrine du nom de
Calvin, en soutenant que le grand ré-
formateur avait enseigné la grâce uni-
verselle; il ne put convaincre ses adver-
saires et la question fut portée devant
le synode national d'Alençon.
L'animosité contre le professeur de
Saumur était telle que plusieurs dépu-
tés ne parlaient de rien moins que de le
déposer. Mais à cette époque déjà, il
commençait à s'opérer dans les croyan-
ces de l'Eglise protestante française un
changement dont on doit peut-être cher-
cher la cause principale dans la défense,
faite dès 1623, d'admettre les étrangers
aux fonctions pastorales et denvoyer
les jeunes candidats au ministère faire
leurs études hors du royaume. Avant
cette défense, beaucoup de pasteurs
sortaient chaque année des universités
de la Suisse et de la Hollande, de celle
de Genève surtout où dominaient les
doctrines du calvinisme pur ; mais lors-
que Louis Xlll eut déclaré qu'il ne per-
mettrait plus à l'avenir qu'on mît à la
tète des églises des ministres formés
dans les écoles étrangères, les jeunes
protestants qui se destinaient à la car-
rière théologique furent forcés de faire
leurs études dans l'une des trois univer-
sités de Saumur, de Montauban ou de
Nîmes. La première, qui était la plus
célèbre, attira le plus grand nombre
d'étudiants, surtout des provinces de
deçà la Loire, et comme Caméron y pro-
fessait des principes d'une tolérance
assez large, il en résulta naturellement
une modification notable dans les opi-
nions du clergé protestant de France.
Aussi le synode d'Alençon refusa-t-il de
s'associer aux mesures de rigueur que-
beaucoup de députés , principalement
parmi ceux des églises du midi , récla-
maient contre Amyraut. Sans s'arrêter
aux lettres qui lui avaient été écrites par
les universités de Genève et de Leyde,
l'assemblée se déclara satisfaite des
explications qu'il donna, ainsi que le
pasteur Testard, et les renvoya l'un et
l'autre honorablement en leur recom-
mandant la discrétion et la prudence, et
en imposant sur ces questions aux deux
partis un silence qui fut mal gardé.
Amyraut continuant à être attaqué, se
défendit. De nouvelles plaintes furent
donc portées contre lui au synode de
Charenton, qui se montra peu disposé à
y donner suite, et qui se contenta de
renouveler la défense de « disputer sur
des questions inutiles, qu'on ne propose
que par pure curiosité et pour faire pa-
raître la subtilité de son esprit. » Il ne
tarda pas à donner d'ailleurs au profes-
seur de Saumur une preuve de la haute
estime qu'il avait pour lui, en le char-
geant d'entrer en conférences avec La
Milletière contre qui il avait déjà sou-
tenu une vive polémique. Mais en dispu-
tant de vive voix , les deux con trover s i rtes
ne purent pas mieux parvenir à s'en-
tendre.
De retour à Saumur, Amyraut, tout
en s'occupant de travaux plus utiles,
continua de repousser avec autant de sa-
gacité que de modération les attaques
des adversaires de son système. Ces
luttes incessantes étaient pénibles pour
un homme d'un caractère doux et affa-
ble comme il était; aussi se prèta-t-il de
189
AMYliAI J
190
grand cœur à une réconciliation avec
Rivet. Du Moulin et le pasteur de la
Rochelle. Philippe Vincent, qui avait
chaudement combattu ses principes sur
l'obéissance passive.
Il avait été député en 1638 au synode
de Rellesme ; il fut nommé recteur de
l'acad. de Saumur en 1639. principal
en 1640, « tant à cause de sa grande
suffisance pour toutes les fonctions de
la dite charge, que particulièrement afin
de le retenir et conserver à cette acadé-
mie en cas que son indisposition l'obli-
geât à se décharger d'une partie ou de
tout l'exercice de son ministère. » En
1642, 1645, 1647, 1652, 1650. il prit en-
core part aux travaux des synodes de
diverses provinces et en 1658 il se ren-
dit à Rourbon et à Paris sans doute pour
le soin de sa santé qui allait s'aflàiblis-
sant.
En 1659, la prorince d'Anjou l'enleva
une fois encore à ses doubles fonctions
pour l'envoyer, en qualité de son repré-
sentant, au synode national de Loudun.
node lui confia le soin de publier,
avec Blondel, Gaultier et Catelan, une
édition correcte de la discipline des
églises réformées de France. Après la
clôture des séances de cette assemblée,
Amyraut retourna à Saumur qu'il pa-
rait n'avoir plus quitté jusqu'à sa mort,
arrivée le 8 janvier 1664 '.
A des talents éminents. à un parfait
usage du monde, à un caractère plein
de bienveillance et de fermeté à la fois,
Amyraut joignait une charité inépuisa-
ble. Pendant les dix dernières années de
sa vie. il distribua aux pau^
distinction de religion, les revenus de sa
place de pasteur. Ce désintéressement
ne put lui faire trouver grâce aux yeux
itholiques bigots qui. en 166"2. lui
intentèrent un procès au sujet de la
taille. Le procureur général près de la
cour des aides saisit cette occasion pour
obtenir un arrêt qui défendit à toi.
ministres de prendre. — attentat scan-
daleux, selon lui, — le titre de docteur
en théologie! Amyraut trouva du moins
une compensation à ces misérables vexa-
tions, dans les témoignages de considé-
ration et de respect qu'il reçut jusqu'à la
1 Jean Carré y fit imprimer la même année des vers
hébreux sur sa mort (11!, 226 a|.
fin de sa vie d'un grand nombre de ca-
tholiques, parmi lesquels on cite des
évêques . des archevêques . les cardi-
naux de Richelieu et de Mazarin . les
maréchaux de Rrézé et de La Meille-
raie . et le premier président du parle-
ment de Rourgogne. Le Goux de La Rer-
chère. — Son portrait a été peint par
Philippe de Champagne et gravé par
Pierre Lombard.
Dogmatiste. exégète. moraliste et pré-
dicateur renommé, Amyraut a beaucoup
écrit, mais ses ouvrages sont fort rares.
Nous en donnerons la liste en suivant.
autant que possible, l'ordre de leur pu-
blication.
I. Cent cinquante sonnets chrestiens ;
Paris, chez Pierre des Hayes, rue de La
Harpe, à la Rose rouge, 1625, in-16.
Précédé d'une épitre dédicatoire (signée
M. A.) à haute et puissante dame ma-
dame de Clermont d'Amboise, marquise
douairière de Garlande.
II. Hymne de la puissance divine:
Paris, 1625, in-16: précédé d'une dédi-
cace (signée M. A. . a très-noble et très-
vertueuse demoiselle, Mlle de Clermont
d'Amboise.
Personne n'avait soupçonné dans le
sévère théologien Moïse Amyraut la pas-
sion de faire et de publier des vers. Un
de nos bibliophiles les plus éclairés, qui
connaît à merveille les produits typo-
graphiques de la Touraine et de l'Anjou,
dontil|>ossède une précieuse collection1,
M. J. Taschereau, directeur de laRiblio-
thèque nationale, rencontra un jour les
deux volumes poétiques ci -dessus cotés,
et pensa que les initiale- M. A. pou-
vaient cacher le nom du ministre de
Saumur. M. Charles Read qu'il consulta
sur ce point, lui écrivit : « Le nom de
Clermont d'Amboise est une forte pré-
somption que l'ouvrage est en effet d'A-
myraut. La maison de Clermont d'Am-
boise est une des plus illustres de notre
France protestante à cette époque. I
un Clermont d'Amboise qui présidait
l'assemblée politique de Châtellerault où
s'ouvrirent en 1597 les négociations pour
l'édit de Nantes. Le nom de Garlande
confirme aussi la présomption, car le
marquis de Garlande ou Gallerande était
1 Laquelle nous a largement servi à compléter la pré-
sente bibliographie.
191
AMYRAUT
192
L'aîné de la même maison ; c'était le; titre
que portait précisément le président de
l'assemblée de 1597 et la marquise
douairière en 102") était probablement sa
veuve. Le ton de la dédicace et celui des
sonnets me semblent bien huguenots.
Enfin je possède, parune heureuse coïn-
cidence, un volume qui tranche la ques-
tion en ce qui concerne le libraire :
c'est un psautier de Charenton indiqué
chez Pierre desHayes, rue de La Harpe,
à la Rose rouge. » Nous rendrons la
vraisemblance plus frappante encore en
citant un passage des registres de l'acad.
de Saumur (f° 52) qui montre Amyraut
réprimandé pour s'occuper de vers lors-
qu'il n'était encore qu'étudiant : « Le
mercredi 19 aoust 1620, après enqueste
faicte touchant Amirault escholier en la
première classe et Fautrart estudiant en
philosophie chargez d'avoir escript et
semé les vers composés par Viguier
[contre d'autres étudiants], il a esté
adouci qu'en prenant pied sur les satis-
factions faictes par le d. Viguier on se
contentera que remonstrances leur soient
faictes par les professeur et régent. »
Du reste, les vers d' Amyraut n'avaient
rien qui les distinguât des autres vers
très médiocres du même temps ; voici le
commencement d'un de ses sonnets pris
au hasard , le 71me :
Que me veux- tu, mon âme, quand tu fais
Sonner au cœur une complainte amère
Pour tes ennuis? U ma seulette, espère
En ton Sauveur et endure, et te tais.
Tous tes soucis en qui tu te déplais,
De la douceur de sa grâce, tempère !
Il est ton Dieu, ton Seigneur et ton Père,
Ton Rédempteur, le Prince de ta paix.
III. Traité des religions contre ceux
qui les estiment indifférentes ; Saumur,
chez Cl. Girard, 1031, in-8°; 2" édit. Sau-
mur, 1052, in-4°. Cette deuxième édition
est précédée d'une épître à Mgr de Tu-
renne, du 25 mars 1052. Traduit en alle-
mand par Adrien Steger, Leipzig, 1007,
in-12, et 1719, in-12; en anglais, Lon-
dres, 1000, in-12.— L'ouvrage est divisé
en trois parties. Dans la lre, l'auteur
combat les Epicuriens qui nient la Pro-
vidence ; dans la 2e, il établit la néces-
sité d'une religion révélée; dans la 3e, il
prouve que la religion chrétienne doit
être préférée à toutes les autres.
IV. Traité de la prédestination ; Sau-
mur, 1634, in-8°; trad. latine, Salmurii,
1034, in-4° ; nouvelle édit., Saumur,
1058, in-8°,chez Isaac Desbordes (358 p.).
Le titre exact de cette dernière est :
Brief traité de la prédestination avec
V eschantillon de la doctrine de Cah:in
sur le même sujet et laResponseà M. de
L. M. sur la matière de la grâce et au-
tres questions de théologie. Elle est dé-
diée « A mess, les estudians en théologie
de l'académie de Saumur. » Dans cet
ouvrage, Amyraut développe ses idées
sur la grâce divine. Gomme Zwingle, il
croit que les païens vertueux seront
sauvés. C'est vraisemblablement à cette
polémique que se rattache un autre écrit
d' Amyraut intitulé Réplique à M. de La
Milletière; Charenton, 1633, in-8°.
V. 1. Sermon sur l'Apocalypse, II,
27 ; Charenton. Melchior Mondière, 1030,
in-8°.
2. Six sermons de la nature, étendue,
nécessité dispensative et efficace de l'E-
vangile; Saumur, 1036, in-8°, trad. en
latin par Heinhold, Stade en Hanovre,
1717, in-8°.
3. Trois sermons sur V épître aux
Ephésiens, ch. I, v. 16; Charenton, 1639,
in-12(177p.).
4. Sermon sur ces mots : « C'est
Dieu, etc. » (Philipp., v. 13), prononcé
à Chastelerault le jour de la Pentecoste
lorsque le synode de Poitou y célébrait
la Cène. — Avec un autre prononcé à
Saumur sur les mesmes mots; Saumur,
1640, in-8°. Dédié à M. de S.-George de
Vérac.
5. Sermon sur le v. 55 de la lre épître
de S. Paul aux Corinth. ; Saumur, 1644,
in-10 (40 p.).
0. Sermon sur 2 T'un. I, 12, prononcé
le 29 janvier 1045 pendant la tenue du
synode à Charenton; Charenton, par
Melchior Mondière, demeurant â Paris
en la court du Palais, aux Deux Vipères,
1645, in-12.
7. Sermon sur ces mois de l'Apoca-
lypse, I, 4 et 5 : « Jean aux sept égli-
ses, » etc. , prononcé le jeudy i de
may 1045; Saumur, 1045, in-10.
8. Deux sermons .sur les versets 1 et S
de S. Jean (ép. 1, ch.|5), prononcés à Gha-
193
AMYRAUT
194
renton au mois d'oct. 1645, avec une
action sur le dimanche 47 du catéchisme;
Saumur, 1646, in-8°. Dédié k'M^deMo-
rin.s à Bordeaux.
9. Sermon sur Ps. XIV. 1 : Saumur,
1645, in-16.
10 et 11. Deux sermons, l'un sur ces
mots de la Gen. (III, 19) : « Tu es pou-
dre, » l'autre sur ces mots de Christ : « En
vérité je vous dis » (Jean, VIII, 51); pro-
noncés à Saumur le jour des Cendres et
quelques jours après; Saumur, in-8°,
1646.
12. Sermons sur quelques sentences
de l'Ecriture ; Saumur, 1647, in-18.
13. Quatre sermons sur quelques sen-
tences del'Ecriture; Saumur, 1648, in-12.
14. Trois sermons sur II Cor.; III,
13-16, 17 et 18; Saumur. 1651. in-12.
15. Un sermon du voile de Moise ;
Saumur, 1651, in-18.
16. Le Mystère de piété, expliqué en
quatre sermons; Saumur, 1651, in-12.
17. Sermon sur la XLTV* section du
catéchisme, prononcé à Saumur le 3 de
mars 1652; Saumur, 1652, in-8°, 48 pag.,
non compris une courte dédicace à
Mme de La Muce dans laquelle on lit :
« Au reste, Madame, j'ay une prière ù
vous faire, de la quelle je m'asseure que
vous ne me refuserés pas. L'idée que je
me suis formée de l'incomparable vertu
de feu monsieur de La Noue vostre
grand père, par ce que j'ay pu lire de
luy dans ses écrits et dans les histoires.
m'a fait désirer ardamment d'en avoir
une connoissance plus exacte. Faites moy
donc, s'il vous plaist, Madame, la faveur
de me dire s'il n'est point resté dans
vostre maison quelques mémoires de sa
vie dont on la peust recueillir. Car je
vous proteste que si j'en avois et que
vous jugeassiez ma plume capable de
l'écrire, je me sentirois heureux de pou-
voir mettre l'image de ce héros devant
les yeux de nostre jeune noblesse pour
l'exciter ù la vertu. Et je crois que vous
sériés bien aise, Madame, que messieurs
vos petits enfans en tirassent, outre
l'avantage de la gloire qu'ils ont d'en
estre descendus, l'utilité qui leur revien-
droit de son imitation. »
Voy. ci-après aux numéros 23 (col.
194) et XXXYIII la suite du projet ici
annoncé.
18. Sermons sur divers textes de l'E-
criture Sainte, prononcés en divers lieux
par Moyse Amyraut, 2e édit. ; Saumur,
1653, in-8° (495 p.). Cette collection réu-
nit onze sermons qui avaient été déjà
publiés séparément, en particulier les
six sermons de la nature de l'Evangile,
de 1636.
19. Un sermon sur ces paroles du pro-
phète Jérémie, X, 5, 2 : « Ainsi a dit
l'Eternel, n'apprenez point le train de»
nations ; ■» Saumur, Jean Lesnier, im-
primeur et libraire, au Livre d'or, 1654,
in-8°. — Autre édition, 1654, à Charen-
ton. chez Louis Yendosme, marchand-
libraire à Paris, au bout du pont S. -Mi-
chel, au Sacrifice d'Abraham.
20. Un sermon sur Hébr. XII, 29,
prononcé à Nyort pendant le synode le
dernier d'aoust 1656 (avec une lettre à
M. de Superville, docteur en médecine
à Nyort; Saumur, 1656, in-8°.
21. Sermon sur ces paroles de J.-C.
«Ayés lajoy de Dieu, » Marc XI, 22,
prononcé en l'église du Mans, recueilli
à Belair le 5 aoust 1627 (lisez 1657) ; Sau-
mur, 1657; avec dédicace à Mme la mar-
quise de Congnée.
22. Quatre sermons sur le chap. YI
del'épitre aux Hébrieux, v. 4, 5, 6 ; Sau-
mur, 1657, in-8° (184 p.); avec une dé-
dicace à Mmc de Soucelles.
23. Melchisedec représenté en quatre
sermons sur le chap. Vil de l'Epistreaux
Hébrieux, v. 1, 2 et 3; Saumur, J. Des-
bordes, 1657 (166 pag.); avec une dédi-
cace à Mme la marquise douairière de
La Muce en date du lendemain de Pâ-
ques 1657 et commençant par ces mots:
« Madame, il y a déjà quelques années
que je me suis obligé envers le public
d'une chose qui vous regarde en parti-
culier avec cette illustre maison de la q.
vous estes issue : C'est de mettre au jour
la vie de feu Monsieur vostre Grand- Père
cet incomparable héros que l'on nom-
moit Bras-de-Fer. Mais je suis de ces
gens que l'on appelle communément
affairés et qui ayant diverses dettes sur
les bras se trouvent bien embarrassés...»
24. Huit sermons sur Hébr. YI, 4-6,
et YII, 1-3; Saumur, 1657, in->°.
25. Cinq sermons prononcez à Cha-
renton (130, 56 et 55 p.); ensemble un
Discours chrestien prononcé à Bourbon
195
AMYRAUT
196
(dédié à S. A. Mllc de Buillon) ; Charen-
ton, A. Cellier, 1658, in-8° ; précédé
d'une Lettre à M. Amyot, docteur mé-
decin à G y en).
26. Trois sermons sur l'épître aux
Hébr., I, 3; avec une épître à S.A. Mlle
de Buillon; Charenton, Ant. Cellier à
Paris, 1658, in-8°.
27. Deux sermons, l'un sur ces paro-
les de S. Paul, 1 Cor. XV, 2-3, l'autre sur
ces paroles de Christ, Jean XVI, 8-11,
prononcez à Charenton; par A. Cellier,
1658, in-8°.
28. Sermon sur la convalescence du
Roy, prononcé à Saumur en 1658, le
18 aoust; Saumur, Isaac Desbordes,
1658, in-8°.
29. Deux sermons sur la matière de la
justification et de la sanctification (avec
dédicace à Mmc de Beuvrière, du 25 août
1658); Saumur, 1658, in-8°.
30. Vingt-quatre sermons; Saumur,
1658, in-8°.
31. Sermon sur ces paroles de S.Paul,
I Corinth. XV, 28 : « Et quand toutes
choses »..., prononcé à Charenton ; Cha-
renton, 1659, in-8°. Avec une lettre dé-
dicatoire (Orléans, 13 déc. 1658) à M. de
Launay, conseiller secret, du Roy.
32. Le Tabernacle expliqué en cinq
sermons sur l'ép. aux Hébr., IX, 2-5;
avec un Discours sur les habits sacrez
d'Aron; Saumur, 1 858, in-8° (256p.); dé-
dié à Mrae de La Muce. — Au t. XIV de
la collection Conrart (Bibliot. de l'Arse-
nal) se trouve en manuscrit le Discours
touchant les vestements sacrez du sou-
verain sacrificateur , ainsi qu'une autre
dissertation d' Amyraut: De l'imputation
du 'péché d'Adam.
33. Le ravissement de S. Paul (2 Cor.
XII, 1-5), expliqué en quatre sermons ;
avec dédicace à Mme la marquise de Gou-
vernet ; Saumur, Ant. Rousselet, 1660,
in-8°(169p.).
34. Sermon sur la première épître de
S. Pierre (III, 20, 21), prononcé à Lou-
dun un jour deCène, le synode national
y tenant ; avec dédicace à M. de La Bou-
tetière; Saumur, 1660, in-8° (59 p.).
35. Sermon sur le sujet de la paix;
prononcé à Saumur le dernier de février
1660; avec dédicace à M. du Vivier,
F. M. D. S. E. (fidèle ministre du saint
Evangile), 1660, in-8° (54 p.).
36. Sermon sur les paraboles du Christ
(Jean XVII, 24) ; Saumur, 1662, in-8°.
VI. Echantillon de la doctrine de
Calvin sur la prédestination. La lrc édi-
tion parut avant 1637. Cet opuscule fut
réimprimé en 1658, avec le traité de la
prédestination.
VIL Lettre à La Milletière, sur son
écrit contre Du Moulin; Saumur, 1637,
in-8° ; réimpr. aussi avec le traité de la
prédestination. L'année suivante, Amy-
raut attaqua plus directement encore les
opinions de La Milletière dans son traité
De la justification contre les opinions
de M. de La Milletière, où sont exami-
nées les raisons de l'Eglise romaine sur
cette matière et la doctrine des Evangè-
liqucs défendue contre elles; Saumur,
Lesnier etDesbordes, 1638, in-8°(2cédit.
1658, in-8°) ; et dans celui du Mérite des
œuvres, contre les opinions de M. de
La Milletière, où les raisons des Evan-
géliques sur ce subjet sont maintenues
contre ses exceptions et celles de l'Eglise
romaine réfutées; Saumur, Lesnier,
1638, in-8° (244 p.). La Milletière répon-
dit : Response à M. Amiraut, ministre
et prof, en théol., à Saumur. Sur une
conférence amiable entr'eux, pour l'exa-
men des moyens par luy proposez pour
la réunion avec les catholiques; Paris,
1638, 1" fév. (167 p.); et de plus : Ad-
monition à M. Amyraut de sa contra-
diction manifeste avec M. Mestrezat et
M. Testard, sur le nœud de la matière
de la justification du fidèle, défendue
selon la vérité catholique; Paris, P. Ro-
collet, 1638 (27 avril), 83 p. — Amyraut
rétorqua la première de ces deux brochu-
res par sa : Réplique à M.de La Mille-
tière , sur son offre d'une conférence
amiable pour l'examen de ses moyens
de réunion, où sont traittëes diverses
questions théologiques, par Moyse Amy-
raut; Charenton, Isaac Dedieu , 1638,
in-8° (197 p.). — Ces ouvrages roulent
sur les questions les plus ardues de la
théologie : la matière de la grâce, l'éga-
lité de la corruption des hommes, l'es-
prit de servitude, l'opération de la grâce,
l'alliance de l'Evangile et son étendue,
etc. Théophile Brachet de La Milletière
était un laïque, alors protestant, qui se
préoccupait surtout de la réunion des deux
Eglises et qui publia encore, quelques
10?
AMYRAUT
198
années plu» tard, d'autres opuscules
contre les opinions d'Amyraut, notam-
ment : Réplique à la response de M.
Amiraut; Paris, 1642 (7 mars), in-8,
39 p. — La Facilité de se réunir et de
réformer l'Eglise. Représentée par une
lettre familière de M. de La Millet ière
à M. Amyraut pour le convier a se
ranger à ce dessein plut os t qu'à réfuter
les nouvelles hérésies ; Paris, I. Desdin,
1 1 i 4 2 1-2 mars;, 30 p. in-8".
VIII. De Providentia Dei in malo ;
Saumur, 1638, in-4\
IX. De l'élévation de la foy et de l'a-
baissement de la raison en la créance
des mystères de la religion, avec une
épitre à très-haute et illustre princesse
Mnic Marie de La Tour, duchesse de
La Trémoille et de Thouars ; Saumur,
1641. 2e édition; Charenton, 1644, in- 12
p.).
X. Defensio doctrinx J. Calvini de
absoluto reprobaiionis decreto, adversus
anonymum; Salmurii 16il, in-4", avec
une épitre dédicatoire, adressée à Jean-
Maxunilien Langle , ministre de Rouen.
Cette défense de Calvin fut traduite suus
le titre : Défense de la doctrine de Cal-
vin, sur le sujet de l'élection et de la ré-
probation; Saumur, 1644, in-8° (20 et
616 p.], à la demande de l'académie de
Saumur, qui lui alloua 50 liv. d'indem-
nité (Délibération du 23 avril 16i4j. Sui-
vant Lipenius, elle fut réimprimée en
16Î1.
XI. Dissertât iones theologicx VI
quarum I de œconomia trium persona-
rum, II de jure Dei in creaturas, III de
gratia universali, IV de gratia particu-
lari, V de serpente tentatore, VI de pec-
cato originis. — Les quatre premières
furent publiées on 161,"). précédées d'une
lettre à André Rivet, pasteur et prof,
à La Haye, en date du 7 déc. 1644. Les
deux autres furent ajoutées dans une
nouvelle édition, qui parut à Saumur,
en 1660, in-8°. Walch se trompe lors-
qu'il considère comme un ouvra;:
cial ces deux dernières dissertations. La
première fut reproduite séparément à
Halle, 1713, in-K
XII. Paraphrases- sur l'Epifrc aux
Romains: Saumur, 1644, in-8; — sur
l'épitre aux Calâtes; Saum. 1645. ln-8°;
— Observations sur les épitres aux Co-
lossiens et aux Thcssaloniciens ; Saum.
1645 et 1665, in-8°; — Considérations
sur les épîtres aux Ephésiens et aux Phi-
lippiens; Saum. 1645, in-8°; — Para-
phrases sur l'épitre aux Hébreux ;
Saum. 1646, in-8°; — sur les épitres à
Timothée, à Tite, à Philémon; Saum.
1646, in-8°; — sur les épitres catholi-
ques de saint Jacques, Pierre, Jean et
Jude; Saum. 1647, in-8° ; — sur les
épitres aux Corinthiens; Saum. 1649,
in-8; — sur l'Evangile de S. Jean;
Saum. 1651, in-8 0J28 V-r. — Para-
phrase sur les Actes des saints apôtres.
Nous n'avons pu trouver de première
partie de ce dernier ouvrage, mais seu-
lement deux volumes intitulés : Seconde
partie; Saumur, 1653, in-8°, chapitres
1 à 13 (626 p.); — Seconde partie; Sau-
mur. 1654, chap. 14 p.).
Nous avons cru devoir réunir ces dif-
férents opuscules, quoique publiés suc-
. ement dans l'espace de dix années.
Amyraut n'y mit pas son nom de peur
des préventions qu'il n'eut pas manqué
de soulever parmi les catholiques.
XIU. D< claratio fidei contra errores
Arminianorum ; Salmurii, 1646, in- 12,
traduit en français, sous ce titre : La
créance de Moyse Amyraut sur les er-
reurs des Arminiens, in-8°, sans nom
de heu ni date.
XIV. Exercitatio de gratia Dei uni-
<ili; Sulm. 1647, in--
XV. I> l'état des fidèle*
après la mort ; S.iumur. ltiiii, in-i°, et
1657, in-8: traduit en flamand, L'trecht,
. in-8*; eu allemand, Leipsick,
1696, in-12. L'ouvrage commence par
une lettre de « l'auteur à, sa femme. »
En effet, Amyraut composa ce livre
pour consoler sa femme de la mort de
leur fille. Il en a paru aussi une traduc-
tion anglaise sans date), sous ce titre :
The évidence ofthings not seen or di
scriptural and philosophical discourses
conceming the stade of Good and holy
men after Death, by that eminently
leamed divine Moses Amyraldus, trans-
lated by a minuter of the church of
Englaml; London, in-8° (232 p.). Le
traducteur qui signe C.-.J.. a. aussi fait
précéder son livre d'une lettre « to bis
dearest consort. »
XVI. Apologie pour ceux de la Relu
199
AMYRAUT
200
gion sur les sujets d'aversion que plu-
sieurs peuventavoir contre leur personne
et leur religion; Saumur, 1647, in-12;
Gharenton, 1648, in-8°. — L'auteur
cherche à justifier ses coreligionnaires
au sujet des guerres religieuses qui ont
désolé si longtemps la France, en décla-
rant toutefois de la manière la plus for-
melle, qu'il n'est en aucun cas permis
à des sujets de prendre les armes con-
tre leur prince, et en proclamant con-
forme aux principes de l'Evangile et de
l'Eglise primitive de n'opposer à la per-
sécution que la patience , les larmes et
la prière.
XVII. Disputatio de libero hominis
arbitrio; Salmurii, 1647, in-12; avec
une épître dédicatoire à Jean de Croï,
pasteur de Béziers.
XVIII. De secessione ab ecclesia Ro~
mana deque ratione pacis inter evan-
gelicos in religionis negotio constituenda;,
disputatio; Salm. 1647, in-8°; dédié à
Guillaume VI, landgrave de Hesse;
trad. en allem., Gassel, 1649, in-8°. —
Amyraut composa cet ouvrage dans
l'espoir de réunir tous les réformés con-
tre l'Eglise romaine qui ne cessait de
reprocher à l'Eglise protestante les schis-
mes qui la divisaient. Quelques années
plus tard, il traita avec plus de dévelop-
pement le même sujet dans son Etp'/j-
vikov sive de ratione pacis in religionis
negotio inter Evangelicos constituendsô
consilium; Salm., 1662, in-8° (16 et
407 p.), qu'il dédia à quatre théologiens
allemands de Marbourg et de Rinthlen.
Les auteurs de la. Biographie universelle
ne nous apprennent pas sur quoi ils se
fondent pour contester cet ouvrage à no-
tre auteur.
XIX. Considerationes in cap. Vil
D. Pauli ad Romanos; Salm. 1648,
in-12.
XX. Spécimen animadversionum in
exercitat. de gratia universali; Salm.
1648, in-4° (2 tomes de 346 et 508 p. en
un vol.). Cet écrit est dirigé contre le
théologien allemand, Fried. Spanheim;
voici dans quelles circonstances : « Le
sieur Amyrault a remonstré que par le
synode de Gharenton dernier, il a été ar-
rêté que si quelques écrits publics ve-
noient de dehors le Royaume par les
q. sa doctrine fut rendue suspecte ou
sa réputation flétrie , il demanderoit
permission au synode d'y faire réponse
et étant notoire que le sr Spanheim a
composé de gros livres impugnant sa
doctrine, demande qu'il lui soit donc
permis de se défendre, la soutenant or-
thodoxe, afin qu'elle ne soit blâmée et
que son long silence ne soit préjudicia-
ble à sa réputation. La Compagnie, vu
l'arrêté du dit syn. national, et que
les livres dudit sr Spanheim se voient
dans les boutiques des libraires, a per-
mis audit sr Amyrault de se défendre et
communiquera ses écrits aux professeurs
de lad. académie de Saumur et soit
exhorté de se contenir, en écrivant dans
les termes des synodes nationaux d'A-
lençon et de Gharenton derniers. » (Sy-
node provinc. de Saumur, juill. 1646.)
XXI. Considérations sur les droitspar
lesquels la nature a réglé les mariages;
Saumur, 1648, in-8°(16 et 429 p.). Pré-
cédé d'une épître dédicatoire (du 15 août
1648) àM.Le Goux, sgrdeLaBerchère,
premier président au parlem. de Gre-
noble. Traduit en latin par Reinhold,
sous ce titre : Moysis Amyraldi theol.
et philosophi clarissimi de jure naturx
quod cormubia dirigit dispositions sex
ex gallica versai a Bern. Henr. Rei-
noldo antecessore Herbonense, ex biblio-
theca Gerh. von Maestricht J. C. S. B.
qui notas aliaque ejusd. argumenti ad-
didit; Staduc, 1712, in-8°; réimprimé en
1717.
XXII. Six livres de la vocation des
pasteurs; Saumur, J. Lesnier, 1648,
in -8°. Précédé d'une épître dédicatoire
(du 16 nov. 1648) à Mgr Henry Charles
de la Trémoille; 2e édit., Saum. 1649,
sans autre changement que la date delà
lettre (2 déc. 1648); l'une et l'autre
496 p. Ce livre est la réfutation par
Amyraut, d'une des accusations les plus
rebattues par les missionnaires catholi-
ques, savoir que la vocation des pasteurs
réformés n'est pas légitime.
XXIII. Ad G. Riveti responsoriam
epistolamreplicatio ; Salm. 1649, in-8°.
XXIV. Adversus epistolx historien
criminationes dej'ensio, ad D. Chabro-
lium ïhoarsensis ecclesia; pastorem ;
Salm. 1649, in-12; 2e édit., 1662, in-8».
— Défense des principes soutenus dans
l'Apologie.
201
AMYRAUT
202
XXV. Discours de la souveraineté
des rois; Paris (Charent.?), 1650, in-8°.
— Dans cet écrit, composé à l'occasion
de l'exécution de Charles Ier, roi d'An-
gleterre, Amyraut s'élève contre les In-
dépendants, en se portant le défenseur
de l'inviolabilité de la personne royale
et en proclamant le principe de l'obéis-
sance passive. Ce livre contribua sans
aucun doute à lui gagner la faveur de
Mazarin, mais il lui attira les plus vives
attaques de la part de Philippe Vincent,
qui avait déjà combattu ses principes sur
cette matière.
XXVI. La Morale chrétienne; Sau-
mur, 1652-1660, 6 vol. in-8°, chacun de
650 à 800 pag. — Fruit des conversations
d' Amyraut avec Villarnoul, un des gen-
tilhommes les plus instruits de l'Europe,
et digne héritier à cet égard de son aïeul
maternel Du Plessis-Momay , cet ou-
vrage est le premier essai qui ait été fait
en France d'un système complet de mo-
rale. Il se divise en quatre parties. Dans
la lre, l'auteur nous présente l'homme
dans l'état de nature, avant qu'il y ait
eu ni loi morale ni législateur, et il re-
cherche les lois que la nature impose à
l'homme dans cet état, qui n'est point
un état de sainteté, mais un état d'inno-
cence, d'ignorance du mal. Il tire ainsi,
selon son expression, la première idée
de la morale des pures institutions de la
nature; en d'autres termes, il fait décou-
ler nos devoirs envers Dieu, envers le
prochain et envers nous-mêmes des fa-
cultés et des instincts innés en nous.
Dans la 2e partie, il considère l'homme
dans son état de corruption, et il dé-
montre par une critique sage et éclairée
l'imperfection de la morale des païens et
des Juifs. Il ne se dissimule pas que la
morale des livres saints est loin d'être
partout irréprochable. Selon lui, le Dé-
calogue n'est pas le résumé de toute la
législation morale révélée, et il ne voit
pas simplement dans les enseignements
du Christ et des Apôtres le développe-
ment de la loi donnée sur le Sinaï. Heu-
reux novateur à cet égard, il remonte au
delà de Moïse, et il cherche les bases de
la morale chrétienne dans les lois mêmes
de la nature humaine. «Je me suis pro-
posé, dit-il, de faire une morale chré-
tienne dans laquelle j'édifierai sur les
fondements de la nature les enseigne-
ments qui nous ont été donnés par la
révélation. » Les dernières parties sont
donc consacrées à la morale évangélique,
mais considérée plutôt sous le rapport
des devoirs que l'homme doit remplir
dans les différentes situations de la vie,
que sous un point de vue général. C'est
un défaut, et le plan, plus historique que
systématique, suivi par l'auteur, en a
nécessairement entraîné un autre, — de
fréquentes répétitions. Le style, d'ail-
leurs, ne manque pas d'une certaine élo-
quence, de chaleur ni de clarté. Tout en
imprimant à son livre le cachet d'une
vaste érudition , Amyraut a su éviter
avec habdeté cette forme sèche et sub-
tile pour laquelle les moralistes de l'épo-
que avaient une prédilection marquée.
Admirateur de l'Ethique d'Aristote, il
s'est sans doute renfermé trop scrupu-
leusement dans les limites tracées par
le philosophe de Stagyre, mais on ne
peut lui contester le mérite d'avoir le
premier établi une distinction bien mar-
quée entre la morale de Moïse et celle
du Christ.
XXVII. Du gouvernement de l'Eglise
contre ceux qui veulent abolir l'usage et
l'autorité des synodes; Saumur, 1053,
in-8°. 2e édit. : Saumur, 1058; avec un
Appendice au livre Du gouvernement de
l'Eglise où il est traitté de la puissance
des coîisistoires. — Les doctrines des In-
dépendants d'Angleterre avaient trouvé
des partisans parmi les protestants fran-
çais, surtout dans les provinces mari-
times. Le synode de Charenton les avait
hautement condamnées déjà en 1644 ;
mais sans doute que ses censures n'a-
vaient pas suffi, comme il l'espérait,
pour couper le mal dans sa racine, puis-
que Amyraut entreprit de nouveau de
les combattre dans cet ouvrage,
XXVIU. Du règne de mille ans ou de
la prospérité de l'Eglise; Saumur, 1654,
un vol. in-8°. — Toujours infatigable,
Amyraut venait à peine de lancer son
manifeste contre les Indépendants, lors-
qu'il prit à partie un avocat de Paris,
nommé de Launay, qui était grand par-
tisan du chiliasme. Cette fois, il rencon-
tra un rude adversaire qui ne voulut pas
lui céder le dernier mot. A sa Réponse
(Charent. 1655, in-8°), Amyraut opposa
203
AMYRAUT
204
une Réplique (1656, in-8°) à laquelle de
Launay répliqua à son tour par un Exa-
mende saRéplique(Charent. 1658, in-80};
et Amyraut termina la querelle par une
Apologie contre les invectives de Lau-
nay ; Saumur, 1657, in-8°. Du moins
termina-t-il ainsi avec cet adversaire;
mais d'antres opposants s'élevèrent, té-
moin l'ouvrage suivant : Assertion du
règne de mille ans ou de la prospérité
de l'Eglise de Christ en la terre. Pour
servir de responce aie Traittè de Mon-
sieur Moi/se Amyraut sur ce même su-
ject. Descouvrant le triste préjugé qui
possède aujourd'huy la pluspart des
Eglises contre le règne du Seigneur de
toute la terre, par Pierre Serrurier ; Ams-
terdam, Gh.LuyCken, 1657, in-8°(397 p.).
XXIX. Explication de l'histoire de
Joseph; Saumur, 1658, in-8°.
XXX. Discours sur les songes divins
dont il est parlé dans l'Ecriture ; Sau-
mur, 1659, in-12; dédié à M. Gâches;
traduit en angl. par Lovvde, Londres,
1676, in-8».
XXXI. Exposition du chapitre VI de
F épistre aux Romains ; Charent., L.Ven-
dosme, 1659, 64 p. in-8°. Dédié, en tête,
à MIle de La Suze. — L'Exposition du
chap. VIII (Gharent. 1659; 117 p. in-8°)
est dédiée à S. A. Mmc la princesse de
Turenne. L'Exposition du chap. XV de
la lre aux Corinth. est dédiée : A M. Con-
rart, conseiller et secr. du Roy (Gharent.
1659, 103 p. in-8°). — D'après cette der-
nière, on voit que ces expositions étaient
des conférences qui se tenaient à l'hôtel
de Turenne. On a une réimpression datée
de 1667, in-8".
XXXII. Apologie de S. Etienne à ses
■juges; Saumur, 1660, in-4°. — Ce poi;me
fort médiocre faillit lui attirer une fâ-
cheuse affaire. On l'accusa d'y avoir
parlé avec irrévérence du Saint-Sacre-
ment. Il crut prudent, de se justifier dans
•une lettre qui ne paraît pas s'être con-
servée.
XXXIII. Descriptio christiani; Ams-
tel. 1660, in-12.
XXXIV. De mysterio Trinitatis, de-
que vocihus ac phrasibus quilms tam in
Scriptura quam apud Patres explicatur,
dissertatio spptem partibus absoluta;
Salm. 1661, in-8° ou in-12. — Dans la
l1*6 partie, l'auteur traite de l'unité de
l'essence de Dieu ; dans la 2e, de l'infi-
nité de Dieu; dans la 3e, de la révélation
de ce mystère dans la dispensation de
la nature; dans la 4e, des commence-
ments de cette révélation dans l'A. T.
Cette quatrième partie a été insérée par
Wagenseil dans ses Tela ignea Satanx.
La 5e est consacrée à suivre les progrès
de la révélation de ce mystère dans le
N, T. ; la 6e, à l'examen des expressions
bibliques qui révèlent la Trinité; la 7e
enfin, à la discussion des locutions ana-
logues dans les Pères. C'est de cet ou-
vrage que parle dans sa Bibliothèque
rabbinique (part. IV), le savant bernar-
din Bartolocci, qui, trompé sans doute
par le prénom de Moïse, fait d'AmyrauL
Un juif converti. Il qualifie ce livre de
dissertation très-érudite et catholique.
XXXV. Paraphrasis in Psahnos Da-
ïnrEyunacum annotationibus et argumen-
ts; Salm. 1662, in-4° (précédé d'une
longue épître à Charles II, roi de la
Gr. -Bretagne); ouvrage estimé dont Mi-
chaélis, juge compétent en cette matière,
faisait beaucoup de cas. Il est précédé
d'une préface où Amyraut disserte lon-
guement sur les divers effets de l'opéra-
tion du Saint-Esprit. Il s'y prononce
plus fortement que jamais pour l'obéis-
sance passive. Plusieurs bibliographes,
entre autres Walch, dans sa Biblioth.
theologica, prétendent qu'il en a été pu-
blié une traduction française. Il nous a
été impossible d'en découvrir la moindre
trace. Il en existe une seconde édition,
(editio altéra nitidior, emendatior et auc-
tior), revue et augmentée, avec une pré-
face nouvelle de J. Cremer; Utrecht,
1769. in-i".
XXXVI. In orationem dominicain
exercitatio ; Salm. Dan. de Lerpinière,
1662, in-8°. Dédié àl'évêque de Durham.
XXXVII. Insymbolum Apostolorum
exercitatio; Salm. 1663, in-12; avec une
épître dédicatoire à J. Cappel. Réimpr.
avec le précédent; Utrecht, 17118, in-8°.
XXXVIII. Vie de François de La
Noue, depuis le commencement des trou-
bles religieux en 1560 jusqu'à sa mort ;
nouv. édition, Leyde, 1601, iu-4°. — Nous
citerons, sauf toutes réserves, le jugement
porté sur cet ouvrage, qui est fort rare,
par la Biographie universelle : « Le style
est lourd, les réflexions communes; l'au-
20o
AMYRAUT
200
teur y prodigue ù son héros des louanges
exagérées pour les actions les plus ordi-
naires ; mais on doit lui savoir gré d'a-
voir rédigé, dans un ordre chronologique,
les actionsd'un guerrier également estimé
des deux partis, et dont la vie intéresse
tout bon Français. » Ce jugement un peu
sévère n'est que la reproduction, faible-
ment dissimulée, du jugement porté par
Ànquetil sur le livre d'Amyraut. juge-
ment qui se trouve dans les Observations
critiques de l'auteur de l'Esprit de la
Ligue mises en tétê de son ouvrage.
XXXIX. Thèses Sabnurienses; Salm.,
1600. in-i°. Edit. augm., 1664, in-i°.
Réimpr. à Genève, 1665, in-l°. Ouvrage
fort estimé, composé par Amyraut, La
Place et Càppel. Amyraut y eut cepen-
dant la plus grande part. C'est de sa
plume que sont sorties, entre autres, les
thèses De peccafo in Spiritum Sanctum,
qui furent publiées à Saumur en 1653,
in-8°.
XL. Consilium quo modo se gererê
debeat apud illos quibuscum habitat is
qui divers;e religionis est et quales pra>
ficiendi ecclesi;e ministri ab alterius re-
ligionis patronis. Cette dissertation a été
insérée par Gesenius dans son traité
De unione ecclesiastica ; Hermop. 1677,
in-'i°.
Les ouvrages d'Amyraut, — et la
même observation peut s'appliquer à
ceux de tous les écrivains réformés de
la France, — sont extrêmement rares ;
on a même quelque sujet de s'étonner
de l'oubli dans le quoi ils sont tomliés.
Sans doute la forme en est peu agréable,
le style un peu suranné: mais sous cette
enveloppe il se cache tant de jugement,
de finesse d'esprit, d'érudition, que de
nos jours encore ils peuvent être étudiés
avec fruit, surtout par les théologiens,
à qui il n'est pas permis d'ignorer l'in-
fluence exercée par le professeur de Sau-
mur sur les doctrines reeues dans l'Eglise
protestante. Sa théorie, en etl'et. après
avoir rencontré une ardente opposition,
fut adoptée par Mestrëzat, Le Faucheur,
Blondel, Daillè, Claude, Du Bosc; elle
pénétra jusque dans l'université de Ge-
nève, et par les réfugiés elle se répandit
dans tous les pays protestants.
3 -De son màf\ai°evLxec Elisabeth Auby-
neau, de La Rochelle, Amyraut eut deux
enfants : une tille, qui épousa Bernard
de Haumont, depuis avocat du roi à Sau-
mur, et mourut au bout de dix-huit mois
de mariage, en 1615, et un Bis, avocat
distingué au parlement de Paris, qui se
réfugia en Hollande à la révocation de
l'édit de Nantes. Ce fils s'appelait aussi
Moïse et était seigneur de Champrobin
en Anjou. De sa femme, Marie Thêard,
qui se convertit, avec ses enfants, lors-
qu'il quitta le royaume, il avait eu :
1° Moïse, né en 1660, mort en 1670 ;
2° Marie, née en 1661, morte en 1680 ;
3° Elisabeth, femme, en 1678, de Fran-
çois Hardy ; 4° Moïse, baptisé le 3 juil-
let 168-2.
1 . Moïse Amyraut, le théologien , n'était
pas fils unique. Nous trouvons en effet,
dans le Mercure des mois de mai et de
juin 1682, cités parmi les protestants qui
se laissèrent convertir par le P. Alexis"
Du Bue, le missionnaire à la mode, une
Rachel Amyraut, nièce du ministre de
ce nom, et un nommé Boisnier, sieur de
La Mothe. petit-fils du ministre de Bour-
gueil. de La Gable [de La Galère, selon
Aymon] et neveu d'Amyraut, ministre
de Saumur. A ces deux abjurations, le
Mercure ajoute celles de Salomon Mo-
rin, neveu du ministre de Caen, et d'Isa-
belle Aubestin, nièce du ministre Au-
bestin [vraisemblablement Aubertin] . en
s'écriant d'un air de triomphe : « Quand
des personnes qui touchent de près les
plus éclairés de ceux de la R. P. R.
renoncent à leurs erreurs, on peut dire
qu'elles sont bien convaincues des véri-
tés de la nôtre ! » — Ajoutons que toute
une famille, composée: 1° de Moïse Ajny-
raut, 2°de Marie Amyraut et de ses deux
enfants, Henry et Marie-Anne, figure
dans une liste de réfugiés naturalisés
anglais le 11 mars 1700 (Agnew 1
Registre! de l'Acad. prot. de Saumur, mss à l'hôpi-
tal de Saumur. — Moïse Amyraut ; sa vie et son temps,
par Edm. Saigey; Strasbourg, 1M9, in-*>. — Spécimen
ethico-theologicum de Moyse Amyraldo ethices chris-
titinir doctore...publlco ttc solemni examini submittet
Arentius Drost, Anistelodami, 1859, in-8*. — DU tionn .
histor. de Mai)ie-et-Ijoire (187*, in-*«), par Cel. Fort.
AM YRA UT (Balthas ar-Octa viax) ,
né à Anspach en 1615 [Haag I, 70b;. Il
fut élevé à Hanau, continua ses études
à Genève et exerçait les fonctions de
chantre et de lecteur à Bâle, lorsqu'il y
fut consacré au saint ministère, en 163t,
207
AMYIUUT
208
et mis de suite en fonctions. Au com-
mencement de l'année 1640, il fut ad-
joint au pasteur Valier et chargé de l'ai-
der dans les devoirs de sa charge. Ce
dernier lui avait accordé peu auparavant
l'une de ses deux filles, Esther Valier,
et il mourut au mois de février 1641 , lui
laissant la place libre dans l'église de
Bâle. Il n'y resta cependant pas long-
temps car on le trouve pasteur, en 1651,
de l'église de Ste-Marie-aux-Mines. C'est
là surtout qu'il remplit sa carrière pas-
torale quoiqu'il eût vivement désiré pas-
ser à l'église de Metz, auprès du digne
pasteur Paul Ferry, pour lequel il avait
une vénération particulière et qu'il appe-
lait son père. On a conservé (Biblioth.
Athan. Coquerel) une douzaine de let-
tres adressées par Amyraut à Ferry de
1641 à 1658, dans lesquelles il s'épanche
à cœur ouvert et laisse voir à nu les
soucis de son ministère. Uniquement
tourné vers la France par son origine,
son nom, ses aspirations, et placé sur
les confins de l'Alsace au moment où
Louis XIV francisait le pays, il avait à
lutter contre l'influence allemande, con-
tre les luthériens, contre les anabaptis-
tes; il se plaint même des Gueux; et l'é-
glise de Metz avait refusé de l'admettre
en le traitant d'allemand. Il se consolait
par la pratique du pastorat et par les
travaux littéraires. On lit dans ses lettres
à Paul Ferry : «... Ceux de Strasbourg
et deWirtemberg, de Turlach etdeSaxe
(les luthériens) veulent continuer dans
leur aversion. Sciens loquor, par ce que
j'ay fait essay si je serois agréé en sui-
vant les expressions de Saulmur, non
comme les approuvant mais comme es-
prouvant si elles seroient approuvées.
Je m'en vay bien irriter les guespes par
mon Traicté que j'envoye a Genève pour
y estre imprimé » (3 janv. 1652). — Les
motifs d'une longue absence qu'il vient
de faire ont été de solliciter à Paris pour
les droits de M. le comte de Ribaupierre,
son maître , devenant non sujet mais
vassal de la couronne de France, et le
faire rétablir dans ses libertés et privi-
lèges tels qu'il les possédait sous la mai-
son d'Autriche. 11 ajoute : « Durant mon
séjour à Paris, qui a esté de quatorze
septmaines, j'ay preschédix fois, quatre
fois à Charenton, six fois chez monsieur
l'ambassadeur d'Hollande. Le succès a
esté tel que je ne sçaurois assez en louer
Dieu. Les pasteurs mêmes me veulent
persuader qu'ils en ont eu quelque satis-
faction., .et j'ay es té forcé de promettre de
donner au public ces foibles productions
de mon esprit. J'y travaillerai s'il plaist
à Dieu aussi tost à mon arrivée à Ste-
Marie. Je leur ai montré cest escrit que
vous m'avez fait la grâce de corriger. Je
vay le faire imprimer puisque leur cha-
rité est égale à la vôtre au regard de
l'approbation. Je vous envoyerai s'il
plaist à Dieu mon Commentaire sur
l'Apocalypse que j'ay achevé à heures
desrobbées à Paris Amyraldismus
nullius est momenti apud populum Pa-
risiis qui ejus modi novis loquendi mo-
dis non gaudet. Abbas de Marolles me
certurum esse voluit fore, ut Jansenis-
mus brevissimereflorescet; qui (licet ex
parte tantum) pro nobis est, non contra
nos est. Perficiat Jehova opus suum ad
sui hominis gloriam et ecclesise aedifica-
tionem ! » (Thou \TouT\, 3 mars 1655).—
« Voicy d'autres nouvelles. Il y après de
quatre mois que je receus une lettre de
Paris par laquelle on me donnoit advis
que l'église de Londres me demandoit
et avoit donné ordre de me sonder là-
dessus... Mais apprenant que c'estoit
pour supplanter M. d'Elmè, un de leurs
pasteurs, je les ay remercié; je n'en
veux point à ce prix là, quand même je
pourrois obtenir mon congé d'icy. La
condition seroit bonne pour l'éducation
de ma pauvre famille, mais Dieu ne le
veut point encore... Je croiois avoir
achevé pour ceste feste de Strasbourg
mon catéchisme des Pères et mes ser-
mons sur les deux derniers chapitres de
l'Apocalypse qui composeront le Traicté
de La Jérusalem céleste, Dieu aydant;
mais je n'ay pu encore estre prest. »
(27 déc. 1656.) — a ... Dieu m'a donné
depuis cinq septmaines en ça tant d'oc-
cupations contre les anabaptistes qu'en
fin bénissant mon ministère en voila
desja deux assez considérables qui fu-
rent baptisez solennellement et en pu-
blic, dimanche dernier, loué soit Dieu ;
il y en a trois autres qui se préparent a
recevoir ceste mesme grâce... J'ay dressé
un catéchisme anabaptiste en allemand,
pour instruire les uns de leurs 'erreurs
209
AMYRAUT — ANCILLON
240
et prémunir les nostres contre ces mi-
nistres de Sathan qui se transforment
en ministres de justice. Je l'envoyé à
Zurich ; je ne sçay si on l'imprimera.
Tout tel qu'il est il a desja faict du
fruict, loué soit Dieu. Mon Eglise me
prie de le luy donner aussi en français ;
je le feray Dieu aydant. Je vous le com-
muniqueray aussitost... » (30 juin 1658).
B.-O. Amyraut, en cette même année
1658, fit imprimer à La Haye un ou-
vrage que MM. Haag appellent a bi-
zarre » [I, 79 b] non sans raison, car il
est intitulé : Introduction à l'exposition
de l'Apocalypse, en forme de traités
géométriques, en propositions et preuves.
Sa femme lui donna pour enfants
(d'après les reg. de l'église française de
Bâle) : 1° Esther, baptisée le 26 janv.
1640; 2? Anne-Marie, née en 1641;
3° Sara, née le 1er sept. 1643; 4° Su-
zanne, bapt. le 3juill. 1645; 5° Margue-
rite, bapt. le "25 mars 1647 ; 6° Philippe,
baptisé le 1er fév. 1649.
Nous n'avons pu trouver les armoiries
des Amyraut, de Bourgueil, seigneurs
de Yausoudan, de Champrobin , etc.,
mais Balthazar-Octavien cachetait ses
lettres d'un : Coupé à une étoile en chef
à senestre et une étoile en pointe àdex-
tre, accompagné d'une barre de gouver-
nail posée en pal entre les deux étoiles.
6. AMYRAUT ou Amirault, Admi-
rauld, etc., est un nom qui se rencontre
fréquemment dans l'ouest de la France
et qu'ont porté diverses autres person-
nes de la religion sans que nous sachions
à quelle famille précisément les ratta-
cher. — Isaac Amirauld, procureur au
parlement de Paris, épousa Jeanne
Chantereau dont il eut : Elisabeth ,
femme, en janv. 1668, de Daniel Birot,
sieur de La Cour, fils de Jean Birot, doc-
teur en médecine et de Louise Bouquet;
ce dernier était alors âgé de 22 ans et il
avait un frère aine, Pascal Birot. doc-
teur en médecine à Angoulème. Isaac.
baptisé à Charenton le 20 avril 1656, par
Amyraut (Balth.-Oct.), pasteur de Ste-
Marie-aux-Mines ; Jacques, baptisé le
15 sept. 1658; Charles, né le 23 janv.
1661, mort en 1664; Jeanne, morte en
1663; Jeanne - Marguerite , baptisée le
24 févr. 1662; Antoine, baptisé le 26 fév.
1673. — Louise Amyraut, de Couhé.
veuvede60ans,eti!faWe-4/m/?-ai^,veuve
avec une fille, étaient réfugiées et assis-
tées à Londres en 1702-1705.
AXASTASE ou Anastaise ou t.uze.
— (Thomas;, pasteur à Roure et Yilla-
ret. en Dauphiné, 1603-1607; à Oulx.de
1607 à 1616, année de sa mort [X. 272].
— (Jehan et Estienne), natifs de Ma-
ringues en Auvergne, reçus habitants
de Genève, 15 oct. 1557; imprimeurs
dans cette dernière ville [Y, 12 b], —
(Jehan) « natif d'Oulx en Dauphiné et
de son jeune aage jusques à présent rési-
dent de Marin gués en Auvergne. >» reçu
habitant de Genève, 26 sept. 1558. —
(Jehan; « d'auprès de Clermont en Au-
vergne, » id., 3 aoust 1574.
AXCEL (Guillaume), 1596 [HI, 447 b].
— (Jean-Louis), d'Embrun, étudiant en
théologie à Genève, 1711. — Marguerite),
classée comme réfugiée de Montpellier en
Tt).
AXCELME (Pierre d'), habitant d'A-
vignon, avait embrassé le parti de la
Réforme, et ce fut dans sa maison qu'un
certain nombre de membres du conseil
communal complotèrent, en 1578, de li-
vrer la ville aux protestants. Pour ce fait,
il fut puni de mort à Marseille en 1581.
ANCERYAL (Jeanne d'}, Picardie,
v. 1570 [Y, 513 b].
ANCET, ministre à Montfrin etS.-
Quintin, 1637 [X, 345].
AXCHE Matthieu d'), ministre dé-
posé. 1563 [IV, 322 b; X, 66].
ANCHE (Claude du Bellay, seigneur
d'), gentilhomme angevin, réfugié à Ber-
lin |YII. 425 aj. R fut d'abord chambel-
lan de l'Electeur de Brandebourg, puis
gouverneur des trois jeunes margraves,
Albert- Frédéric , Charles - Philippe et
Chrétien-Louis. On trouve son épitaphe
dans Alt. und Neu Berlin (I, 69), par
Kùster (Erman IX, 5).
AXCHE RIX (d") ou Des Ancherins.
famille protestante de Yerdun.l'ime des
plus anciennes de la ville. Guillaume
dAncherin, seigneur de La Tour de
Fresne, 1560 {Bull. XI, 431).
AXCHOX (Estyenne), réfucié sur les
terres de Berne en 1572 (Bull. X, 233).
ANCIEN YILLE (d'), capitaine, 1567
[II, 457].— ^Claude d'), 1621 [YIII,
364 a].
1. ANCILLON, famille de pasteurs et
2H
ANGILLON
212
de savatits français do Metz [Haag I,
80-96]. — Charles [1, 84, 89, 95; II,
174]. — David [I, 80, 221 ; II, 63, 319;
IV, 356 a ; VII, 425 a]. — Autre David
[I, 92: II, 124. — J.-P. Frédéric [I, 90].
— Judith [III, 292 b].— Joseph [I, 95;
V, 102 a; VI, 445 a]. — Louis-Frédéric
[I, 89 ; VIII, 398 a]. — Famille des plus
influentes et des plus considérées de
Metz depuis le XIVe siècle. = Armes :
De gueules à la gerbe de blé d'or, liée
de môme , surmontée de trois étoiles,
également d'or, en chef, posées en ligné
courbe au-dessus de la gerbe.
2. David ANCILLON, pasteur, né à
Metz le 17 mars 1617, et mort à Berlin
le 3 sept. 1692.
L'illustration de la famille des Ancil-
lon, comme protestante, remonte aux
premiers temps de la Réforme en France.
Déjà le trisaïeul de David, président à
mortier dans une des principales cours
du royaume, avait fait volontairement le
sacrifice de sa charge pour l'amour de
la religion qu'il avait embrassée. Son
fils, Georgin Ancillon, fut un des fon-
dateurs de l'église de Metz, et c'est de
son petit-fds, Abraham, « si habile en
droit et si expérimenté dans les affaires
qu'il a passé pendant sa vie poui1 l'ora-
cle de sa patrie » et d'Esther Marsal,
que naquit David Ancillon.
David étudia d'abord au collège des
jésuites à Metz, le seul établissement
d'instruction de cette ville où l'on pût
s'instruire dans les belles-lettres, et en
1633, son père l'envoya terminer ses
études à Genève. Il y fit sa théologie
sous Spanheim, Diodati et Tronchin.
Gela explique les opinions qu'il professa
dans la suite touchant la grâce-particu-
lière. Ces trois professeurs enseignaient
en effet cette doctrine, en même temps
qu'à l'université de Saumur, Amyraut,
Cappel et La Place défendaient la grâce
universelle. Ancillon partit de Genève
au mois d'avril 1641, afin de se présen-
ter au synode de Gharenton pour se faire
recevoir ministre. Le résultat des épreu-
ves qu'il subit fut si satisfaisant qu'on
lui donna la plus considérable des égli-
ses qui étaient à pourvoir, l'église de
Meaux. Il sut s'y concilier, par la dou-
ceur de son caractère autant que par ses
talents, l'estime et la considération des
habitants de l'une et de l'autre religion.
Les premiers magistrats de la ville, quoi-
que catholiques, devinrent ses amis in-
times. Ce quilui gagna les cœurs, selon
son fds, « ce furent sa vie sans repro-
ches et sa piété solide et sans faste. Il
savoit faire d'aussi belles choses qu'il en
savoit dire ; il mettoit lui-même en pra-
tique ce qu'il enseignoit aux autres. Il
rendoit ses bons offices à tous, sans que
la différence des religions en fit la moin-
dre dans sa conduite. Il avoit adouci et
apprivoisé les ecclésiastiques catholiques
romains du diocèse, et vivoit avec eux
eh bonne intelligence. Il entretenoit par
ce moyen la paix et la concorde entre
tous les habitants. » Ses prédécesseurs
n'avaient pas eu la même satisfaction.
L'un d'eux, entre autres, Moïse Blon-
del, avait été constamment en butte,
pendant son ministère, aux injures de
la populace. Un jour que ce ministre
était venu visiter Ancillon, il fut extrê-
mement surpris des témoignages de
respect que son jeune ami recevait par-
tout sur son passage et l'en félicita. Ce
changement des catholiques, en effet, était
son œuvre, et il avait tellement gagné
l'affection de sa propre église, que dans
la crainte de le perdre etpour se l'attacher
plus étroitement, les principaux chefs de
famille imaginèrent de le marier riche-
ment à une personne honorable qui eût
son bien dans le pays ou dans le voisi-
nage.Ce futainsique seconclut, en 1619,
son mariage avec Marie (fille de Pierre
Macaire et de Marguerite Liénard), la-
quelle n'avait alors que 14 ans.
Cependant les fidèles de Meaux ne
tardèrent pas à être trompés dans leurs
espérances. En 1652, Ancillon ayant l'ait
Un voyage à Metz pour y revoir ses pa-
tents, fut invité à prêcher et il le fit aVec
un tel succès que les sollicitations et les
prières lui vinrent de toutes parts pour
le décider à accepter la première place
de pasteur qui viendrait à vaquer. Après
quelque hésitation, il promit. Cette va-
cance ne se fit pas attendre. Le plus an-
cien des quatre pasteurs de l'église, Th.
le Goulon, mourut bientôt après son dé-
part. Ancillon se rendit donc à son nou-
veau poste. Il arriva à Metz en mais
1653. Ses talents pour la prédication pa-
rurent encore avec plus d'éclat sur ce
213
ANCILLON
214
nouveau théâtre. Ses sermon? étaient
extrêmement coûtés. On doit regretter
que, par un excès de modestie, il n'ait
jamais consenti à en publier qu'un seul.
Cependant il avait l'habitude de ne mon-
ter dans la chaire qu'après mûre prépa-
ration. Tous ses sermons étaient écrits.
11 faisait très-peu de cas des discours
improvisés, toujours plus brillants que
solides. Il avait accoutumé de dire « que
c'étoit estimer trop peu le public que de
ne prendre point la peine de se prépa-
rer quand on avoit à traiter avec lui,
et qu'un homme qui paroitroit en bon-
net de nuit et en robe de chambre
un jour de cérémonie ne comme t-
troit pas une plus grande incivilité. »
Ancillon aimait peut-être plus qu'il ne
convient à un homme de son état, le re-
pos et la retraite. La vie d'un ministre
de l'Evangile ne doit pas être une vie
contemplative. « Il ne se mèloit absolu-
ment et à la lettre d'aucune affaire du
monde. Comme un véritable anacho-
rète, il était hors du commerce des hom-
mes, et ne songeoit qu'à Dieu et son
Eglise. » Il avait par-dessus tout la pas-
sion des livres. Sa bibliothèque était
très-riche. Mais lors de son départ pré-
cipité de Metz, elle fut comme livrée
au pillage. On ne respecta pas même
une quantité de lettres destinées à la pu-
blicité, et entre autres, une correspon-
dance avec son ami intime Daillé. An-
cillon exerça le ministère à Metz jusqu'à
la révocation de l'édit de Nantes, en I
- démareh- auprès du gou-
vernement pour faire admettre un droit
d'exception en faveur des réformés du
pays Messin, n'ayant amené aucun bon
résultat, les quatre pasteurs de IV
de Metz, MM. Ancillon, Isaac de Com-
bles, Bancelin et Paul Joly, se hâtèrent
de mettre à profit la disposition toute ex-
ceptionnelle de la loi qui les autorisait
à s'expatrier sous quinzaine. Quelques
jours plus tard, cette dernière grâce leur
eût encore été enlevée. Au moment où
ils allaient monter en bateau pour des-
cendre la Moselle, tous les lidèles de
leur église se présentèrent sur ies bords
du fleuve et leur firent leurs adieux au
milieu des larmes et des sanglots. Ce
fut pour eux et leur église désolée un
beau jour de deuil. Ils partirent seuls;
car il ne leur était pas permis d'emme-
ner avec eux leurs familles. La loi n'ac-
cordait de passe-port aux pasteurs que
pour leurs jeunes enfants au-dessous de
7 ans, et tous les leurs, au nombre de
seize, avaient passé cet âge. Les quatre
exilés se rendirent àFrancfort-s.-M. Les
principaux réformés de la ville, ayant
appris leur arrivée, se portèrent à leur
rencontre, et se disputèrent l'honneur
de leur donner l'hospitalité. Pendant son
séjour à Francfort, Ancillon alla visiter
deux de ses parents qui desservaient
6ë française de Hanau '. L'un était
veuf de sa sœur, et l'autre avait épousé
sa nièce. S'étant fait entendre dans leur
église, toute l'assemblée fut si édifiée,
que l'on décida la création d'une troi-
sième place de pasteur qui lui fut offerte.
Il accepta, et entra en exercice sur la fin
de l'année 1685. A Hanau comme à Metz,
ses prédications attiraient la foule. On
s'y rendait de plusieurs lieues, de Franc-
fort même. Des cens qui n'entendaient
pas la langue, allaient l écouter, « disant
qu'ils aimoientà/e voir parler. 'Mais la
jalousie non dissimulée de ses deux col-
lègues le fit presque aussitôt partir pour
Francfort, puis pour le Bfandebou
I M son inetallation à Berlin en 1686,
il fut invité à se rendre à Potsdam, le
séjour favori de Frédéric - Guillaume.
Formey raconte ainsi son entrevue
le grand électeur : « M. Ancillon ayant
paru en sa présence avec ses deux fils,
les cheveux blancs du vénérable vieil-
lard parurent inspirer à ce grand prince
une espèce de vénération, qu'il vou-
lut bien lui témoigner en l'embras-
sant tendrement, et en lui parlant de
la manière la plus affectueuse. Voici ses
propres termes : « Je loue Dieu, dit-il
à M. Ancillon, de ce qu'il vous a mis
au cœur de venir passer le reste de vos
jours dans mes Etals ; je ferai en sorte
quevous y vivrez content. Ma bellê*-sœur,
la duchesse de Simmern, m'a fortement
recommandé de vous établir selon votre
mérite : ainsi je vous fais ministre ordi-
naire de mon Eglise françoise de Ber-
lin. ». Les bienfaits de l'électeur s'éten-
' Voy. sur Hanau :Vne Eglise réformée au XPll' sit-
clt ou Ilist. de l'Eglise wallonne de Hanau jusqu'à l'arn-
Tée des réfugiés français, par J.-B. Lcclercq, l>r en théo-
logie et pasteur, tiauau, 1868. iii-r.
215
ANCILLON
216
dirent sur toute la famille d'Ancillon,
dont les membres réussirent peu à peu
à le rejoindre. Jean Cayart, habile in-
génieur, avait épousé Judith Ancillon,
sa fille aînée, en 1682 [III, 292 b].
Lorsque fut arrivé son gendre, l'ingé-
nieur Cayart, David Ancillon vit presque
tous les siens rassemblés autour de lui.
Cayart avait aussi amené avec lui une
de ses sœurs, mariée en 1688 au minis-
tre Couliez; mais il avait dû laisser un
fils unique, qu'il perdit depuis, et faire
le sacrifice de ses biens, qui étaient con-
sidérables, « se contentant d'emporter
son âme pour butin. » Ingénieur distin-
gué , il dirigeait les travaux de fortifi-
cations de Verdun. Le ministre Louvois
lui en avait témoigné toute sa satisfac-
tion. Mais Cayart résista à toutes les sé-
ductions, préférant le repos de sa con-
science à sa fortune. Bientôt après son
arrivée à Berlin, l'électeur le nomma son
ingénieur général. A l'exception seule-
ment de la plus jeune de ses filles, qui
épousa depuis M. Contart, Ancillon
eut la joie de voir, avant de mourir,
toute sa famille honorablement établie.
Quoique son fils cadet, David , parta-
geât depuis quelque temps ses travaux,
il ne renonça à la prédication que
lorsque la maladie ne lui permit plus
de se déplacer. 11 mourut à l'âge de
75 ans. Sa perte fut vivement sentie par
tous les réfugiés de la colonie. « On
n'assista pas seulement à son enterre-
ment comme à celui d'un ancien pas-
teur, qui avoit rendu de bons et de longs
services à l'Eglise, mais chacun y vint
comme aux funérailles du meilleur de
ses amis, qui seroit mort à la fleur de
son âge ; tous les corps françois députè-
rent ensuite quelques-uns de leurs mem-
bres pour consoler sa famille affligée, et
pour lui témoigner combien ils pre-
noient de part à leur deuil, et il semble
encore actuellement [1698] qu'il ait été
le père commun de tout le monde, tant
il est regretté. «Vers 1845, le consistoire
de Metz avait placé dans la salle de ses
délibérations un vieux portrait de ce vé-
nérable pasteur. La légende dont le pein-
tre l'a entouré : D. A. Metensium minis-
trorum decanus i> montre qu'il datait
' Ce portrait a dû être gravé. Celui de Paul Ferry, col-
lègue d'Ancillon, l'ayant été avec la légende ■ ministre
d'un temps où les Ancillon n'avaient pas
encore été chassés de France. Les Mes-
sins, après la détestable guerre de 1870,
pour empêcher ce pieux souvenir de
tomber aux mains des Allemands, char-
gèrent un de leurs pasteurs , M. 0. Cu-
vier, de le déposer dans la Biblioth. du
Protestantisme à Paris.
Ancillon a passé toute sa vie dans l'é-
tude ; le Mélange de littérature recueilli
de ses conversations , qu'a fait paraître
son fils Charles, donne une idée très-
avantageuse de son savoir et de son
érudition; mais il n'a pas beaucoup écrit.
Nous dirons un mot de ses publications.
I. Thèses theol. de scriptura sacra;
Gen. 1638, in-4°.
II. Traité dam lequel toute la matière
des traditions est amplement et solide-
ment examinée ; Sedan, 1657, in-4°. —
C'est la relation de ce qui s'était passé
dans une conférence qu'il avait eue avec
Bédacier, doct. de Sorbonne, évoque
d'Aoste et suffragant de l'évèque de
Metz. Ancillon avait disputé avec ce pré-
lat en présence d'un grand nombre de
personnes ; mais au mépris de ce qu'ils
avaient accordé entre eux , que les ac-
tes de cette conférence ne seraient pas
livrés à la publicité , un moine avait
eu l'impudence d'en donner une fausse
relation où il entreprenait de persuader
au public que l'adversaire de l'évèque
avait été vaincu sans ressource. C'est
ce qui détermina Ancillon à publier cet
ouvrage. Le P. Clivier, minime et pro-
vincial de son ordre, chercha à le réfu-
ter dans son Fort des traditions abattu
par les maximes de M. David Ancillon.
III. Apologie de Luther, de Zwingle,
de Calvin et de Bèze; Hanau, 1666, in-12.
Réponse au vie ch. de la Méthode du
cardinal de Richelieu. Lorsque cette
Méthode parut, Ancillon s'était aussitôt
mis en devoir d'y répondre ; mais ayant
appris que le professeur Martel l'avait
prévenu, il supprima sa réponse dont il
ne publia que ce fragment.
IV. Les Larmes de S. Paul; Paris, 1676.
— Sermon sur v. 18, 19. ch. III de l'Epî-
tre de S. Paul aux Philippiens, prononcé
à Metz un jour de jeûne. C'est le seul
de l'Eglise réformée, » on força le graveur d'y ajouter
après coup le mot « prétendue. » C'est pour éviter ce
déboire qu'on prit le biais de la phrase lutine dans la-
quelle il n'est pas fait mention d'Eglise. (0. Civier.)
217
ANCILLON
2*8
sermon d'Ancillon qui ait été imprimé.
V. L'idée du fidèle ministre de J '.-
Ch.. ou la Vie de Guillaume Farel (ano-
nyme) : Amst. 1691, in-i?. — Edition
unique, désavouée par l'auteur. Ancillon
avait communiqué son manuscrit à Con-
rart, son ami intime, qui y avait mis
quelques remarques de sa main. C'était,
au jugement de son fils, un ouvrage
digne de voir le jour; mais on ne put le
décider à le publier. Ce qui fut cause
qu'on en tira une copie pleine de fautes
qu'un libraire de Hollande fit paraître
sans l'aveu de l'auteur. « On a été sur-
pris, écrit Ancillon, de voir une édition
aussi difforme qu'est celle-là, et si un
jour on fait imprimer le même livre sur
la copie revue par M. Conrart, on verra
que cette pièce est si mutilée qu'elle
n'est pas reconnoissable. »
VI. Réponse à r Avertissement pas-
toral, aux Lettres circulaires et aux
Méthodes, que le Clergé adressa aux
Réformés de France en l'année 1682. —
Il ne parait pas que cette réponse ait
jamais été publiée. Ancillon raconte que
son père la tint cachée dans son cabinet
jusqu'à ce que des personnes de consi-
dération l'ayant obligé de la mettre au
jour, il l'envoya à M. Turretin, profes-
seur en théologie à Genève, son ancien
ami, avec la liberté d'en disposer comme
il jugerait convenable. On ignore ce
qu'est devenue cette copie.
3. Ancillon (Charles), fils aîné de
David, né à Metz le 28 juillet 1659, et
mort à Berlin le 5 juillet 17 15. 11 avait
épousé la fille aînée d'Elie Benoit, morte
en Hollande avec les deux enfants qu'elle
eut [II, 174 b[, et il se maria en secondes
noces avec une de ses cousines, ainsi
que nous l'indiquerons à la fin de cet
article, col. *225. On a son portrait gravé
par W. de Broën.
Après de premières études au collège
de Metz et à Hanau, Ancillon se dé-
cida pour la carrière du droit. Il écouta
successivement les professeurs de Mar-
bourg, de Genève (1 67 '0 et de Paris. Ayant
pris ses degrés, il retourna dans sa ville
natale, en 1679, et y fut attaché au bar-
reau. A la révocation de l'édit de Nantes,
les réformés de la ville le députèrent à
la cour pour y représenter que cet acte
ne devait pas les atteindre, protégés
qu'ils étaient par les privilèges du pays ;
mais il ne put rien obtenir ; on n'accorda
même pas que les quatre pasteurs, qui
étaient âgés, attendissent jusqu'au retour
du printemps pour sortir du royaume.
« Quoi ! Monsieur, lui répondit Louvois,
ils n'ont qu'un pas à faire pour sortir du
royaume, et ils n'en sont point encore
dehors? » Ils durent donc partir sans
délai, malgré la saison avancée. Ancillon
ne tarda pas à rejoindre son père dans
l'exil. Il l'accompagna dans le Brande-
bourg, et fut établi juge et directeur de
la colonie française de Berlin. L'électeur
Frédéric, depuis roi, lui continua les
bontés de son père, Frédéric-Guillau mê-
le-Grand. En 1695, il lui confia une
mission importante ' en Suisse. Dans ce
voyage, Ancillon eut l'occasion de con-
naître le marquis de Bade-Dourlach, qui
conçut tant d'estime pour lui qu'il le
choisit pour son conseiller, et pria l'élec-
teur de le lui laisser pendant quelque
temps. Ancillon ne retourna à Berlin
que sur la fin de 1699. La place de juge
supérieur avec le titre de conseiller de
cour et de légation fut la récompense de
ses services. Après son couronnement,
en 1701, Frédéric Ier le choisit pour son
historiographe. La Société royale de
Berlin l'admit aussi au nombre de ses
membres. Quoiqu'il soit devenu auteur
plutôt par circonstance que par vocation,
comme il le dit lui-même, Charles Ancil-
lon n'a pas laissé que de beaucoup écrire.
I. Réflexions politiques .par lesq. on/ait
voir que la persécution des Réformés est
contre les véritables intérêts de la France
(anonyme) ; Cologne, 1685,in-12. — Bayle
avait commis une erreur en attribuant cet
ouvrage à Sandras de Courtilz.
IL L'irrévocabilitt de ledit de Nantes
prouvée par les principes du droit et de
la politique, par C. A., doct. en droit et
juge de la nation française à...; Amst.
1688, in-1-2.
HI. Histoire de l'Etablissement des
François réfugiés dans les Etats de
S. A. E. de Brandebourg; Berlin,
1690 *, in-8° ; dédiée à Frédéric HI ,
margrave de Brandebourg. — Cet ou-
1 Voir aux Additions, à la fin du volume.
*- Ou s'est trompe en attribuant à Ancillon : la France
intéressée à rétablir l'édit de Nantes (anonyme). ArasC,
4690, in-12.
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ANC1LLOX
m
vragfl est divisé en quatre parties. L'au-
teur examine successivement : 1° l'état
des gens de lettres, parmi lesquels il
comprend les pasteurs, les juriscon-
sultes, les médecins; 2° l'état de ceux
qui font profession des armes; 3° l'état
des manufacturiers, des négociants et
des artisans ; 4° l'état de ceux qui sont
sans profession et sans biens, de quel-
que qualité qu'ils soient. Nous saisirons
l'occasion qui nous est offerte de faire
connaître par quelques détails cet inté-
ressant épisode de notre histoire. Plu-
sieurs années avant l'édit de révocation,
un certain nombre de réfugiés français
s'étaient déjà retirés à Berlin sous la
protection de l'électeur Frédéric-Guil-
laume, et y avaient fondé une église.
Ahbadle et Fornerod (jusqu'en 1682), la
desservaient. Après la révocation, l'élec-
teur rendit un édit (29 oct. 1685) en fa-
veur des réfugiés qui affluèrent dès lors
dans ses Etats. Cet acte n'était pas seule-
ment une bonne œuvre, c'était une me-
sure de bonne politique. Aussi doit-on
remarquer que depuis cette époque la
puissance du Brandebourg grandit d'an-
née en année, tandis que celle de
Louis XIV déclina de plus en pins. Le
grand électeur s'exprimait ainsi dans le
préambule de son édit : « Comme les
persécutions et les rigoureuses procé-
dures qu'on exerce depuis quelque temps
en France contre ceux de la religion ré-
formée, ont obligé plusieurs familles de
sortir de ce royaume et de chercher à
s'établir dans les pays étrangers, Nous
avons bien voulu, touché de la juste
compassion que Nous devons avoir pour
ceux qui souffrent malheureusement
pour l'Evangile et pour la pureté de la
foi que Nous confessons avec eux, par
le présent édit signé de notre main,
offrir auxdits François une retraite sure
et libre dans toutes les terres et pro-
vinces de notre domination, et leur dé-
clarer en même temps de quels droits,
franchisesetavantages, Nous prétendons
de les y faire jouir pour les soulager et
pour subvenir en quelque manière aux
calamités avec lesquelles la Providence
divine a trouvé bon de frapper une partie
Bi considérable de son Eglise. » Notre
auteur remarque, à la louange du grand
électeur, « qu'au lieu que les autres
souverains se sont contentés (Je recevoir
dans leurs Etats ceux qui s'y sont retirés
et de leur accorder leur protection, lui,
il les a appelés, et a pourvu à leurs
besoins. » Son ministre d'Etat, M. de
Grumbkow, chargé des soins de leur
établissement, s'acquitta de cette tàcho
difficile avec un zèle, une patience et
une charité dignes des plus grands élo-
ges. L'électeur étant mort en 1688, son
iils et successeur accorda de nouveaux
bienfaits aux réfugiés. Nous exposerons
brièvement leur organisation. Parmi les
émigrés, on comptait des hommes de
toutes professions et. de tous états, la
plupart sans autres ressources que leur
industrie. On les répartit sur divers
points. Dix colonies furent ainsi créées.
La principale, celle de Berlin *, contenait
plusieurs milliers d'individus. Elle pos-
sédait deux temples, au service desquels
étaient attachés neuf pasteurs ; un hôpi-
tal, avec un pasteur spécial ; une maison
de charité pour les réfugiés des deux
sexes ; un collège dont l'enseignement
comprenait les humanités et la philoso-
phie, et même une librairie et une impri-
merie. D'après MM. Erman et Réclam,
il existait déjà une académie française à
Berlin, avant la grande émigration de
1685 ; Charles Ancillon en eut la haute
direction en 1687. Les autres villes que
l'on choisit comme centres de colonisa-
tion, furent : Francfort-s.-O., dont l'E-
glise fut desservie par trois pasteurs, de
même que celles de Halle et de Magde-
bourg; Brandebourg, avec deux pasteurs;
Lipstadt, avec le chapelain du régiment
de Briquemaulf, gouverneur de la place;
Clèves, avec un pasteur; Wesel avec
deux pasteurs; Prenslow, dans la Po-
méranie, avec deux pasteurs; Kœnigs-
berg, avec un pasteur. Il y avait en ou-
tre six villages, chacun avec une église
et un pasteur. Toutes ces églises furent
soumises, en vertu d'un édit de l'élec-
teur, à la discipline des églises réfor-
mées de France. L'université de Franc-
fort-s.O. futassignée aux jeunes réfugiés
qui désiraient terminer leurs études. Le
sénat académique eut ordre de les ad-
mettre à la table du séminaire fondé
pour les étudiants pauvres, et on leur
• Voir la note ci-dessus, col. 30.
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AXCILLOX
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donna en outre ôû écus de pension par
an. — L'administration de la justice
excita ensuite la sollicitude du gouver-
nement. Un juge fut désigné pour chaque
colonie, à l'exception des villages où un
inspecteur en tournée rendait la justice.
Un greffier, un huissier, des notaires et
des procureurs l'assistaient dans ses
fonctions. La procédure était sommaire,
autant que possible; la justice gratuite.
Les juges prononçaient d'après la raison
et l'équité. Les appels étaient portés de-
vant le juge supérieur, résidant à Berlin,
qui prononçait en dernier ressort. Tous
les officiers de la justice française
étaient nommés à vie. Les juriscon-
sultes distingués par leur naissance ou
par les charges qu'ils avaient exercées,
et qui n'avaient pu être placés, for-
maient avec les gentilshommes qui n'a-
vaient pas pris du service dans l'année,
le corps des conseillers de cour et d'am-
bassade. Les plus jeunes avaient le titre
de secrétaire de S, A. E. Six de ces
conseillers, choisis par le gouverne-
ment, s'assemblaient une fois chaque
semaine avec le juge ordinaire et le
juge supérieur de Berlin, le directeur
des manufactures, sous la présidence
d'un ministre d'Etat, pour prendre con-
naissance de toutes les demandes et ré-
clamations adressées par des réfugiés.
Dans ce conseil se traitaient les affaires
concernant l'émigration en général. Tous
ces divers fonctionnaires recevaient des
traitements proportionnés à leurs char-
Geux des réfugiés, tels que pas-
teurs ou jurisconsultes, qui n'avaient pu
être employés, étaient portés sur la liste
des pensionnaires de l'Etat, jusqu'à ce
qu'une vacance ou la création de nou-
veaux emplois permissent d'utiliser leurs
services.— ' Le gouvernement ne s'apj ii-
qua pas avec moins de soin à régler le
sort des commerçants et des industriels.
« Il est venu dans cet Etat, écrit Ancil-
lon, des ouvriers de tous métiers, de
sorte qu'on y fait à présent toutes sortes
d'ouvrages. Il ne s'en fait aucun en
France qu'on ne fasse dans ce pays-ci;
car les maîtres ou les ouvriers de toutes
les principales fabriques du royaume y
sont et y travaillent. » Un artiste, sorti
des Gobelins, y avait même transporté
son industrie. De magnifiques tapisseries
où étaient représentées les grandes, ac-
tions de l'électeur, étaient déjà sorties de
ses ateliers. Tous les marchands et les
artisans pouvaient se faire admettre
dans les corporations allemandes de
leur profession sans qu'ils fussent tenus
d'exécuter un chef-d'œuvre ou de payer
aucun droit. A ceux des réfugiés qui
établirent des manufactures, le gouver-
nement fit aussi de très-grands avan-
tages. Non-seulement il leur avança de
grosses sommes d'argent, mais il leur
fournit même le local avec tous les prin-
cipaux instruments nécessaires à leur
fabrication. On prit ensuite les mesures
les plus sages pour empêcher qu'une
mauvaise administration ou un encom-
brement de produits n'amenât prompte-
mentla ruine de ces établissements. Un
directeur des manufactures fut chargé
de les visiter tous, à de certaines
ques, d'examiner la qualité des objets
fabriqués ou manufacturés, de recevoir
les plaintes des ouvriers ou des maitres.
Des commissaires et des secrétaii
commerce lui furent adjoints pour le dé-
charger à Berlin d'une partie de ses tra-
vaux. En même temps, afin de faciliter
l'écoulement des produits, le gouverne-
ment prohiba ou frappa d'un droit d'en-
trée les marchandises étrangères, et
établit un Bureau d'adresse où les manu-
facturiers pouvaient faire porter les mar-
chandises dont ils n'avaient pas trouvé
le placement et qui étaient vend,
l'enchère. Les paysans et jusqu'aux
hommes de peine eurent part aux bien-
faits de l'électeur. Tandis qu'aux uns on
donna des terres et des instruments de
travail en les affranchissant de toute re-
devance pendant un certain nombre
d'années, les autres obtinrent le privilège
d'exploiter à leur profit les premières
chaises à porteurs que l'on vit à Berlin.
Cet usage introduit par les réfugiés en
Allemagne s'y est conservé jusqu'à nos
jours dans quelques villes. — Il ne nous
reste plus qu'à dire un mot de la posi-
tion que l'on fit aux émigrés qui gui*
vaient la carrière des armes. Le plus
illustre était sans doute le maréchal de
Schomberg. En récompense de ses servi-
ces et par une faveur toute spéciale, le
gouvernement de Louis XIV lui avait
permis de sortir du royaume. Il fat
223
ANGILLON
224
nommé généralissime des armées de S.
A. E. et pourvu du gouvernement de la
Prusse. Son fils Charles devint lieute-
nant général. On forma deux corps de
réfugiés ; l'un, composé des principaux
officiers, contenait deux compagnies : c'é-
taient les Grands-Mousquetaires ; l'autre,
formant, une seule compagnie à cheval,
était composé des subalternes et bas-offi-
ciers. Les officiers qui n'avaient pu être
admis dans l'un de ces deux corps, rece-
vaient la paye des officiers en retraite.
Une compagnie de cadets et une autre de
mineurs furent aussi créées. Ces divers
corps se signalèrent dans plusieurs occa-
sions.— Telle fut l'organisation des colo-
nies françaises du Brandebourg. On peut
dire, sans crainte d'être taxé d'exagéra-
tion, que, dans toute sa conduite, le
grand électeur se montra le père des ré-
fugiés. C'est là sans doute son plus beau
titre de gloire, quoique son histoire soit
pleine cependant d'actions mémorables.
Le gouvernement de Louis XIV lui en
fit un crime ; la France lui doit sa recon-
naissance. — C'est l'ouvrage d'Ancillon
que nous venons d'analyser.
IV. Portrait ébauché de M. Sylv. Jacq .
Danckehnann; Amst. 1695, in-8°. Danc-
kelmann était un ministre d'Etat qui
s'employa avec un dévouement digne des
plus grands éloges à l'établissement des
réfugiés français dans le Brandebourg.
V. Mélange critique de littérature,
recueilli des conversations de feu M. An-
cillon, avec un Discours sur sa vie, et
Ses dernières heures; Bàle, 1698, 3 vol.
in-12; dédié à Frideric-le-Crand, mar-
quis de Bade et de Hoehberg. Ces mé-
langes sont une suite d'articles sur toute
sorte de sujets, disposés par ordre alpha-
bétique et précédés de sommaires. Le
3e volume contient la Vie de David An-
cillon, par son fils, et un petit écrit inti-
tulé : Les dernières heures de M. An-
cillon, par le ministre qui l'avait assisté
dans sa maladie.
VI. Discours adressé à S. M. le roi
de Prusse sur son élévation à la royauté ;
Berlin, 1701, in-8».
Vil. Dissertation sur l'usage de met-
tre la 'première pierre au fondement des
édifices publics ; Berlin, 1701, in-8°. —
Cette dissertation fut écrite à l'occasion
de la pose de la première pierre d'un
nouveau temple que l'on construisit pour
les réfugiés dans le quartier de laFrede-
richstadt.
VIII. Le dernier triomphe de Frideric-
Guillaume-le-Grand, ou Discours sur la
statue équestre érigée sur le Pont-Neuf
de Berlin; Berlin, 1703, in-fol.; trad.en
allem. par Plarre, même année.
IX. Histoire de Soliman II, empereur
des Turcs; Rott. 1706, in-8°. — Ancil-
lon avait conçu le dessein de donner au
public les éloges des hommes illustres
répandus dans l'Histoire de J.-A. de
Thou, et d'y joindre les additions que
ses lectures lui auraient fournies. Dans
ce but, il avait dressé une liste d'envi-
ron 500 noms. Mais la mort ne lui per-
mit pas d'achever ce grand travail. Son
premier essai, l'histoire de Soliman II,
fut tout ce qui en parut.
X. Traité des Eunuques, par C. 01-
lincan (anagramme du nom d'Ancillon).
1807, in-12. — Composé à l'occasion d'un
castrat italien qui prétendait se marier.
Ancillon se prononce contre de sembla-
bles mariages. Son traité contient, au dire
du P. Nicéron, « quantité de remarques
curieuses et divertissantes ; » mais Bar-
bier (Dict. des Anonymes) y relève une
grosse méprise : l'auteur aurait présenté
comme une histoire véritable la relation
de l'île de Bornéo, imaginée par Fonte-
nelle.
XL Mémoires concernant les vies et
les ouvrages de plusieurs modernes cé-
lèbres dans la république des lettres ;
Amst. 1709, in-12. —Les Modernes cé-
lèbres dont les vies sont contenues dans
ce volume, rédigé primitivement pour
un Supplément au Dictionn. de Bayle,
sont : Valentin Conrart, dont la vie est
la plus étendue de toutes (environ un
tiers du volume); l'orientaliste d'Herbe-
lot ; Urbain Chevreau, historien, poëte
et écrivain estimé (73 pages) ; le savant
Henri Justel;le critique Adrien Baillet;
les Aubery, dont Jacques, sieur de Mon-
creau, jurisconsulte, qui plaida pour les
malheureux habitants de Cabrières et de
Mérindol ; Benjamin, sieur du Maurier,
diplomate, et son fils Louis, auteur des
Mémoires sur la Hollande, qui parait
avoir abjuré le protestantisme; un au-
tre, Louis Aubery, auteur de plusieurs
ouvrages d'histoire et de biographie, le
225
AXCILLOX
226
médecin Jean Aubery et le scoliaste
Claude; le savant Jean-Baptiste Cote-
lier, qui, à l'âge de 12 ans, étonna par
son savoir les membres de l'assemblée
générale du clergé de France auxquels
il fut présenté par son père, ministre ré-
formé qui avait abjuré après avoir été
déposé par le synode national d'Alais,
et finalement l'antiquaire et numismate
Laurent Beger. L'auteur a joint à son
livre une table analytique très-bien dres-
sée.
XII. Histoire de la vie et de la mort
de M. Lichtscheid ; Berlin, 1713.
Le bibliographe allemand Jœcher at-
tribue encore à Ancillon les trois écrits
suivants : 1° Réflexions sur la tolé-
rance ; -2° La balance de la religion et
de la ■politique ; 3° La découverte dun
espion français, etc., mais il n'indique
ni le lieu ni Tannée de leur impression.
Charles Ancillon avait épousé Elisa-
beth Ancillon dont il eut un fils :
4. Frèdéric-Auuuste-Luc Ancillon, né
le lerjuill. 1698 et baptisé le 3 dans l'é-
glise française de Baie. Xommé pasteur
de l'hôpital français de Berlin en 1733, à
la place de Pierre Crégut, il mourut en
1758, laissant :
5. Louis-Frédéric Ancillon qui suivit
aussi la carrière pastorale; admis au
saint ministère en 1702, il fut appelé en
4765 à desservir une paroisse de Ber-
lin et devint membre de la Société
royale. Il est mort le 13 juin 1814,4
l'âge de 70 ans. On lui doit quelques
écrits :
I. Oraison funèbre de la Très-haute
princesse Madame Louise -Amélie de
Brunsvàck-VVolfenbuttel ; Berlin, 1780,
in-8°.
IL Discours sur la question : Quels
sont, outre /' inspirât ion, les caractères
qui assurent aux Livres Saints la supé-
riorité sur les livres profanes? Berlin et
Dessau, 1782, in-8».— Ce discours avait
été couronné, en 1778, par l'académie
de la Conception de Rouen.
III. Discours sur la question : Quelle
est la meilleure manière de rappeler à la
raison les nations qui se sont livrées à
l'erreur? Berlin, 17^5, in-'i°.
IV. Oraison funèbre du Très -haut
prince Frédéric II, roi de Prusse ; Ber-
lin, 17S6, in-8».
V. Judicium de judiciis circa argu-
mentum Cartesianum pro existentia Dei
ad nostra usque tempora latis ; Berlin,
179-2, in-8°.
VI. Sermons sur l'amour de la pa-
trie; Berlin, 1793, in-8°.
VIL Tentamen in psalmo sexagesimo
octavo denuo vertendo, cum Disserta-
tione historica, quam claudit Carmen
seculare Horatiicum eodem psalmo col-
latum; Berlin, 1797, in-8°. — Attribué
par quelques-uns au fils de L.-F. Ancil-
lon et, entre autres, par le bibliographe
allemand Kaiser.
Ancillon est encore l'auteur d'un Eloge
de Saurnaise , couronné par l'académie
de Dijon, et de divers Mémoires insérés
dans le recueil de l'académie de Berlin.
6. Jean-Pierre-Frédéric Ancillon, fils
du précédent, naquit le 30 avril 1767.
Elevé sous les yeux de son père,U mon-
tra de bonne heure les plus heureuses
dispositions et un goût prononcé pour le»
études historiques. Ses cours universi-
taires terminés, il partit pour Genève,
voyage que l'on regardait alors comme
le complément nécessaire de tout ensei-
gnement théologique, et de là il vint vi-
siter Paris au moment même où la ré-
volution commençait. Après un séjour
de quelques mois, il retourna à Berlin
où il fut nommé ministre du saint
Evangile , dans l'église du Werder.
Appelé, en 1791, à Rheinsberg pour
bénir un mariage que le prince Henri,
frère de Frédéric -le- Grand , honorait
de sa présence, il s'éleva dans le dis-
cours qu'il prononça en cette occasion
(Berlin, 1791, in-8°) aune éloquence si
entraînante, que leprince l'admit dès cet
instant dans son intimité. Ce fut ainsi
qu'une circonstance toute fortuite , de-
vint la source de sa haute fortune. Quel-
que temps après, à la recommandation
du prince, il fut nommé professeur d'his-
toire à l'académie militaire.
Cependant la révolution française
grandissait de jour en jour et menaçait
les Etats voisins. Dévoué de cœur au
pays qui avait adopté sa famille, Ancil-
lon voulut, autant qu'il était en lui, con-
tribuer à sa défense, et il se mêla active-
ment à la polémique des journaux. Ce
fut aussi vers ce temps qu'il publia un
fragment de son voyage en Suisse, puis
i. 8
227
ANGILLON
228
une lettre écrite de Paris, en 1789, sur
l'état de la littérature en France, et des
Considérations sur la philosophie de
l'histoire (Berlin, 1796, in-8°). Cette acti-
vité littéraire ne lui fit pas négliger tou-
tefois ses autres devoirs. 11 continua de
remplir avec zèle ses fonctions pastora-
les, et on doit sans aucun doute rappor-
ter à cette époque de sa vie quelques-uns
des sermons qu'il mit au jour plus tard
sous le titre de Sermons prononcés dans
l'église des réfugiés de Berlin (Berlin,
1818, 2 vol. in-8°). Si le bibliographe
Kaiser ne commet pas une erreur, c'est
au moins en ce temps-là qu'il prononça
les oraisons funèbres d'Elisabeth-Chris-
tine, reine douairière de Prusse , et du
prince Louis de Prusse (Berlin, 1797,
ih-8°).
Comme orateur de la chaire, Ancillon
jouissait d'une réputation aussi haute que
méritée; cependant ce n'est pas à ses
sermons, mais à ses écrits sur la philo-
sophie et l'histoire qu'il doit la plus
grande partie de sa célébrité.
En 1801, il publia, outre un Sermon
sur le jubilé séculaire de la Monarchie
prussienne (Berlin, in-8°), des Considéra-
tions générales sur l'histoire ou Intro-
duction à l'histoire des révolutions du
système de l'Europe pendant les trois
derniers siècles (Berl. in-8°J, des Mé-
langes de politique et de philosophie
morale (Berl. in-8°J, et des Mélanges
de littérature et de philosophie (Berl.
in-8»; 2e édit. , Paris, 1809, 2 vol.
in - 8°j « Ces ouvrages révélèrent, dit
M. Schnitzler, dans l'Encyclopédie des
gens du monde, un homme qui avait
mûrement réfléchi sur les principales
questions débattues par les philoso-
phes. Habile à résumer les discussions
et ce que des opinions différentes pou-
vaient avoir de commun, Ancillon, éclec-
tique par la solidité de ses connaissances,
a beaucoup contribué à mettre dans tout
leur jour les systèmes des philosophes,
à en montrer les cotés vulnérables, à
en signaler les égarements, et à faci-
liter la fusion de ceux qui, dégagés de
ce qu'ils avaient d'antipathique, sem-
blaient se compléter réciproquement. 11
n'a jamais fait école lui-même, et néan-
moins sa philosophie est bien à lui;
elle est éclairée, bienveillante, aussi
éloignée de la témérité que d'une timi-
dité excessive, claire surtout et ennemie
des voiles mystiques. »
En 1803, Ancillon fut nommé histo-
riographe de la Prusse. L'année sui-
vante, l'Académie l'admit dans son sein
et la classe de philosophie le choisit
pour secrétaire, fonctions qu'il remplit
jusqu'en 1814. Ce fut en 1805 qu'il
acheva la publication de son grand ou-
vrage : Tableau des révolutions du sys-
tème politique de l'Europe depuis la fin
du XV" siècle (Berl. 1803-1805, 4 vol.
in-8°; nouv. édit. revue et corrig., Pa-
ris, 1823, 4 vol. in-8°). L'importance de
cet écrit le plaça au rang des véritables
historiens et lui valut de nouvelles fa-
veurs : en 1810, il fut institué précepteur
du prince héréditaire. Nommé conseiller
de légation au ministère des affaires
étrangères, il y exerça bientôt un ascen-
dant prépondérant. Son influence sur la
marche des affaires s'accrut de jour en
jour; aussi lorsqu'en 1831, le roi lui
confia le portefeuille du comte de Bern-
storff, cette modification dans le cabinet
n'en amena aucune dans la politique,
qu'il continua à diriger avec autant de
prudence que d'habileté jusqu'à sa mort,
arrivée le 19 avril 1837. Quoique marié
trois fois, il n'a pas laissé d'enfant.
Ministre d'Etat, comme ministre de
l'église du "Werder, Ancillon resta bon,
simple, affectueux et surtout fidèle à ses
principes. Les honneurs ne l'absorbè-
rent pas tout entier et il aima toujours
écrire.
En 1806 il mit au jour un Essai sur
les grands caractères (Berl. in-8°). En
1810, il prononça l' Oraison funèbre de
la reine Louise de Prusse (Berl. in-8°),
et publia un Eloge historique de Mérian
(Berl. in-8°). En 1815, au retour d'un
voyage à Paris avec son élève, il fit pa-
raître, outre quelques écrits académi-
ques de circonstance (tels que Mémoires
sur E.-F. Klein; Sur la philosophie de
la législation ; Sur la vraie grandeur,
Berl. in-8°), un traité de h Souveraineté
et des formes du gouvernement {Veber
SouverabietœtundStaats-Vofassungen.
Berl. in-8°, 2e éd. 1816), quia été traduit et
annoté par M. Guizot (Paris, 1816, in-8°;.
En 1817, il donna ses Essais philoso-
phiques ou nouveaux mélanges de litté-
221)
AXGILLON
230
rature et de philosophie (Genève et Pa-
ris, 2 vol. in-8°), contenant un essai sur
l'abus de l'unité métaphysique, une ana-
lyse de l'idée de littérature nationale,
des essais sur la philosophie de l'his-
toire, sur le suicide, sur le caractère du
XVIIIe siècle, sur le panthéisme, sur les
progrès de l'économie politique, sur l'a-
bus de l'unité et des jugements exclu-
sifs en politique, sur les révolutions du
système politique du Nord au commen-
cement du XVIIIe siècle, ainsi qu'un
tableau analytique du Moi humain. En
il publia son livre Sur les sciences
politiques (Berl. in-8") ; en 1825 un es-
sai Sur la foi et le savoir en philosophie
(Berl. in-8°) et de Nouveaux essais de
politique et de philosophie. (Pans et
Berlin, 2 vol. in-8»), traitant de l'esprit
du temps et des réformes politiques, des
prétendus axiomes politiques, des théo-
ries et méthodes exclusives, de la légis-
lation de la presse, du droit politique,
du but, dos formes et des ressorts du
gouvernement. On y remarque égale-
ment de sages appréciations sur les gou-
vernements despotiques de l'Asie et son
discours de réception à l'académie de
Berlin. Ces Essais (1817) et Xouveaux
Essai ut été réimprimé* à Pa-
1832 (Gide, 4 vol. in-^.Kn 1825, il
lit paraître sous le titre : l'tbcr den
Geist, etc. un essai Sur l'esprit des con-
stitutions et son influence sur la légis-
lation [Berl 1 vol. in-8°); en 1829, d«s
Pensée* sur l'homme, ses rapports et ses
intérêts (Berl. 2 vol. in-8"); en 1831 en-
lin, comme ses adieux au monde, le se-
cond volume des Moyens de concilier les
extrêmes dans les opinion», dont le pre-
mier avait été publié trois ans aupara-
vant (Berl. in-8°).
7. David ANCILLON, le second Gis de
David (ci-dessus n° 2), et frère puiné de
Charles (n° 3), naquit à Metz le 22 fé-
vrier 1670 et mourut à Berlin le l(j nov.
1723. Dès l'âge de li ans, il fut en-
voyé poursuivre ses études à Genève.
Après avoir fait sa rhétorique sous le
savant ministre Le Jeune, et sa philoso-
phie sous l'ancien professeur de eau-
mur, Robert Chouct, il.se livra aux
études théologiques sous Philippe Mes-
trezat, Louis Tronchin et François Tur-
retin. 11 ne les avait pas encore ache-
vées, lorsque la revocation de l'édit de
Nantes força son père à se réfugier à
Berlin, où il l'accompagna. Formey dans
ses Eloges raconte ainsi l'accueil plein
de bienveillance qui lui fut fait par le
grand électeur. Après s'être adressé
successivement dans les termes les plus
affectueux à son père et à son frère
aîné : « Et vous, mon enfant, lui dit-il,
que voulez- vous faire? Le jeune homme
(il avait alors seize ans) répondit qu'il
venoit de Genève, où il avoit commencé
sa théologie; mais que voyant six cents
ministres hors de France sans emploi,
il avoit résolu de quitter les études et de
prendre le parti des armes, si 8. A. E.
jit. Xon, répliqua l'électeur, je ne
le veux point. Voyez-vous ces cheveux
blancs de votre père, ils demanderont
bientôt votre secours. On manquera
peut-être un jour de ministres ; il no
faudroit pour cela que quatre yeux fer-
més [Louis XIV, alors dangereusement
malade, et Jacques d'Angleterre;. J'ai
résolu de vous faire achever vos études ;
y vuus accorde pour cet effet cent écu«
de pension [selon Charles Ancillon,
une place à la table de l'université, et
une pension de cinquante écus] ; allez à
Francfort, et lorsque vous serez en état
d'être re>;u ministre, je vous donnerai
pour collègue et adjoint à votre père. »
Ancillon se rendit donc à l'université
de Francfort - s. -O., où il acheva ses
études. En juin 1689, il retourna à Ber-
lin, et après un examen brillant, il fut
admis pasteur et reçut, le 7 juillet, l'im-
position des mains. Il partagea dès lors
les travaux de son père, à la mort duquel
en 1692* il lui succéda comme ministre
ordinaire de 1 église française de Berlin
et avec le même succès. Charles Ancillon
caractérise ainsi son frère : a Digne suc-
cesseur d'un père illustre, et imitateur
des exemples mémorables qu'il lui a
laissés, son bis par nature, son disciple
par l'étude, et semblable à lui d'inchna-
tion et de volonté, de nom et de surnom,
d'air et de manières. » En l'année 17U0,
Frédéric 1er le chargea d'une mission
en Hollande et en Angleterre. A son
retour à Berlin eu 1701, il reparut dans
la chaire, et ht sa rentrée par un Ser-
mon sur le couronnement de l'électeur
qui venait de prendre le titre de roi. Ce
231
ANCILLON
232
sermon, qui a été imprimé, est dédié à
une demoiselle Mustelius qui lui avait
prodigué ses soins pendant une grave
maladie qu'il fit dans son voyage. Au
mois d'août de la même année, Ancil-
lon fut honoré d'une nouvelle mission en
Suisse ; il y fut retenu une année entière.
Lorsqu'il fut de retour, le roi le chargea
d'entretenir, au sujet de la succession de
Neuchâtel , une correspondance suivie
avec les principaux habitants de cette
principauté, et en 1707, il l'envoya lui-
même dans le pays pour y travailler
sous le comte de Metternich, son mi-
nistre plénipotentiaire à Berne. Pendant
le séjour qu'il fit à Neuchâtel, après la
mort de la duchesse de Nemours, An-
cillon prêcha tous les dimanches. Mais
comme il touchait dans ses sermons à
des questions étrangères à la chaire, les
différents prétendants à la souveraineté
de Neuchâtel en prirent ombrage et lui
firent interdire la prédication. La charge
de chapelain de la cour fut la récom-
pense de ses services. Le 3 novembre
1707, Frédéric Ier reçut l'investiture de
la principauté en la personne de son
ambassadeur. On a remarqué que la
Réformation y avait été introduite le
même jour, 177 ans auparavant. An-
cillon fit le sermon d'usage en cette oc-
casion solennelle, sur le texte qui lui
avait été commandé par le monarque
lui-même. Avant son départ de Neu-
châtel, les Etats du pays l'honorèrent
du titre de bourgeois de la ville ; 7 nov.
1707. De retour à Berlin, Ancillon en-
tra de suite en fonctions comme mi-
nistre de la cour. MM. Jaquelot , de
Beausobre et Lenfant étaient ses col-
lègues. « Ses sermons, dit Formey,
étoient toujours extraordinairement goû-
tés. Lorsque le roi étoit indisposé, il le
iâisoit prêcher dans ses appartemens
où la famille royale et les personnes de
première distinction se rendoient. Quand
M. Ancillon paroissoit dans les chaires
des églises, il n'y montoit et n'en des-
cendoit qu'à travers des flots d'audi-
teurs, et les temples ne pouvoient les
contenir. » En 1709, Frédéric enleva de
nouveau son chapelain à ses fonctions
pastorales pour lui confier une mission
en Pologne. La guerre venait de se ral-
lumer entre les partisans de Pierre-le-
Grand et d'Auguste de Saxe, de Char-
les XII et de Leszczynski. Ancillon eut
ordre de tenir son voyage secret même
à sa famille. 11 se déguisa en officier
prussien et prit le nom de Saint-Julien.
Plusieurs fois, il fut arrêté en route par
les partis ennemis; mais il réussit tou-
jours à se tirer de leurs mains, et quel-
quefois même comblé de politesses. Ar-
rivé à Lublin, où il comptait faire un
court séjour, il aperçut affichées à la
porte du monastère des Jésuites une
série de propositions qui devaient y être
soutenues. A cette vue, le théologien
reparut aussitôt sous l'habit du diplo-
mate, il fit demander un exemplaire de
ces thèses aux Révérends Pères, qui lui
députèrent deux de leurs confrères pour
l'inviter à une dispute publique. An-
cillon ne résista pas longtemps à s'y
rendre. Les Jésuites lui firent le meil-
leur accueil. La dispute se passa très-
convenablement, et elle se termina, au
contentement général, par un repas ma-
gnifique auquel les Révérends Pères con-
vièrent leur antagoniste. On peut sup-
poser que, selon l'usage, les deux partis
s'attribuèrent également l'honneur de
la journée. De Lublin, Ancillon se diri-
gea vers la Hongrie. Il eut plusieurs
fois l'honneur d'entretenir le prince Ra-
gotzki, le chef des Mécontents, qui te-
naient leur diète à Gassovie. En repas-
sant par la Pologne, il visita une partie
des églises réformées qui y subsistaient
encore malgré les persécutions suscitées
par le fanatisme ou plutôt l'esprit de do-
mination des Jésuites. Puis continuant
sa route vers le nord, il retourna à Ber-
lin par Kœnigsberg et Marienwerder.
C'est au retour de ce voyage qu'il ap-
prit la mort d'une sœur de lui restée à
Metz, par une lettre à laquelle il répon-
dit en ces termes, précieux à conserver
pour l'histoire de la famille : « Berlin,
18 octob. 1710. Monsieur mon cher ne-
veu, je viens d'apprendre avec douleur
le décès de votre mère, ma chère sœur,
et c'est la première fois que j'ai l'hon-
neur de vous écrire Agréez, mon-
sieur mon cher neveu, que je vous prie
de faire quelques réflexions sur la fa-
mille dont vous estes et dont la piété a
esté de tout temps exemplaire dans la
profession de nostre sainte Religion et
233
AXCILLON
:>?><
que vostre bisayeul paternel estoit un
Docteur en médecine le plus célèbre de
son temps, qui avoit de rares talens non
seulement pour l'exercice et la pratique
de sa profession, mais aussy pour celuy
de la consolation des malades qu'il
voyoit; en leur déployant les remèdes de
son art pour le recouvrement de leur
santé, il leur departoit des consolations
spirituelles pour leurs âmes quand les
occasions s'en presentoient : et que vos-
tre trisayeul paternel estoit un Docteur
de grande réputation non seulement
pour la solidité de son érudition, mais
aussi pour sa rare pieté qui en son
temps avoit beaucoup contribué à main-
tenir dans la profession de la vérité Ma-
dame la Duchesse de Bar sœur du Roy
Henry IV, de laquelle il estoit le minis-
tre1 n'obstant mille attaques qui estoient
faites à cette princesse pour tascher de
l'ébranler et la faire changer de religion.
Je prie Dieu qu'il vous conserve et qu'il
vous comble de ses plus précieuses bé-
nédictionss. »
En 1710, Ancillon fut nommé mem-
bre de la Société établie à Londres, dès
1687, pour la propagation du Christia-
nisme, for promoting Christian know-
ledge, société qui subsiste encore de nos
jours. Il entretint dès lors une correspon-
dance suivie avec le secrétaire de la com-
pagnie, Chamberlayne, qui était son ami
particulier ; toutes les affaires qui con-
cernaient l'Allemagne, se traitaient par
son entremise. La Société des Anonymes
s'honora aussi de le compter parmi ses
membres ; il y tint la plume pendant
plusieurs années. C'est à cette société
que la Bibliothèque Germanique (de
1720 à 1740, Amst. ; 50 vol. in-8°) doit
son existence. Elle s'assemblait chez le
ministre Lenfant , et Des Vignoles, de
Beausobre, Chauvin, en faisaient partie.
« Cf. Bibliot. de l'éc. des Chartes XVIII, 32».
1 BiM. nat., mss. fr., nouv. acq., n» 4967, p. 309. —
— Le même vol. contient 7 lettres de David Ancillon
{a* S), écrites de Meaox (4645-541 a Paul Ferry, pasteur
de Metz, qu'il appelle respectueusement son père; et
une lettre du même (Metz, t% lév. 4644) a Couit du
Fivier, sieur de Lorry et de Lessy, avocat an pari, de
Metz; — plus tu lettres écrites de Paris (1656-64) à Paul
Ferry par Joseph Ancillon, l'avocat (a*T|; — plus
29 lettres écrites de Metz, soit par le ministre, soit par
l'avocat, a M. du Vivier, dans l'intervalle des années 1674
à 4688, et presque toutes relatives aux affaires de la Re-
ligion dans le pays Messin. Enfin nue, si. no
cillon (Metz, 25 fév. 4687) porte au dos, de la main du
destinataire : < M. Ancillon le jeune. »
Une cruelle maladie, la gravelle. at-
trista les dernières années d'Ancillon.
Cependant le fidèle ministre ne voulut
cesser ses fonctions qu'à la dernière ex-
trémité. Son courage et sa résignation
au milieu des plus atroces souffrances
étonnaient tous ceux qui l'approchaient.
A la fin, après bien des alternatives de
convalescence et de rechute, il tomba
malade pour ne plus se relever. « Son lit
de mort, dit son biographe, fut une
chaire d'où il prêcha avec plus d'élo-
quence que jamais, et ses dernières
heures comblèrent d'édification sa fa-
mille et son troupeau. » Il mourut à
l'âge de 53 ans, regretté de tous, et sur-
tout des pauvres et des affligés dont il
était le père et le consolateur. Son corps
fut déposé dans un caveau de la Frede-
richstadt réservé à sa famille, où repo-
saient son frère Charles, son oncle Jo-
seph, et son cousin Louis. Il avait
épousé, le 11 août 1691, Susanne Meus-
nier, originaire de Paris, fille de Phi-
lippe Meusnier , négociant réfugié à
Halle. De ce mariage naquirent dix-sept
enfants, dont cinq fils et douze iilles.
L'aîné des fils, Joseph, fut assesseur à la
Justice françoise et l'un des directeurs
de l'Hôtel de Refuge. Le second. Ma-
n.vssé, suivit la carrière pastorale, et
devint ministre de l'église française de
Prentzlow. C'est sur des mémoires four-
nis par lui, que Formey a écrit son
éloge du père, qui parut d'abord dans la
Nouvelle Bibliothèque Germanique. Le
troisième des fils, Alexandre, également
pasteur, fut attaché ta l'église française
de Kœnigsberg, et mourut d'une attaque
d'apoplexie, le 18 nov. 1738. Les deux au-
tres étaient morts dans leur enfance.
8. Joseph ANCILLON. frère puîné du
ministre de Metz, avocat au parlement
de cette ville et sieur de Jouy-aux-Ar-
ches [VI, 445 a], était né à Metz au mois
de nov. 1629 et mourut à Berlin le
4 nov. 1719. Son portrait a été gravé par
Sciller.
Joseph Ancillon avait embrassé la pro-
fession d'avocat, et il s'était acquis par
son savoir autant que par sa probité
l'estime et la considération de tous ses
compatriotes. Lors de la révocation de
l'édit de Nantes , ce ne fut qu'en Ré-
chappant secrètement et au milieu des
23;
ANCILLON — ANDOUIN
230
périls qu'il parvint à rejoindre son frère
dans l'exil. L'électeur l'accueillit avec la
même bienveillance qu'il avait témoi-
gnée au ministre de Metz : il le nomma
juge supérieur de toutes ses colonies
françaises, conseiller de cour et de ré-
vision. « On peut le regarder, dit For-
mey , comme le fondateur des justi-
ces françaises dans le Brandebourg. »
Les devoirs de sa charge ne l'empê-
chèrent pas de faire paraître dans les
journaux do Berlin divers articles qui
font voir, dit-on, la solidité et l'étendue
de ses connaissances. En 1691), il re-
nonça à sa place en faveur de son neveu
Charles Ancillon. Le Duchat dit de lui
qu'il était « homme de belles-lettres,
bon théologien, et le meilleur juriscon-
sulte de sa province. » On lui doit un
Traité de la différence des biens meubles
et immeubles dans le ressort de la Cou-
tume de Metz (anonyme); Metz, 1098,
in- 12. M. Lamoureux remarque que
« c'est à tort que la Bibliothèque de droit
de Camus cite trois autres éditions de ce
livre; celle de 1698 est la seule qui ait
paru. » Ancillon avait encore écrit di-
vers autres traités de jurisprudence tels
qu'un Commentaire sur la Coutume de
Metz, et un Recueil d'arrêts du parle-
menl de Metz; mais ils n'ont pas été
imprimés. Il a aussi rédigé une Chro-
nique de Metz , laquelle a été publiée
(Metz et Paris, A. Aubry, 1860, in-8°
de xi-117 p.) sous ce titre : « Recueil
journalier de co qui s'est passé do plus
mémorable dans la cité de Metz, pays
messin, et aux environs, de 1656 à 1674.
par Joseph Ancillon; publié par Mv F.
Chahert. » [Voy. V. 102.]
Los biographes donnent peu de dé-
tails sur sa famille. L'un d'eux nous ap-
prend qu'il avait marié sa fdle à son
neveu Charles. C'est sans doute un de
ses fils, Louis, qui était résident des
Etats-Généraux dans le Brandebourg; il
mourut le 25 janvier 1720, à l'âge de
50 ans. Un autre, nommé Paul, en 1696
habitait Bâle, avec sa femme Jeanne
Roussel, de Châlons [IX, 53 a] ; il fut
attaché comme médecin à l'hôpital fran-
çais de Berlin [I, 96 a]. Un troisième
fils de Joseph resta en France et y fonda
une branche catholique existante encore
aujourd'hui. Mame, sa fille, épousa en
Mj8ï Paul Le Bachellé, conseiller se-
cret, du roi en la chancellerie du pari,
de Metz [VI, 445 a],
Baylc. - Niceron. — Didot. — Encyclop. de Ersch et
Grufoer. — Emm. Michel, Bwg. du pari, de Metz.
ANCONE, capitaine, 1567 [IV, 133 b],
Ancourt (d'), voy. Carton.
ANDABRE (Jacquette) , veuve de
Louis Jonquet du Goulorguos.près Uzès,
prisonnière de 1702 à 1713 [X, 440] et
Liste des Protest, qui souffrent.
ANDE (Catherine), massacrée à Car-
nellesen Provence, 1562 [X, 471].
1. ANDELOT (François de Chastil-
lon, 6ieur d'), le plus jeune frère de Co-
licnv [III, 413] ; voy. Giiatillon. — Voyez
encore [1, 50 a, 121 b, 158, 198, 207, '229 ;
II, 52, 58, 99, 131, 267, 312, 410, 445,
449, 450, 455, 456,457, 459,460,511;
III, 37, etc.; IV, 376 b, 504 a, 548 b;
V,98 b, 167 a, 3'i5b, 528 b;VI, 201 b,
228 a, 281 a; 941 a; VII, 112 a, 138 b,
357 b, 475 b; VIII, 23 b, 150 b, 253 a,
314 b, 321 b. ; IX, 249, 391 a]. —(Gas-
pard, marquis d'), 1620-1649 [III, 412 a].
2. ANDELOT (Pierre d'), seigneur
bourguignon dontle nom devraitpeut-être
s'écrire d'ANOELAU, entra en 1566 avec
son frère le seigneur de Champvans dans
la ligue des Gueux. Ayant été fait pri-
sonnier par les Espagnols aux environs
de Harlingen, en Frise, il fut conduit au
château de Vilvorde puis à Bruxelles.
Là il fut décapité sur la place du petit
Sablon, le 1er juin 1568, avec dix-sept
autres gentilshommes, ses compagnons
d'armes. La sentence de mort, signée par
le duc d' Albe, en date du 18 mai, est con-
servée aux Archives gén. de Belgique,
cons. des Troubles, t. 36. (Raheenbeck.)
AND1G II ON (Jean), boursier du col-
lège d'Orthez, 1611-17: secrétaire du sy-
node de Morlaas en 1625 (Arch. des B.-
Pyr.). — (Jacor), béarnais, faiseur de
bas, réfugié à Wesel, 1700.
AND1GNÉ (Suzanne n'), v. 1G30 [IV,
275 a]. Voy. Argentré.
ANDION (Lucrèce), Saumur, 1578
[VIII, 9 a].
ANDONNE (Foursine), massacrée en
Provence. 1562 [X, 471].
ANDOUIN (J.), condamné à l'a-
mende, 1672 [IV, 394 b]. — (Perrette
Andouine, c'est-à-dire femme ou fille
d' ; Sauve, 16-20 [II, M) . — Jndotu/n
237
AXDOriX — ANDRÉ
538
condamna à Bordeaux, 1562 [IV, 502 a].
ANDOOXS (Madei.aine d'): Déarn,
v. 1530 [VII, 456 b].
ANDOUY(Jean\ Saumur, 1685 ITI.
8:3 b].
AXDOYER, de Puech. condamné à
être pendu, 1609 [VIII, 51 2 b .
A XDR AS (JEAN),Saneerre, 1 609 [ VIII ,
•42 a, note].
AXDRÂl" [David), fils d'Imbert, pro-
cureur en la chambre de ledit, présenté
au baptême, juill. 106."), par noble David
de Perrota, d'Uzès. et Isabeau de Ricard.
1. AXDRÉ, dit Foutunat, ministre ré-
tamé à Strasbourg;, 1531 [Y, 69 b].
2. AXDRÉ, ministre, !" 10 a].
\XDRÉ DE YILLETTE Gtmx.),
ministre de Yilleraugue, 1594 [X. 215].
ï. AXDRÉ le capitaine), 1502-70 [II,
113, 164; IV, 460 a].— (Antoine), mas-
sacré en Provence, 1562 [X, 171 —
(Pierre), massacré avec sa femme et son
enfanta Bar-sur-Seine, 1502 [YI11
b]. — (N.), de Valréas ; sa maison à Val-
nu démolie par ordre des commissaires
catholiques en 1564.
5. AXDRE Toys), « drappier chausse-
tier, » reçu habitant de Genève, le
22 oct. 1551. — Xoys), « natif d'Aix en
Provence, » id. 1" septembre 1551. —
( Au treLoys du môme lieu, rubantier, reçu
de même le 18 oct. 1557. — (Louis), fds
de feu Michel, de Vaux en Languedoc,
reçu bourgeois de Genève le 31 àét. i 557.
11 épousa : 1° Giletfe André, de Dijon ;
2° à Genève, Ier août 1509, Nicole Lr~
grain, de Troyes, veuve d'Etienne Bar-
det, marchand demeurant à Lyon. Elu
du conseil des 00 en 1570, il mourut en
1588, laissant un fils, nommé aussi Louis
(1559-1605), du CC en 1595. — (Pierre),
« cordonnier, natif d'Alais, » reçu hab..
id. 1559. — (George), de Dauphiné, • ga-
gne-denier habitant Lyon, » id. 1572.
6. AXDRÉ (Jehan, fils de feu Pi
de Troyes en Champagne , reçu bour-
geois de Genève en 1557 avec ses quatre
fils Guillaume. Jean. Denys et Daniel.
Sa femme était Louise, fille de Guill. Le-
bej/ et de Magdeleine de S.-Aulbin, qu'il
avait épousée à Troyes. Avec lui était
aussi venue sa sœur Jeanne, femme
d' Antoine de Villemort de Troyes, reçu
à la bourgeoisie de Genève en 1557. —
'Osée), fils aussi du précédent, naquit à
Genève en 1507. fut ministre du saint
Evangile, pasteur de l'hôpital en 1590,
et de Chancy en 1595. La même année,
le 28 juillet, il épousa Susanne, fille du
pasteur David Le Boiteux. En 1590. il
fut chargé de prêcher chaque dimanche
dans les temples des paroisses du bail-
liage de Ternier que le duc Charles-Em-
manuel, malgré le traité de 1504. n'avait
pas repourvues après la guerre. Il conti-
nua cette tâche jusqu'au moment où la
violence lui ferma l'accès de ces terres,
et la remplit avec un courage remarqua-
ble en dépit dos menaces et des vexations
des officiers du duc; mais le culte pro-
testant fut tout à fait supprimé dans les
paroisses de Ternier en 1597. Dès 1598,
il fut replacé pasteur à Cartigny et
Onex ; puis en 1603, envoyé par le con-
seil comme chapelain de la garnison
qui occupait S.-Genïs d'Aoste. Il ren-
tra en France et alla desservir en 1610
l'église de La Mure en Dauphiné [X.
Il mourut ministre de Clelles en
Trièves. — (Jean, fils de Moïse, fils d'O-
né en 1651, qualifié en 1686:
« maître orphèvre et peintre en émail
et mignature, » et David, fils du dit
Jean, né en 1684, étaient d'habiles ar-
tistes qui présentèrent en 1704 de beaux
ouvrages au conseil, lequel leur fit don-
ner unepetite récompense de douze écus.
Ils demandèrent à la même époque la
permission d'ouvrir une école de des-
sin, et le conseil leur promit de penser
à eux lorsqu'il songerait à en établir une
qui fût publique. Mais il s'écoula plus d'un
siècle avant que ce projet fût réalisé.
\rrhiv. de Genève. — Sord.-t.
7. ANDRÉ François), de Xancy, orfè-
vre, reçu habitant de Genève v. 1626. —
(Jean), député à l'ass. d'Alais, J628 [I.
249],— (Antoine), à Ximes, 1644 [IX,
345 a"1.— (Jean), dit Patlon, régent à Die,
1604 [VL 452 a]. — (Antoine et Jean),
fils d'Antoine de Sumesne en Langue-
doc, cordonniers, reçus habitants de Ge-
nève, le premier v. 1660, le second v.
167*. _ (...), d'Anduze, 1675 [V11L,
464 a]. — (Isaac), fils de feu Jean et de
Suzanne Aloard, de Chastillon en Dau-
phiné, reçu habitant de Genève v. :
— (Jean), des Cévennes avec sa femme et
trois enfants, assistés à Genève, 1681. —
(Etienne), Rouen, 1685 [Vil, 184 M.—
239
ANDRÉ
m)
(Gabriel), déporté, 1687 [X*, 431].— (An-
toinette, fille de Pierre), de Galvisson,
avec son mari Jean Peirin, de S.-Am-
broix, id. 1691. — (Pierre), de Poussan,
réfug. à Yverdun, \%^~l.— André, dit La
Gaillarde et ses deux enfants, réfugiés,
1695-97. — (Pierre), de S.-Ambroix, as-
sisté en passant à Genève pour se ré-
fugier en Allemagne, 1698. — (Moyse),
de Metz, serrurier, sa femme et deux
enfants réfugiés à Berlin. — (....), de
Nîmes, manufacturier avec six compa-
gnons et apprentis, réfugiés à Magde-
bourg. — (Isaac), de Chastillon en Dau-
phiné, cordonnier à Berlin. — (Louis-
Guillaume), cordonnier, sa femme et
deux enfants, à Magdebourg. — (Si-
mon), tailleur, sa femme et trois en-
fants, à Magdebourg. — (Jean), cardeur
de laine, à Spandau. — (Jacques), avec
quatre personnes, à Grambzow. —
(Pierre), de Rivière en Languedoc, pei-
gneur de laine, sa femme et un enfant,
à Magdebourg ; tous en 1698 et 1700. —
(Charles), de Nîmes, reçoit à Genève un
secours pour gagner Magdebourg, 1701.
— ( ), de Gap, famille de trois per-
sonnes assistée en passant à Genève
pour gagner l'Allemagne, 1701. — (Mar-
guerite), de Saumur, 56 ans, et Esther,
sa fille, assistées à Londres, 1705. —
(Jean), de Chastillon en Dauphiné, as-
sisté à Genève, 1709. — (Esther, Char-
les, Françoise), réfugiés et assistés à
Londres, 1721.— (Antoine-), des Céven-
nes, galérien, 1703 [X, 419].— (André),
galérien, 1705 [X, 420|.— (Anthoine), de
Genouilhat, (fils d'André), galérien, ma-
nœuvre, reçu habitant de Genève, 7 oct.
1721. — (Pierre, fils de feu Guill.), de
Nîmes, meunier, reçu habitant de Ge-
nève, 14 mars 1713. — (J.\ galérien,
1705 [X, 423]. —(....), déporté, 1720 [X,
404]. — (Claude), galérien, 1720, Bull.
XV, 303. — (Louis, fils de feu Pierre),
de Sauves en Languedoc, reçu habitant
de Genève le 12 novembre 1725. —
(Jean, fils de Claude), de Livron en
Dauphiné, reçu habitant de Genève le
15 août 1730."— (Pierre, fils d'André),
de S. -Germain en Languedoc, id. 5 avril
1737. — (Louis), de S.-Just, galérien,
1746 [X, 426].
8. ANDRÉ [Haag, I, 96; — X,
433], notable habitant du Pont-de-Mont-
vert , victime des persécutions dans le
Midi. Il avait été obligé de s'enfuir dans
les montagnes, en 1685, pour échap-
per aux terribles convertisseurs du cruel
chevalier de Gène. Poursuivi par les
dragons , traqué dans les forêts com-
me une bête féroce, il eut le malheur
d'être découvert. Il se rendit sans résis-
tance, seulement il refusa de se laisser
enchaîner comme un malfaiteur, protes-
tant qu'il était disposé à suivre le soldat
qui l'avait arrêté. Pendant cette contes-
tation, survint un autre dragon qui y
mit un terme en le frappant mortelle-
ment. Avant d'expirer, le malheureux
André demanda à serrer la main de son
meurtrier, lui donnant l'assurance qu'il
lui pardonnait. Son corps fut traîné sur
la claie, ses biens confisqués, sa femme
et ses enfants, dont le précepteur,
nommé Blanc, fut égorgé, chassés de
leur demeure, et sa maison cédée au fa-
meux abbé du Chaila, archiprêtre de
Mende et inspecteur des missions dans
les Cévennes. Cette maison, alors la
plus apparente du bourg, existe encore
aujourd'hui; on y a établi une auberge.
M. Peyrat, qui l'a visitée récemment,
en fait la description dans son Histoire
des pasteurs du désert : « Elle est si-
tuée, dit-il, à l'extrémité septentrionale
du pont, où le Rioumal tombe dans le
Tarn; elle est isolée, et hormis ses
deux portes au levant et au couchant,
elle n'a point d'ouverture sur la rue, ce
qui lui donne l'aspect sombre d'un cou-
vent; au midi, sa façade regarde sur
une étroite terrasse abaissée de quelques
marches au-dessous du rez-de-chaussée,
mais élevée de plusieurs pieds au-des-
sus du Tarn qui murmure incessamment
dans son large lit obstrué d'énor-
mes cailloux roulés et polis par les gran-
des eaux. Un puits, destiné à l'arrose-
ment de quelques fleurs, est creusé au
milieu de ce parterre, clos d'une haie
vive au couchant. » Le voyageur insou-
ciant qui s'arrête aujourd'hui dans cette
paisible auberge, frissonnerait d'horreur
si quelque nouvelle py thonisse d'Hendor
faisait passer sous ses yeux les scènes
effroyables dont ces lieux ont été té-
moins. « Les prisonniers qui avoient le
malheur de tomber entre les mains de
l'abbé du Chaila, lit-on dans l'Histoire
241
ANDRÉ
842
des troubles des Cévennes , essuyoient
des traitements qui paroitroient in-
croyables , s'ils n'étoient attestés par
tous les habitants de ce pays-là. Tantôt
il leur arrachoit avec des pincettes le
poil de la barbe ou des sourcil* ; tantôt
avec les mêmes pincettes, il leur met-
toit des charbons ardens dans les mains
qu'il fermoit et pressoit ensuite avec
violence, jusqu'à ce que les charbons
fussent éteints ; souvent il leur revêtoit
tous les doigts des deux mains avec du
coton imbibé d'huile ou de graisse, qu'il
allumoit ensuite et faisoit brûler jus-
qu'à ce que les doigts fussent ouverts ou
rongés par la flamme jusques aux os.
Lorsque tous ces différents supplices n'o-
péroient pas selon les vœux de cet abbé,
il faisoit enfermer les détenus dans des
prisons, et les tenoit dans les ceps. C'est
dans cet instrument, inventé pour lasser
la patience la plus à l'épreuve et la con-
stance la plus longue, que cet abbé te-
noit ces malheureux pris par les pieds et
par les jambes, et dans une posture si
gênante, qu'ils ne pouvoient rester ni
assis ni debout, et qu'ils soulTroient les
plus cruels tourments. Entre un grand
nombre d'autres, Pierre Soulier de Rey-
nol, paroisse de S. -Germain, porta jus-
qu'au tombeau les marques de cette
nouvelle espèce de gêne. — L'archiprê-
tre, ajoute M. Peyrat, relâchait pourtant
quelquefois les hommes, mais à prix
d'or; et quelquefois aussi les femmes,
mais au prix de leur vertu. » Pendant
plus de quinze ans, la malheureuse po-
pulation de ces contrées fut dévouée à
tous les genres de torture. L'heure de la
vengeance sonna enfin : l'attaque de la
maison d'André, dans la nuit du 24 au
25 juillet 1702, fut le signal de la guerre
des Gamisards.
9. ANDRÉ, famille languedocienne
qui, réduite, comme tant d'autres, à la
profession commerciale, par son attache-
ment à la Réforme et par la rigueur des
édits qui fermaient aux protestants pres-
que toutes les carrières, s'y livra avec
une persévérance et un succès rares. =
Armes : D'azur à un sautoir ou croix
de S. -André d'or, cantonné de trois mo-
lettes de même, et d'un croissant de
même en pointe.
Antoine André vivait au milieu du
XVI* siècle à Laval, paroisse de Sanilhac
en Vivarais. Il était notaire. On lui con-
naît deux fils, Michel et Jean. Michel
mourut en 1589 laissant quatre fils et
une fille. Deux des petits -fils de Mi-
chel, nommés Jacques et David, mou-
rurent l'un à "Verceil en Piémont, l'au-
tre à Genève. La descendance de Jac-
ques, né en 1G22, s'était définitivement
établie à Genève vers l'époque de la
révocation de l'édit de Nantes, car qua-
tre des six enfants qu'il avait moururent
dans cette ville (de 1709 à 1738). Son fils
aîné, Jean, né en 1651, mort en 1737,
épousa Louise Vazeille, dont il eut douze
enfants. L'aîné, Guillaume, né en 1685,
épousa en 1715 Marie, fille de Jacques
Privât, de Nîmes, qui lui donna six fils
et cinq filles, dont quatre furent mariées
à Genève : Marie (1716-1773), femme de
François de La Rive ; Louise (171 9-1793),
femme, en 1750, du pasteur Daniel de
Rochemont ; Jeanne (1720-1 786), femme
de Jean-Louis Lamande; Isabelle (1731-
1758), femme, en 1752, du professeur
Louis Necker, seigneur deGermagny.Un
frère de ces quatre dames, Antoine An-
dré, né en 1717, s'établit à Southampton,
puis à Londres, où il mourut en 1769;
il avait épousé Marie-Louise Girardot.
L'aîné de ses fils, Jean André, né à Lon-
dres en 1750, acquit une place, au prix
de sa vie, dans l'histoire de la guerre de
l'Angleterre contre les Etats-Unis d'A-
mérique. Nous laissons ici la parole aux
biographes anglais : « Jean avait com-
mencé sa carrière par le commerce, mais
plein du désir d'embrasser la vie de sol-
dat. Une déception de cœur raviva ses
premières velléités et il entra dans l'ar-
mée. En 1780, il était en Amérique et
servait comme adjudant général sous les
ordres de sir Henry Clinton. Un des gé-
néraux américains, Arnold, ayant résolu
de faire sa soumission au gouvernement
anglais, le major André fut désigné pour
conclure la négociation avec lui. Le gé-
néral Arnold gagna en toute sûreté les
lignes britanniques; mais André fut dé-
couvert et, comme il avait pris un dégui-
sement, il fut traité comme espion et
pendu. Il n'avait pas encore trente ans.
Sa mort causa une explosion de douleur
en Angleterre. On lui éleva un monu-
ment funéraire dans l'église de "West-
213
ANDRE — AXDRIEF
214
minsteren 1781, et le roi George 111 ac-
corda en môme temps le titre de baronnet
à Guillaume-Louis André, jeune frère du
défunt. Ce dernier, né en 1760, mourut
sans héritier, à Londres, en 1802. Qua-
rante ans plus tard, la reconnaissance
britannique pour le dévouement du jeune
officier n'était pas refroidie, car ce fut
alors (nov. 1821) que, sur les ordres du
roi Georges IV et par les soins du con-
sul anglais de New-York, on rapporta
d'Amérique, pour les déposer dans le
monument de Westminster, les restes
de Jean André. Sa famille, quoique de-
venue bien anglaise, n'avait nullement
oublié son origine, car on trouve, dans
la seconde moitié du XVIIIe siècle et
jusqu'au milieu du XIXe, sept de ses
membres investis des fonctions de di-
recteur de l'hospice des pauvres pro-
testants français réfugiés à Londres.
Ce sont : David, frère d'Antoine, 1756;
David junior, fils du précédent, en
1782; Jean-Louis, autre frère d'An-
toine, en 1786 et 1809; sir William-
Lewis, leur neveu, en 1793; Jacques-
Pierre, fils de Jean-Louis, en 1814 ; enfin
un second Jacques-Pierre, fils du pré-
cédent, en 1846. Guillaume André,
cinquième et dernier frère d'Antoine
(1732-1814), eut pour femme Marianne
de Félice, et vécut à Naples, où demeu-
rèrent ses descendants.
Cette branche abondante établie sur-
tout en Angleterre provenait tout en-
tière de Guillaume, l'aîné des douze en-
fants de Jean André (1651-1737) et de
Louise Vazeille ; la plupart des autres
moururent très-jeunes, excepté Jean, né
en 1689, mort à Genève en 1764, Marie,
née en 1693, épouse de Jérôme David et
qui n'eut qu'une fille dont la descen-
dance existe dans les familles Hagermann
et de Bussierre; Jean-Louis, né en 1700,
mort à Nîmes en 1765; enfin Jacques,
auteur d'une branche nouvelle non moins
considérable que celle de son frère aîné.
Jacques, onzième enfant de Jean et
de LouiseVazeille, naquit en 1699 et mou-
rut à Nîmes en 1775. Il épousa Suzanne
Audibert (morte en 1742) et il eut aussi
douze enfants. Le troisième, Jean-Jac-
ques, ne laissa que des filles, dont l'aînée,
Anne, épousa en 1782 Jean Pieyre, de-
puis préfet et baron de l'Empire, lequel
appartenait à la famille Pieyre ou Le
Pieyre des environs de Valleraugue, qui
fournit du temps de Jeanne d'Albret un
des défenseurs de Navarreins et vers la
fin du dernier siècle un poète dramati-
que [Haag, VIII, 241]. Le sixième, Jean,
né en 1 734, fut guillotiné à Nîmes en 1 793.
Il laissa de Marguerite de Villas sa
femme, une fille mariée à Jean Bonioux
et un fils, Dominique (1766-1844) qui de
Nîmes, de Lyon et de Gènes où sa fa-
mille avait depuis longtemps formé di-
vers établissements de banque, se trans-
porta à Paris. Il y fut l'un des membres
du Consistoire central lors de la réorga-
nisation de l'Eglise réformée de France.
Quelques mois avant l'exécution révolu-
tionnaire subie par son père, il avait
épousé Marie (ou Mira) Rivet dont il
eut trois fils : Marie- Jean (20 déc. 1793-
1850), Louis et Ernest ; le premier, re-
ceveur général des finances, épousa en
1825 Henriette, fille de Frédéric Wal-
ther, général et comte de l'Empire; le
second, manufacturier, épousa en 1836
Blanche, fille de J.-A.-A. Poupart, ba-
ron de Neuflize, et le troisième (1803-
1863), banquier, membre du consistoire
de Paris et député au Corps législatif,
épousa en 1832, Louise-Mathilde Got-
iier. Du premier mariage est né M. Al-
fred André, banquier, membre du con-
sistoire de l'Eglise réformée de Paris,
député de la Seine à l'Assemblée natio-
nale de 1871, et du dernier M. Edouard
André, officier de cavalerie, ancien dé-
puté du Gard.
Smiles, The Huguenots, 496. - Agnew, Protestant
exiles, II, Ma. — M. Ern. André, par E. Jourdan de
Hertz; Paris, 1804, )>r. in-8°.
ANDRÉ (Françoise d1), 1674 [III,
108]. — (Théophile d'), assisté à Lon-
dres, 1705.
ANDRED1EU (d'), voy. Chavagnac.
ANDREHON, ministre de Lambesc,
1685 [V, 337 a].
ANDREIN (Arnauld d'), « natif du
pais de Béarn, » étudiant à Genève,
4559.
ANDRETTE (Marguerite), de Mont-
pellier, assistée à Genève pour gagner la
Hollande, 1692. — (Jeanne), d'Aiguesvi-
ves, assistée à Genève en allant joindre
son père en Angleterre, 1700.
1. ANDRIEU (Gaspard). deMison en
24i
AXDPJEU — AXDROUET
2ifi
Dauphiné, reçu habitant de Genève,
16 oct. 157-2. — (Jacques \ Normandie,
1675 [VI, 545 a].— (JeanK sieur du Lonsr,
refus, en Angleterre v. 1G84 [IX, 452 b].
— ànêrimt, à Montagnac, 1698 [VIII,
456 al. — Andrieu, assisté en Anale-
terre," 1701 [VII, 50 a]. — (François,
Louis et Guillaume), naturalisés anglais
en 1087 et IV00 [Aenew I, 44, B5]. —
(Pierre), fils de feu Jean, de Cajare en
Quercy, chirurgien, réfusié à Genève
v. 1719.
2. AXDR1EU (Charles), pasteur àTu-
renne. en KV20. Il publia à Bergerac en
1611, in-8°, une réfutation du « Catho-
lique anti-calviniste « d'Alex. Regourd,
ouvrage qui parait avoir eu de son temps
quelque réputation, si l'on en juge par
le titre qu'il donna à sa réfutation : la
Défaite de Goliath. On cite encore de
lui un Colloque ainical imprimé dans
la même ville [Haag I. 97: X.
ANDRIEU (IaAAfl n'), seigneur d'en
Cabos, épouse à Castres, 12 juin 10C0,
Marguerite fille d'Antoine d'Alric, de
Revel. ^Pradel.)
ANDRÎEUX, pasteur'à Poitiers. 1561
(BuIl.XW Etienne), fondeur
et fileur, réfusié à Halberstadt. 17
AXDRIXET (Claude, George? et Hr-
quet), massacrés à Lourmarir
470].
AXDRION (Sara). V. 1650 [VII.
557 a]. — (Jean), d'Orpière, assisté à
Genève, 1706.
ANDflOIS Jacqi :- ', smgneur de
Marguerite? [Haag I, 97 1, le plus ancien
des conseillers au présidial de Ximes,
en l'année 1507, c'est-à-dire à l'époque
du funeste massacre commis dans cette
ville par les protestants et connu sous
le nom de la Michelade (Voir Vital
<7'Albe.\as). Impliqué à tort ou à raison
dans cette affaire déplorable, il fut ar-
rêté et conduit à Toulouse sous bonne
escorte. Un arrêt du -26 avril 1569 le
condamna à mort, et le jour même, il
fut exécuté. Traîné, la corde au cou, sur
une claie à la queue d'un cheval, à tra-
vers toutes les rues de Toulouse, il eut
la tète tranchée sur la place S. -George,
et son corps fut mis en quartier-, B
tête portée à Ximes fut exposée sur une
des portes de la ville. Tous ses biens
Turent confisqués. Ce fut peut-être dans
l'espoir d'une restitution qu'un de se?
parents , Louis Andron , seigneur de
Marguerites, et contrôleur du domaine
de la sénéchaussée, consentit à trahir
son parti et sa religion, en entrant,
en 1 575, dans une conspiration qui avait
pour but de livrer Ximes aux catholi-
ques, mais qui échoua.
1. AXDROUET DU CERCEAU Mac
architecte et surtout graveur ha-
bile [Haag I. 97], tige d'une dynastie
d'artistes de son nom.
Pour lui. il semble qu'il fut le fils d'un
cabaretier de Paris, qui avait un cer-
ceau d'or pour enseigne. Son contempo-
rain La Croix du Maine parle de lui dans
sa Bibliot h. française, en 1584, époque
où l'artiste vivait encore et dit : a Jacq.
Androuet, parisien, surnommé Du Cer-
ceau qui est à dire cercle, lequel nom il
a retenu pour avoir un cerceau pendu à
sa maison pour la remarquer et y servir
d'enseigne, ce que je dis en passant
pour ceux qui ignoreraient la cause de ce
surnom. » Ce qui n'empêche pas qu'on
ne trouve dans plusieurs actes ses des-
cendants qualifiés de sieurs du Cerceau.
On croit Jacques Androuet né vers 1515
et mort vers 1585, mais sans rien savoir
de plus précis à cet égard et sans rien
connaître des particularités de sa vie, si
ce n'est qu'il était fidèle et zélé hugue-
not. Ses premiers ouvrages de gravure
furent une carte du pays manceau pu-
bliée au Mans en 1539 et un recueil,
gravé, d'arcs de triomphe imprimé à
Orléans en 1519. Dans son livre des
« plus excellents bastimens de France, »
il parle des travaux d'architecture qu'il
avait exécutés au château de Montargis.
il rappelle les conversations qu'il eut
sur ce sujet, à Montartris même, avec
le roi, et un auteur du même temps lui
attribue la construction du chœur de
l'église de Montargis 'Guill. Morin. Hist.
gêner . des pays de Gastinois, Senonois
et Hure-pois; Paris, 1636), Il était donc
architecte et il faut bien qu'il ait paru
grand architecte à quelques-uns puis-
qu'un étranger, Jean Vredemann, dans
son Architectura imprimée à Anvers
en 1577. mentionne simultanément:
« Le très renommé Vitruvius , Sebas-
tiaen Serlio et l'expert Jacobus An-
drouetius Cerseau. r> Cependant il est
247
ANDROUET
248
manifeste que l'exécution de ses gra-
vures extrêmement nombreuses et des
livres qui les renferment, ont été la
grande occupation de sa vie. Yoici la
liste de ses ouvrages ; sans tenir compte
des planches qu'il a gravées en dehors
et dont le catalogue est encore à rédiger :
I. Carte pour la Description de tout
le pays et comté du Maine par Macé
Ogier, prêtre; Le Mans, 1539. 11 y aurait
des éditions de la carte datées du Mans,
1565, de Tours et de Paris ; et cependant
cet ouvrage serait perdu.
II. Recueil de vingt-cinq arcs de
triomphe; Orléans, 1549; 25 planches
in-fol. sans titre, mais avec une suscrip-
tion gravée : « Jacobus Androuetius
du Cerceau lectoribus salutem. En vobis
candidi lectores et architectural studiosi
quinque et viginti exempla arcuum, par-
tim a me inventa, partim ex veterum
desumpta monumentis, etc.
III. Recueil de fragments antiques,
d'après Léonard Thierry (ou Thiry), mort
récemment à Anvers ; douze planches
sans titre, mais avec un frontispice gravé
contenant une épître latine au lecteur ;
Orléans, 1550, in-fol.
IV. Recueil de temples, bâtis à la
manière antique à Rome et ailleurs, re-
produits en geometral et en perspective.
Pas de titre ; mais une épître latine au lec-
teur gravée en tête; Orléans, 1550, in-fol.
V. Liber de eo picturse génère quod
Grottesche vocant Itali. Orléans, 1550,
in-4°; réimprimé, augmenté et publié de
nouveau à Paris en 1562 et par Wechel
(Paris), 1566. (Deux feuilles de texte et
35 pi. contenant 60 sujets.) « Délicieuse
collection d'arabesques qui décèle une
originalité ainsi qu'une*facilité d'inven-
tion extraordinaires. » (Berty.)
VI. Livre de perspective ou Vues de
ruines antiques, inscrites dans des cer-
cles. Avec une épître latine au lecteur.
Orléans, 1551 ; 20 pi.; pas de titre.
VII. Livre d'Architecture, contenant
les plans et dessaings de 50 bastimens
tous différens pour instruire ceux qui
désirent bastir, soient de petit, moyen
ou grand estât; avec déclaration des
membres et commoditez et nombre des
toises que contient chacun bastiment,
dont l'élévation des faces est figurée sur
chacun plan. Paris, Benoist-Prevost,
1559, in-fol. 50 pi. L'ouvrage est dédié
au roi (Henri H) auquel l'auteur dit :
« Sire, J'ay autres-foys receu tant de
faveur de Vostre Majesté qu'elle a bien
voulu employer quelques heures de
temps à veoir et contempler aucuns pe-
tits plans et pourtraictz de bastimens de
temples et logis domestiques par moy
desseignés et imprimés, es quels elle
receut (comme me sembla) plaisir et
délectation. Qui fut cause que dès lors
je proposay d'en composer quelques
autres... chose que je n'ay peu exécuter
si promptement qu'avoys la volonté....
Qui sera pour enrichir et embellir de
plus en plus cestuy vostre si florissant
royaume : le quel de jour en jour on
voyt augmenter de tant beaux et somp-
tueux édifices que doresnavant vos sub-
jectz n'auront occasion de voyager en
estrange pais pour en veoir de mieux
composez. Et d'avantage V. M. prenant
plaisir et délectation mesmes à l'entre-
tenement de si excellens ouvriers de
vostre nation, il ne sera plus besoin
avoir recours aux estrangiers. »
VIII. Jacobi Androuetii de Cerceau
liber novus amplectens multas et varias
omnis ordinis, tam antiquorum quam
modernorum, fabricas ; jam recens sedi-
tus, anno MDLX; 26 pi. in-fol. faisant
suite au recueil de 1559.
IX. Livre d'architecture contenant
plusieurs et diverses ordonnances de
cheminées, lucarnes, portes, fontaines,
puis et pavillons, pour enrichir tant le
dedans que le dehors de tous édifices, avec
les desseins de dix sépultures toutes dif-
férentes. Paris, André Wechel, 1561,
in-fol., deux feuilles de textes et 62 pi.
Cet ouvrage, dédié à Charles IX, est
considéré comme le second tome de ce-
lui de 1559. Il en parut en même temps
ou du moins sous la même date de
1561, un texte latin : De architectura
opus alterum quo complures et variée
describuntur rationes ad imas camino-
rum partes circa focum decorandas, ad
fenestras e tectis prominentes quas
Galli lucarnas vocant... etc. Ce second
livre d'architecture contient 20 figures
de cheminées, 12 de lucarnes, 14 de
portes, 6 de fontaines, 6 de puits, 6 de
pavillons de jardin et 10 de tombeaux.
X. Leçons de perspective positive;
249
ANDROUET
250
Paris, Mamert Pâtisson, 1576, petit
in-fol. avec préface, 12 pages de texte
explicatif et 60 pi.
XI. Le premier volume des plus
excellens bastimens de France, auquel
sont designpz les plans de quinze bas-
timens et de leur contenu : ensemble les
élévations et singularitez d'un chascun.
Paris, 1576, in-fol., dédié à la reine Ca-
therine de Médicis. Ces excellents bâ-
timents sont les châteaux royaux du
Louvre, de Vincennes, Chambord, Bou-
logne (ou Madrid), Creil, Coucy, Folem-
bray (près Chauny), Montargis, S.-Ger-
main-en-Laye et La Muette; plus les
châteaux particuliers de Yallery (près
Fontainebleau), Verneuil (près Senlis\
Ancy-le-Franc, Gaillon et de Manne
(près Ancy-le-Franc).
XII. Le second volume des plus
excellens bastimens de France auquel
sont désignez, etc. Paris, Gilles Beys,
1579, in-fol. Ce volume contient les
plans et dessins de huit maisons royales :
Blois, Amboyse, Fontainebleau, Vil-
liers-Coste-Rets, Charleval, les Thuille-
ries, Sainct-Maur, Chenonceau; et sept
maisons particulières : Chantilly, Anet,
Escouan, Dampierre, Challuau, Beaure-
gard, Bury. On fit une seconde édition
des deux parties de l'ouvrage en 1607
et une troisième en 1648. Il offre un in-
térêt archéologique des plus vifs, car
presque tous les monuments qu'il re-
présente sont aujourd'hui mutilés sinon
détruits.
XIII. Livre d'architecture de Jacques
Androuet du Cerceau auquel sont conte-
nues diverses ordonnances de plants
et élévations de bastiments pour sei-
gneurs, gentilshommes et autres qui vou-
dront bastir aux champs, etc. Paris,
in-fol. (Troisième suite de VII et IX.)
XIV. Livre des édifices antiques ro-
mains contenant les ordonnances et
desseings des plus signalez et princi-
paux bastimens qui se trouvoient à
Rome du temps qu'elle estoit dans sa
plus grande fleur. 1584, in-fol.; 63 pi.
Ce dernier ouvrage ne porte pas d'in-
dication de lieu et il est dédié à Jacques
de Savoie, duc de Nemours, qui s'était
retiré depuis plusieurs années à Annecy.
Androuet lui parle, dans cette dédicace,
en serviteur qui faisait partie de sa mai-
son et passait auprès de lui o ses vieux
ans. » On s'étonnera peut-être d'un tel
patronage, mais on doit se souvenir que
le duc avait épousé (1566) la fille de
Renée de France, Anne d'Esté, après
l'assassinat du duc de Guise son pre-
mier mari, et Du Cerceau, excellent et
comme artiste et comme huguenot, de-
vait nécessairement avoir été un pro-
tégé de la duchesse de Ferrare dans sa
résidence de Montargis. Or le duc étant
mort à Annecy en 1585, on suppose
que le commensal, alors septuagénaire,
précéda ou suivit de près son maître
dans la tombe, et que son dernier ou-
vrage n'accuse point de lieu d'impres-
sion, parce que ce lieu pourrait bien être
la cité de Calvin.
2. Baptiste Androuet du Cerceau
était fils de Jacques. Il était encore
jeune en 1575, époque où il apparaît
dans un passage des << Mémoires du
duc de Nevers « ainsi conçu : « Finale-
ment il (Henri III) institua une garde
nouvelle, que l'on appeloit les 45 gen-
tilshommes ordinaires, parce qu'ils le
suivoient toute l'année, en tous lieux où
S. M. alloit, desquels il n'en prist un
seul qui fust huguenot, témoignage très
suffisant de l'intérieur de ce prince. Le-
quel on ne sçauroit contredire sinon que
pour un certain petit architecte, nommé
Du Cerceau, que par faute d'autre il prit
à son service en l'année 1575, lorsque
S. M. estoit en si grande affection de
faire bastir une maison de plaisance au-
tour de Paris, pource que ce petit homme
pourtrait fort bien et mieux qu'homme
de France, et estoit diligent, actif et
soigneux aux commandements qui lui
estoient faicts. Et aussi que S. M. estoit
contrainte de se servir d'un peintre qui
souloit faire des inventions pour des
mascarades et tournois, nommé De Ma-
gny, lequel tant pour son âge qu'aussi
pour ne se connoitre guère au fait de
l'architecture, et avoit la main dure pour
en dresser pourtraits, ne pouvoit satis-
faire au gré de S. M. et estoit contrainct
de faire travailler sous luy ledict Du
Cerceau, qui estoit un jeune garçon, fils
de Du Cerceau bourgeois de Montargis,
lequel a esté des plus grands architectes
de nostre France. Et par ce moyen il
fut introduit au service de 6. M. sans
âol-
ANDROUET
252
quelle lereeonneust pour huguenot. Le-
dit Du Cerceau a bien fait pénitence en
sa charge, ayant fait plus de pourtraits
de monastères, églises, chapelles, ora-
toires et autels pour dire la messe que
jamais architecte en France en ait fait
en cinquante ans, et de fait il ne bou-
geoit ordinairement d'avec les Capucins,
Minimes, Feuillans, Jésuites et autres
religieux et prestres avec lesquels S. M.
lu y avoit commandé de conférer pour
dresser les bastiments et églises à leur
commodité. »
Mais bientôt Baptiste Androuet s'é-
leva aux suprêmes honneurs de l'art
qu'il avait appris à l'école paternelle.
Au printemps do 1578 il fut chargé de
commencer la construction du Pont-
Neuf de Paris et vers la fin de la même
année, il eut la haute fortune de rem-
placer Pierre Lescot, récemment dé-
cédé, dans la direction des travaux du
Louvre. On le trouve énoncé dans une
pièce de l'an 1586 comme étant : « no-
ble homme Baptiste Androuet, sieur du
Serseau, Conseiller du Roy, architecte
ordinaire dudit seigneur et commis par
lui pour ordonner de tous les ouvrages
des bastimens et édifices de S. M. et
despense qui' y convient de faire. »
Cependant, le roi fut contraint par les
réclamations des catholiques de congé-
dier u cet homme excellent et singulier
dans son art, » comme L'Es toile l'ap-
pelle ; lequel ajoute qu'au mois de décem-
bre 1585 l'habile architecte se retira, ai-
mant mieux « quitter ses biens que re-
tourner à la messe et abandonnant sa
maison qu'il avoit nouvellement bastie
avec grand artifice et plaisir au com-
mencement du Pré-aux-Clercs *. » 11
avait épousé Marie Ragnidier dont il
eut plusieurs enfants, et mourut en 1002.
3. En 1576 figurait parmi les secré-
taires employés dans la maison du duc
d'Anjou un Jacques Endrouet. C'est un
frère de Baptiste et a l'époque où ce
dernier cessa de vivre, Jacques acheta
la maison du Pré-aux-Clercs; il porte,
sur l'acte, les titres de contrôleur et
architecte des bâtiments du roi. On peut
donc, uvec vraisemblance, lui attribuer
« Cette maison était sur l'emplacement occupe au-
jourd'hui par les bâtiments de lu rue Bonaparte, entre
le» rue» Jacob et des Murais (Visconlii.
l'ouvrage suivant : Plans et dessins de
Chantilly, comme étoient le château et
parc en 1592, suivant les dessins levés et
faits par Androuet du Cerceau, archi-
tecte du Roi; in-fol. dédié par le libraire
Langlois au prince de Condé. (Biblioth.
Mazarine.)
Le registre du cimetière de la rue des
Sts-Pères porte que : « Le 17ejourde sep-
temb. 1614, deffunct Jacques Androuet
du Cerceau, architecte des bastimens du
roy, estant de la vrayo religion, a esté
enterré... par le fossoyeur du d. cime-
tière, où le corps a esté accompagné par
de ses amis et archers du guet. » La
part de ce Jacques dans la gloire de sa
famille est d'avoir construit la seconde
partie de la grande galerie du Louvre,
dont il reçut la charge au mois de mars
15'J5 et qui fut achevée vers 1609. Il
avait épousé Marie de M alapert qui lui
donna au moins trois enfants : 1° Anne,
mariée en avril 163 i à Jean d'Ensquer-
que, secrétaire d'ambassade des Etats-
Généraux; 2° Marie (1610-1650), mariée
en 1627 à Elie Bédé, sieur des Fouge-
rais, régent de la faculté de médecine;
3° Gaspard, officier au service de Hol-
lande, marié au temple de Charenton,
18 janv. 1638, avec Anne, fille de feu
Moise Carré , médecin du roi [VIII ,
•21)5 a].
■i. Jean Androuet. Les enfants de
Baptiste Androuet et de Marie Ragni-
dier étaient encore mineurs en 161)2.
L'un d'eux, nommé Jean, fut appelé par
ordre du roi, le 30 septemb. 1617, à la
place d'architecte de S. M. en remplace-
ment d'Ant. Mestivier, décédé. Ce fut
Jean qui, associé à deux autres artistes,
entreprit en 1639 la reconstruction du
Pont-au-Change ; ce fut aussi lui qui
construisit à Paris les hôtels de Breton'
villiers, de Bellegarde et, de 1624 à
1630, l'hôtel de Sully, qui subsiste en-
core (rue S.-Antoine, n° 143). On le
trouve cité dans divers actes jusqu'en
1649 ; mais on n'a aucun autre rensei-
gnement à son égard.
5. Chakles Androuet se trouve in-
scrit dans la maison du duc d'Anjou, à
la date de 1580, comme « vallet de
garderoljbe. » 11 est probable, que c'est
un troisième fils de Jacques Androuet i
et un frère de Baptise et de Jacques II.
t>o3
AXDROUET
AXE AU
2oi
(i. Un quatrième lils do Jacques I pa-
rait être .Moïse Androuet, commissaire
ordinaire de l'artillerie, à qui sa femme,
Madeleine de Court il ou Du Courty,
donna entre autres enfants : 1° Jean, né
à Verneuil-sur-Oise, architecte, enterré
au cimetière des SS. -Pères le 26 septem-
bre 1644, à l'âge de 21 ans , -,'" Jacques,
sieur des Bardillières, orfèvre, qui épousa,
à Charenton, août 1661 , Marie, fille de
Paul Bèliard et de Jeanne Collet, dont
il eut : Jacques, baptisé le 24 sept. 1662 ;
Marie, enterrée le 1er juin 1665; Fran-
çois, baptisé le 21 fév. 1666. Les regis-
tres de l'église de Bois-le-Roi, près Fon-
tainebleau, donnent à ce dernier quatre
enfants : François, Anne-Marie. V
et Baptiste, les trois premiers morts en
bas ùge. Il est qualifié : Receveur et
bourgeois de Paris.
7. Pale Androuet du Cerceau, que
nous ne savons à quelle branche ratta-
cher, florissait à Paris, comme graveur,
en 1660. On lui attribue divers recueils
d'ornements publiés par Poilly. Le cata-
logue du cabinet Reynard (184647) cite
de lui : lu Frises propres pour les pein-
tres, sculpteurs, orfèvres, etc. nouvel-
lement inventées et gravées par P. -A. Du-
cerceau; Pans, J. Mariette, six pièces;
— 2° Ornement à la mode, inv. et grav.
par Ducerceau; Paris, X. Langlois,
six pièces et au bas du n° ï : peint par
Le Sueur, grave par Ducerceau ; —
3° Montants d'ornements ; Paris, X. Lan-
glois, six pièces; — 4° Nouveau livre
d'ornements d'orfèvrerie, fait par Du-
cerceau ; Paris, X. Langlois. six p
— - 5° Ornements des appartenu n S. s d> la
reine au vieux Louvre, par le sieur
Errard , gravé par P.-A. Ducei
Paris, Langlois ; six pièces.
On trouve encore cités dans les a
8. Etienne, inhumé le -23 janvier 1616.
9. Anne, femme de Jean des Mazis,
sieur de Tilly, inhumée le 28 avril 1666.
10. Paul, horloger à Paris, lequel ab-
jura en 1685 (Bibi. nat. niss fr. 791, 3),
mais dont l'exemple ne fut pas suivi par
sa femme qui fut enfermée dans un
couvent en 108C(.i>r/i. E. 3372) où on la
détenait encore en 1687 bien qu'elle fit
valoir son origine hollandaise (E, 3373; ;
non plus que par une demoiselle An-
drouet du Cerceau qui réussit à p
dans les pays étrangers en 1686 [Arch.
Tt, 252).
1 1. Jean, connu par un a traité d asso-
ciation entre deux peintres doreurs ,
François Comberoure, de La Crose en
Yivarais, et Jean Ducerceau, deParis » ;
1689. (Genève ;minut. de J. Fornet.not.;
1 2. Jacques Androuet du Cerceau (dif-
férent de Jacques n° 3, , architecte du
roi, parrain à Charenton en 1627 et 1638
JV1I1, 295 a].
13. Jacques et sa descendance, qui
rentrèrent dans le catholicisme. Jac-
ques Androuet du Cerceau, natif de
Verneuil-sur-Oise, commis aux gabelles,
fut enterré, 25 avril 1689, en l'église
S.-Séverin à Paris. 11 laissa entre au-
tres enfants un fils, Paul, dessinateur,
qui épousa Marie Chevrol en fév. 1691
et mourut en 1710 laissant entre autres
lils : Guillaume -Gabriel qui prenait
alors le titre de : Dessinateur pour le
Roy. » C'est peut-être à cette branche
qu'appartient le père jésuite, Jean-An-
toine du Cerceau (1670-1 730 , qui s'acquit
une certaine célébrité dans la poésie la-
tine et française (Voy, Biogr. Didot,.
Adolphe Berly, dans; |« Uvll.\, 3:13; 2* les yraadl
.Ircliitectes franc, de la Renalisanee , Paris, «800,
in-IJ; 3* Topographie Itistor. du vieux Paris; 1888,
in-i , t. Il, (•. 83-90. Pour les œuvres parée* »'es An-
drouets, voir la li>t.' irès-abondante dressée par Brunet,
Mun. du Libraire. — Voir aussi, dans le D ut io nu. cri-
tique de Jal, l'article Cuceu , curieux pour ses erreurs.
AXDROULV, La Rochelle, 1681
,V1I, 417 b, note 1].
Amiuzk, voy. Airebaudouze.
AN EAU ou 1. Al. XE AL (Darptho-
, qui latinisait son nom en Anulus,
latin et français, né à Bourges au
commencement du XVIe siècle, et mas-
sacré à Lyon comme protestant, au
mois de juin 1561 LUaag I, 101].
Aneau étudia à Bourges sous le ce*
Melchior "Wolmar , et fut sans
doute le condisciple d'Amyot, de Bèze
et de Calvin. Ses progrès dans les lan-
gues grecque et latine répondirent aux
soins de l'habile maître qui le dirigea
dans ses études. Wolmar avait, selon
de Thou, un merveilleux talent pour
instruire la jeunesse, — et un plus mer-
veilleux talent encore, ajoute le P. Co-
lonia, pour l'empoisonner en l'instrui-
sant. Aneau cependant, ne parait pas
avoir jamais fait profession ouverte du
protestantisme , et nous n'avons rien
255
ANEAU — ANGE
256
remarqué, non plus, dans ses ouvrages
qui sentît nettement l'hérésie. En 1529,
les échevins de la ville de Lyon l'appe-
lèrent de Bourges pour lui confier la
chaire de rhétorique dans le collège de
la Trinité qu'ils venaient de fonder. Il
accepta cette place et s'acquitta de ses
devoirs avec autant de zèle quedetalent.
Après dix années d'exercice comme
régent, il fut chargé par le consulat de
la ville de l'administration supérieure
du collège. Il s'en acquitta jusqu'en 1550,
époque à laquelle il donna volontaire-
ment sa démission. Mais en 1558, il
reprit ses fonctions. A cet effet, un con-
trat fut signé (29 sept.) pour quatre ans.
Remise lui fat faite des bâtiments du
collège, avec les meubles et les usten-
siles qui le garnissaient, et le consulat
s'engagea à lui compter une somme de
400 livres chaque année, indépendam-
ment de 15 livres par an pour trois mes-
ses basses qu'il devait faire célébrer
chaque semaine. Une clause du con-
trat l'obligeait à n'admettre aucun ré-
gent qu'il n'eût au préalable présenté au
consulat qui se réservait de l'interroger
pour juger s'il était capable et de bonnes
mœurs. Et, en outre, il lui était expres-
sément enjoint de ne permettre « estre
leu ni enseigné au dict collège aulcune
doctrine, ni livres défendus ou censu-
rez, contre l'honneur, auctorité et dé-
fense de nostre mère sainte Eglise, et
souffrir au dict collège estre tenu pro-
pos, ni dogmatisant ni enseignant maul-
vaise doctrine en particulier ni en gé-
néral. » Cette clause fut-elle fidèlement
observée? On l'ignore; toujours est-il
que le collège de la Trinité vit renaître
son ancienne prospérité, ce qui permit
à Aneau de faire un mariage avanta-
geux. Mais il ne devait pas jouir long-
temps du fruit de ses peines. Rubys(Hist.
véritable de Lyon), rapporte qu'au mois
de juin 1561, un orfèvre de la religion
nommé Denis de Valois ayant accosté
le prêtre qui portait le saint-sacrement
dans une procession, le lui arracha des
mains, jeta l'hostie à terre et la foula
aux pieds. Ce malheureux fanatique fut
livré à la justice, et exécuté le jour
même. Le peuple se porta ensuite en
foule au collège qu'on lui désignait
comme le foyer de l'hérésie. L'infortuné
Aneau se présente, il cherche à désar-
mer ses meurtriers, mais en vain; il est
massacré sans pitié. Il est présumable
qu' Aneau ne fut pas la seule victime.
Bayle rapporte que François Junius
étant alors à Lyon où il recevait des le-
çons de Barthélémy Aneau, faillit périr
aussi dans le tumulte. Quant à la femme
d' Aneau, le prévôt lui sauva la vie en
la faisant emprisonner. Le P. de Saint-
Aubin, le P. Dorigny, Guadin, Severt,
Le Laboureur confirment le récit de
Rubys. Au rapport de ce même histo-
rien, Aneau « sentoit mal de la foy : c'es-
toit lui qui avoit semé l'hérésie à Lyon;
il avoit corrompu et gasté plusieurs
jeunes hommes de bonnes maisons de
Lyon qui furent les chefz de la révolte
de la ville, et avoient tous esté ses dis-
ciples ; il les avoit desvoyez de la reli-
gion de leurs pères. »> Cependant, il ne fit
aucun acte d'adhésion à la Réforme,
et quelques semaines après sa mort
tragique, le 2 août 1561, l'abbaye de
S.-Pierre de Lyon reçut une donation
signée : « Claudine Dumas, veuve de
Me Barthélémy l'Agneau, en son vivant
principal du collège de Lyon, a Le parti
catholique de Lyon semble avoir exagéré
les insinuations dirigées contre le mal-
heureux pédagogue pour atténuer le
crime populaire dont il fut victime. Ses
ouvrages, au nombre d'une quinzaine,
la plupart en vers français (Chant natal
ou noëls et chansons, 1539; — Lyon
marchant, ou comparaison de Lyon,
Paris, Rouen, etc. ; — E?nblèmes d' Ai-
dât; — Description des animaux; —
Picta poesis, 1552, etc.), annoncent un
esprit littéraire avant tout, et sans cou-
leur religieuse.
ANER1N (Pierre) et sa femme , de
Lourmarin, assistés en passant à Ge-
nève, 1697.
ANET (Anne d'), Normandie, v. 1600
[II, 512 b].
ANFRAY (Marin), de Rouen, reçu
habitant de Genève, 17 août 1556.
ANGAIS (Rachel d'), de Berenx,
veuve du Sr de Lagarde , ministre à Mo-
nein, 1677 (Arch. B.-Pyr. E, 1576).
Anoalin, voy. Astugue.
ANGE (Guillaume d'), d'Uzôs, mar-
chand, sa femme, trois enfants et une ser-
vante, réfugiés au Werder (Berlin), 1698.
257
ANGEBRAS
ANGENNES
2o8
ANGEBRAS, pasteur, 1654 {Bull.
X, 48).
AXGELI ou ANGELY , capitaine,
1573 [IV, 482 a]. — (Xoël), ministre à
Maringues, 1637 [X, 344]. — (Isaac),
d'Uzès, orfèvre, réfugié à Berlin, 1685
(111, 512 b). — (François), de Montpel-
lier, horloger, reçu habitant de Genève.
14 nov. 1681. — (Louis), d'Uzès, étudiant
à Genève. 1685. — (Louis-, « d'une
bonne famille du Vigan, » réfugié et as-
sisté àGenève, 1700. — (Jean), d'Uzès,
orfèvre, réfugié à Berlin, 1700. — (la
veuve) enceinte etayant déjà un enfant,
réfugiée et assistée à Genève, 1690. —
(Pierre , de Lyon, et son fils assistés en
passant par Genève pour se réfugier à
Berne, 1701.— (David), chantre de l'église
française de Magdebourg, auteur d'une
Jïistoire de la ville de Magdebourg ( !
voy. X Intermédiaire, 1874, col. 429.
AXGELIER (Jacq.) et sa femme, na-
turalisés anglais. — (Marc et Michel).
id. : tous en mars 1 1
AXGELIX (Léonard), « pignier, na-
tif de Larbey '?), en Dauphiné, » reçu
habitant de Genève, 18 octob. 1557. —
(Jean, de Larbre(?), et son fils, assistés
àGenève, 1705. — .Jacques, lils de feu
Pierre), de Larbre en Dauphiné, travail-
lant aux indiennes, reçu habitant de
Genève, 23 déc. 1716.
AXGELERAS (Jean , d'Uzès, plan-
teur de tabac, réfugié avec sa femme et
son fils à Wiraden, 1698.
AXGEI, RAS . Mathieu d'), capitaine
d'infanterie, originaire de Ximes, mort
à Berlin en Moi. François, un de ses
frères, ofticier du même grade, marié
à Anne de Ghoudens de Gremma (Er-
man IX, 6).
AXGEXXES [if) de Montlouët. de
Rambouillet, etc.[Haagl, 109].— Antoi-
nette, v. 1575 [IV, 354 a). = Armes. De
sable au sautoir d'argent.
François d'ANGENNEs [111, 388 a, 416 a;
VI, .135 a, 236 al, septième fils de Jacques
d'Angennes et d'Isabeau Cotereau [IV,
souche des marquis de Montlouët,
maréchal de camp dans les armées du
roi, ambassadeur en Suisse, gouverneur
de Xogent et favori de Catherine de lfé-
dicis. Attaché en qualité de chambellan
à la personne du duc d'Alençon, il sui-
vit, à ce qu'il parait, la fortune de ce
prince jusqu à sa mort. Mais il était de-
puis longtemps dévoué aux principes de
la Réforme, car à lui seul peut s'appli-
quer cette mention du registre des nou-
veaux habitants de Genève, sous la date
du 3 avril 1559 : François Dangene Jilz
de monsieur de Rambouillet . Toujours
est-il qu'on ne le trouve cité au nombre
des chefs huguenots qu'à partir de 1587
(cependant voy. 111. 388 a. 416 a: il y
est question de lui dès 1569 et avant),
où il figure parmi les membres du con-
seil qui assistait le duc de Bouillon, lieu-
tenant pour le roi de Navarre dans l'ar-
mée allemande . Pendant la pénible
marche des reitres à travers les provin-
ces de la France, Montlouët trouva plus
d'une occision de donner des preuves
de sa brillante valeur, et après la défaite
d'Auneau. « il se retira sans s'enga-
dit Du Plessis-Mornay dans une
lettre au sieur de Tm Marsillière. Il ga-
u'iia Montauban où il arriva dans le
mois de janvier 1588. Nommé gouver-
neur de Mazères, il fit échouer une ten-
tative des ligueurs sur cette ville, l'an
[589, en se portant à leur rencontre, et
les battant près de Montjart. Peu de
temps après, nous le retrouvons à La
Rochelle, assistant, comme dépm
églises en deçà de la Loire, aux délibé-
rations de l'assemblée qui se tenait dans
cette ville. La même année, il en partit
pour conduire au roi de Navarre l'artil-
lerie destinée à battre en brèche le châ-
teau de Beauvoir-î-ur-Mer. En 1590, à
la tète de quelques cavaliers, il força les
ligueurs à lever le siège de Mainte-
non, château appartenant à une branche
de sa famille, et à se retirer avec tant
de précipitation, qu'ils lui abandonnèrent
leur canon et leur bagage.
Serviteur fidèle de Henri IV, il con-
tinua de partager ses travaux et ses pé-
rils. 11 se signala notamment à la ba-
taille d'Ivry où il fut blessé. La con-
version du roi n'altéra en rien son
dévouement; toutefois, comme il était
sincèrement attaché à la foi protestante,
sa loyauté ne l'empêcha pas de travail-
ler de tout son pouvoir à obtenir pour
l'Eglise réformée les garanties que la
cour s'obstinait à refuser, il joua donc
un rôle important à la célèbre assemblée
de Mantes en 1593, et il fut un des com-
i. 9
Q.H6
ANGENNËS
260
missaires auxquels fut confié le soin de
poursuivre le redressement des griefs
des protestants.
L'année suivante, Montlouët accom-
pagna Henri IV au siège de Laon; il y
fut fait prisonnier , mais Mayenne le
renvoya sur parole en le chargeant de
porter au roi des propositions d'accom-
modement. En 1596, l'assemblée poli-
tique de Loudun l'ayant invité à venir
dans son sein renouveler le serment de
Mantes, il s'excusa par une lettre qui
est simplement mentionnée dans les ac-
tes de cette assemblée. Ce refus lui fut-
il dicté par la politique? On serait porté
à le croire quand on considère la faveur
dont il jouit auprès de Henri IV, faveur
dont parlent les Mémoires de Sully,
mais d'un autre coté, il est à supposer
que, dans ce cas, sa conduite eût excité
les soupçons de ses coreligionnaires,
qui paraissent, au contraire, avoir tou-
jours eu de la confiance en son zèle
pour le bien de l'Eglise protestante. Une
lettre de Du Plessis-Mornay à Rivet, en
date du 30 mars 1611, nous apprend en
effet que l'assemblée de l'Ile-de-France
l'avait élu, avec de Bordes et Durant ,
pour député à l'assemblée générale qui
devait se tenir à Chàtellerault. C'était
lui qui avait signé avec le président
Jeannin les patentes pour l'établisse-
ment de toutes les églises de cette pro-
vince.
Montlouët avait épousé, le 13 juin
1572> Madeleine du Broullat, dame de
Montjay et de Lisy-sur-Ourcq qui, après
la Saint-Barthélémy, se retira à Sedan
pour y professer librement la religion
réformée, et n'obtint la permission do
revenir qu'en 1586. De ce mariage na-
quirent un fils, Jacques d'Angennes, et
six lilles dont les généalogistes ne nous
font connaître que les noms et les al-
liances. Julienne épousa Abraham de
Normanville, seigneur de Boscole dans
le pays de Caux , Madeleine fut accordée
en mariage à Simon du Bue, seigneur
de Fonteny ; Anne tut mariée avec Jean
de Be. niveau, seigneur d'Espence ; Mah-
GUEiuTE avec Jean de Cernât/, seigneur
d Alberville ; Madeleine-Manie a\ee le
seigneur de Longaunay, et Louise j VU,
60 aj avec Louis Le ]'enier, seigneur de
La lirossière et de Saint-Escobille.
Jacques d'Angennes [VIII, 14 b] s'at-
tira de fâcheuses affaires par l'affection
qu'il portait à Gaston d'Orléans, dont il
était un des premiers gentilhommes et
le grand louveiier; plus d'une fois il fut
obligé de se cacher pour sauver sa vie.
David Ancillon, qui le connut person-
nellement, nous le dépeint dans ses Mé-
langes, publiés par son fils, comme un
gentilhomme d'esprit, d'un caractère af-
fable, doux, bienveillant. D Angennes
vivait alors à Meaux. Sa maison était le
rendez-vous de la première noblesse du
pays. De leur côté, les églises de la pro-
vince le regardaient comme leur protec-
teur naturel. Ancillon raconte de lui un
trait de désintéressement qui l'honore.
Du Ferreux, gentilhomme de l'Ile-de-
France, qui avait été parrain d'une de
ses lilles, lui ayant légué une somme de
dix mille livres, Montlouët se persuada
que son intention avait été de faire in-
directement une donation à l'église, ei
dans cette pensée, il remit le legs entier
au consistoire.
Jacques d'Angennes de Montlouët
(qu'il ne faut pas confondre avec Jac-
ques d'Angennes de Bambouillet) avait
épousé, le 15 mai 162Q, Elisabeth de
JSettancourt. Mort à Paris, âgé de 68 ans,
il fut inhumé à Charenton, le 6 octoh.
1658. Il eut un lils , tué à l'armée, et
quatre lilles : Susanne, épouse de Fran-
çois de Roffiynac, seigneur de Montreuil
en Périgord ; Anne [VI, 49 b], femme de
Philippe de Jaucourt, seigneur de Vaux
et de Brazé en Bourgogne; Henriette.
La quatrième , Antoinette [Vil, 130],
donna sa main à un capitaine suisse
nommé Mosnicr, qui devint par ce ma-
riage seigneur de Lisy. Ce fut dans
son château que se tint le dernier sy-
node de l'Eglise protestante de France,
en 1683. La révocation de ledit devan-
tes dispersa toute cette famille. Les en-
fants de Mosnier et sa femme s'enfui-
rent à Genève, puis allèrent s'établira
Etoy (canton de Vaud). Jacques d'An-
gennes avait épousé en secondes noces,
en 1643, Marie Causse, \eu\e de Mar-
tin du Candal, qui mourut a Fans eu
1666, et il en avait eu encore un lils,
Fka.v.ois, né le 28 mai 1652; plus trois
lilles : 1° Madeleine (pée en août lëii,\
dame de Lisy, mariée, en 166i, à Jac-
2fil
AXGEXXES — ANGLIERS
262
ques Le Maçon [VI, 532 b], seigneur de
La Fontaine, contrôleur général d-
belles de France; 2° Catherine-Louise
(morte en 1665); 3° Marie-Charlotte,
née à Lisy, morte au refuge à Berlin,
en 1700 Èrman IX. 7). On lit dans les
documents des Arrh. gén. (E, 3372), que
« Mlles d'An go unes » furent enfermées,
en 1686, aux Xouvelles-Catholiques.
ANGEH . massacréà Claviers
(Proveni ■ \. 470].
AXGERVILLE Jean de Cernay, sieur
p'), v. 1600 [I. 1 lu , et ci-dessus co.
Michel Le Pigné, sieur d'}, 1621 [V,
MO
AXGEV1N Pierre\ àLoudun, I
— (Esthnne;. seigneur de Laine, de la
ville d'Orange, avec sa femme et deux
enfants, réfugié à Berlin, 1698.
ANGEVINE. Nom d'une famille ré-
fugiée, v. 1686, à la Nouvelle-Rochelle
en Amérique [VI. 59 a, note].
ANGIBAl'LT (Daniel;, 1664 [III,
483 a]. — Deux d"cs Angibaud. « reli-
gionnaires entêtées; mises au couvent à
Saintes: l'évéque demande leur transla-
tion à la manufacture (de travail forcé)
à Bordeaux. 1798 <Arrh. Tt).
ANGIBOUD (Rttrt d" ..-irurdeUune,
molesté sur son droit d'exercice,
Tt. S
ANi.JCnl'HT (n), voy. Dangicourt.
ANGEADE (Elysée) , appelé aus.-i
Dangkvh-. $ Anglade ou A'Engtadt
leur à Antlié, dans 1 Agenois, en 1603
X, 271, 322]. Il fut appelé à remplir a
Nîmes la chaire d'hébreu, qu'il occupa
jusqu'en 1607. Son traitement ne lui
ayant pas été payé, nous ignorons pour
quel motif, il réclama, en IGli. l'inter-
vention du synode national de Tonneins
qui enjoignit au synode du Haut-Lan-
guedoc de faire droit à sa demand
prétentions ayant été réduites par c
node à la somme de 160 francs; il se
montra peu satisfait de cette décision,
comme le prouvent ses appels aux sy-
nodes provinciaux d'Alais et de Castres.
Ce dernier rejeta la demande. Anglade
était alors pasteur à Pomport, où il rem-
plissait les fonctions du ministère au
moins depuis 1620, puisqu'il ligure en
cette qualité sur le rôle des pasteurs pré-
senté au synode d'Alais, — Sur cette
même liste se trouve un Pie ire Anglade
ou Danglade [X, 322] pasteur à Eynesse,
dans l'A génois, membre probablement
de la même famille. (Haag.)
ANGLAS. de Massiliargues, obtient
sous caution, en 1710, d'aller chercher à
Genève sa femme et sa fille qu-
êtaient réfugiées (A rch. lenri.
(ils de feu i . né à
Genève, reçu habitant de cette ville,
9 ai
ANGLE», capitaine: Béziers, 1562 [I,
V. 397 b]. — (Joseph et m femme,
d'Orange, réfugiés à Genève, 1693.
ANGLI1 - famille rocheloise.
[Haag I, un]. —Julie IV. 860 b; VI.
177, b]. — Marie i VIII.
Anùliers (Claude d'), chevalier, sei-
gneur de La 8 de Beaureiraid
et de La Salle d'Aitré, était flls de Pierre
d'Angliers qui portait les mêmes titres
et qui avait été proposé pour la mairie
de La Rochelle en 1517, puis élu en 1526.
Claude fut en 1547 peut-ètr-'
lieutenant général au présidial et an
!.">.", 7 il en devint président. Le chroni-
queur rochelois , Amos Barbot , dit
qu' « il estoit le plus relevé de tous les
habitants de La Rochelle en naissance,
en biens et en quaii
hit un de ces nombreux sectateurs
de l'Eglise romaine que la Réforn.
gin silencieusement par le seul g]
de de ses martyrs et de leur foi. Les
doctrines protestantes s étaient introdui-
•11e avant l'année 1534.
On en a la preuve dans le supplice de
Marie Becandellr ou Belandelle, vul-
gairement appelée Gâtante. Cette jeune
tille, natta ms le Poitou,
était entrée comme domestique chez un
boui- Rochelle. « Elle receut
en peu de temps telle instruction en la
doctrine de l'Evangile, qu après avoir
- mee de Bondit m&istm
tant de retour aux BattM . ne douta
de remonstrer à un cordelier qu il ne
presi-noit point la parole de Dieu, la-
quelle chose elle lui monstra par pas- - i
notoires de la Bai ncte Ësch tore. » Cette
hardiesse éveilla i attention des i
on l'arrêta et le stiiechal de Eontenay-
le-Comte ia condamna à être biùiée. Ma-
rie vit tranquillement s'allumer le bû-
cher et mourut « en telle vertu, dit
Crespin, qu elle fut en admiration.
263
ANGLIERS — ANGON
264
exemple de rigueur n'empêcha pas les
progrès des nouvelles doctrines; il ren-
dit seulement les protestants plus cir-
conspects. Eu 1516, plusieurs nonnes
quittèrent leurs couvents pour se marier.
En 1548, la sénéchaussée rendit des
sentences contre plusieurs personnes
qui lurent condamnées à faire amende
honorable. « D'autres furent bannies et
fustigées jusqu'à grande effusion de sang,
avec défenses d'user à l'avenir d'aucu-
nes paroles hérétiques, à peine d'être
brûlés vifs. » Barbaries inutiles! les
principes de la Réforme se répandaient
toujours. Ce fut sur ces entrefaites, que
s'établit à La Rochelle le siège prési-
dial dont Claude d'Angliers obtint peu
(J' années après la présidence. Le nouveau
tribunal déploya tout d'abord une extrê-
me sévérité : Lucas Manseau fut battu
de verges et banni ; Matthias Couraud,
dit Gaston des Champs et Pierre Con-
stantin, furent condamnés à être brûlés,
après avoir eu la langue coupée. « Leur
cendre, dit Philippe Vincent, fut la se-
mence d'un grand peuple qui peu d'an-
nées après s'y rangea à la religion. •>
Le courage avec lequel ces malheureux
subirent le supplice, frappa leur juge
d'une telle admiration qu'il voulut con-
naître une religion capable d'inspirer
une foi aussi intrépide. Il serait difficile
de préciser l'époque où il se convertit,
peut-être ne s'y décida-t-il qu'à la suite
de ses entretiens avec Charles de Cler-
mont, qui, en 1557, établit pour la pre-
mière fois un culte régulier à La Ro-
chelle. Quoi qu'il en soit , il est à
supposer que son penchant pour le pro-
testantisme lui inspira dès lors quelque
indulgence envers les réformés , bien
qu'il n'ait jamais dû leur manifester
bien haut sa protection ; car si d'Angliers
possédait des talents éminents, il y joi-
gnait une timidité excessive. On raconte
de lui un trait qui prouve combien peu
il était brave. Lorsque, en ibbS, Antoine
de Bourbon, à son passage à La Ro-
chelle, lui fit l'honneur de l'armer cheva-
lier de sa propre main, d'Angliers voyant
l'épée nue, ferma les yeux de peur. Le
roi de Navarre lui dit alors en souriant:
Monsieur le président, vous serez le
chevalier craintif. Avec de telles dispo-
sitions, d'Angliers ne devait pas approu-
ver les mesures violentes; aussi se rat-
tacha-t-il au parti assez nombreux qui
voulait ménager la cour aux dépens
même de la liberté du culte. Il fit tout
ce qu'il put, en 1567, pour s'opposer à
l'entreprise de Pontard, qui introduisit
Sainte-Hermine dans La Rochelle, et
assura ainsi la possession de cette im-
portante cité aux protestants. « Mais,
nous raconte Amos Barbot, il ne put
toutefois dissuader le maire, quelque
raison qu'il lui alléguât, et aux minis-
tres, et aux plus zélés, auxquels ledit
président en conféroit selon la naïveté
de son sentiment, qui l'en prirent en
soupçon et défiance, dont il fut contraint
de se retirer en ses maisons. » Par cette
retraite, d'Angliers renonça volontaire-
ment au rôle qu'il semblait appelé à
jouer, et l'histoire cesse de s'occuper de
lui à dater de cette époque. Il avait
épousé Catherine, fille de François Jou-
bert, maire de La Rochelle en 1505, qui
lui donna au moins deux fils, Claude et
René, plus une fille Françoise. Celle-ci
épousa Pierre de Juye, écuyer, Sr de La
Garnerie, lequel, en 1568, remplaça son
beau-père comme président du prési-
dial. — Un des parents de Claude, Jean
d'Angliers, chanoine de la cathédrale de
Saintes, en 1502, travailla à répandre la
Réforme clans la capitale delaSaintonge,
ainsi qu'à Mortagne, où sa qualité de
prieur d' Armenteuil lui facilita cette tâ-
che dangereuse [I, 111 bj.
Angliviel, voy. La Beaumelle.
ANGLOT (Bersaku u), « tournier à
Orléans, » reçu habitant de Genève,
11 janv. 1557.
ANGLOT (d). capitaine huguenot, au-
vergnat. Il essaya de s'emparer le 7 sept.
15(J0 de Langeac, capitale du Langeadois,
en faisant jouer le pétard contre une des
portes de la ville pendant la nuit. Tou-
tes les maisons voisines de la muraille
furent renversées, mais la muraille ré-
sista. Il dut se retirer, mais pour revenir
à la charge. Dans une seconde tentative
il obtint plus de succès et pénétra par la
brèche dans les premières rues, mais
les habitants le repoussèrent. (Haao.)
lmbmlis, Guerres de relui, en Auvergne.
ANGON (Renaud), ministre, Lvon,
1562 [IX, 399 h, 545 b]. — Angon,
1628 [I, 2i9j.
265
AXCOT — AX.TORRANT
266
A XGOT (Jacques); Meaux. 1562 [VII,
358 b]. — (Esaïe), Falaise, 1675 [VI,
545 a]. — (Mllc) retirée aux Ursulines de
Falaise où, sa mère refusant de payer sa
pension, elle sollicite les secours du se-
crétaire d'Etat, 1698 Arch. Tt).
Angoulin, voy. Berne.
AXGOUMAR (Jacqdbs), du Hure,
estaminier, réfugié à Berlin, 17oo. —
Jfarie Angomare, 37 ans, enfermée aux
Xouv. -Catholiques de Rouen, en 17*1
(Tt, 302;.
AXGÔU MOIS ,'la veuve d'Esaïe) avec
deux enfants, assistée à Genève, 1691-
93. — (Susanne), sa fille veuve, et trois
enfants, assistés à Londres, 1702.
ANGST (Wolfgang) (en latin Angus-
tus), né à Kaisersberg en Alsace. flu-
rissait dans la première moitié du
XVIe siècle [Haag I, 112]. Philologue,
poète et imprimeur, il fut à ce triple ti-
tre l'ami de Reuchlin, d'Erasme et de
Hutten; mais ce qui lui mérite surtout
une place ici, c'est la part considérable
qu'il prit à la composition ou tout au
moins à la publication de la célèbre sa-
tire protestante intitulée : Episiolx ob-
scurorum virorum. Cette impression ter-
minée, Angst partit pour Bàle où il tra-
vailla, en 1517, à une édition de quel-
ques écrits d'Erasme. L'année suivante,
on le retrouve à Mayence occupé d'une
édition de Tite-Live et de l'impression
du traité de Hutten sur le gaïac ; mais à
dater de cette époque, on ignore sa des-
tinée. Mohnicke, auteur de l'article re-
marquable qui lui est consacré dans
l'Encyclopédie d'Ersch et Gruber. pense
que c'est à Angst qu'on doit attribuer
un autre écrit satirique, le Triumphus
Capnionis (id est Reuchlini), qui lut pu-
blié sous le pseudonyme Eleutherius By-
zenus.etne produisit pas moins do sen-
sation que les Epistolx.
ANGUELI (Jacques) , d'Avranches ,
secouru à Genève pour gagner la Hol-
lande, 1709.
ANGUEXET (Benjamin), pasteur, de
Vitry en Champagne, environ de 1632 à
1664, vice-président du svnode de Vitrv
en 1649 [III, 512 a; IV. S50 a; X, 350]'.
On a de lui une trentaine de lettres à
Paul Ferry (Bibliot. A th. Coquerel).
Anguvin, de Sumène, ministre avant
abjuré, 1686 [III, 435 b].
AX1 AS le sieur &'), duVivarais, 1C2U
[I, 173 b; IX, 107 a].
ANICE ((Jean), sieur des Bruères;
Paris, 1603-1051) (Bull. XIII, 230).
ANIEL (Simon), des Cévennes, esta-
minier, réfugié à Berlin, 1700.
ANISSE, pasteur de Beaulieu, réfu-
gié à La Rochelle en 1572 [II, 193 b.note].
AXISTIX (Jean), sa femme et su
fille, de Lourmarin (Provence), assistés
à Genève pour se réfugier à Erlau; 1705.
A N.l AI 1 .François d') ou d'Angeac (car
le lieu est l'une des deux communes du
dép. de la Charente qui portent ce nom)
épousa Isabeau des Challes. Son fils Bal-
thasar, écuyer, sr de Corbenit, fut marié
deux fois : 1° avec Renée du Bois; 2° le
11 avril 1597 « suivant les rites des églises
prétendues réformées de France, » avec
Marie de La Tour, dame de Mornay en
partie, paroisse de S. -Martin de la Coul-
dre, près S. -Jean d'Angely. fille de feu
Pierre et de Catherine du Sy, dame de
Bonnemie et de Villemartin. Devenue
veuve. Marie de La Tour se remaria avec
Fram/oisGuillotduDousset. Oberkampf.)
AX.IKAX Gabriel), sa femme et qua-
tre enfants, réfugiés et assistés à Lon-
dres. 1721.
1. AXJORRAXT, Amorhvns, Asjo-
ran {Iiigrlranmis). Xom d'une famille pa-
risienne originaire du Berry.qui était ar-
rivée, au commencement du XVIe siè-
cle, aux hautes charges de la magistra-
ture. Plusieurs Je ses membres siégeaient
alors au parlement. Le premier qui pro-
ouvertement le protestantisme se
nommait Renaud Anjorrant , sieur de
Souillv; il fut reçu habitant de Genève le
lOdéc. 155i [Haag 1, 112: II, 516]. Ad-
mis à la bourgeoisie en 1556, il arriva,
en 1570. au conseil des CC, et mourut le
25 août 1572. De sa femme Geneviève,
lille de Guillaume Aubelyn sieur de La
Bruyère, et de Françoise Brachet. qu'il
avait épousée lo 12 déc. 1559, et qui lui
survécut jusqu'au 26 août 1592, il avait
eu trois enfants : Jean, filleul de Calvin,
mort en bas âge: Marie, femme de Xi-
colas Andrion , et Jacob, qui, né à Ge-
nève en 1566, fournit, ainsi qu'on va le
voir, une longue et honorable carrière
qu'on peut décrire comme un modèle de
ce qu'était la vie d'un magistrat genevois
aux XVIe et XVIIe siècles. = Armes:
-207
ANJORRANT
268
d'azur à trois fleurs de lis naturelles d'ar-
gent, tigées et feuillées de sinople.
2. Un frère aîné de Renaud, Jean An-
jorrant, seigneur de Claye et deSouiîly,
président au parlement de Paris, avait
probablement aussi adopté les doctri-
nes nouvelles : c'est lui, sans doute,
qui figure dans une liste de parlemen-
taires suspects dressée en 1562 [IV,
211 a]. De son mariage avec Catherine,
fille de Guillaume Budé [III, 74 b],
il eut entre autres enfants : Pierre ,
conseiller au parlement de Bretagne,
mort à Genève le 13 sept. 1589, âgé de
43 ans, marié à Françoise, fille de Jean
Bullion, sieur d'Arny, et de Charlotte
de Lamoignon; et Catherine, femme,
en 1571, de Claude Laumonier [VI,
425 a].
3. En 1593, Jacob Anjorrant, âgé de
27 ans et docteur en droit, débuta dans
la carrière politique en entrant dans le
conseil des CC ou grand conseil de la
république de Genève. A cette époque,
Genève venait de soutenir une lutte glo-
rieuse contre le duc de Savoie; mais les
efforts qu'elle avait dû faire avaient
épuisé ses ressources. Anjorrant avait
attiré favorablement sur sa personne
l'attention de ses concitoyens; car le
conseil ayant décidé, au mois de mars
1593, de solliciter l'appui financier des
Pays-Bas confia au jeune docteur cette
honorai de mission. Anjorrant voyagea
ue ville en ville, de province en province,
dépeignant la situation critique de sa
patrie et lorsqu'il regagna Genève au
printemps de l'année suivante, il ap-
portait comme un témoignage palpable
de la sympathie de la population des
Provinces-Unies 7,500 fl. en dons et
30,550 il. en prêt. Il avait aussi reçu le
mandat de demander aux provinces des
Pays-Bas la reconnaissance des grades
conférés par l'académie de Genève. Six
provinces déférèrent à cette demande et
remirent à Anjorrant des patentes fort
honorables; ainsi la patente décernée au
nom de la province de Zélande décla-
rait « qu'un essaim d'hommes distingués
par leur science était sorti de l'académie
de Genève comme du cheval de Troie,
pour se répandre sur la chrétienté. »
En 1595, Anjorrant fut élu auditeur
de justice et en 1598 il entra dans le
conseil exécutif ou petit conseil, dont il
fut pendant quatre ans le secrétaire. Il
était à peine installé dans son nouvel
office, qu'en mars 1598, la république,
toujours à court d'argent, le députa au-
près de l'électeur palatin et des Provin-
ces-Unies pour les prier de prendre en
considération la détresse des Genevois.
Anjorrant s'acquitta avec succès de cette
seconde mission qui dura quatorze mois.
Il obtint de l'électeur palatin qu'il fît re-
mise aux Genevois des intérêts qu'ils lui
devaient et qu'il accordât un délai pour le
remboursement du capital. En Hollande,
à force de pressantes instances, il ar-
racha aux Etats une subvention de
12,000 florins. « Les Etats l'ont chargé en
prenant congé, dit-il, de recommander
à ses commettans de maintenir l'acadé-
mie qui a une grande réputation, d'at-
tirer des gens doctes, d'entretenir l'im-
primerie en bon état et d'avoir soin de
n'employer que du papier de bonne qua-
lité. » Au retour d' Anjorrant le conseil
lui témoigna sa satisfaction en lui al-
louant une gratification de 300 écus.
Après la conclusion du traité de Lyon,
Henri IV, au mépris des promesses qu'il
avait faites aux Genevois, ses alliés pen-
dant la guerre, avait gardé entre ses
mains le bailliage de Gex conquis sur la
Savoie par les milices genevoises. Le gou-
vernement de Genève espéra faire reve-
nir le monarque français sur une résolu-
tion qu'il considérait comme très-préju-
diciable à ses intérêts et dans ce but il
chargea Anjorrant au mois de mars
1601 de se rendre à Péris pour faire va-
loir les droits de la république à la pos-
session du pays de Gex. Anjorrant ob-
tint une audience de Henri IV; il parut
aussi devant le synode de l'Eglise réfor-
mée assemblé à Jargeau qui, sur sa de-
mande, appuya sa requête par une sup-
plique adressée au roi. Mais Anjorrant
dut retourner à Genève à la fin de mai
sans avoir rien obtenu.
En lévrier 1602, nous le retrouvons
sur le chemin de Paris. La seigneurie
de Genève l'avait chargé de dénomvr
certains actes vexatoires commis par les
officiers royaux du pays de Gex, de ré-
clamer la souveraineté de quelques vil-
lages riverains, du Rhône ainsi que le
paiement d'un subside de 20, oui • écus
269
ANJORRANT
•270
que Henri IV s'était engagé à payer aux
Genevois. L'envoyé obtint satisfaction
sur presque tous les points. Pendant ce
séjour, il avait été appelé à résister à
François de Sales, récemment promu
à l'évêehé de Genève, qui était accouru à
Paris pour revendiquer divers revenus
ecclésiastiques dans le pays de Gex. An-
jorrant démontra victorieusement aux
yeux du gouvernement français l'inanité
des prétentions du prélat. Anjorrant était
revenu dans sa patrie à la fin de mai, et
le lï décembre de cette année le duc de
Savoie tentait la célèbre Escalade, qui
tourna à la confusion de ce prince per-
iide. Un détachement de troupes suisses
vint à cette occasion concourir à la garde
de la ville et Anjorrant fat un des ma-
gistrats chargés île se concerter avec les
capitaines du continrent helvétique.
Lorsque, au printemps de 1003, des
pourparlers furent en ira très pour le réta-
blissement de la paix entre la républi-
que et le duc, Anjorrant fut l'un des
députés qui êé rendirent à S.-Julien, le
"21 mars, pour avoir une première entre-
vue avec les diplomates savoisiens. Mais
comme le résultat de ces négociations
était fort incertain, le gouvernement
genevois ne resta pas inactif et il re-
courut de nouveau à Anjorrant pour
réveiller la sympathie d ran-
gers en faveur de la république* Il s 'igié-
sait surtout d'obtenir leur concours
financier. Parti le -.':> avril, Anjorrant
se rendit d'abord en France, où il re-
cueillit de la bouche de Henri IV 1
surauces de l'attachement qu'il portait
à Genève. Arrivé à Paris, il apprit que
-•mevois venaient de signer leur
paix avec le duc. Cette nouvelle ne
l'empêcha point de passer en Angle-
terre, conformément aux instructions
qu'il avait rerues, pour recommander
au nouveau roi d' Angleterre, Jacqu*
les intérêts gène
Anjorrant séjourna plus d'une année
dans la Grande-Bretagne. Jacques Ier
avait au sujet des droits que la maison
de Savoie prétendait avoir sur Genève
des préventions que le député genevois
s'attacha à dissiper. Mais sa principale
préoccupation était d'obtenir des sub-
sides. Jacques ne voulut accorder aucune
subvention directe, cependant il ne fit
point difficulté de remettre à Anjor-
rant des lettres adressées aux digni-
taires du clergé anglican, les invitant à
ouvrir dans leurs diocèses une collecte
en faveur de Genève. Muni de ces let-
tres, Anjorrant entreprit une tournée en
Angleterre1 et en Ecosse. Partout il fut
bien accueilli ; des souscriptions s'ou-
vrirent sous les auspices des évèquos
et lorsque Anjorrant rentra dans sa ville
natale, en avril lljoj, il put verser dans
le trésor une somme de 3.500 Hv, st.
Quelques mois après son retour. An*
jorrant fut appelé à l'office de « lieute-
nant de justice. » En 1007 il fut porté
pour la première fois au syndicat, pre-
mière magistrature de Genève. Rare-
ment un citoyen posséda d'une façon
aussi peu contestée la confiance de ses
concitoyens; il fut dix fois syndic et
sept fois lieutenant.
Mais c'était surtout comme négocia-
teur qu'Anjorrant voyait ses services
appréciés. Incessamment menacée par
le duc de Savoie, la république de Genève
attachait le plus grand prix au maintien
des relations amicales qu'elle avait for-
mées avec Henri IV. En février 1010,
Anjorrant fut député auprès du monar-
que français, pour lui présenter diverses
demandes. Le roi qui préparait alors
ution de son célèbre plan contre
la maison d'Autriche, fit très-bon accueil
au député genevois, et ce dernier put
mander le [•» avril à ses concitoyens
que le roi agréant une de leurs deman-
des mettait à leur disposition une somme
d" 7 -J . ( m mi 1. pour soudoyer la garnison
de leur ville.
Lit 14 mai, Anjorrant alla prendre
congé du roi. qui se disposait à joindre
son armée et qui lui adressa ces pa-
: « Assurez Messieurs de Genève
que je ne quitterai jamais mes anciens
serviteurs pour de nouveaux amis les-
quels je ne cosnois encore bien et encor
que vous ne soyés mes subjects, je vous
maintiendrai comme si j'estois vostre
père. »
Le jour même où Henri IV exprimait
1 11 te rendit d'abord, quoique la peste j régnât, à
Croydon, i ù se trouvait le protecteur naturel de ses
demandes, l'archevêque de CantorbérT. on a publié
iBttll. xill, awi une lettre de lui sur e* voyage, laqaveOe
est adressée de Vinchester, <8 oet. ioo.i. a l'ambassadeur
d Angleterre, à Paris, et signée d* Soulty-.4n)orrant.
271
ANJORRANT
272
ainsi son amitié pour Genève, il tombait
sous le poignard de Ravaillac.
Huit jours plus tard Anjorrant était
admis à présenter ses hommages à la
régente Marie de Médicis et au roi mi-
neur. Plusieurs seigneurs de la cour, en-
tre autres le duc de Sully, l'engageaient
à mettre le genou en terre, disant qu'ils
le faisaient bien eux; mais le huguenot
genevois s'y refusa et se contenta de
faire une profonde révérence presque
jusqu'à terre. Après qu'il eut adressé
son compliment à la reine mère, cette
princesse lui répondit qu'elle était tou-
chée des vœux que les Genevois faisaient
pour elle et qu'elle en userait vis-à-vis de
Genève comme le feu roi. L'enfant royal
dit à son tour : Je les aimerai toujours
comme..., puis se tournant vers M. de
Souvray :je vous prie achevés. Anjorrant
rapporta à Genève deux lettres signées
par la reine et le jeune roi qui conte-
naient l'assurance de leurs sentimens
bienveillans pour la république.
Cependant la mort de Henri FV avait
ranimé les espérances des ennemis de
l'indépendance genevoise et on avait ap-
pris que la diplomatie savoisienne intri-
guait activement auprès de la cour de
France pour la détacher des intérêts de
la république protestante. Le conseil ré-
solut au mois de septembre 1610 de ren-
voyer à Paris Anjorrant pour suivre de
près et déjouer ces manœuvres. Il de-
meura en France plus d'une année,
plaidant en toute occasion auprès de la
régente et de ses ministres la cause de la
république, et lorsqu'il regagna Genève
au mois d'octobre 1611, il rapportait
128,186 1., dont 68,000" provenant de la
subvention du roi, le reste dû aux libé-
ralités des églises françaises réformées.
Les principaux citoyens s'étant alors
volontairement imposés pour la fortifi-
cation de la ville, Anjorrant s'était taxé
lui-même à 5 fi. par semaine.
La république mit de nouveau à l'é-
preuve le zèle d' Anjorrant en l'envoyant
encoreàla cour deFrance, enl612, 1616,
1617 et 1G19. L'objet de ces missions réi-
térées était bien monotone ; il s'agissait
de réclamer et d'encaisser la subvention
annuelle de 72,000 1. par laquelle la
France s'était engagée à reconnaître
les services rendus par les Genevois à
Henri IY. Anjorrant parlait souvent à
des sourds, et il dut quelquefois revenir
les mains vides ou avec une subvention
trôs-réduite. En 1618, le roi avait écrit
dans l'ordonnance de payement ma ville
de Genève; Anjorrant signala cette ex-
pression incorrecte et la fit réformer.
Lors de sa députation en 1619, qui se
prolongea jusqu'en juin 1621, la situa-
tion d' Anjorrant était particulièrement
délicate ; car une partie des protestants
du Midi avaient levé l'étendard de la ré-
volte, et le député de la ville huguenote
par excellence faisait une assez étrange
figure en suivant de ville en ville le camp
du roi pour solliciter des subsides que
dans de telles circonstances on n'était
guère disposé à lui octroyer. Le gouver-
nement royal pria le député genevois
d'user de son crédit auprès de l'assem-
blée réunie à La Rochelle pour l'engager
à se séparer. Une pareille demande ren-
dait Anjorrant très-perplexe ; il ne pou-
vait ni répondre par un refus à un mo-
narque dont il implorait une faveur, ni
compromettre sa qualité de représentant
de la république genevoise en se pro-
nonçant pour la cause royale. Il se tira
d'embarras en promettantd'écrire comme
simple particulier à quelques-uns des
gentilshommes réunis à La Rochelle,
pour les engager à poser les armes. An-
jorrant dut, certes, s'estimer heureux
d'avoir tiré du Roi, par ses importunités
en cette année de guerre civile (1621).
une somme de 60,000 1.
On comprend sans peine qu'Anjor-
rant éprouvât quelque lassitude ; aussi,
lorsqu'en février 1622, le conseil l'eut
désigné de nouveau pour une ambassade
en France, il déclina cet honneur, et ses
excuses furent admises.
Ces missions, d'ailleurs, dont on acca-
blait Anjorrant, n'étaient rien moins que
lucratives. Au retour d'une de ces dépu-
tations, il expose au conseil qu'il a « dé-
pensé 400 1. en sus des 3 écus par jour
qui lui sont alloués, priant la seigneurie
d'aviser; car il n'est pas raisonnable
qu'en servant fidèlement le public avec
beaucoup de peine, il y aille du sien. ><
Le conseil s'empressa de rembourser cet
infatigable serviteur.
Lorsque Louis XIII, à la fin de l'an-
née 1652, après avoir pacifié le Midi, se
2?:J»
ANJORRANT
t>7 t
fut mis en route pour regagner sa capi-
tale en suivant la vallée du Rhône, le
conseil résolut d'envoyer deux députés à
Grenoble pour le complimenter. Anjor-
rant fut l'un d'eux. Les députés portaient
quatre truites pour le roi et deux pour le
connétable. Dans un entretien qu'ils eu-
rent avec le connétable, ce seigneur leur
dit : « Vous autres Messieurs de Genève
('■tes toujours en appréhension, je sais
bien un moyen de vous garantir, c'est de
vous mettre entre les mains du Roi avec
vos libertés et vos franchises. » 11 ou-
bliait qu'il y a tel remède pire que le
mal.
En janvier 1624, Anjorrant reçut de
nouveau le mandat d'aller défendre, au-
près du gouvernement français, les in-
térêts de sa patrie. Le ministre.. La Vieu-
ville, lui témoigna alors tout le déplaisir
que causait au roi le séjour de à'Aubi-
Qué sur le territoire de la république.
Anjorrant excusa de son mieux son gou-
vernement, félicita le roi sur le mariage
île sa sœur Henriette, et revint à Genève
en mai 1625; porteur d'une allocation de
.">0,000 1. Ce fut pendant ce séjour d' An-
jorrant en France que le cardinal de Ri-
chelieu fut chargé de la direction des
affaires étrangères, et Anjorrant avait
conféré avec ce grand ministre sur les
affaires de sa patrie.
En septembre 1029. Anjorrant. àeé de
63 ans, fut appelé une dernière foi-
rendre en France avec le conseiller Sa-
rasin; mais il obtint la permission, vu
ses infirmités, de se retirer après qu'il
aurait exposé l'objet de sa mission. De
retour à Genève, sur la tin de décembre,
il cessa dès lors de courir en ambassade:
mais il continua de servir la république
dans les plus hautes fonctions de l'Etat.
En 1632, il fut un des conseillers char-
gés de s'aboucher avec le baron Rasche.
envoyé de Gustave- Adolphe, et de rédiger
une réponse aux propositions d'alliance
faites par ce monarque.
En 1638. la fille d'Anjorrant épousa le
syndic Ami Favre , et à cette occasion,
le Deux-Cents, eu égard aux grands ser-
vices d'Anjorrant, rendus depuis 45 ans,
accorda au beau-père et au gendre une
dispense de l'édit qui ne leur eut pas
permis de faire partie ensemble du con-
seil.
Le 1er janvier 1647, Anjorrant, qui
avait atteint sa quatre-vingtième année,
ayant été présenté en première ligne au
conseil des Deux-Cents pour le syndicat,
se lève et prie les assistants, en raison
des infirmités de son grand âge, de le
vouloir décharger de l'emploi auquel il
est appelé, protestant de vouloir conti-
nuer jusqu'à la fin de sa vie en l'affection
et au service qu'il doit à l'Etat. L'assem-
blée agréa les excuses du vénérable vieil-
lard, et en son nom le premier s\ndic
sortant de charge le remercia arec éloges
des longs et grands services qu'il avait
rendus ci-devant au public.
Le terme de ses jours ne tarda pa>
beaucoup à suivre pour Anjorrant la
clôture de sa carrière politique, li expira
le -20 janvier, ùcé de si ans. (A. Roget.)
Registres des conseils de Genève. — Galiffe, III, lu.
'i. Tous les Anjorransde Paris qui sui-
vaient la Réforme n'étaient point passés
à Genève : car on trouve dans les bap-
têmes de Charenton. en 1596, celui de
Marie, fille de Jean Anjorrant et de
Sidonie Timpian. Au XY1P siècle, on
a les faits suivants : Jeanne Anjorrant
épousa Daniel de Ti.s-.sard. sieur de Diche-
Toucheronde. et lui donna un fils, 1)\-
mei., qui, du chef de sa mère, devint sei-
gneur des trois quarts de Claye, berceau
féodal de la famille. Louis Anjorrant,
pi tare de Renaud et avocat du roi à la cour
omptes en 1498, était déjà seigneur
de Claye. Un arrêt du parlem. de Pa-
ris, en date du 4 juillet 1636, ayant dé-
fendu aux religion naires de cette sei-
gneurie, et sjH'ci;\lement au ministre
Billot, de faire à Claye aucun exercice
de la religion réformée, tant que le sei-
gneur n'y ferait pas sa résidence, Daniel
Tissard s'empressa de déclarer qu'il y
fixerait sa demeure. Cette déclaration
n'ayant pas été suivie d'un assez prompt
effet, dès le 12 décembre, le parlement
confirma son précédent arrêt, et par un
troisième, rendu le 23 juin 1637, non-
seulement il interdit de nouveau la célé-
bration du culte protestant, mais il dé-
fendit à l'instituteur, nommé Jean de
Rome, « d'enseigner la jeunesse en quel-
que lieu et de quelque manière que ce
fût. » En 1644, Tissard se rendit enfin
à Claye, où il passa trois mois et où il
rétablit l'exercice public de sa religion.
278
ANJORAN — ANNIBAL
270
Le parlement ne put s'y opposer, les
ordonnances permettant aux seigneurs
hauts-justiciers de faire prêcher dans
leurs châteaux pour eux et leurs fa-
milles ; mais, quelques années après,
Tissard étant mort et sa veuve1 s'étant
retirée à Biche , près d'Orléans , il ren-
dit, dès le 23 mai 1661, à la requête de
l'évêque de Meaux, un arrêt faisant ité-
ratives défenses aux religionnaires de
s'assembler au château de Claye, et à
tout ministre, nominativement aux pas-
teurs de Meaux, Lisy, La Ferté-sous-
.Touarre, Paris, Charenton et Orléans,
c'est-à-dire à Dalbrici, d 'Allemagne,
Bancelin, Drelincourt et Perreaux, d'y
prêcher ou d'y faire aucun exercice de
leur religion, sous peine de mille livres
d'amende, enjoignant en même temps
auxdits religionnaires de tapisser leurs
maisons les jours de la Fête-Dieu, et,
sur leur refus, permettant aux catholi-
ques de les faire tapisser à leurs frais.
Il paraît que les protestants de Glayo
obtinrent la cassation de cet arrêt, ou
tout au moins qu'ils surent l'éluder. En
1668, le roi chargea en effet le lieute-
nant général au présidial de Meaux et
le capitaine de cavalerie Du Houx de
régler définitivement cette affaire. Les
deux commissaires mandèrent devant
eux les parties, et après s'être fait pré-
senter les titres sur lesquels les protes-
tants fondaient des droits contestés par
les catholiques, ils rendirent leur sen-
tence, qui supprima l'exercice à Glaye.
5. ANJORAN (Claude et Jacqces),
cordonniers à Tournus, reçus habitants
de Genève, 18 oct. 1572.
AN.TOUIN, député a l'ass. d'Uzès
1627 [I, 277 a, note].
ANLEZY (Xouise-Edmée et N. d'),
v. 1570 [VI,' 44 b). — (Anne), 1583
[VII, 538 a]. — (François), sieur d'Es-
peuilles et sa fille Françoise, 1601 [VI,
50 b].
ANLOZY ( Philibert d' ) , sieur du
Lin, v. 1650 [IV, 452 a].
ANNEAU (Pierre), de Brie, réfugié
à Berlin, 1700. — Pierre Annaut, natu-
ralisé anglais, 8 mars \\\&l.
1 Savoir Judith Hardi/, lille de François, sieur des
Loges, conseiller-secrétaire du roi, et de Marie Gal-
land, que Tissard avait épousée à Charenton en avril
ANNEAU (Elisabeth d'), 1649 [V1U,
52 b].
ANNET, ministre à Glelles on Bau-
phiné. 1G70[V, il a].
ANNIBAL (le capitaine). On verra
plus loin, au nom Arquier, un capitaine
Annibal, chef de partisans huguenots,
supplicié comme tel, mais en 1562. Nous
voulons parler ici d'un autre person-
nage, portant le même nom ou prénom,
et la même qualification, qui figura pos-
térieurement dans la prise d'armes des
huguenots de Lyon. Nous ne le connais-
sons, d'ailleurs, que par sa présence sur
une liste de proscription, dressée et im-
primée en forme d'édit du roi, à la date
du 30 janv. 1568, contre les principaux-
protestants lyonnais d'alors, sans avoir
recueilli d'autre détail sur cet Annibal
(voy. ci-après, col. Î80, le n° 1 49 , et cf.
avec nos 101, 2il et 227). Gomme nous
avons lieu de croire cet imprimé d'une
rareté extrême, ne l'ayant trouvé qu'en
un seul exemplaire (à la bibliothèque de
Rouen, collect; Leber, n° 3989), nous
saisissons le prétexte que nous offre le
premier nom de la liste (alphabétique-
ment) pour reproduire la liste entière,
avec le titre de l'édit et la substance de
ses considérants :
Ordonnance de messieurs les Seneschal et
gens tenans le siège Présidial en la ville
de Lyon, contre les détenteurs des biens
de ceux de la Religion p. r.; Ensemble
les noms et surnoms des séditieux et re-
belles contre la Majesté d>> Buy nostre
Sire. — A Lyon , par Michel Jove ,
M.D.LXVIII.
De par le Roy. Sur la requeste l'aicte de
par les gens du Roy en la seneschaucée et
siège présidial de Lyon, itératif commande-
ment est faict a toutes personnes de quelque
estât, nation, traficq et qualité qu'ilz soyent,
privées ou publiques, notaires, tabellions,
greffiers, procureurs et autres que suyvant
les lettres closes et patentes de S. M. du
13e de ce moys de janvier, ceux qui ont or,
argent monnoyé ou non monnoyé, bagues,
joyaux et autres meubles, cedulles ou obli-
gations et qui possèdent a recepte, louage ou
ferme, aucuns bénéfices, rentes, maisons,
terres, fermes ou seigneuries appartenait;, u
ceux de la prétendue nouvelle Religion, sé-
ditieux et rebelles qui se sont eslevez eu
forme d'hostilité à rencontre de S. M. et de
ses bons et fidèles subjects, ont porté les ar-
mes avec les factieux, séditieux et rebelles,
9
2/ i
AXXIBAL
278
et ne se sont retirez en leurs maisons dans
le temps préfix et de ce prins acte, suyvant
les lettres patentes sur ce expédiées et pu-
bliées en lad. ville. Et ceux qui encores por-
tent les dictes armes, soit au camp des d.
séditieux... ou ceux qui les aydent et favori-
sent... Et aussi tous ceux qui ont, possèdent
et tiennent les d. biens, marchandises, meu-
bles ou immeubles, livres, papier*, tiltres,
enseignements, cédulles ou obligations, sou-
vent et cognoissent les personnes qui ont et
possèdent les d. biens, qu'ilz et chacun d'eux
ayent, deux jours après la présente publica-
tion faicte, à venir dire, déclarer et révéler
par devant les Seneschal et gens tenans le
siège Presidial de Lyon et en leur greffe, ce
qu"ilz en ont et détiennent ou sçavent estre
détenu et possédé; et ce sur peine de peine
de perte et confiscation contre les ungs et
les autres de tous et chacuns leurs propres
biens, lesquelz au cas de default ou contra-
vention, Sa dicte Majesté les a déclarez ac-
quis et confisquez. Et à fin que personne ne
prétende cause d'ignorance qui sont ceux des
biens des quelz les déclarations doiven
faictes, entre autres ensuyvent leurs noms,
surnoms des charges, et prévenus <i- -
;icts, Assavoir :
George Penet, dit Janot.
nommé Archimbaud, espkier.
Jean de Fontba
Pierre d'Orléans.
nommé Chausson clerr et
leur.
Jacques Bebaiz.
Henry Laneav.
Ung nommé Pusin, tainrturier.
Le filz de George Aulbreth.
10. Rosarges serviteur dud. Aulbreth.
Anthoine Papier, surnommé La croix
blanche, de Chazelles.
Michel de Coyretier.
Jacques Luffet, forbisseur.
Jean Boursier, aussi torbisseur ; de-
meurant souz la teste d'or, rueTupin.
:narchant de fillet demeurant en
la rue près Sainct Pierre, qui a es-
pousé la niepce de feu Alexandre
Carcaillon.
Claude Jussieu, tissotier.
mél.
Jiirquemet, ferratier.
Un marchant de draps demeurant près
la maison de George Aulbreth.
20. Matthieu Coton, vendeur de fer en rue
Chai amont.
l'ng nommé Charbonneau.
Anthoine Du Boys, canabassier.
Ung nommé Megret.
Ung autre nommé Guillaume, impri-
meur.
Ung nommé maistre Bernard, menuy-
sier demeurant en rne neufve et son
filz nommé Valentin.
Le cappitaine Xoytellon.
Charles Penot. Le neveu du dict Penot.
30. Ung nommé La Yallidre. Ung nommé
Tesson mercier; tous deux demeurans
en rue Mercière, vendeurs de quin-
caillerie et de filleure d'or.
Anthoine Boullion, commis à la Doane
du Roy.
Les deux frères d'ung nommé Collin dit
Marco.
Le frère du capitaine BeaufoH.
Hector Bavdin, procureur du
Ste Colombe.
Jacques Dorliat, hostelier demeurant
en la rue du 1
ommé Chabert.
Ung nommé capitaine Brovtet.
40. Le seigneur de Changy.
Ung nommé le capor
_• nommé La Roche.
Ung nommé Sabotier, serviteur de
François- Ponthus.
Symon Julien, du d. lieu de Brisruais.
L'ng nommé Le Gardier dit Cotin.
•-ux frères Biemy* assavoir l'un
seigneur de Beins et l'autre seigneur
de Monteux.
Ung nommé le juge Puto.
Ung nommé La Garde du Boys.
Le procureur Argo.
Franeoy> Riv
Jacques Barberet, pelletier, demeurant
en la rue du B
Jeban Goyet, du bourg de Ste Colombe.
Anthoine Vincent, marchand libraire.
Jehan Darut, aussi marchand.
Pierre Pif//u>M, surnommé La Jaquière,
cordier.
Jehan Bouxsaint, mercier.
Maistre André de Ba:.xs adrocat en la
dicte seneschauoéâ et siège presidial.
Jacques Baronnat.
60. Gabriel Ye»y, marchand de drap de
-•■;. e.
Léonard Prunas diot La Piedinante,
Pierre-Benoict Sève, Henry de Ga-
biano, Jehan de Yassan, marchant
de la dicte ville.
Maistre Jehan de Castellas esleu pour
le Roy au pays de Lyonnois.
Symphorien Tellusson, Hierosme Des-
gouttes, aussi marchans, et Georges
Aulbreth maistre d'hostel du Roy.
Le capitaine La Yillatte.
70. Jehan Armant, de Belleville.
Jehan Couchet.
Jehan CrusellUr boucher, surnommé
Le Colombier, du dict Belleville.
271)
ANNIBAL
280
Le baron de Sainct Lagier.
Ung nommé Chastaney, rousseau, de
Villeplanche.
Ung nommé Odin de La Monnaye.
Le capitaine La Chapelle.
Le seigneur Chasteaumorand.
Le baron de Torcy.
Ung qui est beau frère du seigneur de
Poncenas.
.80. Le capitaine Jailly de Tisy.
Sadurel, prevost des mareschaux de
Forestz.
Philibert du Bien dictFiston, de Char-
lieu.
Pierre Gueytière et René Gueytière,
filz du chevaucheur de St Sympho-
rien.
Ung nommé Le Provençal , de Ta-
rare.
Ung nommé Bourdon qui n'agueres
faisoit la poudre à La Rigodière, en
ceste dicte ville.
Claude Charreton dudict Belleville.
Jehan Buffy du dict lieu.
90. Les père et filz Tronchet.
Maistre Jehan Perdrigeon, clerc de
ceste dicte ville.
Ung nommé Sainct Clair, archier du
prevost des mareschaux du dict Lyon.
Charles Bernod qui souloit estre lieu-
tenant du dict prevost.
Jehan Constantin d'Ance.
Le capitaine Sainct Vincent.
Les trois frères Vallée, de ceste dicte
ville.
La Boche, serviteur de feu Jacques
Gimbre.
100. Un nommé Guillien, capporal.
Ung autre nommé La Conche, lances-
pesade du capitaine Annibal.
Ung autre nommé Gourdan, maistre
d'espée.
Ung autre nommé le grand Matthieu
de rue neufve.
Ung rousseau surnommé de Langres, qui
n'agueres estoit de la compaignie du
capitaine Latour, avec les dits Mat-
thieu et Gourdan.
Ung autre nommé La Porte.
Le frère du dict Jehan de Vassan.
Le seigneur de Sanict Traict.
Ung nommé de Morgues.
Ung autre nommé Urcin, ministre.
110. Ung nommé maistre Bernard, clerc de
maistre Lusson notaire.
Le seigneur de Montplaisa,>ti,t.
Le Gris de Mascon.
Le capitaine Misery.
Ung nommé Bollieu, boiteux.
Le capitaine de Tornus.
Les quatre frères Dagonneau .
120. Pierre Blein, laboureur de Limonnoys.
Chalan Crespin, commissaire des vi-
vres.
Le capitaine Genette.
Trois hommes se disant serviteurs du
thrésorier Juge.
Anthoine Perrin.
Le dict thrésorier Juge.
Barthélémy de Gabiano.
Michel Faure , drappier demeurant
près Le Change.
130. Ung nomméD);/'!'«/', beau frère de Clé-
ment Gautier.
Ung nommé Cellarier.
Maistre Jehan de Sainct Chaulmont
dict Tranchecouille.
Jehan Petit.
Jehan Perraud cordonnier de Tarare.
Sirvinges de Tisy, beau frère du dict
Gnytières.
L'un des frères Micard, habillé de bleu.
Maistre Jacques Commin, de Charlieu.
Matthieu Le Meure, de R^gny.
Jehan Mareschal.
140. L'hoste de l'escu de France de Rohanne.
Pierre Bouchicr.
Anthoine Conte, harangier.
Le filz de dame Jehanne Paix demeu-
rant près ceste dicte ville.
Le facteur de la boutique de feu Jean
Gaultier.
François Vallanson.
Le capitaine Burlet, veloutier.
Jehan surnommé Fontaney et un autre
nommé Le Pas, son frère.
Le dict capitaine Annibal.
150. Annet Faure, tondeur de draps.
Françoys Basin.
Lambert La Pousse, de SainctVincent.
Matthieu Sève.
Le seigneur de Loysc.
Le seigneur des Fossez.
Le capitaine La Sauge.
Les deux frères Nicolas, merciers du
dict Lyon.
Jehan Combe, marchand dud. Lyon.
1G0. Ung cordonnier borgne qui autres foys
a esté serviteur du baron Sainct Tri-
vier, et a présent serviteur du dict
Pas Fontenay.
Ung nommé Bâillon , seigneur de
Layet.
Anthoine Pize.
Le greffier Dauphin.
Maistre Jehan Bavel, barbier.
170. Les deux frères Seneton, eux disans
seigneurs de La Reclaye et quatre
leurs serviteurs.
Ung nommé Banquet.
Ung autre nommé Daigne.
Anthoine Le Gris.
281
ANNTBAL
AN NOTE AU
282
Pierre t ruinent, autrement Fromenté,
libraire.
Jehan Trinault seigneur de La Place.
Ung taincturier de soye, appelle sire
Jehan, portant barbe noire.
Jehan Perier.
Nicolas Populus.
Jehan Armand.
lfO. Ung nommé Bellicat.
Hugues Lenfant.
Le baron de La Grollc.
Maistre Pourchier, advoeat.
André Brouter.
Pierre, gendre de Salomon Bouchier.
beau frère de maistre Obret.
Jehan Coignet, soliciteur.
Le seigneur de Poncenas.
Le seigneur Damhierle, ditRolliers.
Jehan Pelletier, tisserand.
l'.M). Maistre Claude, marchand.
Le capporal Hautain.
liaisire Nicolas l'arquel>ousier.
Maistre Jehan Le Masson.
Gabriel l'imprimeur.
Jehan Galliot.
Estienne Volant.
Hierosme Le Bru,:.
Jehan d' Auvergne.
Pierre Chantebœuf.
989. Ung nommé Léonard.
Le capitaine La Grange et >ou frère.
Guillaume le courdonnier qui souloit
demeurer en la rue de la Lanterne.
Ung autre nommé maistre Claude,
aussi courdonnier.
Maistre Michel le fortumeur,
Ung nommé Kstienne Tixsotier, bou-
ton nier. Pierre Tissotier.
I nj: autre appelé Pierre, le j
des mareschauï de ci* pa\> do I._\ «Mi-
nois nommé Pierre Jehan.
Le cuisinier du capitaines. Vincent
Estienne Bonjour, marroquinier.
210. Le greffier rie Ste Foy, homme grand et
gros qui porte barbe noire.
Le fourrier du dict capitaine Annibal.
Les frères Deseraul.->\ de Provence.
Le seigneur de l.n /, disant
thrésorier.
Hugues L>- (ri'i,npier.
Pierre Guimpier, beau frère du dict
Hugues.
Ung nommé Brtmet.
Paule Cordonnier.
Maistre Benoict Josseeand.
220. Le seigneur Du Mont.
Loys Plancher, armurier.
Ung nommé Jehan Pierre.
Le serviteur de Loys Pouchon.
Françoys Desgoutes. seigneur de Chas-
telns.
Bernard Chenevier.
Ung nommé Jourdain, du dict Lyon.
Ung nommé Ciencourt orphèvre, four-
rier de la compagnie du dict An-
nibal.
Le capitaine Pierrefeu, lieutenant du
dict seigneur de Loyse.
Pierre Faurc.
230. Loys Dombain.
Françoys Chollat.
Trois frères gantiers demeurans en la
rue Mercière.
Jehan Souillot.
Jacques Commun, du dict Charlieu.
Ung nommé Carron.
Quatre serviteurs du dict Symphorien
Tellusson.
Et maistre Mouche courdonnier, de
ceste dicte ville.
Et sera la présente criée et proclamation
imprimée et attachée aux portes du Palais.
[Signé :] de Longueil, de Tourveon,
de La Fay, de Villars etc. 30 jan-
vier 1568.
Le gouvernement , par cette ordon-
nance, régularisait à sa manière, et à
son protit, les fruits d'un pillage qu'il
avait ordonné. C'est ce dont un des pre-
miers magistrats lyonnais du moment.
Claude de Rubys. rend compte en ces
termes :
« Etpareeque les Protestants estoyent
cause de cote guerre, il fut advisé de
chercher moyen qu'elle se fit à leurs des-
pens. Et à ces Ans on constitua prison-
niers plusieurs des principaux d'entr'eux
au couvent des Celestins et ailleurs, sous
bonne et genre garde; desquels aucuns
se firent catholiques, les autres se ra-
cheptarent par bonnes sommes d'argent,
puis vidarent la ville. L'on dressa aussi
un magasin en la ville, que l'on nomma
te magasin du Ro;/. où furent portées
les marchandises que Ton trouva dans
leurs bouticques et magazins. lesquelles
on leur permettoit racheter pour la moi-
tié, ou quelquefois plus ou moins de ce
qu'elles valoyent. sinon on les vendoit
au plus offrant et dernier enchérisseur ;
et s'en tira bons deniers. »»
Histoire véritable de la ville de I.yon, par Claude de
Rubys, conseiller au présidial; Ltod, 1604, p. 413.
ANNONAY (Pêrette). 1557 [II, 215
a]-
ANXOTEAl" Jacob), sa femme, troir
283
ANNOÏEAU — ANTHOINE
Ô84
enfants et une Elisabeth Annoteau, ré-
fugiés et assistés en 1721 à Londres.
ANNOY (le seigneur i>'\ 1699 [IV,
298 b].
ANOGUIER (Pierre), do Meaux, vi-
trier, reçu habitant de Genève, 10 nov.
1572.
AN01NE (d'), ancien à Nîmes, 1012
{Bull. XIII, 141).
ANQUETIL (Jacques), tils d'André et
de Susanne Hennequin, baptisé à Cha-
renton, 1034 . — (Charles), sr de La Car-
rière, 80 ans, enterré au cimetière S. -Mar-
cel, 1001. — (Susanne), prisonnière à la
Conciergerie de Rouen, condamnée à la
réclusion, 1088. — (Marie) et sa fille,
assistés à Londres, 1721.
Anqueville, voy. Mehé.
Anquitard, voy. Poussard.
ANSELIN ( Pierre ) , massacré à
Troyes, 1572 [VU, 249 b]. — (Jean),
marchand à Romans, reçu habitant de
Genève, 27 oct. 1572. — Voy. Ancelin.
ANSELME (Jean), « praticien de Gre-
noble, » reçu habitant de Genève, 23 oct.
1572.
ANS1AUD (Pierre), des environs de
Sedan, malade etassisté àGenève, 1091.
ANSON (la veuve de Moïse), de Ve-
sancy, assistée à Genève, 1700.
ANTERIEU, martvr aux Cévennes,
1080 [IX, 390 a; X, 401].
Antesigxanus, voy. Bavantes.
ANTHOARD (Claude, François et
Jean), massacrés, quoique le premier fût
impotent, le second fou, le troisième vieil
et caduc. — (Louise), traînée par les
chemins. — La femme et deux enfants
de Claude, morts de faim et de froid.
— Quatre enfants ^Honoré Anthoard.
morts de faim. Toute cette famille était
de Cabrières (Provence) et périt en 1562
[X, 470, 471, 472].
ANTIGNY (d'), capitaine de cavale-
rie, réfugié en Prusse peu avant 1085
{Erman IX, 12).
1. ANTHOINE ou ANTOINE
(Claude), « boullanger à Pelligny en la
comté de Vaudemont, » reçu habitant de
Genève, 7 août 1559. — (Didier), à Metz,
v. 1500 {Bull. XI, 420). - (J.,, magistrat
du parlera, de Paris, 1502 (IV, 211 a].
— (Jean), massacré à Hières, 1562 [X,
469]. — (le capitaine), 1566, 1572 [II,
371 b; VIII, 341 bj. — (Jehan), pasteur
en Vivarais, v. 1567 (Bull. IX, 295). —
(Noé), de Serpolières de Dombes, reçu
habitant de Cenève, 10 mars 1573. —
(Claude, fils de Thibaud), de près Besan-
çon, coutelier, reçu habitant de Genève,
25 janv. 1585. — Antoine, apothicaire,
condamné à mort par le pari, de Bor-
deaux, G avril 1509 [II, 415 b]; — autre,
ministre de Pons et Plassac. id. [Il,
415 b]. — Anthoine, ancien de Pujols-
de-Rauzan, 1079 [VIII, 223 b], — (la
veuve de J. -César) et ses deux enfants,
réfugiée et assistée à Genève, 1095. —
(Pierre, Baniel et Jacob), chefs de fa-
milles d'artisans (couteliers) à Metz, ré-
fugiés à Berlin, 1098-17(10. — (Corneille),
assisté à Londres, 4721.
2. ANTOINE (Matthieu d') , docteur
en droit, est l'auteur d'un opuscule inti-
tulé : Responce aux resteriez et hérésies
de Guilliaume Postel cosmopolite. Lyon,
lean Saugrain, 1562, in- 12 de 119 p.,
avec une dédicace, datée de Lyon, « à
son seigneur maistre Pierre Viret, Mi-
nistre de la parole de Dieu, a une pré-
face (en vers) au lecteur, et une épître
(en vers) « aux Postelans. » — Du Yer-
dier qualifiait déjà ce livre de calvinique.
Il est probable que son auteur doit être
identifié avec un jeune avocat de Greno-
ble, nommé par les uns Mathieu d'An-
toine, et par d'autres Anthonian, Saint-
Antoine , ou d'Autrine [IV, 45K bj qui,
après avoir été l'un des plus fidèles par-
tisans de JJontbrt/n, le trahit en 1500 et
faillit même le faire prisonnier. (Du-
FOUR.)
3. ANTHOINE (Nicolas), naquit à
Briey en Lorraine, vers le commence-
ment du XVIIe siècle [Haag I, 113].
Son père, Jean Anthoine, ne négligea
rien pour lui donner une éducation libé-
rale. Il l'envoya d'abord à Luxembourg,
où il suivit pendant cinq ans les cours
du collège de cette ville, et, ensuite, il
alla continuer ses études à Pont-à-Mous-
son, à Trêves et à Cologne, sous la di-
rection des jésuites. Il avait atteint sa
vingtième année lorsqu'il retourna chez
ses parents. Bans le cours de ses études,
le jeune Anthoine ayant conçu des doutes
sur la vérité des doctrines de l'Eglise ca-
tholique, éprouva le besoin de les éclair-
cir, et à cet effet il s'adressa au pasteur
de l'église de Metz, Pau/ Ferry. Les
28Ô
AXTHOIXI.
286
instructions de ce pasteur l'ayant plei-
nement convaincu, il embrassa le pro-
testantisme. 11 voulut même devenir un
de ses ministres, tant ses convictions
étaient sincères. Il se rendit donc à Se-
dan, et de là à Genève, pour y étudier en
théologie. Mais de nouveaux doutes De
tardèrent pas à assiéuerson esprit. Voici
quelle en fut la source. A cette époque,
l'exégèse était encore dans l'enfance,
tve d'une dogmatique inflexible, elle
ne chercbait dans l'A. T. que des allu-
sions au Messie, allusions souvent si
voilées que le jeune étudiant, ne pou-
vant les saisir, prit le parti extrême de
nier absolument la vérité des prophéties,
et rejeta le Christ comme un imposteur.
lors, il résolut de renoncer a sa nou-
velle religion pour faire profession de ju-
daïsme. Dans cette intention, il quitta
Genève et se rendit à Metz pour se faire
admettre dans la synagogue; mais les
juifs de celte ville, craignant, dit-on, de
s'attirer une fâcheuse affaire, lad.
rent, après quelques conférences, à ceux
de Venise. Même refus de la part des
juifs de cette ville, qui l'envoyèrent à
leurs coreligionnaires de Padoue. Le peu
de succès de ses démarches le décida à
la fin à retourner à Genève. .Jusque-là.
sa conduite n'avait certainement rien de
coupable; il obéissait à tel convictions,
de même qu'il y avait obéi loyalement,
volontairement, pour abjurer la religion
dans laquelle il avait été élevé. M
commencent, d eux,
une sera: d'actes de la plus condamnable
hypocrisie. Sans doute qu'il y fut en-
traîné par la misère ; mais cela ne sau-
rait le justifier. De retour à Genève, il
ht semblant de poursuivre ses études
ihéolt ' sa dissimulation fut telle
(jue le ministre et professeur en théolo-
liodati lui confia l'éducation u
enfants Ses études terminées, Anthoine
fut nommé premier régent du collège de
Genève, et il disputa même, mai?
succès, la chaire de philosophie. « Pen-
dant tout ce temps-là, dit le critique de
La Roche (Bibl. Angloise, t. IL, il vécut
extérieurement en chrétien; mais en
particulier il vivoit et faisoit ses dévo-
tions à la manière des juifs. Pour met-
tre le comble à son manège, il demanda
un témoignage à l'église de Genève et
alla au synode de Bourgogne, assemblé
à Gex. pour y être admis au saint minis-
tère. Il y fut admis selon la coutume,
promettant de suivre la doctrine de l'A.
et du X. T., et de se confonner à la dis-
cipline et à la confession de foi des églises
réformées de France. Après quoi, le sy-
node le nomma à l'église de Divonne
dans le pays de Gex. » Une fois pasteur,
il n'est sorte d'expédients auxquels il
n'eut recours pour concilier les devoirs
de son ministère avec ses croyances re-
ligieuses. Jamais il ne prenaitle texte de
ses sermons que dans l'A. T. et il évi-
tait avec grand soin de parler de J.-Ch.,
soit dans ses exhortations, soit dans ses
prières. A la lin. le seigneur de Divonne
conçut des soupçons, et il lui en fit part.
La torture morale qu'Anthoine avait du
trop longtemps s'imposer, jointe à la
honte et à l'humiliation qu'il ressentit
de se voir découvert, provoquèrent une
• lise terrible : il perdit la raison. Dans
m s accès de folie, il proférait les plus
grands blasphèmes contre la religion
chrétienne. In jour, étant parvenu à
tromper la vigilance de ses gardiens, il
s'enfuit de nuit jusqu'aux portes (i
nêve. Lorsque le jour parut, on le trouva,
nu-pieds, prosterné it.uis la boue, qui
adorait « le Dieu d'Israël. „ C'était au
mois de février. La folie du malheureux
était trop manifeste pour qu'on put son-
proivder contre lui. On le fit donc
entrer à l'hôpital, où des soins intelli-
n<* tardèrent pas à lui rendre la
raison. Mais, lorsqu'il eut recouvré son
bon sens, ou à peu près, il persévéra
dans si ftUg anti-chrétienne. « blasphé-
mant contre la Sainte-Trinité et la per-
sonne de notre Seigneur J.-Ch.. et sou-
tenant tant de bouche que par écrit que
c était une idole, et que le X. T. n'était
qu'une fable. » Les remords qu'il éprou-
vait de sa conduite passée devaient être
bien violents pour lui arracher une telle
profession de foi: n'avait-il pas devant
ix le terrible exemple de Server'
Xi les exliortations, ni les prières, ni les
menaces, rien ne put l'ébranler. On le
tira alors de l'hôpital pour le jeter en
prison. Pendant sa détention, il présenta
trois requêtes au conseil ; dans l'une « il
priait qu'on informât sur sa vie, disant
qu'il avait toujours tâché de vivre en la
287
ANTHOINK
288
crainte de Dieu, et de suivre la droite
voie du salut ; que Dieu connoissoit son
cœur et étoit témoin de son intégrité. »
Mais la rétractation de ses doctrines
pouvait seule le sauver, et il repoussa
constamment cette dernière planche de
salut. Lorsqu'il fut question de juger
cette affaire, le conseil désira consulter
les ministres de la ville et les professeurs
en théologie de l'académie. Ils comparu-
rent dans son sein, le 9 avril, au nombre
de quinze. Les avis furent partagés. Se-
lon les uns, Anthoine n'était pas plus
digne du dernier supplice que ne l'était
tout autre juif ; à la vérité, il y avait cette
différence qu'étant juif au fond du cœur,
il avait feint d'être chrétien et s'était fait
recevoir au saint ministère; c'est pour-
quoi il méritait d'être flétri, déposé du
ministère et banni, ou tout au plus ex-
communié de l'Eglise, île l'excommuni-
cation majeure. Un jugement à mort
leur semblait d'autant moins applicable
qu'Anthoine ne pouvait être considéré
comme étant compos mentis après les
signes manifestes d'aliénation mentale
qu'il avait donnés. Quelques-uns furent
d'avis que le conseil, avant de se pro-
noncer, consultât les diverses églises et
académies protestantes, et en particulier
celles de la Suisse. Mais les autres, et ce
fut le plus grand nombre, représentèrent
qu'il y aurait du danger à supporter plus
longtemps un pareil monstre; que sa fo-
lie ne l'excusait point, puisqu'il avait
maintenu ses impiétés dans un temps
où il avait l'esprit lucide. L'avis le moins
sage et le moins charitable prévalut. Ce
fut en vain que le pasteur de l'église de
Charenton Mestrezat et le pasteur de
Metz Paul Ferry cherchèrent, par leurs
représentations, à ramener le conseil
dans les voies de la douceur et de la
modération et à lui éviter de rendre un
jugement que la postérité ne devait pas
ratifier. Mestrezat s'appuyait surtout sur
des considérations d'intérêt public en fa-
veur de l'Eglise protestante. « Les écrits
de nos prédécesseurs Depuniendis Hxre-
ticis, écrivait-il à son beau-frère, M. Cha-
brey, ministre à Genève, n'ont pas été à
grande édification, et tournent, aux états
où le magistrat nous est contraire, à no-
tre grand préjudice. » Et dans une se-
conde lettre, du 30 mars, il revenait sur
ce même sujet. « Quant à votre moine
juif [il se trompait, Anthoine n'a jamais
été moine] et ministre renié, les plus
sensés lui souhaitent ici une prison per-
pétuelle et étroite,... et craignent mer-
veilleusement les conséquences d'un
supplice public de peur qu'on n'infère
par deçà que des propos contre le pape,
vicaire prétendu de J. Ch., ou contre
l'hostie de la messe, soient appelés
blasphèmes contre Christ, et prétendus
semblablement punissables. » La lettre
que le ministre Ferry adressa aux pas-
teurs de Genève, également à la date
du 30 mars, fait trop d'honneur à son
caractère pour que nous n'en rappor-
tions pas quelques fragments. 11 com-
mence par s'excuser de s'ingérer dans
cette affaire sur ce qu'ayant servi d'in-
strument pour amener Anthoine à la
connaissance de la vérité, il a d'autant
plus de raisons de désirer qu'il ne se
perde. Il entre ensuite dans quelques
détails sur les antécédents de ce mal-
heureux et cherche surtout à détruire
cette fausse idée que les accès de dé-
mence qu'il avait éprouvés étaient « un
manifeste jugement du ciel, » d'où ses
juges eussent pu inférer que Dieu les
avait élus pour être des instruments de
vengeance plutôt que de miséricorde. 11
raconte qu'après son retour de l'acadé-
mie de Sedan. Anthoine commença à
manifester une humeur sombre et sau-
vage; qu'il était « toujours inquiet, sans
pouvoir être en repos en aucun lieu. Ce
que nous ne pouvions attribuer, conti-
nue-t-il, qu'au mauvais succès qu'il avoit
eu en un synode de l'Isle-de-France, où
il avoit été envoyé avec témoignage et
recommandation de l'église et académie
de Sedan, et d'où il avoit été pourtant
renvoyé. » La pauvreté et « la nécessité
de beaucoup de choses où il tomba tôt
après » contribuèrent encore à augmen-
ter sa mélancolie. « A quoi il semble
qu'on peut ajouter, poursuit le ministre
de Metz, la forme de ses études atta-
chées après le Vieux Testament, sur le-
quel il m'a écrit qu'il dressoit une con-
cordance. En tout cas, quand bien ce
ne seroit là les causes de son mal, si
est ce que vous savez, Messieurs, qu'il
se trouve une sorte de mélancolie, en
laquelle les médecins reconnoissent
280
AXTHOLNE
290
Oîîiv tt, qui n'est pas néanmoins un
crime, ni un châtiment de la justice de
Dieu, mais une grande misère... Après
tout. Messieurs, il est certain qu'il vous
trompe en disant qu'il y a huit ou dix
ans qu'il a résolu en soi-même ce qu'il
déclare à présent; car non-seulement
en cet entretemps il a toujours fait
toutes sortes de preuves personnelles
d'une profession chrétienne, mais a
même gagné son frère à la nôtre, eu
laquelle il Ait honnêtement parmi nous,
et a tâché d'en faire autant de son père,
auquel comme à lui il en a écrit quan-
tité de lettres... que j'ai toujours vues
pleines d'un style ardent et de témoi-
gnages d'une merveilleuse et peu com-
mune affection à J. Gh., et à la vérité
d'icelui enseignée en nos églises. —
Même lors qu'il fut reçu au ministère,
il me l'écrivit de Genève du 29 novem-
bre, comme à celui qu'il avait accou-
tumé d'appeler, comme il fit encore
lors, son très-cher père spirituel duquel
Dieu s'était servi pour l'amener, di-
sait-il, à sa connaissance. — Messieurs,
permettez-moi, je vous supplie, de vous
dire qu'il semble bien nécessaire pour
l'édification de l'Eglise que cette affaire
se traite avec une grande retenue. Tout
autre exemple que l'on en voudroit faire,
nuiroit sans doute merveilleusement...
En tous cas. il n'est pas besoin de se
hâter en chose qui peut toujours être
faite, et où le délai ne peut nuire, peut
même quelquefois servir. A Serve t dog-
matisant d'un sens froid et sec depuis
vingt ans et plus, en plusieurs lieux, de
bouche et par livres écrits et imprimés,
et choses bien plus subtiles et plus pé-
rilleuses, il fut donné un long temps
pour se remettre. Encore. Messieurs,
savez-vous les divers discours qui s'en
sont ensuivis, etc. » Cette lettre lit, se-
lon de La Roche, une telle impression
sur l'esprit des ministres de Genève',
qu'après le jugement ils se rendirent en
corps au conseil pour supplier les ma-
gistrats de surseoir à l'exécution de leur
sentence: mais si l'on considère la date
à laquelle elle fut écrite, on ne saurait
douter qu'ils n'en eussent déjà pris con-
naissance avant la séance du 9 avril où
ils furent appelés à émettre leur avis, et
dont nous avons rapporté le déplorable
résultat. Le 1 1 , Anthoine comparut pour
la première fois devant ses juges, et fit
hautement profession du judaïsme. Le
10, son procès étant instruit, le conseil
le condamna à « être lié et mené en la
place de Pleinpalais, pour là être atta-
ché à un poteau sur un bûcher, et étran-
glé à la façon accoutumée, et en après
son corps brûlé et réduit en cendres. »
Cette sentence fut exécutée le jour même.
'20 avril 1632.} « Quelques-uns , dit
Spon (Hist. de Genève), murmuraient et
disoient qu'il y avoit trop de sévérité
d'exécuter des gens à mort pour de sim-
ples opinions ; mais le conseil considé-
roit le criminel, non seulement comme
un apostat et un blasphémateur, qui
traitoit la sainte Trinité de cerbère ou de
monstre à trois têtes, mais aussi comme
un séducteur pernicieux et un parjure
qui préchoit sa fausse doctrine contre le
serment fait en sa réception. »Nous osons
affirmer, à l'honneur de notre siècle,
qu'il n'y a pas, de nos jours, un seul
membre de l'Eglise protestante qui vou-
lût ratifier cette sentence. Et qu'on le
remarque bien, ce n'est pas par imliffé-
rence religieuse, tout au contraire,
bien plutôt parce que la divine religion
du Christ, religion d'amour et de cha-
rité, tend de plus en plus à pénétrer nos
cœurs. La lettre meurt ; l'esprit survit.
On trouva parmi les papiers d An-
thoine : I. Quelques passages de 1 A. T.
avec une prière : IL Une prière qu'il
faisait le soir avant de se coucher, et
une autre qu'il prononçait après ses ser-
mons; ces prières sont, dit-on, rem-
plies d'onction, mais il n'y est fait au-
cune mention de Jésus ; III. Une petite
feuille contenant onze objections philo-
sophiques contre la doctrine de la Tri-
nité; IV. Un long écrit dans lequel
l'auteur fait une confession de sa foi
en xii articles, accompagnés de leurs
preuves ; il avance : 1° qu'il n'y a qu'un
seul Dieu sans distinction de personnes;
2° qu'il n'y a point d'autre voie de salut
que l'accomplissement de la loi de
Moïse ; 3° que la circoncision est de ri-
gueur; 4° que le sabbat doit être tou-
jours observé ; 5° que la distinction des
viandes en pures et impures doit tou-
jours subsister; tj° que les sacrifie. - - -
ront rétablis ; 7° que le temple et la ville
i. 10
291
ANTHOINE — APOLIS
292
de Jérusalem seront rebâtis ; 8° que le
véritable Messie doit venir, et qu'il sera
un roi glorieux, saint et juste, qui réta-
blira le royaume d'Israël; 9° qu'il n'y a
point d'imputation du péché d'Adam;
10° qu'il n'y a aucune prédestination,
par laquelle Dieu ait décrété de sauver
les uns et damner les autres; mais
qu'on sera récompensé ou puni selon
ses œuvres; 11° que personne ne peut
satisfaire pour nous; mais que si nous
péchons, il y a lieu à ropentance :
12° que le N. T. n'est point conforme à
l'Ancien. A la lin de cette profession de
foi, se trouvent deux autres écrits ; dans
l'un, l'auteur entreprend de prouver que
les passages de l'A. T. où il est question
d'une nouvelle alliance, doivent s'enten-
dre d'une confirmation de l'ancienne
faite avec Abraham, Moïse et les Pères;
dans le second de ces écrits, il donne
une explication du LIIIe chap. d'Esaïe;
selon lui, le prophète y parle des Israé-
lites vertueux qui furent enveloppés
dans les mêmes malheurs que les mé-
chants. — Anthoine avait fait tenir
cette pièce au conseil pendant sa dé-
tention; il y apposa sa signature en
signe de confirmation, le jour même de
son supplice.
4. ANTHOINE (Jacques), religieux de
l'ordre de la Trinité, abjure dans l'église
d'Avallon, 1618 (Tt, 259).
ANTHON1S (J panne}, vers 1580 [II,
sis;.
ANT1N (René) ou Aum, « lîls de feu
,laequcs, natif/: d'Angiers, » reçu hab.
de r.enève, 29 août 1558. — (Pierre),
pasteurà Autry, Orléanais, 1502 [X, 53].
ANT1N (Daniel du' Monceau, sieur
n\ 1081 [VII, 439 bj.
ANTON (Franc,.;, de S.-Médiers
(Gard), galérien, 1750 [X, 427 b]. 11 fut
pris dans une assemblée très-considéra-
ble de protestants réunie, 22 nov. 1750,
à Pontè/e. près d'Uzès, sous la prési-
dence du pasteur ./. Pradel , dont il
existe sur ce sujet une curieuse corres-
pondance (B'tbl. de Genève; Mss de
Court). Un jugement de l'intendant du
Languedoc, daté du 24 déc. suivant,
condamna F. Anton aux galères perpé-
tuelles et sa femme Françoise Barre,
qui avait été prise eu même temps que
lui, à être rasée et enfermée à la tour de
Constance pour le restant de ses jours.
Leurs biens furent confisqués. (Pua-
del.)
ANTOR1EU (Isaac), réfugié à Neus-
tadt, 1700.
ANTRA1GUES (la dame d') protège
Pierre Caroli contre le parlement de
Paris (Archiv. ffén., reg. du parlement.
Conseil; 22 décemb. 1525.) — D'An-
fragues, réfugié en Angleterre à la Révo-
cation, capitaine au régiment de Schom-
berg, 1692 (Agnew II, 10). — Voy.
Guillerane et Launay.
ANTRAY (les trois enfants du sieur
d'), massacrés à Paris, 1572 [III, 401 b|.
ANTRICHY (Charles d'); Paris,
1621 (Bull. IV, 91).
1. AN VILLE (Frédéiuc d'), béarnais,
martyr à Paris, 1557 [VII, 145 a] et
Bull". Il, 381.
2. ANVILLE (d'), deVillefagnan,mis
à la Bastille, 1686 [X, 434]. Voy. |V, 329
aj, et aussi Bidauld et Coulart.
AONS (Arnaud d'), ministre de Long
et gentilhomme, fils de A'. d'Aou* et,
d'Anne de Bayctt, laquelle se remaria à
M. de Terrade, ministre. Arnaud épousa
Sum/rne Barthélémy dont il eut : Jo-
seph, Isaac, Anne, Claire, Judith et
Françoise. On a son testament daté de
Pau, 10 mai 1591, par lequel entre au-
tres dispositions, il lègue 20 écus sol, à
la Bourse de Genève pour les réfugiés
(Arch. des B.-Pyr. E, 2008).
AOUSTIN1 (Nicolas), sieur de Saint-
Pierre; Dieppe, 1560 [V1JI, 313 a;.
APASOT (la femme de Jacques), brû-
lée vive à La Coste, en Provence, 1502
(X, 471].
APESTIGNYou Lapestignv, nias-a-
cre et noyé près Màcon, 1503 LVI,
304 b]. — Voy. Lapestigny.
API (Jacques), de La Coste, en Pro-
vence, réfugié et assisté à Genève. lO'.U.
— Jêrêmie Apis, de Provence, réfugié à
Berlin, 1698.
APILLY (d'), pasteur réfugié en
Suisse, 1572. — Autre, dont le nom s'é-
crit plutôt Dapilly ou Dapcilly, pasteur
de S.-Flour-de-Pompidou (Loxe;;
1675-1C81 rVII, 107 a; VIII, iOi b; IX.
5 a].
APOLIS (Etienne , de Montpellier,
Forme romain; lï^tvgustinvs, Cf. ci-dessus \,
293
APOLIS — APPEL VOISIN
294
galérien sur la galère « La Fière, » con-
damné en 1705 pour avoir assisté à une
assemblée religieuse Liste des prot. ,
1711 .
A'POSTOLY (Isaac), du Dauphiné,
tralérien, 1687; libéré en 1713 X, 410].
APOTHICAIRE (David, bis de Flo-
rin), et de Catherine dp Monforcier, na-
tif de S. -Bonnet le-Chàteau en Forez,
orfèvre à Lyon, reçu, le 12 sept. 137;:,
habitant de Genève. Il y épousa le
11 janvier 1573 Madeleine, fille de feu
Jean Le Maistre&e Troyes, et de
Le Duchat, et mourut le 30 déc.
ayant eu de sa femme (remariée l'année
suivante à Pierre Mansson, apothi
bourgeois de Genève] neuf enfant-.
parmi lesquels : 1° Marie, née
femme. 1308, de Daniel Mansson, orfé-
viv. — 2° Jonathan, né 1583, orfèvre. —
\nne. née L586j femme, 1003. de
Louis Roget. — 4° Marguerite, née
1589, femme, 1606, de Samuel Scana-
vin, orfèvre. — Françoise Apothicaire '.
:nent réfugiée à Genève, y épousa,
31 mai 1573. Gaspard de Hus.
Appagnv, voy. Chandieu.
APPA1S (Pierre . pasteur et pr
seur. né à Die, était d'une honorable
famille de cette ville. Un de ses anc
Jean Ipaj/snu) était dominicain
vers la fin du W siècle et avait publié
en 1515 les ouvrages de son oncle ma-
ternel Jean Reynard, également domi-
nicain et vicaire vénérai de l'évêque de
Die. Claude de Tournon \l A\
avait fait ses études théologiques à fie*
nève où il est inscrit comme étudiant en
1596 et il fut successivement pasteur de
Quint en Dauphiné vers
1601-1608. de Chastillon 1609-1626 X,
330J, de Pontaix 1630-1634. Lorsqu'en
1603 l'église de Die fonda une iv
mie protestante. Pierre Appais en fut
nommé recteur. Le -20 juin 1622, il as-
sista en qualité de député de a
au synode de Pout-en-Royans qui prit,
avec un esprit des plus éclairés, la
lution suivante : « Quelques colloques
« de ceste province n'ayant point faict
« nomination de ceux qui recueilleroient
« les mémoires des églises touchant
' « Nous ne savons s'il y a en France des ./pottiiai-
rrs ou l'ut lient ira; les Anglais ont des Potlircar-j. »
Closs. étyui. 'les iiuuis propres, par Ed Le llericher).
« lesjaicts mémorables armés en icel-
« les despuis la Réformation, selon ce
« qui en avoit esté ordonné par le syno-
« de précédent, a esté dict que chaque
« colloque nommera le sien et à cet
« effect ont esté esleus et choisis, le
« sieur Félix pour le colloque du Vieil-
li nois, le sieur Murât pour le
•< lentinois, le sieur de La Croie pour
« les Baronnies , le sieur Conel pour
• i'Embrunois, le sieur de La Colom-
■e pour le Gapencois, le sieur
« Guérin pour le Valcluzou et le sieur
« Appaii pour le Diois, auxquels leurs
« colloques feront tenir dans trois mois
« précisément tous Lee mémoires qu'ils
« pourront recueillir en 1 - -. de
« quoy lesiiits autres pasteurs rendront
« compte au synode prochain. » — Ce
dernier devait être en effet connu comme
écrivain, car il avait publié vingt-quatre
ans auparavant un volume intitulé :
Deux Homélies, l'une des miracles
du Christ au ventre de la saincte et t;lo-
• uier</esa mère, l'autre de l'extrême
chnute et merveilleux relèvement ê
Manassé ; item les fruiefs divers d'une
chrestienne, par le sieur Pierre
I ■lulphinois. 1598, in-8*
Homélies sont en prose, et les Fruicts
d'une muse, qui sont des cantique-
née, et quelqi: le circon-
stance, sont en vers. Le catalogue de
Viollet-le-Duc. d'où nous tirons ce ren-
seignement, ajoute que p
sont également ■< dél dire qu il
a été impossible de coutrol
livret étant introuvable.
Pierre Appais ou Appaii est le même
que le ministre nommé parquelqu.
qui fut arrêté en 1034. sur l'ordre
de l'évêque de Valence, pouravoir prêché
hors de sa résidence, mais rendu bientôt
à la liberté par arrêt du conseil privé.
Appel i.' . voyez Dappel.
Appelles, voy. Gin
APPELLO Bertrand). ■ bout
natif de Vienne, » reçu habitant d
nève, 18 oct. 1
1. APPELVt lISIN d, ouAppellî.
signature); quelquefois de Pa:
sin (voy. Tallemant). = Armes : De
gueules à la herse sarrasine d'or, de
trois traite.
2, Fbakçois, sieur do lire
295
APPELVOISIN
ARANDE
296
Poitou [VI, 535 a], admis à la profes-
sion de foi protestante, à La Rochelle,
le 10 avril 1588; adhésion qui exigea de
sa part une certaine énergie, sa famille
étant très-catholique. Son proche pa-
rent François d'Appellevoisin était com-
mandeur du Temple de La Rochelle et
de Mauléon.
3. Charles d'Appelvoisin, sieur de La
Bodiniatière en Poitou, épousa, 1572,
Madeleine Roussart, dont il eut Samuel,
sieur de La Jovinière, vicomte de Fercé
[VIII, 239 h], marié en 1632 à Elisabeth
de Pierre-Bujjière, fille de Pierre, sieur
de Chambret, et de Marie de La Noue,
dont il eut : 1° Olivier, sieur de La Jo-
vinière, mort sans alliance; 2° Marie fil,
197 a; V, 347 a], qui épousa en 1662,
Claude-Charles Goyon, baron de Marcé,
vicomtedeTerchant,etquimourutà Paris
en 1676, âgée de 38 ans ; 3° Marguerite,
femme de messiro François de Goulaine,
sieur de Laudouinière près Vieillevigne
(Haute-Garonne), morte le 22 mai 1677
[V, 326 b]. Famille divisée en plusieurs
branches, dont une fut certainement
protestante, celle de La Jovinière. — Sa-
muel d'Appelvoisin, marquis de Paillé,
professait aussi le protestantisme en
1632.
En 1664 l'intendant Golbert de Croissy
mentionne cette famille au nombre des
plus considérables du Poitou. Cepen-
dant, en 1756, Pierre d'Appellevoisin
exerçait la profession de raffineur à
Exoudun. En 1789, Charles - Gabriel-
René d'Appellevoisin , marquis de La
Roche du Maine et maréchal de camp,
était élu député suppléant de la noblesse
de Poitiers. (Haag. — Richemond.)
4. APPELVOISIN (d'), galérien, 1686
[X, 408] et Lièvre III, 341.
APPIA (Barthél.), pasteur à Mean
en Dauphiné de 1612 à 1616.
APRIX (Marguerite); Normandie,
v. 1600 [VI, 362 b].
AQUIÉ (la veuve), prisonnière à Mon-
tauban, 1736 [X, 404].
AQUIN(Jean); Grenoble, 1560 [IX,
369 b].
ARABIN (le capitaine), 1567, 1588
[II, 371 b, 374 b]. - Arabin de Bar-
celle, cornette de Schomberg, 1689 [IX,
233 a].— (Jean, fils de feu Barthélémy),
de Riez en Provence, marchand dra-
pier, reçu habit. deGenève, 19 mars 1712.
AR AB Y (Pierre d'); Meaux, 1546[X,
12, 13]. — Araby, à Orléans, 1562 [II,
312]. — Daniel Arraby ; Berry, 1638
[IX, 495 a; VI, 27 b].
ARAGON (André), de Castres, me-
nuisier, réfugié à Berlin, 1700.
ARAM (Jacob) et sa femme, réfugiés
et assistés à Londres, 1700. — Aram,
ouvrier diamantaire, natif de Pierresé-
gade (Tarn), irès-considéré des person-
nes qui l'employaient, fut obligé de s'ex-
patrier et mourut à Amsterdam, 1758.
« Sa vie et sa mort, dit une lettre du
temps, furent d'un grand exemple à tous
ceux qui le connoissaient. » (Pradel.)
ARAMBOURG (Jean), de Pont-de-
Veyle, assisté à Genève avec sa femme
et trois enfants, 1691-1700.
Arambure (Jean d'),voy. Harambure.
ARAM1TS ou ARAMIS (Pierre d'),
capitaine béarnais, 1569 [I, 133 a]. As-
siégé dans le château de Mauléon (Basses-
Pyrénées), il fut secouru par quelques
compagnies béarnaises, avec lesquelles
il « rembarra dans leur montagne » les
Basques qui étaient venus l'attaquer. Sa
femme se nommait Louise de Sauguis.
Elle était veuve en 1598. Ils eurent plu-
sieurs fils , entre autres Phoebus et
Charles. Ce dernier vend l'oratoire de
S.-Vigne, situéàFéas (B.-Pyr.), au curé
d'Issor, en 1623. — (Jeanne d'), épouse,
1652, Arnaud de Casamayor, ministre à
Oloron.
Bordenavc, Hist. de Navarre. — P. Raymond, Ar-
chives des B.-I'yr.
ARAMON (le seigneur d'), 1576 [IV,
400 a]. — Autre v. 1596 [V, 139 a].
ARAN (Jean, fils de feu Jacques d')
ou Daran, de Revel en Languedoc, reçu
habit, de Genève, 30 sept. 1718.
ARANCES, capitaine béarnais, 1569
[I, 133 a].
ARANDE. — Michel Arande ou d'A-
rande ; Arandius , Arantius, Aranda, de
Arandia. MM. Haag ont cité plusieurs
fois, mais incidemment [VI, 506; VII,
232;VI1I, 104], ce théologien. Il contribua
d'une manière notable, par sa parole, à
répandre en France les premiers germes
de la Réformation, et cette circonstance
nous oblige à rassembler ici ce qu'on sait
de sa vie; mais le sacrifice qu'il fit bien-
tôt de ses doctrines à des intérêts pure-
297
ARAXDE
298
ment mondains nous oblige aussi à le
donner comme un brillant exemple
d'homme richement pourvu des dons de
l'esprit, mais chez qui le caractère n'é-
tait pas à la hauteur du talent.
Né à Tournay ou près de Tournay en
Flandre, il avait été d'abord prêtre,
comme la suite de son histoire le mon-
trera, et s'était fait ermite. Il était venu
ensuite aux écoles à Paris, et s'y était
assez distingué par l'éclat de ses opinions
luthériennes pour être obligé de fuir, en
1521, avec Farel, Lefèvre d'Etaples et
Gérard Roussel. Ce fut à Meaux, auprès
de l'évèque Briçonnet, que ses compa-
gnons et lui trouvèrent refuge et bon ac-
cueil. La duchesse Marguerite d'Alen-
çon, sœur du roi, que Briçonnet avait
entièrement attirée à ses idées de ré-
forme chrétienne, demandait, vers le
mois de juin 1521 l, c'est-à-dire peu de
temps après l'arrivée des fugitifs à
Meaux, que maître Michel lui fut en-
voyé pour son service spirituel et sa
consolation. Celui-ci devait probable-
ment ce choix à ses dons oratoires, et
il le justifia pleinement par l'influence
qu'il prit sur la duchesse et qui s'étendit
autour d'elle. Le 19 juin, Marguerite re-
mercie Briçonnet d'avoir eu par sa lettre
« et celle de maistre Michel occasion de
désirer commancer d'entendre le chemin
de salut * : » c'est-à-dire qu'elle attendait
à ce moment la venue imminente de l'au-
mônier qu'elle avait demandé à Meaux.
Et, en effet, Michel d'Arande était in-
stallé auprès d'elle à l'automne, car, à
la date du 11 nov. (1521;, Briçonnet
écrivait à la princesse : « Madame, sa-
chant que avez maistre Michel, ay passé
légèrement en quelque endroit. Il est
vostre, et le surplus, qui est pour à vos-
tre plaisir en disposer, vous suppliant
me le prester pour l'advenir, car je m'y
suis actendu ; et après le vous renvoiray,
s'il vous plaict 3. » Et en effet, le mois
suivant, Marguerite renvoyait son au-
mônier à Meaux avec une lettre portant:
«... Vous renvoyé maistre Michel lequel
je vous asseure n'a perdu temps, car l'es-
prit de nostre Seigneur par sa bouche
1 Correspondance des Réformateurs, pub. par A.-L.
Herminjard, n° 35 il, M •
* Corr. des Réf. n° 36 (I, C7I.
* Corr. des Réf. (I, «ni.
aura frappé de? âmes qui seront encli-
nes à recepvoir son esprit, comme il vous
dira;... vous priant que entre tous vos
pieux désirs de la reformacion de l'Eglise
où plus que jamais le Boy et Madame
(sa mère) sont affectionnés, ayez en mé-
moire, etc.. » Michel d'Arande continua
sa propagande, durant l'année suivante,
avec le même succès, car Marguerite écrit
àBriçonnet, verslecommencementd'oct.
1522 : « Le désir que maistre Michel a de
vous aller veoir a esté retardé par le com-
mandement de Madame à qui il a com-
mencé lire quelque chose de la saincte
Escripture qu'elle désire qu'il parface.
Mais sytost qu'il sera faict, incontinent
il partira. Mais louez Dieu qu'il ne perd
point le temps *... »
Non-seulement l'habile prêcheur tra-
vaillait donc à cette hasardeuse entre-
prise de gagner à la Béforme le roi
lui-même et Louise de Savoie, mais il
évangélisa les domaines de sa pénitente,
la ville et duché d' Alençon *, puis Bour-
ges, de novembre 1523 à février 1524 3;
il était à Lyon au mois d'octobre sui-
vant v: au mois de décembre, il prêchait
à Màcon 5, et en 1525, de nouveau, à
Meaux 6. Ses prédications avaient cer-
tainement enflammé le zèle des pauvres
gens de cette dernière ville, si cruelle-
ment traités, puisqu'il est nominative-
ment désigné dans une chanson faite par
eux et dénoncée à la justice au mois de
décembre 1525, chanson qui commence
par ce couplet :
Ne preschez plus la venté,
Maistre Michel,
Contenue en l'Evangille;
Il y a trop grand danger
D'être mené
Dans la Conciergerie,
Lire, lire, lironpha T.
La poursuite judiciaire contre les car-
deurs de laine et autres évangéliques de
Meaux était en pleine activité quand,
chose pénible à dire, au mois d'octobre
1525 (le 8;, l'élégant prédicateur était à
1 Corr. des Rrf. n" 35 (I, «051.
- Ibid. n° 97.
1 Ibid. a" 90 (I, 191 .
« Ibid. n° 125 I, 2071.
* Ibid. Wf 130 >I, 311'.
6 Du lioullay. Yoy. Corr. des Réf. n° 9 tl, 391).
T Le Chansonnier huguenot (Paris. Tross. isrri l.p
299
ARANDE — ARANSON
300
Lyon, avec la conr, rendu à son poste
d'aumônier de la duchesse d'Alençon et
méditant sur la question de savoir... s'il
accepterait un évêché i:. Mais le parle-
ment de Paris, dès le 3 octobre, récla-
mait de la régente, Louise de Savoie,
qu'elle le lui livrât, comme témoin seu-
lement, mais comme un témoin indis-
pensable dans l'affairé des hérétiques de
Meaux 2. Michel d'Arande et ses protec-
teurs jugèrent plus prudent qu'il sortît
de France pour quelque temps. Il alla
passer plusieurs mois à Strasbourg ; et
il est sûr qu'il y allait de sa vie d'éviter
les téMblèS injonctions des tribunaux
parisiens, puisque Erasme dénonça le
fait au! roi quelques mois après pour en
faire ressortir l'atrocité 3. Mais, grâce à
sa protectrice, on retrouve Michel d'A-
rande auprès de Marguerite, à Cognac,
en mai l$96 ■. portant alors le titre d'é-
vèque de S.-Paul-Trois-Châteaux ; et il
prit ellectivement possession de son évê-
ché le 17 juin suivant.
■ Ce changement ne paraît pas avoir in-
digné,ni même (''tonné, dans les premiers
temps du moins, ceux qui en furent té-
moins. Par l'état d'incertitude où l'on
était nécessairement, encore sur le sort
que réservait la Providence aux nouvelles
doctrines religieuses, on ne pouvait sa-
voir si l'installation d'un homme jus-
que-là hérétique dans la chaire épisco-
pale n'était pas une victoire gagnée par
l'hérésie plutôt, que gagnée contre elle.
Tout dépendait de la conduite ultérieure
que tiendrait le nouvel élu. Ses anciens
compagnons luthériens commençaient
par réclamer l'emploi de son influence
au profit de leurs idées et de leurs inté-
rêts. Gérard Roussel, son condisciple de
Paris 5, se plaignait à Farel. dès le mois
de juin 1526, que, par son éloignement
de la cour, Michel privât les religion-
naires de son influence 6; il continuait à
employer ses bons offices auprès de Mar-
- Ihid, n» iu:5.
» Lettre dlùysme à Fraiweis Wt 10 juin ♦»». Cnrr.
.m» 177 a. .1:7'..
' Corr. det Réf. n" 174 (I, 127).
• Et <|tii d'ailleurs suivit fc» mômes voies «pic "\li.ln-l.
car il devint aussi évèquc d'Oléron. mais seulement en
IS36 |l\, M].
'■ Cornelii absentia omnia forme nobis ruiti illn ade-
mit {Corr. des Réf. I, i:io). ConNÉciwiéttHl le pseudo-
nyme dont Michel d'Vrande s'était autrefois coaferl.
Voyez eflcorel in .-, ;n- u un.
guérite1; et l'on voit l' évoque de S.-
Paul-Trois-Ghâteaux continuer à jouir de
l'amitié de ses anciens collègues 2 et
poursuivre ses efforts conjointement
avec Farel pour la prédication évangé-
lique 3.
Farel resta son ami, mais lui devint,
à la fin, un ami justement sévère. Lors-
que Lefèvre d'Etaples mourut, en 1536,
profondément troublé par le remords de
n'avoir pas assez courageusement pro-
fessé la vérité '*, Farel écrivit à l'évèque
de S. -Paul pour lui faire part des an-
goisses du vieillard à sa dernière heure,
et Michel d'Arande lui répondit humble-
ment :
« A mon très-dur ami Guillaume, uni-
quement occupé du royaume céleste, sa-
lut, grâce et paix.
« A peine puis-je croire que le trépas
de ce pieux vieillard d'Etaples ait aussi
vivement impressionné ton esprit que
m'a tout entier terrifié ta lettre si pieuse,
si chrétienne, où je sentais, tout en la
lisant et relisant, mes esprits et mon
âme, non-seulement attirés par l'huma-
nité de ton style, mais transpercés par-
le glaive de l'Esprit, surtout quand elle
me dépeint et me montre le Christ Jésus
qui m'encourage et me demande avec
une si juste insistance de ne plus gar-
der aucune excuse qui m'empêche de me
rendre à lui comme entièrement coupa-
ble et convaincu. Aussi, pour ne pas
t'importuner plus longtemps, je te prie
et te conjure, au nom du même Jésus
notre Seigneur, que vous m'aidiez par
vos constantes prières et que vous ne
ralentissiez pas vos sollicitations auprès
de moi, de façon à ce que je puisse enfin
sortir de ce bourbier profond où je suis
et où je ne trouve pied nulle part. »
Nous ne dirons rien de la carrière
épiscopale de Michel d'Arande. Voir le
(rallia christiana.
ARANDELLE, capitaine rochelois.
1622 IV. 49.") h|.
Ali.Y.N'GKS (Israël de Cw.oi'iv sieur
u), Ibl3 [IX. ];r,aj.
AU AN SON (J.), ministre à Tre-
■
1 Ibid. I, 450.
- Corr. det Réf. il, fit).
* Iles documents que n'avaient pas connus MM. IIasr
sont venus rectilier ce qA'ils ont dit .le la mort de Le-
fèvre |\i, m- b|. Voy, Bull, xi Bïvilt)
301
ARANSÔN — ARBALESTE
302
moing , Franche - Corn t('> , 1 -"• T 3 IX.
it'ua].
ABAS8È S. m: Sap.hvj. sieur n'\
li,s7 "YI. -433 b].
ARAZOLA d'Oonate Grâce- Angé-
lique - Thérèse . marquise de Mont-
pouillan III. 268 b],
I. ARÏJALESTE'. conseiller au par-
lera, de Paris », 1562 [IV. -21 1 a].— Char-
lotte), dame Du Plessis-Mornay [Raag
I. 118. — VII. 516 a. 537 b': Vlll,
151 a]. — (Rachd) I. 118 : II. -253]. =
Armes : D'or au sautoir engrèié de Sable
cantonné de ï arbalestes de gueul
•2. Charlotte, iille de Gfûj Arbal
seigneur de La Borde, vicomte de Me-
lun. président de la Chambre des comp-
tait née au mois de ma:
dix- sept ans et demi, elle épousa Jean
de Pas, puiné de la maison de Feu-
quieres. qui était paire du roi Friii •>> II
et faillit être compromis dans la conju-
ration d'Amloise à laquelle il étail
lié. Il était maréchal de France lorsqu'il
mourut, des suites d'un coup de pied de
cheval, le 23 mai 1569. Sa veuve qui n'a-
vait que dix-neuf ans et qui lui avait
donné une till>i quelques mois aupara-
vant 8m - lan, le 2
. rentra dans sa famille, et toute
dévouée aux principes de la Réformatkm
elle vécut dans les alar: fait à
Paris a F époque de la S. -Barthélémy et
n'échappa qu'avec peine aux sanglantes
journées. L'élévation, la irràce et la
ferme droiture de son esprit charmèrent
un jeune gentilhomme, plus âgé qu'elle
de quelques mois seulement, dont elle
La la main (3 janv. 157
Philippe Du PL ni/ et le nom de
me Du Plessis-Mornay, associé à
la célébrité de son mari, a comme effacé
les autres nums qu'elle avait j
« M. et Mme Du Plessis-Moroay for-
mèrent un ménage chrétien qui a tenu,
sinon une première, du moins une
grande place dans l'histoire de France
au X\le siècle. » [Guizot. I
1 In Christophe Arbaleste, né à Paris, moine d'a-
bord, et médecin, se retira à Strasbourg pour la reli-
gion, puis Mans la sui — l- romande, en I5»-QS, et devint
pasteur, c était un habite lettré, qui publia en Swisse
deux jolis poSmcs latins sur lu goutte Chr. BaliUtœ
parhisiensis . in podagre m concertatio; Krosehover.
in-fc° s. d.i, mais un réformé douteux et mou. dont
Farel se plaignait et prévoyait le retour « a sa caeulle. >•
Yoy. Herminjard, Corresp., t. II.
fidèle conseiller de Henri IV avait lui-
même le meilleur des conseillers dans
sa femme, et celle-ci nd*H a laissé un
précieux récit de leur commune
tence. Elle l'avait écrit pour son tils et
le lui remit en 1595, au moment où ce
tils quittait la maison paternelle pour
faire le tour de l'Europe, afin qu'il em-
portât avec lui un modèle de conduite.
« Mon Bis. dit-elle en commençant, en-
core que vous n'ayez point faute de
guide, en voici un que je vous baille par
la main, et de ma main, pour vous ac-
compaicmer : C nple d° votre
propre père que je vous adjure d'avoir
toujours devant les yeux pour l'imi-
ter. ••> Elle eut la douleur de survivre à
ce tils; il reçut un boulet en pleine
trine à l'attaque de I
tobre 1005. Bavait 27 ans. M'! dé
nay le suivit au tombeau le 15 mai
Quoiqu'un simple fruit de la t.'ii
conjugale et maternelle; son ouvrage est
empreint de qualités éminentes. « Dans
ioin de rien étaler, de
rien amplifier, elle montre moins qu'elle
ne pourrait, elle dit moins qu'elle ne sent :
oies,
quand elle les racon: mentsles
plus puissants , quand elle les exprime,
- >us une forme contenue,
exempte de tout ornement factice ou
prémédité. Celle qui parlait si simple-
ment et avec c rve austèri
plus vifs L)
trrandes affaires de sa vie , était une
femme au- née que grave, qui
suivait son mari dans tous ses périls,
prenait part à tous ses travaux, vivait
pour lui seul et mourut de douleur delà
mort de son tii-
moires de M""' de Mornay dont la ma-
nuscrit original existe à la biblioth. de
l'Université de France) restèrent inédits
jusqu'en is-2i. Ils lurent alors publiés
en 12 vol. in-8°. Récemment, ils ont été
l'objet d'une édition nouvelle sous ce
titre : Mémoires de Madame de
nay, édition revue sur les manne
(pour la £oc. de lllst. de France . avec
variantes et lettres inédites de M. et
Mine Du Plessis-Mornay: publ. par
MmedeWitt. sous la direction de M.
sot son père. Paris. Renouai
2 vol. m-8°.
303
ARBALESTE — ARBALESTIER
304
Il y eut, dans la vie de Mmc de Mor-
nay, un incident qu'il ne faut point
omettre quelque mince qu'il soit, parce
qu'il peint un trait des anciennes mœurs
protestantes. Ellesétaientrigides, comme
on sait, et leur rigidité se retrempait
constamment par le séjour que beau-
coup de ministres faisaient pour leurs
études dans la petite cité de Calvin, où
les institutions politiques avaient été
organisées sous l'inspiration des idées
démocratiques et religieuses. Or les ma-
gistrats et le consistoire de Genève, s'ai-
guillonnant et se soutenant mutuelle-
ment, poursuivaient sans trêve le luxe,
les fêtes, les danses, les tripots, les chan-
sons, les jeux de hasard et cette bran-
che de la mondanité, la plus difficile
peut-être à contenir, la toilette des fem-
mes. La coiffure à elle seule donnait
beaucoup d'affaires au consistoire, comme
deux ou trois exemples suffiront à le
montrer : « 21 sept. 1570 :Laure femme
de Xenophon Portus, est citée par le
seigneur lieutenant [de police] pour avoir
porté les cheveux tors, contre l'ordon-
nance ; et encore voulu maintenir qu'elle
les avoit ainsi dès sa jeunesse, ce qui
n'estoit. Confesse avoir failly et estre de
bonne volonté de s'amender, aydant
Dieu. Après les admonitions, on l'a ren-
voyée. » — « 12 oct. 1581 : Jeanne Mor-
lot, femme du sieur Gabriel Pellisson,
appelée pour estre reprise et réprimée
des excessives façons de faire pleines de
supperbetés et sans modestes termes,
ayant faict certaines cornes en sa coef-
fure pleines de vanité. De quoy luy
ayant esté remonstré s'est mise a rire
ens'escusant qu'elle nesçait les coustu-
mes de Genève. Advis que bonnes cen-
sures et remonstrances seront faictes a
la dicte femme. » — « 21 juin 1612 : Sur
ce que le vénér. Consistoire a fait re-
montrer à messeigneurs qu'on voit un
grand abus s'augmenter de jour en jour
en ce que plusieurs femmes et filles par
manifeste abus de la parole de Dieu et
des louables édicts de cette cité se licen-
cient à des vanitez nouvelles et deffen-
dues comme les frisures de cheveux,
passefilons, fausses chevelures, collets
doubles, chaînes, bracelets et carquants
d'or, cornettes de velours, charges de
papillotes et jayets, et autres semblables
excès en parures et accoutrements, a
esté arresté qu'on mande aux dits sei-
gneurs du Consistoire de faire appeler
devant eux les dictes femmes et filles. »
(Aug. Cramer, Reg. du Consist. de Ge-
nève.)— Philippe de Mornay ayant dû se
rendre en Languedoc vers la fin de l'an-
née 1584 pour les affaires du roi de Na-
varre, avait emmené sa famille avec lui
et l'avait installée à Montauban. Quel
ne fut pas leur étonnement, leur morti-
fication, après un court séjour, d'appren-
dre que Mme de Mornay était amèrement
censurée au sujet de sa coiffure par le
ministre Michel Bérauld qui entraînait à
sa suite les deux autres pasteurs de la
ville, Beronis et Constant! La femme
d'un des personnages les plus dévoués
et les plus méritants du parti, cette
femme si pieuse et si grave, alors âgée
de 34 ans, était notée publiquement par
ce grand zèle et menacée d'être exclue
de la sainte Cène, elle, son mari, ses en-
fants et toute sa maison, si elle ne sup-
primait ses longues boucles de cheveux
ajoutés et le fil d'archal qui les tenait.
En vain protesta-t-elle qu'elle les avait
toujours portés ainsi et qu'elle défiait
qu'on lui montrât un article soit de l'E-
criture soit des synodes généraux qui fût
clairement contraire, elle fut obligée
d'aller chercher la communion dans un
village à trois lieues de la ville. Mais elle
rédigea pour sa défense une protestation
en forme qu'on trouve imprimée à la suite
de ses Mémoires.
3. La cousine germaine de Charlotte
Arbaleste, Rachel, fille de Marie Arba-
leste et de Jacques Cochefilet, seigneur
de Vaucelas, épousa, en secondes noces,
dans l'année 1592, Maximilien de Bê-
thune, depuis duc de Sully. Pour con-
tracter cette alliance, elle quitta la reli-
gion romaine et embrassa la religion
réformée dans laquelle elle mourut, avec
de grands sentiments de piété, en 1659,
à l'âge de 93 ans. Elle fut ensevelie clans
le tombeau qu'elle avait fait élever à son
époux, en 1642, par le sculpteur B. Bou-
din.
1. ARBALESTIER ou Arbalestrier,
nom d'une ancienne famille du Dauphiné
[Haag I, 1181. = Armes (d'Arbalostier
de Montclar) : De gueules au chevron
d'argent accosté de trois étoiles d'or et
30;
ARBALESTIER — ARBAUD
306
chargé de 5 pommes de pin de sinople
la tige en bas.
2. Jean Arbalestier , coseigneur de
Beaufort, gouverneur de Montpezat et
autres villes pour le parti protestant,
épousa Louise d'Urre avec laquelle il fit
un testament mutuel et réciproque ré-
digé d'abord en 1567 (La Chesnaye-Des-
bois) et qu'il aurait confirmé en 1609
(Aubaïs. Pièces fug.). Son lils Isaac, sei-
gneur de Beaufort, gentilhomme ser-
vant le roi, épousa, le 22 février 1590,
Esther San van, appelée par d'autres Es-
ther de Sauvain de Chailar, qui le ren-
dit père de trois fils : Charles, Paul,
Jean, et d'au moins une fille, Esther,
mariée vers 1630 avec Jacq. d'Heyraut.
conseiller au parlement de Grenoble.
L'aîné des fils , Charles , seieneur de
Montclar [Vif, 495 b; VIII, 193 h], sui-
vit la carrière des armes. Il commandait
un régiment en 1635 et en 1638, fut
major de l'arrière-ban du Dauphiné as-
semblé en 16 Kl pour le siège de Turin,
colonel des 4,000 légionnaires de cette
province envoyés au même siéije. et,
en récompense de ses services, créé
maréchal de camp. Chorier (Hist. du
Dauphiné) nous apprend, en outre, qu'à
l'époque où il écrivait, c'est-à-dire, vers
1670, Charles Arbalestier était un des
commissaires députés par lettres paten-
tes de 1661 et de 1666, pour l'exécution
des édits de pacification dans le Lyon-
nais, le Dauphiné et la Provence. Ses
fils, Alexandre, seigneur de Beaufort,
et Paul, seigneur de Gigors, ont eu,
dit-il. des commissions dignes du nom
de Montclar et de leur courage. Le pre-
mier servit dans le résiment d'infante-
rie de son père avec le grade de capi-
taine, puis il passa, avec le même grade,
dans le régiment de chevau- légers
d'Harcourt, et il entra plus tard, comme
lieutenant, dans la compagnie d'Auti-
chant. En 1664, lorsque Louis XIV en-
voya au secours de l'empereur Léopold
un corps de six mille volontaires, Alexan-
dre Arbalestier ne fut pas des derniers à
solliciter l'honneur de suivre en Hon-
grie les comtes de Colisny et de La
Feuillade. Il commanda dans cette cam-
pagne le régiment de Bissy en qualité
de premier capitaine. De retour en
France, il fut mis à la tète d'un rési-
ment de cavalerie, par commission don-
née devant Douai, le 8 juillet 1667. Son
frère, Paul, qui commandait une compa-
gnie dans le régiment de Sault depuis
1665, en obtint, la même année, une
de chevau -légers. Paul, né en 1641,
épousa en 1075 Marie-Arme Hardy,
fille de Thomas, et de Marie de Massa-
nes ; à cette date il était major dans le
régiment de Bellegarde (Regist. deCha-
renton). Son frère et lui furent tués au
service du roi et comme ils ne laissaient
point d'enfants, leurs biens passèrent à
de nombreux collatéraux.
3. Ln Charles Arbalestier, sieur de
Beaufort, fut reçu habitant de Genève
16 octobre 1572. — Jean Arbalestier,
sieur de Blagnac, épousa Catholique Ar-
balestier de Beaufort et en eut, en 1596,
un fils, Charles, présenté au baptême
par Charles de Vesc, sieur de Comps, et
par Esther de Sauvain lArehiv. Tt,
259).
4. Arbalestier, ancien de Beaufort,
député au synode de Loudun, nov. 1659
[X, 367]. — (Abel), « de Beaufort en
Dauphiné, » drapier, réfugié avec sa
femme et quatre ouvriers à Halle, 1698.
— Alexandre), de Beaufort, sergier, sa
femme, deux enfants et une parente, ré-
fugiés à Magdebourg, 1698 [Voy. VIII,
-y>7 b]. — Voy. tmuiBrmtm V.-208.
5. Arbalestrier, du Dauphiné, v. 1700,
gantier [IX, -268 b] et Erman V, 69.
ARBAUD, Arbolt, Arbault; voyez
aussi Hernault.
1 . Arbami Daulps, capitaine huguenot
assassiné à Brignolles, 1562 [X, 469]. —
D Arbaut, autre capitaine, 1562 [IV.
259 a]. — Catherine Arbaude (c'est-à-
dire femme ou fille d'un Arbaud), mar-
tyrisée àCabrières, 156-2 [X, 471\ Voy.
encore, en 1572 X. 164]. — (George),
né en 1570, conseiller et médecin ordi-
naire du roi, marié vers 1615 avec Hélène
Berger, et inhumé à Paris au cimetière
des SS. Pères, 5 août 1647 (Bull. XIII,
327; . — (Susanne), veuve de Le Blanc de
Beaulieu, emprisonnée à Soissons, 1687,
comme huguenote opiniâtre.
•2. ARBAUD, prieur de Bonnieux, au
Comtat Venaissin, se convertit aux idées
luthériennes pendant les guerres de re-
ligion. Il était parent du capitaine hu-
guenot Ferrier qui commandait à Mi-
307
ARBAUD
308
nerbeset fut un de ceux que les réformés,
maîtres de cette place, envoyèrentenl577
auprès des troupes catholiques pour trai-
ter des conditions de la reddition. —
(Auguste), pasteur à Authon, puis à Pa-
ris, 1640-1646 [VI, 310 a] et Bull. IV,
325.
3. ARBAUT (George), né'vers 1570,
professeur au collège des arts de Nî-
mes, puis ministre dans le "Vivarais
[Haag I, 119; X, 327] et Bull. III, 45.
Après avoir rempli plus de vingt ans
les fonctions pastorales, il fut déposé
par le synode provincial du Bas-Lan-
guedoc comme coupable d'usure, de lar-
cin et de diffamation. La sentence fut
confirmée, en 1626, par le synode natio-
nal de Castres qui déclara Arbaut indi-
gne du saint ministère et exclu des sa-
crements. Le condamné s'adressa vaine-
ment au synode de Charenton, en 1031,
pour le supplier de le rétablir dans ses
fonctions ; mais il fut plus heureux au-
près du synode d'Alençon qui, prenant
en considération la sincérité de son re-
pentir, coniirmée par une si longue
épreuve, et ayant égard aux attestations
favorables qui lui avaient été données
par les députés du Bas-Languedoc, le
rétablit dans l'office de pasteur après
l'avoir exhorté à mener à l'avenir une
vie plus régulière.
4. ARBAUD (Jean n'), baron de Blau-
zac(quelquef, Blossac), près Uzès [1,120;
— [IX, 420 b], membre de l'acad. royale
d'Arles , d'une ancienne famille pro-
testante de Nîmes, abjura en 1684. Le
Mercure, toujours soigneux d'enregistrer
chaque apostasie, ajoute que d'Arbaud
« par son abjuration s'attira l'estime des
Etats du Languedoc qui lui en mar-
quèrent une joie extrême; mais que dans
ce bonheur il eut le chagrin de se voir
abandonné par sa femme. » Affligée en
effet au plus haut point du changement
de religion de son mari, elle oublia, pour
sauver la liberté de sa conscience, ses
devoirs d'épouse, et elle le quitta en
emmenant ses enfants , à l'exception
de sa fille aînée qui consentit à rester
auprès de son père, « sans qu'elle don-
nât aucun sujet d'espérer — c'est le
Mercure qui parle — qu'on put lui ren-
dre suspectes les maximes de Calvin. »
Ou y réussit pourtant. Sous prétexta
d'un voyage d'affaires, le père la décida
à aller passer quelques jours dans un
couvent d'Arles, où « l'on gagna sur son
esprit, qui était d'une étendue, d'une dé-
licatesse et d'une force admirables ,
qu'elle entrerait dans des conversations
aisées et sans contrainte avec quelque
savant ecclésiastique qu'elle choisirait. »
Le provincial des Carmes fut en consé-
quence invité à la visiter, et le résultat
des conversations aisées et sans con-
trainte qu'il eut avec elle fut que quel-
ques mois après, en 1685, elle abjura
entre les mains de l'archevêque d'Arles
qui, pour donner à cet acte toute la so-
lennité possible, voulut oflicier lui-même.
Pendant ce temps la mère s'acheminait
vers l'étranger, emmenant avec elle ses
autres enfants. On a conservé (Arc/i/c.
Tt) une correspondance dans laquelle
Jean d'Arbaud se plaint au secrétaire
d'Etat des avanies que lui font subir ses
anciens coreligionnaires de Nîmes et ré-
clame l'arrestation de sa femme et de
ses enfants en route pour la Suisse.
(1 685). Cette dénonciation uempêcha pas
les fugitifs d'arriver à Genève, mais dans
un tel état de dénùment que la Bourse
française dut leur accorder trois pis-
toles. (Haag.)
La baronne de Blauzac, Isabeau, fille
du marquis de Fourque, arriva sur les
terres de Berne au commencement de
septemb. 1685. Nous allons donner l'his-
toire de cette admirable mère contée par
elle-même. C'est une lettre, datée de
Berne le 10 septemb., où elle expose
aux magistrats du canton de Zurich
qu'elle ne désire pas rester à Berne et
qu'elle a seulement besoin de secours
jusqu'à l'arrivée d'argent qu'elle attend
de France. Elle continue : «... La pre-
mière source de mon malheur est le
changement_de mon mari qui s'est laissé
séduire au dernier estas tenus à Mont-
pellier, où il a fait abjuration le 19 Xbre
1684. Ce qu'aiant apris chés mon frère
le marquis de Fourques, où j'étès pour
lors, je partis incontinan pour aller join-
dre mes dix enfans, que j'avès lessé
dans notre terre à la campaigne, poul-
ies guarantirdu malheur que je prévoies
qui arriveroit de ce changement, fatal;
et la première démarche que je lis t'eut
d'anvoier deux de mes garsons les plus
300
ARBAUD
310
aines, âgés de dixhuit à vint ans à Ge-
nève et deux de leurs sœurs, âgées de
treize a quatorze ans, du costé du Dau-
phiné où je les mis a couvert auprès de
mes parans. Et pour les autres filles
qui restent auprès de moi, l'aînée d'en-
trelles, âgée de vint et un an, feut sol-
licitée puissament au mesme change-
ment par la promesse qu'on lui fit de lui
donner une place chés madame la dau-
phine et dix mille ecus en sortan; l'hau-
tre, âgée de dix et neuf ans, par un ma-
riage très avantageux et la troisième
âgée de dix et sept ans par d'autres pro-
messes aussi bien que des menasses.
Il ne me restoit encorre que trois petits
enfants qu'on m'avoit bien enlevés,
mais que mon mari me fit randre, me
voian en estât de labandoner, de tout
entreprandre et acablée de douleur. Je
ne perdis pas pour tout cela ma crainte
puisqu'an me rendan mes enfans, on mit
en mesme temps un prêtre dans ma
maison pour les instruire et pour estre
leur garde et pour faire en mesme tamps
auprès de moi tout ce qui dépandroit
de lui pour me perdre, n'aiant espar-
gnié pour cela ny promesses ny menas-
ses, estant mesmes veneu a toutes sor-
tes d'amportemens horibles pandant six
ou sept mois que j'ai resté auprès de
M» d'Arbaud mon mari, qui de son costé
fit aussi tout son possible pour m'inti-
raider, affin de minspirer les mesmes
sentimans quil avet pour la conserva-
tion et agrandissement de sa maison, ne
se contantan pas de ce que Dieu lui avet
doné de naissance et de biens. Comme
je vis donc qu'il n'i avoit point de fin a
toutes ces violentes persécutions que le
danger de perdre mes enfans, et de nous
voir sans exsersice et dans le dernier
malheur, je me vis enfin contrainte de
prandre la résolution de me retirer et de
faire mon possible pour sauver mes pau-
vres enfans, quoique je feusse pour
ainsi dire dans l'impuissance d'exécuter
et de me pourvoir mêmes des choses
nécessaires pourfaire mon voyage, aiant
emploie une partie de ce que je pouvès
avoir au voiage et entretien de mes en-
fans à Genève ; mais enfin m'estanî,
abandonnée a la providance de mon
Dieu et résignée à tout ce qui lui plé-
soit de m'envoier 'mon mari m'aiant
osté tous les moiens de retirer quelque
chose, dans la crainte qu'il avét de ma
restraite) fortifiée par la grûce de Dieu
et par la nouvelle que je venois de re-
cevoir que mon mari avec le procureur
du roi venét de m'eniever deux de mes
tilles, l'aînée et la troisième qui estoit
pour lors a la campaigne, pour les mes-
tre dans le couvent et pour se saisir du
reste de mes enfans que j'avès au près
de moi et pour arrêter ma personne
mesmes. Je me résoleux sans ésiter da-
vantage avec ce que je peux avoir,
n'aiant pas mesmes voulu demander
aucun secours a persone qui ait peu ai-
der mon dessein de crainte de leur faire
des affaires, me servan de l'occasion de
la foire de Baucaire * où toute notre pe-
tite ville de Nismes est en foulle et où
par boneur étoit aussi allé nostre prêtre,
spécieux hennemi de nostre repos, m'i
aiant fait tréner avec mes enfans dans
un pitoyable équipage et déguisée pour
n'estre pas reeogneue. Mais ce qu'il y a
de surprenan et qui marque merveil-
leusement la providance de Dieu seur
ses enfans, feut d'avoir rencontré mon
mari en chemin dans son carosse, à la
v.'ue de Beaueaire, qui acompaigné de
M. le procureur du roi, menoit mes deux
pauvres filles captives que je recogneut
d'aboretauxquelles,aprèsun triste :
et plusieurs larmes répandues dune mère
tout affligée, je ne peux donner autre
secours que celui de mes prières et de
ma bénédiction, n'aiant osé me doncr à
cognoistre, de peur de perdre encor les
hautres. Dieu sait avec quelle amerthume
de cœur je poursuivis mon cliemin me
voiant dans l'obligation d'abandoner
un mari, peut estre pour jamais, que
j'aimès extrêmement avant sa cheute et
deux de mes filles exposées a toutes les
plus violentes* et a estre misses le jour
mesmes dans le couvent. Mais enfin
voiant que je n'avès pas du tamps a per-
dre, estant assurée que l'on me pour-
suivroit dans ma fuite, je pris au plus
vis te le chemin le moins dangereux qui
étoit celui de Marseille, où j'ai rancontré
mes deux filles que j'avès auparavant
envoie du costé du Dauphiné pour les
mestre a couvert et qui avèt ordre de
1 Du 22 au 25 juillet.
'- L'D mot omis.
311
ARBAUT — ARBOUET
312
s'y randre. Et de là j'alai jusques Nisse,
jusque a Turein et de Turein a Genève
ou j'arrivai avec mes six enfans par la
grâce de Dieu après avoir este un mois
en chemin, souffert une grande fatigue
et consumé ce que je pouvès avoir sur
moi. La j'eux la joie de voir mon fils
aine, l'autre estant parti depuis deux ou
trois mois avec M. le baron de Frisse, le
beaufîls de M. le compte de Dona pour
avoir de l'amploi; et comme l'on na pas
jugé a propos que je restasse a Genève
je continuai ma route jusques à Gnions
(Nyon) ou chacun feut touché de conpa-
tion a la veue de ma famille, ce qui m'o-
bliga de me prévaloir de l'offre honeste
que me faisoit des dames charitables de
ressevoir deux de mes filles, en attendan
que la providance divine y ait pourveue
et de laisser deux petits en pension; après
quoi j'ai pris les deux autres abeilles
avec moi dont l'ainée est partie pour
aller joindre Mmc la contesse de Dona et
l'autre est restée auprès de moi. Voici,
mes seigneurs, le ressit que Vos Excel-
lences mont commandés de faire. Estant
aussis généreuses et charitables qu'elles
sont j'osse me promestre de leur bonté
qu'elles ne refuseront point la protection
a une femme qui abandonnan tout par
son Dieu et qui étant dépourvue de tout
secours humain du costé de la patrie dans
Testât présent des choses, se jette avec
toute la soumission due entre leurs bras
pour y trouver un port tranquille après
tant d'orages essuies, les suplian de vou-
loir servir de père à mes pauvres enfans
et d'avoir de la compassion de leur mère
affligée. » « Darbaud de Fourque. »
Copié par M. Moebikofer aux archives d'Etat de Zurich
5. C'est certainement aussi un proche
parent du précédent que les listes du re-
fuge en Prusse désignent en ces ter-
mes : « Pierre d'Arbaut, baron, seigneur
de Blausac en Languedoc, né au dit
Blausac le 5 octobre 1656, colonel d'un
bataillon au service du roi ,de Prusse,
mort à Magdebourg. » (Erman IX, 8.)
De même Tristan d'Arbaud cité par Haag
[IX, 420 b] ; et Jean d'Arbaud, nouveau
converti de Nîmes, qui reçoit l'ordre,
1701, de .continuer la pension de son
lils, qu'il accuse de trafiquer de religion
(Arch. Tt). = Armes (d'Arbaud de Blau-
zac) : D'or au griffon de sable, la patte
dextre et la jambe senestre de gueules.
ARBEL1N (Daniel), de Lunel, assisté
à Genève, 1685.
ARBELOT (Jean), de Bourg en Bres-
se, assistée Genève pour gagner le Bran-
debourg, 1706.
♦ARBER (Suzanne, fille de feu Pierre),
de Pont en Royans, assistée à Genève,
1698. — (la femme de Moïse), de Senne
en Dauphiné, chargée de deux enfants
et enceinte de sept mois, réfugiée et as-
sistée à Genève, 1690.
ARBERT (Jehan), « de Luyberein au
pais de lorraine, » reçu habitant de Ge-
nève, 9 mai 1559. — (Paul) et son fils,
de Montélimart, assistés en passant à
Genève, 1685. — (la veuve de Jean),
du Haut-Dauphiné et allant à Basle, id.
1707.
ARBERAZ; Languedoc, 1573 [VIII,
342 b].
ARBISSAN, capitaine, 1622 [Vil,
150 a].
ARBISSEAU, de Nérac, chirurgien,
réfugié à Wesel, 1700.
ARBLADE (d'), capitaine protestant,
gouverneur d'Eauze (Gers). Bordenave
(p. 292) rapporte qu'en 1569 il arriva à
Grenade-sur-1'Adour, pour y rejoindre
le baron de Montamat, « ayant quitté la
ville [d'Eauze] sans rien dire et avec telle
haste qu'il n'eust loisir de la desmante-
ler, comme Montamat luy avoit expres-
sément mandé. » Il ne faut pas le con-
fondre avec un autre d'Arblade, capitaine
catholique de l'armée de Montluc, men-
tionné également par Bordenave (p. 264)
en 1569.
ARBOUET (le seigneur d'), capitaine
protestant, commandant du château de
Sauveterre en Béarn « avec quelques
soldats qui, estans sommez [par le capi-
taine catholique Valentin de Domezain
et six ou sept cens hommes], sans autre
résistance, remirent la ville et chasteau.
aux conditions qu'elle ne seroit aucune-
ment pillée, ny ceux de la religion réfor-
mée forcez en leur conscience. Les sol-
dats sortirentavec lesespées seulement,
et les capitaines avec leurs armes et lia-
gage, qui se retirèrent en leurs maisons
au lieu de se retirera Navarrenx, comme
firent plusieurs autres qui sortirent avec
eux. Cependant les Basques ne tindrent
rieu de ce qu'ils avoient promis, mais
313
ARBOUET
ARBUSSI
3U
incontinant qu'ils furent dedans, sacca-
gèrent tous ceux de la religion réformée,
et ayans restituée la messe, contraigni-
rent plusieurs d'y aller. » 1569. (Borde-
nave, p. 213, 214.)
ARBOUIX François), procureur fis-
cal à Pons en Saintonge, 1678 [VIII,
332 a]. — Il était déjà procureur fiscal
de Pons au mois de septemb. 1667 et
portait auparavant le titre de Moniteur
d'office de la ville. En 1682, il fut chargé
par les protestants de Pons de soutenir
au conseil d'Etat leurs droits à l'exercice
de leur culte. Bavait épousé Marguerite
Chabinaud. dont il eut plusieurs enfants
(Reg. de Pons . — En 1653, un Arbouyn,
père ou oncle du précédent, était « no-
taire royal héréditaire en Saintonge. »
Arbocsse, voyez Pelet.
ARBOUT. procureur du roi au Vinan.
1561 {Bull. XVII. 482). — Arboux, an-
cien au Vigan. 1675 [VIII, 464 h].
ARBRES (Florimon d'), cordonnier,
natif d'Aulbenas en Vivarais, reçu habi-
tant de Genève. 17 avril 1559.
ARBRET 'André), du Poitou, galé-
rien, 1687 [X. 410J.
ARBUXOT, ou Harbunot. ou Herbi-
not, 1661 [VII, 413 b, note]. — Jacob
Arbunot, peintre et sculpteur, épouse à
Charenton (vers 1675] Catherine de La
Bourde dont il a : Daniel, 1677; Phi
lippe, 1678; Anne, 1681. — (Jacques)
naturalisé Anglais, 8 mai 1697(AgnewI,
53). — On trouve aussi Arbinot (Anne),
veuve des Moulins [à Xantes), convertie
lors de la Révocation et recevant, à ce
titre, « les aumônes du Roi. » •
ARBUS (Gèralde) , emprisonnée,
X. 405].
ARBL'S (Pierre d), ou d'Arbusio,
avocat au conseil souverain de Béarn,
1569, signalé par les uns comme hugue-
not [I, 133 a], par les autres comme ca-
tholique (Bordenave, p. 25 1 ■
1. ARBUSSV ou Arbussi (Pierr:
à Montauban, 16 oct. 1581, appartenait à
une famille importante de cette ville "V,
202 b]. Un quartier de banlieue du côté
de Tescon porte encore le nom d' Arbussi,
et atteste que cette famille y avait de
grands biens; elle avait en même temps,
dès l'origine de la Réforme, déployé un
zèle ardent pour la liberté de conscience.
Le 8 avril 1612, Pierre avait épousé Su-
sanne (née à Montauban, déc. 1592),
fille de Théophile Bêrauld qui lui-même
était le fils aîné du célèbre Michel Bê-
rauld. De ce mariage naquirent plusieurs
enfants, dont deux, Théophile et Joseph,
ont acquis quelque notoriété.
2. Théophile, né à Montauban le
8 juill. 1614 [HaagI, 121 a; —VI, 56 b;
VII, 294 a; 297 b], étudia la théologie à
l'acad. de sa ville natale, et fut admis au
ministère, oct. 1637, par le synode de
Castres, qui lui assigna l'église de So-
rèze : il y était encore en 1644 , et à
Milhau vers 1656. Il fut député (1659)
au synode national de Loudun, où il
prononça, sur Gen. XLIX, 10, un sermon
qui a été imprimé (Saumur, 1660, in-8°).
En 1663, la ville de Milhau fut le théâ-
tre d'une émeute où il se trouva com-
promis. Les capucins qui y avaient une
mission, ayant voulu, par excès de zèle,
s'opposer à un enterrement, qui ne se
faisait pas à l'heure fixée par l'arrêt
du 13 nov. 1662, il en résulta un tu-
multe où quelques-uns d'entre eux fu-
rent maltraités. Trente-sept personnes
furent arrêtées ; deux pendues , deux
condamnées à l'amende honorable, deux
autres au bannissement pour cinq ans
de la généralité de Montauban, et le
ministre, frappé de la même peine. Les
autres accusés qui avaient pris la fuite,
en furent quittes pour être pendus et
brûlés en effigie ou condamnés aux ga-
lères, sauf quelques femmes qui subi-
rent en réalité la peine du fouet. L -
glise de Milhau dut aussi payer une
amende de 14,000 livres et les dépens.
Enfin les protestants furent exclus à
perpétuité de toute charge munici-
pale.
L'année suivante, Théophile Arbussi
fut nommé pasteur à Revel, et en 1670,
après avoir été pasteur à Anduze, il
obtint la permission d'établir de nou-
veau sa résidence à Milhau (Arch. Tt,
340). En 1673, il fut désigné par le sy-
node du Haut-Languedoc pour professer
la théologie à l'acad. de Puylaurens en
remplacement de Jean Gommare. On a
(Biblioth. de la fac. de Montaub.) la
thèse inaugurale qu'il soutint à cette oc-
casion, intitulée : Thèses theelogicx de
libero arbitrio, quas ex prœœpto synodi
provincialis superioris Occitanioe et Aqui-
318
ATIBUSSI
m
taniaj composuit et publiée agitatidas
proponit Thcophilus Arbussius, sacro-
sanctœ theologise professor désignants ;
Podiolauri, 1(374, in 4°, 39 pag. —Théo-
phile Arbussi épousa, 15 septemb. 1644,
Claudine de Bataille (fille à'Eléazar,
procureur à la chambre de l'édit), qui
resta en France, à Montauban, après la
Révocation (Tt, 253) et vivait encore en
1690. Elle lui avait donné quatre en-
fants : 1° Théophile (ci-après n° 4);
2° Antoine (ci-après n° 5); 3° Margue-
iute, mariée à N. Sales, bourgeois de
Revel ; 4° Suzanne, mariée à Jean Ca-
zalet, avocat à Milhau. Il mourut en 1681 .
Bayle (voy. Œuvres diverses, t. I ; lett.
à sa famille) faisait grand cas de Théo-
phile Arbussi.
3. Joseph Arbussi [Haag I, 120; —
VI, 142 b; VII, 177 a; VIII, 189 a;
IX, 6 b; 203 b], frère du précédent, na-
quità Montauban le 17 avril 1624. Admis
au ministère en 1645, il fut immédiate-
ment nommé pasteur à Sorèze. L'année
suivante il fut appelé à Montauban, non
toutefois sans une vive opposition, quoi-
qu'il se vante lui-même d'y avoir été
« demandé par la voix générale, sans au-
cun dissentiment de suffrages, dans une
assemblée de près de deux mille habi-
tants. » {Lettre de Joseph Arbussy, à
tous. les fidèles des églises réformées de
France; Montauban, Pierre Bertié ,
1657, in-4°). Il paraît qu'un grand nom-
bre de protestants de cette ville dési*
raient ([\i André Martel succédât à Pier-
re Ollier qui venait de mourir et qu'il
s'agissait de remplacer. Pour les satis-
faire, on partagea cette place de pasteur,
et on en donna la moitié à chacun des
deux concurrents. Une lettre de cette
époque, imprimée sans nom d'auteur,
mais qu'il y a tout lieu de regarder
comme l'œuvre de Jacques Coras, donne
sur la nomination de Joseph Arbussi le
curieux détail que Paul Charles, pasteur
et professeur de théologie à l'académie,
vit cette nomination avec un profond
regret, et dit : « C'est un jeune serpent
que l'église de Montauban met dans
son sein et qui, un jour lui déchirera les
entrailles. » (Response à un libelle inti-
tulé : Lettre de Joseph Arbussy,,..
15 avril 1658.)
Les mêmes influences le firent nom-
mer en 1653 à la chaire d'hébreu laissée
vacante par la mort de Timothée De-
lon; et bientôt après, on ajouta à ses
fonctions de pasteur et de professeur
celles de principal du collège. On n'avait
pas encore vu des charges aussi impor-
tantes confiées à un homme aussi jeune
et qui ne se recommandait ni par ses ta-
lents ni par son caractère. L'orage ne
tarda pas à éclater sur sa tète.
Bien différent de son grand-oncle et de
son bisaïeul, Pierre et Michel Bérauld, Jo-
seph Arbussi n'était pas un de ces sévè-
res protestants qui condamnaient sans
ménagements toutes les concessions fai-
tes à l'esprit du siècle et qui tonnaient
contre les mœurs relâchées de leur temps.
Placé trop jeune encore à la tête d'une
église considérable et difficile, il manqua
de la réserve nécessaire à ses fonctions.
A son retour dans sa ville natale, il eut
la faiblesse de renouer des relations in-
times avec ses anciens camarades d'é-
tude, de vivre familièrement avec eux,
etde partager leurs amusements et leurs
plaisirs. On ne le vit pas sans étonne-
ment aller à la chasse, assister à des
banquets, afficher un luxe extraordi-
naire pour la gravité de sa profession,
dans ses habits et dans son ameuble-
ment. Les hommes graves se scandali-
saient de sa prédication dans laquelle il
affectait d'employer le style des romans
du temps. Cette manière de prêcher le
fit nommer « le Grand Cyrus. » (Res-
ponse au libelle, p. 12, etc.)
Mille bruits fâcheux circulaient sur
son compte ; une grande partie de l'é-
glise se décida à demander sa révocation.
Cette affaire fut successivement portée
devant trois synodes de la province du
Haut-Languedoc et Haute-Guyenne, de-
vant deux autres de la province du Bas-
Languedoc qu'on avait pris pour arbitre
et enfin en 1659 devant le synode natio-
nal tenu à Loudun. Après une longue
enquête, cette dernière assemblée lui in-
terdit d'exercer désormais son ministère
à Montauban et dans le Haut-Langue-
doc ; mais sans doute par considération
pour la mémoire de Bérauld, elle ajouta
« que la cessation des fonctions de son
ministère serait sans tache de déposi-
tion. » (Aymon, Syn. nat. 11, 754).
A la lin de 1661, on trouve Joseph
317
ARB1
318
Arbussi pasteur à Bergerac. Colomiès
(Gallia nrientalis, p. 228] lui rend le té-
moignage de s'y être acquitté convena-
blement de ses fonctions. Ce fut pendant
qu'il exerçait le- ministère évangélique
dans cette ville qu'il publia un Sermon
pour l'ouverture du synode des églises
réforméesjle la Basse-Guienne : B _ -
rae, 1663, in-8° (Bibliot. de Bordeaux,
n° 8073).
En 1664, le consistoire de Nîmes l'in-
vita à venir prêcher, par provision, dans
cette église, jusqu'au prochain synode
du Bas-Languedoc. Son incorrigible lé-
gèreté ne tarda pas â lui aliéner plu-
sieurs familles protestantes de cette
ville. Après des débats affligeants qui
durèrent plus dune année voy. I
de l'égl. de Ximes, par A. Borrei
seph Arbussi fut obligé de se retirer,
malgré les attestations honorables que
lui accorda le synode du Bas-Languedoc
réuni à U/,ès en mars 1606 {Archiv. du
consist. de Ximes).
Soit par ressentiment des nombreux
échecs qu'avait essayés sa vanité, soit
peut-être aussi par quelque vague es-
poir de s'ouvrir une carrière plus heu-
reuse et plus brillante, il abjura bientôt
après le protestantisme. Le clergé catho-
lique l'en récompensa par une pension
de huit cents livres. A Paris où il se
rendit alors1, sans doute pour solliciter
quelque emploi, il s'associa au projet de
réunion des protestants et des catho-
liques, qu'avait repris le maréchal de
Turenne, et prit part à cette œuvre par
la publication d'un ouvrage intitulé :
Déclaration de Joseph Arbussi conte-
nant les moyens de réunir les protes-
tants dans l'Eglise catholique ; Paris,
Den. Thierry, 1670, in-8.
En 1077), Arbussi retourna à Mon tau-
ban. Cet arrière-petit-fils de Michel Bé-
rauld était alors clerc- tonsuré*. Le 13
août 1689, il fut nommé avocat général
à la cour des aides de Montauban. 11
remplit ces fonctions jusqu'à sa mort
qui arriva le 5 avril 1694. 11 fut enterré
troubles religieux suscités à Montanban par
Joseph trbussi donnèrent naissance à de nonibrcu-c*
brochures, dont la bibiioth. de la ville conserve un re-
cueil sons le n
'■ Protocole de Jacques Rigand, notaire de Montauban,
1673; (o!. W6 à iTO.
le lendemain par le chapitre cathédral
dans l'église des Pères Cordeliers.
Il avait épousé en premières noces
une demoiselle Bardon, et en secondes,
le v'7 mai 1666, Madeleine Richaud, qui
mourut quatre ans après. Les enfants
qu'il eut de ces deux mariages mou-
rurent tous en bas à'-re.
t. Théophile Arbussi, fils de Théo-
phile, professeur de théologie à Puylau-
rens, et de Claudine de Bataille, naquit
à Milhau dans le Bouergue vers
Après avoir fait ses études de philoso-
phie et de théologie à l'académie de
Puylaurens. il alla passer un an à l'a-
cadémie de Genève, où il fut immatri-
culé le -20 mai 1678 Liv. du recteur,
p. 17n . Reçu au ministère évangélique au
commencement de 1080 l, il fut placé
comme ministre à Calmon où il avait été
appelé dès 107 >i et à la tin de
1681 à Puylaurens*. ('/est probablement
lui que Mp* D N Lettres hist. et
galantes. 1790, XI. néon-
tra d'abord à ilerne, puis en Hollande
la Révocation; et c'est aussi lui
sans doute, non son frère Antoine, qui
était à Rotterdam en 1088 avec le doc-
teur Burnet son ami. Tbéophile devint
■ pastew des noble.- ■ à La Haye et
mourut dans cette ville. Cerf encore
lui. et non son frère Antoine, tp.
l'auteur d'un ouvrage dirigé contre l'a-
pin et intitulé : Im juste
idée de la grâce immédiate ou Réponse
à la critique de la doctrine de M. Jurieu
sur les habitui! (et la grâce im-
médiate; La Haye, Ellinkhuy;
in-12. Voy. sur cette polémique : Bayle,
Œuvres diverse*, IV, 038. — [VIII.
118 b].
\rbussi, frère du précé-
dent. On sait très-peu de lui. Réfugié
en Hollande, à la Révocation, il fut
pasteur à I 703, à Ut redit
en 1707. et en 1713 à Amsterdam, où
1 0« au synode de Kéalmont. en 1<P9, selon les notes
piss. de MM. i!
J Théophile, à la mort de s >n père, fut appelé à le
remplacer dans sa chaire, et il occupa cet emploi jus-
qu'à la Révocation, a^rès laquelle il se réfugia en Hol-
lande.— Antoine a\ait épousé N <I< Laegcr d'Mgwu,
de Puylaunn-. qui avait deux frères réfugiés en Angle-
terre, l'un nommé de Lacga- de la Rcti'jné, l'autre de
iMger Duroc; ce dernier, officier dans l'armée an-
glaise, fut tue, juin 1712, en faisant omrir une tran-
chée devant Le Quesuoy. (Pi .
319
ARBUSSI — ARCHER
320
il enseignait la théologie en 1718. (Ni-
colas.)
ARCAJON (Daniel), notaire à Au-
benas, 1626 [I, 14 b; X, 314].
ARCAMBAL, à Issoudun, 1562 [I,
137 b].
ARGES (Claude d'), «natif de Ro-
mont en Dauphiné» (Romans?), reçu
habitant de Genève, 23 oct. 1559. —
(Jean d), v. 1580, mari de Clauda de
Beranger, damoiselle dauphinoise [II,
181b].
1. ARCHAMBAUT, martyr à Paris,
1557 (Bull. II, 381). — Guillaume Ar-
chambault, de Bourgneuf, épouse Isa-
beau Marr eau ;Loudun, 1566 (VII, 283 b,
note]. — (Catherine); Loudun, 1566
[IX, 115 b].— (René), àLoudun, 1634.—
Archambauld, pasteur de Bazas et S.-
Julien, v. 1567 (Bull. IX, 295, 296).
— Jean Archambaut, de Sedan, réfugié ;
sa fille enfermée à la Propagation de
la foi, 1686. — Etienne Archambaud et
sa femme Elisab. Tadoureau, réfugiés
deMarenneenSaintongo,1687. — (Jean),
fugitif de La Rochelle , emprisonné à
Dieppe, 1692. — Suzanne Archembaut,
avec deux enfants , assistée à Londres,
1 702. — Marie, femme de Jean Archam-
baut, deS.-Jean-d'Angle (Gers ou Ghar.-
Inf.), avec deux enfants , id. 1705. —
Marthe et Marie Archambaut, avec un
enfant, id. 1721.
2. ARGHIMBAULT; Lyon, 1562 [Vil,
454 a]. — Autre, proscrit à Lyon en
1568 (ci-dessus col. 276).— (le capitaine),
délégué des églises de Provence, 1573
(Bull. X, 353).
3. ARCHIMBAUD (Etienne), de Mon-
télimart [V, 123 b], reçu en 1608 bour-
geois de Genève où il avait été admis
à l'habitation avec son frère Jean, le
22 septemb. 1572. Un de ses fils, Jean,
né en 1612, ingénieur mécanicien, offrit
au conseil de Genève, en 1658, de faire
monter l'eau du Rhône dans le haut
de la ville. Sa proposition ne fut pas
agréée et Genève n'eut que 50 ans plus
tard une machine hydraulique.
4. ARCHIMBAUD (Théodore), petit-
fils de Jean, né à Genève en 1696, attiré
par Benoît de Pontverre, curé de Gonfi-
gnon S fut converti par lui au catholi-
i Le môme qui séduisit aussi J.-J. Rousseau (Confess.
l'art. I, liv. 2).
cisme à l'âge de treize ans. Ses parents
le réclamèrent en vain. Envoyé à Rome
au collège de la Propagation de la foi, il
obtint plus tard une cure dans le canton
de Fribourg, puis à Thonon. 11 a publié :
Réfutation d'un libelle intitulé : Can-
tique sur les principales erreurs de
la religion romaine, par B. Pictet.
Avec un Abrégé historique des pro-
grès que ses prédécesseurs firent dans
Genève en 1532 jusques en 1535. Et une
Description curieuse de la sortie des reli-
gieuses de Sainte-Glaire, réfugiées à An-
neci. [Le tout en vers.] Frybourg, Inn.
Th. Hault, 1720, in-12 de 10 et 166 p.
Sa parente, Madelaine-Olympe, née
en 1702, suivit son exemple et se retira
au monastère de Ste-Elisabeth, à Lyon.
Elle est l'auteur de : Exposition de la
doctrine de l'Eglise catholique sur les
matières de controverse en forme de
cantiques sur différens airs anciens et
nouveaux. Par une Genevoise Nouvelle-
Convertie. [En vers.] Frybourg, Inn,
Th. Hault, 1719, in-12° de 30, 88, et
8 p. — Philippe, autre descendant de
Jean Archimbaud, né en 1702, fut pas-
teur à Dardagny, 1733; à Chêne, 1736;
à Genève, 1746. Déchargé en 1772, il
mourut en 1775.
5. ARGHIMBAUD(J.), du Dauphiné,
galérien, 1689 [X, 412]. — (André),
galérien, mort en 1701 [X, 420]. — (la
veuve de Matthieu), du Vivarais, avec
trois enfants, reçoit à Genève un secours
pour se rendre en Irlande, 1693. —
(Pierre), d'Annonay, Lecteur (chantre?)
réfugié à Berlin, 1700. — (Antoine), fils
de Jean, de Montmort en Dauphiné,
cardeur de laine, reçu habit, de Genève,
1713. — (Pierre), fils de Jean, du même
lieu, id. 1726.
1. ARCHER ou L'ARCHER (Jean),
théologien né à Bordeaux vers 1516, se
nommait lui-même en latin : Joannes
Arquerius, Archerius, Sagittarius. 11 se
rendit en Suisse et y exerça l'office de
pasteur, d'abord à la Neuveville (dépen-
dant alors de l'évêque de Bâle), où il
était déjà en mai 1543 (v. une lettre à
Farel du 27 mai), puis à Cortaillod, dans
le comté de Neufchàtel, de 1552 ou 53 à
1563. — C'était un très-docte person-
nage qui se fit connaître en 1553 par la
publication d'un ouvrage intitulé « les
321
ARCHER
322
Canons de tous les Conciles. » Mais cet
ouvrage lui attira la censure de ses col-
lègues qui en exigèrent une sorte de
rétractation, et Viret écrivit même con-
tre lui une critique et une réfutation sé-
vères.
Il était lié par une étroite amitié à
Séb. Castalion, avec lequel il entrete-
nait une correspondance assez suivie.
Ces relations avec Castalion lui attirè-
rent la défiance de Th. de Bèze, qui
chercha à diverses reprises à le rendre
suspect à Farel et à ses collègues. Le
16 mars 1556, de Bèze écrivit à Farel au
sujet de sa rétractation : « De Archerio
vobis non prius gratulabor quam re ipsa
ostenderit se nihil simulare et suo Cas-
tellioni diserte renunciarit. ■ (W. Baum,
Theodorus Beza, t. I, p. 457). £t dans
une lettre du 2 août 1557, il lui disait :
«Optimum fuerilin vestro conventu vel
seorsim quaerereex Archerio vestro quis
sit aureolus ille libellus Antwerpiae im-
pressus de quo nuper ad suum quemdam
amicum in bac urbe scripsit.Ila fortassis
sese prodet hypocrita. » Et il ajoutait en
post-scriptum : « "Vide quomodo agas
cum Archerio. Nam hue scripsisse cer-
tain est. Sed unum duntaxat testem ha-
bemus qui fiteras vidit et legit in ejus
manibus ad quem scriptae sunt. 1s vero
plane est illi similis aut etiam deterior. »
(T. Beza, 1. 1, p. 470).
Que se passa-t-il au commencement
de 1563?... Je l'ignore, ou du moins je
ne puis le dire avec certitude. Ce que
nous connaissons de sa correspondance,
nous dispose à l'envisager comme un
homme d'une piété sérieuse, fidèle dans
la foi et animé d'une charité active. Dans
presque toutes ses lettres à son ami Cas-
talion, il lui recommande avec amour
quelque jeune homme auquel il s'inté-
resse, ou quelque frère auquel il lui de-
mande de procurer un emploi. « Notre
bien aimé Guillaume Aubert1, lui écrit-
il le 5 novembre 155S, estant arrivé chez
son père dedans huit ou neuf jours
tomba en un tlux de sang, si très-aspre
et violent que dedans trois semaines il
lui causa la mort. Laquelle chose m'a
été fort moleste, car c'estoit un g jeune
homme duquel j'attendois beaucoup
* Jeune homme de Cortaillod, étudiant à Bêle dès
4555.
de bien. Or une chose m'a fort pieu
en lui, que durant sa maladie il a esté
de fort bon propos, en sorte que tous
ceux qui l'oyoient en estoient joyeux.
Brief, il est mort en grande foy en Jé-
sus-Christ et a esté fort regretté de son
père et de sa mère et de plusieurs aul-
tres. Or son dict père m'a donné charge
de vous escrire et prier que lui mandiez
a la bonne foy comme il s'enfie à vous,
ce qu'il vous doibt et il le vous envoyera
au plus tost. Pour tant n'ayez peur de
rien perdre. Le présent porteur, homme
de bien, vous dira toutes nouvelles et
principalement que de Bèze a prins
congé de Messieurs de Berne et qu'on
bruit de vous pour lui devoir succéder.
Certes si les dits seigneurs vous deman-
doyent, je vous conseillerois de ne le
refuser pas, moyennant qu'ilz vous pro-
missent de vous faire laisser en paix à
ceux que vous sçavez. Aultrement ne
vous sçaurois conseiller de l'accepter
car vous seriez en une continuelle
guerre... Saluez en mon nom M. le mé-
decin1, vosfre femme et toute vostre fa-
mille. Dieu soit tousiours avec vous et
les vostres qui vous préserve de voz
enemys. »
Il s'agissait de la place de professeur
ou recteur au collège de Lausanne que
Th. de Bèze avait quittée'et où Castalion
aurait pu lui succéder s'il n'en avait été
détourné par ses amis comme Arque-
rius et pour le même motif.
«Il y a un enfant, lui écrit-il le 5 oc-
tobre 1562, fils de mon proche voisin
ministre (appelé Esaïe Besson) qui a esté
receu à l'aumosne d'Erasme, et qui est
allé ces jours passés, et pourtant qu'il
n'est pas retourné si tost qu'il esperoit,
à cause de la maladie de son père. Je
vous prie si on faisoit quelque difficulté
de le restituer en son estât, de vous em-
ployer à ce qu'il y soit remis. — Item
vous prie si vous enseignez aultres pri-
vément en Grec, que permettiez qu'il
soit de vos auditeurs... s'il a besoin de
quelque chose, aidez luy et le vous feray
restituer. »
Et cependant le registre de la classe
des pasteurs de Neuchàtel porte ce qui
suit, à la date du 6 mai 1563 : « Sur le
1 « M. le médecin, » salué dans toutes les lettres d'Ar-
querius, est Jean Bauhin, avec qui il était très-lié.
I. Il
323
ARCHER
324
congé qu'a demandé Jehan Archérius
pour aller ministre à Hericourt, luy a
esté respondu par l'advis de tous les
frères que sa procédure ne peult estre
approuvée. Et quanta ce qu'il demande
que son église soit pourveue d'un g aul-
tre ministre, est arresté et passé que
aucune provision n'y sera faictejusques
à tant qu'elle soit trouvée estre aban-
donnée par iCelluy. »
Malgré cette décision de la classe,
L'Archer partit avec sa famille pour
Hericourt, laissant son église de Cor-
taillod sans pasteur, et excitant par là
contre lui le mécontentement de ses an-
ciens collègues.
Depuis deux ans, le duc Christophe
de Wurtemherg avait repris par les ar-
mes la ville d' Hericourt et les trois
seigneuries voisines, et cherchait à y ré-
pandre la connaissance du pur Evan-
gile ; mais la disette de pasteurs capa-
bles était un obstacle à l'exécution de
son pieux dessein. Sur la recommanda-
tion des théologiens de Bàle, le conseil
de régence de Montbéliard adressa un
appel à J. L'Archer, qui l'accepta, pro-
bablement avant d'avoir consulté la
classe de Neuchâtel de laquelle il dépen-
dait et envers laquelle il était lié par
certains engagements. Delà, sans doute,
le refus de la classe de lui accorder son
congé et la désapprobation inlligée par
elle à sa conduite. — L'Archer fut in-
stallé à Hericourt « le dimanche avant
la St-Jean » c'est-à-dire le 20 juin 1563.
«Il trouva son église dans un état dé-
plorable, dit M. Goguel (Précis historiq.
de la Réform. dans le- comté de Mont-
béliard, ]). 6 "2) ; « tout y était à faire pour
le bien-être moral et spirituel du trou-
peau. Ses soins et son application con-
stante produisirent peu à peu un amen-
dement efficace , qu'il n'était pas
moins nécessaire de réaliser dans les
autres paroisses des trois terres. Mais
les candidats au saint ministère man-
quaient à Montbéliard, et Arquerius fut
envoyé à Lausanne, en février 1565, afin
d'y chercher des serviteurs pour l'é-
glise. Ses démarches réussirent au gré
de son attente, et dès le mois d'août sui-
vant on put congédier les prêtres et leur
substituer des ministres de la pure Pa-
role. »
Pourquoi L'Archer ne s'adressa-t-il
pas aussi à la classe de Neuchâtel? Son
départ trop précipité, deux ans aupara-
vant, ne lui avait-il donc pas encore été
pardonné?..; ou bien, les soupçons que
Th. de Bèze jetait sur lui dans ses let-
tres citées plus haut, avaient-ils quelque
fondement? C'est ce que peut faire sup-
poser une lettre de Farel; du 5 décem-
bre 1563, à Christophe Fabri alors à
Lyon, dans laquelle il lui parle du grand
dommage que les hérésies d' Arquerius
ont causé dans l'église de Cortaillod;
c'est ce que semble confirmer une lettre
que la classe de Neuchâtel écrivit au
commencement de 1565 au maire de
Montbéliard, Aht. Carray, pour l'infor-
mer de la doctrine et de la conduite de
J. L'Archer, lettre que jusqu'à présent
je n'ai pu retrouver nulle part et qui pro-
bablement a été détruite, mais dont une
lettre subséquente, que je transcris plus
loin, nous fait connaître le contenu gé-
néral. Mais quelles étaient ces hérésies?
c'est ce qu'il est difficile de détermi-
ner avec certitude. La correspondance
de L'Archer avec Castalion nous fait
soupçonner qu'il était question de là
doctrine de la prédestination sur laquelle
il n'était pas d'accord avec Calvin, et sa
conduite postérieure dans l'église de
Montbéliard nous autorise à penser qu'il
avait déjà alors des idées particulières
sur la sainte Cène et qu'il admettait sur
la présence réelle du corps de Christ
dans le pain sacré les doctrines de Lu-
ther qu'il prêcha en effet plus tard.
Dans les troubles qui agitèrent le
comté de Montbéliard à cette époque,
L'Archer se rangea dès l'abord et sans
hésiter du côté des partisans de la con-
fession d'Augsbourg, et se distingua par
la violence de son opposition contre les
partisans, très-nombreux alors à Mont-
béliard, de la réforme helvétique. Les
mesures rigoureuses qui furent prises,
avec son concours, contre plusieurs pas-
teurs qui partageaient les opinions reli-
gieuses de Calvin et refusaient d'adhé-
rer sans réserve aux doctrines de la con-
fession d'Augsbourg, engagèrent les
pasteurs de Montbéliard qui n'étaient
pas favorables à ces dernières, à faire
usage de la lettre de la classe de Nen-
chàtel, écrite au printemps de 1565,
32;.
ARCHER
320
pour s'opposer aux violences de L'Ar-
cher et attaquer la droiture de son ca-
ractère. L'Archer nia-t-il la vérité des
accusations portées contre lui dans cette
lettre? C'est assez probable: car le gou-
vernement de Montbéliard en écrivit à
la classe de Neuchàtel, et les pasteurs
du comté déléguèrent auprès d'elle le
diacre André Floret, dans le but de
s'assurer de la vérité de ces accusations,
et de demander à la classe de les con-
firmer par des preuves et par une décla-
ration solennelle. La classe de Neuchàtel,
assemblée extraordinairementàce sujet,
répondit à cette demande des pasteurs
par la lettre suivante, datée du 18 août
1570:
« Tres-chers et honnorez frères, nous
avons entendu de maistre André Floret,
diacre de Montbéliard, la charge qu'il
avoit de vostre part de conférer avec
nous touchant certaines lettres escriptes
par Mre Guillaume Philippin nostre cher
frère et soubzsignées par nostre bon
père Mre Guillaume Farel de bonne mé-
mo} re et par les jurez de nostre assem-
blée pour et au nom de toute la classe,
qui concernent la doctrine, vie, et conver-
sation de Jean L'Archer ; Et avons aussi
receu lettres tant de Monsgr le Gouver-
neur chancelier et conseilliers de Mont-
béliard que de nostre frère Mre Pierre
Toussain, par lesquelles sommes priez
de vous advertir et asseurer tant du
contenu audit escript, que de ce que
nous pourrions scavoir de la doctrine
vie et conversation dudit Archer: Lt ce
d'autant qu'en ce faict il est question de
la gloire de Dieu et édification de ses
Eglises, cela a esmeu les frères de oestt
classe de s'assembler extraordinaire-
ment abn de adviser à cest atfaire.
Ayant donc par ensemble considéré et
diligemment pesé toutes choses, ilz
m'ont donné charge de vous escrire,
qu'ilz ne trouvent guères bon que, ayans
cogneu le personnage et estans advertis
tant de sa doctrine que de sa vie et con-
versation, voyans aussi qu'il n'apportoit
tesmoignage de la compagnie de ceux
entre lesqueiz par ordre il avoit esté re-
ceu et sans ordre ne devoit s'en dépar-
tir, ne de son Eglise laquelle comme
mercenaire il delaissoit estant hé et
obligé à icelle jusqu'à ce que légitime-
ment il en fust desiié, neantmoins l'ayez
receu et admis, dont maintenant vous
en recevez tel fruict en salaire qui vous
avoit esté prédit. Car vous pouviez bien
penser, frères, que celui qui ne vaudra
rien vers nous et entre nous, a grande
peine qu'il soit homme de bien ailleurs.
De sorte que vous voyez en lui vérifié
ce que dict le commun proverbe, Cœhnn
non animum mutant qui trans mare
currunt. Et que quant à ces lettres qui
furent envoyées il y a cinq ans passez
à Monsr Carray par Monsr Farel nostre
bon père et autres de noz frères, nous
- imons si fermes et authentiques,
qu'elles ne pourroyent estre davantage
corroborées ny authorisées par nov.
non que nous voulsissions enfreindre et
révoquer en doute la fidélité et preud-
homraie de nostre bon père et de noz
frères qui au nom de la classe les ont
escriptes et subsignées. Toutesfois d'au-
tant que nous avez escript que ceci con-
cerne la gloire de Dieu et la tranquillité
et repos de voz Eglises que ce brouillon
veut troubler, nous avons bien voulu
acquiescer à vostre requeste eu confer-
mantle contenu audit escript, Etmesme
vous envoyons la copie de sa recanta-
tion soubzsignée de sa propre main,
touchant ceste belle rapsodie des con-
ciles qu'il a faict mettre en lumière, où
vous pourrez voir ce que dict le poète :
Et crimine ab uno. etc. Avec ce aussi
la copie des censures de M. Pierre Yiret
sur le mesme livre, laquelle ledit Ar-
cher a approuvée et soubzsignée ayant
promis de faire imprimer sa recantation
afin d'oster le scandale qu'il avoit donné
au grand préjudice de la vraye religion
chrestienne, Ce qu'il n'a faict jusqu'à
présent. Item des lettres escriptes à feu
nostre frère M. Anthoine Tomassin1,
où vous pourrez voir quelque chose de
ses bizarres opinions. Voilà frères ce
que nous avons peu faire. Nous prions
nostre Seigneur qu'il vous vueille si bien
conduire et addresser par son esprit que
le tout redonde à son honneur et gloire,
au bien édification et tranquillité de son
Eglise. Nous avons rescript à Monsr le
Gouverneur et Conseil de Montbéliard
pour ce mesme faict leur adressans le
1 Treniicr pasteur de Cornaux, entre Neuchàtd et
*o»j!le.
327
ARCHER
328
tout qui sera l'endroit où après nous
estre recommandez à voz sainctes prières
Nous prions l'Eternel qu'il vous ait en
sa saincte et digne garde. De Neufchas-
tel ce 18 d'aoust 1570. Vostre frère et
bon ami D. Chaillet, Doyen, par com-
mandement et au nom de toute la
classe. »
Cette lettre ramena-t-elle L'Archer à
plus de modération et fit-elle cesser l'a-
gitation dans le pays? On peut en dou-
ter, ou du moins ne fut-ce pas pour
longtemps; car l'année suivante (12 août
1571), Daniel Toussain, le pieux et sa-
vant théologien d'Orléans, qui suppléait
son vieux père dans l'église française de
Montbéliard, écrivait aux pasteurs de
Neuchâtel que, depuis trois mois, « Sa-
than dressoit de grans empeschements «
à la Réformation qui s'avançoit heureu-
sement par deçà. « Car, dit-il, combien
que le Magistrat eut rendu tesmoin-
gnageaux Princes du repos et bon ordre
de ces Eglises, ce grand remueur de
mesnage le Docteur Jacobus Andreae a
brigué une commission qu'il a obtenue,
de visiter (comme ils appelent) ces Egli-
ses : ce qui rapporte à l'Inquisition, et
est du tout semblable. Comme aussy ce
nous a esté une grande Visitation de
Dieu que la venue de cest homme là.
Pour ce qu'il s'est comporté avec toute
insolence et contre tout ordre Ecclesias-
tiq, estant envenimé contre les Calvi-
niens qu'il nomme ainsy, plus que ne
furent jamais les Egyptiens contre les
Israélites. D'entrée il s'est tousjours ac-
costé de ce prophane Arquerius, l'ayant
à son conseil, au lieu de peser les accu-
sations qu'on avoit contre luy. »
Ces troubles durèrent encore plusieurs
années, et Jean L'Archer ne cessa d'y
jouer un rôle actif jusqu'à sa mort, arri-
vée en 1588.
Si la correspondance de L'Archer avec
Castalion nous a disposé à voir en lui un
homme charitable, les 25 dernières an-
nées de sa vie passées à Héricourt nous
semblent dénoter dans son caractère un
changement qui ne parle pas en sa fa-
veur, et un défaut de modération qui se
trahit dans tous ses actes. Ainsi, en
1584, appelé à adresser à la régence de
Montbéliard un rapport sur la conduite
de ses paroissiens, il y dit entre autres:
« Touchant la chanterie des pseaumes,
elle est en grand mespris à Héricourt;
ils n'y veulent assister ni au commence-
ment ni à la fin, et les enfans suivent
l'exemple des grands. Ils savent bien
des chansons du diable, mais des bonnes
ils n'en veulent point savoir. »
Outre ses Canons de tous les Conciles,
Jean L'Archer publia divers ouvrages,
entre autres un Dictionarium theologi-
cum, Bâle, 1567 (in-fol. 60G pages), dé-
dié à Christophe, duc de Wurtemberg et
comte de Montbéliard. (Cagnebin.)
Le principal ouvrage de Jean Archer,
ses Canons des Conciles, ayant échappé
à l'auteur de la biographie qu'on vient
de lire, nous en ajoutons ici la descrip-
tion : Canones conciliorum omnium, qui
a primo apostolormn concilio usqne ad
postremum sub Eugenio IIII Pont,
max. célébration, a S. Patribus sunt
constituti. — Opus dirimendis in Reli-
gione controversiis utilissimum ac in
primis necessarium, magna parte ex
tribus Conciliorum tomis nuper Co-
lonix Agrippinx excusis, decerptum :
Joasne Sa(httario, Burdegalensi. col-
lectore. Basilea?, per Joannem Opori-
num(M. D. LUI mense septembri). In-
fol. 541 pages, plus les préliminaires et
la table. La dédicace (Nobili et ornatis-
simo viro Joanni Mirabili interpreti et a
secretis régis Gallorum apud Helvetios
est datée de Valengin, le 9 avril 1551.
Ce recueil de conciles est bien d'une
main d'érudit, mais d'un érudit de la
vieille école, regardant comme un acte
de haute science d'avoir extrait et réduit
en un seul volume les trois volumes
d'un recueil analogue imprimé récem-
ment à Cologne (celui du chartreux
Laur. Surius) et se vantant fort pour
avoir transcrit les canons plus littérale-
ment et plus complètement que son pré-
décesseur. Peut-être les ministres, ses
collègues, qui le blâmèrent, jugèrent-
ils qu'il y avait dans son travail plus
d'attachement qu'il ne convenait pour
les vieux errements de l'Eglise romaine.
« Olim nemo, dit-il dans sa dédicace à
Jean Merveilleux *, res Deo dicatas vel
• Conseiller d'Etat de iNeufchastel , châtelain de
Tuielle, un des hommes qui ont le plus contribué a
l'établissement delà Réforme daus son pays. Il était de
329
ARCHKK
330
digito movere audebat. imo quisque in
usum eccleske et pauperum exproprio
conferebat; nunc, o indignum facinus,
res Deo consecrata? pradae sunt omni-
bus. » Sa préface au bienveillant lecteur
contient quelques détails littéraires bons
à recueillir :
« Je n'ai pas agi sans prendre con-
seil. Jean Oporinus typographe bàlois
mon ami particulier (auquel j'envoyai
un message à ce sujet par Hugues Clerc)
m'a souvent exhorté à faire présent de
ce travail à la république des lettres.
Ensuite j'ai communiqué le plan de mon
projet à divers amis (Michaeli Mulotio1,
Joanni Cutneo8 compatribus meis ; Pe-
tro Magno3 et Joanni Belleio*symmistis
meis5 charissimis)qui ne m'en ont jamais
détourné. Lors donc que j'ai pour mon
dessein de tels approbateurs, je ne suis
pas prêt à en faire fi. Quant à ma fidé-
lité dans la reproduction du texte de Co-
logne j'en ai un solide garant (Joannem
Mercatorem6 optirmu spei adolescentem
qui cum collectionem meam fere absol-
vissem in conferendis exemplaribus me
adjuvit). — J. Belleius et J. Cutr.eus
sont les mêmes dont il est parlé par
If. Herminjard au t. II de sa Corresp.
des Rêform., p. 472, note 11. Ajoutons
que la préface ci-dessus est suivie d'une
pièce intitulée : « Ad leotorem Carmen
elegiacum auctore Joanne Cutneo. »
Un de nos correspondants, qui a fait
une étude particulière de la vie de Cas-
talion, n'hésite pas à croire que L'Ar-
cher partagea la disgrâce de Castalion,
parce qu'il partageait ses idées c
plus secrétaire interprète du roi François H» pour ses
affaires en Suisse et parait l'avoir été aussi de Henri II.
• Mullot, pasteur à S.-Dlaise, entre Neucliàlel et le vil-
lage de Cornaux où exerçait Ttiomassin.
s Peut-être un Le r.ouftre »
» Le Grand, pasteur à La Cnaux-de-Fonds, dans la
seigneurie de Valangin.
1 Jean de Beliy, pasteur à Fontaines, près Valangin
Ces trois, Mullot, Le Grand, Bellr, étaient réfugiés de
France.
s Mes collègues, En effet, au mois d'avril issi, la
classe (ou consistoire» de Valangin se composait de:
Jaques Sorel. à Boudevilliers; de Belly, à Fontaines
Pierre Simonnier, à S. -Martin; Evnard Plchon, à Sava-
gnier; Pierre Le Grand, à La Chaux-de-Fonds; Cuill.
Philippin, à La Sagne. Pierre Besson, au Locle: Hélie
Limosin, aux Brenets; enfin du pasteur du cher-lieu
(Valangin et Fenin) que précisément cette qualification
de Symmistœ, montre avoir été, à ce moment, Archer
lui-même.
• Jean Marchand, de Boudri. au comté de Neufehas-
lel, alors étudiant à Baie, plus tard pasteur dans le
bailliage de Crandson, puis au Locle, etc.
antipathies. 11 lui écrivait à la date du
ô juin 150:2:
« Vous m'avez fort esjoui des nou-
velles que m'avez escriptes et de ce que
n'allez pas à Lausanne. Pour ma part
j'en feusse été bien joyeux, parce que
nous feussions veus plus souvent. Mais
ayant considéré les grandes commoditez
qu'avez à Basle, assavoir qu'estes en
paix, que y avez de grans amys... je
juge que c'est vostre grand bien d'y de-
meurer. Car. estant à Lausanne , à
grande difficulté vous eussent laissé en
repos ceux que sçavez. »
L'expression ceux que sçavez revient
assez souvent dans les lettres de L'Ar-
cher à Castalion lorsqu'il parle de
Th. de Bèze, de Farèl et de leurs amis.
On voit aussi dans cette correspondance
qu'il faisait venir avec soin par son ami
l'imprimeur Jean Herbst Oporinus) et
par Castalion les livres paraissant en
Allemagne ou en Suisse contre Calvin
et ses doctrines. La bonté de L'Archer
et sa sollicitude en faveur des jeunes
gens pauvres est un des traits les plus
marqués de cettecorrespondance, comme
M. Cagnebin l'a fait très-justement ob-
server \
Dans l'été de 155i, au plus fort du
bruit qui suivit la mort de Servet, notre
pasteur, peu ardent, n'avait pas encore
pris parti. Sun attitude était celle de
Toussaint, de Zurkinder, de Musculus.
de Sulzer, etc. Il hésite à approuver Le
supplice tout en craignant d'aller trop
loin dans sa tolérance, et il se sent in-
quiété dans ses idées de tolérance par la
pensée que presque tous les fauteurs du
libelle : De luvrelkis non puniefidis sont
en même temps suspects de quelque
hérésie. C'est dans cette disposition
d'esprit qu'il écrit à Castalion la lettre
grave que voici :
« A mon très chier frère et bon a nu/
M. Sebastien Castalio à Basle.
« Mon très chier frère, dès lors que j'ai
cogneu et veu les dons que Dieu avoit
mis en vous je vous ay porté une grande
affection car entre tous les hommes que
vous veistes jamays j'ayme les gens
1 Voyez encore sur ce point, notamment, une lettre
a Jean Bauhin du 7 octob. I.S65.
331
ARCHER
332
scavans. Or pourtant que je désire que
les beaux dons de Dieu qui sont en vous
servent à sa gloire je vous ay voulu ad-
venir de certaines choses a lin que vous
y preniez garde. .
« Premièrement, le bruit court qu'estes
de l'opinion de Servetus, ce que je ne
peux croyre car on dit qu'il a été de tout
en tout Arrien, c'est-à-dire disant que
Jésus Christ estait créature. Or je scay
qu'avez leu et lisez les Saints livres qui
appellent Jésus Christ Jéhova, qui est le
nom propre de Dieu, et Emmanuel qui
signifie Dieu avec nous, et Dieu simple-
ment et Vrai Dieu. Puis donc qu'il est
vrai Dieu il n'est pas créature, mais
créateur sans commencement et sans fin.
« Secondement on dit qu'estes ana-
baptiste c'est à dire que vous dites que
les petits enfants ne doivent point estre
baptisez jusquesà ce qu'ilz peuvent ren-
dre rayson de leur foy, ce que je ne
peux ainsi croyre car vous scavez assés
que le baptême a succédé à la circonci-
sion et que puisqu'on circoncisoit sous
la loy les petits enfants qu'on doibt sous
Jésus Christ les baptiser. Item vous lisez
que plusieurs familles ont été baptisées;
les enfants sont compris sous le nom de
famille. Il est donc vraisemblable que les
apostres les baptisoyent comme le témoi-
gne saint Origène dans l'Esp. aux Rom.
Item dit Jésus Christ que le royaume
des cieux est à eux. S'ils ont la chose
ils peuvent donc bien avoir le signe, qui
est le baptême. Il les fault donc baptiser
en la rémission du péché originel qui
leur est adonc remis comme le dit saint
Augustin : Peccatum originis remitti-
tur in baptismo, etc.
« Tiercement on dit que vous dites que
l'homme peult venir à telle perfection
qu'il n'a plus besoing de prier : par-
donne nous nos offences etc.; et qu'il n'a
plus besoing d'estre enseigné par la pa-
role de Dieu. Ces erreurs aussi me sem-
blent si étranges que je ne peux croyre
qu'elles soyent en vous, car vous scavez
que nous ne pouvons venir, pendant que
nous sommes vestus du corps de péché,
à telle perfection que puissions dire je
suis sans péché. Item Jésus Christ a
commandé que son évangile soit presché
jusques à la fin du monde. Il fault donc
tousjours enseigner.
« Finalement le bruit court qu'avez
lai et imprimer ung livre contraire à ce
que M. Calvin a traicté contre Servetus,
c'est : De non comburendis hxreticis.
Or, touchant cet article je scay assés a
quoy vous en estes car nous en confé-
rasmes par ensemble la dernière foys
que je feus à Basle. Si est que je désire-
rois que pensissiez un peu de plus près.
ci Conclusion finale vous estes en très
mauvaise réputation en ce pais envers
plusieurs . tellement qu'il n'a pas long-
temps qu'il y eut ung homme de scavoir
qui vous appella en une grande assem-
blée : « meschant hérétique. » Et qui
pis est j'ay entendu ces jours passés
qu'il y a ung homme de grand scavoir
qui escript contre vous a raison des er-
reurs ci dessusmentionnées et d'aultres.
Je vous en ay voulu advertir pour aul-
tant que j'ayme vostre salut et honneur
comme le présent porteur vous en pourra
advertir et asseurer. Dieu soit toujours
avec vous. Amen. Ce 3Q de juillet l'an
1554, votre frère Joannes Arquerius. »
Il paraît que Castalion, aigri par la
persécution, ne prit pas en bonne part
cette lettre et les rudes interrogations
qu'elle contenait. Le 4 octobre L'Archer
lui écrit de nouveau :
« Très chier frère, ayant receu voz
dernières lettres je feus si fasché que me
repenty de vous avoir jamais escript,
pour ce que me donnez à entendre que
m'estimez semblable à plusieurs qui sont
aujourd'huy au monde : c'est que vous
vueille tirer les vers du nés, comme on
dit, a fin de le rapporter à vos ennemys.
A Dieu ne playse que face ainsi. Il m'a
jà faict la grâce de désirer de fayre a
aultrui comme je vouldrois qu'on me
feist. Ce qui a esté cause que vous res-
pondez aussi obscurément qu'aviez faict
auparavant... »
Il continue en entrant dans la discus-
sion sur la parfaite obéissance possible
à l'homme et sur l'égalité du Fils avec
le Père et conclut :
« Voila ce que j'ay voulu vous escrire.
"Vous respondrez ce qu'il vous plaira.
Cependant asseurez vous de cela de moi
queje désire vostre bien et salut, et que
je suis ny traître ni faulx rapporteur. »
La preuve que Castalion se convaiu-
333
AKCHEK — AUCUN VILLE
334
quit bien de la vérité de ces protesta-
tions, c'est tout le reste de leur corres-
pondance, de plus en plus affectueuse
jusqu'à la mort1.
•2. Arches .Christophe), fils du précé-
dent, ministre à Valentigney, fut reçu
bourgeois de Montbéliard le 4 sept. 1617.
3. ARCHER (J.), pasteur à Guillestre
et Vars en Dauphiné, 1685 [III, 166 b;
VI, 536 b]. Le même, sans doute, inscrit
(Johannes Archerius Delphinensis* à Ge-
nève, comme étudiant en théologie en
1670. — Archer le lils, réfugié à Lausanne
17 avril 1688. — (Jean), de Grenoble et
son fils assistés à Genève, 1090-1706. —
(Jean), de Mens,' idein, 1705; reçu hab.
de Genève en 1709; bourgeois en 1730.
— (Marie), de Grenoble, et sa fille, ré-
fugiées à Magdebourg, 1698.
4. ARCHIER (Peyrothon), un des
premiers habitants d' Aaen qui embrassè-
rent la Réformation. Arrêté en 1549 par
l'ordre du sénéchal d'Agenois, il fut
conduite Bordeaux et bientôt condamné
par arrêt de la chambre de justice qui
siégeait extraordinairement dans cette
ville. Il subit le dernier supplice et fut
brûlé vif devant le palais de L'Ombrière.
— (Antoine), probablement frère du pré-
cédent, fut condamné par le même ar-
rêt à être fouetté de verges. (Gaui.lieur.)
ARCHIAC (A. de Moxtberox, baron
d'), 1569 [VII, 458 a]. — (Du Parc d').
Vuy. VI, 357 b et IV, 454 W.
ÀRCHINA (Louis), de Saint-Etienne
en Dauphiné, assisté à Genève, 1703. —
Archinad (Jacques), de Chabeuil en
Dauphiné, tondeur de draps, réfug. à Ge-
nève, 1710. — Ar chinai (3 enn), de Chii-
tillon en Dauph., poudrier, habit, de Ge-
nève, 15 mai l?èi. — Arsinal Etienne),
de Chastillon-sur-Die, assisté à Genève,
1684. — (André), « de Livron, travail-
lant aux indiennes, » reçu habitant des
Genève, 3 septemb. 1715.
1. ARCHINARD (Jaques;, « natif du
lieu et paroisse d'Oste en Daulphiné
dioc. de Dye, » reçu habitant de Ge-
nève, 6 juin 1559. — Jacob, « Jacobus
Archinardus Delphinas, » étudiant à
Genève, 1581. — (Jacob), Montelimart,
1603 [X, 269]. «Le 28 janv. 1596 àOste,
à l'issue dupresche du matin par M. De-
1 Nous devons ces documents supplémentaires sur
Ircher « M. V. Bcisso*.
vagues, a esté baptisé le fils du sieur Sé-
bastien Archinard d' Aoste et de Susanne
Vion. Son parrin Mons. Jacob Archi-
nard, docteur es droicts, advocat au
Montelimar. » — Archinard, du comtat
Venaissin, 1612 [VIII. 103 bL
2. ARCHINARD Jean) de Die, en-
voyé à Genève par M. Chion, conducteur
d'une colonie de réfugiés vaudois qui
sont dans le Wurtemberg, pour obtenir
des Genevois quelques secours. Il ob-
tient 5 écus; 1700. — (Jean), de Chas-
tillon en Dauphiné, et sa mère, assistés
en passant à Genève pour se rendre à
Berne, et à son retour, n'y étant pas
resté, 1693-1700. — (Jean-François) et
son frère, de Die, assistés à Genève en
4705 et 1706. — (Jeanne), des environs
de Die. idem, 1708. — (Pierre), de
S.-Marcellin en Provence, accusé en
France de s'être allé marier à Genève et
d'v avoir envové élever son fiï.s, 1734
(Bull. XI, 244)."
3. ARCHINARD, famille de Pont en
Royans. réfugiée à Genève lors delà ré-
vocation de l'édit de Nantes. Elle y
fut admise à la bourgeoisie en 1702 et y
existe encore. Elle a produit deux théo-
logiens distingués : 1° Daniel, 1698*
pasteur successivement de plu-
sieurs églises françaises de l'Allemagne,
notamment de celle de Brunswick, où il
mourut après y avoir passé onze ans.
2° Jean-André, lsitj-1809, pasteur à
Chanoy, puis à Genève, et auteur de
plusieurs ouvrages d'histoire ecclésias-
tique et d'archéologie. La France Pro-
testante a cité ce dernier [VII, 209 b,
386 a] pour diverses communications
dont MM. Haag lui ont été redevables
et le Bulletin de t'Hist. du Prof, lui a
consacré un article nécrologique dans
son XVIII* volume (1869), p; 6w.
ARCI ou Arcy (Henri Goxdix, sieur
d'), v. 1620 [V. 302 a]. - (François),
id. — (Phil. Guilard, marquis d'),
v. 1640 [VI. 378 a].
ARCIER (Catherine d'), vers 1550
[IH, 109|.
ARCONQLE D'AUBAREDE (Jean
d'), assisté à Londres, 1702.
ARCON VILLE (d), employé dès
avant 1682 comme ingénieur militaire
au service de l'Electeur de Brandebourg
Erman IX, 9). — La famille d'Arcon-
335
ARCONVILLE
ARDRES
330
ville passe, dans une lettre adressée à
Bossuet par des ministres de Louis XIV,
le 10 nov. 1685 {Bull. IV, 116), pour
convertie alors par cet évêque. Un de
ses membres obtient en effet une pen-
sion de 2,000 '• *■ en 1686. — (M"« d'),
enfermée dans un couvent en 1688. —
Susanne de Brosset d'Arconville en
Beauce, mise de force aux Nouvelles-
Catholiques, 1719 (E 3405).
ARCUSSIA (Jean d'), conseiller à
Aix, 1562 [BI, 361 a].
ARDAILLON (Philippine d'), native
d'Orange et religieuse àl'abb. de Ste-Croix
d'Apt. suivait en 1561 les prédications du
ministre Jean de La Plante, venu de G e-
nève. Elle épousa le seigneur de Gignac.
ARDANJON (Jehan), « cordonnier,
natifz de Mont surGuyne, dioc. de Poi-
tiers,» reçu hab.de Genève, 24 avril 1559.
ARDEAU, ancien de l'église de Sain-
tes, 1664 {Bull. XVIII, 97).
ARDEL (Georges d'), seigneur de La
Plaine v. 1670 [III, 108 b].
ARDENAY (Louis-Gaspard, marquis
d'), Maine, v. 1670 [I, 153; VII, 56 b;
VIII, 248 b]. Voy. Le Vasseur.
ARDESOIF (Louise), d'Alençon, em-
prisonnée à la Bastille, 1692 (Bull. XII,
471). — (Charles), Jeanne sa femme et
trois enfants, naturalisés anglais, 5 janv.
1688. — (Pierre), id. 11 mars 1700. —
Deux autres, directeurs de l'hôpital des
réfugiés français à Londres, de 1767 à
1789. — (Jacques), peintre, natif de Pa-
ris, abjure le 8 déc. 1761 (Registre de
S.-Germain-en-Laye).
ARDIAN (Christophe), de Tours, ve-
loutier, reçu habitant de Genève, 27 déc.
1585.
ARDILLON (Jean), pasteur à Mar-
chenoir, v. 1630 | VIII, 67 b.] Voy. Bull.
XII, 43. — (Joseph); Auxerre, 1664
|VI, 311 a]. Inscrit comme étudiant à
l'acad. de Genève en 1634.
ARDILLOUSE (d*), ministre, 1580
[III, 245, b]. Il était pasteur de Mazères
(pays de Foix) en 1592 (écrit Ardilouze).
ARDOIN, Ardoyn, Ardouin; à Uzès,
1627 [I, 277], — Ardouin et autres des
îles de Saintonge, bourreaudés par les
dragons, 1685. — [Suzanne et Charles]
réfugiés et assistés à Londres en 1721.
— Voy. Hardouin.
ARDOUIN (Philippe d'), sieur de La
Calmette en Languedoc, molesté pour
son droit d'exercice à La Calmette, 1685
(ït, 322).
ARDOREL (Pierre), sieur d' Alcange,
apothicaire, épousa le 24 janv. 1655, à
Blain, Charlotte Loyau, fille de défunt
Pierre Loyau, marchand, et de Cathe-
rine Chapeau, de Mouchamps. La fa-
mille Loyau existe encore en Vendée et
professe la religion réformée. Pierre Ar-
dorel cependant, ne tarda pas à se con-
vertir, car en 1656, quand eut lieu le
baptême de sa'fille, Marie, elle est dite au
registre : « fille de Pierre ci-devant de
la religion. » La mère du moins était
restée fidèle à sa foi, puisque l'enfant
était baptisée dans l'Eglise réformée. Ce
baptême avait eu lieu à Malaguet, mai-
son noble aux environs de Blain. (Vau-
RIGAUD.)
ARDRES (N. d' ), gentilhomme des
environs de Senlis, secrétaire de con-
fiance du connétable de Montmorency
[Haag I, 121 ]. Ce fut en cette qualité
qu'il assista, en 1559, à l'assemblée de
Vendôme où les chefs de l'opposition
contre les Guises, c'est-à-dire Antoine
de Navarre, le prince de Condê son
frère; Coligny, à'Andelot, OdetdeChâ-
tillon, François de Vendôme vidame de
Chartres ; Antoine de Croï prince de
Portien, tous parents ou amis, se con-
certèrent sur les moyens de renverser un
gouvernement odieux. Les avis furent
partagés. D'un caractère plus ardent,
Condé, d' Andelot et le vidame de Char-
tres voulaient qu'on courût de suite aux
armes sans laisser aux Guises le temps
d'affermir leur autorité. Les autres, et
d'Ardres fut du nombre, proposèrent
des remèdes moins violents, en repré-
sentant que s'il n'y avait rien à attendre
du roi, on pouvait tout espérer de la
reine mère qui n'hésiterait pas à se
joindre à eux si elle trouvait ses sûretés
dans leur parti, et qu'on verrait crouler
en un clin d'oeil la puissance des Guises,
du moment qu'elle leur retirerait son ap-
pui. Ce dernier avis l'emporta; mais on
ne tarda pas à s'apercevoir qu'il n'était
pas le plus sage. Il fallut quelques mois
après revenir au premier, et Condé
leva l'étendard de la guerre civile en
s'emparant d'Orléans. D'Ardres n'hé-
sita pas à aller le rejoindre, quoique le
337
ARDRES — ARGENCOURT
338
connétable de Montmorency se fût laissé
gagner par le parti contraire. Cependant
lorsqu'il vit Condé, qui avait déployé
d'abord tant de vigueur et d'énergie, se
laisser endormir par l'habileté de la
reine mère, il prit le parti de se retirer
chez lui, soit que ses ressources fussent
épuisées, soit qu'il augurât mal d'une
guerre ainsi conduite. « Quatre gentils-
hommes, nous raconte Crespin, assavoir
les sieurs de Moncy St-Eloi, de Hou-
dencourt, à'Ardres et de La Maison-
Blanche, voisins de la mesme ville (Sen-
lis) s'estans retirez d'Orléans en leurs
maisons pour se rafraischir, les séditieux
les allèrent attaquer et les amenèrent
prisonniers, les accusans d'avoir tiré un
coup de pistole au village de Fleurines
contre une certaine femme sœur du
prieur de St-Christofle, regardant par
sa fenestre. De Senlis ils furent menez
à Paris et décapitez aux halles, après
avoir fait confession de foi, et ce le
10 nov. 1562, et leurs testes apportées à
Senlis, et mises aux quatre portes de la
ville.» Nous trouvons dansBèze qui rap-
porte le même fait, une circonstance im-
portante passée sous silence par Crespin.
C'est que le tribunal de Senlis, jugeant
en première instance, avait acquitté les
quatre prévenus. Rien ne saurait mieux
établir leur innocence; car, à cette épo-
que, l'ombre d'une preuve suffisait sou-
vent pour déterminer un arrêt de mort.
AREAU (Guillaume d"), président ou
avocat général au conseil souverain de
Béarn, destitué par les catholiques on
1509. selon Bordenave p. -254). If. P.
Raymond ajoute qu'après les troubles,
il présida la chambre des comptes de
Pau et qu'il cumulait cette charge avec
celle d'avocat général au conseil souve-
rain de Béarn. Il mourut en 1571.
AREMBERT (Catherine), v. 1550
[IV, 513 a]. - Cf. [IX, 104 b].
Â.REN (barons d'), vov. Mesplès.
ARÈNES (Barbe d'), 1597 [TX, 554 a].
— Françoise de Saussan, dame d'A-
rennes, v. 1610 [V, 505 al. — Intrigues
pour convertir cette famille, en 1683 :
Bull. I, 114. — Un d'Arènes capitaine
au service britannique en 16S9 (Agnew II,
181). On a écrit quelquefois Darènes.
ARERAT, capitaine, 1570 [I, 141 b].
Aretius (Felinus), voy. Bucer.
ARGAN (Charles), de Caraman en
Languedoc, assisté à Genève, 1700.
ARGAND (M/.rguefite et Marie), Ge-
nève, 1645 [VII, 218 a]. — (F. Dorothée)
v. 1770 [Mil, 513 b]. — Famille gene-
voise originaire de Bonne en Faucigny.
ARGELLE ou Arguelle (le capitaine),
député des églises de Gascogne, 1573
(Bull. X, 352). Probablement de la même
famille quArgehs. — Voy. Arros n" -2.
ARGENCE d'), famille d'origine nor-
mande qui resta très-tard attachée au
protestantisme. = Armes : De gueules
à la fleur-de-lis d'argent.
En 1621, un d'Argence signa le pro-
cès-verbal de l'assemblée du Pouzin,qui
conféra de pleins pouvoirs au sire de
Blacons pour la défense de la Réforme
dans le Vivarais V. 140 a. note]. Dans
le premier quart du XVIIe siècle, Louis
de Polignac. sieur d'Argence. comptait
parmi la nobbsse protestante de la Sain-
tonire avec les Chûtelaillon et les Dom-
pierre, auxquels il était allié [V, 380a]:
En 1650 vivait Xoé de Chambaud, sei-
gneur d'Arizence et de S. -Léger IV,
Vers la fin du siècle , Elisabeth
Gourjault [V, 341 a] était femme de
Charles d'Àrgence. sieur de La Jarrie.
vraisemblablement la même dame
qui fut enfermée comme tidèle protes-
tante, en i 7 *2 ~> . aux Hospitalières de Poi-
tiers. M"e d'Argence de Lesigny, sa fille.
mise d'abord à l'Union chrétienne de
Poitiers, et qui « empêchait par son opi-
niâtreté la conversion de sa mèrp, » l'ut
transféré? en 1727 au Calvaire de Chi-
non, puis aux Nouvelles-Catholiques de
Tours, et parvint en 1730 à se réfugier
en Hollande (Tt, 32
ARGENCOURT (d'), habile officier
du génie, qui fut chargé par Rohan de
diriger sous les ordres de Calonge, les
travaux de défense pendant le siège cé-
lèbre de Montpellier, en 1622. Il se ral-
lia dès lors au gouvernement et aban-
donna la religion réformée. Nommé
ingénieur général, il fut chargé, en
1625, de construire la citadelle de S.-
Martin dans l'île de Ré. En 163u, il di-
rigea les travaux de la citadelle élevés
sur les ruines de l'ancien château d'O-
léron, et Richelieu l'invita à tracer le
plan des fortifications de Brouage. En-
fin les Mémoires du cardinal nous ap-
339
ARGENCOURT — ARGOUD
340
prennent qu'en 1037, lorsque les Espa-
gnols débarquèrent sur les côtes de
France et tentèrent de s'emparer de Leu-
cate, Argencourt, placé sous les ordres
du duc d'Hallvin, avec le grade de maré-
chal de camp, contribua, à la tète des
enfants perdus, par son courage autant
que par son expérience, à la prise du
camp ennemi, après avoir forcé le châ-
teau de Rochefort à se rendre, le 25 sep-
tembre [Haag I, 122. — II, 149 h; VI,
175 b].
Le vrai nom d' Argencourt était Pierre
de Conti, seigneur d' Argencourt. Il était
issu d'une famille française réfugiée à
Genève, et né du mariage de Jean, sei-
gneur d' Argencourt , 24 octobre 1575,
avec Perrette, fille d'Yves de Baudan,
demeurant à Alais. Bouffard-Madiane,
dit, en racontant dans ses mémoires
(manuscrits) la fin de la première guerre
du duc de Rohan (1622) : « Argencourt,
qui estoit capable de servir en ces négo-
ciations, fut aussy régalé de promesses
et s'en prévalut plus que tous les autres
par la protection du duc de Montmo-
rency qui luy fist changer de religion. »
(Pradel.)
1. ARGENSON (René d'), sieur d'A-
voines ou d'Avesnes, riche et honorable
gentilhomme du Maine, se retirant après
souper de la maison de Thibaut Bouju,
sieur de Verdigny (dépouillé lui-même
de sa charge de juge criminel pour cause
de religion), fut attaqué en chemin,
massacré , dépouillé , et son cadavre
abandonné en proie aux chiens et aux
oiseaux, le 9 avril 15G5 [Haag X, OOj.
Il avait contribué à la. prise de la ville
du Mans au nom du prince du Condé }e
1er avril 1562 [VI, 253 a].
Mémoires de Condé V, 281.
2. Voy. encore : Guillaume et Judith
d'Argenson, 1606 [II, 514]; — Esther,
v. 1600 [III, 350 b] ; — Georges, 1562
[III, 94 a, 499 a].
3. Une demoiselle Perrine d'Argenson
fille de Patrice d'Argenson, sieur d'A-
vesnes et de Montrevault, avait jadis
épousé Jean Ghollet, sieur de La Chol-
letière et de Dangeau, et une fille née
de ce mariage, Marie Chollet, devint en
14791a femme de Geoffroy deCourcillon,
aïeul des Courcillon-Dangeau qui furent
longtemps des protestants zélés. — Une
Jeanne d'Argenson fut mariée en 1495
à Jehan Levasseur, sieur de Cougnée ou
Coigners, dont les descendants mar-
quèrent comme protestants parmi la no-
blesse du Maine [VJI, 54 b]. — Louise
d' Argenson, fille de François d'Argen-
son, sieur d'Avesnes, et de Jeanne de
Cochefilet, épousa en \b61Jacquesde La
Barre, sieur de Groslieu en Beauce,
mort en 1587 gentilhomme du roi de
Navarre. — François Houssemayne du
Boulay, réfugié ea Prusse après la révo-
cation de l'édit de Nantes, y épousa une
protestante, nommée Mne d'Argenson.
Argent (d'), voy. Dargent.
ARGEftTEUIL (G. b'), à Bourges,
1720, prêtre converti. Vov. Chariot.
ARGENTIER (Brancasse), fils de feu
Claude, « du mandement du bourg d'Oi-
sans, » mercier, reçu bourgeois de Ge-
nève, 9 avril 1576.
ARGENTIÈRE ou L'Argentier , ca-
pitaine, 1562 [IV, 132 aj. — Autre, dé-
puté à un svnode, 1672 [VIII, 302 b].
ARGENTL1EU (Frédéric de Han-
gest, sieur d'), capitaine, tué en 1577
[VI, 284 b ; VII, 291 a]. — (Jean), 1578
[VI, 291 b). Voy. Hangest [V, 429 aj.
ARGENTRÉ (Jeanne d'), épouse dé
Samuel d'Andigné, sieur de La Gotrays,
fait baptiser conjointement avec son
mari à Vitré, en 1596, leur fille Anne. —
Cf. Andigné.
ARGER (trois frères), avec trois au-
tres compagnons, tous des Cévennes,
assistés en passant par Genève pour se
réfugier plus loin, 1701. — « David Ar-
gerius, » de Montpellier, étudiant à Ge-
nève, 1627. — (la veuve de Daniel), ré-
fugiée à Manheim, 1700.
ARGEUSES (Elisabeth d'), 1590 [VII,
55 b].
ARG1S (Gilles); Orléans, 1568 [VI,
531 b]. — (Sara), veuve de Pierre Com-
baud, avocat à la cour de Bordeaux (Reg,
de Pons).
ARGON (Etienne), massacré à For-
calquier en Provence, 1562 [X, 4691.
ARGONDIÈRES (Jacq. Ponat, sieur
d'), v.1630 [VIII, 287a]. —Voy. Ponat,
1. ARGOUD (Antoine d'), [Haag,
I, 122), gentilhomme de Vienne en Dau-
phiné, converti au protestantisme par
Jean Figon, ministre de grande répu-
tation que l'on avait fait venir de Nèu-
ail
AKtiOlL)
ARLANDE
343
chàtel, en 1 562, et » qui avait corrompu,
dit Chorier, beaucoup d'esprits dans
cette ville, et leur avait inspiré la
hardiesse de faire ouvertement l'exer-
cice de la nouvelle religion dans leurs
maisons. » Les maisons où s'assem-
blaient les protestants pour la célébra-
tion de leur culte, étaient celles de
d'Argoud, de Gabet et de quelques au-
tres. Ces réunions, quelque inoffensives
qu'elles fussent, furent proscrites en
15G6, Figon reçut l'ordre de vider la ville
dans les huit jours: Gabet échappa par
la fuite à un châtiment plus sévère, et
d'Argoud fut condamné à une forte
amende. Ces rigueurs n'eurent, naturel-
lement, d'autre effet que d'affermir les
coupables dans leur foi. D'Argoud, qui
devait être déjà avancé en âge, puisqu'il
se trouve mentionné dans un acte de
1513, mourut sans doute peu de temps
après; mais ses descendants persévérè-
rent dans la profession de la religion ré-
formée, au moins jusqu'après l'avènement
au trône de Henri IV. Nous lisons en
effet, dans les procès-verbaux manu-
scrits de l'assemblée politique de Lou-
dun, qu'en 15%, un d'Argoud, député
en cour par les églises de la Provence
pour se plaindre des persécutions de toute
espèce dont elles avaient à souffrir, se
présenta devant cette assemblée afin de
solliciter son intervention en leur faveur
auprès du roi et de ses ministres. A..
Liïre du Red. est inscrit comme étu-
diant à l'acad. de Genève en 1587 : «Ja-
cobus Argodusdelpbinas. » C'est à cette
famille qu'appartenait le comte d' Argout
qui fut gouverneur de la Banque de
France sous le règne de Louis-Philippe
et dont le nom a été donné à l'une des
rues de Paris voisines de cet établisse-
ment.
2. ARGOUD ou Argaid, Argod, Ar-
goz (Etienne), « espinglier, » de Montri-
gaud en Dauphiné, reçu habitant de
Genève, 15 sept. 1572. Son fils Jean-
François (1504-lGG'O, membre du grand
conseil en 1634. — -t>'go. procureur à
Lyon, proscrit en 1568 (ci-dessus, col.
ARGAUQS (R-vchel, fille de Jean
des;, sr de Dampierre, et de Madelaine
de Crux, présentée au baptême à Pons
en Saintonge par Jacq. des Argauds,
sr de La Chaussée, et Rachel de Crue.
àP» de Xantheuil (Tt, 285).
ARGOUGES (Françoise d'); Tours,
v. mO [VII, 204 a].
ARGOUL (d'); Lvonnais, 1579 [II,
467 b].
ARGRIER ; Bertrand), condamné,
1569, à Bordeaux [II, 416 al.
ARGUES (Martin de, pasteur de
Bourges, 1556 (Bull. VIII, 73].
ARGY (d'), famille berrichonne [V,
438]. — Suzanne d'Argy, fille de noble
Jean d'Argy, née à Loudun, 1566. —
Voy. Haut-Teneuil.
ÀRIAL ou Ariail, capitaine [III,
493].
ARIEL (Nie), barbier de Senlis, tué
à Lvon lors de la S.-Barthélemy [VI,
264 a!.
ARIFFATou Arifat (Nicolas de La
Baume, sieur d".,v. 1600 |VI, 435 a]. —
{Paul 1684 [VI, 435 b, note!.
ARIFONT Guillaume), marchand à
Nîmes, reçu habitant de Genève, 3 no-
vemb. 1572.
ARJON (André), d'Orléans, reçuhab.
de Genève, 17 mai !
ARLANDE ou Arlamde. famille no-
ble du Languedoc [Haag I, 123. — Voy.
\ 1. .n7 b : IX. 255 a]. Loris d'Arlande,
seigneur de Mirebel en Vivarais. qui vi-
vait vers 15C)0, eut pour fils Gabriel Ar-
lande , époux de Marguerite de Massu-
guier. laquelle le rendit père de Louis
Arlande. Ce dernier se maria, le 7 avril
1586, avec Marthe ou Mariede Borne et
en eut Louis Arlande, qui prit pour
femme, le 21 avril 1624, Françoise de
Beaumont, et laissa deux fils survivants,
Jacques, sr de Mirebel, et Antoine, sr de
Vendrias. C'est probablement le même
Louis qui avec un troisième fils, égale-
ment nommé Louis, et un autre d'Ar-
lande, Jacques-Alexandre, furent tous
trois confirmés, le 7 nov. 1615, par l'as-
semblée de Grenoble, comme comman-
dants de la place deMirebel [II, 403b;
IX. 102 al. Jacques, fils aîné de Louis
et de Françoise de Beaumont, eut neuf
enfants de sa femme, Jeanne de Beau-
mont, qu'il avait épousée en 1656. Nous
connaissons les noms de sept d'entre
eux : Rostan-François , Antoine-Con-
stantin, Anne, Jacques, David, Mar-
guerite et Antoine [IV, 181 b]. Ce der-
3*3
ARLANDE — ARLAUD
344
nier, né en 1667, se laissa séduire par
le gardien des capucins de Villeneuve-
de-Berg, qui l'attira dans son cou-
vent en 1678, et l'y retint sous pré-
texte qu'il s'était converti. La veuve de
Jacques prouva que son fils n'avait pas
onze ans ; le dossier de l'enquête [Archiv.
M, 665) ne nous apprend pas si on lui ren-
dit justice. A ces renseignements nous
ajouterons que Jacques d'Arlande, an-
cien de l'église de Villeneuve-de-Berg,
fut député |X, 367] par la province du
Vivarais au 29e synode national, qui
s'assembla à Loudun en 1659. Ce synode
le chargea d'aller avec le pasteur David
Eustache, porter aux pieds de S. M. ses
très-humbles devoirs, ses soumissions et
remerciments, en lui confiant en même
temps pour le roi, la reine mère et le
cardinal Mazarin, des lettres où l'on dé-
sirerait plus de sincérité et un peu moins
de servilité. Quand on connaît la con-
duite que le gouvernement de Louis XIV
tenait déjà à l'égard des protestants, on
reste stupéfait à la lecture de phrases
telles que celle-ci : « Les faveurs que
"V. M. répand journellement sur nous
augmentent de plus en plus les obliga-
tions que nous lui avons, parmi lesquelles
nous pouvons compter comme la plus
singulière, cette assurance que V. M.
nous a donnée par la bouche de M. son
commissaire, de son affection paternelle
pour tous ses sujets de la religion réfor-
mée, et que le dessein de S. M. est de
nous continuer les effets de sa bonté
accoutumée, comme aussi le privilège
qu'elle nous a accordé de nous assem-
bler dans cette ville,, ce qui étant des
marques d'une bonté toute particulière,
les expressions nous manquent, et nous
n'avons pas de termes assez emphati-
ques pour en témoigner notre gratitude,
et combien fortement nous nous sentons
engagés, par cette nouvelle faveur, à dé-
vouer et consacrer nos vies et nos for-
tunes pour le service de"V. M. » Les deux
députés s'acquittèrent de leur mission à
la satisfaction du synode, qui les remer-
cia de leurs soins et de leurs peines. Le
seigneur de Mirebel fut encore commis,
avec les pasteurs Homel et Janvier, et
avec Timothëe Baruel, appelé ailleurs
Bervil, docteur en droit civil, avocat et
ancien de l'église de Privas, pour visiter
l'université de Die et porter remède aux
abus qui s'y étaient introduits. Les élèves
de cette université laissaient croître leurs
cheveux, portaient de grandes manches
pendantes, des gants à franges, des ru-
bans, fréquentaient les tavernes, recher-
chaient la compagnie des femmes, avaien t
l'épée au côté, et leur style sentait plus
le roman que la parole de Dieu. — Telles
étaient les plaintes générales des députés
des provinces. Le synode de Loudun ne
se contenta pas d'exhorter les professeurs
et les directeurs des universités, comme
aussi les consistoires et les églises, àuser
de toute leur autorité pour réprimer de
semblables excès, en leur enjoignant
d'excommunier les réfractaires et de
rayer leurs noms de la matricule des
étudiants ; il chargea, comme nous l'a-
vons dit, des ministres et des anciens
d'une inspection des universités, avec
ordre de faire savoir à tous les étudiants
en théologie qu'ils eussent à lire publi-
quement les saintes Ecritures avant le
prêche. Les autres députés furent Isaac
de Guitton et Isaac du Bordieu, pas-
teurs, avec Paul Thouvois , seigneur de
Champs, avocat au parlement et ancien
de l'église d'Orléans, pour l'université de
Saumur; Adrien Charnier et Jérémie
Viguier, avec de Pontperdu et Jacob
Maisojinais, avocat au parlement et an-
cien de l'église de Bordeaux, pour celle
de Mon tau ban; Isaac du Bordieu et
Etienne Broche, seigneur de Méjannes,
pasteurs, avec Edouard de Carlot, ba-
ron de S.-Jean de Gardonenque, et de
Pontperdu, pour celle de Nîmes. Il fui
ordonné en outre que les synodes pro-
vinciaux, dans le ressort desquels se
trouvaient ces universités, députeraient
chaque année des pasteurs pour en faire
la visite. — D'après un travail généalo-
gique, daté de 1702 et signé Pierre Ver-
nes, la famille Vernes, de Genève, origi-
naire du Vivarais, posséda, au XVIe siè-
cle, la seigneurie d'Arlande. — Yoy.
Galiffe, Notices généal. IV, 5'i4.
ARLANDY et sa femme, réfugiés et
assistés à Genève, 1684. — (Jean), na-
turalisé anglais, 5 janv. 1688.
I . ARLAUD, famille originaire de Ma-
ringues en Auvergne, réfugiée et ad-
mise à la bourgeoisie à Genève le
26 déc. 1617. Cette famille, qui s'est
3io
ARLAUD
ARMAND
346
perpétuée jusqu'à nos jours, a produit
plusieurs artistes de mérite, principale-
ment : Jacques-Antoine Artaud, excel-
lent peintre en miniature, né à Genève
le 6 mai 1668. Son père, Henri IV.
206 b}, le destinait au pastorat: mais son
goût pour les arts du dessin l'emporta
sur les études théologiques, et en 1688 ,
il fut envoyé à Paris pour y continuer
son éducation artistique. Ses commen-
cements furent pénibles. Mais, à force
de persévérance, il finit par se faire con-
naître et apprécier. Le duc d'Orléans,
bon connaisseur en fait d'art, voulut
même prendre des leçons de lui et le
logea dans son château de S.-Cloud.
Dès lors, il n'eut plus de rivaux. Il est
vrai que ses portraits étaient, dit-on,
d'une ressemblance parfaite, son pin-
ceau d'une délicatesse extrême, ses tons
de couleur vrais et vigoureux et. ce qui
faisait encore son principal mérite, c'est
qu'il saisissait admirablement et d'un
coup d'œil le caractère des personnes
qui posaient devant lui. Après avoir eu
tous les succès dans son art, après s'être
concilié, en Italie et en Angleterre aussi
bien qu'en France, les plus hautes ami-
tiés , celle de Newton par exemple , il
voulut terminer sa carrière dans sa pa-
trie. Ses dernières années se passèrent
à Genève, où il mourut en 1743. (Haag.)
On conserve au Musée de Genève, outre
quelques-unes de ses œuvres, un très-
beau portraitde lui, peint par Laraillière.
— J. Ant. [VII, 191 a]. — Abraham
VII. 218 a|.
•2. ARLAUD (Guillaume), d'Uzès, ma-
nufacturier de bas, réfugié avec sa
femme, un enfant et un apprenti, à
Magdebourg, 1698. — (Claude) avec sa
femme et ses deux enfants, assistés en
passant à Genève pour chercher un re-
fuge, 1703. — (Claude, fils de Paul . du
Dauphiné, reçu habitant de Genève,
26 janvier 1717. — (Phibppe, fils de feu
Claude), d'Orange, tisserand, id. 19 oct.
1731.
3. ARLOD ou Arlot (Jaqeet), [X,
471], «homme vieux et impotent et grief-
vement malade en son lict, pris et jette
des fenestres de sa maison en bas, et
l'assommèrent de ses potences [béquilles]
dont il se soustenoit; » à Castellane,
1562 (Crespin). — Mathieu Arlo, de
Valdrome, assisté en passant à Genève,
4685. — 'André, fils de feu Etienne),
d'Alex en Dauphiné, tondeur de drap,
reçu hab. de Genève. 15 nov. 1717. —
Marie Arliod , « de Poïlaval , » assistée
à Genève. 1692.
ARLAUSAC, Montauban, 1626 [IV,
467 a].
ARLES (d'), seisneur de Lisv. 1567
[VII, 359 a].
ARMAGNAC (Jean d'), valet de cham-
bre du roi, 1611 ; souverneurdu château
de Loudun. 1617 (VI, 204 b; VII, 283 a].
ARMAN Julian). d'Issoire, orfèvre,
reçu habitant de Genève, 1er déc. 1572.
— (François), de Mens en Dauphiné.
cordonnier, réfugié à Schwedt (Prusse),
1698. — (la femme de Daniel), du Vi-
vants, et son fils « qui ont demeuré
six mois en prison et dont le mari est
encore aux galères, » assistés à Genève,
1699. — (Jeanne, Judith, Jean, Fran-
çois , etc.), du Dauphiné (onze person-
nes), réfugiés à Berlin, Magdebourg.
Neuhaldensleben et Schwedt, 1700.
1. ARMAND .Jean, tîls defeu Claude),
de Zays [d'Uzès] en Provence, orfèvre,
reçu habitant de Genève le 20 juin 1550.
— (Pierre), son frère, esperonnier, id.
le même jour.
2. ARMAND et Jean Armant, pros-
crits àLvon en 1568 v'ci-dess. col. 278 et
280).
3. ARMAND (Gdill.) ; Provence, 1 5 \ 1
[VII, 319, a]. — (Autre Guill.) massacré
à Cabrières, 1562 [X, 470]. — Guille-
mette, massacrée a Gordes [X, 471]. —
Paul, 1686 [V, 45 b]. — Geoffro> X.
220] . — (J.), du Lantraedoc, calérien,
1686 [X, 4081. — (Aldebert), de Marve-
jols, vers 1720 [IX, 427 a].
4. ARMAND (la délaissée d'Isaac),
d'Orpière en Dauphiné, avec trois en-
fants, 1692; — (la délaissée d'Isaac), de
Nîmes, allant en Allemagne avec deux
enfants, 1693 ; — (la veuve de François),
de Die, et ses deux fils allant rejoindre
ses parents en Suisse, 1695; — (Jean)
avec sa femme et deux enfants, de La-
mothe-Chalençon, 1697; — (la femme
de Michel), de*Die, 1699; — (Jean), de
Die, « revenant d'Allemagne en pauvre
état et demandant à y retourner, » 1 700 ;
— (Jeanne , de Die, arrivée malade;
1700; — (Anne), d Orpierre, 1700-1702;
347
ARMAND
348
— (Philippe), de Vanterol en Dauphiné,
1702; — (Jean), d'Orange, 1703; —
(Isaac) et sa femme, d'Orange, 1703; —
(la veuve) et cinq enfants , d'Orange,
1703 ; — (Jean -Louis), de Bourdeaux,
1703; — (Pierre), de Tolignon, 1703; —
(David), de Beaumont, en Dauphiné,
1704; — (Louise), de Die, 1710; tous ré-
fugiés et assistés à Genève, aux dates
indiquées. — (Antoine), du Vigan, chi-
rurgien, avec sa femme et trois fils, reçu
à Lausanne^ 21 nov. 1701. — (Joseph), de
Die, reçu hab. do Genève, 18 fév. 1713.
— (Pierre, fils de Jacques), d'Arnayon
en Dauphiné, chapelier, id. 19déc. 175-2.
5, ARMAND (François), sa femme
et deux enfants ; — (Elisabeth) et trois
enfants ; — (Catherine) ; assistés à Lon-
dres, 1721.
6. ARMAND (Jacques), pasteur de
l'église wallonne de Hanau en 1762,
et de l'église réformée française de
Francfort-s.-Mein, 1764-65 [Haâg I, 124;
III, 330 a]. Il est auteur d'un petit re-
cueil de Sermons, dédié au comte Pierre
deGolofkin, chambellan du duc de Deux-
Ponts, renfermant quatre sermons, le
premier sur Jean III, 19 (Francf. 1762,
in-8°); le 2e sur Cant. II, 4, prononcé à
l'occasion de la paix qui mit un terme à
la guerre de Sept ans (2e édit., Francf.
et Leipz., 1763); le 3e sur Luc XII, 43,
prononcé à Bockenheim à l'occasion du
50e anniversaire de l'installation d'Ant.
Mathieu, pasteur de l'église française de
Francfort (Francf. et Leipz., 1765), et lé
4e sur Ps. LXXXII, 6, 7, prononcé éga-
lement à Bockenheim à l'occasion de là
mort de l'empereur François Ier (Francf.
1765). Parmi des pages d'une véritable
éloquence, on y rencontre fréquemment
des allusions au sort des protestants en
France, mais nulle part avec plus d'à-
propos que dans le second de ces ser-
mons qui eut pour auditeurs un grand
nombre d'officiers et de soldats français
rentrant dans leur patrie après les cam-
pagnes d'Allemagne. « Vous avez, s'écrie
Armand, des concitoyens, qui sont nos
frères dans la foi, mais qui sont souvent
inquiétés au sujet de leur créance. L'i-
gnorance où l'on est de notre culte, fait
qu'on les noircit souvent sans fonde-
ment. Eh bien, messieurs, de retour
chez vos Compatriotes* dissipez et éclai-
rez \;ette ignorance. Racontez-leur ce
que vous avez vu dans ces provinces où
on professe la même foi. Dites-leur que
cette hérésie qu'on leur reproche, con-
siste à adorer l'Eternel en esprit et en
vérité, à méditer ses divins oracles, et à
lui adresser nos prières en langue intel-
ligible et entendue du peuple; à être ja-
loux des droits de Dieu, et à ne point par-
tager notre confiance et nos hommages
entre le créateur et la créature, quelque
sainte qu'elle puisse être. Dites-leur que
cette hérésie consiste à aimer tous les
hommes de quelque religion qu'ils soient ;
à n'employer que des voies de douceur
pour l'instruction et la conversion des
âmes-.'-à être fidèle à son prince, sans
permettre qu'un pontife étranger empiète
sur ses droits; à ne point souffrir d'hom-
mes inutiles, qui s'engraissent du travail
des peuples, qui dévorent en pure perte
la substance des Etats, et servent de gouf-
fre aux générations futures. Dites-leur...
en un mot, ce que vous avez vu. Em-
ployez le crédit que votre naissance et
vos emplois vous donnent auprès des
chefs de l'Etat, à délivrer des captifs
malheureux qui, quand il serait vrai
qu'ils fussent dans l'erreur, sont toujours
respectables de ne vouloir point devenir
hypocrites. Réprimez le zèle indiscret de
ceux de vos lévites qui croient honorer
Dieu en tourmentant les hommes. Soyez
des docteurs de charité auprès des doc-
teurs de votre foi ; et si vous trouvez que
j'ai dit vrai dans mon discours, dites-leur
à votre tour : Ministres des autels, nous
annonçons une doctrine ancienne et nou-
velle; l'esprit de l'Evangile, c'est la Cha-
rité ! » — Suivant le bibliographe R. Watt
ces sermons auraient été trad. en anglais,
1768, in-8°.
7. ARMAND (J.-T.). pasteur à La
Haye, 1766, puis (1775) chapelain de
l'ambassade de Hollande à Paris [VIL
284 a]. — Peut-être le même que le
précédent. Voy. aussi [X, 152].
8. ARMANT (Geneviève), 23 ans, vi-
vait, en 1781, enfermée aux Nouvelles-
Catholiques de Rouen depuis six années.
— (Marie-Elisabeth) , 15 ans, id. depuis
trois années,
9. ARMAND DE CHATEAU VIEUX
(Claude), né en 1542 [Haag 1, 124. —
LU, 79]. Il eut de sa femme Jeanne
349
ARMAND
350
d'Issautier, de Sisteron, deux fils. Le
cadet, Guillaume, capitaine de cent
hommes d'armes, servit avec distinction
sous les ordres de Lesdiguières. Marié
avec Marguerite de Bernardi, il devint
la souche de deux branches de cette
famille établies dans la Bourgogne et le
comtat Venaissin, mais qui ne parais-
sent pas avoir persisté longtemps dans
la profession de la religion protestante.
L'ainé, André, né le il avril 1595,
épousa, en 1 G 1 3 , Antoinette de Bardel,
fille de Georges de Bardel, seigneur de
Theus et de Morout, dont il eut aussi
plusieurs enfants. Son fils aine, Georges
se réfugia à Genève. Le second. Claude,
suivit la carrière des armes et fut tué en
1681. Le troisième, Alexandre, mourut
sans postérité. Le quatrième, André, fut
l'auteur d'une branche éteinte depuis
longtemps et sur laquelle les généalo-
gistes ne fournissent aucun renseigne-
ment. Le cinquième enfin, Gaspard*
fonda les branches du Dauphiné et de
Ghaumont en Bassigny, qui renoncèrent
à la foi de leurs pères. Le seul de ses
cinq fils dont les descendants appartien-
nent bien positivement à la France pro-
testante, est Georges, né le 28 avril 1620
et mort en 1680. De son mariage avec
Marie Chevalier naquirent André, époux
de Claudine de Calvière, tille de Fran-
çois, baron de St.-Gôme, et Gaspard, né
en 1677 à Mison en Provence, qui servit
dans les troupes anglaises avec le grade
de capitaine de drasons, et mérita l'es-
time de Marlborough qui le choisit pour
veiller sur son fils lorsqu'il l'envoya voya-
ger sur le continent. Il mourut à Ge-
nève en 1733, laissant de son mariage
avec Catherine Desmons, quil avait
épousée en 1725, un fils nommé Jac-
ques, lequel obtint gratuitement la bour-
geoisie en 1769 et s'allia avec la famille
des Buisson, également réfugiée à Ge-
nève, en prenant pour femme, le 26 fé-
vrier 1769, Madeleine, fille de Léonard
Buisson, ancien syndic de la république;
= Armes : De gueules à la fasce échi-
quetée d'argent et de sable* de deux
traits, accompagnée en chef d'un crois*
sant d'argent et en pointe d'un bœuf
passant, d'or.
10. AR>IAND(DANTEL),étudiantau sé-
minaire protestant de Lausanne en 1764,
fut placé en 1773 comme pasteur dans le
quartier de la Drôme (églises de Sail-
lans, Sainte-Croix, Aucellou, etc. par le
synode du Dauphiné. A l'époque de la
Révolution, il renonça à ses fonctions et
fut nommé commissaire des vivres à Va-
lence. Adonné dès lors à l'agriculture, il
publia vers 1791 des Notes sur l'éduca-
tion des vers à soie , et après de nou-
velles observations, un Traité sur les
vers à soie, Nyons, 1798, in-12, 101 p.
Le premier consul le nomma juge de
paix du canton de Nyons, charge dont
il fut dépouillé parla Restauration. Nous
pensons qu'il est également l'auteur de
l'écrit suivant : Discours sur les devoirs
qur nous devons au Roi et aux magis-
trats qui le représentent . prononcé dans
le Bas - Dauphiné ; 1787, in-12. — Ar-
mand-Delille, fils du précédent, né en
successivement pasteur à Valence
et à Nimes, et mort dans cette dernière
ville en 1815 à l'âge de 31 ans. ■ Quoi-
que jeune encore, dit l'éditeur de ses
sermons, M. Armand-Delille avait mûri
pour le ciel. Sa vie fut, comme sa doc-
trine, une prédication évangélique. » On
connaît de lui un Discours sur le réta-
blissement de la religion, prononcé le
15 août 1806 (à Valence); Valence (1806),
in-12; un Sermon pour le jour de la dé-
dicace du temple de Loriot : Valence
fl907)j in-*p: un Choix de Sermons de
feu M. Armand Del ille. pasteur à JYis-
vies, publiés par J.-*T. Gardes, dm des
pasfrurs de la même église. Nimes 1 1
2 vol. in-12. (Arnaud.
11. ARMAND (Daniel d'), sieur de
Saléon [I. 125 a], av. au pari, de Greno-
ble et nommé conseiller à la chambre de
ledit de cette ville en 1599. 11 avait
servi dans l'armée de Lesdiguières, qui
le dépécha secrètement à Du Poèt, as-
siégé dans le château de Montélimar,
pour lui dire « qu'il devait se prévaloir
de la confusion qu'il prévoyait bien que
la multitude des chefs (catholiques1 cau-
serait parmi les assiégeants, se servir de
grenades et du canon, et faire une rude
sortie sur eux pour les chasser de la
ville. » L'ordre de Lesdiguières fut exé-
cuté de point en point et la place reprise.
D'Armand exerça sa charge 27 ans et
s'en démit en faveur de son fils, qui suit.
— (Pierre d'\ nommé conseiller à la
351
ARMAND — ARMET
352
chambre de l'édit de Grenoble, en 1026,
à la place de son père. Dans les lettres
de nomination, il est qualifié d"écuyer et
d'avocat. Il résigna sa charge, en 1648,
en faveur de son gendre, Alexandre de
Bardonnenche. (Arnaud.)
12. ARMAND (Judith d'), v. 1600
[VIII, 368 b]. —Autre, 1623 [11,498 a].
13. Armand, nom de guerre d'un pas-
teur du désert, appelé Gardes. Voy. ce
nom.
ARM ANDES (Antoine), brûlé à Tou-
louse en 1543 [IX, 73 a].
ARMANTIER et sa femme, de Sauve,
assistés en passant à Genève pour se
réfugier en Allemagne, 1700.
ARMASSAN (Antoine), de Gardet
(Languedoc), torturé, 169V) IVIII, 512 a.
Voy. aussi : I Vil, 197 aj.
' ARMEN (d'), député de l'église de
Bordeaux, 1573 (Bull. X, 352). — Ger-
main d'Armena fut ministre de la Bas-
tide de Villefranche (B.-Pyr.) 1575-1611 ;
il épousa Bertrane de La Treubesse. On
a son testament, du 16 décemb. 1611.
Dans sa jeunesse, lorsqu'il vint étudier
à Genève, avec son compatriote Arrio-
latus, il signa le Livre du Recteur avec
une chaleur qui dépasse l'enthousiasme
ordinaire de ses condisciples. Plusieurs
ajoutent à leur nom sur le registre une
brève formule d'adhésion à la foi évangé-
lique, Armenarius écrit : « Je professe
avoir embrassé des deux bras la confes-
sion de foi de l'église chrétienne fondée à
Genève sur la parole de Dieu, que je la
garderai, avec l'aide de Dieu, toute ma
vie et que je suis venu depuis deux an-
nées déjà dans cette ville où j'ai entre-
pris l'éducation des enfants de Germain
Golladon, 4 janv. 1567. » — Théophile
d'Armena, fils du môme Germain, était
secrétaire de la chancellerie de Navarre
en 1600-1611. — La famille d'Armena
existe encore près de Dax, dép. des
Landes. (Raymond.)
ARMEN AUD (Denys), « ministre de
Gyen, » reçu habitant de Genève, 9 fôv.
1573. Il y était venu d'Orléans, en qua-
lité d'étudiant en 1563. Dans un registre
des sépult. de Montauban (1580-1628),
on lit : n Inhumé le 14 juin 1586 M. Mre
Denis Armenauld, ministre do la p. de
D. natif et habitant de Guy-sur-Loyre
(Gien). » — Pierre Armenaud (Arme-
naldus), également d'Orléans, s'en va
aussi, en 1606, étudier à Genève.
ARMENTIÈRES (Jacques), du Lan-
guedoc, galérien, 1705, libéré en 1713
[X, 423]..
ARMESAN (Jacques), « natif de Ples-
siez de Plassi en Muscean l » reçu habi-
tant de Genève, le 1 1 avril 1558. — Cf.
Armas san.
ARMET, de Couches (Johannes Ar-
metus Colzensis), étudiant à Genève,
1587. — Franciscus Armetus Colchien-
sis, id. 1607. — Lazarus Armetus Sebu-
sianus, id. 1649. — Philippus Armetus
Burgensis, id. 1657.
Lazare Armet (ci-dessus Lazarus,
exerçait le ministère évangélique en
1662 à Sacconnex, au moment où fut
ordonnée la démolition de tous les tem-
ples du bailliage de Gex. Au commen-
cement de l'année suivante, il fut l'un
des trois pasteurs chargés de desservir
l'arrondissem. paroissial de Sergy, com-
posé des quatre anciennes paroisses de
Collonges, Peron, Thoiry et Crozet. Il y
demeura jusqu'en nov. 1664, où l'inten-
dant Boucbu, qui désirait ne conserver
dans le bailliage que deux ministres , lança
un décret de prise de corps contre lui et
contre ses trois collègues, Heliot, Rey et
Th. Vautier. Armet, ainsi que ce der-
nier, échappa à l'emprisonnement en se.
réfugiant à Genève ; mais ses biens fu-
rent confisqués. (Clavakkde.) — Vers
cette époque, 1666, il se maria à Genève,
avec Madeleine, fille de feu Samuel
de Fontaine, capitaine au service du roi,
et l'on voit dans le contrat que lui-même
avait pour père, Jean Armet, conseiller
au présidial de Bourg. Trente ans après,
en 1705, nous le retrouvons à Londres,
obligé de recourir à la charité publique,
si c'est bien lui que désignent ces mots :
« Lazare Armet, de Couche, 81 ans. »
Armet, avocat au parlement, député
de la Bourgogne à l'assemblée de Châ-
tellerault, 1605, puis à celle de Saumur,
1611 [I, 201 a, 216 b; III, 505 a; V,
94 b; VI, 49 b ; VII, 531 b ; VIII, 291 a].
— (Françoise), dame de Clcssy, v. 1610
[II, 491].— (Timothée), avocat au con-
seil privé, ancien de Couches, secrétaire
' En Mulcicn. Il s'agit du village aujourd'hui nommé
|q l'lossy-1'iiic-j , près Meaux.
353
AKMET — ARXAL
3o4
du synode de Charenton, 1G31 [X, 310,
342]. — (Jacques), avocat au pari, de Di-
jon, v. 1650, sieur de La Motte-sur-
Deune, père d' 'Espérance Ar met, femme
de François de Rochemont [VIII, 458 b].
— (François), avocat au parlement et
ancien de Couches en Bourgogne, 104i
[X, 362]. — Armet, pasteur à Montjoux,
1668. — (Jean), de Couches, avocat, 1682
[VI, 95 b]. — (Estienne), de Bourg en
Bresse, marchand, sa femme, deux filles
et sa sœur, réfugiés à Berlin, 1698; —
(François), relieur, id., id. — Margue-
rite Armet, femme de Jacques de Ro-
chemont, réfugié à Genève en 1700. —
Une autre Espérance Armet, femme, à
la même époque, de Théodore Guillau-
mot de La Barraterie, avocat. — Vov.
encore II, 313 b; VII, 534 b].
ARMET d'AVOISOTTE (Isaac), pri-
sonnier pour la religion pendant 40 ans.
Vov. Avoisotte.
ARMEYDE (Jean d), ou Van Ar-
meyden, né à Xantes de parents hollan-
dais, et naturalisé. Il était ancien du
consistoire de Xantes; nous trouvons sa
•signature en cette qualité au bas d'une
pétition pour le cimetière de Xantes en
1664 et au procès-verbal de la séance
du consistoire le 17 août 1681. Un mois
plus tôt, jour pour jour, il avait pris à sa
charge sa filleule. Marguerite de Bury,
dont le père (voir ce nom, avait été con-
damné, pour cause de religion, aux
galères perpétuelles. C'était l'un de ces
nombreux Hollandais qui s'étaient fait
naturaliser français à Xantes et qui eu-
rent à le regretter si amèrement plus
tard, aux approches de la révocation de
l'édit. Il se sauva en Hollande (vers 1681-
85), avec sa femme Catherine Van Aer-
sen, et quatre enfants, deux fils et deux
iilles. Parmi les Français réfugiés en
Hollande et naturalisés à Rotterdam fi-
gure un Léonard d' Armey de le jeune, né
à Nantes, sorti de France en 1682. Nous
avons lieu de croire qu'il était frère de
Jean.
Yaurigaud, Eglises réf. de Bretagne, III, 86.
ARMOISES Des), famille du Barrois,
[Bull. XI. 431).
ARMOX (Jbar), d'Aubusson, tapis-
sier, réfugié (famille de 5 personnes) à
Berlin. 1700.
ARMOXD 'François , de Vouserol en
Dauphiné, assisté en passant à Genève,
1685.
ARXAC (Pierre), de S.-Ambroix en
Languedoc, manufacturier de bas, réfu-
gié avec sa femme, un enfant et deux
compagnons, à Magdebourg, 1698. —
Conf. Larnac.
1. ARXAL, de La Salle, condamné aux
galères en 1685. Un de ses compagnons
de chaîne, Jean JS'issolle, marchand à
Ganges, a écrit un récit de son propre
malheur (Bull. X , 45Î) , dans lequel il
raconte de cet Arnal le trait que voici :
« Nous vîmes arriver sept de nos frè-
res du Haut-Languedoc condamnés pour
s'être trouvés dans les assemblées. On
nous fit souper ensemble. Notre conver-
sation pendant le repas tourna toute sur
la piété et sur les soufrances auxquelles
nous devions nous attendre de jour en
jour pour la cause de l'Evangile. Tous
me parurent pleins de zèle et il n'y en
eut aucun qui ne s'estimât heureux de ce
que Dieu ï'appeloit à souffrir pour son
nom. Nous connûmes bien le lendemain
que leur cœur s'exprimait par leur bou-
che. Ils entendirent le tambour et ils s"i-
maginèrent qu'on assemblait des gens
de guerre pour les exécuter. Ils furent
d'autant plus confirmés dans cette pen-
sée que M. Daude (marchand d'Alais,
un des condamnés), voulant les conso-
ler et les avertir qu'ils devaient partir
dans deux heures pour être transféras à
Marseille dit, s'adressant à un d'eux
nomm ■'• IL Arnal, de La Salle, qu'ils
dévoient supporter avec soumission et
avec patience tous les maux que Dieu
leur envoyoit et qu'il ne doutoit point,
voyant les marques de leur piété, que
quand ils devroient être exposés , ce
jour-là, au supplice ils n'allassent à la
mort avec joye et avec constance, et
qu'il falloit tousjours être prêts. M. Ar-
nal crut qu'il lui annonçoit la mort, et
se tournant vers un de ses frères en In-
tendant la main, lui dit en propres ter-
mes : « Courage mon frère, il faut aller
« souper aujourd'hui avec Jésus-Christ. »
L'autre répondit avec la même fermeté,
et sans la moindre émotion : « Eh bien,
« Dieu soit loué, sa volonté soit faite; il
u nous fait une grande grâce de nous ti-
« rerde la misère et de la soufrance pour
« nous élever à la félicité éternelle. » La
i. 1-2
3oo
ARNAL — ARNAUD
356
femme de M. Arnal, qui étoit présente,
entendit une partie de cette conversation ;
elle dit à son mari s'il y avoit quelque
chose de nouveau et qu'il luy sembloit
d'avoir ouï qu'on lui annonçoit la mort.
« Oui, répondit-il, ma chère femme, il
« faut se séparer. » Ils s'embrassèrent
alors tous deux avec des yeux secs, car
les pauvres gens avoient le cœur serré.
Je les détrompay l'un et l'autre et dis à
M. Arnal qu'il n'avoit pas bien entendu.
Gela remit un peu cette pauvre femme
à qui le cœur commeneoit à manquer. Il
est hors de doute que l'on peut regarder
ces ridelles confesseurs comme de vérita-
bles martirs, puisqu'ils avoient receu
avec joye la nouvelle de leur mort. Ils
partirent le même jour, attachés à la
chaîne au nombre de dix-sept, avec un
visage serain et qui marquoit la joye
qu'ils avoient d'aller soufrir pour les in-
térêts de leur Sauveur. »
2. ARNAL , ancien de Valleraugue,
1678 [Y1I, 197 a].— (Etienne), de Ponti-
nant en Cévennes, galérien, condamné
pour assemblée pieuse en 1691, libéré en
1713 [X, 416].— (Guillaume), de Béda-
rieux, galérien, condamné en 1710. —
(Jacqu